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FRANÇOISE PÉTROVITCH
À l’arTsenal, Lidia Kostanek présente cinq œuvres en céramique réalisées entre 2015 et 2019.
Les œuvres Jardin blanc, Jardin noir et Mandorles respectivement produites en 2015 et 2019 sont deux sculptures en bas-relief constituées respectivement l’une de deux et l’autre de trois parties. Les mandorles en forme d’amandes, font référence à l’iconographie religieuse, à l’origine, il s’agit de représentations de figures saintes qui trônaient au cœur d’un ovale pour célébrer le passage de la vie terrestre à la vie céleste. Proche de la forme de la vulve, ici, c’est bien la figure du sexe féminin qui se répète, proposant ainsi de relire le passage de la vie in utero à la vie terrestre et dans un vocabulaire plus organique que céleste. Dans Jardin blanc, Jardin noir, le propos est accentué avec la composition florale qui peut directement renvoyer aux céramiques funéraires. L’une, blanche cache dans sa composition de petits œufs évoquant la naissance, quand la seconde est habitée par une araignée. Dans un cas, c’est la question du potentiel fécond du sexe féminin, dans l’autre, une référence à l’Œuvre de Louise Bourgeois, où l’araignée convoque la figure tutélaire de la mère.
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Quant à La Cuirasse, œuvre également présentée dans l’exposition, il s’agit d’une œuvre constituée de deux pièces en céramique, elle représente la perte de l’innocence de la fillette dans sa transition vers l’âge adulte. Enfermée dans cette nouvelle peau, elle subit le changement de regards sur son corps voué à donner la vie, sa prison devient - à la manière d’une peau de bête - sa cuirasse. Glitch, une sculpture également en grès émaillé, réalisée en 2017, représente le portrait d’une
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jeune femme, dans un effet d’onde, qui semble changer de peau, les yeux clos, sereine, elle peut nous évoquer la divinité indienne Brahmā, reconnue pour sa bienveillance et sa sagesse. L’émail brillant de cette sculpture évoque la sacralité du personnage comme la dorure qui recouvre les représentations de ce dieu. Son titre Glitch, que l’on peut traduire par ”bug” ou ”dysfonctionnement”, souligne avec humour un problème dans la matrice où la capacité créatrice de cette femme qui peut-être fera le choix d’aller à l’encontre de son rôle procréateur autant que la capacité de l’Homme moderne de s’accomplir à travers plusieurs missions conjointes : professionnelles, personnelles et sociales.
Mycélium est une installation constituée de modelages en céramique représentants une multitude de seins de plusieurs tailles qui émergent d’un monticule de terre à la manière de champignons reliés par un rhizome souterrain. À leurs extrémités, semble parfois s’écouler ou suinter du liquide. Allégorie de la fertilité de la terre comme du corps féminin nourricier, cette pièce évoque également les désagréments auxquels les femmes peuvent être sujettes en période Post-partum.
À travers ces œuvres Lidia Kostanek révèle la dualité entre la capacité quasiment sacrée de la femme à donner vie et la charge physique et mentale que représente cette responsabilité. Elle souligne ici la violence que subit l’adolescente lors du passage à l’âge adulte et sur laquelle sont soudainement transposés fantasme et maternité. Entre objet de désir et corps douloureux, l’artiste questionne ici, la possibilité ou l’impossibilité pour la femme d’échapper à son rôle créateur.
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Ci-dessus : Mycélium, 2018, Installation, céramique et terre naturelle - Dimensions variables
Pages précédentes par ordre d’apparition : Glitch, 2017, Céramique - 42 x 33 x 18 cm ; Jardin blanc, Jardin noir, 2015, Relief floral en céramique, grès - 38 x 26 cm ; La cuirasse, 2019, Céramique - 42 x 33 x 19 cm
Ci-contre, vue de l’exposition Mettre au monde, de gauche à droite : Françoise Pétrovitch, Sans-titre, 2009, Lavis d’encre sur papier - 87,5 x 67,5 cm ; Charlotte Salvaneix, Maternité à l’atelier, 2016, Encre et huile sur papier - 41 x 31 cm
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Née en 1964 à Chambéry, Françoise Pétrovitch vit et travaille entre Paris et Verneuil-sur-Avre.
Après avoir obtenu un brevet spécialité arts graphiques à Lyon, Françoise Pétrovitch intègre une école préparatoire aux arts appliqués avant d’entrer à l’École normale, puis Normale Sup’. En parallèle de sa troisième année, elle prépare une maîtrise d’esthétique à la Sorbonne. Animée par le désir de transmission, elle intègre dès la fin de ses études à l’ENS, le corps professoral de l’École d’Estienne où elle enseigne toujours actuellement. En 2010, elle reçoit le Prix MAIF pour la sculpture et en 2021, le prix de dessin de la Fondation Daniel & Florence Guerlain. Françoise est aujourd’hui représentée par la galerie Semiose à Paris. Bénéficiant ainsi d’une plus grande visibilité en France mais aussi à l’étranger. Elle a exposé entre autres en 2011, au Musée Louvre Lens en 2018, première exposition monographique du musée dédiée à une artiste contemporaine, et plus récemment à la Fondation Hélène et Édouard Leclerc à Landernau (FHEL) et à l’Abbaye Royale de Fontevraud en 2022. Ses œuvres font partie de nombreuses collections publiques et privées dont : plusieurs Fonds régionaux d’art contemporain, le Centre Pompidou, Paris (FR), le Museum Voorlinden, Wassenaar (NL), le National Museum of Women in the Arts, à Washington DC (US), le Musée Jenisch, Vevey (CH), les musées d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne et de Strasbourg, le MAC VAL à Vitry-sur-Seine (FR), ainsi que les Fondations Salomon et Guerlain, le Fonds Hélène et Édouard Leclerc et le Fonds de dotation Emerige. Son travail s’enrichit de multiples références qu’elle découvre au fur et à mesure de ses recherches. Passionnée par la peinture depuis son plus jeune âge, c’est à travers les livres qu’elle découvre les maîtres de la peinture. Plus tard, elle se passionnera pour la littérature en lisant Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, Alexandra Fuller, Joyce Carol Oates. Empruntés au roman psychologique, l’intime, l’animal, la disparition, l’effet miroir, la gémellité etc. sont des sujets qui habitent les œuvres de Françoise Pétrovitch. Entre récit collectif et anecdote personnelle, le travail de l’artiste nous plonge dans une atmosphère ambiguë entre jouissance et inquiétude qui résulte de sa propre affection pour des sujets à priori inconciliables : réel et fictif, collectif et individuel, populaire et élitiste, littérature et roman de gare, arts appliqués et arts
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