QUESTIONS DE VANINA PINTER
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ANINA
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Vanina Pinter est professeure d’histoire du graphisme à l’EsadHar du Havre.
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INTER
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La première question porterait sur la première image. -Te souviens-tu de ta première image, celle que tu as faite en ayant conscience que c’était image-œuvre ? Quelle impression t’a-t-elle laissée ? Quels mots a-t-elle laissés dans ton esprit ?
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours pensé en terme de « work in progress », jamais en tant qu’œuvre aboutie, les choses ne sont jamais définitives, on peut toujours les modifier, les améliorer, les détourner, s’en servir comme matière pour d’autres travaux, les reprendre avec un angle différent, je ne peux donc pas répondre précisément à ta question. En revanche hein ! hein ! POURQUOI, je me souviens très exactement du premier dessin d’enfant d’abord ! que j’ai fait et qui a suscité l’admiration de mes parents, et qui m’a donné une voie pour me sentir aimé, tout le reste découle de ça, car je pense que les actes que chacun fait est dans le but d’être accepté, aimé et compris par les autres, je pense que l’histoire des hommes est une longue quête de la reconnaissance de soi par l’autre et les autres, c’est pour ça qu’il y a tant de souffrance au travail aujourd’hui, les gens n’ont que de l’argent en échange de leur présence au travail et il n’ont pas la reconnaissance et l’acceptation qu’ils cherchent et méritent. pas au sens catholique du terme, bien sûr!
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On peut y ajouter le fait que la part créative est terriblement encadrée et que, bien que les spécialistes et DRH de tout poils n’aient que le mot « créativité » à la bouche, il y en a très peu d’effective, ou du moins elle n’est orientée que vers la rentabilité. Donc, en réponse à ta question, je dirais que je n’ai pas de première « image-œuvre », mais plutôt une conscience que la notion de plaisir en travaillant, est indissociable de la construction de ce qu’on peut appeler une œuvre. Et cette « œuvre » est sans doute la réalisation, au d’une vie, de la poursuite de ce chemin, plutôt qu’une suite de productions qui balisent un parcours. Les mots qui s’égrainent tout au long de ce sont une série de réponses à des questions, personnelles, universelles et panachées et les « productions », ces travaux, ne sont qu’autant de balises ou, si tu préfères, de petits cailloux qui indiquent le chemin parcouru.
fil
C’est du boulot!
fil
espèce de mickey carré LES QUESTIONS DE VANINA PINTER JE VOUS REMERCIE DE ME L’AVOIR POSÉE
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iene c assée?
quand tu composes une image ? Les oublies-tu ? Te guident-ils ? En es-tu débarrassé ? Tu travailles avec les mots en tant que typographe, en tant qu’éditeur par des mises en page qui créent une narration. Alors, je pense que lorsque tu te transformes en créateur d’images, ta relation aux mots, doit être particulière.
mach
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Les mots justement : comment vit-on avec eux quand tu es,
Oui, car le fait d’avoir poursuivit plusieurs disciplines (typo, images, graphisme, arts plastiques etc.) m’a permis d’intégrer naturellement, au bout d’un certain temps, les différents composants. Lorsque je fais une typo je la dessine,
c’est son coté illustré qui m’intéresse plus que sa lisibilité,
lorsque je fais une mise en page j’intègre la notion de composition comme pour la construction d’une image, lorsque je fais une image sa composition est une mise en page et la façon dont j’associe les éléments (informatifs et illustratifs) relève de la même méthode que pour une création de caractère. Les mots viennent donc naturellement avec la double fonction de sens écrit et de forme plastique, je les chéris comme on brique les chromes d’une voiture, mais je les jette également en l’air pour voir où il retombent puis j’organise le hasard. C’est un jeu permanent et pas une science, c’est un jeu qui petit à petit permet d’étoffer son vocabulaire de combinaisons, un peu comme le mandarin en quelque sorte.
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