LES LÉGENDES IMPROBABLES DE ROUBAIX

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Remerciements à Sainte Rita les auteurs

Ouvrage publié pour la première fois à Roubaix avec de l’encre et du papier. © 2009 Éditions Les 3Jean-

Recherche et vérification historique : Joel-Henry Vandescraave Assistant de recherche faits divers et société : Jean-François Vankeegnies Assistant de recherche sciences & techniques, coordination éditoriale : Jean-Pierre Vanderplane PAO, CAO, DAO, MAO : Jean-Jacques Manipipaul Photogravure : Photograve 59

Achevé d’imprimer en décembre 2009 Imprimé en Molvanie par Polyprint GmbH, Makulh

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Avant-Propos Amis du Nord – Pas de Calais, merci à vous ! Après s’être hissé à la première place du palmarès des livres régionaux, le premier opus de cette prestigieuse collection, «Les Nouvelles Légendes du Nord et du Pas de Calais» continue son chemin vers de nouveaux horizons dont la presse spécialisée ne manquera pas de vous relater les épisodes les plus croustillants... En attendant, l’équipe des Nouvelles Légendes et moi-même avons décidé de livrer ce second volet d’histoires régionales méconnues à une foule si avide de sensations qu’elle ne pouvait souffrir d’attendre plus longtemps, si nous en jugeons d’après l’abondant courrier reçu. Ainsi, après la lumière des projecteurs que vous eûtes la bonté de faire rejaillir sur notre modeste œuvre, la reconnaissance et la politesse les plus élémentaires nous intimaient l’ordre de nous plonger à nouveau dans les délices de nos gigantesques archives et, rassérénés par l’assurance de votre soutien indéfectible, de collecter, compulser, trier et sélectionner sans relâche, jusqu’à livrer ce recueil que nous espérons digne de vos attentes les plus fébriles. Alors que nous nous attelions à cette nouvelle entreprise, nous nous interrogeâmes un temps sur le territoire local auquel circonscrire cette fois nos investigations... Bientôt la réponse tomba d’elle-même : ce serait Roubaix. Pour quelles raisons ? Certes, l’histoire de Roubaix est emblématique de notre belle région du Nord – Pas de Calais ; lorsque la révolution industrielle fit passer la ville de l’état d’un bourg encore rural à celui d’une cité ostentatoirement développée, rayonnant dans le monde entier et organisant même son exposition internationale en 1911... Mais vous savez pertinemment qu’il en faut bien plus pour attirer notre attention... Et vous avez, ô combien, raison. Les Nouvelles Légendes ne sont pas un autre recueil d’histoires ou de légendes régionales, déjà largement étudiées et savamment vulgarisées par d’éminents confrères... Non. Notre mission est autre. À nous l’insigne honneur de fouiller dans les interstices de l’Histoire, dans l’impalpable, le ténu, le volatile... À nous, derniers gardiens du fantasque, faibles remparts ployant sous les coups de butoir (butor ?) du raisonnable et du productif, de traquer l’anecdote curieuse, le personnage haut en couleurs et l’initiative exceptionnelle... Et à ce titre, il se trouve que les Roubaisiens ont su garder une âme d’enfant, joueurs, farceurs et grands amateurs d’insolite et, pour grands travailleurs qu’ils soient, qu’ils ne dédaignent pas de s’égarer à l’occasion sur des voies moins conventionnelles. Reconnaissons-leur d’ailleurs un sens de l’amusement qui force l’admiration ; comme vous le verrez dans les pages qui suivent, qu’il s’agisse de curiosités, d’architecture, de jeux populaires, d’inventions scientifiques ou de faits divers qui défrayèrent la chronique en leurs temps, Roubaix n’est à nulle autre pareille ; mieux, elle se révèle véritablement dans son versant improbable, convoquant les figures tutélaires des plus grands qui surent dépasser le strict cadre du visible pour entrer, glorieux, dans le vaste domaine réservé à une poignée d’élus : la légende. Bonne lecture. Joël-Henri Vandescraave

Historien régional – garant de la ligne éditoriale de la Collection « Les Nouvelles Légendes Improbables ».

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LA

CHEMINÉE FANTÔME

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oici un phénomène étrange dont de nombreux roubaisiens ont été témoins depuis le milieu des années 90, et qui est même devenu l’objet d’une croyance populaire... Tout commença le 19 juin 1995 lorsque fut abattue la grande cheminée de la rue du Fort, une survivante qui s’écroula comme à regret, laissant un vide dans le paysage et dans l’esprit des riverains. Dans la nuit du 3 juillet, Albert Defourmies, qui rentrait chez lui rue de Fort après une soirée arrosée chez des amis, s’arrêta et posa son vélo contre la cheminée à l’arrière de laquelle il partit se soulager comme il en avait l’habitude. La chute de son vélo à travers la cheminée, qu’il traversa lui-même à son tour lorsqu’il voulut le redresser, lui fit douter de ses sens et il se promit de se montrer plus tempérant à l’avenir. Le lendemain, à la pharmacie, sa voisine qui souffrait d’insomnies lui certifia d’un air agité avoir vu la cheminée depuis la fenêtre de sa chambre aux petites heures de la nuit. Il s’avéra bientôt que d’autres habitants du quartier avaient vu quelque chose, et que leurs descriptions concordaient. Cet été là, les gens prirent l’habitude de se réveiller la nuit dans l’espoir d’assister au phénomène, mais rien n’arriva. Puis une rumeur se répandit : les invités d’une noce avaient pu observer la cheminée dans le quartier du Pile, dressée comme translucide au-dessus des toits, et l’un d’entre eux avait pu filmer l’apparition. En cette période de vacances à l’actualité ralentie, le film, bien que de mauvaise qualité, fut diffusé lors du journal télévisé régional et la cheminée fantôme acquit alors une certaine célébrité. Depuis, les apparitions se succèdent de manière imprévisible dans les différents quartiers de la ville, et d’aucuns prétendent même l’avoir vue à Tourcoing. Une légende est apparue, qui promet chance aux jeux de hasard aux heureux témoins du phénomène, et il est un fait que Karim B., grand gagnant du Loto en avril 2002, a toujours soutenu avoir vu la cheminée la nuit précédant le tirage et avoir scrupuleusement joué les numéros des maisons au-dessus desquelles se dressait la cheminée fantôme.

La trace laissée par la cheminée lors de son apparition du 7 avril 1997 derrière la rue de Croix.

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La cheminée lors d’une apparition au-dessus de l’Alma le 17 octobre 1995. Ce cliché a été pris de sa fenêtre par Mr Boukara, du photo-club de l’Alma, qui nous a aimablement autorisés à la reproduire.

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L’ AFFAIRE DU CANAL

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e naturaliste Jules-Désiré Dubarœul mourut à Roubaix le 12 février 1936 à l’âge de 80 ans. Il laissait à sa nièce Marie-Héléne, seule héritière, sa grande maison de la rue du Trichon,

remplie de la cave au grenier par les centaines de spécimens, objets et curiosités que le grand voyageur avait amassé au cours de sa longue carrière. Comme elle souhaitait s’y installer, Marie-Héléne entreprit de vider la maison : Dubarœul avait légué ses collections au Musée d’Histoire Naturelle de Lille, où elles furent transportées* et il ne resta bientôt plus que le petit élevage de poissons exotiques , marotte de Dubarœul qui avait fait aménager au rez de chaussée une petite pièce au toit vitré toujours chauffée par un gros poêle en fonte. Il y gardait ses précieux spécimens vivants dans de grands aquariums, s’en occupant quotidiennement avec l’aide de son vieil assistant et ami, Jacques Vandelhaeve. Lorsque Marie-Héléne lui demanda de s’en débarrasser, Vandelhaeve fut au désespoir : son logement était trop petit pour les accueillir, et personne n’en voulait. La mort dans l’âme, il se résolut à les jeter au canal, afin de leur laisser une chance de survie, si ténue qu’elle soit pour des créatures habituées au climat équatorial. Or, Vandelhaeve le savait-il ? Tout près de l’endroit où il vida les aquariums se trouvait une teinturerie qui rejetait de l’eau chaude en grande quantité et élevait ainsi d’une dizaine de degrés la température du canal alentour. L’un des aquariums contenait une vingtaine de serasalmus irritans, ou piranhas, descendants d’un souvenir de voyage en Amazonie avec l’expédition Scott-Sanders de 1912. Ils ne firent qu’une bouchée des autres specimens et établirent leur domination sur cette partie du canal. C’est durant l’été 1936 qu’eurent lieu les évènements qui déclenchèrent l’affaire : plusieurs baigneurs disparurent et, à chaque fois, l’on ne retrouva d’eux que des squelettes dans des lambeaux de maillot de bains. La presse titra sur le mystère du canal, et la baignade y fut dès lors strictement interdite. Les spéculations allaient bon train, mais l’enquête ne progressait guère. C’est un ancien médecin militaire qui éclaircit le mystère : Charles Deldique avait servi 30 ans dans les colonies où il avait acquis une grande expérience de ce qui pouvait causer la mort de manière rapide et exotique. Intrigué par l’affaire, il proposa au commissaire chargé de l’enquête d’examiner ce qui restait des victimes. Il ne lui fallut qu’un instant pour identifier les coupables : Charles Deldique savait reconnaître l’œuvre de piranhas quand il la voyait. Il parvint à convaincre un commissaire dubitatif d’organiser une pêche au filet afin de vérifier son explication. On repêcha alors une dizaine de poissons d’environ 30 centimètres de long, aux mâchoires puissantes et d’une couleur bleue qui n’était pas sans rappeler celle des blouses des ouvriers. On installa de grands panneaux de mise en garde sur les berges, et l’interdiction absolue de se baigner fut maintenue. Les mariniers prirent l’habitude de s’encorder pour traverser cette partie du canal, et l’on raconte que des inconnus venaient parfois nuitamment s’y débarrasser de lourds paquets. Nul ne peut dire ce qui serait advenu de cette colonie vorace avec le temps ; ces créatures auraient-elles fini par s’acclimater et se répandre sur l’ensemble du réseau des canaux ? Il semble que l’arrêt de la teinturerie durant l’été 1940 ait probablement mis fin au phénomène : en effet, depuis cette date, aucun nouveau cas d’attaque de piranhas n’a été signalé dans le canal de Roubaix.

* en particulier un remarquable diorama représentant les fêtes de la fertilité chez les indiens Arumbayas du Brésil.

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On aperçoit à l’arrièreplan le bâtiment de la teinturerie qui permit aux piranhas de se multiplier.

Piranhas

(Serasalmus Irritans). Ce specimen est originaire de Palombie.

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MIRACLE AU CAFÉ DE L’ESPOIR

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ans les années 70, le Café de l’Espoir, à l’angle de la rue Monge et de la rue du Bock, connut une grande renommée : s’y trouvait en effet, sur une petite étagère creusée dans le mur au-dessus du comptoir, un verre aux propriétés quasi-miraculeuses. Il était impossible de le vider complètement, le niveau de la bière qu’il contenait* remontant spontanément après chaque gorgée bue de telle manière qu’il était toujours aux trois-quarts plein. Vers midi, à l’ouverture du café, le patron** versait cérémonieusement la bière éventée de la veille dans l’évier, rinçait puis reposait à sa place d’honneur le verre qui se remplissait déjà. Ce prodige attirait des clients de tous les quartiers de Roubaix et l’on pouvait, moyennant un forfait raisonnable de cinq francs, louer le verre au quart d’heure sur la partie capitonnée du comptoir qui lui était réservée. Un soir, un professeur à l’Université des Sciences de Villeneuve d’Ascq, entré pour demander son chemin, fut très intrigué par le phénomène et obtint de pouvoir revenir un jour de fermeture avec une petite équipe et quelques instruments pour tenter d’y voir clair. À la fin de la journée, les scientifiques étaient convaincus d’être face à un mystère qui les laissait incrédules et perplexes (ainsi que fort gais). L’expérience fut bientôt répétée, avec plus de moyens mais pour le même résultat. Une semaine plus tard, le patron du café fut discrètement contacté par des représentants de la Direction Générale de l’Armement, à qui il refusa obstinément de vendre le verre. Un contrôle fiscal s’abattit alors sur le Café de l’Espoir, au prétexte de vérification des comptes fournisseurs, et le verre fut saisi. Déprimé par cette perte et poursuivi par le fisc, le patron sombra dans l’alcool et le café fut revendu en 1976. Certains témoignages qui nous sont parvenus laissent à penser que le verre est aujourd’hui conservé et toujours secrètement testé au CNEQ (Centre National des Études Quantiques) où, d’après nos informateurs, le phénomène n’a toujours pu être ni expliqué, ni reproduit avec d’autres verres, et que toutes les tentatives de lui faire produire autre chose que de la bière se sont soldées par des échecs.

*les témoignages font état d’une bière blonde assez forte, type double fermentation. **sa famille n’a pas souhaité être citée.

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Le Café de l’Espoir, à l’angle de la rue Monge et de la rue du Bock.

La niche votive de la bière d’abondance.

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LA GAUFRE DES CAUSES

DÉSESPÉRÉES

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roduit phare de la biscuiterie industrielle renommée dans toute la Région, la gaufre RITA fit l’objet d’un bien étrange échange de savoir-faire avec l’évéché de Roubaix au cours du XXe siècle. En 1934, suite à une soudaine pénurie de produits saints en provenance des colonies, l’instance catholique de la ville fit appel à la biscuiterie pour produire des osties. Il en restait en effet si peu qu’il fallait les partager lors des offices, ce qui provoquait la grogne et le questionnement parmi les ouailles. Pour que ces sacrements soient certifiés conformes aux rites de la communauté l’évéché délégua un prêtre assermenté et néanmoins patissier qui procéda à la validation des petites auréoles azimes en leur apportant une bénédiction en bonne et due forme. Hélas, la méthode de production de la biscuiterie n’ayant pas été revue dans l’urgence, les quelques premières palettes de ces sacrements qui furent distribuées étaient fourrées de crème surfine... Qui provoqua l’étonnement dans les églises de la ville et la joie des plus jeunes dont beaucoup revinrent communier plusieurs fois lors des offices du dimanche ; les curés des paroisses roubaisiennes y virent même un soudain ragaillardissement de la foi populaire. Tout rentra dans l’ordre aux livraisons suivantes mais le mal était fait, le péché de gourmandise avait entaché le rituel de communion d’une petite tache de crème et durant de nombreuses années encore les jeunes roubaisiens espérèrent regouter au plaisir défendu. Il est amusant de noter qu’aujourd’hui ce haut lieu de la crème fourrée abrite la crème de la création artistique roubaisienne.

Un des véhicules de livraison qui approvisionnaient les paroisses.

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On raconte qu’un jeune roubaisien d’alors, après une de ces fameuses communions à la crème, fut pris d’une vision religieuse subite et devint par la suite un des grands noms de la pâtisserie catholique française.


Publicité d’époque pour les saintes gaufres de Roubaix qui, selon des rumeurs encore aujourd’hui persistantes, permettraient à ceux qui en mangent de retrouver leurs clés au fond de leur sac.

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AIMÉ-LOUIS DEGROOTE, ARCHITECTE VISIONNAIRE

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imé-Louis Degroote est peut-être le roubaisien célèbre le plus méconnu. Né en 1882 à Roubaix au sein d’une famille aisée, il s’y installe comme architecte en 1907, après de brillantes études à l’Académie Royale de Bruxelles. Épris de modernisme et de progrès, mû par la volonté de renouveler le vocabulaire architectural en s’inspirant des formes de l’industrie, il se fait rapidement remarquer lors de concours par l’originalité de ses projets. Antoine Casimir, propriétaire des Boulonneries Roubaisiennes, un ami de la famille, fait appel à lui pour l’extension de ses bureaux : terminé en 1909 et surnommé « le Palais de la vis », le bâtiment va faire un temps le bonheur des chansonniers de l’époque. D’autres réalisations audacieuses vont suivre : à Roubaix encore, la maison Lagache, tout en métal et entièrement démontable (1911), la nouvelle Chambre d’Agriculture d’Hazebrouck, dite « le bock renversé »(1913). Quand la guerre arrive, ALD est envoyé en Afrique Occidentale Française afin de superviser la construction de nouveaux bâtiments pour les troupes coloniales. Il y découvre de nouvelles formes qui vont influencer son travail. À la fin de la guerre, il est démobilisé et retourne à Roubaix en 1919. La reconstruction payée par les dommages de guerre allemands est pour lui une magnifique opportunité d’exercer son talent : son projet de « maison magnétique » construite à côté du Vélodrome en 1921 pour la Compagnie Industrielle d’Electricité, fait sensation : une haute tour de béton à la ligne épurée, surmontée d’un énorme générateur éléctromagnétique produisant la nuit de spectaculaires décharges visibles jusqu’à Lille. Surnommée « le doigt magique » elle faisait la fierté de la ville et symbolisait sa foi dans le Progrès. Comme beaucoup d’hommes au destin singulier, Aimé-Louis Degroote connaît lui aussi une fin tragique : alors que le 12 mai 1924, au faîte de sa notoriété, il visite le chantier de ce qui doit être son œuvre maîtresse, « le Château de Cartes », il s’adosse imprudemment à une cloison non encore boulonnée qui bascule, entraînant dans sa chute l’ensemble de l’étage, puis l’ensemble du bâtiment sous lequel il périt écrasé. Ainsi disparaissait l’un des architectes les plus originaux de son temps. Bien malheureusement, rien hélas ne subsiste aujourd’hui de son œuvre , comme si une malédiction s’était abattue sur ses créations ; qu’on en juge : la Maison Casimir fut détruite en 1915 par des bombardements, et Antoine Casimir, las des sarcasmes, ne la fit pas reconstruire après la guerre ; la Maison Magnétique, frappée par la foudre durant l’été 1932, prit feu tandis que son générateur explosait et décapitait le sommet de la tour ; ce qui subsistait du bâtiment fut démoli. La maison Lagache fut démontée par les allemands en 1942 pour être remontée près de Munich, mais le train qui la transportait fut détruit par l’aviation anglaise ; le bâtiment de la Chambre d’Agriculture d’Hazebrouck fut démoli en 1962 pour faire place à un immeuble d’habitation. Seules nous sont parvenues quelques images photographiques, derniers témoins de cette œuvre aujourd’hui disparue.

Aimé-Louis Degroote

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« Le Palais de la Vis », les Roubaisiens ont gardé une trace de cet étonnant batiment dans la fameuse expression locale «teu pars en ville voir eul palais d’eul vis» qui, quelques générations plus tard, s’est muée en l’actuelle «teu pars en vrille comme eul palais d’Elvis».

« La Maison Magnétique » une réalisation audacieuse, que les roubaisiens de l’époque surnommaient «doigt magique».

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L’INVENTION DU PROFESSEUR LAMOTTE

A

u printemps 1927, les habitants du quartier de la Fosse aux Chênes purent assister à un bien étonnant spectacle : le long du quai de Calais un cigare métallique de couleur jaune surmonté d’une verrière aux montants épais et d’un long tuyau vertical, faisait des allers-retours entre les deux ponts, tantôt en surface et tantôt en plongée, pour le plus grand bonheur des curieux. Le Pr. Lamotte procédait aux essais du prototype de son sous-marin de poche. Constantin Lamotte avait hérité en 1924 d’un oncle industriel, et il avait alors quitté son poste d’ingénieur à la Compagnie des mines de Liévin pour revenir à Roubaix et se consacrer à sa passion de toujours, inspirée de ses lectures de Jules Verne : imaginer et construire un petit engin pour explorer les fonds marins. Depuis son retour, il avait travaillé pendant plus de trois ans, modifiant, améliorant et perfectionnant son idée, puis avait fait réaliser les pièces qu’il assembla enfin son entrepôt de la rue Turgot. Considéré comme un peu excentrique, ce qui lui avait valu le surnom de « Professeur », Constantin Lamotte disposait néanmoins d’un solide bagage technique et de fonds assez importants. Ses travaux, vu leur nature, étaient donc suivis avec un certain intérêt par les autorités et il n’avait pas eu trop de difficultés à obtenir l’autorisation de faire des essais dans le canal proche de son atelier. Le petit sous-marin, qu’il avait en toute simplicité nommé « Lamotte 01 » était mû par l’énergie humaine : l’hélice à l’arrière était entraînée par un système de pédaliers et de chaînes largement inspiré par les bicyclettes en tandem. Deux personnes y prenaient place, la première dirigeant l’engin et jouissant d’une vue panoramique sur les fonds sous-marins, la seconde, derrière, se contentant de fournir avec ses jambes l’énergie musculaire nécessaire à la propulsion et d’assurer le renouvellement de l’air en plongée à l’aide d’une pompe actionnée par ses bras. Les premiers essais eurent lieu le 17 avril 1927 : le professeur Lamotte et son assistant parcoururent une centaine de mètres, et après un demi-tour hésitant, revinrent à leur point de départ sous les vivats des passants attroupés. D’autres essais, les jours suivants, attirèrent de plus en plus de monde, et la municipalité dut installer des barrières et poster des agents pour empêcher les accidents. Au petit matin du 12 avril, le Lamotte 01 fut remonté et placé à l’arrière d’un gros camion militaire qui l’emmena sous escorte vers une destination inconnue. Le Pr. Lamotte ne reparut à Roubaix qu’un an plus tard, et resta évasif sur ses activités récentes. De retour à son atelier, il se mit à travailler à la réalisation d’un scaphandre amélioré. Il disparut tragiquement le 6 août 1928, victime des piranhas alors que, perdu dans les eaux troubles du canal, il s’était aventuré par mégarde dans la zone dangereuse. Son scaphandre en partie déchiqueté est conservé dans les réserves du MAIR dans l’attente d’une hypothétique restauration.

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photo probablement prise le 18 avril 1927 : on aperçoit, au milieu du fiacre et avec la casquette, Georges Remi, le célèbre créateur de Tintin, jeune bruxellois alors agé de vingt ans, qui était de passage à Roubaix suite au décès d’une tante. Il allait se souvenir de la scène.

Constantin Lamotte

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LA BLATAVSKAÏA,

TZARINE GUÉRISSEUSE

I

l y eut en Europe un courant spirite très actif, à la fois porté par des figures emblématiques comme Allan Kardec ou Maître Philippe à Lyon, des ordres ésotériques polémiques comme la Golden Dawn en Angleterre... Et de l’autre côté, des artistes, curieux d’explorer de nouveaux champs d’investigation. Des mages, des guérisseurs, des voyants, des médiums fleurissaient ça et là, surtout dans les villes fortement peuplées et à fort potentiel financier. À Roubaix apparut un jour La Blatavskaïa, pécheresse d’Ukraine en repentir, qui se donnait de la généalogie royale et était passablement secouée par des illuminations publiques spectaculaires, doublées de prédictions aussi étranges qu’intimidantes. On dit par exemple que c’est suite à l’une de ses injonctions spirites que le roi du savon Vaissier fit construire son palais orientaliste rue de Mouvaux ou encore, qu’elle fut à l’origine de la vénéneuse Confrérie du Lin (voir pages suivantes). Elle obtint de créer une «école de pouvoirs» uniquement destinée aux filles, qui seules selon elle, pouvaient être reliées (du latin religare ; relier, qui donnera également religieux...) aux Forces Élémentaires de la Nature. Ce discret dispensaire, ses élèves de bonne famille et les nombreuses expériences paranormales qui y étaient pratiquées, avaient fini par être totalement intégrés à la vie roubaisienne à tel point que chaque année, le 1er mars, premier jour de l’année pour les Anciens, un défilé des protégées de la tzarine guérisseuse, dans leur uniforme de praticienne, était l’occasion d’une féérie qui charmait grands et petits.

Un rare cliché de la procession du 1er Mars dans le quartier de l’Hommelet, fait à la sauvette (par peur du mauvais œil).

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La Blavatskaïa posant devant un groupe de praticiennes, dans le dortoir de lévitation. On remarquera le dispositif de retenue en métal, au dessus du lit, afin d’empêcher les débutantes de virevolter inutilement dans l’établissement. Comme on peut le voir, l’astuce n’empêche pas quelques horions aux débutantes (Notons que, tout médium qu’elle était, la mage souffrait elle-même de la goutte).

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LES SOUS-SOLS DE LA CONDITION

L

ors de la redécouverte

canaux souterrains roubaisiens

inopinée du réseau de

(voir «Les Nouvelles Légendes du Nord Pas de Ca-

lais» chez le même éditeur) on trouva sous la Condition Publique, devenu un lieu multi-culturel bien connu, une salle souterraine de grande taille qui devait sans doute faire office de carrefour pour les circulations en barque. Un îlot accessible uniquement par voie d’eau, de forme circulaire, trônait en son centre, large d’une bonne vingtaine de mètres. Après quelques fouilles et recoupements dans les archives de la ville et celles des familles concernées par le réseau, on s’aperçut que ce lieu avait régulièrement abrité des réunions secrètes... S’y retrouvaient nombre d’industriels spécialisés dans la production de toiles de lin qui avaient vu d’un mauvais œil la construction du bâtiment, dédié au conditionnement de la laine pour les usines locales. Vétus de longues robe de lin et dûment cagoulés les conspirateurs faisaient appel à des marabouts venus des colonies pour tenter de jeter des sorts néfastes sur les stocks qui transitaient au-dessus. Ces pratiques se poursuivirent apparemment jusqu’à la fin des années 30. Aujourd’hui encore on ignore si leurs tentatives furent ou non couronnées de succès, la laine ayant effectivement disparu des productions locales à compter des années 1960. Mais il subsiste, quelque part au fin fond du continent noir, une tribu qui continue à vouer un culte au lin et dont les rituels ne sont pas sans rappeler ceux des conjurés.

L’îlot qui accueillait les meeting anti laine.

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Dans les sous sols de la condition, bien au dessous du niveau de l’activité culturelle d’aujourd’hui, se tenaient des réunions secrètes à but économique.

Ce magnifique costume en lin doit peut-être beaucoup à la conjuration de Roubaix.

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LE

CONCOURS DE MACHINES VOLANTES

O

uvert à tous et doté d’un prix de 20 000 francs, le concours de machines volantes fut l’un des temps

forts de l’Exposition Internationale du Nord de 1911. Il attira à Roubaix de nombreux inventeurs venus de toute l’Europe rivalisant d’imagination pour empocher la récompense. Celle-ci fut emportée par Henry Farman le 9 juillet, en présence du président Fallières. Mais ce concours avait également suscité quelques candidatures improbables, retrouvées dans le compte-rendu du jury.

Le gagnant, un appareil aux lignes futuriste pour l’époque

La jeune Fernande Baudhuick se présente devant le jury revétue de sa cape de vol. On devra la dissuader de se jeter du haut du bâtiment de l’Exposition pour en faire la démonstration.

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Le dirigeable rapide : construit par un groupe d’enthousiastes, le dirigeable rapide, photographié ici juste avant sa tentative de vol. Mû par la force d’un cheval, il devait propulser l’engin à grande vitesse dans les airs grâce à son hélice surdimentionnée. Malheureusement les concepteurs, dans un souci de compacité avaient largement sous-estimé la taille du ballon d’hydrogène. En dépit des efforts du cheval, le dirigeable refusa de quitter le sol, et il fut évacué sous les sifflets.

La bicyclette volante : poussé par son frère et coinventeur Charles, Amédée Delcourt tente de faire décoller sa bicyclette volante. Juste après ce cliché, il en perdit le contrôle et finit sa course dans la foule. Il ne fut pas classé.

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LA

TOUR JICÉ

T

out le monde connaît la

« Tour Jicé »

l’un des tout premiers gratte-ciels de France, qui dresse ses 72 mètres Bou-

levard d’Armentières à Roubaix. L’on connaît moins l’origine de ce bâtiment de seize étages à la forme particulière. Construit en 1907 pour l’industriel Jules Cattignier, il constituait la première moitié du projet de nouveau siège social pour sa florissante société d’importation de caoutchouc. Jules Cattignier était très fier de sa réussite, et il avait souhaité faire réaliser deux corps de bâtiment qui auraient eu la forme de ses initiales dominant la ville. Seul le J fut construit car la conception du C se heurta vite à des problèmes insurmontables pour l’époque. Après une malheureuse tentative, le projet fut abandonné en 1909. Jules Cattignier en conçu une grande amertume : l’initiale du nom de son principal concurrent, Jérome Jubertin, rayonnait à présent sur le quartier (sans parler de tous ses employés chaque matin dominés par un gigantesque J avant d’aller travailler), et il était la risée du Tout-Roubaix. Jules Cattignier, de tempérament sanguin, fit une attaque le 12 janvier 1910 alors qu’il dînait au restaurant : entendant les sarcasmes qui venaient de la table d’à côté, il se leva, écarlate, pour répondre et s’écroula sans vie. Son fils aîné, Oscar, songea un moment à faire modifier le bâtiment existant (il fut même un temps question de lui donner la forme de son initiale), mais finit par sagement y renoncer. Après avoir traversé sans dommage les deux guerres mondiales et connu plusieurs propriétaires, la tour, désormais inscrite au Patrimoine, est aujourd’hui en cours de rénovation.

Jules Cattignier

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la tour Jicé aujourd’hui ; la rumeur prétend qu’elle aurait été récemment acquise par un homme d’affaires britannique du nom de Lester Lamond à qui l’on avait présenté la photo du bâtiment inversée de gauche à droite.

Ce qu’il reste de la tour «C» le 10 avril 1909. La construction en briques s’accordait mal avec la forme du projet.

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LA CANTATRICE, PREMIÈRE ARME DE DESTRUCTION MASSIVE.

E

n cette charnière des XIXe et XXe siècles propice à un engouement démesuré du populaire pour le chant lyrique, Ava Daria fut certainement, non pas l’une des cantatrices les plus connues, mais bien la plus redoutée. Ce fut en effet la seule chanteuse d’opéra à notre connaissance dont les affiches mettaient plus en garde les populations contre les terribles conséquences de ses vocalises, qu’elles n’invitaient le public à ses concerts. Alors que la voix humaine couvre 7 octaves, la sienne en épousait pas moins de 15, des basses les plus spectrales jusqu’à des stridences hautement dommageables. Ses professeurs identifièrent assez tôt le phénomène pour l’obliger (Fernande Baudhuick de son vrai nom naquit à Arques et fut sommée d’en partir à l’âge de 13 ans) à contrôler la puissance de ses notes, avec, pour heureux résultat, une aptitude hors du commun pour les modulations vocales, au service dévoué des nuances les plus subtiles du répertoire lyrique. Le 12 novembre 1914, elle est attendue pour un récital à Roubaix, occupée depuis le 14 octobre par un régime militaire extrêmement dur, afin de regonfler le moral des habitants. Jean Lebas a obtenu du lieutenant-colonel Hoffman un tour de chant itinérant à travers les quartiers de la ville, sur un char de la cavalcade de 1903. Le maire se risque à demander à La Dona Daria s’il est possible d’inclure un ou deux chants discrètement patriotiques que la foule pourrait reprendre en chœur. La Diva s’en irrite aussitôt : on ne la laisse pas libre de chanter ce qu’elle veut, elle devrait supporter le vacarme d’une foule enthousiaste.... Elle qui avait prévu un bouquet de lieders et une pincée de Wagner ça et là pour «entrer dans la dimension romaine du char qui fend la plèbe»... Le désaccord échauffe les esprits ; les deux parties se quittent passablement fâchées. À 16 heures, pourtant, un char impérial attend la coloratur pour la mener au Pile où l’accueil qui lui est réservé confine au délire. Confortée de son emprise sur son audience, la Daria risque un lied qui lui attire les foudres d’un public réfractaire à la langue de Goethe et le ciel de plomb précédant un déluge. Aussitôt, les spectateurs exhortent l’équipage à se réfugier dans un café de la rue des longues haies qui, à l’époque, en compte plus d’une centaine. Le récital reprend, mais le hiatus est prononcé entre la diva et son peuple, ce dernier grondant toujours plus à chaque incursion pangermanique, tant et si bien qu’un complot s’ourdit pour saboter le tour de chant : faire boire le pianiste et les chevaux à chaque arrêt.... Et bientôt des fausses notes, des réflexions moqueuses et des hénissements joyeux viennent émailler la représentation jusqu’à ce que Ava Daria fasse silence, fixant de son regard furieux l’assemblée. La colère lui fait perdre ses moyens.

Photographie prise par les services de la mairie juste après la dernière colère de La Daria. Il n’est pas précisé de quel quartier il s’agit.

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Contrariété supplémentaire, l’imprésario de la Dona Daria n’avait pas eu le temps de prendre leurs billets pour un départ surle-champ. Au chef de gare qui objectait la chose, la Diva lança un «comment ?» qui le dissuada d’aller plus loin dans le zèle ferroviaire.

Alors qu’elle élève la voix pour signifier son mécontentement, elle hurle dans un registre insupportable pour les humains et les animaux, même éméchés. C’est la panique générale : le café se vide (ainsi que les rues avoisinantes) en quelques secondes d’une terreur absolue. Ava Daria apparaît enfin à la porte, seule et sans équipage, costume mouillé de Sphynge et chausses plus indiquées pour une soirée au coin du feu que pour traverser un Roubaix sous l’averse de novembre. La déesse romaine a connu sa roche tarpéienne. L’histoire, malheureuse, d’un rendez-vous manqué entre une artiste et son public, pourrait s’arrêter là. Hélas, une heure plus tard, alors qu’elle tente de regagner son hôtel, seule et trempée jusqu’aux os, elle croise un cortège d’habitants, fort gais, revenants d’une noce. Les moqueries, somme toute bien anodines, font déborder le vase de la fureur de notre chanteuse déchue. Les rares témoins survivants eurent peine à raconter l’indicible, même quelques décennies et thérapies plus tard : un maelström de sons inouï, anéantissant tout sur son passage, fissurant les murs, écroulant les ponts et balayant les gens comme fétus de paille. Conscient de l’étendue de ses pouvoirs et des dangers s’ils s’avéraient utilisés à des fins hostiles, l’état-major français, après avoir tenté de rallier la Dona Daria à la cause nationale, fit discrètement évacuer cette dernière vers les États-Unis en veillant, conjointement avec les services américains, à ce qu’elle ne s’implique jamais dans le conflit, ni qu’elle soit jamais contrariée par qui que ce soit.

Annotation anonyme au dos de cette photographie :

«Chrysalide dont la promesse attisait mon ardeur, Tu fus, cruelle, d’une ville conquise à tes pieds la Gorgone en ce jour qui fit notre malheur Apocalypse rageuse dont le souvenir sied Pourtant à mon cœur, sourd depuis lors.»

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LE JOUR

OÙ LA PISCINE FUT SALÉE.

L

L’Amicale Roubaisienne du Plongeon Artistique, attendant la marée du 17 mai 1937.

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e musée de la Piscine de Roubaix, dernier point de chute d’une histoire culturelle roubaisienne mouvementée : musée industriel de Roubaix en 1835, legs Selosse, musée Weerts des frères Ponchon en 1924... L’exceptionnel ouvrage art déco fortement teinté d’architecture hygiéniste fut à l’origine une piscine d’une qualité et d’une hygiène révolutionnaires pour l’époque. Et pourtant, en ce beau jour de mai 1937, l’incompréhensible se produit : alors que les baigneurs matinaux se préparent, un cri retentit depuis les vestiaires des femmes. Une cliente vient de se retrouver face à face avec une étoile des mers dans la cuvette des toilettes... Dans le grand bassin, l’eau s’est retirée ; du sable, des algues et autres petits coquillages en jonchent le fond ; dans les douches, l’eau est salée... Le personnel est impuissant, malgré toutes les vérifications effectuées. À la fin de la matinée, le grand bassin se remplit, aussi naturellement qu’inexplicablement. On ferme toutes les canalisations et l’on remplace patiemment, méthodiquement, l’eau de mer par de l’eau douce... Scientifiques, égoutiers, agents municipaux, plongeurs, spéléologues... De nombreuses équipes de spécialistes prennent la place des nageurs pendant une dizaine de jours, analysant la salinité de la plus infime goutte de liquide rencontrée, explorant le plus étroit conduit, sondant la moindre cloison. En vain ; le phénomène ne se reproduira plus jamais. Est-ce encore l’une des énigmes des canaux de Roubaix qui supposerait un réseau beaucoup plus étendu ? Il est à parier que nul, jamais, ne sondera le fond du mystère... Mais certains historiens font part depuis longtemps de leurs interrogations concernant les besoins d’approvisionnement en eau d’une ville qui passa de 8 000 habitants en 1800 à plus de 120 000 en 1900, sans compter l’appétit grandissant des machines et des usines, dont la première, Motte-Bossut, mérita même le nom «d’usinemonstre». Finalement, s’il semble exister autant de mystères et de faits inexpliqués autour du sous-sol de Roubaix, ce n’est peut-être pas un hasard... Quoi qu’il en soit, les transformations de la piscine en musée semblent avoir définitivement enterré l’espoir de percer son secret.


La piscine à marée basse (rotogravure d’époque recolorisée).

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L’AUTRE PALAIS

ORIENTALISTE DE ROUBAIX

S

i les restes des dépendances du «Palais du Congo» - la maison Vaissier -, ont laissé des traces encore visibles et une iconographie aussi variée que colorée, le public connaît

moins bien l’histoire de la Demeure Douffe-Hutch. Roubaix était alors une mine d’or pour qui avait le sens des affaires. Monsieur Edmond Douffe-Hutch, descendant d’une grande famille de meuniers, entreprit de donner du pain à l’immense population roubaisienne de la révolution industrielle. Bien lui en prit puisqu’il multiplia sa fortune par 2 en 3 ans et gagna encore en appétit, lorgnant cette fois sur les estomacs parisiens. Une fois son affaire sur les rails, il s’enticha d’investissements et à force de jongler avec l’acier, l’électricité, les chemins de fer et le pétrole, n’avait 7 ans plus tard, strictement plus rien à faire d’autre que de gérer sa fortune, ce qui est d’un ennui insupportable pour une âme bien née... Aussi se lança-t-il dans ce que la mode anglaise appelait le Tour et le Grand Tour (d’où l’origine du mot touriste) au cours desquels les jeunes gens fortunés visitaient l’Europe afin de s’y former l’esprit et le reste. Edmond avait 32 ans lorsqu’il décida de pousser plus loin vers l’Asie, y vécut des amours interdites avec la fille d’un maharadja, se fit chasser de Malaisie pour avoir séduit une danseuse sacrée, sauva du suicide une comtesse aux pieds nus à Monte-Carlo et finit par laisser traîner son regard amusé sur les jeunes collines d’Hollywood en Californie. C’est là qu’il rencontra la femme de sa vie, la starlette Yvonne de Muise, ensorcelante écervelée qu’il épousa et voulut ramener aussitôt à Roubaix. Elle lui rit au nez. Alors Edmond se souvint du Taj Mahal et fit construire une folie, aussi légère et verticale que le Palais Vaissier était compact et horizontal. Il obtint pour une somme vertigineuse un terrain en plein milieu du Parc Barbieux et y fit transporter biches, paons, cygnes et antilopes, une gondole vénitienne pour le petit-déjeuner et un carrosse d’or italien pour la promenade du soir. L’état de grâce fut de courte durée et Madame Yvonne de Muise-Douffe-Hutch reprocha bientôt à son époux de la morfondre en cage. Elle voulait Paris, des capitales polyglottes, du champagne, des voyages, des jeux, des rivières de diamants et des lits de fourrure, des vitesses folles en automobiles et des vertiges en ballon. Le Palais Indien fut peu à peu abandonné, livré à lui-même et les animaux éparpillés, jusqu’à l’invasion de l’armée allemande de 1914, dont la mission à Roubaix était simple : piller tout ce qui pouvait l’être. Décision fut prise en 1916 de démonter le bâtiment pour faire une surprise au Könprinz et le rebâtir pierre par pierre en sa province aimée du Schelswig-Holstein. C’était sans compter avec la résistance de la main-d’oeuvre locale, qui fit disparaître systématiquement les pièces maitresses de l’ouvrage, de sorte qu’il ne put jamais être remonté. Il est encore aujourd’hui stocké et étiqueté avec la rigueur teutonne que l’on imagine dans un enclos fermé de 2 hectares, près du village de Bredstedt.

Le fameux Palais du Congo.

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On connaît quelques détails de la construction : le dôme en bas à gauche est celui de la correspondance, pour ouvrir et répondre au courrier ; juste derrière et le surplombant, se dresse celui qui était réservé au thé de 17h (avec sa terrasse attenante). Plus haut se tient la plate forme carrée qui servait de salle de cours de français en été pour «La de Muise» et enfin dans la tourelle, se cache le «nid», refuge des amoureux lors de leurs tumultueuses réconciliations.

Vue de la bibliothèque. On raconte que Charles de Beistegui s’inspirera de cette demeure pour créer son château de Groussay.

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MYSTÉRIEUSE DISPARITION

V

oici l’histoire d’une étonnante affaire

dont le dénouement est longtemps resté secret :

Au milieu des années soixante, un certain Oscar Devlamynck occupait une maison de la rue des Arts, à Roubaix, et avait aménagé le grand atelier attenant pour y poursuivre son activité d’inventeur. Jusque là, la carrière d’Oscar Devlamynck s’était montrée erratique, et malgré le relatif succès aux USA de ses « lunettes X-ray », (qui ne fontionnaient pas et dont on trouvait les publicités dans les magazines de bandes dessinées pour enfants), la majorité de ses inventions s’étaient soldée par des échecs tant techniques que commerciaux. Sa situation financière s’était dégradée au fil des ans, et son dernier échec, les patins à moteur sur lesquels il avait tout misé mais dont le brevet n’intéressait personne, l’avait laissé à présent très sérieusement endetté auprès des banques. Lorsqu’il convoqua la presse pour présenter sa nouvelle invention ( un appareil qui pourrait rendre une personne invisible !) l’on sourit d’un air entendu dans les rédactions ; mais bon, on était à la mi-août, l’actualité locale était calme et une histoire de ce genre pourrait certainement distraire les lecteurs... Le 21 août 1966, une demi-douzaine de personnes, journalistes réjouis et créanciers méfiants, étaient réunis dans l’atelier de la rue des Arts. Après une brève présentation de son dispositif et une succincte description des principes de son fonctionnement, à 15h25 exactement, Oscar Devlamynck actionna un contact d’un geste théatral et disparut dans une soudaine fumée blanche sous les regards médusés de l’assistance. Au bout d’une dizaine de minutes, il n’était toujours pas réapparut et l’on commença à s’inquiéter. À juste titre, car Oscar Devlamynck ne réapparut jamais. Une enquête de police ne put que constater la disparition, l’expertise technique ayant conclu que l’appareil ne faisait apparemment rien d’autre que d’allumer de nombreux voyants et de consommer beaucoup d’électricité. Un an après, en 1967, Oscar Devlamynck fut déclaré disparu. Ses neveux refusèrent l’héritage. Le matériel fut saisi et démonté et l’on s’aperçut alors qu’une trappe avait été aménagée sous le tableau de commande principal: déclenchée par un puissant ressort, elle donnait directement sur l’arrière-cour et avait certainement permis à l’inventeur de s’éclipser afin de se soustraire aux poursuites de ses créanciers. Les différentes parties concernées s’accordèrent alors pour ne pas faire état de cette découverte. L’affaire connut un rebondissement inattendu quelques années plus tard, lorsque l’un des neveux d’Oscar, de retour d’un voyage d’affaires en Argentine, prétendit l’avoir reconnu sous les traits d’un magicien de music-hall au cours d’une soirée à l’Alhambra de Buenos Aires. Comme personne n’était particulièrement motivé pour ressusciter Oscar Devlamynck, l’affaire en resta là.

Extrêmement dangereux à utiliser, les patins à moteur ne connurent pas le succès escompté.

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Tout le monde a déjà vu ces lunettes, mais peu de gens savent qu’elles ont été inventées à Roubaix.

Quarante ans plus tard, la vérité éclate : une trappe sous le tableau de commande donne directement sur l’arrière-cour et sur une nouvelle vie pour Oscar.

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L’ INVITÉ

BESTIAL DE LA MAISON CATTEAU

E

n 1880, Pierre Catteau, roubaisien qui a prouvé son courage et sa compassion dans l’épidémie de choléra de 1866 et fait fortune grâce à un nouveau tissu sur chaîne de soie, inaugure enfin la maison d’inspiration Renaissance dont il rêvait, rue du Grand Chemin. Aussi engagé socialement dans sa ville que grand amateur d’art, il a confié au paysagiste Georges Aumont (à qui l’on doit également le Parc Barbieux) le soin d’imaginer un jardin d’agrément où seront donnés des fêtes somptueuses pour ses invités et des concerts pour les habitants. Il se trouve justement qu’au printemps suivant, il héberge des amis italiens en prévision d’un grand bal costumé. Au même moment, un cirque arrive en ville, avec une attraction inédite qui fait frémir ces dames : un bébé gorille apprivoisé, à qui l’on a appris le baise-main, l’alphabet et la valse. Malveillance, oubli, geste d’un ami des animaux ? Le singe trouve sa cage ouverte à la nuit tombée et sort faire une balade sur les toits. Attiré par l’odeur des écuries du château Catteau, le voici nez à nez avec la douairière italienne, qui fond immédiatement de tendresse pour ce nourisson, dont la grande délicatesse d’âme affleure déjà dans le regard. Dès les premiers jours de cette fugue innocente, ces deux êtres que tout sépare deviennent tellement inséparables que la décision est vite prise et l’action, discrète : contact est pris avec le directeur du cirque afin de le dédommager de la disparition de sa vedette principale, et contre la promesse de ne jamais plus le revoir, ni à Roubaix, ni dans la région de Turin en Italie. Le chérubin passera rue du Grand Chemin le reste de la saison d’été avec sa protectrice qui, émerveillée par les progrès fulgurants de son protégé surdoué, multipliera les opérations chirurgicales d’avant-garde, jusqu’à transformer son «poulain» en parfait homme du monde... Et après quelques prestigieuses et dispendieuses écoles privées, en businessman avisé, puisque dans les années 1920, il fondera même l’un des fleurons de l’industrie de la péninsule. Sa descendance est aujourd’hui, paraît-il totalement humaine, ses petites-filles ayant même hérité, l’une de sa beauté, l’autre de son esprit.

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Gare au gorille ! Qui se souvient encore que vécut dans ces combles le temps d’un été un bébé gorille de 90 kgs ? Brassens écoutera d’une oreille amusée l’histoire, lors d’une halte sur le chemin de son concert à l’Ancienne Belgique de Bruxelles, en 1959.

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SUPER KID.

D

ans le quartier du Cul de Four, naît en 1958, Lounes S. qui va connaître un destin hors du commun. En 1971, le petit Lounes, rêveur et exalté, découvre les films de Bruce Lee et l’incroyable rapidité de celui-ci dans sa pratique du wing chun. Comme il n’existe ni de clubs, ni de livres et pas encore de cassettes VHS pour se repasser les séquences, notre petit héros commence par développer une mémoire hors normes des films qu’il voit au cinéma, se souvenant de tous les gestes, de tous les dialogues (en français et en chinois) et de toutes les mimiques de son idole. Il se perfectionne depuis 2 ans lorsqu’il effectue son premier «boulot d’été» à la Lainière de Roubaix. Il y est assidu et précis, et fort apprécié de ses collègues et supérieurs. En secret, pourtant, le jeune Lounes a décidé de mettre en application à toute activité qu’il rencontre la gestuelle martiale ; c’est ainsi qu’il invente une technique de tissage à la main qui permet un gain de temps de 70 % et un niveau de qualité 60 % supérieur aux métiers alors en place. On lui propose un pont d’or mais Lounes rêve d’autres horizons et souhaite voir du pays : il ne restera pas à la Lainière... Sauf si la direction lui propose justement de travailler dans la filiale de Hong Kong, nouvellement créée. C’est pour Lounes l’occasion rêvée de rencontrer Bruce Lee, son maître et, peutêtre de travailler avec lui. Hélas, il s’envole en Asie quelque mois trop tard sans savoir que celui qui a révolutionné les arts martiaux est mort d’un œdème cérébral le 20 juillet de cette même année. Ensuite, il est bien difficile de suivre la trace de jeune prodige. Avant tout, parce que de nombreux services secrets veulent «l’étudier» et qu’il est obligé de vivre caché, mais également parce qu’il semble gagner le maquis des montagnes de Chine continentale afin de parfaire son enseignement auprès d’un célèbre maître.

La revue de La Lainière, «Mon Tricot», de 1973 lui consacrera un article et Élisabeth II, comme Vladimir Semichastny directeur du KGB, lors de leur visite de l’établissement, insisteront officieusement mais trop tard, pour rencontrer le prodige, accompagnés d’une cohorte de membres des forces spéciales de leur service de renseignement respectif.

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Publicité pour le fil Super Kid. Lounes fut photographié au parc Barbieux.

Aujourd’hui, la Lainière de Wazemmes vend toujours un fil baptisé «Super Kid» en hommage à Lounes... Quant au nom du fil Pingouin, il ne vient pas de la bande dessinée Zig et Puce d’Alain Saint-Ogan, mais d’une technique de combat de wu-chu du sud de la Chine, la posture du «pingouin menaçant».

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ROUBAIX,

CAPITALE MONDIALE DU REMÈDE CONTRE LE VER SOLITAIRE

L

a renommée de la ville à travers le globe n’était pas seulement due à sa formidable puissance industrielle. Il fallait alors compter avec des centaines de pèlerins, affaiblis par un mal sournois, qui venaient à Roubaix en désespoir de cause, en finir avec leur ténia. La réputation d’un café de la rue Buffon n’était plus à faire et s’y pressaient des gens de tous horizons, du Nord de l’Afrique au Nord de l’Europe. Le patron de ce bar, Alphonse Berthe, avait, selon la légende (puisque le controversé guérisseur a emporté son secret dans la tombe), mis au point un remède définitif, en s’inspirant d’ancestrales potions, principalement utilisées par l’Inquisition. Face à l’affluence, le tenancier était obligé de passer entre les malades qui s’entassaient souvent jusque dans la cour, pour leur administrer la solution miracle. S’ensuivaient de grandes douleurs abdominales, des ataraxies soudaines et des convulsions incontrôlables qui laissaient les patients suivants face au dilemme de continuer à vivre avec leur hôte ou de subir le même sort... D’autant que le dernier stade du processus était une catalepsie ou suspension de tout mouvement dans la position où l’on se trouve, accompagnée d’une hypothermie en dessous des 25°, soit en état de mort apparente. Toute la journée et jusqu’à une heure avancée de la nuit, Alphonse Berthe recueillait alors les vers qui s’échappaient par les voies naturelles de leur hôte, devenu apparemment inutile. On a peine à imaginer le spectacle de centaines de corps statufiés dans leur dernière position, jonchant la salle de café et l’arrière-cour du café, le bien nommé Au Ver Solitaire. En 25 ans d’exercice (totalement illégal), Alphonse Berthe soigna plusieurs milliers de personnes et inspira d’autres vocations autour de lui, à l’instar de ce Mercier, dont le café «Le petit globe» était réputé pour se débarrasser des cors au pied. L’estaminet du «Ver Solitaire» fut démoli en 1910 pour laisser la place au groupe scolaire Buffon. Même si le cafetier guérisseur semble avoir disparu avec son secret, nous avons retrouvé (au péril de notre vie) une trace supposée du remède, en Colombie (voir photo) que les anciens citent avec dévotion et recommandent avec autant de crainte que les racines hallucinogènes.

Le ténia étant par trop repoussant, nous avons choisi de vous montrer à sa place cette belle image de fleurs.

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Voici l’envers du décor. Non seulement, les «patients» étaient traités là où ils trouvaient de la place (en l’occurrence sur le trottoir devant l’établissement), mais ce moment avait fini, sa réputation enflant et se déformant par le bouche à oreille, par devenir une attraction familiale à laquelle il était de bon ton d’inviter son cercle de connaissances, source supplémentaire de recettes pour le cafetier (on voit sur cette photographie le patient et son entourage, lui immortalisé en train de boire son élixir dans ce qui semble être un trophée sportif - pénurie de verres oblige -, et eux, sirotant une tournée générale avant que les premiers effets ne se fassent sentir).

Avec les progrès de la science et l’expérience utilisateur, on s’aperçut que le champ d’action du remède était bien plus vaste que l’on ne croyait. Voici ce qui paraît être l’un des conditionnements contemporains de l’invention de Berthe, dont les pouvoirs pourront sembler un peu exagérés aux yeux d’un allopathe occidental. Pour l’impartialité de notre lectorat, nous portons à sa connaissance que la dite décoction est prise avec moultes rasades d’un alcool méso-américain fait maison, de type «pulque».

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LES

TRIPODES DE 1963

D

e tous temps depuis son invention, le cinéma abrita une communauté d’illuminés dont le manque de moyens poussait à des solutions

de débrouillardise parfois extrêmes, mais ô combien réjouissantes, à l’image d’un Ed Wood dont Tim Burton a célébré le souvenir avec truculence. À ce titre, les années 1960 et 1970 marquèrent l’époque glorieuse de projets internationaux, afin de mutualiser les dépenses et dans l’espérance de partager des bénéfices scandaleux. L’on vit ainsi fleurir des coproductions improbables qui s’engouffrèrent avec enthousiasme dans des projets dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils étaient «curieux». Se souvient-on ainsi aujourd’hui que Roubaix servit de décor à un film de science-fiction destiné à contrer l’incroyable productivité du cinéma japonais en matière de monstres géants extraterrestres qui écrabouillent au ralenti de pauvres maquettes de ville en carton peint ? Le financement du long métrage est bouclé dès 1962 par une coproduction austro-italienne, hispano-française. La direction est confiée à Silvio Bruti, qui vient de s’illustrer avec un remake érotico-catastrophique du Dr Caligari. Le scénario ? Il est très mince, et sans queue ni tête, mais respecte les règles internationales de l’écriture et est, à ce titre, accepté par les professionnels de la profession. Des scènes prévoient la destruction de l’outil de production de la race humaine par des tripodes géants, équipés de canons à rayons. Le choix se porte sur Roubaix pour sa concentration de nombreuses usines dont l’impact graphique est évident (les cheminées, les toits, les briques...). Il faut en effet proposer une surenchère dans le spectaculaire par rapport aux japonais et absolument montrer une vraie ville attaquée par des extra terrestres. Ces scènes en extérieur ouvrent le film et font montre, avec le recul, d’une prouesse technique unique pour l’époque, grâce à Roger Corex, déjà «responsable» des effets spéciaux de l’inoubliable «Robot Monsters» de 1953, dans lequel des gorilles scaphandriers attaquent la Terre. À Roubaix, tout le monde a oublié ce tournage qui dura 3 semaines de l’été 1963 et comme le film fit un bide nimbé d’indifférence à Paris, il ne fut jamais projeté ici, dans l’ancienne capitale textile. Et bien, voici un scoop exclusif des 3-Jean : nous croyons savoir qu’il existe encore une bobine à la Cinémathèque Française et appelons de nos vœux la projection de ce chef-d’œuvre oublié aux Roubaisiens, qui reconnaîtront sûrement des proches parmi les figurants victimes des effrayants Tripodes.

Pour que les figurants roubaisiens miment l’horreur avec conviction, la production leur avait demandé d’ouvrir la bouche comme chez le dentiste (Appel à témoins : reconnaissezvous cette dame ?).

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Des effets spéciaux, exceptionnels pour l’époque, avaient étés employés pour la post-production du film. Les producteurs envisageaient d’ailleurs déjà des suites, dont les scénarii avaient été prestement écrits : «Le retour des tripodes» et «Le jour où les tripodes nous anéantirent», «Les tripodes contre Godzilla», «Mon curé chez les tripodes», ainsi qu’un projet de coproduction «Le gendarme et les tripodes».

Appel à témoins : vous souvenez-vous de cette affiche ?

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LA

FIN

DU MONDE DU 13/13/13.

V

endeur de journaux à

Roubaix, Émile Buissiaux

était en tous points comme les autres hommes de ce début de XXe siècle… Jusqu’au jour

où il chût la tête la première sur une pierre du Trichon en taquinant l’épinoche et le goujon et devint fantasque... Où plutôt d’une religiosité paranoïaque. Il se mit à apprendre à lire afin de chercher les preuves de sa terrible intuition : Dieu allait étendre sur le monde sa colère devant la dépravation des hommes (Nous sommes en 1912, théâtre d’un coupable relâchement des mœurs, du scandale Dada, d’une montée de l’hystérie patriotique généralisée et de l’angoisse proportionnelle des petites gens qui en découle). Au fil de ses avides lectures, il découvre prophéties, apocalypses et autres abracadabrantesques théories de la fin du monde. En faisant et refaisant ses propres calculs et en prenant compte de nombreuses variables oubliées (passage de l’Angleterre au calendrier grégorien en 1752, semaine de 10 jours des Grecs, années bissextiles, éphémérides mayas, solstices paiens et astrologie chinoise) par les “savants de la cour” comme il aime à les appeler dans son langage fleuri d’illuminé, il trouve la date du 13/13/13. Notre éclairé public aura compris qu’il s’agit en fait du 13 janvier 1914, que Buissiaux, par une pirouette que seuls osent tenter les simples d’esprit, avait ennobli en 13/13/13. Ce fut certainement cette date fantaisiste qui fit parler de lui jusqu’à Paris en cette fin d’année menaçante, qui avait bien besoin de légèreté… Mais comme le lascar avait de la faconde et savait tenir une foule, il fut bientôt suivi d’une cohorte de fidèles, qui plus est, terrorisés par la pluie d’étoiles filantes du 21 novembre 1913, que Buissiaux érigea aussitôt en encouragement divin à sa croisade. Ce fut l’affluence : pour le grand jour, certains de ses partisans se destinaient à un suicide collectif en famille, d’autres voulaient se retirer en un lieu saint, d’autres se jeter à corps perdu dans la débauche, tandis que d’aucuns avaient choisi de faire les 3, sans pratiquement rien changer à leurs habitudes. Évidemment, le 13 janvier rien ne se passa, à part l’éruption du volcan Sakurajima au Japon. Émile Buissiaux s’éclipsa discrètement avec la fortune de ses adeptes. On dit qu’il partit élever des pur-sang en Argentine où il se fit appeler Monsieur de SantaMaria. Il tenta de réitérer son aventure le 31/31/1931 (le 31 juillet 1933) avec moins de succès. Les fumisteries de Buissiaux à propos des chiffres et des astres arrivèrent jusqu’au jeune Albert Einstein et l’inspirèrent pour en tirer l’idée d’étudier l’éclipse totale du 21 août 1914 en Russie, afin de prouver sa théorie sur l’incurvation de l’espace. Constituée d’astronomes de l’Observatoire de Lick, l’expédition s’installa à Brovary en Crimée où, seule, la pluie fut au rendez-vous ce jour-là..

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Son expérience de vendeur de journaux lui servit pour imprimer des versions très personnelles, et véridiquement fort discutables, du «Journal de Roubaix» comme on peut le constater sur cette photographie. Il y étalait déjà avec succès son goût pour les catastrophes, les châtiments divins et l’arithmosophie.

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LA TRADITION DES JEUX POPULAIRES À ROUBAIX «Qui

dit dur au travail, dit non moins dur au repos». Cette maxime directement issue du vivier ouvrier textile d’alors (Il existait de nombreuses «perles» de ce genre, à l’instar de «Ne perd jamais le fil du bien-rire sur le métier du bien-faire») nous sert d’introduction au monde des loisirs dans cette bonne ville de Roubaix. Comme aurait dit le Grand Jacques «Il fallait bien que le corps exulte» et personne ne manquait d’imagination en la matière, comme en témoignent ces anecdotes réconciliant dans le même élan associations caritatives, gens de spectacle et personnalités de la société civile.

Commençons par le marathon des hommes d’affaires. Du moyen-âge, nous sommes nombreux à nous souvenir du Jour des Fous ou Fête des Innocents : pendant un laps de temps déterminé, le peuple avait le droit à toutes les extravagances, y compris de brocarder l’église et ses représentants. Dans le Roubaix des années 30, certains chefs d’entreprises florissantes, décidèrent d’une journée chômée pendant laquelle les patrons seraient les champions de leurs salariés. Le défi sportif s’effectuait à la marche et non pas au pas de course et offrait l’opportunité aux participants de deviser de choses et d’autres tout en s’acquittant des 21,5 kilomètres du circuit. Au fil des quelques années de l’existence de ce semi-marathon (jusqu’en 1939), l’habitude reprit bientôt le dessus et la rumeur prétendit que la course servait à la négociation annuelle des prix du secteur. … Est-il question de jeux d’adresse ? La Ligue Anti Alcoolique se pose là ! Un dimanche d’octobre par an, au cours des années 1950/1960, se déroulait la Grande Fête de la Ligue Anti Alcoolique, avec toute une kyrielle de jeux plus amusants les uns que les autres. Adresse, équilibre, motricité, élocution... Le rendez-vous était très apprécié et procurait une saine occasion d’amuser les plus petits et d’instruire les plus grands et inversement. Seulement, les cafés profitaient quasiment tous de cette affluence pour ouvrir, ce qui ne facilitait les choses ni à la Ligue, ni aux concurrents. Quant aux anciens de Roubaix, ils auraient beaucoup à dire à propos de la corrida. Cette dernière connût un succès aussi retentissant qu’éphémère à Roubaix, à tel point que la ville posséda ses arènes dès 1888, rue Pergolese. 2 points d’orgue marquèrent la période : le combat du 14 juillet 1899 d’un taureau et d’un vieux lion répondant au doux nom de Goliath et la toréra nue, attraction «olé-olé» racoleuse en première partie des toréros Mazzantini et Guerrenito. Enfin, côté travail, on s’accordait parfois des amusements bien mérités ! Or, dans le Roubaix de la Révolution Industrielle, l’une des pièces maîtresses de l’entreprise florissante était la secrétaire. Les géants de ce marché en plein essor, Underwood, Yost, Hammond, Smith Premier ou encore Remington, redoublaient d’idées pour s’attirer les bonnes grâces de ces utilisatrices, qui étaient souvent également les prescriptrices de l’achat. On voit ici l’une des épreuves d’un concours ludique qui égaya un temps le quotidien de ces scribes modernes, avant que les diktats de la rentabilité ne s’opposent à de telles pratiques. D’aucuns voient pourtant dans l’initiative l’ancêtre de la fête des secrétaires, née en 1951 aux États-Unis.

LE MARATHON DES HOMMES D’AFFAIRES Il est intéressant de noter que la course était également ouverte aux édiles et que les accessoires étaient autorisés, comme le montre cette image où le maire d’alors, Jean Lebas au centre, accompagne sa marche d’un canne ; il se sait dépassé par un concurrent triomphant sur sa droite, dans le sprint final.

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JEUX D’ADRESSE DE LA LIGUE ANTI ALCOOLIQUE Épreuve de la ligne droite. Au fond, un concurrent se prépare. À gauche, l’un des gagnants de 1952.

CONCOURS DE DACTYLOS Un jury attentif, exigeant, mais débonnaire, entoure la jeune candidate à l’épreuve de vitesse en dictée. On notera le nombre impressionnant de pages que tient le juré du centre.

CORRIDA La nudité féminine n’eut pas l’effet escompté sur le taureau, ni sur le public, plus sensibles au caractère joueur d’un lion, même vieux.

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LE SAVIEZ-VOUS?

La

pause des bras en l’air

Roubaix connut les deux révolutions industrielles de la fin XIXe et, avec elles, l’évolution drastique des conditions du travail humain. Nombre de patrons du textile d’alors furent particulièrement sensibles à la pénibilité de certains tâches et tentèrent d’y remédier avec leurs propres moyens. La manipulation des machines, la chaleur qu’elles produisaient, ainsi que le bruit et le stress avaient entre autres pour conséquence directe une sudation extrême qui transperçait les tenues de travail, fussent-elles les plus renforcées, ce qui était totalement incompatible avec la production et la manipulation de textiles de qualité. Il fut donc décidé dans certaines usines d’instaurer une pause régulière (dont la fréquence dépendait de la température machine) afin que les préposés puissent s’éventer et laisser sécher le dessous de leur bras. Par la suite, des chutes de coton furent collées à l’endroit incommodant afin d’absorber le surplus transpirant et ne pas désorganiser la chaîne de production, la pause de certains ralentissant la cadence des autres. Encore plus tard, l’aération et le refroidissement des machines permises par les progrès galopants de l’innovation industrielle supprimèrent tout problème. Une source, roubaisienne d’origine, nous certifie même que cet épisode fut à l’origine d’une expression, aujourd’hui fortement «connotée» par glissement sémantique et étymologie populaire. En voici l’explication : le privilège de la pause «bras en l’air» suscita vite des jalousies parmi d’autres catégories de travailleurs qui ne tardèrent pas à qualifier les premiers de «bras en l’air» sur leur passage. Avec le temps et la déformation de l’accent, cette appellation péjorative devint «espèce eud brin-in-leur» pour finir par le «branleur» que l’on connaît aujourd’hui, à déconnecter totalement du verbe branler, dont le sens premier n’avait jusqu’à lors aucun rapport avec une quelconque suspicion de «tire-au-flan».

Début de la pause «bras en l’air» pour ces ouvriers travaillant sur une machine de teinture de la laine.

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Le 1er

ordinateur de l’ère moderne Comme souvent malheureusement, une invention reconnue éclipse toutes les précédentes qui ont permis son avènement. Or, si le premier ordinateur «officiellement reconnu» est le Mark I d’IBM, d’Howard Aiken en 1944 (17 m de long et 2,50m de haut), les avancées en la matière se sont précipitées à partir de 1820. Charles Babbage qui reprit les cartes perforées de Joseph-Marie Jacquard, William Jevons et sa machine à résoudre les problèmes, Herman Hollerith... Mais qui se souvient de Léopold Backhof ? En 1911, ce génial inventeur présentait déjà un modèle révolutionnaire, certainement annonciateur du gigantisme des machines à calculer (L’ENIAC, l’ordinateur qui permettra aux américains de mettre au point la bombe H occupait 1500 m2). Hélas, un horrible – et fatal – accident, alors que L. Backhof réglait les imposants rouages situés au faîte de sa machine, privera le monde de son brillant esprit. Dans sa descendance directe, le puiné Hector essaiera bien de relancer l’affaire en 1927, sous le nom de Backhof Fils, mais en vain.

La partie cachée en sous-sol de la machine ; ce que l’on appelle aujourd’hui le back office.

Sur cette photographie rarissime, on voit le géniteur dans ses atours du dimanche (en canotier !) vérifier les derniers réglages de sa création avant l’ouverture au public de l’Exposition Internationale du Nord de la France. Quelques explications sont nécessaires pour comprendre l’intérêt du modèle Backhof : le manipulateur se place devant la machine, face à un mode d’emploi sous forme de vignettes explicatives (idée brillante pour l’époque que de les laisser toujours sous les yeux). Il actionne une chaînette (en main sur le cliché) qui déclenche l’opération désirée, programmée par la savante combinaison des pistons que l’on aperçoit sous le mode d’emploi central. Un mélange de forces pneumatiques, électriques (à lampes) et hydrauliques, dont la plupart est cachée par l’imposante, mais néanmoins harmonieuse, façade stylisée, se mettent secrètement à l’œuvre pour livrer une fiche de résultats sur la partie ronde de l’édifice au fond (celle-ci apparaît dans la vitrine de la sellette).

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BIBLIOGRAPHIE «Roubaix au temps des Croisades». Frère Prieur Prurit de Châlons 1511 «Guide des 1021 cafés de Roubaix», Edmond-Georges Routard 1881 «Le tricot facile» Jeanine Bérulle, Éd. J’apprends en m’amusant 1952 «Statuts Internationaux de la Bourse Mondiale de la Laine» Jean-Charles Flodin. Fonds documentaire industriel régional de la CCI Grand Lille «La fauvette du Nord» Henri Léon Lizot 1860 «Histoire de la Tauromachie Chti» Collectif toreros Mi j’iros, Revue N° 3, 1989 Roubaix «Inventeurs injustement méconnus, inventions heureusement oubliées» Pierre de Malfaçon, édition à compte d’auteur Paris 1962 «Le nanar, film incompris : Tome II 1950/1970» Justin Vliekhover, Éd. Frictions Fictions «24h party people » Mémoires d’Yvonne de Muise Douffe Hutch, Éd. Monte Carl 1977 «Des gens et des pierres» Revue d’histoire roubaisienne. 2007 «Social et textile, le paradigme d’un socialisme pragmatique dans le Roubaix industriel» Danny Rootkhart, Mémoire universitaire de sociologie du travail, Lille III «Du français aux patois : paronomases, paraphasies et paronymies» Aloïs de Fleurbaix, Éd. du Maître Mot, 2003 «Comment réussir sa fête des secrétaires» Jeanine Bérulle, Éd. Je travaille avec plaisir 1954 «Les clés ésotériques, sismologiques et cosmogoniques du 13/13/13» Rael Lefondu, Éd. Roswell, Utah USA 1986 «My wing chun secrets» Maître Loo Nei Tseu, The Martial Library Publishing, Hong Kong, 1997 «La Blavatskaïa, ou l’illuminée lumière» Rael Lefondu, Éd. Roswell, Utah USA 1989 «Le Palais Douffe-Hutch» Irvin Masskler, Éd. Tectonical Architectures, 2006 «523 jeux populaires de Roubaix au temps de la révolution industrielle» Jeanine Bérulle, Éd. Je m’amuse avec l’Histoire 1957 «Recherches ufologiques 1977-1982» Revues du Gneovni, (groupe nordiste d’études des objets volants non identifiés). «Etudes des phénomènes paranormaux à Roubaix 1966-1998» Université des Sciences de Villeneuve d’Ascq juin 1999 La Revue d’Architecture - Paris septembre 1923 Compte-rendu du jury du concours de machines volantes de Roubaix Juillet 1911 Médiathèque de Roubaix «La saga des Cattignier» Amédée Cattignier ed. AC Roubaix 1934 L’Echo du Nord juillet-août-septembre 1936

CRÉDITS PHOTOS Médiathèque de Roubaix: pages 7, 9, 10, 15, 16-17, 20-21, 24-25, 26, 28-29, 33, 37, 41, 42-43, 44-45 iStock: pages 7 & 19 Sophie Deballe: base page 27

Les textes de cet ouvrage sont composés en Bodoni. Les titrages en Fuel (RADIATEUR-fontes.com).

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Par égard pour les familles et personnalités régionales qui ont accepté de nous ouvrir leurs archives personnelles et de nous livrer des confidences parfois embarrassantes, afin de nous permettre de réaliser ces « Nouvelles Légendes (improbables) de Roubaix », nous, les auteurs, avons décidé de changer les noms de famille cités (et parfois même des citations, par pure coquetterie). Aussi, toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait donc pure coincidence (hormis les personnages historiques connus de tous, bien que nous ayons pris parfois quelques libertés avec leur destinée ou avec leurs écrits), et totalement indépendante de notre volonté, qui n’est que de vous divertir.

REMERCIEMENTS Merci à Delphine pour sa créativité, sa pertinence, sa patience et son exigence. Merci à Christiane et Jean-Claude pour leur aide et leur soutien chaleureux. Merci à Philippe de L’Absurde pour nous avoir laissé boire pendant la prise de vue. Un grand merci à la Médiathèque de Roubaix pour son accueil et son efficacité. LES VRAIS AUTEURS AVEC DES VRAIS MORCEAUX DES VRAIS AUTEURS DEDANS Jean-François Delquignies: textes, suggestions littéraires & érudition ciblée. Jean-Pierre Duplan: textes, illustration photographique et recherche iconographique. Jean-Jacques Tachdjian: conception & réalisation graphique, textes, illustrations, basse électrique.

Dans la même collection : Les Nouvelles Légendes Improbables du Nord et du Pas de Calais Les 3Jean- éditeurs ©2008

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23 octobre 1998, vers 16 heures : trois objets brillants volent lentement en formation au dessus des toits en direction du sud-ouest tandis que la cheminée fantôme apparaît derrière la rue Turgot.

©2009 les 3 Jeanles3jean.com

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