Asemic roman

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Renaud FAROUX Alan Ansen / Quiconque ramasse une poële-à-frire détient la mort Alfred Jarry / Poèmes Peter Orlovsky / Cher Allen : Le bateau accostera le 23 janv. 58 Jack Micheline/ River of red wine et autres poèmes D.A. Levy / Poème sur la mort d’un monastère de banlieue Brion Gysin / Blue baboon blues Barry Miles / Deux lectures sur le travail d’Allen Ginsberg William S. Burroughs / Les peintures de Brion Gysin

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Jean-Luc Parant / Nos yeux sont intacts D.A. Levy / Prose William S. Burroughs / Le temps des Assasins Lawrence Ferlinghetti / The breeding blues et autres poèmes FJ Ossang / Tenèbres sur les planètes Renaud Faroux / Narcisse à Echo Park Renaud Faroux / Black Kafka à Houston Renaud Faroux / Premier ticket pour East L.A.

Hors-Série Une fille derrière la salle de bains de Gilles Berquet On safari with Colonel Baxter de Glen Baxter L’origine de nos yeux de Jean Luc Parant (boite d’artiste) PA G E

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MONA LISAIT BOOKS FACTORY COLLECTION


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O√ô LE MONDE SAVANT ET LE MONDE IGNORANT SONT AUSSI EMBARRASSES L’UN OU L’AUTRE. PAN !... PAN !‚Ķ II - DANS LEQUUEL LES MEMBRES DU WELDON-INSTITUTE SE DISPUTENT SANS PARVENIR √Ä SE METTRE D’ACCORD. III - DANS LEQUUEL UN NOUVEAU PERSONNAGE N’A PAS BESOIN D ETRE PRESENTE, CAR IL SE PRESENTE LUI-M√äME. IV - DANS LEOUEL, √Ä PROPOS DU VALET FRYCOLLIN, UR ESSAIE DE REHABILITER LA LUNE.V - DANS LEQUEL UNE SUSPENSION D’HOSTILITES EST CONSENTIE ENTRE LE PRESIDENT ET LE SECRETAIRE DU WELDON-INSTITUTE.

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VI LES INGENIEURS, LES MECANICIENS ET AUTRES SAVANTS FERAIENT PEUTETRE BIEN DE PASSER. VII - DANS LEQUUEL UNCLE PRUDENT ET PHIL EVANS REFUSENT ENCORE DE SE LAISSER CONVAINCRE VIII - OU L’ON VERRA QUE ROBUR SE DECIDE A REPONDRE A L’IMPORTANTE QUE5TION QUI LUI EST POSEE. IX DANS LEQUEL L’ALBATROS FRANCHIT PRES DE DIX MILLE KILOMETRES, QUI SE TERMINENT PAR UN BOND PRODIGIEUX.DANS LEQUEL ON VERRA COMMENT ET POURQUOI LE VALET FRYCOLLIN FUT MIS √Ä LA REMORQUE. XI - DANS LEQUEL LA COLERE DE UNCLE PRUDENT CROIT COMME LE CARRE DE LA VITESSE. XII DANS LEQUEL L’INGENIEUR ROBUR AGIT COMME S’IL VOULAIT CONCOU-

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RIR POUR UN DES PRIX MONTHYON XIII DANS LEQUEL UNCLE PRUDENT ET PHIL EVANS TRAVERSENT TOUT UN OCEAN, SANS AVOIR LE MAL DE MER. XIV - DANS LEQUEL L’ALBATROS FAIT CE QU ON NE POURRA PEUT-ETRE JAMAIS FAIRE. XV - DANS LEQUEL IL SE PASSE DES CHOSES QUI MERITENT VRAIMENT LA PEINE DETRE RACONTES XVI - QUI LAISSERA LE LECTEUE DANS UNE INDECISION PEUT-ETRE REGRETTABLE.

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XVII - DANS LEQUEL ON REVIENT A DEUX MOIS EN ARRIERE ET OU L’ON SAUTE A NEUF MOIS EN AVANT. XVIII - QUI TERMINE CETTE VERIDIQUE HISTOIRE DE L’ALBATROS SANS LA TERMINER. TEXTE INT√âGRAL O√ô LE MONDE SAVANT ET LE MONDE IGNORANT SONT AUSSI EMBARRASSES L’UN OU L’AUTRE. « PAN !... PAN !... Les deux coups de pistolet partirent presque en m√™me temps. Une vache, qui paissait √† cinquante pas de l√†, re√ßut une des balles dans l’√©chine. Elle n’√©tait pour rien dans l’affaire, cependant.

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Ni l’un ni l’autre des deux adversaires n’avait √©t√© touch√©. Quels √©taient ces deux gentlemen ? On ne sait, et, cependant, c’e√ªt √©t√© l√†, sans doute, l’occasion de faire parvenir leurs noms √† la post√©rit√©. Tout ce qu’on peut dire, c’est que le plus √¢g√© √©tait Anglais, le plus jeune Am√©ricain. Quant √† indiquer en quel endroit l’inoffensif ruminant venait de pa√Ætre sa derni√®re touffe d’herbe, rien de plus facile. C’√©tait sur la rive droite du Niagara, non loin de ce pont suspendu qui r√©unit la rive

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dienne, trois milles au-dessous des chutes. L’Anglais s’avan√ßa alors vers l’Am√©ricain : Je n en soutiens pas moins que c’√©tait le Rule Britannia ! dit-il. Non ! le Yankee Doodle ! r√©pliqua l’autre. La querelle allait recommencer, lorsque l’un des t√©moins sans doute dans l’int√©r√™t du b√©tail s’iterposa, disant :Mettons que c’√©tait le Rule Doodle et le Yankee Britannia, et allons d√©jeuner ! Ce compromis entre les deux chants nationaux de l’Am√©rique et de la Grande-Bretagne fut adopt√© √† la satisfaction g√©n√©rale. Am√©ricains et Anglais, remontant la rive gauche du Niagara, vinrent

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s’attabler dans l’h√¥tel de Goat-Island - un terrain neutre entre les deux chutes. Comme ils sont en pr√©sence des oeufs bouillis et du jambon traditionnels, du roastbeef froid, relev√© de pickles incendiaires, et de flots de th√© √† rendre jalouses les c√©l√®bres cataractes, on ne les d√©rangera plus. Il est peu probable, d’ailleurs, qu’il soit encore question d’eux dans cette histoire. Qui avait raison de l’Anglais ou de l’Am√©ricain ? Il e√ªt √©t√© difficile de se prononcer. En tout cas, ce duel montre combien les esprits s’√©taient passionn√©s, non seulement dans le nouveau, mais aussi dans l’ancien continent, √† propos d’un ph√©nom√®ne inexplicable, qui, depuis un mois environ, mettait toutes

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les cervelles √† l’envers. Os sublime dedit coelumque tueri, a dit Ovide pour le plus grand honneur de la cr√©ature humaine. En v√©rit√©, jamais on n’avait tant regard√© le ciel depuis l’apparition de l’homme sur le globe terrestre. COr, pr√©cis√©ment, pendant la nuit pr√©c√©dente, une trompette a√©rienne avait lanc√© ses notes cuivr√©es √† travers l’espace, au-dessus de cette portion du Canada situ√©e entre le lac Ontario et le lac Eri√©. Les uns avaient entendu le

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Yankee Doodle, les autres le Rule Britannia. De l√† cette querelle d’Anglo-saxons qui se terminait par un d√©jeuner √† Goat-Island. Peut-√™tre, en somme, n’√©tait-ce ni l’un ni l’autre de ces chants patriotiques. Mais ce qui n’√©tait douteux pour personne c’est que ce son √©trange avait ceci de particulier qu’il semblait descendre du ciel sur la terre. Fallait-il croire √† quelque trompette c√©leste, embouch√©e par un ange ou un archange ?... N’√©tait-ce pas plut√¥t de joyeux a√©ronautes qui jouaient de ce sonore ins-

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trument, dont la Renomm√©e fait un si bruyant usage ? Non ! Il n’y avait l√† ni ballon, ni a√©ronautes. Un ph√©nom√®ne extraordinaire se produisait dans les hautes zones du ciel - ph√©nom√®ne dont on ne pouvait reconna√Ætre la nature ni l’origine. Aujourd’hui, il apparaissait au-dessus de l’Am√©rique, quarante-huit heures apr√®s au-dessus de l’Europe, huit jours plus tard, en Asie, au-dessus du C√©leste Empire. D√©cid√©ment, si la trompette qui signalait son passage n’√©tait pas celle du Jugement dernier, qu’√©tait donc cette trompette ? De l√†, en tous pays de la terre, royaumes ou r√©publiques, une certaine inqui√©tude qu’il importait de calmer. Si vous entendiez dans votre maison quelques bruits bizarres et

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inexplicables ne chercheriez-vous pas au plus vite √† reconna√Ætre la cause de ces bruits, et, 51 l’enqu√™te n’aboutissait √† rien, n’abandonneriez-vous pas votre maison pour en habiter une autre ? Oui, sans doute ! Mais ici, la maison, c’√©tait le globe terrestre. Nul moyen de le quitter pour la Lune, Mars, V√©nus, Jupiter, ou toute autre plan√®te du syst√®me solaire. Il fallait donc d√©couvrir ce qui se passait, non dans le vide infini, mais dans les zones atmosph√©riques. En effet, pas d’air, pas de bruit, et, comme il y avait bruit - toujours la fameuse trompette ! - c’est que le ph√©nom√®ne s’accomplissait au milieu de la couche d’air, dont la densit√© va toujours en diminuant et qui ne s’√©tend pas √† plus de deux lieues autour de notre sph√©ro√Øde.

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Naturellement, des milliers de feuilles publiques s’empar√®rent de la question, la trait√®rent sous toutes ses formes, l’√©claircirent ou l’obscurcirent, rapport√®rent des faits vrais ou faux, alarm√®rent ou rassur√®rent leurs lecteurs, dans l’int√©r√™t du tirage, - passionn√®rent enfin les masses quelque peu affol√©es. Du coup, la politique fut par terre, et les affaires

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n’en all√®rent pas plus mal. Mais qu’y avait-il ? On consulta les observatoires du monde entier. S’ils ne r√©pondaient pas, √† quoi bon des observatoires ? Si les astronomes, qui d√©doublent ou d√©triplent des √©toiles √† cent mille milliards de lieues, n’√©taient pas capables de reconna√Ætre l’origine d’un ph√©nom√®ne cosmique, dans le rayon de quelques kilom√®tres seulement, √† quoi bon des astronomes ? Aussi, ce qu’il y eut de t√©lescopes, de lunettes, de longues-vues, de lorgnettes, de binocles, de monocles, braqu√©s vers le ciel, pendant ces belles nuits de l’√©t√©, ce qu’il y eut d’yeux √† l’oculaire des instruments de toutes port√©es et de

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toutes grosseurs, on ne saurait l’√©valuer. Peut-√™tre des centaines de mille, √† tout le moins. Dix fois, vingt fois plus qu’on ne compte d’√©toiles √† l’oeil nu sur la sph√®re c√©leste. Non ! Jamais √©clipse, observ√©e simultan√©ment sur tous les points du globe, n’avait √©t√© √† pareille f√™te. Les observatoires r√©pondirent, mais insuffisamment. Chacun donna une opinion, mais diff√©rente. De l√†, guerre intestine dans le monde savant pendant les derni√®res semaines d’avril et les premi√®res de mai. L’observatoire de Paris se montra tr√®s r√©serv√©. Aucune des sections ne se pronon√ßa. Dans le service d’astronomie math√©matique, on avait d√©daign√© de regarder ; dans celui des op√©rations

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m√©ridiennes, on n’avait rien d√©couvert ; dans celui des observations physiques, on n’avait rien aper√ßu ; dans celui de la g√©od√©sie, on n’avait rien remarqu√© ; dans celui de la m√©t√©orologie, on n’avait rien entrevu ; enfin, dans celui des calculateurs, on n’avait rien vu. Du moins l’aveu √©tait franc. M√™me franchise √† l’observatoire de Montsouris, √† la station magn√©tique du parc SaintMaur. M√™me respect de la v√©rit√© au Bureau des Longitudes. D√©cid√©ment, Fran√ßais veut dire franc La province fut un peu plus affirmative. Peut-√™tre dans la nuit du 6 au 7 mai avait-il paru une lueur d’origine √©lectrique, dont la dur√©e n’avait pas d√©pass√© vingt secondes. Au pic du Midi, cette lueur s’√©tait montr√©e entre neuf et dix heures

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du soir. A l’observatoire m√©t√©orologique du Puy-de-D√¥me, on l’avait saisie entre une heure et deux heures du matin ; au mont Ventoux, en Provence, entre deux et trois heures ; √† Nice, entre trois et quatre heures ; enfin, au Semnoz-Alpes, entre Annecy, le Bourget et le L√©man, au moment o√π l’aube blanchissait le z√©nith. Evidemment, il n’y avait pas √† rejeter ces observations en bloc. Nul doute que la lueur e√ªt √©t√© observ√©e en divers postes successivement - dans le laps de quelques heures. Donc, ou elle √©tait pro-

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duite par plusieurs foyers, courant √† travers l’atmosph√®re terrestre, ou, si elle n’√©tait due qu’√† un foyer unique, c’est que ce foyer pouvait se mouvoir avec une vitesse qui devait atteindre bien pr√®s de deux cents kilom√®tres √† l’heure. Mais, pendant le jour, avait-on jamais vu quelque chose d’anormal dans l’air ? Jamais. La trompette, du moins, s’√©tait-elle fait entendre √† travers les couches a√©riennes ? Pas le moindre appel de trompette n’avait retenti entre le lever et le coucher du soleil. Dans le Royaume-Uni, on fut tr√®s perplexe. Les observatoires ne purent se mettre d’accord. Greenwich ne parvint pas √† s’entendre avec Oxford, bien que tous deux soutinssent qu’il n’y avait rien.

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Illusion d’optique ! disait l’un. Illusion d’acoustique ! « r√©pondait l’autre. Et l√†-dessus, ils disput√®rent. En tout cas, illusion. A l’observatoire de Berlin, √† celui de Vienne, la discussion mena√ßa d’amener des complications internationales. Mais la Russie, en la personne du directeur de son observatoire de Poulkowa, leur prouva qu’ils avaient raison tous deux ; cela d√©pendait du point de vue auquel ils se mettaient pour d√©terminer la nature du ph√©nom√®ne, en th√©orie impossible, possible en pratique. Suisse, √† l’observatoire de Sa√ºtis, dans le canton d’Appenzel, au Righi, au G√§bris, dans les postes du Saint-Gothard, du Saint-Bernard, du Julier, du Simplon, de Zurich, du Somblick dans les Alpes tyroliennes,

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pect d’une petite volute de vapeur, une nuit, sous l’apparence d’une √©toile filante. Ce que c’√©tait, d’ailleurs, ils n’en savaient absolument rien. on fit preuve d’une extr√™me r√©serve √† propos d’un fait que personne n’avait jamais pu constater - ce qui est fort raisonnable. Mais, en Italie, aux stations m√©t√©orologiques du V√©suve, au poste de l’Etna, install√© dans l’ancienne Casa Inglese, au Monte Cavo, les observateurs n’h√©sit√®rent pas √† admettre la mat√©rialit√© du ph√©nom√®ne, attendu qu’ils l’avaient pu voir, un jour, sous l’as-

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En v√©rit√©, ce myst√®re commen√ßait √† fatiguer les gens de science, tandis qu’il continuait √† passionner, √† effrayer m√™me les humbles et les ignorants, qui ont form√©, forment et formeront l’immense majorit√© en ce monde, gr√¢ce √† l’une des plus sages lois de la nature. Les astronomes et les

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m√©t√©orologistes auraient donc renonc√© √† s’en occuper, Si, dans la nuit du 26 au 27, √† l’observatoire de Kantokeino, au Finmark, en Norv√®ge, et dans la nuit du 28 au 29, √† celui de l’Isfjord, au Spitzberg, les Norv√©giens d’une part, les Su√©dois de l’autre, ne se fussent trouv√©s d’accord sur ceci : au milieu d’une aurore bor√©ale avait apparu une sorte de gros oiseau, de monstre a√©rien. S’il n’avait pas √©t√© possible d’en d√©terminer la Structure, du moins n’√©tait-il pas douteux qu’il e√ªt projet√© hors de lui des corpuscules qui d√©tonaient comme des bombes. En Europe, on voulut bien ne pas mettre en doute cette observation des stations du Finmark et du Spitzberg. Mais, ce qui parut le plus ph√©nom√©nal

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en tout cela, c’√©tait que des Su√©dois et des Norv√©giens eussent pu se mettre d’accord sur un point quelconque. On rit de la pr√©tendue d√©couverte dans tous les observatoires de l’Am√©riqu√© du Sud, au Br√©sil, au P√©rou comme √† La Plata, dans ceux de l’Australie, √† Sidney, √† Ad√©la√Øde comme √† Melbourne. Et le rire australien est des plus communicatifs. Bref, un seul chef de station m√©t√©orologique se montra affirmatif sur cette

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question, malgr√© tous les sarcasmes que sa solution pouvait faire na√Ætre. Ce fut un Chinois, le directeur de l’observatoire de Zi-Ka-Wey, √©lev√© au milieu d’une vaste plaine, √† moins de dix lieues de la mer, avec un horizon immense, baign√© d’air pur. Il se pourrait, dit-il, que l’objet dont il s’agit f√ªt tout simplement un appareil aviateur, une machine volante ! Quelle plaisanterie ! Cependant, si les controverses furent vives dans l’Ancien Monde, on imagine ce qu’elles durent √™tre en cette portion du Nouveau, dont les

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Etats-Unis Occupent le plus vaste territoire. Un Yankee, on le sait, n’y va pas par quatre chemins. Il n’en prend qu’un, et g√©n√©ralement celui qui conduit droit au but. Aussi les observatoires de la F√©d√©ration am√©ricaine n’h√©sit√®rent-ils pas √† se dire leur fait. S’ils ne se jet√®rent pas leurs objectifs √† la t√™te, c’est qu’il aurait fallu les remplacer au moment o√π l’on avait le plus besoin de s’en servir. En cette question si controvers√©e, les observatoires de Washington dans le district de Colombia, et celui de Cambridge dans l’Etat de Duna, tinrent t√™te √† celui de Darmouth-College dans le Connec-

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ticut, et √† celui d’Aun-Arbor dans le Michigan. Le sujet de leur dispute ne porta pas sur la nature du corps observ√©, mais sur l’instant pr√©cis de l’observation ; car tous pr√©tendirent l’avoir aper√ßu dans la m√™me nuit, √† la m√™me heure, √† la m√™me minute, √† la m√™me seconde, bien que la trajectoire du myst√©rieux mobile n’occup√¢t qu’une m√©diocre hauteur au-dessus de l’horizon. Or, du Connecticut au Michigan, du Duna au Colombia, la distance est assez grande pour que cette double observation, faite au m√™me moment,

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p√ªt √™tre consid√©r√©e comme impossible. Dudley, √† Albany, dans l’Etat de New York, et West-Point, de l’Acad√©mie militaire, donn√®rent tort √† leurs coll√®gues par une note qui chiffrait l’ascension droite et la d√©clinaison dudit corps. Mais il fut reconnu plus tard que ces observateurs S’√©taient tromp√©s de corps, que celui-ci √©tait un bolide qui n’avait fait que traverser la moyenne couche de l’atmosph√®re. Donc, ce bolide ne pouvait √™tre l’objet en question. D’ailleurs, comment le susdit bolide aurait-il jou√© de la trompette ? Quant √† cette trompette, on essaya vainement de mettre son √©clatante fanfare au rang des illusions d’acoustique. Les

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oreilles, en cette occurrence, ne se trompaient pas plus que les yeux. On avait certainement vu, on avait certainement entendu. Dans la nuit du 12 au 13 mai - nuit tr√®s sombre - les observateurs de Yale-College, √† l’Ecole scientifique de Sheffield, avaient pu transcrire quelques mesures d’une phrase musicale, en r√© majeur, √† quatre temps, qui donnait note pour note, rythme pour rythme, le refrain du Chant du D√©part. Bon ! r√©pondirent les loustics, c’est un orchestre fran√ßais qui joue au milieu des couches a√©riennes !

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Mais plaisanter n’est pas r√©pondre. C’est ce que fit remarquer l’observatoire de Boston, fond√© par l’Atlantic Iron Works Society, dont les opinions sur les questions d’astronomie et de m√©t√©orologie commen√ßaient √† faire loi dans le monde savant. Intervint alors l’observatoire de Cincinnati, cr√©√© en 1870 sur le mont Lookout, gr√¢ce √† la g√©n√©rosit√© de M. Kilgoor, et si connu pour ses mesures microm√©triques des √©toiles doubles. Son directeur d√©clara, avec la plus enti√®re bonne foi, qu’il y avait certainement quelque chose, qu’un mobile quelconque se montrait, dans des temps assez rapproch√©s, en divers points de l’atmosph√®re, mais que sur la

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nature de ce mobile, ses dimensions, sa vitesse, sa trajectoire, il √©tait impossible de se prononcer. Ce fut alors qu’un journal dont la publicit√© est immense, le New York Herald, re√ßut d’un abonn√© la communication anonyme qui suit : On n’a pas oubli√© la rivalit√© qui mit aux prises, il y a quelques ann√©es, les deux h√©ritiers de la Begum de Ragginahra, ce docteur fran√ßais Sarrasin dans sa cit√© de Franceville, l’ing√©nieur allemand Herr Schultze, dans sa cit√© de Stahlstadt, cit√©s situ√©es toutes deux en la partie sud de l’Oregon, aux Etats-Unis. On ne peut avoir oubli√© davantage que, dans le but de d√©truire Franceville, Herr Schultze lan√ßa un formidable engin qui devait s’abattre sur la ville fran√ßaise et l’an√©antir d’un seul coup.

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Encore moins ne peut-on avoir oubli√© que cet engin, dont la vitesse initiale au sortir de la bouche du canon-monstre avait √©t√© mal calcul√©e, fut emport√© avec une rapidit√© sup√©rieure √† seize fois celle des projectiles ordinaires - Soit cent cinquante lieues √† l’heure qu’il n’est plus retomb√© sur la terre, et que, pass√© √† l’√©tat de bolide, il circule et doit √©ternellement circuler autour de notre globe. Pourquoi ne serait-ce pas le corps en question dont l’existence ne peut √™tre ni√©e ? Fort ing√©nieux, l’abonn√© du New York Herald. Et la trompette ?... Il n’y avait pas de trompette dans le projectile de Herr Schultze !

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Donc, toutes ces explications n’expliquaient rien, tous ces observateurs observaient mal. Restait toujours l’hypoth√®se propos√©e par le directeur de Zi-Ka-Wey. Mais l’opinion d’un Chinois !... Il ne faudrait pas croire que la sati√©t√© fin√Æt par s’emparer du public de l’Ancien et du Nouveau Monde. Non ! les discussions continu√®rent de plus belle, sans qu’on parv√Ænt √† se mettre d’accord. Et, cependant, il y eut un temps d’arr√™t. Quelques jours s’√©coul√®rent sans que l’objet, bolide ou autre, f√ªt signal√©, sans que nul bruit de trompette se fit entendre dans les airs. Le corps √©tait-il donc

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tomb√© sur un point du globe o√π il e√ªt √©t√© difficile de retrouver sa trace - en mer, par exemple ? Gisait-il dans les profondeurs de l’Atlantique, du Pacifique, de l’oc√©an Indien ? Comment se prononcer √† cet √©gard ? Mais alors, entre le 2 et le 9 juin, une s√©rie de faits nouveaux se produisirent, dont l’explication e√ªt √©t√© impossible par la seule existence d’un ph√©nom√®ne cosmique. En huit jours, les Hambourgeois, √† la pointe de la tour Saint-Michel, les Turcs, au plus haut minaret de Sainte-Sophie, les Rouennais, au bout de la fl√®che m√©tallique de leur cath√©drale, les Strasbourgeois, √† l’extr√©mit√© du Munster, les Am√©ricains, sur la t√™te de leur statue de la Libert√©, √† l’entr√©e de l’Hudson, et, au fa√Æte du monument de Washington, √† Boston, les Chinois,

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au Sommet du temple des CinqCents-G√©nies, √† Canton, les Indous, au seizi√®me √©tage de la pyramide du temple de Tanjour, les San-Pietrini, √† la croix de Saint-Pierre de Rome, les Anglais, √† la croix de Saint-Paul de Londres, les Egyptiens, √† l’angle aigu de la Grande Pyramide de Giz√®h, les Parisiens, au paratonnerre de la Tour en fer de l’Exposition de 1889, haute de trois cents m√®tres, purent apercevoir un pavillon qui flottait sur chacun de ces points difficilement accessibles. Et ce pavillon, c’√©tait une √©tamine noire, sem√©e

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d’√©toiles, avec un soleil d’or √† son centre. DANS LEQUUEL LES MEMBRES DU WELDON-INSTITUTE SE DISPUTENT SANS PARVENIR √Ä SE METTRE D’ACCORD. ET le premier qui dira le contraire... Vraiment !... Mais on le dira, s’il y a lieu de le dire ! Et en d√©pit de vos menaces !... Prenez garde √† vos paroles, Bat Fyn ! Et aux v√¥tres, Uncle Prudent ! Je soutiens que l’h√©lice ne doit pas √™tre √† l’arri√®re ! Nous aussi !... Nous aussi !... r√©pondirent cinquante voix, confondues dans un commun accord. Non !... Elle doit √™tre √† l’avant ! s’√©cria PhilEvans. A l’avant ! r√©pondirent cinquante autres voix avec une vigueur non moins remarquable.

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Ce livret, le dix-huitième de la collection BOOKS FACTORY, a été tiré à 99 exemplaires dont quatre numérotés de I à IV signés par l’auteur et l’artiste. Ces 4 exemplaires sont présentés dans une boite d’artiste et accompagnés d’un dessin original de Stéphane Carricondo.

tous droits réservés pour tous pays copyright par BOOKS FACTORY collection Juin 2013

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