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SARAH TRITZ

SARAH TRITZ

représentation d’une mère héroïne. Il ne s’agit pas pour lui de répondre à un projet idéologique mais de faire un tableau. Lumières et perspectives trafiquées, écriture hétérogène tantôt très minutieuse tantôt très évaporée : l’étrangeté de sa peinture nous donne à contempler la maternité comme un mystère.

Les métamorphoses de la famille

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Un artiste c’est un peu comme une éponge. Il absorbe ce qu’il voit, ce qu’il apprend, ce qu’il vit. Il se nourrit du réel. Le digère, le métamorphose. Son œuvre se situe aux carrefours de la grande Histoire et de l’intime, entre référents à l’art et observation du réel. Faire un tableau de sa vie de famille, c’est faire un tableau de toutes les familles. C’est tirer le transitoire, le personnel, le quotidien vers quelque chose d’éternel, d’universel, d’archétypal. C’est aussi capter l’envers du décor, les tabous ou noirceurs qui se cachent derrière les apparences de ce que nous vivons.

À travers sa série Everyday life in a happy Family, Charlotte Salvaneix a trouvé les moyens de réconcilier sa vie de famille et sa vie d’artiste. Avec l’arrivée de ses enfants, sans cesse tiraillée entre le temps de l’atelier et les besoins du foyer, elle doit réinventer sa pratique de la peinture. Elle délaisse les grands tableaux, et les frustrations que leur exécution engendre par manque de temps à l’atelier, pour explorer le petit format. L’humilité de l’esquisse et la rapidité d’exécution s’adaptent mieux à sa réalité quotidienne. Dans cette série, Charlotte Salvaneix prend pour sujet sa vie de famille, observant ses enfants dans des moments simples du quotidien. Mais ce regard de mère, l’artiste l’enrichit de poésie, de symbolisme, de peinture. Et les œuvres qu’elle crée dépassent l’histoire personnelle pour capter les symptômes, les symboles représentatifs de la famille contemporaine, à travers lesquels d’autres peuvent se contempler. De cette famille contemporaine, l’œuvre de Charlotte Salvaneix en révèle les tabous et ambivalences. Ici, la famille est lien d’amour, de confiance, de tendresse, source de réconfort et de soutien. Là, elle devient lien trouble, de rivalité, de jalousie, source de souffrance et d’insécurité.

L’art de Fabien Mérelle, c’est une chronique graphique de son quotidien. S’inspirant de sa vie intime, ses dessins et sculptures représentent sa femme, ses enfants et lui-même. Mais l’artiste toujours tente de s’extraire de cette dimension personnelle pour questionner l’homme en général. Il laisse aller son imagination, mêle réalité et fiction, récit autobiographique et mythologique. Par sa poésie délicate, son travail transforme l’histoire intime en métaphores de la destinée humaine. À travers ses proches, Fabien Mérelle interroge la peur, l’amour, la fragilité de la beauté. De la famille d’aujourd’hui, l’artiste nous donne à voir ce qui en fait sa force : la confiance, la complicité du jeu, la protection. Mais c’est aussi une famille fragile, ballotée et menacée par les événements de la grande Histoire : nationalisme, urgence climatique, guerre. Face à cette précarité, représenter sa famille c’est peut-être aussi chercher inconsciemment à arrêter le temps. Conserver des fragments de mémoire, des morceaux d’amour pour l’éternité vivants.

La question de la famille est intrinsèquement liée au royaume créé par Florence Obrecht et Axel Pahlavi. L’un et l’autre se représentent souvent, tout comme ils représentent leurs enfants, leurs amis, leurs familles. Très clairement, il y a pour eux un rapport affectif aux modèles, quelque chose d’intime s’incarne au cœur de leur pratique fondée sur le portrait. Ces représentations de l’intime, pour Axel comme pour Florence, entrent souvent en résonance avec l’univers du spectacle et de l’art en train de se faire. Décor, mise en scène, maquillage, costume. Et voilà que

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