Promenades moulinoises

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M S O E U D LIN A NE


Remerciements :

Je suis très reconnaissant à Madame Françoise Rougerie-Girardin, Adjointe au Maire de Lille et Présidente du Conseil de quartier de Moulins, qui a voulu et soutenu la publication de ces textes. Je remercie également le Conseil Général du Nord pour son aide. J’exprime toute ma gratitude à Brigitte Adgnot qui a saisi et mis en forme ces textes et à Jean-Jacques Tachdjian qui les a mis en page. Je remercie la Médiathèque et le groupe Mémoire de Moulins dont l’amitié m’a soutenu et encouragé durant ces années de recherches. Je remercie enfin toutes les personnes que j’ai interviewées sur la vie du quartier, de ses usines et courées. Sans toutes ces collaborations, jamais ce petit livre n’aurait pu voir le jour.

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Avant-propos Ces « Promenades Moulinoises »

se sont déroulées sur le terrain, dans les rues, avant d’être réunies dans ce livre-guide. En effet, de 1999 à 2006, dans le cadre des Journées du Patrimoine, j’ai réalisé, en compagnie de mon ami Jean Caniot, membre du groupe Mémoire de Moulins, 7 itinéraires différents de visites guidées pour faire connaître les principaux aspects du quartier au cours des deux derniers siècles. Dans la foulée, j’ai recommencé ces visites avec différents groupes intéressés par l’histoire de Moulins : des enfants des écoles, des retraités, des amis… C’est sans doute le succès remporté par ces visites qui a conduit la municipalité de Lille à souhaiter la publication de ces textes. Pour ce faire, il a été nécessaire de réduire les 7 parcours à 6, pour éviter les répétitions, et de réviser leur écriture. Voici ce guide, avec toutes ses imperfections dont je suis conscient et que je demande de me pardonner ; il est parfois difficile de préciser une date ou un événement. Tel qu’il est, il permettra, je pense, de découvrir ce que fut la vie si riche en humanité et en solidarité de Moulins-Lille. 3


Introduction L’histoire

de Moulins-Lille

est faite principalement de l’entrecroisement des événements industriels et politiques qui ont marqué les 19e et 20e siècles. La première moitié du 19e siècle est caractérisée par l’apogée de la production des moulins à huile, d’où est venu le nom du quartier « les Moulins ». Puis, en 1840-45, quand commence le déclin du marché de l’huile, l’industrie textile et métallurgique prend place dans le quartier et connaît une réelle prospérité en même temps qu’elle entretient une grande misère ouvrière ; ceci provoque l’apparition de l’Union de Lille, comme centre actif du syndicalisme et d’action politique. Entre-temps, en 1833, la création de la commune indépendante des Moulins stimule l’activité économique. En 1858, l’agrandissement de Lille qui englobe Les Moulins active encore le développement de l’industrie. Cette brève évocation du 19e siècle montre déjà que l’élément dominant dans la constitution du quartier est l’industrialisation. Sa prospérité et ses crises en déterminent la physionomie. 4


Au 20e siècle, mentionnons les dates importantes des guerres (1914-18, 1939-45) qui engendrent une régression industrielle par l’occupation allemande et le pillage des installations. Durant l’entre-deux guerres, comme après 1945, l’industrie connaît une prospérité nouvelle mais assez rapidement interrompue par les grandes crises économiques internationales et par l’apparition des nouvelles technologies. Mai 36, mai 68, ces grèves nationales avec occupation d’usines sont restées dans la mémoire des anciens de Moulins : défilés, meetings, négociations qui ont apporté d’importants changements dans les conditions de vie et de travail. Puis la population s’est trouvée durement frappée par la dernière crise qui, dans la seconde moitié du 20e siècle, a abouti à la désindustrialisation. Les promenades vont montrer comment les habitants du quartier ont vécu cette histoire, comment ils ont participé à ces avancées et contribué à l’évolution de la vie, à l’amélioration des conditions d’existence, notamment par le syndicalisme et l’action politique. 5


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L’héritage textile de

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Moulins Cette promenade

est une première approche de Moulins.

Nous parcourrons une partie du secteur Est qui s’étend entre la rue d’Arras et les HLM du boulevard de Belfort. Nous n’y verrons plus guère d’entreprises en activité ; les dernières ont quitté le quartier ces dernières années. Pourtant, un certain nombre de bâtiments demeurent, qui nous permettront d’évoquer les firmes qui les animaient naguère. Subsistent aussi bien des courées, souvent réhabilitées ; c’est l’habitat ouvrier caractéristique des quartiers populaires de Lille. Nous découvrirons donc ces usines, essentiellement textiles, et courées qui constituaient un tissu urbain très serré, ce qui nous donne une idée des conditions de vie durant les deux derniers siècles : entre la petite maison et l’usine.

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1 1e La médiathèque de Moulins

Pr o m e n a d e

8 allée de la Filature.

L a médiathèque, service de la Bibliothèque Municipale, est installée dans les anciens bâtiments de la filature de lin Paul Le Blan, établie dans le quartier dès

1868. Les bâtiments actuels ont été construits en 1900 puis dans les années 25-30. En 1967, l’usine qui accueille aujourd’hui la médiathèque est fermée. Face à la médiathèque, là où aujourd’hui se situe la résidence Fontenoy de Lille Métropole Habitat (LMH) se trouvait autrefois l’immense filature de coton des frères Wallaert. Elle avait été installée en ces lieux vers 1842-44, avant de s’établir sur les deux autres sites que nous verrons plus loin. Elle occupait tout le pâté de maisons entre les rues de Fontenoy, de Trévise et de Douai. Son entrée principale était située rue de Fontenoy. Le tissage qui se trouvait ici, face à l’entrée de la médiathèque, a été détruit par un incendie lors du bombardement allié en juin 1944. Le reste du grand bâtiment a été détruit en 1976.

Usine Le Blan, collection Bibliothèque Municipale de Lille.

Dirigez-vous vers la rue de Fontenoy.

2e Les bâtiments Paul Le Blan Rue de Fontenoy.

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n arrivant rue de Fontenoy, nous nous trouvons face à l’entrée secondaire de la Faculté de Droit. Avant la réhabilitation, passait ici la rue Buffon. 8


De part et d’autre de cette rue, s’élevaient deux bâtiments industriels importants de la maison Le Blan qui étaient reliés par deux passerelles, situées au 1er et au 3e étages. Aujourd’hui, la rue Buffon a été englobée dans la Faculté et, pour joindre les deux bâtiments, a été édifiée une nouvelle structure d’aluminium et de verre qui se marie bien avec la brique. C’est une magnifique réussite architecturale, due à Luc Delemazure ! La rue Buffon, avant la réhabilitation de l’usine Le Blan, vers 1983. Photo Pascale Diévart.

Les bâtiments Wallaert et Le Blan étaient conçus comme de véritables « châteaux de l’industrie » : tours crénelées, dans lesquelles on trouvait réservoir d’eau, bouches d’aération des ateliers et montecharge.

Cette usine Paul Le Blan de la rue de Fontenoy fut fermée en février 1995, ce qui permit l’ouverture de la Faculté en novembre de la même année. Dès l’entre-deux guerres, d’abord des trains puis des bus en provenance du bassin minier amenaient chaque jour des ouvrières pour les entreprises Wallaert, Le Blan et autres. Assez longtemps, leurs horaires de travail se répartissaient sur deux équipes : une semaine de 5 à 13 h, la semaine suivante de 13 à 21 h. En y ajoutant les temps de transport, on imagine la fatigue occasionnée par ce système. Dans la 2e moitié du 20e siècle, les ouvrières venant des mines se voient attribuer uniquement l’équipe de l’après-midi, les ouvrières de Moulins et environs constituent alors l’équipe du matin. Cette programmation diminuait quelque peu la fatigue des femmes de l’extérieur.

Dirigez-vous vers la rue de Trévise.

3e Rue de Trévise

T ournons-nous vers la rue de Douai. Sur le côté impair de la rue, là où se trouve aujourd’hui la résidence Fontenoy, s’élevait auparavant le mur d’usine de la filature B Wallaert. Celle-ci fut fermée en 1967, cédant la place à la résidence Fontenoy, achevée en 1979.

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Pr o m e n a d e

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4e Rue Montesquieu

À l’angle de la rue de Trévise et de la rue Montesquieu,

se trouvait à la fin du 19e siècle une confiserie-chocolaterie, la maison Thomas qui devint ensuite Donat. En 1965, elle fut victime d’un incendie qui lui fut fatal. La résidence « les Jardins de Montesquieu » fut construite à son emplacement vers 1985 par un promoteur privé. Jusqu’en 1914, la rue Montesquieu allait jusqu’à la rue Buffon (l’actuelle allée de la Filature) et bordait la filature B Wallaert. Suite aux démolitions de la guerre 14-18, Wallaert s’est étendu et a annexé cette rue, absorbé les anciennes filatures Florin qui donnaient sur la rue de Douai. Par la suite, le long de la rue de Trévise, Wallaert a aménagé une salle des fêtes et une cantine.

Sur le trottoir d’en face, entre la rue Montesquieu et la rue de Douai, regardons le bâtiment sur lequel on distingue encore ( relief des lettres retirées il y a peu) « Pneus Michelin ». À la fin du 19e siècle, cet emplacement était occupé par une usine de constructions mécaniques, les établissements Mathelin et Garnier. Son entrée était située rue de Douai. Un entrepôt Michelin a succédé à l’usine. Aujourd’hui, le bâtiment sert encore de dépôt à un commerce de peinture. Côté impair de la rue, se trouve la cour Saint-Louis (26 maisons), encastrée entre la chocolaterie et les maisons de la rue Philippe de Comines. C’est la situation de beaucoup de courées, construites dans les espaces vacants entre les usines ou les bâtiments existants. En face, côté pair, avant 1914, on voyait la cour du Paradis (18 maisons). Elle disparaît après la première guerre.

L’essor démographique

L’industrialisation de Moulins s’est accompagnée d’une explosion démographique. En 1858, la commune comptait environ 8 400 habitants et déjà 40 courées ; l’industrialisation était en cours. En 1900, Moulins, devenu un quartier de Lille, comptait 20 000 habitants et 120 courées.

Prenez la rue Philippe de Comines sur votre droite

5e Rue Philippe de Comines

Au croisement de la rue Philippe de Comines et de la rue Montesquieu, jusqu’en 1989 deux cafés se faisaient face. Ils ont aujourd’hui disparu. Le nombre de cafés à Moulins en 1900 était d’environ 1 pour 90 habitants. On dit qu’ils étaient souvent situés à l’entrée des courées. Avançons à gauche, 100 m dans la rue Philippe de Comines. Sur la droite, du numéro 49 au numéro 55, on a construit vers 2002 une belle résidence LMH de 25 logements sociaux.

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À cet endroit, entre 1920 et 1995, un important bâtiment abritait les œuvres et activités de la paroisse Saint-Vincent-de-Paul : cercle des jeunes, patronage des garçons, JOC (Jeunesse Ouvrière Chrétienne) à partir de 1926, salles de catéchisme, cercles familiaux, etc. Un des vicaires de la paroisse qui s’occupaient des jeunes gens y vivait dans un modeste appartement. Sur le terrain correspondant rue de la Plaine, n° 62-68, là où est installée aujourd’hui l’école maternelle publique Les Moulins, un bâtiment similaire à celui du 55 rue Philippe de Comines accueillait d’autres salles d’œuvres, une salle de spectacle et, au second étage, une chapelle. Entre ces deux bâtiments, s’étendait une belle pelouse qu’on utilisait pour les jeux du patronage des garçons les jeudis, dimanches et pendant les vacances, et pour les démonstrations de la clique et de la gymnastique. C’est aussi dans ces bâtiments et sur la pelouse que se déroulait la fameuse kermesse annuelle qui attirait une grande foule populaire, ceci approximativement entre 1930 et 1970. A cette époque, une porte cochère offrait une sortie de ce terrain rue Montesquieu, à peu près en face de la cour Benjamin et du jardin des Retrouvailles. Ce vaste domaine qui s’étendait entre deux rues a beaucoup marqué la population masculine durant un demi-siècle. Dans la rue Philippe de Comines, on trouvait aussi des maisons « ouvrières » assez basses ; en allant vers la rue de Douai, on remarque que les maisons s’élèvent et s’agrandissent. Elles étaient occupées par des ingénieurs, des cadres, des petits patrons du textile ou de la métallurgie. Ainsi, en 1902, au 71 rue Philippe de Comines, vivait M. Dossche, apparenté à la famille du constructeur mécanique du même nom dont l’usine était située au 103 rue de la Plaine, derrière l’habitation dont il est question ; au 75, vivait M. Lanselle, dont l’entreprise de transformation du bois était située rue de Valenciennes.

Dirigez-vous vers la rue de Douai.

6e Rue de Douai

La rue de Douai est un axe de circulation très ancien à Moulins. Elle devient progressivement, durant le 19 siècle, une rue à la fois e

industrielle et commerçante.

En 1924, elle abandonne son système de numérotation datant probablement du début du 19e siècle. Ce changement rend problématique la localisation de certaines maisons ou entreprises. Vers l’actuel numéro 109 de la rue de Douai, on trouvait au 19e siècle la brasserie Emile Vandame (située au 65 dans l’ancienne numérotation) puis la fabrique de chicorée de Louis Bériot et la cour Bériot (au 67 de l’ancienne numérotation). En face, aux 110-112, se trouvaient l’entreprise Mathelin et Garnier, constructeurs mécaniques (au 94, ancienne numérotation) ; au 114, la maison Déplechin et fils, construction de pompes jusqu’en 1914 (au 96 ancienne numérotation). La famille Déplechin comptait parmi les grandes fortunes lilloises.

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Pr o m e n a d e

7e

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Angle des rues de Douai et de Trévise

À l’angle de ces deux rues (côté impair), on peut remarquer l’entreprise Lagache, fondée en 1886 et transférée rue de Douai en 1920, spécialisée dans

les emballages métalliques. Elle occupait jusqu’il y a peu un atelier donnant aussi rue Jean Jaurès. Aujourd’hui, ce sont des bureaux et des ateliers d’artistes qui lui succèdent. Sur le trottoir côté pair, à l’emplacement de l’agence LMH, se trouvait l’entreprise Wallaert et plus précisément, le logement de 3 directeurs, un local social et le centre d’apprentissage. Avant 1914, c’est aussi à cet endroit que se trouvaient les usines Florin. En face, à l’emplacement de Tibelec (commerce d’articles électriques), se trouvaient au 19e siècle un carrossier nommé Cliquennois puis, au 20e siècle, l’agent automobile Matford. En 1937, une filiale de la maison Crépelle s’est implantée au n° 135. On y faisait le traitement de l’air comprimé. Cette filiale devint indépendante en 1958 et prit le nom de Chaumeca. Le bâtiment, qui allait de la rue de Douai à la rue Jean-Jaurès, est aujourd’hui remplacé par un ensemble de logements. À l’emplacement de la Résidence « les Pierres de Mai » était située l’habitation de la famille Lefebvre, des Peintures Théodore Lefebvre, que les ouvriers appelaient « le Château ». C’était effectivement une très belle demeure.

Le « Château » Théodore Lefebvre, vers 1983. Photo Pascale Diévart.

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À côté, à l’angle de la rue Alain de Lille, on arrive au bâtiment occupé jusqu’en 2007 par les Peintures Théodore Lefebvre, devenues en 2000 Théolaur. Ce bâtiment s’étend jusqu’à la rue Jean Jaurès. La maison Lefebvre était établie à cet endroit depuis 1825. Elle a toujours employé entre 100 et 200 salariés sur ce site. À présent, Théolaur Peintures est installé dans la zone industrielle de Noyelles-lesSeclin. On peut remarquer que les 3 entreprises dont on vient de parler (Lagache, Chaumeca, Lefebvre) occupaient presque tout le terrain entre les rues de Douai et Jean Jaurès. Nous apercevons au fond de la rue le métro aérien construit entre 1984 et 1989 sur l’emprise du train de ceinture, qui reliait la gare Saint-Sauveur aux usines situées sur les boulevards jusqu’au port fluvial. Au coin du boulevard de Belfort, il existait un 2e bâtiment Wallaert construit en 1894. Ce site fut fermé en 1954. Il est alors devenu dépôt de produits pharmaceutiques, avant d’être réhabilité en bureaux en 1984. Au 107 rue de Douai, (ancienne numérotation qui nous porte au-delà du boulevard de Belfort, à l’emplacement du lycée Gaston Berger) vers 1840 fut construite l’une des premières usines métallurgiques de Moulins, l’entreprise Windsor d’origine anglaise, comme son nom le laisse deviner. Cette entreprise fabriquait des machines pour la filature du lin, du chanvre, du coton, de la soie et de la laine, ainsi que des machines-outils. Cette usine disparaîtra vers 1860, lors de l’édification des nouvelles fortifications. Approximativement en face de Windsor, aux 108-110 ancienne numérotation, il existait un fabricant de filtres pour huiles, l’entreprise Delos, en activité en 1907, reconvertie par la suite en garage, en activité en 1939.

Engagez-vous dans la rue Alain de Lille.

8e Rue Alain de Lille

F

ace au bâtiment Théodore Lefebvre, remarquons les trois petites rues parallèles qui relient le boulevard de Belfort à la rue Alain de Lille : les rues du Havre, de Rouen et de Nantes. Chacune compte de 20 à 30 maisons. C’est en 1865 que le conseil municipal prête deux millions de francs à une société immobilière et lui accorde deux terrains. À partir de 1868, la Société Immobilière de Lille construit plus de 200 petites maisons ici et rue Albert Samain, rue de Marseille et rue de Lyon. Ces habitations seront vendues à leurs occupants avec des facilités de paiement, ceci dès 1890 pour 90% d’entre elles. Par comparaison Alain de Lille avec les courées, ces maisons offraient l’avantage Né en 1114 à Lille, Alain de de donner sur une rue et de posséder à l’arrière un Lille fut un des plus grands petit espace jardin. Cette première tentative pour penseurs du 12e siècle : éviter de construire des courées à l’intention des philosophe et théologien. Il fut aussi recteur de l’Université de ouvriers, est à noter. Paris.

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1 9e À l’angle de la rue Jean Jaurès

Pr o m e n a d e

Devant vous, le café « Kitch », anciennement dénommé « de l’Arsenal » en souvenir du terrain militaire des rues Desaix et

Kellerman qui occupait l’emplacement actuel de l’hôpital Saint-Vincent. En face de la rue Kellerman, de l’autre côté du bd de Belfort, sur le jardin actuel des Dix-huit Ponts, se trouvait au moment de la guerre 14-18 la casemate des Dix-huit Ponts qui a explosé pendant l’occupation allemande, le 11 janvier 1916. Cette explosion a causé la mort de plus de 100 civils et 26 soldats allemands. Elle a provoqué des dégâts considérables dans le quartier, et même au-delà, dans la ville de Lille. Ce fut une terrible catastrophe qui marque encore la mémoire des Lillois.

Après l’explosion de la casemate des Dix-huit Ponts, les usines Wallaert de la rue JeanJaurès à gauche, et Le Blan de la rue de Trévise, à droite, 1916. Carte postale, collection Jean Caniot.

Remontez la rue Jean Jaurès en direction du centre de Lille

10e Rue Jean Jaurès

Rue Jean Jaurès, entre la rue Desaix et la rue de Trévise, vous pouvez voir ce qui fut autrefois l’usine Wallaert-Desaix. C’est la 3e

implantation de la firme Wallaert Frères dont nous parlons au cours de cette promenade. Constatons l’importance de cette maison à Moulins. Cette entreprise produisait le fil connu sous le nom « Au Louis d’or ». Elle comprend ici deux bâtiments distincts, l’un construit en 1898, l’autre en 1906 : ces dates figurent en médaillon

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au fronton des deux bâtiments. Le site industriel comporte principalement à droite la filature A du groupe Wallaert et à gauche, une retorderie. Vers 1950, dans la cave de la retorderie, on installait l’atelier qui commençait à produire le nylon, une nouveauté historique ! L’usine faisait travailler 1000 ouvriers en 1950, 700 en 1953. Elle a été reprise en 1970 par Dolfus-Mieg, et fermée en 1982. L’entrée unique de cette usine se trouvait à l’angle de la rue Desaix, près de la conciergerie et de l’infirmerie, bâtiments distincts de l’usine elle-même. C’est là aussi que fut ouverte en 1968 la salle de réunion syndicale : ce fut un des résultats de l’importante grève nationale de mai 1968. Cette usine a été magnifiquement réhabilitée en 1982 et 1985. L’entrée se trouve maintenant au milieu du bâtiment, rue Jean Jaurès. A présent, on trouve différents bureaux dans la partie de droite où était la filature ; dans la partie de gauche, on a placé l’I.R.A., Institut Régional d’Administration, et derrière l’I.R.A., on a aménagé des logements dont l’accès se trouve rue de Trévise. On peut noter les ingénieuses transformations de l’intérieur de la filature pour l’installation des bureaux : puits de lumière central ; pour l’I.R.A., on a aménagé un encorbellement extérieur pour y construire un bel amphithéâtre.

L’usine Wallaert, rue Jean-Jaurès, en cours de réhabilitation, vers 1983. Photo Pascale Diévart.

En face de l’usine Wallaert, on voit la partie arrière des bâtiments de Théodore Lefebvre et ensuite l’immeuble d’appartements construits en 2009 à l’emplacement de l’entrée des marchandises de Chaumeca dont les bureaux se trouvaient rue de Douai. Entre Chaumeca et la partie arrière du bâtiment Lagache (à l’angle de la rue de Douai), on aperçoit 3 courées d’une ou deux rangées de maisons : la cour Delva, la cour Vandenabelle et la cour Crombet ; celle-ci, la plus grande des trois, compte 16 maisons. Comme beaucoup d’autres, ces courées sont bien calées entre les usines.

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11e

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Au croisement de la rue Jean Jaurès et de la rue de Trévise

A

u bord de la rue Jean Jaurès, côté gauche pair, on voit le commerce des peintures Delevoye. A l’emplacement des HLM construits en 1972-73, se trouvait une importante robinetterie industrielle, appelée Cocart puis Crane (voir promenade 6). Tournez à droite, rue de Trévise

12e Rue de Trévise

C

ôté pair, derrière les logements qui sont en front de rue, repérons un des bâtiments des Filatures et Filteries de France, les 3 F, que nous retrouverons rue de Valenciennes. Ce bâtiment a été réhabilité en logements HLM pour la SNCF dans les années 1980. A côté de ce bâtiment, il y avait dans les années 50 un tôlier nommé Hermain, au n°82. Côté impair, se trouvent 2 courées, la cour Mathurin puis la cour Moderne. Elles ont été réhabilitées vers 1980. Certaines maisons ont alors été regroupées par 2. la Cour Moderne, en 1999. Photo : Jean Caniot.

Ensuite, une porte cochère donne accès aux appartements qui occupent une petite partie de Wallaert-Desaix réhabilité. Puis on arrive aux établissements Le Blan et Cie , filature de coton établie à cet endroit en 1888 par Julien Le Blan. Il avait décidé, avec son parent Paul Le Blan, de se répartir la matière qu’ils travailleraient : Paul prenait le lin, lui le coton. Cet établissement comportait plusieurs bâtiments : d’abord du n° 59 au n° 63, il y avait un tissage, une filature et une bibliothèque, puis, au n° 79, une infirmerie et des bureaux ; l’entreprise s’étendait jusqu’à la rue Desaix près de l’ancien Arsenal. L’usine a fermé dans les années 70. C’est l’Établissement Français du Sang qui occupe à présent les lieux. Un peu plus loin, se trouvait un des dépôts de la maison Pierchon, spécialisée dans les transports.

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13e En face, au n°84

E

n face, au n°84, s’élève le grand bâtiment de la retorderie Le Blan et Cie qui a été transformé en immeuble de bureaux et abrite aujourd’hui l’Institut d’Etudes Politiques (I.E.P.) qui accueille plus de 1000 étudiants de différentes nationalités ; son développement va provoquer son déménagement vers un bâtiment plus vaste.

Nous arrêtons ici notre première promenade. Nous pouvons déjà retenir quelques traits caractéristiques du quartier : premièrement, l’importance des entreprises très proches les unes des autres, les Le Blan et les Wallaert, Chaumeca et Théodore Lefebvre… ; elles constituent un tissu industriel très dense et emploient au 20e siècle des milliers d’ouvrières et d’ouvriers ; deuxièmement, l’habitat ouvrier, notamment dans les courées qui jouxtent les usines. Cette concentration industrielle, avec toutes ses conséquences utiles ou néfastes pour les familles ouvrières, est une donnée spécifique du quartier.

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RUE DE WAZEMMES

RUE DE SECLIN

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RU ED ’AR RA S

RUE MONGE

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RU E

LO UI S

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RU ED ’AR RA S

PLACE VANHOENACKER

BD DE STRASBOU RG

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RUE D’AVESNES RUE LAMART INE

RUE D'ARTOIS

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RUE DE WATTIGNIES

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BD D’ALSACE

PLACE JACQUES FEBVRIER

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RUE D’A RRA S

RUE DU BAS JA RDIN

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2 Un riche

Pr o m e n a d e RU E

DE

DO UA I

patrimoine industriel N

ous allons circuler dans le secteur ouest de notre quartier,

c’est-à-dire entre la rue d’Arras et la rue d’Artois. Il s’y trouvait, comme dans le secteur est, beaucoup d’usines, mais toutes ont disparu ; bien des courées ont également été démolies. La physionomie de ce secteur est donc profondément transformée. Posons-nous la question : mais que reste-t-il de l’industrie des 19e et 20e siècles ?

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2 1e Place Jacques Febvrier

Pr o m e n a d e

N ous sommes place Jacques Febvrier. Qui était ce monsieur ? C’est lui qui fonda le premier une fabrique de faïence à Lille en 1696 ; sa production était très renommée.

En nous tournant vers la rue d’Artois, nous voyons à droite le Centre de la Petite Enfance portant le nom d’Albert Debacker, qui a été aménagé à cet endroit un peu avant 2000. Albert Debacker fut un militant social et politique, actif et influent à Moulins et dans la ville durant la deuxième moitié du 20e siècle. Derrière le Centre de la Petite Enfance, nous voyons le grand immeuble d’appartements bâti par un promoteur privé vers 1985. Auparavant, dès 1872, avait été construit sur cet îlot (jusqu’à la rue d’Arras), l’atelier n°2 de la grande métallurgie Dujardin. Cet établissement avait débuté au milieu du 19e siècle rue d’Artois, à l’angle de la rue Brûle-Maison (aujourd’hui, la Caisse d’Allocations Familiales); plus tard, vers 1930, Dujardin construisait l’atelier n°3 à l’emplacement de la menuiserie Lapeyre, bd d’Alsace. Cet ensemble industriel produisait d’importantes machines dans le même secteur d’activités que Crépelle et FivesCail : compresseurs, moteurs de bateaux, etc. Fives-Cail reprendra d’ailleurs la maison Dujardin en 1987.

L’atelier n°2 Dujardin, place Jacques Febvrier. Collection particulière.

Depuis environ 1985, toute l’entreprise sous le nom de Dujardin a été regroupée sur la zone de Seclin où elle n’emploie plus alors que 290 salariés environ. Dans les ateliers n° 2 et 3, en 1965, travaillaient 1400 métallos. Divers syndicats, CFDT et CGT, CFTC et FO, étaient alors très actifs dans cette firme. Dans le quartier de Moulins, la présence des ouvriers Dujardin a beaucoup marqué les habitants des rues avoisinantes : allers et venues, bruit des machines, surtout lors des pannes des silencieux et aussi pendant les grèves.

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2e Rue Louis Bergot

N

ous entrons dans la rue Louis Bergot. Jadis, elle portait le nom « rue de Carvin ». Louis Bergot (1852-1936) fut un peigneur de lin président du conseil des Prudhommes, président fondateur de la Coopérative « l’Avenir » (qui fut intégrée dans l’Union de Lille), fondateur du syndicat textile et fondateur de la section lilloise du Parti Ouvrier Français (qui deviendra la SFI0 en 1905). Autant dire que Louis Bergot fut un militant ouvrier très actif et très apprécié de ses compagnons. Il fut encore conseiller municipal de 1896 à 1908, sous le mandat du maire lillois Gustave Delory. Louis Bergot vivait rue de Carvin, cette rue prit donc son nom en 1937, quelques mois après sa mort.

3e Place Vanhœnacker

N ous arrivons place Vanhœnacker, longtemps appelée place de Condé. Vanhœnacker fut le premier maire de Lille pendant la Révolution Française. On a donné son nom à cette place en 1882. Approchons-nous du magasin Match situé rue d’Arras. Ce magasin a été construit à l’emplacement de l’Union de Lille dont on a seulement sauvegardé la façade.

L’Union de Lille a connu une longue et belle histoire qui demande à être retracée. Il importe d’abord de rappeler que durant la 2e moitié du 19e siècle, la classe ouvrière de Lille a connu une très grande misère : les salaires sont insuffisants, des crises économiques à répétition engendrent des périodes de chômage. Face à cette situation douloureuse, la solidarité se développe dans les usines et les courées, ce qui se concrétise dans la naissance des coopératives, la fondation des syndicats, le progrès des courants politiques. Jules Guesde nourrit ce mouvement dans les années 1880 en diffusant les idées marxistes. Ainsi, en 1892, est fondée rue Massillon, sur le côté de l’ancienne église, une boulangerie coopérative ouvrière. Au début, les cotisants de cette coopérative n’étaient que 50 ; en 1900, ils étaient 5 000 (sans doute de tout le Lille ouvrier). La coopérative put alors acheter le terrain situé en face de nous et fit bâtir en 1902 l’Union de Lille. L’Union comportait en façade, sur différents étages, une mercerie, une épicerie, une boulangerie (ces 3 commerces correspondent aux besoins premiers des travailleurs : pain, alimentation, vêtements), un grand café (on voit encore l’inscription « Café de l’Union » sur la façade au-dessus du rez-de-chaussée), une bibliothèque, une imprimerie, des salles de réunion (syndicat, parti), une salle de gymnastique. Tous les commerces étaient constitués en coopératives ouvrières et leurs bénéfices étaient reversés au syndicat CGT qui venait de naître et au Parti Ouvrier Français.

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L’Union de Lille, collection Jean Caniot.

Derrière ce premier bâtiment, une cour intérieure pouvait accueillir une vingtaine de voitures hippomobiles, utilisées pour la livraison du pain ; elle donnait sur une immense salle de spectacle de 1 000 places ; deux galeries faisaient le tour de la salle aux 1er et au 2nd étages. Une coupole verrière de 10 m de diamètre couronnait la salle. L’atelier de la boulangerie se trouvait à droite de la salle de spectacle, au fond de la cour. Cette salle de spectacle a rassemblé des meetings syndicaux ou politiques. On a y joué des opéras (Faust), des opérettes ; on dit aussi que dans les années 1920, le père d’Edith Piaf y a donné des intermèdes d’acrobatie durant les séances populaires. A partir de 1930 jusqu’en 1968, ce fut le cinéma le plus populaire de Moulins où l’on se retrouvait pour plusieurs séances en fin de semaine. Il y avait en effet deux séances le samedi après-midi et soir et trois séances le dimanche. On peut regretter qu’il ne reste de ce temple du socialisme que la façade.

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Ce qu’on appelait l’Union de Lille comportait cet ensemble d’institutions ou groupements : les coopératives ouvrières, le syndicat, le parti et les deux bâtiments. Son histoire est fortement liée à celle du mouvement socialiste qui a marqué Lille et toute la France. Un événement marquant de cette époque et de l’élan socialiste naissant fut l’élection, grâce aux voix de Moulins et de Wazemmes, de Paul Lafargue, gendre de Karl Marx et premier député socialiste de Lille en 1891. D’autre part, l’Union de Lille, grâce à l’ampleur de ses locaux, put accueillir des réunions et congrès régionaux et nationaux des coopératives, du syndicat et du parti politique. Comme événement emblématique de cette histoire, rappelons le lancement du chant populaire « L’Internationale ». En 1888, Gustave Delory, responsable politique donne à Pierre Degeyter un livret de poèmes écrits durant la Commune de Paris dans lequel figurait le texte de l’Internationale. Il demanda à Pierre qui avait acquis dans les cours du soir quelques connaissances musicales, de composer une mélodie pour ce texte. Pierre Degeyter travaillait dans la métallurgie Parent à Fives Lille et habitait dans une petite maison au n°17 rue Courmont, à 100 m d’ici. Il écrivit la musique de « l’Internationale » qui fut chantée la première fois en juillet 1888 par une chorale socialiste dans le café « La Liberté » rue de la Vignette, dans le quartier Saint-Sauveur.

L’Union de Lille, la cour intérieure. Carte postale.

Tournons le dos à l’Union et regardons la place. Celle-ci a été dessinée dans les années 1870. A son emplacement se trouvait alors un embryon de place entouré de deux courées et de quelques maisons. L’une de ces courées était au n°130 sur la droite de la place, la cour Delmotte, et au n°142, sur la gauche, on trouvait la cour Raoust. Ces dernières maisons et ces deux courées ont été détruites en 1867. Au fond de la place, on aperçoit une belle rangée de maisons qui datent des années 1870. Au milieu de cette façade, une porte cochère ouvre sur une petite cour de 3 maisons qui semble ne pas avoir reçu de nom. A droite, à l’emplacement de la Caisse d’Épargne, il y avait un magasin de jouets, mercerie, articles ménagers, etc…Un vrai bazar. D’ailleurs, on appelait ce commerçant (Henri Dallenne) « l’homme du bazar », et sa fille, « la fille du bazar ». Vers 1930, Henri Dallenne avait fondé avec quelques amateurs une compagnie théâtrale, « la compagnie Henri Dallenne », qui connut un grand succès à Lille et dans la région jusqu’en 1963. Henri Dallenne avait composé lui-même de nombreux sketchs qui retraçaient la vie quotidienne du monde populaire.

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2 4e Rue Lamartine

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artons vers la rue Lamartine. Nous arrivons à des îlots tout à fait typiques de l’habitat et de l’industrie de Moulins, durant la 2e moitié du 19e siècle et tout le 20e siècle. Les premières courées ont fait leur apparition avant même l’industrialisation du quartier, alors que Moulins Lille n’est encore qu’un village. La plus ancienne identifée à ce jour est la cour Bréart (1772) qui existe encore au n°90 rue de Douai. L’idée de bâtir des courées est peut-être venue du Lille ancien, où elles s’étaient développées dès le début du 16e siècle. Le démarrage à Moulins de ce type d’habitat a été lent, puisque la commune ne comptait que 11 courées en 1844, pour 4 417 habitants. En 1911, au plus fort de sa densité démographique, on dénombrait 129 courées pour une population de 26 794 habitants.

Commençons par une courée atypique n° 29-31 rue Lamartine, à droite : la cour Brunchwyck. Sa configuration est curieuse : elle se situe derrière un bâtiment situé en front de rue, et comporte une rangée de 6 maisons parallèles à la rue Lamartine.

5e Rue Monge

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vançons de quelques mètres : à gauche, nous entrons dans la rue Monge. De chaque côté de la rue ouverte en 1861, il y avait 3 courées parallèles. Côté gauche, adossées à la rue Montaigne : la cour Despinoy, la cour Débil ou Lecour (celle-ci est la seule qui subsiste aujourd’hui) et la cour Bailleul. En face, en direction de la rue d’Avesnes et là où se trouve aujourd’hui le Jardin des Olieux, 3 cours avaient été construites en 1867 par le filateur Baxter-Drummond et Cie. Elles ont pris par la suite les noms de cour Navarre, cité Martin, cour Bardoel. Elles étaient aussi ouvertes sur la rue d’Avesnes. En 1914, elles comptaient 56 maisons, 59 ménages, 300 habitants. La cour Bailleul était la plus étroite, elle ressemblait à un couloir ; 32 ménages y vivaient, ce qui faisait beaucoup de jeunes et d’enfants. On l’appelait la cour des Miracles ! Pour l’aérer un peu, une rangée de cette courée a été détruite dans les années 1960. Devenues insalubres, les 3 courées Baxter ont été détruites au début des années 1990. En 1994, à leur emplacement et entre la rue Monge et la rue d’Avesnes, a été aménagé le jardin des Olieux (nom des ouvriers des « tordoirs » qui produisaient de l’huile Schéma au 19e siècle). représentant les courées composant la cité Baxter, dans les années 80.

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Dans la rue Monge, il y avait au moins 3 magasins d’alimentation : un boulanger, un café, un marchand de vins et alcools, avec possibilité de dégustation. Dans les rues avoisinantes toutes proches (rue Montaigne, rue Lamartine, rue d’Avesnes, rue de Wattignies) il y avait encore au moins 6 courées. À la fin du 19e siècle, l’ensemble de toutes ces courées abritaient plus d’un millier d’habitants, presque tous ouvriers et qui travaillaient dans les usines alentour que nous allons évoquer. C’était donc une masse ouvrière active, très vivante, entassée dans de nombreux petits logements et qui donnaient une grande animation au quartier. Une usine désaffectée, à l’angle des rues Monge et de Seclin, 1984. Photo Pascale Diévart.

6e Vers la rue d’Artois

N ous traversons la rue de Seclin. Près de la rue d’Artois, sur le trottoir de gauche, se trouvaient le cercle des jeunes et le patronage de la Paroisse

Saint-Joseph. Rue d’Artois, on trouvait l’école privée Saint-Joseph. Nous prenons la rue d’Artois en direction de l’église Saint-Michel. Sur le trottoir de droite (numéros impairs), depuis 1995 environ, on voit l’EFAS (Ecole de Formation des Animateurs Sociaux). Cette école se situe sur l’emplacement de l’ancienne usine GeigerAvot, qui occupait à peu près tout l’îlot. Cette usine fabriquait des « buissettes » ou fuseaux en carton pour les usines textiles. Elle avait aussi une sortie rue d’Avesnes, au n° 8 bis. En face, en approchant du bd Victor Hugo, on voit le grand ensemble scolaire Arago. Les entrées des écoles primaire et maternelle se situent bd Victor Hugo.

Empruntons à droite le bd Victor Hugo jusqu’à la rue de Seclin où nous entrons.

7e Rue de Seclin

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a première partie de cette rue fut habitée par des patrons du quartier : Thieffry, Debrabant, G. Dalle, Vandenbussche. On retrouvera ces noms par la suite. On remarque les balcons et les décorations des façades, les portes cochères. 25


2 8e Rue d’Avesnes

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À l’angle de la rue de Seclin et de la rue d’Avesnes que nous empruntons en tournant à gauche, on peut encore deviner, peinte sur les murs, cette

inscription « Meubles Coucke », ce qui semble indiquer que, dans la seconde partie du 20e siècle, ce local assez vaste servit de dépôt pour ce marchand de meubles installé alors rue d’Arras. Nous sommes rue d’Avesnes. Sur le côté droit (n° pairs), débouchaient les trois courées parallèles Bardoel, Martin et Navarre dont nous avons déjà parlé ; elles sont maintenant remplacées par le Jardin des Olieux. Au n° 16, au 20e siècle, se trouvait la petite confiserie de M. Leprêtre.

L’entrée de la cité Navarre, rue d’Avesnes, et son café. 1983. Photo P. Diévart.

9e A l’angle de la rue d’Avesnes et de la rue Lamartine

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ous arrivons à l’un des endroits de Moulins les plus riches en activités industrielles diverses : le quadrilatère compris entre les rues d’Avesnes, Lamartine, Wazemmes et Wattignies, là où s’élève maintenant la Résidence du Soleil Intérieur. Pour mieux apprécier l’importance de cet îlot, continuons rue d’Avesnes. C’est de ce coin que nous aurons la meilleure perspective sur l’ensemble des bâtiments actuels. Chemin faisant, sur la droite, nous côtoyons le jardin communautaire en cours de plantation. Il correspond aux anciennes cours Verstraete et Lambert. 26


10e Au coin de la rue d’Avesnes et de la rue de Wattignies.

N ous avons devant nous la Place du Carnaval (lieu de fêtes et de rassemblements du quartier). Nous voyons ensuite à l’angle des rues de

Wattignies et de Wazemmes une partie des immeubles blancs appelés maisons de ville ; la seconde partie se trouve à notre gauche, à l’angle de la rue d’Avesnes et de Lamartine où nous venons de passer. Enfin, entre ces deux ensembles blancs, on peut apercevoir un autre immeuble de briques rouges, à l’angle des rues Lamartine et Wazemmes : on l’appelle résidence des Ecoles et elle date environ de 1990. Les maisons de ville, elles, ont été ouvertes au début du 21e siècle. Pendant un siècle et demi, cet îlot très étendu fut couvert d’usines qui ont connu divers propriétaires et des affectations variées. L’industrialisation a commencé, semble-t-il, vers 1848 rue de Wattignies avec la filature de lin Dequoy (il y avait aussi au 19e siècle une cité Dequoy rue de Wattignies) ; vers 1870, le quadrilatère était devenu la propriété de l’Union linière de Lille. En 1877, la tannerie-corroirie des Moulins occupe une partie de ce terrain, au n° 19 bis rue d’Avesnes et rue de Wattignies. Lui succèderont, entre les deux guerres, l’ébénisterie Dariosec et enfin le fabricant de lampes électriques Mazda, de 1960 à 1990 environ. Traversons en biais la Place du Carnaval pour rejoindre la rue du P’tit D’siré (nom du géant de Moulins), qui nous conduit dans la rue Lamartine à mi-chemin de la rue d’Avesnes et de la rue de Wazemmes. Sur cet emplacement, situé de part et d’autre de la rue du P’tit D’siré, en 1905, Wicart achète un bâtiment de 6 000 m2 et il y installe un tissage de coton. En 1927, la maison passe aux mains de M. Thieffry ; jusque 1940, il emploie 120 ouvriers et fabrique du linge fantaisie. La production cesse en 1957 et une partie des locaux est alors louée à M. Wallaert et à d’autres, puis à M. Paul Dufour d’Armentières qui y tient un négoce de textile jusqu’en 1992. Dans la seconde partie du 20e siècle, s’était installée dans des locaux laissés libres la firme Méo, torréfaction de café. En face, aux n° 8-10 rue Lamartine, se trouvaient les établissements Debrabant, commerce de grains et de mélasse pour animaux. À l’angle de la rue Lamartine et de la rue de Wazemmes, dans l’ancien local de l’ASPTT, devenu en 2009 la salle municipale Maryvonne Dupureur (pôle d’excellence boxe) se trouvait dans la première partie du 20e siècle l’importante chaudronnerie Villette (moteurs de bateaux, chaudières, etc).

11e Rue de Wazemmes

E mpruntons à droite la rue de Wazemmes ; après la guerre de 1914-18, aux n° 33-35, prospère le carrossier Vandenbussche (à cet emplacement

aujourd’hui, la Résidence des Ecoles, construite vers 1990). 100 ouvriers assemblaient des voitures, destinées, entre autres, aux industriels de Moulins. Après 1945, le personnel se réduit à 25 ouvriers car la production a beaucoup évolué ; la maison ferme en 1980. Plus loin, aux n° 29-31, au 20e siècle, existait une autre chaudronnerie, Landouzy, toujours présente en 1967. On y fabriquait notamment du matériel pour brasseries. Au cours du dernier tiers du 20e siècle, rue de Wattignies près de la rue de Wazemmes, se trouvait un dépôt ou un atelier du marchand de meubles Coucke.

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Au début des années 1990, de cet immense terrain (140 m de côté environ) que nous avons contourné et traversé, il ne restait qu’une cheminée et quelques bâtiments inoccupés qui devinrent un moment un repaire de drogués. La friche industrielle a été rasée en 1992. La cheminée a résisté un instant aux démolisseurs ; elle était solide et on dut s’y prendre à plusieurs fois pour la mettre à bas, sous le regard amusé des passants. Rendons-nous rue de Wazemmes, au n° 24. On peut remarquer la façade en bois de la maison de style néo-classique du 18e siècle. En face, après la rue de Wattignies, au n° 23, dès les années 1920, il y eut le cinéma « Omnia Pathé » devenu ensuite « le Marivaux », salle populaire à Moulins, fermé vers 1968. De 1973 à 1985, le théâtre le Prato s’est produit dans ce local qui ensuite a cédé la place aux HLM construits à cette époque. Il s’est alors établi dans l’ancienne filature Paul Le Blan, à côté de la médiathèque.

12e Rue de Wattignies

A vançons à gauche rue de Wattignies en direction du bd Victor Hugo. Au n°10, nous voyons une cour qui paraît très ancienne : c’est la cour Vanlaton qui fut construite sans doute en 1876 ; ce qui frappe, c’est son niveau - 30 cm en-dessous du niveau de la rue - ainsi que l’aspect particulièrement vétuste de la maison sise front à rue. La courée compte environ 15 maisons. Quelques-unes d’entre elles ont été réunies par deux.

13e Rue de Wazemmes

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evenons rue de Wazemmes. Au n°14 bis, on peut reconnaître aux grilles des fenêtres et à la fente de la boîte aux lettres l’ancienne Poste ouverte au public de 1848 à 1978.

14e Rue du Bas Jardin

C ontinuons de ce pas et entrons rue du Bas Jardin, une rue ancienne de Moulins qui se prolongeait jadis jusqu’aux anciennes fortifications. Aux n° 13-

15, l’entreprise Tampleu y fabriquait des machines-outils, tours, poinçons et de la quincaillerie (voir promenade 6). En face, au n°10, de 1884 à 1912, il y eut la biscuiterie Geslot, un bâtiment imposant. Elle fut transférée à Ronchin en 1912 après l’incendie qui l’avait détruite. En 1950, s’est installée à cet emplacement une maison de « confection lilloise ouvrière ». Aujourd’hui, ce bâtiment est occupé par le club de prévention Itinéraires.

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Cette deuxième promenade s’achève. Les bâtiments industriels que nous venons de voir sont les seuls qui subsistent. Et pourtant, de la métallurgie Dujardin au terrain de l’Union Linière, en passant par l’Union de Lille et les nombreuses courées, quelle activité, quelle vitalité ! Il est nécessaire que le souvenir soit nourri par l’histoire et l’imagination pour reconstituer l’existence de ces siècles laborieux.

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principales rues de Moulins depuis des siècles. Elles ont donc concentré sur leur tracé beaucoup des entreprises industrielles de moyenne importance, de nombreux commerces et des courées plus ou moins grandes. Nous verrons que progressivement, au cours du 20e siècle, la physionomie de ces rues s’est trouvée grandement transformée, beaucoup des anciennes entreprises ou maisons ont disparu pour laisser place à de nouveaux ensembles.

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3 1e Rue d’Arras

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n entrant dans la rue d’Arras, à partir du boulevard d’Alsace, nous avons sur notre droite l’ancienne menuiserie Lapeyre où sera prochainement construit un collège ; à gauche, une vaste résidence construite en briques rouges. Ces deux emplacements étaient antérieurement occupés par l’usine n° 2, à gauche, et l’usine n°3, à droite, de l’entreprise métallurgique Dujardin. L’usine n°2 avait été construite en 1872 et l’usine n°3 vers 1930. Elles produisaient essentiellement de la grosse métallurgie : compresseurs, moteurs de bateaux, etc. (voir promenade 2).

Le début de la rue d’Arras, en 1914, avant la construction de l’usine Dujardin (emplacement de Lapeyre). Carte postale, collection J.-M. Lenglos.

Juste dans la dernière partie du bâtiment qui fut la menuiserie Lapeyre, existait une cité qui s’appelait la Cité Gisclon. Elle comptait 41 maisons. Cette cité faisait suite à une fabrique de pipes qui avait été rachetée par la famille Gisclon en 1848. Mais peu après 1880, M. Auguste Gisclon, malade, a cessé la production de pipes. Il a fermé son usine en 1883 et transformé le bâtiment en logements populaires. La cité a été habitée à partir de 1885 et démolie en grande partie lors du bombardement du 22 juin 1944.

Nous progressons vers la place Vanhœnacker dont nous avons déjà parlé.

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2e Rue d’Arras, angle de la rue Courmont

S ur notre droite, se trouve l’imposant « Château Courmont » qui abrite aujourd’hui la mairie de quartier de Moulins. Cette belle

construction date de 1870. Elle a été longtemps habitée par la famille Courmont qui possédait une filature qui s’étendait entre la rue de Thumesnil et cette maison de la rue d’Arras. Au bord de la rue Courmont, au n°2, tout contre la mairie de quartier, se trouve la salle municipale Courmont qui faisait partie de la filature et qui aujourd’hui est utilisée pour de nombreuses réunions (fêtes, banquets, assemblées publiques, expositions…). C’est une belle salle typique de celles qui constituaient jadis les filatures. Rappelons que Match, situé un peu plus loin sur notre droite, était auparavant le grand bâtiment de l’Union de Lille (voir promenade 2).

3e À partir du n°188-184 rue d’Arras

N ous poursuivons notre chemin rue d’Arras. Sur le trottoir d’en face, au n° 188-184, observons cette résidence récemment réhabilitée dont la

façade a été sauvegardée. Elle abritait autrefois une droguerie, l’école privée maternelle des Saints-Anges et le centre de soins des Filles de la Charité. Déjà en 1852, les dames franciscaines ouvraient ici un asile payant. Le centre de soins était situé à l’actuel n° 184 de la rue d’Arras. Au n°180, il y avait la cour Boutemy (12 maisons, au 19e siècle, elle portait le nom « vieille cour Déjardin ») puis au n°170, la cour Decourtray (11 maisons), toutes deux s’étendaient jusqu’à la rue de Wattignies. Ces courées ont été aménagées au cours de la deuxième moitié du 19e siècle et ont disparu dans les années 1980. Ensuite, en 1950, se trouvait au n°166 un petit atelier de tissage appartenant à M. Delobal. Au n°164, on voyait une poissonnerie dont les eaux nauséabondes s’écoulaient dans la rigole de la petite cour voisine : la cour Bonhomme (5 maisons). Aujourd’hui, tout cet espace, du n°182 au transformateur EDF, est occupé par un commerce de pièces détachées. De l’autre côté, entre les n° 197 et 199, c’est-à-dire 10 m après le bâtiment de l’Union, il y avait une petite cour appelée d’abord Duburcq et ensuite cour du Marin. Elle ne comptait que 4 maisons. Celles-ci et tous les commerces qui allaient jusqu’à la rue de la Plaine (2 bouchers, 2 fleuristes, 1 garage, etc) ont été démolis vers l’an 2000, pour céder la place à un grand ensemble d’appartements.

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4e Entre la rue de la Plaine et la rue Auguste Bonte

D

épassons la rue de la Plaine. Entre celle-ci et la rue Auguste Bonte, nous apercevons la façade latérale du grand bâtiment de l’ARELI qui accueille des travailleurs migrants ; une partie du bâtiment abrite aujourd’hui une association qui reçoit des familles en difficulté. L’entrée principale de ce bâtiment se trouve au n° 8, rue Auguste Bonte. Au 19e siècle, il y avait là une importante fabrique de chicorée appartenant à M. Haquet puis à M. Verley, jusqu’en 1950. À l’époque de M. Verley, cette chicorée était commercialisée sous le nom de « la Sans Rivale ». La rue d’Arras, côté pair, comptait au 19e siècle une autre fabrique de chicorée, exploitée par M.Parsy et disparue sans doute vers la fin du 19e siècle. Il faut se souvenir ici qu’à cette époque, les ouvriers buvaient plus de chicorée que de café, en raison de son coût, plus accessible. L’usine Verley désaffectée vers 1950 a été mise en location comme logements pour des travailleurs sénégalais. Devenue insalubre, elle a été démolie vers 1970 puis reconstruite. À côté de la façade latérale de l’ARELI, on peut voir plusieurs petites maisons rurales qui pourraient dater des environs de 1800.

5e Au niveau de la rue d’Avesnes

L a rue d’Avesnes, entre la rue de Wattignies et la rue d’Arras, n’a été percée qu’en 1890. Auparavant, cet emplacement était occupé par deux

courées assez grandes, adossées l’une à l’autre : la cour à Singes et la nouvelle cour Déjardin, comptant chacune 18 maisons.

La nouvelle cour Déjardin, 1983. Photo P. Diévart.

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La cour à Singes et la nouvelle cour Déjardin s’ouvraient toutes deux sur la rue de Wattignies et la rue d’Arras. Quand fut ouverte la rue d’Avesnes jusqu’à la rue d’Arras, après 1891, la cour à Singes fut réduite à quelques maisons et la cour Déjardin resta intacte. Celle-ci fut ensuite démolie dans les années 1990 pour laisser la place à la résidence HLM des Moulins qui à présent forme un ilôt rue d’Arras, rue de Wazemmes, rue de Wattignies et rue d’Avesnes.

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La Cour à Singes, 94 rue d’Arras, d’après des plans de 1872 (environ) et 1891.

En face de cette résidence, au n° 117, jusqu’en 2007, il y avait le local d’une ancienne épicerie ayant appartenu à M. Roussel. Derrière cette épicerie, se trouve une petite cour de quelques maisons auparavant desservie par un couloir. L’épicerie a été détruite fin 2007. C’est alors qu’on a découvert dans sa charpente une ancienne aile de moulin. On voit ensuite un bâtiment assez important qui fut une boulangerie jusqu’en 2005. Puis s’impose à notre regard un vaste bâtiment neuf, résidence étudiante tenue par le CROUS. Auparavant, cet emplacement était occupé par le grand magasin de meubles Coucke, fermé depuis fin 1996. Ce commerce s’étendait sur un espace qui allait jusqu’à près de cent mètres, à la limite de l’école privée Saint-Joseph.

6e Au niveau de la rue de Fontenoy

N ous arrivons à la rue de Fontenoy. A l’angle de cette rue, on voit une maison récemment rénovée dans une petite maison rurale. Sur sa toiture, deux types différents de tuiles : celles du haut sont des tuiles flamandes.

Un peu plus loin, aux n° 57-55, on repère une façade entièrement rénovée qui réunit les deux maisons. Jadis, une porte donnait sur une petite courée de deux ou trois maisons.

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7e La Maison Folie de Moulins

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os regards se portent sur les n° 49-47 : c’est la Maison Folie de Moulins. Cet établissement a été inauguré en 2004, l’année où Lille était capitale européenne de la culture. Ce bâtiment réhabilité était une ancienne brasserie-malterie, la brasserie des 3 Moulins, établie ici dès le 18e siècle. Les bâtiments actuels datent de 1891 et ont été remaniés pour y accueillir la Maison Folie. On peut admirer la façade agrémentée de briques vernissées et le magnifique pignon en pas de moineaux, typiquement flamand. Il y a trois autres pignons de ce style dans la cour intérieure de la Maison Folie. La brasserie avait été fermée en 1935. Elle produisait une bière appréciée dans la région et qui fut reconnue dans plusieurs congrès internationaux. La Maison Folie organise aujourd’hui des expositions, des concerts, des spectacles, des fêtes populaires. Elle abrite également un deuxième étage pour des artistes en résidence pendant quelques mois.

8e Près de la Maison Folie

E nsuite, entre les maisons se glissent trois petites courées : d’abord, entre les n° 45 et 41, ensuite au n°39 une porte ordinaire donne

sur la cour Mantel qui compte quatre maisons rénovées ; enfin, au n°27, un long couloir sombre conduit à la cour Planque (deux maisons rénovées). En face, derrière les n° 52 et 50, il y avait à la fin du 19e siècle les cours Dumoulin et Dupont qui, dans les années 1930, fusionnèrent en la cour Thomas ; elles furent démolies dans les années 1970. Ainsi nous avons vu un certain nombre de courées de cette rue d’Arras, quelques-unes de taille moyenne (dix-huit ou vingt maisons), les autres plus petites (trois ou cinq maisons) ; presque toutes très anciennes, elles ont disparu au fur et à mesure des démolitions et reconstructions d’immeubles. La cour Gisclon, la plus grande, fut elle victime de la dernière guerre.

Nous passons devant le café « À l’Alliance ». C’est une enseigne vieille de deux siècles qui est aujourd’hui doublée par une enseigne moderne « L’Aurassi ». Durant le 19 e siècle, ce café occupait le n°26 et était le siège du marché aux huiles ; celui-ci se tenait tous les matins de onze heures à treize heures. Durant le 20 e siècle, ce fut le siège d’un parti de droite, l’Entente Républicaine ; puis après 1945, ce fut le siège de l’Union des Républicains du Nord (Pierre Crépelle l’industriel avait acheté le café en 1923.) Du côté des n° impairs, on voit un bâtiment assez important d’habitation. Aux 19 e et 20 e siècles, se trouvait ici le vaste établissement Tampleu, atelier et magasin de quincaillerie et métallurgie fine, etc. On a vu un autre atelier de cet établissement rue du Bas- Jardin (voir promenade 2).

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Dans la seule rue d’Arras, on comptait en 1960 cent-vingt commerces d’une grande diversité : boucheries ou charcuteries, boulangeries-pâtisseries, articles ménagers, électricité, chapellerie, fleuristes, droguistes, pharmacie, poissonnerie…C’est dire que cette rue était extrêmement animée, en particulier aux heures d’entrée et de sortie des usines avoisinantes. Aujourd’hui, il reste à peine un peu plus de trente commerces, essentiellement spécialisés en téléphonie et informatique. Toutefois, il faut rappeler que la grande surface Match, sur la place Vanhœnacker rassemble des commerces alimentaires et autres. D’autre part, dans la première moitié du 20e siècle, on comptait dans cette rue au moins seize courées. Un bon nombre résultait de la transformation de jardins intérieurs de maisons particulières en de modestes habitats de rapport.

9e Embranchement rue d’Arras et rue de Douai

N

ous arrivons à la fourche des deux rues de Douai et d’Arras. C’est un point stratégique qui est à l’origine de ce quartier de Moulins. Il y a trois ou quatre siècles, toute la vie du quartier, un village qui portait le nom du Faubourg des Malades, était concentrée sur ces deux axes routiers ; les quelques rues adjacentes étaient des ruelles de campagne qu’on appelait des piedsentes, c’est-à-dire sentiers. Ainsi, on trouvait la piedsente de Ronchin, aujourd’hui rue Jean-Jaurès, la piedsente des Canonniers, devenue rue Fontenoy.

La rue d’Arras, à l’angle de la rue de Douai, vers 1912. Carte postale collection Jean Caniot.

Aujourd’hui, nous nous trouvons devant un ensemble d’artères qui aboutissent à ce croisement. Sur notre gauche, nous avons tout d’abord le square du Peuple Polonais avec son monument à la mémoire de la résistance du peuple polonais pendant la dernière guerre. Ensuite, débouchent le boulevard Victor Hugo qui délimite le quartier de Moulins et celui de Wazemmes, puis la rue Barthélémy Delespaul, la rue Solférino et enfin, face à nous, le boulevard Jean-Baptiste Lebas qui longe le parc du même nom, inauguré en 2006. À l’angle de la rue de Douai, deux cafés, « le Monde » et « le Flint », deux anciennes maisons rurales, se sont longtemps fait face.

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10e Rue de Douai

L a Maison Tampleu qu’on a mentionnée rue d’Arras, occupait aussi le début de la rue de Douai, jusqu’à la rue Dupetit Thouars, côté pair. Au bord de la rue

Dupetit Thouars subsistent deux petites maisons rurales qui sont inhabitées, vestige très ancien des constructions du quartier. Côté impair, au n°11, la grande maison de briques rouges semble dater des années 1910. On en trouve de semblables de la même époque dans d’autres rues du quartier. Après la pharmacie, s’ouvre une rue nouvelle qui s’appelle la rue de la Bascule, située en face de la rue Dupetit Thouars. Au-delà de la rue de la Bascule, on voit la toute neuve résidence la Bascule. Cet emplacement fut partiellement occupé par deux cours assez importantes jusque vers la fin du 20e siècle : d’abord la cour Foucques, du nom d’un marchand de vieux métaux établi à proximité, et la cour Saint-Matthias. Celle-ci avait encore quelques maisons habitées en 1995. À elles deux, les cours comptaient seize maisons. Le nom « la Bascule » vient d’un restaurant qui se trouvait derrière ces cours, à l’angle de la place Jean-Baptiste Lebas, et durant les siècles précédents, il y eut dans les environs une bascule publique.

11e Après la rue de la Bascule

A

près la résidence « La Bascule », on voit un vaste bâtiment qui va jusqu’à la rue de Cambrai. Jusqu’au début de 2000, ce bâtiment était occupé par Allocar, entreprise de location de véhicules. C’est à peu près sur cet emplacement que s’était établie vers 1845, une des premières métallurgies de Moulins, la maison Ward, d’origine anglaise qui fabriquait des machines à peigner pour l’industrie textile. C’était alors le n° 25 de la rue. Au 20 e siècle, le bâtiment fut en partie occupé par M. Gronier, marchand de vieux métaux. Cette partie du bâtiment s’ouvrait alors à l’angle de la rue de Cambrai et de la rue de Maubeuge. En face, sur le côté droit, au n°22, s’ouvre une petite porte qui donne sur la cour Lamine, où six maisons ont été rénovées en 2001. Dans cette rue de Douai, différentes entreprises industrielles ou commerciales ont disparu depuis trente ou quarante ans, et ce sont des immeubles en appartements qui les ont remplacées. Ainsi, au numéro 48, est établi aujourd’hui un commerce de peinture et de décoration. Fin du 20 e siècle, c’était une station-service BP ; auparavant, une importante droguerie et dépôt de peinture qui fut incendiée en 1965 ; au 19 e siècle, travaillait ici un carrossier nommé Cliquennois.

12e n° 88 rue de Douai

R

ue de Douai, au n° 88, l’entreprise Vit-Vitré remplace une ancienne visserie dont la cheminée carrée est encore visible depuis la rue de la Plaine ou la rue de Montesquieu. Les cheminées industrielles carrées ont précédé les cheminées rondes. Juste après Vit-Vitré, au n°90, une porte ordinaire donne sur la cour Bréart qui date de 1772. C’est donc la plus ancienne cour de Moulins. Elle est aujourd’hui privatisée. 38


13e Embranchement rue de Douai, rue de Valenciennes

S ur la gauche, à l’angle de la rue de Valenciennes et de la rue de Maubeuge, on voit le monument aux victimes de l’explosion des 18 Ponts. Ce monument a été

inauguré en 1929. Il commémore l’explosion accidentelle qui s’est produite le 12 janvier 1916 dans le dépôt de munitions de l’armée allemande, situé boulevard de Belfort. Plus de 130 personnes, civils et militaires allemands, y trouvèrent la mort. Le quartier de Moulins, usines et maisons, fut lourdement sinistré. La première partie de la rue de Douai a été vue lors de la première promenade.

Les dégâts provoqués dans le quartier de Moulins par l’explosion des 18 Ponts furent considérables. Carte Postale collection Jean Caniot.

Dans les deux premières promenades, nous avons vu combien l’industrie a déterminé et orienté la vie de la population de Moulins. Ensuite, la désindustrialisation a fait disparaître beaucoup d’usines et de courées, et a laissé la place à de nouveaux logements, plus confortables. D’autres transformations ont embelli certains espaces et agrémenté l’existence : le jardin des Olieux, par exemple. Ce constat se confirme dans les rues d’Arras et de Douai : nouveaux magasins, nouveaux logements, Maison Folie. Le vieux « Moulins » entre dans le 21e siècle. 39


RUE DE THUM ESNIL

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PORTE DE DOUAI

CE BD D’ALSA

3

BD D’ALSACE

2

EL MICH UISE AV LO

1

LYCÉE BAGGIO

BD DES DÉFENSEURS

4 JARDIN BOTANIQUE

7

5 IMPASSE DE L’OBSERVATOIRE

6

L MICHE ITAINE U CAP RUE D

RUE DU

40

JAR DIN DES PLA NTE S


Du lycée Baggio au Jardin des Plantes

T out le site que nous allons parcourir

se trouve sur l’emplacement des anciennes fortifications de Lille,

celles qui furent édifiées après l’agrandissement de Lille en 1858 (annexion d’Esquermes, Wazemmes, Moulins, Fives Saint-Maurice). Il importe de ne pas confondre ces fortifications avec celles de Vauban, qui dataient de la fin du 17e siècle et construites à peu près sur l’emplacement actuel du boulevard de la Liberté ; en faisait partie la Porte de Paris, construite de 1686 à 1694. Il y a une distance appréciable entre ces deux systèmes de défense fortifiée ( cf la distance entre le boulevard de la Liberté et les Portes de Douai et d’Arras, intégrées aux fortifications de 1860). La largeur de ces fortifications, y compris les chicanes, était approximativement de 200 m. Elles étaient hautes de 15 à 25 m et suivaient à peu près le tracé actuel du périphérique. Elles s’étendaient donc du lycée Baggio jusqu’au-delà du périphérique. Leur démolition s’est déroulée entre 1920 et 1940-45. 41


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1e Devant l’entrée du lycée Baggio, Bd d’Alsace, au niveau de la rue de Thumesnil.

E n regardant vers le périphérique, sur notre droite, avant que ne soit édifiée en 1981-82 l’extension de Baggio, il y a eu, en 1938, les Bains-Douches et en 1943, une trentaine de baraquements. Ceux-ci accueillaient les sinistrés des bombardements anglo-américains de 1943-44 (Fives et Hellemmes notamment). Ils ont disparu vers 1975. En face, de l’autre côté du boulevard d’Alsace, on a construit vers 1925 les deux cours Bockstal qui, étant neuves, étaient appréciées de leurs habitants. Chacune comptait environ 10 maisons ; elles furent détruites vers 1970 pour l’aménagement de nouvelles maisons sur le boulevard et de la cité Liévrauw.

Le plan des Bains-Douches, inaugurés en 1938 et démolis en 1996. Archives Municipales de Lille.

Le plan d’aménagement de 1931 La disparition des fortifications va libérer une ceinture de terrains autour de Lille. C’est en 1931 qu’Émile Dubuisson va concevoir le projet définitif d’urbanisme. À l’ouest de la ville, les habitations bon marché et la cité hospitalière ; au sud, où nous sommes, un quartier à la fois universitaire, ouvrier et résidentiel : Institut Diderot, Observatoire, école de Plein Air ; et vers l’est, le groupe de logements dit de la Foire Commerciale, sur le quartier Saint-Sauveur. D’autres réalisations viendront après la guerre de 1939-45. Deux préoccupations déterminent la réalisation de ce quartier sud que nous allons visiter : d’abord, la volonté de donner à la ville une meilleure aération, et de construire ensuite un pôle scientifique.

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Les espaces verts traduisent le premier souhait. L’institut Diderot, l’Observatoire, l’école de Plein Air et la serre du Jardin des Plantes correspondent à l’orientation scientifique. Par la suite, la création du périphérique va perturber ce grand projet. En particulier, l’entrée monumentale du lycée Baggio qui initialement donnait directement sur le Jardin des Plantes, ne peut plus être utilisée. Désormais, on accède au lycée à partir du Boulevard d’Alsace où nous sommes. En 1934, dans la mise en œuvre du projet Dubuisson, la municipalité lilloise précise un projet grandiose : créer à Lille une véritable université du travail. De cette idée naît l’institut Denis Diderot, dont la première pierre est posée par M. Roger Salengro, le 3 novembre 1935. Cet établissement, qui occupe une superficie de près de 3 ha, est inauguré le 24 septembre 1938. À l’origine, il comportait 50 classes, 3 logements de fonction, de vastes ateliers, une imposante salle de gymnastique, un réfectoire de 300 places, une grande chaufferie, un garage pour 300 bicyclettes et un terrain de sport. L’institut ouvre ses portes le 1er octobre 1938. Il accueille les élèves de l’école pratique Baggio et ceux de l’école primaire supérieure Franklin. À la fin des années 1950, cet ensemble prend le nom de lycée technique Baggio qui occupe la totalité des locaux. De nos jours, le lycée compte 1700 élèves et 400 adultes dans la communauté éducative.

Vue aérienne du lycée Baggio avant 1973. En haut, à gauche, on peut voir le bâtiment des Bains-Douches. Collection Mme Dujardin.

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César Baggio (1846-1893) Avocat brillant et réputé, César Baggio s’engage très vite dans une carrière politique. Républicain anticlérical, il est élu conseiller municipal en 1878 et sera toujours réélu. Il est nommé adjoint à l’Instruction publique et participe activement au programme de constructions scolaires. A sa mort, il laisse 50 000 F pour la création d’une école d’apprentissage. L’objectif est de lutter contre la surexploitation des enfants de la classe ouvrière en leur donnant une qualification professionnelle.

L’architecture du lycée Baggio L’architecte Jacques Alleman voulait créer une transition entre le vieux quartier de Moulins et la zone urbaine moderne des années 30. L’ampleur du bâtiment rappelle les anciens remparts, mais aussi rivalisent avec les usines auxquelles il tourne le dos, pour regarder et accueillir la verdure du Jardin des Plantes, achevé en 1948. L’ensemble est chargé de multiples ornementations symboliques. L’entrée monumentale (visible depuis le Jardin des Plantes) constitue un véritable arc de triomphe ; elle est surmontée d’une série de soleils en céramique, en alternance avec des cabochons (pièces de verre poli). La fleur de lys rappelle l’initiative municipale de la construction. On retrouve le double D, initiales de Denis Diderot aux poignées des portes, aux plafonniers sur lesquels on peut voir aussi des étoiles et des coquilles Saint- Jacques. Ce symbolisme céleste évoque l’accès à la connaissance, à la « lumière » et au siècle de Diderot ; cela rejoint également la construction voisine, l’Observatoire. Ces symboles s’inspirent aussi du compagnonnage et de la franc-maçonnerie.

L’entrée initiale de l’Institut Diderot, au temps du boulevard des Défenseurs. Archives Départementales du Nord.

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L’Occupation et la Résistance Lorsque commence l’année scolaire 1940-41, les troupes allemandes occupent la moitié du site de l’Institut Diderot. Elles y abritent une batterie de défense anti aérienne et des bureaux de l’organisation Todt. Les locaux qui restent sont partagés entre les élèves du collège moderne Franklin dont les cours se déroulent le matin, et ceux du collège technique Baggio, pour les cours de l’après-midi. Malgré de nombreuses alertes et des bombardements, l’école poursuit ses activités jusqu’en mai 1944, date de sa fermeture pour des raisons de sécurité. Cette sage mesure évitera un massacre ; en effet, le 22 juin 1944, plusieurs bombes américaines de gros calibre s’écraseront sur l’établissement. Pendant toute cette période, les rapports sont tendus entre les élèves de l’Institut Diderot et les autorités allemandes. Divers incidents éclateront au cours de ces années. Dans le courant du premier trimestre 1944, des résistants installent un service de renseignements clandestin dans l’enceinte de l’établissement. Un professeur, Raymond Deken, sera fusillé le premier septembre 1944 pour fait de résistance. Un contremaître des ateliers, M. Platel, et un élève périront au cours des combats de la Libération.

2e Vers la porte de Douai

L e long du boulevard d’Alsace, en allant vers la porte de Douai, nous longeons les ateliers du lycée, à notre droite. Nous pouvons en mesurer l’étendue : 158 m ! Puis nous apercevons toute proche du boulevard, la nouvelle Halle de sport, aménagée au début des années 2000 et, derrière, l’ancienne salle de sport du stade Jean Bouin, toujours en service.

Nous arrivons à la station de métro Porte de Douai. C’est là que se trouvait la Porte de Douai rattachée aux fortifications jusqu’en 1925, date de son démantèlement. Derrière la station de métro, se trouve la place Fernig, du nom de deux sœurs héroïnes de la Révolution Française, officiers de l’état-major de l’armée de Dumouriez qui gagna les batailles de Jemmapes et de Valmy.

3e Avenue Louise Michel

vers le Jardin des Plantes

S ur notre droite, engageons-nous avenue Louise Michel. Cette femme fut militante ouvrière active lors de la Commune de Paris. Elle fut ensuite déportée en

Nouvelle-Calédonie. Sur notre droite encore, le stade Jean Bouin et nous accédons à la passerelle qui enjambe le périphérique ; cette passerelle fut construite en 1995. Elle permet de rejoindre plus facilement cette partie sud du quartier ; mais le bruit de la circulation, l’odeur de gaz brûlé nous empêchent d’y stationner. En descendant de la passerelle, nous voyons devant nous, la partie arrière (c’était autrefois l’entrée) de l’institut médico-éducatif appelé « la Roseraie » que nous évoquerons tout à l’heure, rue du Capitaine Michel.

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les moulins

En étant ici, on peut également essayer de situer au mieux l’emplacement d’un certain nombre de moulins qui tournaient dans ce secteur aux 18e et 19e siècles. Rappelons d’abord qu’à cette époque, beaucoup des 56 moulins étaient installés en dehors de l’agglomération et à l’écart des routes (au moins 50 m) pour que le mouvement des ailes et le bruit des pilons n’effraient pas les chevaux ! Sur le Chemin de l’Evêque, qui allait de ce qui est aujourd’hui la rue du Capitaine Ferber (entrée de Ronchin) vers la Porte d’Arras, il y avait au moins 5 moulins. Sur le champ de manœuvres (aujourd’hui le lycée Faidherbe, à notre gauche), on en comptait 5 autres. Tous ces moulins vont disparaître notamment lors de la construction des nouvelles fortifications. Le dernier est détruit dans les années 1890.

Laissons sur notre gauche l’Observatoire pour entrer dans le Jardin des Plantes.

4e Autour de la Serre Equatoriale

À

l’entrée du jardin et autour de nous, on cultive des fleurs ou des plantes qui seront ensuite réparties à travers la ville de Lille. La Serre Equatoriale étonne tout d’abord par son architecture vraiment inhabituelle. Un article de journal s’intitule « Serre ou défi d’architecte ? ». Elle ressemble à trois cubes qui reposent sur une pointe. « La hardiesse de ses formes surprend et séduit à la fois. La bâtisse est imposante mais l’ensemble est harmonieux. » Remarquons aussi les beaux arbres qui l’entourent et adoucissent les angles vifs de ses cubes. En particulier, le paulownia planté vers le sud qui a été primé en 2003 par le jury du concours des arbres remarquables (concours organisé depuis 2002 par l’adjoint au maire de Lille Eric Quiquet). Cette construction décidée en 1966 et achevée en 1970 a une hauteur de 12 m. À l’intérieur, on peut admirer les nombreuses variétés de plantes d’origine tropicale grâce aux escaliers : palmiers, bananiers, diverses plantes grasses, cactus... Il y fait chaud et humide 365 jours par an.

5e Dans le Jardin des Plantes

L e Jardin est l’œuvre conjointe de Jean Dubuisson, architecte, et Jacques Marquis, paysagiste. Il s’étend sur plus de dix hectares. Il se dessine à la fran-

çaise, en s’inspirant partiellement de Versailles, mais il se démarque de ce modèle en soulignant l’opposition entre l’espace scientifique, géométrique, et la plaine de jeux, plus sinueuse. Le jardin est partagé en deux par le grand bassin qui a la forme d’une croix dont les bras indiquent les points cardinaux. Des nénuphars fleurissent le bassin. Au sud de celui-ci, la roseraie compte de multiples variétés de roses. Au nord, on voit d’autres roses, puis des dahlias et autres fleurs que l’on peut admirer en passant.

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Vue aérienne du Jardin des Plantes, vers 1960. Collection J.-M. Lenglos.

Nous avançons vers ce qui était jadis l’entrée principale : elle se trouvait dans l’alignement du portail du lycée Baggio, décrit plus haut. Elle fut condamnée par la construction du périphérique. Une futaie encadre la perspective, partant du bassin vers le lycée. Un mur anti-bruit a été construit le long du périphérique en 2003, qui atténue légèrement le bruit de la circulation. Après le bassin, on voit se dérouler de vastes et magnifiques pelouses. Tout au fond du jardin, derrière la butte, se trouve un grand terrain de jeux pour les enfants, avec toboggans, cordes… À l’angle de ce terrain, sur la droite, une sortie du jardin donne sur la porte d’Arras. Nous revenons sur nos pas, vers la sortie qui donne rue du Jardin des Plantes.

6e rue du Jardin des Plantes

P renons à gauche rue du Jardin des Plantes ; au passage, remarquons l’école d’optique et de lunetterie, et dirigeons-nous en prenant à gau-

che, puis aussitôt à droite, vers la rue du Capitaine Michel. Le Capitaine Michel était un officier britannique parachuté en France, tué le 2 décembre 1943.

Arrêtons-nous devant l’institut médico-éducatif la Roseraie. Cet établissement fut conçu et construit entre les deux guerres. Il répondait à la préoccupation de lutter contre la turberculose et le rachitisme qui frappaient les enfants de la ville. Ce fut donc d’abord une École de Plein Air décidée par Désiré Verhaeghe, adjoint au maire Roger Salengro.

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Elle a été implantée en dehors de la ville, sur les anciens remparts, en un lieu aéré et exposé au soleil. Cette école disposait alentours d’un vaste jardin, espace propice à la gymnastique, à la détente et à la santé. Elle a été construite par l’architecte Delannoy en 1929 et inaugurée en décembre 1931. Le bâtiment est de style régionaliste où domine la brique, avec pignons d’inspiration flamande. Vers 1975, on a révisé la destination de cet établissement pour plusieurs raisons : les ravages de la tuberculose avaient beaucoup diminué ; l’environnement immédiat s’était fortement urbanisé : elle n’était plus « en plein air ». On l’a donc transformée en institut médico-éducatif. Cet établissement reçoit environ 80 adolescents et enfants de 6 à 20 ans qui souffrent de déficiences intellectuelles moyennes ou profondes. Une équipe interdisciplinaire s’occupe à leur donner un développement physique, intellectuel, professionnel. Le bâtiment et les installations ont été conçus pour satisfaire à ces objectifs. Les salles de classe et autres sont toujours disposées pour recevoir le soleil toute la journée. L’institut médico-éducatif a commencé à fonctionner dès 1978.

L’école de Plein Air Désiré Verhaeghe, carte postale. Collection J.-M. Lenglos.

Revenons sur nos pas, pour nous diriger vers l’Observatoire.

7e À l’Observatoire

C

’est le fils d’un riche négociant de tissu vivant à Hem, Robert Jonckhèere, passionné d’astronomie, qui en 1927 vend la lunette astronomique et le matériel météorologique à l’Université lilloise ; la municipalité décide alors la construction du bâtiment actuel achevé en 1934. L’Observatoire fonctionne toujours aujourd’hui et il est utilisé par les étudiants de l’Université des Sciences et Techniques de Lille. 48


Son architecture est représentative de l’école lilloise des années 1920. C’est l’œuvre de messieurs Henry et Marcel Boudin. L’usage de la brique jaune (art déco) et l’utilisation de la terrasse sur le toit lui donnent un aspect résolument moderne. Cette toiture-terrasse facilite l’observation du ciel. Elle est bordée d’un bastingage. La cheminée de la chaufferie qui fonctionne comme une proue signalant le bâtiment et la coupole, qui abrite la lunette, apparentent l’ensemble à un vaisseau de brique, sorte de château-navire.

L’Observatoire d’Astronomie, 2008. Photo M.-C. Noet.

Cette 4e promenade contraste avec les précédentes. Jusqu’alors, nous avions visité « l’ancien Moulins » qui s’enracine dans le 19e siècle par ses usines et ses courées, son commerce et ses maisons rurales. Cette partie sud du quartier, coupée par le périphérique, a été façonnée par les décisions successives de la municipalité. Il en résulte des constructions ou aménagements qui peuvent sembler au premier abord disparates, mais qui répondent aux besoins nouveaux de la population : santé, sport, enseignement, science et … circulation. Somme toute, ces installations diverses apportent à Moulins des éléments vitaux très appréciables et appréciés. 49


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Le tour de la Filature Le Blan

Il y a 200 ans,

nous étions ici à la campagne, hors les murs de Lille ; les

fortifications dites Vauban passaient à peu près où se trouve maintenant le boulevard de la Liberté ; la Porte de Paris et la Noble Tour en faisaient partie. Le quartier de Moulins se distinguait alors par un grand nombre de moulins à vent, d’où son nom. Il y en avait 56, dont 52 produisaient une huile de qualité extraite de la graine de lin, de colza et autres oléagineux, et qu’on exportait non seulement à Marseille mais aussi à l’étranger, jusqu’en Russie. Elle servait dans le fonctionnement des machines, pour l’éclairage, l’alimentation des humains, suivant la qualité obtenue. C’est dire que la production et le commerce de l’huile faisaient la richesse de ce village. À cette époque, on l’appelait encore « Faubourg des Malades » ou Faubourg de Paris et il faisait partie de la commune de Wazemmes. Mais les habitants de ce faubourg ne voulaient plus partager leurs richesses avec les Wazemmois et obtinrent du roi Louis-Philippe l’indépendance de leur territoire qui devint la commune des Moulins en 1833.

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Peu après, en 1840, le commerce de l’huile périclita, suite à la concurrence internationale. Heureusement, l’industrie textile et métallurgique s’implanta rapidement dans ce quartier et remplaça le travail des moulins. En 1858, le Lille ancien qui étouffait à l’intérieur de ses remparts annexa les quartiers de banlieue : Fives, Moulins, Wazemmes et Esquermes ; l’indépendance de Moulins n’avait duré que 25 ans (1833-1858). Mais déjà, par l’effet de l’industrie, le quartier avait eu le temps de se développer et de s’organiser.

Les moulins de Moulins-Lille, représentés dans l’album Baron, 1860. Bibliothèque Municipale de Lille.

1e Place Fernig

L

’annexion des faubourgs par la ville amena la construction de nouvelles fortifications qui suivent sensiblement le tracé actuel de la 2e ligne de métro. Nous sommes devant l’une de ses stations. Elle porte le nom de la Porte de Douai. C’est exactement à cet endroit que se trouvait la Porte de Douai dans les nouvelles fortifications ; celles-ci furent démolies entre 1920 et 1940, la Porte de Douai disparut en 1925. Par ailleurs, sur un plan de Lille daté de 1874, on voit un chemin de fer de ceinture qui circule à l’intérieur des remparts et qui fonctionna jusqu’en 1983. 52


La destruction des fortifications autour de la Porte de Douai, 1919. Carte postale collection Jean Caniot.

2e La cour Cacan

A

rue de St-Quentin

près cette introduction générale, nous allons voir quelquesunes des courées dont la construction fut principalement provoquée par l’afflux de population qu’entraîna le développement de l’industrie. Nous sommes tout d’abord devant la double cour Cacan. Elle fut construite vers 1895, donc à la fin du 19e siècle. A cette époque, l’entrée de la cour, moins large que celle d’aujourd’hui, se faisait par une porte cochère. Double cour, elle comporte donc quatre rangées de maisons, les deux rangées centrales étant adossées l’une à l’autre. On peut remarquer l’exiguïté de ces logements : environ 12 m2 au sol. Ils comportent une pièce au rez-de-chaussée Cour Faidherbe reliée par un petit escalier à une autre au premier étage. Cette cour a Cou été réhabilitée, certaines r Bo nnet maisons ont été réunies Cou r Ca par deux. Actuellement y can habitent des étudiants ou des personnes âgées. Cou r Ca can Au fond de la cour Cacan, on aperçoit la filature Le Blan. Plan des cours Cacan, Bonnet et Faidherbe. Source : ARIM.

Place Fernig

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3e Rue de Saint-Quentin

S ortons de la cour pour prendre la rue de Saint-Quentin. Nous y voyons successivement, sur la gauche, les cours Bonnet et Faidherbe. Le plan montre bien qu’elles sont adossées les unes aux autres, et en retrait de la rue. On y accède par un couloir étroit et sombre. L’ensemble de ces cours est entouré par l’usine Le Blan et la métallurgie Deregnaucourt qui est toujours en activité.

4e Rue de Douai

Nous passons au n°142,

devant la cour Lecocq qui est aujourd’hui privatisée. En face, on trouve le bâtiment des peintures Théodore Lefebvre ; l’entreprise a été délocalisée sur la zone industrielle de Seclin. Au 19e siècle, le manque d’entretien des WC contaminait la nappe phréatique et provoquait des épidémies (choléra, diphtérie, etc.). Nous arrivons à l’angle de la rue de Douai et de l’allée de la Filature. Il s’agit d’une partie de la filature de lin Paul Le Blan et fils. L’entrée de la cour Lecocq, avec, au fond, le WC commun à tous les habitants. Photo J.-M. Leuwers.

5e Allée de la Filature

P

laçons-nous devant la façade, près de l’entrée du parking de l’immeuble récent auquel on tourne le dos. Devant le rez-de-chaussée, le mur d’enceinte de la filature a été rasé. On découvre les modifications importantes que les architectes Reichen et Robert ont réalisées dans l’architecture de la première moitié du bâtiment. La façade a été évidée au deuxième et au troisième étages pour y placer des terrasses, ce qui contribue à rompre la monotonie de cette longue façade et à agrémenter les logements. Ces terrasses, surtout au deuxième étage, permettent une vie communautaire entre les habitants. Du troisième étage, on a une vue intéressante sur le quartier et sur la ville. 54


En nous avançant jusque devant la médiathèque, on peut préciser comment ce beau bâtiment a été réutilisé de nos jours. Il accueille, face à nous sur notre droite au sous-sol, le théâtre le Prato, au rez-de-chaussée la médiathèque, l’Institut National de l’Audiovisuel, puis des logements. Sur notre gauche, au sous-sol et au rezde-chaussée, les Archives Départementales, et aux autres étages divers organismes de formation (CAPPEC, CREF…). Au quatrième étage a été aménagée une salle polyvalente, actuellement occupée par le centre d’Arts plastiques et visuels. Cet impressionnant bâtiment qui va de la rue de Douai à la rue de Mulhouse a été construit en plusieurs étapes. Une première étape (71 m) va de la rue de Mulhouse à l’entrée actuelle de la médiathèque et date de 1900. Le reste de ce bâtiment a été construit en 1925 pour un tiers (28 m) et en 1930 pour le reste (92 m jusqu’à la rue de Douai). On peut vérifier ces deux périodes 1900-1925 en repérant les différences bien visibles dans l’aménagement de la toiture. Remarquons que la période d’après-guerre (1925-1930) est caractérisée par une relative prospérité qui se manifeste notamment par ces importantes constructions. C’est en 1930 que commencent à sévir la grande crise économique et le chômage. Ce bâtiment a cessé d’être utilisé par la firme Paul Le Blan en 1967. Rappelons que le bâtiment Wallaert qui se trouvait à l’emplacement actuel de la résidence Fontenoy fut fermé en 1968. C’était déjà le début d’une autre grande crise que nous avons connue dans le textile mais aussi la concentration de la production provoquée par les nouvelles technologies. Le bâtiment Paul Le Blan fut réhabilité à partir de 1978. C’était la première réhabilitation réalisée sur fonds publics, et multifonctionnelle, comme on l’a vu.

La filature Paul Le Blan, ex-rue Buffon, 1975. Photo Serge Dubus.

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6e Rue de Mulhouse

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ous contournons la médiathèque pour entrer dans la rue de Mulhouse. En étudiant les cartes du quartier de 1829 et 1835, il nous paraît vraisemblable que sur ce coin des rues de Fontenoy, Mulhouse et de l’allée de la Filature se trouvait à l’époque l’un des 56 moulins du quartier. Nous disons vraisemblable, jusqu’à plus ample informé, car ces rues du quartier n’avaient pas encore leur tracé d’aujourd’hui.

7e L’église Saint-Vincent de Paul

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ous arrivons devant la petite place où se trouve l’entrée principale de l’église Saint-Vincent de Paul. En entrant sur cette petite place, sur notre gauche, au pied de la belle cheminée, nous voyons l’entrée de « la Galette » de Moulins, petit restaurant à vocation sociale. « La Galette » est installée dans l’ancienne salle des machines de la filature qui était située juste au-dessus de la chaufferie. En reculant et en regardant vers le sous-sol, on peut d’ailleurs apercevoir les fours à charbon de la chaufferie, à travers la vitre qui se trouve à gauche de la crêperie. Cette chaufferie faisait fonctionner toute les machines de la filature de lin, à la fois le bâtiment qui se trouve entre la rue de Douai et la rue de Mulhouse, et dans l’autre bâtiment que nous allons voir et où se trouve maintenant la faculté de droit. Au 20e siècle, l’électricité a progressivement remplacé les machines à vapeur. Dirigeons-nous maintenant vers le rez-de-chaussée bas, pour trouver l’entrée de l’église qui se trouve dans le demi sous-sol du bâtiment. Nous descendons l’escalier d’une dizaine de marches et nous apercevons d’abord une grosse cloche de 800 kg qui a été descendue du clocher de l’ancienne église de la place Déliot. Ce transfert s’est opéré en 1984. Il est intéressant de relever sur le bronze de la cloche la phrase suivante : « Je sonne la guerre au taudis et à la misère ouvrière ». Habituellement, sur une cloche, on trouve une réflexion religieuse en latin. Sur celle-ci, c’est le curé qui l’a fait installer dans l’ancien clocher en 1932, l’abbé Henri Cappon, qui a voulu manifester le souci de l’Église pour la population ouvrière du quartier. Rappelons-nous qu’en 1932, nous sommes dans une grave crise économique qui a provoqué un chômage très dur. Ce curé a d’ailleurs laissé dans la mémoire de la population un souvenir particulier ; c’était un prêtre très cultivé qui avait lu Karl Marx ; il avait une orientation sociale qui s’exprimait notamment dans le bulletin paroissial d’alors. Sur le mur de gauche, nous voyons d’abord une plaque de marbre blanc qui rappelle l’inauguration de l’ancienne église Saint-Vincent de Paul sur la place Déliot en 1841 ; et en-dessous, la plaque verte rappelant la bénédiction de cette nouvelle église par Monseigneur Gand, évêque de Lille, en décembre 1982. En entrant dans l’église, on peut remarquer les belles portes de chêne qui ont été récupérées dans l’ancienne église. En avançant, il est conseillé de se placer au centre de l’église de manière à avoir une bonne vue d’ensemble.

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Laissons-nous pénétrer par nos premières impressions. Nous sommes bien dans une salle basse de la filature de lin ; les ouvrières qui ont travaillé ici et qui y sont venues dans les premières années ont bien retrouvé leur environnement de travail : les murs de brique, le carrelage (qui est le même dans toutes les autres parties du bâtiment), la voûte, les colonnes de fonte, aujourd’hui enrobées de ciment anti-feu. Ce qui nous permet d’évoquer une première symbolique : l’église présente dans la vie ouvrière ; le Chrétien est appelé à mettre en pratique l’Évangile dans la vie de travail, dans l’économie.

L’atelier, avant sa transformation en lieu de culte, 1980. Collection Archives Paroissiales.

Ensuite, on peut observer que tout converge vers le chœur et vers l’autel. Les bancs semi-circulaires favorisent le rassemblement convivial en communauté ; c’est aussi une facilité pour les chants et pour la prédication. Les très beaux vitraux allant des vert et bleu aux extrémités vers les jaune et rouge près de l’autel, sont dus au maître-verrier Luc Six, de Bousbecque, qui a obtenu un grand prix d’art en 1984 pour cette œuvre. Une des difficultés qu’il a rencontrées c’est que, derrière ces vitraux, se trouve un talus d’herbe verte ; il fallait harmoniser les couleurs du vitrail avec ce fond coloré. Ce qui est réussi, semble-t-il. Dans le chœur, derrière l’autel et face au peuple, nous voyons un beau crucifix du 18e siècle qu’on a retrouvé dans un presbytère des Flandres ; il fut polychrome, il en reste quelques dorures. Signalons d’autres pièces reprises de l’ancienne église : une porte de confessionnal de bois sculpté qui tient le tabernacle, des parties du banc de communion ont été utilisées pour l’autel, en particulier la pièce à l’effigie de Saint-Vincent de Paul. Des belles stalles qui ornent le mur du fond ont été sculptées en 1878. La statue de la Vierge, en chêne massif, date de 1930.

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On le voit, cette petite église qui compte 200 places assises est très unifiée ; il fallait trouver l’harmonie entre tous les éléments du mobilier. On peut ici relever une nouvelle symbolique qui inspire cet ensemble. En comparaison, l’architecture de l’ancienne église correspondait au schéma traditionnel : le clocher qui s’élevait à 30 m, les colonnes qui soutenaient une voûte en hauteur invitaient les fidèles à porter leurs yeux et leurs prières vers Dieu. Cette église met l’accent sur un autre aspect des célébrations religieuses ; le plafond bas, l’ordonnancement général du mobilier autour de l’autel concourent à créer un espace de prière communautaire, convivial, familial ; on y est bien pour prier, disent les paroissiens : simplicité, communauté, rassemblement, c’est une autre symbolique de la célébration qui convient bien au monde populaire de ce quartier.

8e Place Fernig

N ous revenons dans la rue de Mulhouse et nous nous dirigeons vers la place Fernig.

Arrivés place Fernig, nous avons terminé le tour de la première partie de la filature Paul le Blan. Nous allons poursuivre notre promenade en circulant tout autour de la seconde partie de cette entreprise devenue Faculté de droit en 1995.

9e La Faculté de Droit, vers la rue Fénelon

E mpruntons le boulevard d’Alsace sur notre droite. Après quelques maisons, nous apercevons la partie arrière de la faculté où l’architecte Luc Dele-

mazure a ajouté au bâtiment d’origine de la filature deux extensions qui comportent des salles de classe et de réunion. À cette extrémité de la faculté, on aperçoit une cafétéria. Nous avançons vers la rue Fénelon. À l’angle de cette rue, nous apercevons l’arrondi d’un grand amphithéâtre de la faculté. À cet emplacement, on avait construit au 19e siècle les écoles primaires communales Buffon et Montaigne. Ces écoles ont été incendiées lors d’un bombardement en 1914 ; reconstruits en 1923, ces locaux désaffectés vers 1977 ont été utilisés comme centre social et bureaux puis détruits pour céder la place à la faculté de droit. Sur notre gauche, nous voyons la rue Buffon qui se dirige vers la rue de Thumesnil. Rappelons qu’elle traversait sur notre droite l’espace occupé aujourd’hui par la faculté. On a conservé ici la tour qui correspond à celle qu’on a à l’entrée secondaire de la faculté, près de l’allée de la Filature. De la rue Buffon à la place Déliot, sur la droite, nous avons donc la bibliothèque universitaire et quelques salles de cours. Vers le milieu du 19e siècle, la famille Wallaert avait bâti à cet endroit une double cour parallèle à la rue qui portait leur nom et comptait 30 maisons. Elle disparut suite à la guerre de 1914-18. Sur l’autre trottoir, on aperçoit d’abord au n°52 l’entrée de la petite cour Vanderlinden qui date de 1882. Elle compte 3 maisons. A proximité, on trouvait un bâtiment municipal qui a accueilli en 1849 une école et sera détruit par la suite. Plus loin, après quelques maisons, on voit l’entrée de la nouvelle cour Wallaert qui fut reconstruite en 1982.

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Auparavant, cette cour était plus petite, mais elle était populeuse et abritait de nombreux enfants. Elle datait de la fin du 19e siècle et comptait 37 maisons. Devenue vétuste et très dégradée, elle fut démolie en 1980. On l’a alors agrandie en englobant le bâtiment municipal et reconstruite après consultation des habitants. Au n°36, une ouverture laisse apercevoir le nouveau bâtiment de la MAJT, Maison d’Accueil du Jeune Travailleur. Aux 19e et 20e siècles, cette ouverture était plus étroite mais elle donnait sur un important domaine qui fut celui des Filles de la Charité, qu’on appelait les sœurs à cornettes. L’histoire de ces religieuses à Moulins mérite qu’on en fasse le récit. Elles sont arrivées dans le quartier en 1858, l’année de l’absorption de Moulins par Lille. Elles étaient 5 et ont d’abord occupé les maisons n° 11 à 15 rue de Thumesnil. Au fil des décennies, leur domaine s’est étendu de la rue de Thumesnil jusqu’au n° 36, rue Fénelon, grâce à diverses donations. Elles ont d’abord créé dans les maisons rue de Thumesnil un centre de soins et un orphelinat qui a accueilli des adolescentes sans famille ou en difficulté. Puis, un moment en lien avec l’entreprise « le Fil au Chinois » des frères Vrau, elles ont dirigé un ouvroir (atelier de confection où travaillaient des jeunes filles). Cet ouvroir se trouvait d’abord au n°17 rue de Thumesnil puis il fut transféré dans un local leur appartenant situé rue Fénelon. Par la suite, les religieuses lancèrent un patronage pour les filles du quartier, et l’espace compris entre les rues de Thumesnil et Fénelon devint un terrain de jeu. Sur les 3 côtés de la cour, on construisit des salles qui furent utilisées pour les catéchismes et diverses activités des religieuses : chorale de filles, réunions des « Louise de Marillac » (la fondatrice des Filles de la Charité), qui constituaient un groupe d’une trentaine de jeunes filles de vingt-trente ans visitant régulièrement les personnes âgées du quartier. Pour assurer l’ensemble de ces activités, (un 2e centre de soins avait été ouvert au 72 rue de Thumesnil), le nombre des sœurs fut porté à 9 dans l’entre-deux guerres. En 1958, les religieuses quittèrent ces bâtiments devenus vétustes et c’est ensuite qu’on construisit sur ce terrain le 2e bâtiment de la MAJT au début des années 1970 ; son entrée donne rue de Thumesnil. Par contre, le premier bâtiment avait été construit en face, dans les années 1955, suite à une enquête nationale de la JOC sur le logement des jeunes travailleurs. Les Filles de la Charité qui ont abandonné leurs « cornettes » en 1965-70, sont restées dans le quartier, moins nombreuses mais toujours actives pour les soins à domicile et la formation des enfants et des jeunes. À présent, elles habitent dans un appartement LMH. On comprend que la longue présence de ces religieuses ait eu une influence profonde sur la population féminine qui les estime toujours beaucoup.

Le patronage, rue de Thumesnil. Collection J.-M. Leuwers.

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10e Place Déliot

N ous nous dirigeons vers la place Déliot. Avançons jusque vers le milieu de la place pour évoquer toute l’histoire de ce qui fut le cœur du

quartier. En effet, cette place et ses environs ont été dessinés peu après l’indépendance de la commune des Moulins, c’est-à-dire dans les années 1833-35. La moitié ouest (côté de la rue d’Arras) fut réservée à l’église Saint-Vincent de Paul. Celle-ci y fut construite de 1838 à 1841 par l’architecte Benvignat. Les rues faisaient alors le tour de l’église (aujourd’hui, la rue passe au centre de l’espace qu’elle occupait). L’église s’étendait donc de la rue Fénelon jusqu’à la rue de Thumesnil. Le porche donnait sur la rue Fénelon, exactement dans l’axe de la rue de Trévise, si bien qu’elle constitua pendant un siècle et demi le repère géographique, culturel et religieux pour les Moulinois. Construite en briques, comme les usines qui commençaient à voir le jour, elle était dotée d’un clocher qui s’élevait à 30 m et son allure était imposante : elle mesurait environ 60 m de long sur 25 de large. Elle pouvait accueillir jusqu’à 700 personnes les jours de fête. Travaillée par un champignon, elle fut abattue en 1984 et donc transférée à la Filature. Sur l’autre moitié de la place, côté est où nous voyons aujourd’hui l’entrée de la Faculté, se trouvait la mairie et ce durant un quart de siècle, jusqu’en 1858, date de l’annexion de la commune des Moulins par la ville de Lille. Cette moitié de la place était réservée les mercredis et samedis pour le marché du quartier. Il fut très fréquenté jusque dans les années 1980. Il débordait jusqu’à l’entrée des rues qui donnent sur la place. Le marché a périclité ensuite, sans doute de par la concurrence des grandes surfaces.

L’église Saint-Vincent de Paul, place Déliot. Carte postale collection Jean Caniot.

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Aujourd’hui, nous voyons sur cette partie de la place la vaste faculté de droit dont nous avons fait le tour. Rappelons en effet qu’elle s’étend jusqu’au boulevard d’Alsace et qu’elle est délimitée par les rues Fénelon et de Fontenoy. Auparavant, cet espace était traversé par la rue Froissart et, on l’a déjà dit, par la rue Buffon. Cet ensemble qui constituait la moitié de la filature Paul Le Blan, comportait quatre rangs de bâtiments : les deux bâtiments du centre, qui encadraient la rue Froissart, ont été démolis pour dégager une belle allée centrale à l’intention des étudiants. Mais, le long des rues Fénelon et Fontenoy, les architectes ont conservé les bâtiments de la filature afin que les étudiants comme les habitants se souviennent que ce haut lieu intellectuel fut un monde industriel très caractérisé. La partie de la façade sur la rue de Trévise a été conservée, mais celle donnant sur le parvis est neuve. Ce parvis porte le nom de Guy Debeyre qui fut recteur de l’université de Lille et adjoint au maire.

Au terme de cette promenade, nous mesurons quelle fut l’emprise de la filature de lin Paul le Blan et fils sur le territoire de Moulins. Une entreprise comparable est la filature de coton de Wallaert frères qui, elle, comptait trois bâtiments importants que nous avons mentionnés dans les promenades précédentes : le premier, Wallaert-Fontenoy, le second, Wallaert-boulevard de Belfort et le troisième Wallaert-Desaix. Les bâtiments de Paul le Blan ont connu une réhabilitation diversifiée qui mérite d’être notée : une bonne partie est consacrée désormais à l’enseignement supérieur, et d’autre part le reste est dédié à la culture, au culte et à des logements.

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PLACE GUY DE DAMPIERRE

Quand on évoque l’histoire

de l’industrie à Moulins-Lille, on pense spontanément aux filatures et au tissage. C’est normal, parce que pendant 150 ans, ce fut l’industrie dominante dans notre quartier : elle compta jusqu’à 6 000 salariés au moins, en période de prospérité. Dans cette promenade, nous allons regarder un autre secteur de l’industrie qui, s’il eut moins de volume, a quand même tenu une place importante : la métallurgie. Sous ce terme global, on veut désigner tout ce qui concerne le travail industriel sur les métaux. Au 19e siècle, on parlait d’ailleurs de « construction mécanique », mais il y eut aussi les carrosseries (voitures hippomobiles, puis automobiles) et les ferblanteries, les fonderies et les chaudronneries qui travaillaient le fer, l’acier, le cuivre… C’est donc un monde assez vaste et diversifié que nous allons découvrir.

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Malheureusement, nous ne pourrons pas voir un certain nombre de ces ateliers qui étaient de petites ou moyennes entreprises et qui sont aujourd’hui disparus, mais les évoquer permettra de mesurer mieux ce que fut la grande variété de l’industrie dans notre quartier, notamment au 19e siècle.

1e Place Guy de Dampierre

N ous nous trouvons tout d’abord devant l’entreprise « Atlas Copco Crépelle » et sur la place Guy de Dampierre où se trouvait jadis la Porte de

Valenciennes. En nous retournant, nous pouvons imaginer que sur le tracé du métro actuel, ont été construites en 1860 les fortifications qui ont encerclé le nouveau Lille agrandi en 1858. Cette Porte de Valenciennes, construite en 1860, permettait la circulation vers l’extérieur de Lille : Fives, Lesquin, etc.

La Porte de Valenciennes, vers 1914. Collection Jean Caniot.

Regardons à nouveau la métallurgie Crépelle. Fondé par l’ingénieur Amédée Le Gavrian en 1837, cette entreprise se destine à la construction de machines à vapeur et, en général, des mécaniques. Elle passe à la famille Crépelle en 1891. L’occupation allemande de 1914-18 fut éprouvante ; d’abord, en janvier 1916, l’explosion des Dix-Huit Ponts, toute proche, a durement endommagé les bâtiments. Puis le matériel fut démonté et expédié en Allemagne. Ainsi, en juin-juillet 1917, 117 wagons de machines ont été enlevés par la maison Haas de Magdeburg, au rythme moyen de 2 wagons par jour. Durant le 19e et le 20e siècles, les patrons et les ingénieurs ont sans cesse perfectionné et diversifié les machines produites : compresseurs,

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moteurs de bateaux… L’entreprise, durant l’entre-deux-guerres et par la suite, connut une belle prospérité. Elle occupait entre 500 et 800 ouvriers. Aujourd’hui, il n’y a plus que 200 salariés. C’est en 1979 que Fives Cail Babcock rachète Crépelle, et, dans les années 90, la maison est reprise par un grouL’usine Crépelle, document collection Jean-Pierre Van Godtsenhoven. pe suédois, d’où le nom actuel. Ce dernier rachat avait été rendu nécessaire par les exigences du commerce international, on peut dire les exigences de la mondialisation. Aujourd’hui, Atlas Copco Crépelle continue la fabrication de grosses machines ; ainsi, en 2000, on a sorti entre autres une machine à dessaler l’eau de mer, destinée au Koweit, et une autre pour affiner le pétrole, destinée au Portugal. Dans les années 1960-80, il y avait chez Crépelle un syndicat CFTC.

2e Rue de Valenciennes

Sur la gauche, nous côtoyons le long mur de l’entreprise Atlas Copco Crépelle. Sur la droite, jusqu’à la rue Coulmiers, et

également dans cette rue, on peut constater l’originalité des façades des maisons : encorbellement des fenêtres, motifs formés par des briques vernissées, décorations diverses. On peut penser que ce sont des maisons de cadres et en particulier de cadres d’origine anglaise. En effet, au milieu du 19e siècle, des entreprises anglaises avaient construit à Moulins des usines pour fournir le matériel mécanique nécessaire à l’industrie textile. Sur la gauche, au n°50, contiguë à l’usine Crépelle, on voit la belle maison que la famille Crépelle a occupée jusqu’en 1970 environ. Au n°48 bis, vivait la famille Poullier-Kételé. Des n°s 48 à 44, remarquons les trois bâtiments industriels perpendiculaires à la rue, filature de lin et de coton PoullierLonghaye au 19e siècle. Nous retrouvons là les « 3 F » cités rue de Trévise pendant la première promenade : Filatures et Filteries de France. Après 1920, l’alliance de plusieurs familles industrielles a permis le lancement des « 3 F ». Le groupe comprenait d’autres usines situées rue du Marché à Lille, à Comines et à Halluin. En 1966, Agache-Willot rachetait l’établissement puis le fermait rapidement. Aujourd’hui, le bâtiment de gauche est occupé pour une partie par l’Armée du Salut et les deux bâtiments de droite sont réhabilités en bureaux. En face, se trouve la cour Lompas, qui regroupe 8 logements. Au n° 29, c’est ici qu’entre les deux guerres était installée l’imprimerie du journal « L’Enchaîné » qui a précédé « Liberté », organe de presse communiste. Au n° 25, le bâtiment qui accueille aujourd’hui un dépôt de métallurgie était autre-

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L’usine PoullierLonghaye, document M. Dubus.

fois un dépôt de vins et spiritueux, « Les caves centenaires », de M. Dambrine. Au n°15, durant le 19e siècle, on voyait l’entrée de la plus vaste cour de Moulins : la cité Debailleux ; elle comptait 44 maisons, réparties dans un dédale de couloirs, qu’on ne pouvait apercevoir de la rue. Construite en 1861, la La rue des usines cour disparaît en 1914-18 ; toutefois, jusque vers La rue de Valenciennes était appelée autrefois et à juste titre par 2000, il en restait 4 maisons et, sur le mur proles ouvriers la rue des usines. che de la rue, on voyait la plaque bleue indiquant À la fin du 19e siècle et au 20e l’entrée de cette cité. Enfin, à gauche, sur le trotsiècle, elle comptait différents toir d’en face, sur le terrain aujourd’hui occupé commerces: des cafés, des caféspar le bâtiment LMH, se trouvait l’importante dîneurs, des épiceries, une bourobinetterie industrielle Cocard-Crane. langerie, une boucherie…

3e À l’angle de la rue de Valenciennes et de la rue Jean Jaurès

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ur le terrain occupé aujourd’hui par les HLM, se trouvait l’importante robinetterie industrielle Cocard devenue Crane en 1960. Elle fut fondée en 1900 et d’abord établie au 13 rue de Valenciennes. Ce bâtiment fut très abîmé et probablement démoli en janvier 1916 par l’explosion des Dix-Huit Ponts. Il fut reconstruit après 1920 (on peut voir sur la façade les chevrons JC, « Jules Cocard », entrelacés) et on y installa le magasin des vannes et robinets. La fonderie fut transférée aux numéros 32 à 40 rue de Valenciennes. Elle passe donc de l’autre côté de la rue. La spécialité de la maison est la robinetterie, indispensable dans de nombreuses industries : pour l’eau, le gaz, la vapeur haute température, l’air comprimé. D’où les vannes, les manomètres, etc. Production de renom, toujours perfectionnée, appréciée tant à l’étranger qu’en France. Vers 1960, Cocard devient SA Crane ; le magasin de vente se trouve alors 62 rue de Trévise. 66


Vers 1969, la firme quitte Lille pour s’installer à Armentières. Après ce départ, le bâtiment de l’usine est rasé et le terrain récupéré par les HLM pour y construire un ensemble immobilier de 384 appartements achevé en 1973. Entre les deux guerres, on mentionne l’existence du syndicat CGT. Après la grève de mai-juin 1936, qui a connu l’occupation de l’usine, on signale le licenciement d’un militant de ce syndicat.

L’usine Cocard. Collection J.-P . Van Godtsenhoven.

4e Rue de Maubeuge

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ur notre droite, au 36 rue de Maubeuge, se trouvait la chaudronnerie Laurent et Wième, entre 1900 et les années 1970. C’était une chaudronnerie en fer, acier, cuivre. Elle fabriquait des générateurs, des tuyauteries, etc. Il y avait tout à côté une courée du même nom : Laurent et Wième.

5e Rue de Douai

E n face de nous, au 86 rue de Douai, dans les locaux occupés aujourd’hui par la maison Vit’Vitré, se trouvait une visserie. Avant 1914, elle portait le nom de Dupont-Thellier de Poncheville, puis, dans les années 1960, celui de Ceugnier. Quand nous serons dans la rue de Montesquieu, nous pourrons voir la cheminée carrée de cette entreprise

6e Rue Jean Jaurès

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u n°44, après 1920, on construit ici l’entreprise Opsomer (découpage de métaux), qui devient Farmétal dans les années 1960. Elle occupe environ 30 salariés. Elle va s’implanter à Tourcoing au début des années 1990. Au n°46, c’est la tôlerie Devauze, établie à la même époque, qui cède la place par la suite à la maison Delvoye, commerce de peinture ; c’est un vieux bâtiment comme on le verra sur le côté, dans la rue de Trévise. 67


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7e À l’angle de la rue Jean Jaurès et de la rue de Trévise

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u-delà du carrefour, aux numéros 50-52 de la rue Jean Jaurès, débouchent les ateliers de Paul Lagache (emballages métalliques : boîtes de thé, Nescafé, bidons de peinture Avi, de diverses formes, formats et couleurs). L’entreprise était établie à cet endroit depuis 1920. Auparavant, depuis sa création à la fin du 19e siècle, elle se trouvait au 16, rue de Valenciennes. En 1935, elle comptait 110 salariés ; ces dernières années, à peine 10, à cause de la mécanisation. Elle a cessé sa production sur place en 2008 ou 2009. Les ateliers passaient derrière les maisons de la rue de Trévise et s’étendaient jusqu’à la rue de Douai, sur laquelle s’ouvraient les bureaux. Le site accueille aujourd’hui une cinquantaine d’artistes et d’artisans, sous le nom de la Ferblanterie. Plus loin, après les courées, au numéro 68 de la rue Jean Jaurès, entre les deux guerres, se trouvait la chaudronnerie Chardin, devenue Chauméca en 1937. On la retrouvera rue de Douai car ses bâtiments s’étendent d’une rue à l’autre. En 2009, cette entreprise a quitté le quartier ; elle est remplacée par des logements.

Une facture de l’entreprise Lagache, 1907. Collection J.-P . Van Godtsenhoven.

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8e Rue de Trévise

N ous avançons dans la rue de Trévise, à mi-distance de la rue de Douai. Sur notre droite, nous voyons l’arrière du magasin Delvoye, la toiture

en fenêtres sheds indique vraisemblablement qu’il y a eu à cet endroit une petite filature fin du 18e siècle. Nous passons devant l’ancien Moulage Plastique Français, transféré depuis janvier 2005 à Haubourdin. À notre gauche, nous voyons la grande porte des anciens ateliers Paul Lagache dont nous avons aperçu la sortie rue Jean Jaurès.

9e À l’angle de la rue de Douai et de la rue de Trévise

N ous allons évoquer une série d’entreprises métallurgiques qui sont aujourd’hui presque toutes disparues. À droite, à 100 m, nous apercevons

le garage Renault, encore appelé Crépin, du nom de son ancien exploitant. Dans les années 1980, il comptait 80 salariés. Ce nombre a beaucoup diminué aujourd’hui. Auparavant, à cet endroit, c’était la maison Degoul-Gronier qui récupérait des vieux métaux. En face, un grand bâtiment d’exposition de voitures d’occasion; avant Renault, le lieu était occupé d’abord par Peugeot, puis par Simca.

10e Rue de Douai

3 00 m plus loin, au n° 25 de la rue de Douai, fut établie vers 1845 l’entreprise anglaise de construction mécanique John Ward. Elle produisait princi-

palement des machines pour filature, à teiller le lin, le chanvre, etc. En face de nous, aux n°110-112 (au 94, ancienne numérotation), se trouvait l’entreprise de construction mécanique Mathelin et Garnier. Ses bâtiments s’étendaient jusqu’au dépôt Michelin rue de Trévise. Tout à côté, au n°114 (jadis 96), se trouvait la maison Déplechin, construction de machines, de pompes de tout système et de fonderie de fer, jusque 1914. Sur notre gauche, à l’emplacement actuel du magasin Tibélec, aux n° 117-123, se trouvait au 19e siècle le carrossier Blin, puis au 20e siècle, l’agence automobile Matford. Plus loin, aux n° 135-139, se trouvait l’entreprise Chaumeca, dont nous avons parlé rue Jean Jaurès. Elle est aujourd’hui remplacée par un immeuble d’appartements, mais on a conservé la façade de l’entreprise.

11e Au niveau de la rue de Saint-Quentin

D ans la rue de Saint-Quentin, qui débouche sur la droite rue de Douai, est toujours en exploitation l’entreprise Deregnaucourt. Implantée depuis le

19e siècle, elle produisait uniquement des machines pour les filatures. Elle a par la suite diversifié sa production. En 2005, elle occupait environ 30 salariés.

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Pr o m e n a d e

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12e Au delà de la station de métro

A u-delà de la station de métro Porte de Douai, à peu près à l’emplacement du périphérique, sur la gauche se trouvait dès 1845 une autre entreprise

anglaise, Windsor, fonderie de fer, machines pour filatures, etc. Elle disparaît lors de l’aménagement des fortifications en 1860. On le constate, il y eut sur cette rue de Douai de nombreuses entreprises métallurgiques, de dimension plus ou moins importante, et qui sont aujourd’hui disparues. L’énumération de tous ces noms nous donne une idée du passé industriel caractérisé par cette multitude de petites entreprises. D’autre part, on peut aussi observer que les mêmes bâtiments industriels ont été réutilisés au fil des décennies, pour des industries similaires, mais aussi quelquefois pour des industries ou des commerces différents.

13e Rue de Trévise

N ous voyons sur la droite l’arrière des entreprises Mathelin et Garnier et Déplechin. Ce sont de vastes bâtiments qui donnent une idée du volume de

ces entreprises au début du 20e siècle. Un de ces bâtiments fut un temps occupé par un dépôt Michelin. On en voit d’ailleurs le nom sur un mur. C’est aujourd’hui un entrepôt pour les peintures Delvoye. À l’angle des rues de Trévise et Montesquieu se trouvait une fabrique de chocolat et confiserie, fin du 19e siècle. C’était la maison Donat puis la maison Thomas. Incendiée en 1965, elle ne fut pas reconstruite. Dans les années 1985, un promoteur privé y a bâti ces logements appelés Jardin de Montesquieu. Cet établissement n’avait rien à voir avec la métallurgie, mais ce rappel montre qu’à Moulins, l’industrie ne se limitait pas qu’aux filatures et à la métallurgie.

14e Rue Montesquieu

S ur la gauche, la cour Saint-Louis, en partie rénovée. Nous traversons la rue Philippe de Comines. À droite, après le café qui fait l’angle,

s’impose à nos yeux « le jardin des retrouvailles » ; ouvert vers 1990 sur un terrain laissé à l’abandon, il est régulièrement entretenu, du printemps à l’automne, par les habitants et l’association les AJOnc (Association des Amis des Jardins Ouverts et néanmoins clôturés). Au fond de ce jardin, un trou percé dans le mur ouvre sur un terrain en friche, lieu qui accueille des expositions d’artistes méconnus, photographes, peintres, etc. Au-dessus du Jardin des Retrouvailles, on aperçoit la cheminée carrée de la visserie dont on a parlé rue de Douai. Suit la cour Benjamin (10 maisons).

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15e Rue de la Plaine

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n face de la rue Montesquieu, Soudanor, dont le nom est mentionné sur le mur, fut une annexe de la maison Paindavoine (ponts roulants, grosse métallurgie), qui est installée à Lille-Sud. Ici, on faisait, comme le nom l’indique, de la soudure électrique. Elle a été abandonnée après un incendie survenu après 1992. À droite, nous apercevons une grande porte métallique verte : c’était l’entrée de l’entreprise Langlois ; derrière les logements, on entrevoit la toiture de cet établissement dont on va voir les anciens bureaux rue Victor Duruy. À l’angle de la rue de la Plaine et de la rue Victor Duruy, sur l’emplacement de la résidence étudiante, se trouvait jadis l’établissement Rigau, construction mécanique.

16e Rue Victor Duruy

L

anglois était une entreprise de mécanique générale et de précision. C’était un sous-traitant qui fournissait sa production à l’industrie automobile dans les 48 h. Il est mentionné dès l’année 1900. Beaucoup des 19 salariés étaient des P3, c’est-à-dire des ouvriers de haute qualification. Chez Langlois, les machines étaient modernes, comme le tour à commande numérique, etc. Cette entreprise est fermée depuis 2008.

17e Rue Dupetit Thouars

S ur notre droite, nous voyons la partie arrière de la maison Folie. C’était jadis une malterie (voir promenade 3). On peut remarquer les petites fenê-

tres d’aération caractéristiques des salles basses d’une malterie ; dans ces salles, s’opéraient la germination des grains d’orge puis une légère torréfaction qui leur donnait la couleur désirée pour la bière, brune ou blonde.

Prenons la rue de Fontenoy à droite en direction de la rue d’Arras.

18e À l’angle de la rue de Fontenoy et de la rue d’Arras

C omme précédemment, il faut mentionner que dans cette rue d’Arras, il y eut durant une centaine d’années environ 7 constructeurs mécaniques, ferblantiers, etc., petites entreprises aujourd’hui disparues, qui travaillaient au milieu des 120 magasins de la rue. C’est dire toute l’ambiance qui régnait ici.

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Pr o m e n a d e

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19e Rue de Wazemmes, rue du Bas-Jardin

A vançons jusqu’à l’angle de la rue de Wazemmes et de la rue du Bas-Jardin.

Nous apercevons, du côté impair de la rue du Bas Jardin, un bâtiment transformé en lofts qui porte encore l’enseigne Tampleu. Ce fut une entreprise de machinesoutils à diverses destinations : tours, poinçons ou encore quincaillerie, limes, etc. Dans le courant du 19e siècle, le fondateur, Delfin Tampleu, vendait des clous sur les marchés. Très courageux et ayant le sens des affaires, au début des années 1880, il installe un atelier rue du Bas-Jardin puis fonde aussi une entreprise d’outillage et de machines-outils aux 13-17 de la rue d’Arras. Au 20e siècle, la maison se développe. Elle compte 106 salariés en 1954 mais cesse ses activités à la fin des années 1980. Ce bâtiment donne aussi rue de Wattignies.

Revenons rue de Wazemmes.

20e Rue de Wazemmes

À l’angle des rues de Wattignies et de Wazemmes, au n°29 où on voit les maisons de ville construites en 2005, se trouvait la chaudronnerie Lan-

douzy, de 1904 à 1967. On y fabriquait en particulier du matériel pour brasserie. Dans les années 1980 environ, ce local fut occupé par un atelier ou un dépôt du magasin de meubles Coucke. Plus loin, aux n° 31-35, là où on voit la résidence des Ecoles, se trouvait le carrossier Vandenbussche, de 1920 à 1980. C’était un fabricant de voitures lié à une grande marque, sans doute Fiat. Au début des années 1920, la maison était prospère et occupait 100 ouvriers. Au moment de la fermeture, elle n’en comptait plus que 21. Au n°37, on voit la belle salle de sport qui fut naguère utilisée par l’ASPTT. De 1902 à 1960 environ, c’était la chaudronnerie Villette. On y fabriquait des chaudières, du matériel pour bateaux, etc. Depuis 2009, cette salle est devenue une salle municipale dédiée à la boxe et à l’haltérophilie et porte le nom de Maryvonne Dupureur ; ce centre a l’ambition de former des entraîneurs, des arbitres et bien sûr des champions de boxe.

21e À l’angle de la rue Lamartine

D

ans la rue Lamartine, au n°11, au 19e siècle et au début du 20e, on trouvait une entreprise Creed et Geldart, fonderie de cuivre, réparation de métiers pour filature de lin. Évoquons, enfin, l’important établissement Dujardin qui se trouvait à l’extrémité des rues d’Artois et d’Arras, c’est-à-dire boulevard d’Alsace (voir promenade 3).

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Le local des établissements Coucke rue d’Arras, 2000. Photo I. Caniot.

Au terme de cette sixième promenade, on peut à nouveau constater l’importance de l’industrie métallurgique dans notre quartier. En effet, nous avons mentionné plus de 30 sites de différentes dimensions. Beaucoup de ces entreprises se sont implantées plutôt vers la périphérie du quartier. Elles se sont d’abord développées au service de l’industrie textile, avant de s’orienter vers la grosse métallurgie. Un certain nombre de ces entreprises ont exporté leur production dans différents continents. Autre remarque : les ouvriers employés dans ce secteur étaient particulièrement qualifiés. Beaucoup s’étaient formés dans les cours du soir puis les diverses écoles industrielles. À leur manière, ils ont donc contribué à forger la mentalité de la classe ouvrière du quartier.

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S OM M AIRE

L’héritage textile de Moulins

page 6

Un riche patrimoine industriel

page 18

2 anciens axes routiers qui se modernisent page 30 Du lycée Baggio au Jardin des Plantes

page 40

Le tour de la filature Le Blan

page 50

L’industrie métallurgique à Moulins-Lille page 62

Imprimé en septembre 2010 par HPC/Adlis.

Cet ouvrage a été réalisé grâce au soutien du Conseil Général du Nord et de la Ville de Lille.

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