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MONA LISAIT BOOKS FACTORY COLLECTION
Alan Ansen / Quiconque ramasse une poële –à –frire détient la mort Alfred Jarry / Poèmes Peter Orlovsky / Cher Allen : Le bateau accostera le 23 janv. 58 Jack Micheline/ River of red wine et autres poèmes D.A. Levy / Poème sur la mort d’un monastère de banlieue Brion Gysin / Blue baboon blues Barry Miles / Deux lectures sur le travail d’Allen Ginsberg William S. Burroughs / Les peintures de Brion Gysin Jean –Luc Parant / Nos yeux sont intacts D.A. Levy / Prose William S. Burroughs / Le temps des Assasins Lawrence Ferlinghetti / The breeding blues et autres poèmes FJ Ossang / Tenèbres sur les planètes Renaud Faroux / Narcisse à Echo Park Black Kafka à Houston Premier ticket pour East L.A.
Hors –Série Une fille derrière la salle de bains de Gilles Berquet On safari with Colonel Baxter de Glen Baxter
Boites d’artistes L’horizon de nos yeux de Jean Luc Parant Les constellations de Stéphane Carricondo Le dessin des rèves de Myako Ito Jean –Jacques Tachdjian et ses fontes organiques
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Claude Pélieu
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Illu strati on s de P h i l i p p e H u a r t é tablis s ement du te xte et postfac e A l a i n B r i s s i a u d
Paris MMXIV
Le Livre à Venir BOOKS FACTORY
« and if I sing you are my voice » e.e. cummings
« when the sand starts singing nobody else will hum but us » Bob Kaufman
« someone told me long ago There’s a calm before the storm I know I’ve been writing for too long I wanna know Have you ever seen the rain ? » Creedence Clearwater Revival
« Les temps passent Les années s’écoulent comme des nuages » Blaise Cendrars
Le ciel vide, immensément triste, la mort tapie dans les brumes – les anges sur les traces du vent effacent ruines & charniers – fées et lutins reviennent, les hommes oublient les immenses pleurs. Sur le miroir brisé un jet de corail s’élance vers les étoiles – les « incroyants » n’en finissent pas de se taire – les pierres se dispersent, les fleurs dansent sur l’eau dormante – les oiseaux secouent la poussière grise qui étrangle le paysage. Guirlandes d’os & de nerfs – miroirs recouverts de nylon – les iris sauvages tremblent dans la rosée.
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La ville endormie creuse l’épouvante tapie dans la pendulée du brouillard. Une fenêtre – un éclair – une rafale de vent – et la pluie caresse les fleurs enfermées dans l’horloge du temps. Il est faux de dire que les plaies se referment – les âmes noires entendent le langage de la vérité – elles se baignent en souriant dans la saveur des larmes. Etoile auréolée de brume – visages sombres, terrains vagues & débris de viande – les grandes ondes de technopolis fouillent les entrailles du monde Meurtres, viols, le bruit crapuleux entre par effraction dans la chair – le vent hurle & efface les regards figés
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dans la clarté du sang – robots dégueulés par les bouches de métro à l’horizon du meurtre – violettes froissées pâlissant dans la boue colorée d’une avenue imbibée de drame & de banalité. La lumière murmure – la mémoire assure toutes les urgences – le silence imite la voix du paysage – l’ombre circule derrières les brumes tremblantes et s’évanouit incognito – le vent domine le bleu crie les arbres s’inclinent – les idoles de peau regardent les fleurs voler. Haute fréquence – ombres étouffées – brouillons de rêve crevant l’écran des nuits blanches – tremplin de l’aube. L’éternité remue les pierres & vibre
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dans la mêlée d’ombres & de lumières. Les doigts morts ne parlent plus – ils se reproduisent à des millions d’exemplaires et animent les spectres refroidis dans la fumée. Nuits brisées – cieux marquetés de cris, de tremblements, d’orages magnétiques la lumière se déchaîne. Images foudroyées – la neige dénoue la torpeur – des filles dansent devant le jukebox – la salle de billard enfumée tangue – dehors il neige – et les trains de marchandises font entendre leur musique à plein tarif. J’ai sué l’eau & le sang – je suis tombé – j’ai pleuré dans l’aube grise –
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et les amours en pointillé firent basculer les jours & les nuits – je me suis relevé. Les fleurs carnivores glissent sur l’autre versant de la montagne, la neige dénoue les ficelles bavardes et la chanson du vent s’empale sur une colonne de feu – la cendre grince, aboie, et tout rentre dans l’ordre. Là–bas, l’horizon en chair d’acier – le pays d’où on ne revient pas. Eclats de vent dans le lointain – la nuit s’ouvre – l’herbe s’évanouit au ras de la peau, les larmes de gel crient « Banco ! » – l’alcool blanc du temps ravage le LP pressé à Silver City par les Honky Tonk Angels – Nom de Dieu ! il n’y a pas beaucoup de soleil dans vos télés noires & blanches. Le bleu du ciel encense les larmes de peau
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orangées & les grêlons sertis de fleurs pour matraquer les regards malades – Toutes les mesures du monde gonflées de silence & de bruit reconstruisent ma vérité – la vérité née dans les archipels balayés par le vent. L’ombre tatouée monte de la mer – et une chanson se perd dans les hautes herbes de la prairie. Les flancs de la montagne sont encore enneigés – un arrière–goût de lenteur se réfugie dans l’insomnie du désert – plages, dunes, marais, criques, lagons – écharpes de brouillard entraînant la lumière vivante dans les canyons – le soleil incendie la vitre–paysage.
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Minuit sonne – Town Hall se dresse dans le brouillard mauve – les vagues roulent les galets & le varech – l’ombre est couchée sur l’horizon – couleurs libérant les échos – halos bleus argentés – le vent fou plonge les bruits ouatés dans un puits de mystères. Le marchand de nuage oublié par le néon s’endort dans l’aube moisie. Les algues écrivent dans la main du Semeur de Rêves. Secrets flottants – pochettes –surprises que les vagues recueillent tôt le matin – le ciel s’arrondit au bord de l’eau – Dieu fait le gros dos. Qu’est–ce qui vous donne envie d’aimer ? Les icebergs dérivant au ras de l’horizon pourpre.
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Les guides du temps fuient les discours – au bord des précipices & au ras des murs les photos suggèrent que tout est chanté. Le hasard c’est Dieu, détruisant le sex–appeal de l’ennui. Un rire d’agonie enfourche un lambeau de cri Un vaisseau spatial se pose sur la plage – un ange s’endort sur la table de lecture du Studio Arc–en–Ciel – le hasard séduit l’image – flocons d’yeux illuminant la lanterne magique. Marie rouge – les ombres ne font que mourir in cold blood, far away from home.
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La boue blanchie par l’écume retient les ombres de la nuit au bout de la terre. La sono nous oblige à entendre le mouvement des bulles multicolores où seuls règnent les sons. Ce qui ne peut pas se dire rampe dans la moiteur et la chaleur de l’été – ou explose dans les rues écarlates de Bof City – les brumes de l’été murmurent le langage de l’eau. Aquarelles où se joue la lumière – une étincelle, un battement d’ailes – des joies dont on n’ose plus se souvenir habillent l’enfance de lilas & de pétales d’argent.
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Le silence, de tout son poids pèse sur le paysage – un halo mauve encercle la pleine lune. La neige n’a pas cessé de tomber – les mystères s’échappent de la forêt – et le givre engendre les cris VUS en rêve. Le soleil se couche et les mouettes planent bleuissant dans la fumée. Nuits claires, pleines de bruits feutrés – et la brume de chaleur qui nargue les étoiles surgelées. Cartes postales illustrées – tout un univers – teintes tremblées vibrant dans les jardins abandonnés de Old Mint Street.
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Pylônes, autoroutes, aéroports – la Planète Blanche éveille les couleurs – la brise tiède s’immobilise avec le temps – Translucide ce silence échoué sur la plage. Les âmes s’envolent, les hélicoptères patrouillent – le soleil couchant répand des bulles de lumière sur un monde qui se noie. Tout est possible – la vérité se répand en pluie. Un monde plein d’échos – un univers sonore anesthésié au–dessus du vide – et des gens qui parlent parlent – de l’absurde – de la pourriture – du désespoir – du mal de vivre – etc – ceci – cela – coma – vrai ? faux ? peut–être ? – et alors ? Les rebondissements de l’Histoire arrachés aux rêves, aux énigmes, aux visions,
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aux flots de réalités se dédoublent – et les chansons s’amarrent aux nuages – tout est possible. Haut voltage – danger – un monde brisé, éclaté, survolté, divisé, uni, dévasté, ébranlé, transformé, retrouvé – les pierres se changent en étoiles de terre – la nuit en mer le superhighway avale le ciel – et nos yeux s’emplissent d’air, de silence, de musique – Nous sommes au monde, vivants, et nous aimerions que tous les autres le sachent. Enfin, nous l’avouons. Nuages arrachés de gré ou de force aux paysages – En dépit des apparences, les âmes damnées hantent l’orée de la forêt, et gémissent au bord de l’étang – les oiseaux chantent dans le petit cimetière
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envahi par les ronces & les fleurs sauvages – le terrain de golf est désert – une jeune fille à cheval passe & disparaît derrière une haie d’aubépine – un flot de silence chargé de parfums & de pollen – une sorte de sourire froisse le paysage. High Street – les vieux journaux qui ont déchiré le monde, lentement pourrissent sous la pluie – un prisme palpitant enveloppe la foule – des gens qui rient & qui pleurent se consolent en écrivant en couleur sur les ailes des oiseaux migrateurs – l’arc–en–ciel aspire l’étoile du matin – High Street, déserte, semble mourir dans la lumière chargée d’électricité. Même la lumière se brise – nous n’irons pas plus loin – des îles d’yeux une musique lointaine qui se brise dans les arbres.
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La vérité ? – une idée nette – claire – éphémère – un éventail de faits bruissant aux portes de la nuit. Tout est si simple – un vieux mélo – un peu de bruit – un Soap Opera – q.q photos rongées par l’oubli – une vieille Bible – de simples mots – et le temps ne passe plus. Le vent freine à mort et mitraille le building de verre qui se reflète dans les eaux vives de la rivière – une statue enveloppée de feuillage flotte sur l’embarcadère. Même la lumière se brise et tout reste en place – et les âmes quittent les corps – pour toujours –
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brisures d’éclairs dans le désordre des larmes. Au bout de la lumière la pensée & la voix s’unissent dans le couloir de l’œil – les âmes mortes dorment dans cette solitude. Les âmes quittent les corps, nous sommes seuls, terriblement seuls l’immense silence du ciel nous incite à prier – à bout de souffle le langage public du monde dépend de l’angoisse. Hier soir, je marchais le long de la rivière – flottant sur un tapis de fleurs & d’herbe – D’une minuscule fenêtre de lumière sortit un enfant aux cheveux rouges – il ramassa des fraises sauvages hier soir, l’enfant nuit incendia son enveloppe tragique – le néon s’embrasa & fit un vœu quand la première étoile filante explosa en poussière d’argent – Plus tard je le revis
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Centre–Ville et ses yeux s’ouvrirent sur un monde flétri par les soubresauts de la peur. Entre un rideau de branches les couleurs pures de l’immense paysage se dissolvent dans l’air – Dans les champs de fleurs, lavés de neige, les animaux de la prairie chantent – Musique de l’ailleurs emmenée par le vent du soir. Sur le sable blanc & noir d’Anderson Creek, les vagues mourantes abandonnent les algues éblouies par les nids des oiseaux. Une éclaboussure bardée de sanglots murmure les bruits du monde – la neige fondue a encore un goût de résine. Le vent, léger, se courbe, au fil de l’eau.
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Sur le bûcher–sablier la sueur froide se transforme en flocons de sperme. City of Night – Street Poem – flèches de chair tourmentées par une marée d’herbes – le rire–météore saigne sur le damier des saisons – les roses pâles suivent les fumées sur les traces de l’air – les collines vertes que les ombres bleuissent deviennent les refuges des fées – les fleurs n’ont pas de remords Les anges viennent lire notre histoire sur l’asphalte ravagé par le néon. Où es–tu ? Je t’ai cherché – je ne t’entends plus – j’ai horreur du mystère. Rue Amertume les bars sont ouverts et les travelos parfumés se jettent en piaillant sur les dernières gouttes d’homme – dans l’arrière salle d’un rade
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criblée de lumière noire un ivrogne solitaire écrit une très jolie chanson – Une chanson où fourmillent tous les vents. Des spectres lumineux, doubles, miroitants, tombent du ciel – une tornade de perles lévite au–dessus des vagues électriques – les bruits de la vie sont étouffés par un raz de marée d’After Shave. Dernières nouvelles – les moindres détails volent de bouche en bouche – le vent brise les vitres du Studio – le soleil & des mains de brume caressent le paysage – puis il se couche courbant les herbes des dunes – un tremblement de terre lointain réorganise les lumières, et les zooms du hasard diffusent les petites annonces de Dieu sur toutes les fréquences. Je m’explique à peine ces rues désertes, peuplées de réalités. La mort aveugle voyage
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incognito dès que la foule hystérique projette des émeutes en croyant faire le vide – les cris de l’ombre percent les cœurs, dénervent les corps – les cris sont parfois des larmes. La nuit est une fenêtre. La neige coule entre mes doigts. Jamais je n’ai rêvé de telles couleurs. Une forêt de bulles remue sous la peau argentée de l’Océan Electrique. Paysages éclairés par le froid. Brouillards givrants se levant à l’horizon– Un océan de flashes remplace les nuages. Des fleurs tremblantes remontent à contre–courant le cours du temps. Autour de la Grande Ourse dansent les braises – les étoiles retombent en pluie
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sur les terrains vagues de Fun City – les hélices du vent pleurent devant le manège hors d’usage – À ras–bord l’enfance s’enlise dans une solitude glacée. Mémoires évanouies dans le gas–oil brûlé sur les autoroutes de la nuit. L’oubli grandit aux racines du ciel, entre les lambeaux des voix & les corps blanchis dans la brume – Une île sur la lune – la Planète Rouge – Dans les rues vides au parfum de guerre civile quelles questions auriez–vous posé au Père Noël si l’ange ne s’était pas mordu les lèvres ? Le monde du « mystère » est une jungle ordonnée où se retrouvent les clairvoyants solitaires – Dieu y joue de l’orgue de barbarie – Le métal bleu hurlant scintille au–dessus depuis les premiers jours.
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Ici tout se lie, se fait – se défait, s’engendre, se tue, se multiplie – Ici, ailleurs, les jeux sont faits le voyage est éternel dans le temps & dans l’espace – bref à l’intérieur du monde. La parole découpée au laser s’effondre, les forêts de pluie s’inclinent – les algues crient – le film biologique s’emballe, la roulette métabolique explose – des craquements de fin du monde sortent des jukebox d’hydrogène, et derrière nos lèvres exsangues le vent sans mémoire laisse à peine une trace phosphorescente. Listen to the wind and god said : « let there be light », and there was light. Ames descellées par les Rites de la Nuit. Ciel zébré d’éclairs – les fleurs flottent & aspirent les flocons de mots – les mondes expirent – l’Éternité martèle le vide.
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L’or murmure dans les blés et la vie réabsorbe les fantômes transparents auréolés de rayon X – En écoutant le vent le tournesol à tête d’étoile bourdonne dans un ciel sans nuages. Orion Nebula – the gigantic cloud, Crab Nebula – the exploding star, and down here the Marxist Demons perform their error le voyageur fixe l’écran de télé sur lequel se débobine la pensée dans un chaos d’images & d’atrocités – Des anges se baignent dans la poussière d’étoile. En écoutant le vent, en chantant sous la pluie, les murs reculent, le vent fou lacère la brume, les bruits errent à travers l’espace – les bruits qui nous blessent en plein jour. Des roses noires poussent sur la terre brûlée. Poussière de drame grésillant sur la peau des mots malades.
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Enigmes, mystères – les magiciens cognent sur le tambour du vent – la brume se déroule en lasso de néon – l’air du sang se mire dans la rosée. D’un seul jet, en chute libre, Dieu – le Roi du Monde fit briller les étoiles alors que les yeux plein de poussière ne voyaient que des ombres plaintives & maléfiques – la conquête de la terre & de l’univers est une vieille histoire – ; le verbe de Dieu s’est fait homme et a habité parmi nous – sur les sables d’opium l’univers en expansion domine les rêves – la gloire de Dieu, c’était l’Homme, vivant. Le hasard créateur électrifia les images en se défiant des mots. Devant l’éclat voilé des miroirs les premiers hommes oublièrent les mots et se mirent à rire, puis à parler.
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La lumière se transforma en fleur puis en doigts de pluie, et les vents tièdes scintillèrent à l’entour – le chant secret de la nature entraîne les larmes du néon qui ont incendié la nuit – La mort est vaincue – Je fume, assis – debout – regardant l’océan sous une giboulée d’aiguilles de pin bleues. Le lierre est expulsé de la forêt. Au bord du lac les enfants–mirages – se remettent du rouge à lèvre – arrêt de mort – l’autoroute est encombrée – le soleil écrasant & chaud disparait derrière les arbres – les fougères se referment sur les feuilles moisies – le vent se lève au coin du ciel. Les poètes tressent les bruits noyés dans l’eau – la poésie n’est pas un secret, elle vit partout – et jaillit d’on ne sait où – ce qui est certain : personne ne veut mourir.
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Suicide – une peur « bleue » – une torsion entre vie & mort – un acte de vandalisme, gratuit – le vent mauvais dérobe la lumière & la douleur pétrit le vide – l’âme sonne le glas – quelqu’un est parti – le sable tremble, une tempête de fleurs se lève dans le désert. J’ai lu dans le marc de café que le sexe aux yeux de cobra se nourrissait de monnaie de singe. La nuit ressemble à un cornet de glace. À minuit les fées surgissent et derrière les rochers moussus un ange signe le catalogue de la nature – et la vie se rit de ces ruines immenses. Les aigues–marines se déguisent en timbres–poste Les larmes du vent déchirent les rues blondes où la violence clignote en polaroid depuis si longtemps.
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Les oiseaux de la terre traversent le mur–écran opalin, et les sanglots du feu refont le tour du monde. La mort siffle entre les ronces de l’ennui. En Trombe nous débouchons sur l’invisible. Dans les chambres bleues de Sardine Street des cris de détresse font tourner la Roue du Destin. Le regard noué de l’enfance ourlé de larmes & de rires se déchire comme un linge. Que faire d’une âme ? avais–je écrit, ne voyant plus les vagues mourir au bout du monde. Une étoile hurle – nous regardons vieillir
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les décalcomanies autour du kiosque à musique – l’écorce des livres s’enflamme – je rêve encore de la forêt de Sherwood, houle de feuillage dans la Forêt d’Etincelles. Nous avions mis une sourdine à la mort sans phrase. Dans un ciel brumeux des chansons perdues suivaient les iris sauvages, et un billard électrique recréait le monde à son image. Le Grand Cirque de la création – Holiday On Ice – Disney’s World – Hollywood Extravaganza – les oiseaux chantent, les rumeurs matinales circulent – un instant de pure tendresse à la fin du voyage – la lune claire se reflète dans les cieux et le vent pleure le Printemps aux yeux d’or – Des violettes percent la première neige,
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l’herbe fait parler l’ombre – les dents de lait des couleurs explosent, et nous respirons dans le ciel indigo – les roses s’épanouissent comme l’eau qui coule avec les essaims de comètes se rapprochant de l’horizon. Les enfants ne rient pas dans un monde où tout est mort. La tristesse patrouille dans les rues vides et emporte tous les bruits. La « vraie vie » dont ils parlent tant, qu’est–ce que c’est ? – Les brûlures du temps se heurtent, tous les bruits se rassemblent aux portes de la nuit – quelqu’un respire le parfum des années–lumière. Il n’y a pas de doute, la science–fiction, c’est nous – elle fit ses premiers pas dans les coulisses du ciel.
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Crépuscule rose, flamboyant, où naissent légendes & fusées – nous rions sur les toboggans de pétales – nous nous baignons dans la rosée & la gelée de menthe – les arbres en larmes font des signes au pilote automatique. La solitude, entre les spirales du bruit et du silence tient le journal de bord de la poésie à jour – la solitude ? Nous savons ce que nous lui devons – Ce n’est pas un alibi – Les fleurs du soleil ont forgé la nuit – la lumière qui nous fut volée se terre au fond des regards bègues & des veines incolores – la connerie annonce le dégel. Une lumière aveuglante passe sur le miroir – Rose de Cendre toussant dans la nuit blanche – les temps passent – le hasard est sans danger. Angoisse – silence – douleur – une bombe antipersonnelle
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oblitère le visa de l’homme–antenne – et l’air se déchire. Vaudeville électronique, rock’n’roll–suicide, images hurlantes dans la lumière centrale – flashes–odeurs dans la jungle sexy. Bop City, Fun City, Technopolis & le Tibet Electronique ébranlés par la colère de Dieu ignoraient qu’il y avait quelque chose dans l’air – Times Square chante encore la mort multicolore dans chaque regard. Ce qui est – ce qui devrait être – les bruits de l’ombre brouillent les pistes – En prise directe sur la vision un western brisé filmé par les anges d’aurore. Tout est mortel, même l’abominable éphémère, et l’ignoble séculaire – lumières bleues & rouges
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clignotant au ras de la nuit – sirènes des voitures de patrouille, feux tournants, barrages, cris perçants rejetés par la mémoire. Une tache de sang sur le sable blanc, c’est le temps dévasté – et moi, alors, sous un ciel clouté de fleurs ? Dieu soulève une larme ; le jour va venir. Les roues du vent font tourner les ailes colorées du moulin Eternité. Les vieux journaux du temps présent dévastent la nuit et nous sommes encore assis sur un strapontin de chair–vive dans la jungle de viande. Big Brother n’est qu’un pygmée Les pouvoirs qui tuent balisent nos cieux de spectres la Police du Rêve & les Vidéo–Rangers,
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froides, démesurées, patrouillent dans le temps. Silence–Bardo au–dessus de la boucherie sexuelle électrifiée – la chair–image hurle sous les roues du Métro de Neige. Il serait temps de changer d’Univers et d’oublier les orgasmes–gimmicks nés dans la pensée morte – là où s’anime la poussière, dans le temps desséché. Des soucoupes volantes se sont posées dans un champ de coquelicots & de bleuets, explorant un monde débordant de blondeur – Forêts d’yeux bleus & verts ouragans de cheveux blonds & roux, sourires éclatants & taches de rousseur en liberté sur le « Highway Oublié » – Séquences filmées dans le brouillard, parce que nous sommes là, pour le meilleur & pour le pire, fixant les étoiles mortes.
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Parcmètres & voix–drugstores – la Vidéothèque de l’univers étoffée par le néon annule le temps présent – les horreurs de la guerre anéantissent l’épopée silencieuse de tout ce qui vit. Avant, pendant, après, dans les brumes blanches, les fusils–caméras avalent le temps présent – Cinémas froids de Market Street, trous de rats de la 42e Rue, villes–fantômes balayées par le vent du désert. Yellow Rose Bank, Clovis, Texas, Elen Street – grimaces mexicaines fuyant avec le vent noir qui aide les fleurs à mourir. Il y a q.q années j’ai fêté mes 40 ans avec Elvis & Donald Duck au « Sandy Toes Motel » C’était sur une plage de Floride, au bord du temps – De bouche à oreille
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une chanson triste se dévidait à travers les fissures du temps. Dimanche – la guerre est finie – rires & larmes inspirent une douleur – il neige sur New York, l’horloge de Grand Central esquisse un pas de danse – Kodak – Polaroid – Instamatic – The Blue Oyster Bar – les étoiles tombent une par une sur Bryant Park – Étoiles naufragées par le néon–laser d’une autre planète. il neige sur New York, et dans l’ouest les herbes se déchainent. « Petite Annonce » Je ne couche pas avec les images. Les faits & les méfaits de l’actualité nous submergent – festivals & jeux –
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Une forêt de bras tendus, et sur le podium les guitares électriques crachent les premières mesures de « Corboucher Blues » – Sexmoney Blues, Double Dealer’s Death Blues – dernier festival dans une jungle de photos, et la foule, hébétée, qui s’éloigne de Dieu, en priant. Qui parle ? Vous ? Moi ? quelle importance ? Un moment hors du temps devant le « Great Western Hôtel » illuminé par les projecteurs – la peur domine, et les gens ont un goût romantique de la mort – le Pape sodomisé par ses Suisses sait que la guérilla sexuelle a ravagé notre planète – jusqu’à la fin des temps la mort multicolore nous obsédera – Négatifs de chair toussant derrière les bandes dessinées prophétiques.
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Corps–images sans âme se débattant dans le bleu électrique – les Vidéo–Rangers échangent leurs messages mentaux contre des mots de passe incolores – les grandes métropoles corrompues accouchent de ces raz de marée de bruit, de fureur & de haine – l’instant murmure dans l’herbe – les œillets sauvages survivent sous les décombres – et l’amour écrasé, broyé, dénaturé, meurt le dos au mur, dans la sueur des mots. Ce matin les yeux noirs des caméras & les torsades de néon bourdonnaient dans la gelée blanche. C’est la fin de l’été, j’écris dans la lumière blonde – visions amarrées au Temps qui passe.
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Derrière la vitre l’arc–en–ciel voilé par le hasard – imagerie tendre & crue – les roux chromés enduisent l’autoroute d’ultra–violet – on peut voir à l’horizon les charniers de brume – l’odeur de lavande s’accroche aux nuages – L’hiver est là.
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TWENTY–SIX GAS STATIONS ACROSS THE U.S.A. to Ed Ruscha
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Le rêve ne partage pas l’ombre ni la lumière le soleil descend les nuages rougissent au–dessus de l’aéroport – puis le noir satiné s’empare de la mosaïque visible – l’Ouest avale le Temps détruit une par une les étoiles s’allument – c’est simple, c’est beau – Dieu y a pensé – l’air conditionné ronronne dans la chambre du motel la publicité lumineuse est le seul art vivant de notre temps.
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L’instant, le bruit, la fureur, tout s’évanouit dès que le vent tremble – Héro–Kamikaze – un son blanc –hideux – la mort patrouille dans les zones lépreuses de l’univers – White Death Horse – c’est comme l’œil de l’ouragan c’est vide, et vous êtes dedans – mort ou vivant – j’entends encore les chansons tristes de Janis Joplin glisser sur la peau de la lumière. Le temps, dans le flot éternité, qu’aucune pensée ne traverse. Un vague souvenir – Ektachrome de l’autre coté du ciel. Formules magiques dansant les yeux étrangers – et la mort, inaudible dans l’aquarium sexy. Nous sommes dans un désert de lumières & d’enseignes.
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Le flou perd du terrain. Derrière de sales nuages se cache l’Industrie Toxique. « there is a god dying in America » – les cicatrices électriques tracent ces mots de Ginsberg sur la neige qui bloque la voie ferrée. Les vieux spectres ont crée ces enfers policiers – Nous traversons des brumes d’acier. Les ombres dansent. Le vent piétine ses jouets d’os – Une musique lointaine meurt entre les fuseaux horaires écarlates – les images se suicident au bord du vide, en se jetant sur des vagues de chair. Tout m’échappe aujourd’hui Je suis seul sur la piste de danse, quelque chose recule sans cesse – et les secrets du temps fluide se transforment en pluie –
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un cri suraigu – tout m’échappe – l’ange tousse, s’étrangle, la lumière fuse au ciel, la neige, au centre du vent, masque le vagabond bleu – Une guirlande de crânes surgelés oseille devant le portail du garage – on dit que Dieu aurait eu un casier judiciaire chargé. j’ai glandé, en bleu, dans le ciel entier – je voyage sur un nuage. Certains courants de pensée vont achever le monde. La terre tremble. L’homme fouille sa mémoire comme un flic. « J’ai souffert, J’ai pleuré » a–t–elle murmuré, allongée sur le sable entre ciel & eau – Elle est bien dans sa vie – la fumée remonte le temps et s’accoude au comptoir de la nuit – Inutile de prendre des allures de catastrophes.
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Dieu qui sait rire en société n’a jamais mis d’eau dans son whiskey. Je n’ai pas de secret à vendre il n’est pas nécessaire d’être juif pour être un parfait cabaliste – je n’ai pas de secret – Flocons de feu au–dessus du miroir – Dieu merci j’ai encore du temps à perdre – l’hiver se dévore les fougères rousses griffent le monde gelé et rebroussent chemin – Dérive – Absence – Tout ceci traduit bien mes sentiments, les poissons volants & les papillons de nuit ont tenu mes rêves au chaud. « je parle pour ceux qui ne savent pas » a dit le Fabricant d’Or. J’ai été fasciné par l’Alchimie, et j’ai évité les Princes & les gouvernants. L’impressionnisme d’un certain monde éclaire le temps embourbé,
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et des notes très pures, bleues, déracinent la pluie. Un grand vide – la grève de la faim des images – lambeaux de silence nageant dans les couloirs de l’œil – une grande nuit – tout se présente d’une façon nouvelle. La musique blanche, toute entière, chargée de magie. Silence – fracas – soleil – vent – la pluie saura toujours où vous rencontrer. Les cigales ont chanté dans les feuillages bleuis pleins de soupirs & d’éclairs – c’était l’été les étoiles roses enregistraient : les doigts de pluie avaient tout dit.
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Je tape sur fond de vagues à la machine le poème électrique – un coquillage déguisé en agent consulaire boit les soupirs du vent. Des lumières expulsées du ciel – le verglas luit sur toutes les ondes – nous l’appelons « black ice » – la Planète est un transistor bleu explosant dans le néon de l’an 2000. L’exil brandit ses feux de position dans la salle d’attente de la Banque du Froid. Tous se souviennent de la Planète bleu/orange photographiée par les astronautes. Les vaisseaux spatiaux bourdonnent dans le ciel – En bas, les bruits massacreurs font le vide. Les grandes fleurs pâles marquent un temps d’arrêt
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le métal recrache un peu de sang sur le ciel–Formica – Dare Devils Hot Dog Stands minuscules nuages argentés dans un ciel où les voix blanches s’adorent éternellement. La bonne odeur du tabac de Virginie entre en trombe dans les poumons vides – l’alcool me mord les lèvres – le café noir fume – Un manège doré tourne & efface la gelée blanche sur les vitres bleues – le sirop d’érable se répand sur les beignets. Une bagarre de rue – l’éclair d’une lame – un choc sourd – un râle – puis le silence – Mort dans l’après–midi – On remarqua que les avant –bras de la victime étaient constellés de marques de piqûres – DOA ; un vent de panique –
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balaya le sol gris de la basse–ville. le long d’un mur des bruits de voix feutrés remontent la rue – les policiers fouillent un hôtel borgne de l’East Side Le froid enveloppe la ville comme un bloc de pierre. je regarde un film publicitaire. le soleil pâle joue à travers les feuilles des arbres. Laisser vivre, laisser mourir, savoir vivre, savoir faire, le temps passe en couleur – les souvenirs retournent l’ombre et reviennent sur leur pas – Tout est simple quand on desserre les dents et les poings – Un certain sourire capable de vous fendre le crâne ou de vous couper la parole au coin des lèvres.
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FLOWERS IN THE RAIN
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Voies ferrées, pylônes, hangars, réservoirs de pétrole, derricks, aérodromes, freeways, rues bleues, grandes plaines agitées par l’or de l’azur, planète submergée de détails, créatures de sable & de sel vivant dans l’ombre, ignorant que Dieu gouverne l’univers, sans bruit. Couchant animé filtrant entre les structures du pont métallique, et les yeux pleins de neige dansant devant une station–service. Je ne suis pas un « mystique », Je jette simplement l’ancre, Je ferme les yeux, je plie les genoux, les brise–vagues & la brise d’émeraude repoussent les spectres du malheur. Rien ne peut plus les arrêter. Le soleil est sans pitié. Le grand destin du nouveau monde rassemble ceux qui ne portent pas leurs fantômes sur le dos. Est–ce que le jour va venir ? Est–ce que Dieu va nous tendre les mains ? Est–ce que la lumière va nous engloutir ? Est–ce que nos châteaux seront illuminés.
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par les chorus vivants du hasard ? Est–ce que – la vacherie haïssable c’est que nos jours sont comptés et que la mort seule devient visible à notre place.
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CHINESE NEW YEAR OF THE SNAKE
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Je n’ai pas de « stratégie » à offrir, ni de « solution ». Je n’ai rien à dissimuler ni à dévoiler. Je n’ai aucune sensation de triomphe ou d’échec. Je ne suis pas un « mystique », ni un animal politique, mais je ne suis pas celui qui s’arrête en route pour tout perdre. J’ai tout à gagner parce que je ne sais pas encore ce qu’est la poésie. Et malgré tout ce que j’ai dit et écrit, le saurai–je jamais ? Écrire la poésie c’est bien ne pas comprendre un battement d’ailes à fleur de terre. Écrire la poésie c’est plonger dans l’inconnu, et marcher, marcher, marcher.
« Burst up in Silence » Les fleurs sauvages boivent les larmes des nuages figés dans le silence. Mardi Gras
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NO MORE MAGIC RUGS OF GRASS
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Le cyclope au regard mort suant le sang nous parle d’absolu. Les horribles prêtres fouillent les plaies béantes et enseignent aux pauvres souffrants que l’angoisse & la mort sont des baumes. La « liberté » n’a rien à voir avec le désespoir & les limites des hommes – les frustrés qui prônent la révolte grouillent dans les échos de guerre civile. Ils n’ont jamais su regarder le ciel. Ils bégaient dans la poussière. Leurs âmes damnées dans la lumière pourrie sonnent le glas de la liberté. Il pleut entre les murs de la réalité. Le cinéma en couleur de la vie fait craquer ces anti–mondes, démons et charlatans engloutis sous une pluie de feu. Merde ! la logique vous a dompté. Nom de Dieu ! les cannibales dévorent des bites grosses comme le poing. L’éternité vomit la violence de l’administration Totale, les pires fabulations éclaboussent la réalité.
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MILD AND CLEAR
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La liberté de s’exprimer : Vox Populis, Vox Dei – silence – on tourne – Les guides du temps n’ont pas signé de pacte avec le Diable. Mort ? Vivant ? Esclave ? Libre ? Rien encore n’a été décidé.
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REDWING BLACKBIRDS ARE
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Les nains ont horreur de l’espace. Nous avons affaire à une race de ventres, de squelettes, de culs, de bites, de barbares merdeux, d’horribles travailleurs & de criminels qui se piquent de magie. Les incidents violents rétablissent l’ordre dans les porcheries & les buanderies de l’univers – Les ventriloques débiles jouissent comme de rats sur des barricades d’immondices, restaurant le temps du mépris aux quatre coins du monde – Dans les rues règne la laideur, la peur et la violence ont remplacé la musique de la vie. Les nains, les robots & les singes ont éxilé la parole dans la boue du ciel en réduisant l’homme au mensonge. La réalité s’est effondrée.
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Les forces du mal célèbrent l’avènement du malheur & de la terreur.
Quelques fois les chansons se donnent la mort sans laisser de trace.
Une trainée de sang, une flamme éternelle, peut–on se réincarner jusqu’à la perfection ?
Musique & utopie sur le miroir noir, le hasard multiplie les prophéties. Brûlures, chocs & vitesses étirant la chair derrière l’horizon – le ciel ou la merde – l’électricité exprime en bloc. L’action, l’inaction, la poésie, la prière, le rire & le mystérieux non–sense ne sont que de dévorantes raisons de vivre. The crows will return, but not to the crow tree. Seward’s Day. Alaska
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LE VIDE
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Le vide fait de sons, d’électricité & de couleurs, est la base même de la totalité. On ne vit qu’une fois. La lune aux doigts de pluie nous dit qu’on ne s’évade pas de la vie, même en se tuant. À force de déconner et de danser sur une planète morte les hommes font pleurer les anges – Dieu, dans le sanctuaire des étoiles réfléchit sur l’irréparable. Des êtres infects & des robots aux mimiques obscènes dansant autour d’une pyramide de cadavres. Au cœur de ce goulag, les clowns lyriques grattent leurs guitares et osent encore parler du futur. Year in, year out. Maple syrup time.
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CINQ POÈMES
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Le hasard, sur les traces, de la mémoire, a son mot à dire. L’histoire est un trou. Les événements meurent. L’actualité se mêle aux images du pouvoir et se confond avec le passé. Je n’ai pas d’explication à donner. Je me retire de ce zoo, de ce ghetto de (gris–fer) Science Fiction, j’abandonne tout ça et je ne m’interroge même pas. Le Trompe–l’œil & la grande arnaque des dernières décennies ont donné naissance aux pires résidus littéraires. N’en parlons plus. Le Sac à Pop pompe la merde des corps & des cerveaux morts. J’ai l’avantage d’être seul, déraciné comme on dit dans les cercles vicieux, expatrié je respire & je m’viole dans un autre monde qui est devenu le mien. Je n’ai jamais remis mon choix en cause.
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L’oiseau–moqueur ne vieillit pas. Les étoiles dessinent sur le tableau noir. L’oiseau–mouche se déguise en larme. Une étrange musique s’élève au – dessus des bayous. Spring begins Pocahontas d.1617 Kans – Tex Blizzard 1957
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Le langage c’est le silence qui parle, et la musique qui l’inspire déchire la fausse parole. Les flammes se comprennent. Les hommes, dans la clarté du printemps, se dirigent vers la jungle de ciment, de verre & d’acier. J’aime les villes américaines où l’instant, le lointain & le durable, s’égosillent sans répit, où des hommes aux regards clairs travaillent sans repos en ayant l’air de ne rien faire. Les flammes font un détour quand les étrons prophétiques s’élancent vers le ciel. Des générations coincées dans la rouille du temps se meurent dans la lumière de l’été. Les pages roses des poètes, mutilées, s’endorment au fond de nos rêves – La poésie demeure en exil dans toutes les mémoires. Contre le pare –brise du ciel l’écume ruisselle, la vie murmure à l’oreille de Dieu, et à pleines dents mord les couleurs du temps.
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Le rose des vents absorbe l’eau d’une larme.
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« DAYS BRIGHT FOR SWALLOWS FLIGHT »
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L’insomnie repeint la ville. Arc–en–ciel d’embruns couronnant l’océan qui pleure. La pluie s’enflamme : paysages descendus en torche. Des rêves à louer, du bruit, du silence. Des rêves qui touchent la Terre. L’ombre & la lumière forgent le cri & l’éclair, et de l’autre côté de la rue, sur la face ensoleillée, la mort & la vie détalent en se lançant des jurons. Les mouettes couleur de marbre & d’ambre, jouent sur le toboggan d’écume verte.
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À fleur d’eau ce qui vit ne peut pas nous donner toujours raison. Le jour se lève incendie blanc dans la couleur d’ambre qui surplombe la plage. Les mesures du monde réduites en mots ne doivent pas nous faire peur. Il y a des gens qui croient que les poètes sont graves & distants. Les cadavres & leurs moulins à paroles ont inventé l’ennui & la fétidité littéraire – On finirait par croire que le monde est petit.
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« THERE’S A TIME TO WINK AS WELL AS TO SEA »
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Les vagues se brisent silencieusement sur les rochers et laissent le sable vermillon d’Anderson Creek – Le varech constellé de perles d’écume brille – Le cœur se brise, et à travers la porte de verre, le poète regarde la mer, comme on regarde une inconnue. Là–bas, la forêt, haute et sombre, masque les vallées opaques. Couleurs gourmandes, odeurs secrètes emmenées par le vent. La mort éventre la grâce & met un point final au miracle. Le monde se dégonfle, chavire dans le chaos, énigmes voltigeant devant les yeux clos du poète, des surhommes pourchassent les images toxiques, libérant les ondes de la réalité.
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Feuillages agités par le vent. Insomnie assortie aux ombres & aux reflets, les gongs de la violence résonnent dans le lointain – Un robot vêtu de cellophane se repose sur un sofa de peau noire – Nappes de bruits maléfiques survolant la surface d’un lagon agité de reflets. Mimosas sauvages, fougères, bruyères violettes, scintillement d’étoiles rouges. Une nuit sans lune – Des enfants s’embarquent à bord de sous–marins bleus pour courir les mers. Les pierres gelées du temps perdu dorment au fond des mers. Images sanglantes qui du haut des airs massacrent à coups de râles l’éternité.
Bunker Hill Day Sun & shade in the glade
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« NOTHING DISTURBS YOU IN THE WORLD OF SPIRITS »
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On voyage à travers les murs pour entrer dans la foule et sonder les âmes. Il y a toujours une place vide dans le caveau de famille, alors on condamne à tout prix les innocents et on gracie les criminels et les coupables. Les déserts fertiles n’existent que dans le monde des esprits. Nuages gris–fer courant bas au–dessus du paysage. Images anciennes frappées par la foudre. La pluie tombe sur la plage salée. Un silence d’éternité tombe sur le jardin de roses. L’avenir et ses grands gestes vagues, intolérables, résiste à toutes les ruines. L’avenir, illisible, et le regard de taupe du passé, la ralentie du présent qui nous envahit nous épuise. Le printemps se réveille – Photos jaunies dérivant dans un brouillard de grisaille. Les images se dérobent, s’embusquent dans les flaques du ciel.
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Fusils–mirages crachant de la fumée d’os au–dessus d’un océan de chair morte. Dr Death s’empare des unités du temps et cambriole les jungles–archives du Studio Réalité. Emeutes « spontanées » dans les chiottes existentielles du cosmos – toux sexuelle & bruit de music–hall. Les rues européennes, grises, balayées par un vent de boucherie diffusent le Soap Opera Hitlérien au–bord de cet océan de vide. Vous êtes comme les autres, vous avez un passé, des empreintes digitales et un nom – bruit d’enfer s’échappant du Canal Stéréo – L’Homo Atlanticus et ses dangereuses visions a changé le monde – la nuit s’effondre, le jet de la TWA décolle sans bruit – images brisés sur l’autoroute de la nuit.
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Des robots piÊtinent leur ego en 3D devant les portes de la Migzer Factory arrachÊe au temps. Froissements de galaxies – une larme noire brille dans le souterrain de velours. Summer begins
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« L’ŒIL DE LA CAMÉRA »
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L’œil de la camera fouille une jungle de capsules pour échapper à la tyrannie sociale et à la tombola de l’Éternité. Les bruits de l’histoire et les ploucs marxistes ont semé la dysenterie dans la galaxie. Étoiles filantes, « stationnautes » intelsats , semant des messages musicaux pour conjurer les excréments du Diable. City Robot & Machine Age – Les Transistors de l’innocence ne sont pas responsables des émeutes multicolores.
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« WEEDS & FLOWERS TOGETHER »
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Rue des Poètes les photos sont brûlées vives – Cow Boy Alpha et ses moines sont assis sous les orangers. Ils écoutent le vol d’une libellule. Ils regardent vraiment la pluie tomber. Ils contemplent l’arc–en–ciel clouté de fleurs – Ici, des bruits blancs se colorent en mourant, pour décrire la guerre & l’amour sur les murs d’écrans. Les élus et les victimes n’ont pas fini de meubler l’Univers. Dans les cavernes de l’enfance le sang frais explose, les étamines électriques du langage & la musique réaniment la syntaxe du monde. Nous voyageons entre deux sphères de fiction. Nous sommes des avaleurs de temps. Les autres meurent dans le tumulte les pauvres, avec les bruits qui courent, les autres meurent dans les trous–odeurs de la ville.
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Est–ce en priant que nous sommes sur le point de retrouver notre liberté ? Hey Hey Mr. Death ! Your name’s written on that rope. Que faire ? Limiter la liberté de ceux qui n’en sont pas dignes ? Et vous voulez vous flinguer dans cette vallée de larmes & de cris. Rue sans joie la guérilla urbaine se développe par nations sous–developpées interposées. L’aube nous offre sa chair de dinde froide. La Vidéo Police sociodémoniaque a mis en scène Clockwork Orange Push Zoom Square, the children Ectasy, la revanche de Tarzan, Chainsaw Massacre, nom de Dieu ! Nous inventerons encore des mots pour vivre. Orchidées sanglantes sur le pare brise.
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Soleil tout en veines débordant de joie. Le miel sauvage, le néon & les mots éclatés tourbillonnent sans fin. Une forte odeur de merde & de sang déplace ce que nous ne voyons pas dans les rues tordues par le vent. Transistors malades agonisant dans la lumière–mandarine. L’obscénité, la pourriture, Le baratin, etc... Tout ça se développe de plein gré parmi nous. On dit qu’après le pétrole, la mine, le tungstène, le bismuth, le plomb, le zinc, l’étain, l’or, l’argent, le fluor & le mercure, sont menacés. On dit que dans 20 ou 30 ans il ne restera rien. Les richesses de la terre & le génie
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de l’homme ont peut–être engendré le malheur, certains ne voient que les issues sanglantes. Derrière ces pages se profilent les années 80 et 90 – Le monde des esprits où tout s’engendre & se défait braque ses phares sur les obstacles qui bloquent & asphyxient l’universel. Nous en avons assez des cris lourds comme le plomb qui nous empêchent d’avancer. Men and melons are hard to know.
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« THE GRAIN & THE BLADE »
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Quelque chose arrive quand on voyage dans les étoiles. Les rides de l’Histoire soudées aux cris des foules. Un soleil bleu, cerné de vif–argent, comptant les pétales cascadant dans un ciel d’or. La merde imprégnée de « social » utilise ceux qui ont des yeux pour ne rien voir. Le soleil effleurait encore le ciel. Les collines se noyaient dans un brouillard mauve. Nuits splendides dissipant les froides lumières du temps
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présent. Entre les palmiers & les cocotiers les taches de couleur semblent observer le vol des pélicans. La tristesse fardée comme une pute fait de l’œil à l’Être Cru. Nuages phosphorescents ourlés de vert tendre. Nous sommes sur la plus extraordinaire planète. Nuages immobiles au–dessus du paysage de lumière, au bord du vide – et la tiédeur de la nuit – le chant des cigales & des grillons se mêlent aux lueurs bleues & rouges par–dessus le Temps. Palmiers, orangers, géraniums, bégonias, jasmins, mimosas, tamaris, les odeurs & les sons racontent notre histoire.
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Scintillement turquoise & émeraude, et les embruns, accrochés en grappes aux crêtes des vagues. On réfléchit, on apprend à vivre, ancré ici & là, dans l’infini & le quotidien. Et tombe la pluie. Au–dedans l’énergie fait du bruit. Ce n’est pas si simple. Evénements brutaux tragiques, inconcevables. Séismes & désastres. On prie. Et pourtant Tout arrive. Le silence brûle et les plantes sortent de la terre. C’est encore une fois le Printemps.
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C’est tellement simple de regarder, d’écouter. C’est ainsi Que les poètes arrivent à voir. On se fait beaucoup d’ennemis quand on parle de Dieu d’une façon ou d’une autre. Longtemps j’ai préféré la part du Diable, la part maudite, m’en tenant aux faits, aux éclats, aux échappatoires, comme un parfait idiot. Longtemps je me suis trompé les deux pieds dans le même sabot, romantique, nihiliste, soudé au chaos & aux excès. Dieu merci le scandale dure peu.
Ist Cinérama showing 1952
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« REFLEXION »
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En voulant se rapprocher du cœur de l’Éternel on sort de l’enfance par la petite porte, et on perd de vue la piste du ciel pour toujours. C’est peut–être ça le « péché originel ». L’absence de Dieu même au plus haut du ciel, l’inégalité des vies & des destins, la nuit poisseuse. Dieu, ça doit être comme la foudre immense, inexplicable, indispensable. Dieu – Coïncidence – ou – Je ne sais pas. J’échappe parfois aux trois dimensions du temps. La solitude n’est pas un fait maudit comme voudraient
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nous le faire croire les actuels pythonisses. Entre Dieu et vous la compétition n’existe pas. On doit Tout éprouver, sans exception, afin d’être submergé par ce qu’on a à dire.
Columbus Day Battle of Saratoga 1777 N.E
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« LE FEU BRÛLE ENTRE LES DOIGTS DE LA PLUIE »
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La poésie, l’art, l’alchimie du verbe, la barbe à papa, est–ce VRAIMENT nécessaire alors que tout est devant soi ? « Mon pote » m’a dit Johnny Southside, « tu te poses trop de questions, tu vas avoir des ulcères au cul ou tu vas t’éclater le melon » – Nous avons bu du bourbon. Le vent s’est levé – les herbes se sont déchainées – et j’ai pensé qu’il n’y a qu’UN Dieu, Tout –Puissant, pour exister dans le sillage de la lumière. Je note tout pour remonter le cours du temps et renverser l’ennui. Les poètes devancent les grands bouleversements, à tâtons, par hasard. C’est peut–être pour cela qu’on dit « ils sont dans la lune », à cause de leurs allures de fantômes –
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Dieu, lui, domine tous les horizons depuis des millénaires parce qu’il a su faire parler le silence pour réduire à néant notre parole morte porteuse de mensonges & de songes. La guerre affreuse, sournoise, interminable des faits, des paroles, et des gestes. Vers la mer, à travers les grandes plaines, derrière les chaînes des montagnes, dans les forêts et au bord des lacs & des rivières d’où sont venues les images, je me demande pourquoi Je me souviens de tous ces murmures, et de l’écume lumineuse qui vient mourir à mes pieds. La Planète Terre est un bouquet de fleurs qui sourit dans l’herbe. L’électricité siffle entre les doigts de la pluie et piège les échos du monde dans le Temps. Look for shooting stars
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« COUNT YOUR BLESSINGS OR GO TO HELL »
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Tout est limité, fini, inépuisable. Tout, les traces de la poésie, les cailloux dans le ciel, et la vie qui s’abîme dans le mystère. L’inconnu, le vertige, l’éternel recommencement, la fatalité, le destin, tout ça en équilibre sur une tête d’épingle. Les monstres se réincarnent dans l’effondrement des âmes. Le drame est universel, l’homme–pivot s’affirme entre vie et mort, tout simplement, sans parler de la violence qui nous engloutit. Dieu sur le chemin du sang a sûrement eu une vie d’homme pour nous en faire chier autant.
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Regardez–les, muets, aveugles, tournant le dos au soleil couchant. Regardez–les grouiller dans la fente du jour. Rideau de brume rouge masquant l’horizon des misérables qui n’ont jamais contemplé une nuit étoilée. Ce désert amidonné de glace, cette mort lente travestie en signe du temps, et ces robots sans foi ni loi qui tuent la lenteur & la vitesse, l’action & l’inaction. Ces indigents faits de boue adossés contre les portes de la nuit. A l’ombre des chênes bleus de Dare Devil Creek les âmes rugissent en signe de deuil. Impitoyablement le poète traque la logique et les adeptes du mot & du verbe. Les images du hasard ne doivent pas être persécutées par le vocabulaire.
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Les images de la poésie que Dieu nous dispensent au compte–gouttes sont peut–être nos consciences. Les images de la mort & de l’Administration Totale proviennent du Bureau des Idées avec les mots agglutinés. Je n’arrive pas à relire certaines pages conjurant le sexe, la viande & la merde. Je n’arrive qu’à entrer dans une autre réalité. C’est au début ou à la fin d’un siècle que les grandes voix se révèlent, entre temps il y a un creux où les minus & les charlatans répandent leur sperme de rat. Un grand poète a dit que tout vrai langage était incompréhensible. Cet homme souffrait en organes et en sexe et décrivait les grands bluffs de l’écriture.
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Il a parlé de la maladie du bois de l’os & de l’esprit, et il voulait arracher les organes de Dieu. Il nous a instruit d’une chose : que les zones « poétiques » où se rassemblent image & mots est l’univers concentrationnaire des poètes mineurs qui rentrent sous terre alors que tout s’éteint. Seuls les sans–corps, les professeurs et les camelots–chansonniers se pavanent à la foire aux images, leurs os remplis de merde émasculent la réalité.
Summer / Winter Life is but a fleeting span
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NOTES & SKETCHES
The Death of Democracy Lawlesness has become A way of life for the Police “Again I come to view the scene whose summer ….I well remember”
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Parfois le ciel s’ouvre marée de feuilles rouges oranges et brunes arbres nus branches noires dénudées derrière les dunes Des villes disparaissent sans bouger secouées coulées par la nuit November, 27 inches of snow Pennsylvania, 1953.
Le piétinement des voix de plomb fougères d’acier dans les jardins de l’Apocalypse . « Wise men care not for what they cannot have » Cris achevés dans ce désert de marécages fleurs dans le ciel constellation d’herbes brûlées étoiles éphémères au–dessus du lit défait de l’oubli
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Genêts chardons géants surplombant la mer ridée par le bruit des ronces Balises multicolores clignotant comme des étoiles perdues (thanksgiving, well begun is half done)
« Welcome December cheerful night When the taper – lights appear ; When the filled hearth blazes bright And those we love are circled there »
Notre planète brille depuis q.q millions d’années lumières pâles dans la nuit le papier à fleurs de l’aube se déchire derrière les montagnes Les rues ne sont plus vraiment des rues Étoiles broyées ouvertes s’enfuyant avec les grandes ombres bleues, avalanches silencieuses du passé du présent du futur December, Pioneer 10 sends pix of Jupiter, 1973.
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La rue est habillée par l’aube montante le poète écrit sur des feuilles étoilées (December 12, non –stop flight Sidney – San Francisco 13 h 14 m. 1978) Pierres moulues par les frissons du froid un voile de flammes s’élève dans la nuit Râles métalliques silhouettes liquéfiées flottant dans l’air Débris multicolores mourant sur la mer L’écorce de la peur étouffe les signaux de l’aube Les feux pâles du rire perdus dans la lumière Un regard figé s’éteint Je me souviens de ces déchirures un rêve noyé dans l’écho d’un temps qui a vraiment existé
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Tessons d’étoiles étincelants voyageant dans les eaux de mer Silence premières gelées et le vent blanc de l’automne Dans le ciel d’orage chargé de neige une rose rare noire entourée de brindilles
(Dec. Xmas) St. Stephen & St. John
Les fleurs ont mendié q.q nouvelles couleurs aux étoiles et le sang a remué entre deux mondes Temps présent clouté d’énigmes Un vide palpable laissé par les années–lumière et là–bas un Bouddha rose bonbon iridescent Bouquets d’oiseaux broutant la brume de toutes les mers
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Les fleurs boivent à la lisière des nuits cassées Le duvet de l’aube à l’horizon attire la neige Toutes les nuits sont en fleurs Souvenirs écrasés par le poids des choses Le sang versé trouble les ombres Zones–mémoires perdues en mer Poussière de silence soleil fracturé bleuissant Drame invisible La nuit s’ouvre des graines vides écorchent le ciel Et l’horreur mise à feu par un sommeil sans rêves La trace d’une opale le cri muet d’une affiche déchirée le temps qui court tatoué par les paroles oubliées Orties poignardées par le gel les herbes du temps se mêlent aux gestes
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L’eau sale du vieux monde fait mourir les poèmes Grande marée de visages braqués vers le ciel La fuite de l’avenir déchire la grande voile du soleil
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POSTFACE
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Sur le manuscrit…
Le présent ouvrage propose la transcription intégrale d’un manuscrit que m’a remis Claude Pélieu en 1985. Il s’agit d’un notebook autographe de cent trente pages, rédigé aux crayons feutre de couleurs (1). Ces couleurs varient à chaque strophe, passant du rouge au vert, au bleu…etc. Il est daté de : 1976 –77, England. C’est sous le nom d’emprunt de : Claude p. WASHBURN, que Claude Pélieu publia en 1978, chez Christian Bourgois éditeur, son livre : dust bowl motel poems. Nombre de poèmes de cet ouvrage sont extraits de ce notebook mais jamais intégralement. Ces extraits figurent dans des séries de poèmes sous différents titres : PETITES ANNONCES, TWENTY SIX GAS ACROSS U.S.A., SARDINES STREET POEMS, JOURNAL… Le nom du poète Claude Pélieu ayant été effacé du catalogue des éditions Christian Bourgois, cet ouvrage est aujourd’hui introuvable. La composition et la mise en page retenues pour cette édition sont celles du manuscrit. Des variantes existent entre l’édition Christian Bourgois et celle –ci. Certains poèmes n’ont même été que partiellement édités. On peut penser que l’auteur a effectué des modifications en lisant les épreuves. Problèmes de place dans le recueil ? Limites financières imposées par l’éditeur? Le titre du recueil est conforme à celui figurant sur la première page du notebook ; les citations ouvrant le texte figurent dans le manuscrit.
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La pensée du poète s’écoule devant nous dans toute sa fluidité, sans heurt ni retrait ; aucune correction ne vient altérer la lecture. L’auteur délivre sereinement ses impressions et celles –ci donnent à lire ses pensées du moment. Il ne s’agit pas d’un livre de poèmes assemblés, non, nous est donné à lire un journal, des sketches comme le dit l’auteur, au fil des jours. Le style et la forme sont déjà présents dans le recueil coca –néon (2), et sont bien loin des textes flamboyants parus dans les Cahiers de l’Herne en 1967 en compagnie de William BURROUGHS & Bob KAUFMAN, ou du fascinant INFRA NOIR publié par François Di Dio dans sa collection Le Soleil Noir en 1972, dans lequel figure OPALE USA écrit à Bixby Canyon en 1968. C’est un homme à l’écoute du quotidien, réceptacle du flot d’impressions envoyé par la nature, les éléments, les odeurs, les sons, l’actualité. La réalité de la ville n’est jamais loin, mais elle n’est plus obsessionnelle et violente. Une distance s’est creusée agissant comme un filtre ; nous sommes face à un homme momentanément apaisé et soucieux de noter sa pensée, simplement. Les images ont la sensibilité des émotions du quotidien et ouvrent la voie à la réflexion. Les images sont toujours fortes chez Pélieu et baignées de surréalisme, mais jamais jolies : leur efficacité fonctionne à fond. Est remarquable dans ce notebook, sa composition graphique. La pensée du poète est assurée, elle se déroule paisiblement, l’écriture même reflète la sureté de sa voix. La lecture qui nous est donnée s’apparente à la joie ; Claude Pélieu est naturellement écrivain, spontanément.
Son inspiration, sa spiritualité, sont accessible à tous. Il nous parle de lui, de nous, du monde, des troubles de la société, de la violence ; mais l’homme et la nature reste au centre de toute son œuvre.
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Merci à Pamela BEACH PLYMELL et Jeffery BEACH pour leur soutien.
Merci à Claude.
La fumée remonte le temps – que ta poésie résonne aux quatre vents et chemine apaisée sur la voie des étoiles.
Alain Brissiaud.
1. « j’emploie des stylos de couleur pour conjurer le mauvais sort…. J’emploie des stylos de couleur pour caresser l’Étoile Silencieuse », dans : Jukeboxes , page 57, Coll. 10X18, 1972. 2. Christian Bourgois, 1976.
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DU MEME AUTEUR Aux éditions Le livre à venir – Books Factory INDIGO EXPRESS, 1986.
infos : www.beachpelieuart.com
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NEW POEMS & SKETCHES 1977
New poems & Sketches……………………………………………….………………………… 7 Twenty –Six gas stations across the U.S.A……………………………… 45 Flowers in the rains……………………………………………….…………………………………… 56 Chinese new year of the snake………………………………………………........... 58 No more magic rugs of grass………………………………………………................ 59 Mild and clear……………………………………………….……………………………………………….... 60 Redwing blackbirds are……………………………………………….…………………………… 61 Le vide……………………………………………….……………………………………………….…………………. 63 Cinq poèmes……………………………………………….………………………………………………....... 64 Days bright for swallows flight………………………………………………............. 68 There’s a time to wink as well as to sea……………………………………. 70 Nothing disturb you in the world of spirits……………………………… 72 L’œil de la caméra……………………………………………….………………………………………… 75 Weeds & flowers together……………………………………………….…………………... 76 The grain & the blade……………………………………………….………………………………. 80 Reflexion……………………………………………….……………………………………………….……………… 84 Le feu brûle entre les doigts de la pluie…………………………………… 86 Count your blessings or Go to hell……………………………………………...... 88 Notes & sketches……………………………………………….…………………………………………. 92 Postface……………………………………………….................................................................. 101
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Illustrations PHILIPPE HUART Couverture : Washburn(2014) P5 : Side Effects (2005) P44 : N Y 71 (1971) P58 : Dream #4 (2003) P68 : NM72 (1994) P109 : Gun Coil (2012) P117 : Century City (2004)
Maquette Jean-Jacques Tachdjian.
Books Factory Editions
211 rue du Faubourg Saint Antoine - 75011 - Paris +33 (0)1 40 24 27 36 http://autres-talents.fr achevé d’imprimé en Mars 2014 par Seven à Aubagne, France
Tous droits réservés pour tous pays Copyright ©2014 by Le livre à venir – Books Factory Editions ISBN : 978-2-35682-291-8 124