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Du charbon à la slow food

Dans la périphérie de Charleroi, les terrils et le charbonnage du Martinet constituent l’un des maillons de la politique locale de développement d’une alimentation durable et du lien avec la nature. Reportage dans un lieu chargé d’histoire et de luttes citoyennes.

«Ah, voilà des visiteurs, je vais voir s’ils ont besoin de quelque chose. » Depuis son salon, Pierre Vandevorden a une vue imprenable sur l’un des deux terrils du Martinet, entre Roux et Monceau-sur-Sambre. A quelques pas du seuil de sa maison débute l’un des chemins qui mènent à ce superbe espace naturel. Et celui qui s’est battu pendant près de quarante ans pour la préservation du site en est en quelque sorte devenu le concierge. « Quand les gens semblent un peu perdus, je sors, je leur propose une carte. » La crise du Covid a provoqué une forte hausse du nombre de promeneurs qui viennent chercher ici un contact avec une nature sauvage en presque pleine ville. « Ces terrils, ce sont nos forêts primaires de demain », commente Bernard Blareau en grimpant (raide) jusqu’au sommet, d’où l’on peut voir la ville de Charleroi et son très remarquable hôtel de police. Chargé de la surveillance et de la gestion du site, cet agent forestier intervient le moins possible, laisse les arbres tombés au sol pour que s’y développe plus de vie, et entretient les sentiers. La biodiversité est particulièrement importante : sur une cinquantaine d’hectares se développe un riche biotope. Les expositions à la lumière sont variées, il y a des pentes, des plaines, des milieux ouverts et fermés, des zones humides. « L’alternance entre un chemin, puis un massif, puis un espace ouvert, etc., permet d’avoir beaucoup de lisières, explique Bernard Blareau, ce qui enrichit encore la végétation. »

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A certains endroits, les bouleaux pionniers font place peu à peu aux chênes, aux charmes et aux châtaigniers. Sur le versant nord du grand terril, le plus récent, certains arbres « nobles » ont même été plantés après la Seconde Guerre par le paysagiste Guy Capart. Il cherchait à prouver qu’il était possible de les faire croître en milieu hostile. Telle une dune noire, une zone de déversements illicites et plus récents - ils datent de 1976 - est encore visible. Le rare criquet à ailes bleues et la petite pyrole y vivent discrètement. Pour Emilien Burlet, chargé de projets à Charleroi Nature, l’association qui gère le plan communal de développement de la nature pour la Ville et organise régulièrement des chantiers de gestion sur le Martinet, l’immense plaine TLC où se triait le charbon, au pied du terril, est « géniale » en termes de biodiversité. « Il y a une source, donc une mare permanente, des mares temporaires qui accueillent le crapaud calamite. Celui-ci est assez rare car il a besoin d’une eau qui se réchauffe très vite – la terre noire du terril est idéale. Globalement, on trouve ici une flore qui ne pousse généralement qu’en réserve naturelle, alors que c’est un ancien site industriel. Nous intervenons ponctuellement pour dégager des milieux ouverts, au sol plus pauvre, et conserver de petits espaces diversifiés, mais c’est limité à un seul hectare. » « Ces terrils, c’était un peu notre Amazonie à nous » se souvient Jacques Coupez, figure de proue du comité de quartier du Martinet avec Pierre Vandevorden. A la fin des années 1980, quand le chef Raoni faisait sa tournée médiatique dans le monde entier, le comité était en effet encore en pleine bataille pour la conservation de son poumon vert carolo. Plus d’une décennie après la fermeture et l’abandon de la mine en 1962 – où l’on a extrait jusqu’à 10 000 tonnes de charbon par jour (la fabrique à boulets cessera ses activités en 1978) – la société Ryan Europe s’intéresse alors aux terrils wallons. A l’époque, il est encore possible d’extraire du charbon. Elle dépose alors une première demande auprès de l’administration en 1976. Quelques habitants du quartier réagissent immédiatement. « Nous ne voulions pas de retour en arrière, raconte Jacques Coupez, nous nous sommes organisés pour nous battre contre Ryan. » Car les laisser récupérer le charbon signifiait vingt ans d’occupation du terrain « alors qu’on savait qu’ailleurs ils travaillaient comme des cochons » Et la disparition quasi totale des deux terrils. « On avait dénombré mille arbres par hectare sur le Martinet ! C’était absurde de couper tout ça et de nous retrouver avec un tas de cailloux ! » Des « barrakis » fiers « A l’époque, rappelle Martine Piret, de la Division de l’Aménagement urbain de Charleroi, on voulait effacer ces symboles de la souffrance de la désindustrialisation, le Pays noir devait devenir le Pays de Charleroi... » La mobilisation du quartier parvient toutefois – semble-t-il – à convaincre, et les terrils sont reconnus comme « intouchables » par la Ville puis la province et protégés pour dix ans. Mais en 1986, Ryan revient à la charge, rachète le Martinet et lance l’enquête commodo-incommodo. Chacun à leur tour, Pierre et Jacques égrènent les souvenirs de la longue, très longue lutte pour la préservation de cet environnement exceptionnel. Pendant toutes ces années le comité de quartier a rivalisé de créativité. Une pièce de théâtre jouée par les habitants sur l’histoire des lieux, une exposition sur la mine à Bastogne – dont le bourgmestre Lutgen était alors ministre de l’Environnement –, une visite au conseil communal avec la fanfare, la « vente » de mètres carrés du terril (un pour cent francs) pour payer l’avocat, des photos aériennes des sites de Ryan obtenues grâce à l’organisation de baptêmes de l’air… « Les opposants ont toujours été très

On a dénombré mille arbres par hectare sur le Martinet ! C’était absurde de couper tout ça et de nous retrouver avec un tas de cailloux ! »

Jacques Coupez, comité de quartier du Martinet vigilants analyse leur amie Martine Piret, ils ont su s’auto-organiser et mêler les aspects festifs et combatifs. » Le comité a acquis un chapiteau, mis sur pied une ducasse, un dîner campagnard, une chasse aux œufs sur le terril et différents rendez-vous conviviaux qui ont construit et construisent encore l’esprit du quartier.

Tout en bâtissant en parallèle des dossiers argumentés, portés à tous les élus (« pour éviter qu’ils prétendent ne pas être au courant »), des tracts, des contacts avec les médias. « Nous avons utilisé les dissensions entre les partis, créé des brèches au sein du PS [à la tête de la Ville], détaille Jacques Coupez. Nous avons cru quelquefois que c’était foutu, mais nous avons poursuivi, il y avait pas mal de choses pourries là-dessous, de conflits d’intérêts… Nous étions très soutenus par la population. » La bataille sera finalement remportée, les terrils protégés par la Région en 1995, le site acheté par la Ville en 1999. Et le comité s’attaque alors à la rénovation des bâtiments restants, Martine Piret introduisant victorieusement un dossier dans le cadre du Plan Marshall 2.vert de l’époque. Quatre millions d’euros plus tard, en 2013, le chantier se termine. Il faudra encore une mobilisation du comité pour que bougent les choses et voir un plan d’occupation se dessiner, autour de l’alimentation durable et de la nature, dont de nouveaux détails et la coordination seront dévoilés en ce mois de mars. « Aujourd’hui, les habitants sont à nouveau fiers de leur territoire, analyse Martine Piret, les jeunes affichent ‘‘baraki’’ sur leurs tee-shirts, et la silhouette du charbonnage sur les étiquettes de bière ça marche du tonnerre. C’est essentiel de garder des lieux témoins comme ici. » Et, pour Pierre Vandervoren, « le Martinet est l’un des sites les plus complets, la plaine TLC est la seule qui subsiste en Belgique et rappelle vraiment le quotidien des mineurs. » Le Bois du Cazier, non loin de là, « est une vitrine, un souvenir de la catastrophe, ajoute Martine Piret. Le Martinet, c’est le symbole de la lutte de ce quartier. »

De voir ce lieu, pour lequel ils se sont tant battus, pionniers de l’attention portée à l’environnement, devenir aujourd’hui un pôle de développement durable de la Ville est une petite victoire. « Pour nous c’est en harmonie avec ce lieu privilégié », se réjouit Jacques Coupez. « Le terril, conclut Martine Piret, relie les deux cents ans d’histoire industrielle de Charleroi avec les nouvelles pages du développement durable qui s’écrivent aujourd’hui. ». Laure de Hesselle

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WWW.QUARTIERDUMARTINET.BE LA RANDONNÉE DE LA BOUCLE NOIRE PASSE PAR LE SITE DU MARTINET CHEMINSDESTERRILS.BE

Aménagements réalisés à court terme dans la cité Parc de Marcinelle : chantier école pour une aire de jeux, gestion différenciée, semis de prairie fleurie, plantation de fruitiers (ici variété ancienne de poiriers de Charleroi).

> Mise en place des partenariats et suivi des acteurs, définition et suivi de l’étude préalable, rédaction des clauses du cahier des charges pour la désignation d’un auteur de projet.

« Habiter » n’est pas juste se loger. La cité Parc est une cité sociale emblématique du district Sud de Charleroi. Ses 951 logements sont peu à peu rénovés par la Sambrienne, société gestionnaire. Son action est cadrée par le gouvernement wallon et se limite néanmoins à l’amélioration de la salubrité et à la rénovation énergétique du parc locatif. Les espaces extérieurs de la Cité-Parc (près de 11 hectares) sont caractérisés par de vastes pelouses inhospitalières qui méritaient d’être repensées. En partenariat avec la Sambrienne et grâce à l’association de nombreux acteurs, un plan de valorisation paysagère, écologique et sociale de ces espaces ouverts a été initié. Il articule des actions de court et moyen terme et a permis d’engager une dynamique de transformation.

À court terme :

• une étude d’orientation a été confiée à Charleroi Bouwmeester afin d’exprimer les potentiels paysagers du site. ;

• une aire ludique nature a été conçue et a été réalisée (partenariat ville, Sambrienne, Adalia et Régie des quartiers)

• une cinquantaine d’arbres ont été plantés et des fruitiers installés près du jardin communautaire (asbl Charleroi Nature) ;

• des tontes différenciées et le semis de prés fleuris ont été réalisés (Atelier 85 missionné par la Sambrienne) ;

• le site a été investi par la culture avec le centre culturel de l’Eden (Quartiers Libres ! L’architecture monte dans les tours).

À moyen terme :

• un réaménagement complet des espaces extérieurs de la cité Parc est prévu. Le cahier des charges prévoit un volet études et travaux et un volet participation.

Plan de valorisation paysagère de la cité Parc réalisé par Charleroi Bouwmesteer. Trois paysages ont été identifiés afin de renforcer la structure et la lisibilité du site : le coeur paysager, les vergers participatifs et les espaces habités.

© Charleroi Bouwmesteer

Distributions citoyennes de racines nues lors des journées de l’arbre. © Charleroi

Voyage

> Organisation d’évènements divers : séminaires internes du service Nature en ville, journées de l’arbre (animations et distributions d’arbres), rencontres citoyennes, ateliers, mises en cultures, etc.

> Accueil de groupes : présentation promenades et médiation autour des politiques publiques de la ville de Charleroi (séminaire de l’Association belge des Architectes de Jardins et des Architectes Paysagistes, École d’architecture Paris-est, École des Mines, Université libre de Bruxelles, École d’architecture de Mons, soirées élus Adalia, etc.)

> Membre de jurys, en représentation de la ville de Charleroi.

POLITIQUE NATURE EN VILLE - CHARLEROI ÉVÈNEMENTS : MISES EN CULTURE

> Impulsion et co-organisation des « mises en culture » .

Organisées en partenariat avec le centre culturel EDEN et avec l’association Charleroi Nature, les « mises en culture » articulent sur un format court une conférence grand public et un atelier pratique. L’objectif est double. Tout d’abord, inviter les Carolos à prendre part au projet de ville au travers d’une série d’actions de végétalisation menées sur le territoire. Ensuite, permettre de changer de regard sur son environnement et proposer des idées, des réflexions et des pratiques liées à la présence de la nature en ville.

19 Charleroi www.dh.be 17-18/10/2020 dh - les sports Retrouvez-nous sur Facebook dh Charleroi - dh thudinie Gerpinnes

Première en Wallonie : un quartier pilote vert

la première ville wallonne à intégrer la nature dans l’espace de vie des citoyens, avec vergers et plantes.

C’ est une première en Wallonie, la ville de Charleroi se lance dans un projet pilote de végétalisation des espaces urbains. Pour ce faire, c’est un quartier de Dampremy qui a été choisi. “Le principe du quartier pilote est d’agir avec un plan d’actions limité dans le temps et l’espace sur des projets de végétalisation de l’espace public et sur une gestion écologique des espaces verts” explique le bourgmestre Paul Magnette en charge de la Nature en ville.

Avec l’assistance des “conseillères les autorités communales ont cherché à mettre en avant les avantages d’une végétalisation accrue et naturelle au cœur des quartiers. Ceci poursuit les chantiers réalisés aux quatre coins de la ville comme l’aménagement des espaces de jeux du parc de la Serna à Ransart, du parc Nelson Mandela à Monceau ou encore le remplacement des plantes annuelles par des plantes vivaces. La création d’un quartier pilote résulte de la volonté de la Ville d’intégrer tous les éléments constituant une végétalisation efficace et durable. “Dampremy-centre sera donc le charleroi

Sans-abri : un abri de nuit tout neuf prévu pour 2021 charleroi plus spacieux, il sera amené à remplacer le dourlet. premier quartier pilote ‘nature en ville’. Notre objectif est d’offrir un accès à des espaces de nature de proximité aux citoyens tout en consolidant le réseau écologique communal. Des projets d’aménagement et de végétalisation mais aussi l’engagement d’une gestion plus écologique des espaces verts du quartier y seront déployés. Il s’agit, par exemple, d’installer des plantes vivaces ou d’effectuer des tontes différenciées” souligne le bourgmestre. “Les aménagements envisagés porteront sur la création de verger, sur des opérations de plantations dans les parcs ou sur la déminéralisation d’espaces bitumés.” La place de Crawhez sera également aménagée.

1,5 million d’euros ont déjà été consacrés à l’aménagement de sites “nature en ville”.

Afin de s’inspirer, les autorités communales n’ont pas hésité à aller voir ce qui se fait autre part que ce soit en Suisse ou en France. Au terme de la mandature, c’est donc un quartier oublié qui trouvera une nouvelle identité pour un mieux-vivre des citoyens. Un tel projet n’aurait pu sortir des bureaux du bourgmestre sans une réflexion profonde suivant 5 axes majeurs. L’axe de la Super Sambre, destiné à mettre en valeur et inclure la Sambre, le paysage. Un axe Nature nrbaine visant à déployer un maillage d’espaces de nature de proximité. Un axe Itinéraires de découverte et plus pour Charleroi Métropole, une reconnaissance des réserves naturelles et une autonomie alimentaire grâce aux producteurs locaux. F.Ng.

Les visites sont interdites dès ce samedi dans les hôpitaux du CHU CHaRLeRoi l iSPPC,via sa page Facebook, vient d’annoncer une mesureradicale que l’on n’avait pas vue depuis le confinement : les visites dans les hôpitaux du ChU de Charleroi seront interdites,dès ce samedi 17octobre. Des exceptions existent : les parents peuvent visiter un enfant s’il est en pédiatrie le pèreou le/la conjoint(e) si la Lesnack MyKebab complètement détruit par les flammes eRqUeL NNes Jeudi soirvers23h 15les pompiersont dûintervenir chez My Kebab,lafriteriede larue albert i , à côtédelagare. les il avait regardé le sexe d’une petite de 7 ans : en prison ! PoNt-à-CeLLes Fred, 59 ans,n’en est pas à sa premièrecondamnation pour ce genrede faits : cette fois,c’est la prison ferme qui l’attend. alors qu’elle venait lui demander un rouleau de papier toilette,il avait attrapé la jeune enfant d’un de ses voisins de caravane – la petite emilie,7 ans – et a tirésur l’élastique de sa culotte pour obLa Der n i èr e Heu r e 17 10 202 0*

Charleroi, 1 000 personnes passentpar les abris denuitduCPAS deCharleroi. Cequi a pousséce dernier à améliorer ses infrastructures pouraccueillirles SDF. “Nous avons rentréunpermispouraménagerlebâtiment duSpinois. À l’étage serontaménagées 48places. Cet abridenuitseraenbon étatetplus moderne que celui deDourlet” affirme PhilipeVan Cauwenberghe, président duCPAS. Cenouvelabriaccueillera huitplacesdédiées spécialementaux femmes. Cet espace seveutrelativementautonomeetelles disposerontdesanitairesspécifiques. Elles serontisolées del’autre partiedubâtiment.

Quelques extraits de divers journaux (Le soir, France info, la dernière heure, carnet des espaces naturels, la DH, Charleroi magazine, etc. )

POLITIQUE NATURE EN VILLE - CHARLEROI COMMUNICATION, PRESSE 2018 – 21 de l’alimentation avec, outre la création d’une cantine collective pour de nombreuses collectivités, des potagers et vergers partagés,etc. Le 4 point tourne autour «des réservoirs écologiques. Nous avons déjà des grands endroits avec une forte biodiversité. Nous devons les protéger, en promulguant de nouvelles réserves naturelles.» Le tout sans oublier des itinéraires de découvertes plus nombreux pour permettre à chacun ment, il y a un wagon de mine et c’est plus ou moins tout. Nous allons la repenser avec les habitants. Il s’agit d’un en«Il se situe àla limite de la Docherie, entre deux quartiers densément peuplés. Il est laissé à l’abandon, à l’état de steppe. Notre ambition est d’en faire un parc ludique, davantage destiné aux jeunes, où on verra aussi des parcours pour VTT ou BMX. Pour cela, nous prenons exemple sur le parc de l’Héronnière à WatermaelLe tout devrait débuter par des échanges avec les citoyens dans les prochaines semaines. Un agenda précis des différentes En coopération rains. © Google phases a déjà conception et la verger devraient cette année. En droit à la transformation parc du dragon… nous adapterons rythme de la nature», Paul Magnette.SALONS - SALLES À MANGER - CHAMBRES À COUCHER - LITERIE

> Représentation de la ville, préparation de conférences de presse et de réponses aux journalistes sous la supervision de l’attachée de presse.

Carte du projet citoyen de la boucle Noire.

© Harisson

Boucle Noire exposée au pavillon de l’Arsenal.

© Francis Pourcel

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