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NEIMËNSTER

féministes ayant œuvré dans les années 60 et 70, notamment Louise Bourgeois, Valie Export et Mary Kelly, qui ont revendiqué le passage de la maternité au maternage, c’est-à-dire du patriarcat au maternage féministe.

En tenant compte de ces idées féministes, l’artiste Aneta Grzeszykowska observe comment ces éléments sont essentiels pour forger l’identité d’une femme. Les œuvres représentent la fille de l’artiste, Franciszka, jouant avec une poupée grandeur nature de l’artiste elle-même. En s’attaquant aux rôles sexués imposés par la société, la série intitulée Mama déplace la dynamique du pouvoir vers l’enfant. Ici, la fille prend soin de l’adulte comme elle le ferait d’une poupée, et le parent devient l’objet sur lequel l’enfant projette un fantasme d’adulte. Proche de la pensée de la philosophe Luce Irigaray, Grzeszykowska souligne l’importance de rompre avec le discours répressif selon lequel la femme n’est perçue que comme une mère, et pour la fille de la reconnaître comme une femme, en prenant finalement ses distances avec la toute-puissance maternelle.

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Dans la série Becoming, l’artiste Krystyna Dul réfléchit à sa relation avec son partenaire et à la nature transformationnelle de son statut de mère depuis la naissance de leur fille. Ces scènes intimes, éclairées de façon spectaculaire, qui rappellent les représentations historiques de la Vierge à l’Enfant, exposent le caractère fusionnel de leur relation, dans laquelle la mère et l’enfant forment une unité intense. Dans ses scènes de bains, elles sont en symbiose, rappelant le temps que l’enfant a passé dans le ventre de sa mère. Alors que les œuvres de Grzeszykowska et de Dul commentent la relation mère-fille du point de vue maternel, Eman Khokhar et Celeste Leeuwenburg examinent individuellement les questions de filiation, naviguant entre héritage culturel et familial. Après son retour au Moyen-Orient, Eman Khokhar s’est rapprochée de sa mère et de ses racines. Son imagerie superposée, combinant des motifs culturels tels que le foulard, les perles de prière de sa mère et un autoportrait obscur, présente un voile qui à la fois cache et révèle leurs similitudes et leurs différences. Ces juxtapositions soulignent ce qui renforce leur lien.

La série de Leeuwenburg, From what she told me, and how I feel, est le résultat d’une collaboration familiale et d’un dialogue entre le passé d’une mère et le présent d’une fille. Faisant référence aux récits et aux images des performances réalisées dans les années 1970 par sa mère l’artiste argentine Delia Cancela, le travail de Leeuwenburg prend une tournure contemporaine en combinant vidéo et images fixes.

À travers cet hommage, elle renoue avec sa mère, s’y identifie tout en créant une œuvre qui lui est propre et qui construit son identité d’artiste et de femme d’aujourd’hui.

Je suis moi, je suis toi cherche à réunir les différentes perspectives entourant la dynamique mère-fille, à la fois stimulante et inspirante, à travers un prisme social et culturel, en guise de clin d’œil aux femmes qui nous entourent, à celles que nous sommes aujourd’hui et à celles que nous deviendrons demain.

Claire di Felice

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