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DOSSIER ENVIRONNEMENT/ÉNERGIE

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Jan Le Moux : « La loi sur l’économie circulaire prend en compte les bénéfices environnementaux des papiers et cartons mais des points de vigilance persistent »

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Directeur “Economie circulaire et Politiques Produits” pour Copacel1 et délégué général de Two Sides2 en France, Jan Le Moux décrypte les conséquences, plus ou moins positives, de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire sur le secteur papetier. Il se félicite par ailleurs de la prise de conscience croissante de l’impact du numérique sur l’environnement.

◗ La Papeterie. La loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire a été adoptée le 30 janvier. Quel bilan général en tirez-vous pour l’industrie papetière ? ◗◗ Jan Le Moux. Cette loi a été adoptée au terme d’un processus de plusieurs mois auquel Copacel a activement participé. D’un projet initial de 13 articles, la loi est passée à 130 articles, enrichie par les sénateurs et députés pour toucher de nombreux secteurs. De manière globale, elle refl ète un profond changement d’état d’esprit des responsables politiques vis-à-vis des attentes des citoyens, même si certaines dispositions, prises à la faveur d’un amendement, n’ont pas fait l’objet d’évaluations environnementales complètes. Sur le matériau papier-carton, nous nous félicitons de l’attention que ce texte porte aux spécifi cités de notre matériau, biosourcé et recyclable. D’autres exigences entraîneront, à l’inverse, une remise en question de pratiques pour certains usages du papier graphique ou de l’emballage en papier-carton. En effet, plusieurs mesures montrent Plusieurs une approche strictement centrée sur dispositions n’ont pas fait l’objet d’études la production de déchet, qui est un des aspects de l’économie circulaire, d’impacts, mais pas le seul. Par exemple, cette loi alors qu’elles prévoit que les repas consommés sur apparaissent place dans les restaurants ne pourront comme pas être servis dans des emballages économiquement jetables. Vouloir réduire les déchets négatives et est louable, mais est-on sûr que sans bénéfi ce l’alternative – par les matériaux utilisés, environnemental. l’eau et l’énergie consommées pour le lavage et par le comportement effectif du consommateur – conduira à des impacts moindres sur l’environnement ? L’étude n’a pas été menée. Et pourtant, nous connaissons un antécédent avec la promotion de gobelets consignés dans les festivals. La réalité a montré qu’étant lourds et épais, ils n’étaient pas toujours effectivement réutilisés car les participants les emportaient comme souvenirs. De la même manière, vouloir réduire la distribution de tickets de caisse est louable, mais hormis les aspects pratiques (justifi catifs d’achat, garantie… auxquels les consommateurs peuvent ne pas penser), si cela conduit des enseignes à proposer des tickets soi-disant “dématérialisés”, y aura-t-on gagné, au regard de la capture des données personnelles et des impacts du numérique qui explosent ?

◗ La loi prend en compte l’intérêt environnemental du matériau papier-carton par diverses mesures. Pourriez-vous les décrire et les commenter ? ◗◗ Nous saluons effectivement le fait que la loi reconnaisse les qualités particulières de notre matériau et sa performance déjà remarquable en termes d’économie circulaire. Pour rappel, notre industrie recycle, en France, près de 5 Mt/ an de déchets de papiers & cartons et présente un taux de recyclage global (papiers & cartons) de 80 %. Les deux tiers de nos approvisionnements proviennent de la collecte et du tri des Papiers et cartons à recycler (PCR). Le solde repose sur le bois, matière première renouvelable et issu de forêts gérées durablement. La loi prévoit ainsi que certains matériaux ou produits devront comporter une teneur minimale de matières recyclées. Toutefois, les matériaux d’origine renouvelable, dont les caractéristiques seront défi nies par décret, sont exemptés de cette obligation. Le législateur reconnaît ainsi qu’un matériau produit à partir d’une ressource renouvelable, pour autant qu’elle soit gérée durablement, s’inscrit pleinement dans un schéma d’économie circulaire. De la même manière, les imprimés La loi reconnaît publicitaires devront, à l’avenir, être la complémentarité imprimés sur du papier recyclé ou fi bres vierges/fi bres issu de forêts gérées durablement. recyclées.

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Copacel accueille également de manière favorable l’encadrement apporté par la loi à la distribution des imprimés publicitaires. Ce texte donne en effet un cadre législatif au Stop-pub, qui permet à un citoyen de ne pas recevoir de publicité s’il ne le souhaite pas, ceci sans déstabiliser la chaîne de valeur des industries graphiques. Dans ce débat souvent idéologique, le législateur ne sait pas que les différents usages du papier sont liés ; fragiliser l’imprimé publicitaire fragiliserait en réalité près de 60.000 emplois et pourrait porter un coup fatal à la presse quotidienne imprimée. Les imprimés publicitaires sont également concernés par une disposition visant à interdire l’usage d’encres minérales d’ici à 2023, une interdiction qui concernera toutes les impressions d’ici à 2025.

◗ Le texte renforce les exigences applicables à certains biens manufacturés. Quelles seront les conséquences sur les produits en papier-carton ? ◗◗ Les mesures de restrictions applicables aux emballages en plastique à usage unique, qui constituent un des volets importants de la loi, auront tendanciellement un effet d’entraînement sur la production papetière, car de nombreuses marques cherchent aujourd’hui des alternatives au plastique – du fait de la loi, mais aussi pour répondre à une attente de leurs consommateurs. Dans le même ordre d’idée, le législateur semble prendre conscience des externalités environnementales négatives des équipements électroniques et de la communication digitale. La loi L’écocontribution fi xe ainsi de nouvelles obligations à ce d’un smartphone secteur. Cela permettra un arbitrage ne représente plus juste entre médias numériques et papiers : l’écocontribution d’un actuellement que 0,01 % de son prix, vs 5 % smartphone ne représente actuellement pour du papier que 0,01 % de son prix, vs 5 % pour du bureautique ! papier bureautique ! Ces mesures votées concernant le secteur des produits électroniques (durée de garantie, fourniture de pièces détachées, interdiction de destruction des invendus et de l’obsolescence logicielle, mise en place d’un fonds de réparation ou information du consommateur sur les émissions de gaz ou effet de serre de l’usage d’Internet) constituent une première étape de régulation environnementale pour le secteur de la communication digitale. Le public, les Pouvoirs publics et les élus commencent à en découvrir les impacts environnementaux considérables.

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◗ La prise de conscience de l’impact du numérique sur l’environnement semble effectivement enclenchée.

Cela vous rend-il optimiste ? ◗◗ De fait, ces derniers mois, les médias ont mis en avant les impacts environnementaux du numérique. Dans cette prise de conscience récente, les journalistes et de nombreuses personnalités réalisent que la dématérialisation n’existe pas : les smartphones et les infrastructures sans lesquelles ils ne peuvent fonctionner ont une réalité physique qui n’est pas neutre pour l’environnement. Bien que cet exercice soit complexe par essence, The Shift Project a évalué à plus de 300 Mt de CO2 par an les émissions associées à l’usage de la vidéo sur Internet. Le Conseil Général du Développement

Durable a estimé qu’un smartphone “pesait”, en réalité, 70 kg de matières premières et nécessitait 70 matériaux différents, dont certains rares et précieux, très peu recyclés. Pour leur part, deux chercheurs de l’Université de McMaster en Ontario estiment que l’industrie des Technologies de l’information et de la communication (TIC) devrait représenter 14 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2040.

La complexité du sujet, une moindre matérialité perçue par le citoyen et le peu de transparence pour calculer les impacts écologiques du digital n’empêchent ainsi pas des chercheurs, tels que Françoise Berthoud (CNRS) de s’en inquiéter3. En janvier 2020, le mensuel Alternatives Economiques a également consacré un dossier à la face cachée environnementale du numérique, également évoquée par le chercheur François

Gemenne dans Télérama4, qui explique que « l’empreinte carbone d’un e-mail stocké sur un ordinateur est infiniment plus lourde que celle d’une feuille de papier issu d’une forêt gérée durablement ». Les autres impacts, sociétaux, du The Shift Project numérique commencent également a évalué à plus à émerger dans le débat public. Le de 300 Mt de sociologue de l’EHESS, Antonio Casilli,

CO2 par an les émissions associées à a ainsi chiffré l’ampleur des emplois précaires, les travailleurs du clic, qui l’usage de alimentent cette intelligence artificielle la vidéo sur qui semble tellement fascinante. Son Internet. travail a été repris dans Les Echos5 . Dans le domaine cognitif, les impacts des écrans alertent les éducateurs et préoccupent les parents. Le Point, comme Télérama s’en sont fait l’écho…

Economiquement, l’hégémonie des Gafa ainsi que leurs comportements d’optimisation fiscale ont depuis longtemps été mis en avant : la richesse créée par nos comportements et la consommation des Français ne bénéficient donc pas au pays. Au contraire, elle est captée par un nombre restreint d’entreprises dont les moyens pour développer de nouveaux outils digitaux encore plus puissants et consommateurs de ressources naturelles deviennent considérables.

Face à cette prise de conscience qui couvre l’ensemble des aspects environnementaux, économiques et sociétaux du développement durable, une dimension manque pourtant selon nous : les réponses se focalisent souvent sur un usage

“responsable” du digital ou des conseils pour éviter l’addiction au smartphone, posant comme acquis que les outils de communication numérique sont incontournables. Tous ces médias et de nombreux intervenants institutionnels ne font pas le pas supplémentaire de questionner cet usage et de se retourner vers des moyens de communication alternatifs, respectueux de l’utilisateur, appréciés du lecteur et dont la performance environnementale n’est plus à démontrer. Pour faire un parallèle d’actualité, en cette période de campagne municipale, c’est un peu comme si on ne se préoccupait que de la promotion d’une voiture “responsable” en oubliant que l’on peut aussi développer le vélo !

◗ Pour revenir à la loi “Economie circulaire”, quelles sont les autres dispositions qui auront un impact important pour le secteur ? ◗◗ La loi apporte de profondes modifications au fonctionnement des filières à Responsabilité élargie du producteur (REP). Si une évolution semblait nécessaire pour tenir compte notamment du “Paquet Economie Circulaire” de la Commission européenne de 2018, la France a fait le choix d’adopter une logique où n’existe que Parmi les filières l’alternative entre un éco-organisme REP nouvellement et la mise en place d’un système individuel, par nature complexe à mettre en œuvre pour des produits créées, celle qui concerne les emballages non ménagers devra collectés chaque jour en quantités être suivie avec faibles et diffuses sur tout le territoire. attention. Pourtant, la Directive européenne prévoit une REP pour les emballages industriels, dont la récupération et le recyclage sont déjà bien organisés et performants : nous aurions aimé que des dispositions adaptées soient prises pour ne pas déstabiliser cet existant, qui ne correspond pas au fonctionnement habituel des filières REP, qui concernent en effet surtout des produits ménagers. Enfin, concernant le sujet polémique de la consigne, notre inquiétude demeure quant à la manière dont cette disposition de la loi sera mise en œuvre après 2023. L’amélioration du recyclage des bouteilles en PET – lesquelles sont déjà parmi les mieux recyclées de tous les emballages en plastique – via un système de consigne ne doit pas provoquer une dégradation du fonctionnement et du financement de la collecte sélective et des centres de tri. Ce qui impacterait le recyclage des autres emballages et du papier graphique et en renchérirait inutilement le coût supporté par les acteurs. n

(1) L’Union française des industries des cartons, papiers et cartons rassemble 75 entreprises qui emploient près de 12.500 personnes et qui réalisent un C.A. de près de 6 Md€. (2) Association pour un usage responsable du papier et de l’imprimé, Two Sides est une initiative mondiale sans but lucratif. Ses membres couvrent l’ensemble de la chaîne de valeur : foresterie, pâte, papier, encres, produits chimiques, finition, édition, impression, enveloppes et opérateurs postaux. www.fr.twosides.info (3) Cf. Entretien au quotidien “Le Monde” du 30 septembre 2019. (4) Cf. Entretien à l’hebdomadaire “Télérama” du 6 janvier 2020. (5) Cf. Entretien au quotidien “Les Echos” du 28 mai 2019.

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Le consommateur européen face aux défis environnementaux et… à ses contradictions

En préambule à la table ronde dédiée à l’économie circulaire organisée, fin novembre, dans le cadre du Congrès de l’Atip à Lille, Armand Chaigne (DS Smith Packaging France) a présenté les principaux enseignements d’un nouveau Livre blanc consacré à ce sujet. Pour sa part, Patrice Zirotti (Auchan) a exposé sa vision des achats d’emballages et du matériau papier en pleine période de “Plastic Bashing”.

Existe-t-il un consommateur-type d’emballages en Europe ? Quels sont ses attentes et son niveau d’information ? Comment se comporte-t-il ? Ce sont à ces questions, et à beaucoup d’autres, que ce nouveau Livre blanc dédié à l’économie circulaire, publié par DS Smith Packaging France en particulier avec le concours d’ObSoCo (Observatoire

Société et Consommation), entend répondre. Après plusieurs

Livres blancs dédiés à l’économie du vide, aux tendances de consommation (“Shoppers Trends”), au remplacement du plastique et à la perception, par les Français, du concept d’économie circulaire, c’est cette fois la vision de cinq pays européens que DS Smith a souhaité passer au crible. Réalisée en juillet 2019, cette enquête a été 7.000 personnes conduite auprès de 7.000 personnes ont été interrogées dans cinq pays (France, Allemagne, (dont 3.734 Français), représentatives de la population (méthode des quotas). Elle a concerné la France, l’Allemagne, le

Royaume-Uni, Royaume-Uni, la Pologne et la Belgique. Pologne et Chef de la BU “Industrial Market” et Belgique). “Marketing & Communication” chez DS Smith Packaging France, Armand

Chaigne a présenté les résultats de ce travail. En préambule, il a rappelé que son groupe a récemment signé un partenariat avec la fondation Ellen MacArthur. « En tant que leader, notre devoir est de sensibiliser nos clients et nos consommateurs sur les évolutions du monde », a-t-il rappelé.

Armand Chaigne (DS Smith Packaging France). SENSIBILITÉETMATURITÉFLUCTUANTESSELONLESPAYS D’après cette étude, plus de huit personnes sur dix, dans ces cinq pays, considèrent que les questions environnementales sont les enjeux majeurs auxquels les sociétés humaines sont confrontées. Mais si 45 % des Allemands se disent très préoccupés, ce n’est le cas que de 25 % des Français et de 22 % des Belges. Par ailleurs, la France et l’Allemagne sont les pays les plus pessimistes quant à la capacité à relever les défi s de demain : environ un tiers des Français et des Allemands interrogés estiment en effet que l’humanité est assez raisonnable pour réussir à faire face, avec succès, aux défi s à relever (vs 59 % au Royaume-Uni, 57 % en Pologne et 45 % en Belgique). Si la prise de conscience apparaît donc réelle, qu’en est-il des comportements ? « Moins on est conscient de ce qui se passe, plus on a l’impression de bien agir, répond Armand Chaigne. Globalement, la France et la Pologne sont les pays les plus en retard en matière d’économie circulaire, les plus avancés étant le Royaume-Uni et l’Allemagne. » Armand Le Français est moins préoccupé par les Chaigne : emballages que l’Allemand ou le Britannique « Moins on est (70 % vs 80 %). Par ailleurs, « les Français conscient de ce agissent souvent non par prise de conscience qui se passe, plus réelle mais parce qu’ils ont peur d’être jugés », on a l’impression observe Armand Chaigne. de bien agir. » « Les Français sont-ils insuffi samment informés ? Ou bien ne prêtent-ils pas assez d’attention aux informations indiquées sur l’emballage ? Sans doute un peu les deux », estime Armand Chaigne. En outre, interrogés sur le type d’emballages qui les soucie le plus (une seule réponse possible), seulement 56 % des Français se déclarent préoccupés par les emballages plastiques (vs 74 % au Royaume-Uni et 66 % en Allemagne). La France est le pays le moins sensible sur ce sujet.

TRIETRECYCLAGE : INFORMATIONSNÉCESSAIRES Si 60 % des Français indiquent trier systématiquement leurs emballages, les Belges sont 82 % à le faire. Et quand 93 % des Belges estiment qu’ils sont plutôt bien ou très bien informés au sujet du tri des emballages, cet avis n’est partagé que par 71 % des Français. Par ailleurs, 86 % des Français et des Britanniques estiment disposer d’infrastructures suffi santes (bacs, conteneurs, services de collecte…) pour recycler les papiers & cartons. Ils sont 93 % en Belgique, 91 % en Allemagne, mais… 75 % en Pologne. Et seulement six Français

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sur dix pensent qu’il en est de même pour les fi lms et les sacs plastiques (vs 83 % des Allemands, 47 % des Britanniques, 73 % des Polonais et 63 % des Belges). Sur ce sujet, les avis divergent donc fortement en Europe. « Pour progresser sur ces problématiques, l’information et l’éducation sont essentielles », relève Armand Chaigne. S’agissant de l’emballage et de la recyclabilité, le marché européen paraît globalement assez mature et bénéfi cie d’une bonne dynamique, avec un degré d’engagement croissant des citoyens en matière « L’enjeu est de sensibilisation écologique et d’informer et de d’attention portée à la santé. mettre en avant les bénéfi ces consuméristes et de « L’emballage est un sujet de préoccupation pour une grande pouvoir répondre à majorité des pays étudiés, résume la question : “Quel Armand Chaigne. Le plastique est l’intérêt pour devient aussi un enjeu fort pour moi ?”. » plus de 70 % de la population sondée, même si la France semble en retard. L’Allemagne et le Royaume-Uni sont matures quant à leurs préoccupations en matière d’emballage, cependant que la Belgique est en nette avance en matière de tri. Ces pays disposent de suffi samment d’informations et d’infrastructures. Pour leur part, contrairement à ce qu’ils pensent d’eux-mêmes et quels que soient les sujets, les Français sont moins matures (avec des écarts de 10 à 15 points). » Une dichotomie étonnante en effet ! « Pour accélérer et toucher les personnes réticentes, en particulier en France, l’enjeu est d’informer, de mettre en avant les bénéfi ces consuméristes afi n de pouvoir répondre à la question : “Quel est l’intérêt pour moi ?”. Pour pouvoir agir, la valeur, c’est-à-dire les bénéfi ces monétaires ou la valorisation sociale ou sociétale, doit être perçue par le consommateur. »

VRAC, MARCHÉ DE L’OCCASION ET ÉCONOMIE DE LA

FONCTIONNALITÉ

Autres aspects de l’économie circulaire étudiés dans cette enquête : les marchés de l’occasion et de la location. Seule l’occasion a réussi à s’imposer pour le moment, entre 50 % et 61 % de la population des cinq pays étudiés se déclarant concernée (acheteuse ou Si la propriété s’efface devant l’usage, la demande d’emballages à usage vendeuse), notamment grâce au succès de sites tels que Le Bon Coin ou eBay. Cependant, l’attachement unique diminuera, à la propriété reste prégnant dans cependant que l’ensemble des pays. Toutefois, plus d’emballages selon Armand Chaigne, quand réutilisables l’économie de la fonctionnalité seront requis. Ces sera parvenue à maturité, les emballages devraient impacts sur l’économie globale ainsi présenter de meilleures performances afi n de répondre seront nombreux : changement de modèle (de la fabrication des produits au service et à la location, aux contraintes avec, par exemple, des jours croissantes imposées d’utilisation pré-défi nis) ; transfert par la Supply-Chain. d’emplois de la fabrication, au tri, au recyclage, à la réparation et au reconditionnement ; sans oublier la réduction des coûts de fabrication. « Sur ce sujet de la baisse des coûts de production, la Fondation Ellen MacArthur a estimé les gains de matières premières à 700 Md€ par an de par le monde, souligne Armand Chaigne. Ce qui se traduirait par une hausse du pouvoir d’achat de 3.000 € par foyer européen d’ici à 2030. » Si la propriété s’efface devant l’usage, la demande d’emballages à usage unique diminuera, cependant que plus d’emballages réutilisables seront requis. Ces emballages devraient ainsi présenter de meilleures performances afi n de répondre aux contraintes croissantes imposées par la Supply-Chain. « Les emballages de demain devront résister à des manipulations beaucoup plus importantes qu’aujourd’hui, pronostique Armand Chaigne. Ce qui changera notre façon de les concevoir. »

LASTRATÉGIE “EMBALLAGE ” D’AUCHANEN FRANCE Représentant la direction RSE d’Auchan Retail France, Patrice Zirotti a décrit la stratégie de ce groupe en matière de packagings. Son leitmotiv : moins d’emballages, moins de plastique et plus de recyclage. Auchan travaille sur quatre axes principaux : la conformité réglementaire, la santé, les engagements qui font la différence et la communication. En France, Auchan peut actionner des leviers de préconisation, en particulier pour ses produits à marque de distributeurs (MDD) dans l’alimentaire et le non-alimentaire. Mais, avec, par exemple, plus de 20.000 références dans les produits MDD sur le segment non-alimentaire et de nombreux Leitmotiv d’Auchan : moins fournisseurs basés en Asie – lesquels d’emballages, utilisent des emballages également moins de produits dans cette région du monde –, plastique et plus les préconisations sont souvent de recyclage. complexes à mettre en place.

Patrice Zirotti (Auchan Retail France).

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En février 2019, Auchan a signé le “Pacte Plastique” qui défi nit une liste de contraintes pour les plastiques d’emballage. Il s’agit de trouver des alternatives au PVC (en 2022) et au polystyrène expansé (en 2025) dans la fonction d’isolation thermique (produits alimentaires frais par exemple) et dans la fonction “protection mécanique” (produits d’équipement de la maison, etc.). Autres objectifs : remplacer les matériaux complexes multicouches, atteindre 60 % d’emballages plastiques effectivement recyclés (en 2022) et intégrer 30 % de matériaux recyclés dans les emballages. « Pour l’emballage papier-carton, cette situation implique des opportunités et des défi s, a estimé Patrice Zirotti. Ce matériau permet d’exprimer beaucoup de créativité, dans les formes et comme support d’impression. Il bénéfi cie également d’une bonne image auprès de nos clients.

Le papier-carton est un matériau léger et qui peut incorporer un taux signifi catif de matières recyclées. Toutefois, la maîtrise doit être parfaite en matière de contact alimentaire car nous avons été la cible d’ONG sur le sujet des huiles minérales en contact direct. Attention également aux limites techniques : dans certains cas, il est nécessaire d’incorporer des barrières fonctionnelles, avec, souvent, l’obligation d’ajouter des substrats à base de plastiques.

Lesquels peuvent être des obstacles à la recyclabilité et se poser en contradiction vis-à-vis de certaines réglementations comme la

Directive SUP. Enfi n, il faut s’assurer de la pertinence économique de ces solutions. » Auchan est en phase de recherche

Patrice Zirotti : et de tests afi n de trouver des

« Nous travaillons sur des pistes exploratoires. Les marchés ne alternatives. Les gobelets plastiques ont été remplacés par du carton FSC (avec revêtement PE). De la bagasse basculeront pas est également utilisée pour fabriquer nécessairement, de les couvercles des gobelets. Pour les façon homogène et ventes en vrac, l’enseigne propose d’un seul bloc, vers à ses clients d’utiliser des sachets un autre matériau. » en papier ou d’apporter leurs propres contenants. S’agissant des barquettes de fromage (préparées dans ses ateliers), des tests sont réalisés avec des barquettes en carton (en remplacement du PSE), qui imitent le bois et qui sont recyclables et de qualité alimentaire. Pour les produits en vrac, des barquettes en carton, traitées mais recyclables, sont testées, par exemple, pour emballer les olives. En revanche, dans l’emballage des fruits & légumes, la solution des fi lets en polyester lavables et réutilisables a été retenue. Car après avoir été jugés satisfaisants, les sacs papier avec fenêtre ont fi nalement été considérés comme trop fragiles à l’usage et sources d’une importante pollution visuelle (phénomène d’éparpillement).

« Il n’existe pas une solution unique pour un matériau donné, a conclu Patrice Zirotti. Nous travaillons sur des pistes exploratoires. Les marchés ne basculeront pas nécessairement, de façon homogène et d’un seul bloc, vers un autre matériau. »

V. L.

Outre Armand Chaigne et Patrice Zirotti, cette table ronde animée par Jan Le Moux (Copacel) a réuni Christophe Dorin (Wepa France), Bertrand Arnault (Carton Ondulé de France) et Gilles Lenon (Centre technique du papier).

>>> Congrès Atip : des conférences sur l’énergie aussi

Au cours de ce Congrès de Lille, l’énergie était également au programme de certaines conférences. ◗ Aurélie Gonzalez et Lucas Nurdin (Metron) ont présenté leurs solutions digitales destinées à la maintenance prédictive et à l’optimisation énergétique. Metron-Eva® (Energy Virtual Assistance), plateforme d’intelligence énergétique digitalisée basée sur l’IA, a ainsi été détaillée. Cette solution permet d’obtenir jusqu’à 15 % d’économies sur les coûts énergétiques avec un ROI inférieur à un an. Les résultats d’un contrat signé chez un papetier sud-américain (MAP de 175.000 t/an) ont été exposés. Une économie de 190.000 $ par an a été enregistrée sur la consommation de vapeur et des agents de rétention. ◗ De Pretto Industrie (Valerio Martelli) et Fibre Excellence (Patrice Audoin) ont fait le point sur la maintenance préventive et corrective des turbines à vapeur pour la production et l’effi cience énergétique. Différents types de contrats de service et de maintenance ont été décrits. ◗ Enfi n, Laurent Kraif a présenté Perfesco, fi liale d’EDF spécialisée dans le fi nancement de l’effi cacité énergétique et de la performance industrielle. Lilian Largillet a fait part de son retour d’expérience sur un site de SKF Aeroengine France. Résultat : des économies sur la facture d’électricité grâce à un éclairage plus performant qui a aussi permis d’améliorer les conditions de travail.

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Economie

Les PCR entre nuages et espoir de rebond

Selon la Fédération des entreprises du recyclage (Federec), après une année 2018 de transition, en 2019, les nuages se sont amoncelés sur le marché des Papiers & cartons à recycler (PCR). Et l’exercice 2020 risque fort d’être encore chahuté, même si une éclaircie n’est pas exclue.

Après une année 2018 de transition et un exercice 2019 perturbé, le retour à une certaine sérénité interviendra-t-il en 2020 sur le marché des PCR ? En tout cas, pour les récupérateurs français réunis au sein de Federec, l’exercice 2018 a été marqué par une hausse de 2,1 % des volumes collectés (107,3 Mt vs 105 Mt un an plus tôt). Quant au C.A., il s’est inscrit en léger recul (- 1 %) à 9 Mds €. Les filières papiers-cartons, plastique et métaux ferreux & non-ferreux ont été particulièrement bousculées. En dépit de ce contexte difficile, les entreprises du secteur ont investi 568 M€ (+ 9 %, soit 6,3 % du C.A.). Si le nombre d’établissements est en repli (2.000 vs 2.050 en 2017), l’emploi a progressé de 1,6 %. Fin 2018, le secteur comptait ainsi 28.810 salariés. Malmenées par la décision de la Chine d’augmenter ses standards de qualité pour les matières premières issues du recyclage venant de l’étranger – et, plus largement, par la complication des marchés nationaux et internationaux –, les entreprises de la récupération ont dû faire face à plusieurs difficultés majeures, surtout au second semestre 2018.

PCR : EN 2018, RECUL EN TONNAGE ET EN C.A.

« En 2018, le tonnage de papiers-cartons triés et mis sur le marché a chuté de 4,6 % comparé à 2017 à 6,96 Mt, explique Pascal

Genneviève, président de Federec Papiers-Cartons. Comme les années précédentes, ce recul affecte les papiers (- 5,6 % et 2,25 Mt collectées/triées) dont le gisement est en baisse chronique.

Mais il a également concerné les cartons (- 4,1 % avec 4,7 Mt), ce qui constitue un fait nouveau. » En 2018, les PCR ont chuté de Pour la première fois depuis de nombreuses années, le taux de récupération français est en repli à 79,2 %. Il recule également sur 4,6 % à l’ensemble de l’Europe (de 0,7 % à 72,3 %). Ce 6,96 Mt. recul est en grande partie lié à la fermeture des débouchés asiatiques qui permettaient d’écouler 7,9 Mt/an d’excédents européens. Pour sa part, la consommation papetière française est restée stable à 5,39

Mt. Mais avec son excédent net supérieur à 1,5 Mt, la France a été très affectée par le manque de filière papetière. Selon

Federec, compte tenu de ces difficultés, il est probable qu’une partie des fibres n’a pas été extraite des déchets en mélange et qu’une autre a été évacuée avec les refus de tri. Par ailleurs, l’activité de recyclage des papiers continue à souffrir en raison du recul de l’utilisation des sortes graphiques dans ses principaux usages (édition, presse…). La baisse du volume des archives papier se confirme également.

L’effondrement des prix (divisés par deux pour le carton) et la diminution des volumes ont conduit à une baisse de

Pour 2020, la création de nouvelles capacités en Europe et la structuration de certains marchés asiatiques (hors Chine) devraient offrir de nouveaux débouchés et permettre d’absorber une partie des excédents.

26 % du C.A. à 729 M€ vs 2017. Les cartons et les “papiers & cartons mêlés” ont été les plus touchés par la baisse des prix. En revanche, ceux des sortes à désencrer se sont maintenus.

REBOND ? En 2019, le marché chinois, déjà très restrictif en quantité et en qualité, s’est totalement fermé aux flux de papierscartons en provenance d’Europe (cf. ci-contre). Les usines papetières du Sud-Est asiatique qui consommaient une partie des excédents européens et américains, ont été saturées et/ ou ont mis en place des dispositifs de contrôle contraignants qui ont entraîné un engorgement du marché mondial. Pour sa part, la France, qui présente un taux de collecte élevé et une consommation papetière très inférieure au volume collecté, est particulièrement affectée par ce manque de débouchés. Outre l’effondrement des prix, il est devenu impossible d’écouler la totalité des matières produites par les centres de tri. Avec une capacité de stockage limitée, ces centres se sont rapidement trouvés engorgés. La situation s’est parfois avérée critique, avec le spectre d’un arrêt temporaire. Quant aux flux issus des collectes sélectives des ménages, dont le niveau de qualité est souvent inférieur, ils devraient être davantage affectés par ces prix bas et ces difficultés d’écoulement. En conséquence, le taux de récupération devrait encore baisser en 2019. Cependant, à partir de 2020, la création de nouvelles capacités en Europe et la structuration de certains marchés asiatiques (hors Chine) devraient offrir de nouveaux débouchés et permettre d’absorber une partie des excédents. n

Economie

Dossier Environnement/Energie

>>> Fermeture des frontières chinoises, impact de la guerre commerciale Etats-Unis/ Chine et… coronavirus : le BIR oscille entre perplexité et inquiétude

Dans son rapport trimestriel diffusé fin janvier, le Bureau International du Recyclage fait le point sur l’exercice 2019 et livre ses perspectives pour cette année.

n Le marché mondial, avec un focus sur le Sud-Est asiatique, vu par Ranjit Baxi, J&H Sales International Ltd (Grande-Bretagne) « L’année 2019 a débuté avec des perspectives de croissance positives, qui ont ralenti en raison des incertitudes liées à la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. En 2020, ces incertitudes persistantes entre ces deux pays devraient également faire reculer la croissance du PIB chinois à environ 5,5 %. Des mesures budgétaires et un assouplissement monétaire supplémentaires, en plus des réformes structurelles, seront appliqués afin de stimuler la demande intérieure. Les économies mondiales continuent également d’enregistrer un ralentissement progressif, signe précoce d’une possible récession. L’augmentation des tarifs douaniers américains et chinois sur le commerce continue de réduire le volume des conteneurs à l’intérieur et à l’extérieur de la Chine, ce qui se reflète ensuite dans la hausse des coûts du fret maritime. De plus, les tarifs de fret ont augmenté à partir de décembre pour tenir compte de la surtaxe IMO2020 (faible teneur en soufre). Il s’agit de la nouvelle réglementation sur les carburants entrée en vigueur le 1er janvier 2020. Les exportations de PCR au 4e trimestre 2019 ont été régies par l’entrée en vigueur progressive des licences d’importation chinoises, qui ont totalisé environ 11 Mt sur l’année (vs ~ 18 Mt en 2018). Au cours de ce trimestre, les exportateurs qui ont cherché le support d’autres marchés, ont été confrontés à des réglementations tout aussi sévères. L’Indonésie a fermé ses portes aux importations de PCR pendant quelques semaines en novembre et décembre avant de rouvrir les inspections à l’exportation le 17 décembre pour une période de six En 2020, la Chine importerait de l’ordre de 5 à 7 Mt de PCR mois. A cette échéance, son gouvernement envisage d’instaurer de nouveaux contrôles à l’importation sur la qualité des fibres ainsi (vs 11 Mt en qu’une interdiction des importations des 2019 et 18 Mt papiers en mélange. en 2018). En Inde, les autorités douanières ont entrepris des contrôles similaires à l’importation, par l’examen de tous les conteneurs de papiers mélangés arrivant au port de Mundra. Si les PCR importés s’avèrent de mauvaise qualité ou si les papiers & cartons mélangés contiennent des déchets solides, provenant des municipalités par exemple, les conteneurs sont retournés vers leur port d’origine. Ce processus d’inspection s’est traduit par une lente congestion de ce port avec près de 700 conteneurs en attente de dédouanement. Dans l’ensemble, le dernier trimestre 2019 a été difficile pour les exportateurs qui étaient non seulement confrontés à la baisse des prix et à l’augmentation des coûts du fret, mais aussi à la peur de la mise en œuvre soudaine de réglementations unilatérales affectant le fret déjà expédié. (…) Les exportateurs attendent avec impatience la nouvelle orientation du marché après le Nouvel An chinois, en particulier suite à l’annonce que les exportations de PCR (…) ne seront plus autorisées en Chine à compter du 1er janvier 2021. Pour 2020, les marchés anticipent des importations chinoises de PCR de l’ordre de 5 à 7 Mt. Enfin, en ce début d’année, l’Empire du milieu tente de contenir l’épidémie de coronavirus. Reste à voir comment cette crise affectera la Chine et le PIB mondial. » n Les marchés européen et français, vus par Jean-Luc Petithuguenin, président de Paprec (France) et de la division “Papier” du BIR « Le dernier trimestre 2019 n’a fait que confirmer les tendances : problèmes de vente et prix difficiles. En décembre, les collectes ont été satisfaisantes mais les papeteries ont cessé d’acheter à partir du milieu du mois. En 2020, le premier Certains papetiers faisaient face à des contingent chinois stocks si élevés qu’ils devaient ralentir leur production (…). La logistique a également été un problème et l’Asie n’a pas été d’importations de PCR a été annoncé à 2,8 Mt. La Chine est de retour sur le très acheteuse. Résultat : nos stocks ont marché et achète augmenté. En ce début d’année, le marché aux États-Unis à des est toujours excédentaire, avec des stocks prix plus élevés, ce élevés dans toute l’Europe et très peu de qui impacte les prix débouchés. Les prix restent soumis à une européens vers l’Asie forte pression. du Sud-Est. La situation reste délicate pour les sortes inférieures, même si les conditions devraient s’améliorer dans les OCC, pour lesquels la demande reste plus ou moins satisfaisante. Des volumes de collecte plus faibles sont attendus en janvier et février, ce qui sera bénéfique sur le niveau des stocks. En parallèle, une légère augmentation de la demande et des prix à l’international est également anticipée. Le premier contingent chinois d’importations a été annoncé à 2,8 Mt. La Chine est de retour sur le marché et achète aux États-Unis à des prix plus élevés, ce qui impacte les prix européens vers l’Asie du SudEst. Espérons que cette tendance se maintiendra. Au-delà de l’OCC, les conditions sont vraiment difficiles et tous les matériaux ne trouveront pas de débouchés. Le marché du désencrage suscite des inquiétudes en raison du manque de débouchés, en particulier pour les sortes 1.10 et 1.11. Il est peu probable que les stocks élevés partout dans le monde diminuent de sitôt car il n’existe pas de demande à l’exportation dans ces qualités. Tous Dans l’Hexagone, les acteurs européens sont confrontés chacun s’interroge au même problème. En France, chacun sur l’avenir de l’usine s’interroge sur l’avenir de l’usine d’UPM d’UPM Chapelle Chapelle-Darblay qui pourrait être transformée afin de produire du testliner, même si rien n’est clair à ce stade. Le Darblay. Le Sud de la France connaît également une période difficile car Sud de la France connaît également une le principal acheteur période difficile car le principal acheteur espagnol a réduit sa espagnol a réduit sa demande. demande. Dans de telles conditions, nous devons plus que jamais nous concentrer sur la production de matières de haute qualité qui répondent aux attentes et aux standards de nos clients. Sinon, le papier des municipalités sera impossible à vendre. Les matières de qualité élevée sont toujours sous pression après une baisse régulière en 2019. Certaines sont difficiles à vendre et les prix ont légèrement reculé en janvier. La pression s’est relâchée sur la pâte, ce qui pourrait alléger la tension sur les sortes supérieures. (…) Quelle sera la situation en 2020 ? Difficile à dire, mais il est possible que le marché revienne à la raison. En Europe, des prix aussi bas pourraient entraîner une baisse des tonnages disponibles, faute d’incitation au tri. Certains emballages peuvent également passer du plastique au carton. La demande sera stimulée par le démarrage, prévu au 2e trimestre, de deux nouvelles papeteries, cependant que l’Asie du Sud-Est continuera également à alimenter la demande. Le problème principal reste le désencrage mais la collecte diminuera nécessairement, ce qui conduira à un certain équilibre. » n

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Nicolas Le Tiran : « Eqinov valorise les capacités d’effacement d’environ un tiers des papeteries françaises engagées dans cette démarche »

Ingénieur d’affaires chez Eqinov, Nicolas Le Tiran détaille l’offre de cette société spécialisée dans les services de performance énergétique. Environ 80 % de son activité est réalisée auprès des industriels, dont de nombreux papetiers, en particulier pour valoriser leurs effacements électriques.

◗ La Papeterie. La société Eqinov a été créée il y a près de dix ans. Pouvez-vous présenter ses principales activités ? ◗◗ Nicolas Le Tiran. Eqinov a effectivement été créée en 2011 par Sylvain Lagarde et Natacha Hakwik, entrepreneurs engagés dans la transition énergétique. Notre société est un opérateur de services en performance énergétique. Elle emploie une quarantaine de personnes basées à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine). Environ 80 % de notre activité est réalisée auprès des industriels et 20 % dans les secteurs du tertiaire et de l’habitat. Notre offre est structurée en trois grandes Eqinov est présent dans trois domaines : l’effi cacité activités. Tout d’abord, le conseil en effi cacité énergétique. Nos ingénieurs d’affaires proposent divers types de missions à nos énergétique, clients industriels : audits énergétiques, mise le fi nancement en place de l’ISO 50001 ou d’un système de projets et de management de l’énergie (beaucoup de l’effacement. papetiers sont déjà certifi és), ainsi que des études plus spécifi ques (récupération de chaleur fatale ou bilan thermique par exemple). Notre deuxième activité découle de la première : elle consiste à fi nancer les projets d’effi cacité énergétique identifi és lors de ces missions, surtout via le dispositif des Certifi cats d’économie d’énergie (CEE). Au total, depuis notre création, plus de 1.400 clients (toutes industries confondues) nous ont choisis pour couvrir leurs investissements en effi cacité énergétique. La somme de ces projets représente plus de 50 M€ de contributions fi nancières. Notre démarche est exhaustive : nous proposons à nos clients une cartographie globale des projets d’économie d’énergie qui peuvent faire l’objet d’une subvention. Enfi n, Eqinov est un opérateur d’effacement : nous valorisons les capacités d’effacement électrique de nos clients industriels, dont environ un tiers des papetiers français engagés dans cette démarche. C’est d’ailleurs au travers de cette activité que nous travaillons le plus avec l’industrie papetière. Nous avons développé une réelle expertise pour identifi er et valoriser des capacités d’effacement propres à ces procédés. ◗ Précisément, en matière d’effacement, quelle est votre démarche et comment le dispositif fonctionnet-il ? ◗◗ RTE a mis en place différents mécanismes pour faire face aux pointes de consommation, c’est-à-dire aux situations de déséquilibres qui menacent la sécurité d’approvisionnement électrique national. Les consommateurs d’électricité peuvent participer à ces dispositifs et bénéfi cier d’une rémunération signifi cative en échange de leur engagement à réduire leur consommation (ce qu’on nomme un “effacement de consommation”) dans les périodes de tension. La disponibilité des industriels pour répondre à un besoin du système électrique a beaucoup de valeur car elle constitue une sorte d’assurance ; cela évite notamment de construire de nouvelles centrales thermiques. Eqinov s’engage donc, avec ses clients industriels, à être mobilisables quelques jours par an, en particulier lors des épisodes de vague de froid. Chaque année, entre novembre et mars, RTE détermine, en moyenne, une vingtaine de jours de tension, au cours desquels quelques effacements sont probables. Les sollicitations effectives d’effacement restent cependant très rares. La rémunération offerte à nos clients comprend une prime annuelle, représentant 80 % à 90 % du total, qui récompense l’engagement que l’industriel prend de s’arrêter, le cas échéant. A cette prime, s’ajoute un complément si l’effacement est effectivement réalisé. La rémunération dépend surtout de la puissance effaçable. Typiquement, La rémunération en papeterie, il s’agira, par exemple, de l’effacement de la puissance des machines à papier dépend surtout ou des lignes de désencrage. Pour de la puissance des équipements d’une puissance de effaçable. En 10 MWe, l’industriel touchera une prime fi xe de l’ordre de 200 à 300.000 € par an. papeterie, il s’agira, par exemple, de la puissance Pour notre part, notre offre est des machines articulée de sorte que les papetiers ne à papier ou doivent activer que très peu d’heures des lignes de d’effacement, généralement moins désencrage. d’une dizaine par an, ce qui a été le cas

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Pour des équipements d’une puissance de 10 MWe, l’industriel touchera une prime fi xe de l’ordre de 200 à 300.000 € par an.

ces dernières années. En 2019, par exemple, la majorité de nos clients papetiers se sont rendus disponibles sur la période hivernale mais ils n’ont pas été sollicités pour activer un effacement de consommation car la tension sur le réseau n’était pas très forte.

◗ Quels sont les critères pris en compte ? ◗◗ Dans le cadre d’une étude technico-économique, Eqinov accompagne le site industriel pour établir un programme de fl exibilité en tenant compte des informations fournies par le site. A l’issue, le papetier considère le coût horaire d’un arrêt, le nombre d’heures potentiellement concernées dans l’année et la rémunération allouée. Selon les sites, la valeur ajoutée d’un tel engagement peut fl uctuer. Cependant, nous parvenons à convaincre des sites aux typologies très diverses et c’est la raison pour laquelle la

La fi lière papetière fi lière papetière représente une représente une grande partie des consommateurs grande partie des consommateurs engagés à participer à la sécurité engagés à participer d’approvisionnement national. à la sécurité Si la puissance électrique constitue d’approvisionnement un paramètre clé – puisque plus national. elle est importante, plus la prime annuelle couvrira le coût de l’arrêt –, d’autres éléments entrent également en jeu : le carnet de commandes, le niveau des stocks ainsi que la modernité des machines, les équipements récents étant plus faciles à interrompre. Nous constatons que des gisements existent, en pratique, sur tous les sites. Aujourd’hui, le gisement français

La Programmation d’effacement, tous types de pluriannuelle de consommateurs confondus, est l’énergie (PPE) vise estimé entre 2 et 2,5 GW. Les 6 GW de capacités d’effacement d’ici à 2030. objectifs fi xés dans le cadre de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) visent 6 GW d’ici à 2030 : une forte ambition qui devrait conduire à une augmentation de la valeur perçue pour le consommateur, cette tendance étant déjà perceptible depuis plusieurs années.

◗ Travaillez-vous avec tous types de producteurs de pâtes et de papiers & cartons ? Le secteur papetier présente-t-il des spécificités par rapport à d’autres industries ? ◗◗ Nos clients papetiers produisent toutes sortes de papiers (techniques, couchés, sanitaires & domestiques ou papier pour ondulé). La part de l’industrie papetière a progressé dans notre activité globale en raison de l’intérêt de ce secteur pour l’effacement. Par ailleurs, notre offre est construite sur-mesure en fonction du process : chaque papetier est confronté à des contraintes spécifi ques et notre programme de fl exibilité est calibré pour répondre précisément à ses attentes. ◗ Pour conclure, pouvez-vous décrire votre offre en matière de Certificats d’économie d’énergie ? ◗◗ Eqinov bénéfi cie d’un agrément lui permettant de valoriser les CEE. Eqinov bénéfi cie Notre société est donc habilitée à d’un agrément verser une contribution fi nancière sur des projets d’effi cacité énergétique lui permettant de valoriser les CEE. Notre et à effectuer des demandes de CEE société est donc auprès de l’administration. Ces CEE habilitée à verser sont ensuite vendus à des fournisseurs une contribution d’énergie et à des distributeurs de fi nancière sur des carburants, qui ont une obligation projets d’effi cacité règlementaire d’économies d’énergie énergétique et à remplir. A noter d’ailleurs que à effectuer des dans les secteurs électro-intensifs comme la papeterie, les sites sont demandes de CEE auprès de l’administration. souvent soumis à l’EUTS (Programme européen d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre) et peuvent, depuis peu, bénéfi cier de CEE pour tous changements d’équipements éligibles, y compris ceux dans le périmètre de surveillance du plan d’allocation des quotas carbone. Avant de lancer Concrètement, suite à une visite sur l’investissement, un site industriel, nous détectons une convention les projets d’économie d’énergie fi xe notamment potentiels éligibles au CEE. L’industriel nous fait ensuite parvenir le(s) devis un prix de valorisation du CEE. L’industriel de ses fournisseurs d’équipements, connaît ainsi que nous analysons techniquement. exactement la Nous établissons une convention subvention qu’il précisant le montant de MWh Cumac recevra à l’issue qui sera généré par chaque opération des travaux. ainsi que le prix fi xe auquel nous valoriserons le CEE, en €/MWh Cumac. L’industriel connaît ainsi précisément le montant de subvention dont il bénéfi ciera. Une fois les travaux réalisés, nous déposons un dossier pour obtenir les CEE. Le versement de la subvention à l’industriel est alors effectué dès la validation. Cependant, un versement anticipé peut intervenir entre la commande de l’installation et la réalisation du projet.

Propos recueillis par VALÉRIE LECHIFFRE

Pour plus d’informations sur les CEE, cf. article intitulé “Les certifi cats d’économie d’énergie, un levier de performance énergétique encore sous-exploité par les papetiers”, publié dans “La Revue Atip”, Vol. 73, n° 2, Juillet-Août 2019.

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>>> Air comprimé : Kaeser lance le Sigma Air Manager 4.0

Le Sigma Air Manager 4.0 (SAM 4.0) est la nouvelle génération du système de gestion de tous les composants de production et de traitement d’air comprimé de Kaeser. Il optimise la stabilité de la pression et adapte automatiquement le débit de la station d’air comprimé aux variations de consommation. Il améliore également le rendement énergétique en gérant les pertes dues à la régulation, les pertes de commutation et la flexibilité de la pression. Il permet aussi à la station de bénéficier de services futurs, comme le Sigma Smart Air pour la maintenance prévisionnelle. L’algorithme adaptatif 3-D advanced tient compte des pertes de commutation (démarrage/ arrêt) et maîtrise les autres dimensions qui influent sur le rendement énergétique de la centrale, telles que les pertes dues à la régulation ou les pertes en marche à vide. Proposé en 30 langues, le SAM 4.0 est doté d’un écran couleur tactile de 12 pouces qui indique immédiatement si la station se trouve dans la plage de fonctionnement normal sur le plan énergétique. Ce qui permet une exploitation dans le cadre du management de l’énergie ISO 50001.

Greenwashing SELON TWO SIDES, EN 2019, 131 ENTREPRISES ONT RETIRÉ LEURS ALLÉGATIONS ENVIRONNEMENTALES INFONDÉES CONCERNANT LE PAPIER

2019 a été l’année la plus active dans la lutte contre le greenwashing menée par Two Sides, en France et dans le monde. En effet, 388 organisations et entreprises ont été identifiées comme mettant en avant des allégations non fondées à propos de l’impact environnemental du papier et de l’imprimé. Ces organisations sont basées dans de nombreux pays et régions : Europe, Amérique du Nord et du Sud, Afrique du Sud, Australie et Nouvelle-Zélande. Parmi ces organisations et entreprises, 131 ont supprimé ou modifié leurs messages l’année dernière. Ce qui porte le nombre total d’organisations ayant corrigé leur communication, notamment par comparaison avec la communication digitale, à plus de 500 depuis le début de la campagne en 2010. En France, depuis cette date, le taux de correction s’élève à 61 %. Rappelons que dans le cadre de leurs efforts constants pour réduire leurs coûts, de nombreuses banques et assurances, des opérateurs Internet ou de télécommunications, et même des services publics, encouragent leurs clients ou usagers à opter pour des factures, relevés de comptes ou formulaires digitaux en utilisant des déclarations environnementales non fondées. Sur ce sujet, lire également l’entretien avec Jan Le Moux, délégué général de Two Sides pp. 22/24 dans cette édition.

Changement climatique L’EFFET D’ATTÉNUATION DES FORÊTS EUROPÉENNES ET DES SECTEURS FORESTIERS SUR LE CO2 CORRESPOND À ENVIRON 10 % DES ÉMISSIONS ANNUELLES DE L’UE

Début mars, Cepi1 a favorablement accueilli la nouvelle loi européenne sur le climat de la Commission européenne, en estimant qu’il s’agit d’une étape clé dans les efforts destinés à lutter contre le réchauffement climatique. « Notre industrie s’est engagée à faire sa part : nous avons déjà réduit de 27 % les émissions de carbone de 2005 à aujourd’hui, une performance de premier plan parmi les secteurs ETS, a estimé Jori Ringman, D.-g. de Cepi. Avec un cadre réglementaire favorable et stable, nous prévoyons de poursuivre et d’améliorer ces résultats, comme indiqué dans l’initiative des P.-d.g. de Cepi2. Notre objectif est d’être le fournisseur de solutions le plus compétitif et le plus durable pour une Europe climatiquement neutre en 2050. » Selon une étude que Cepi publiera prochainement, l’impact climatique positif combiné de la forêt européenne (puits forestier) et de l’effet de substitution net du secteur forestier (industrie forestière et produits forestiers) totalisent plus de - 806 Mt de CO2e (équivalents CO2) chaque année, soit environ 20 % des émissions annuelles de l’UE. Une des principales contributions des industries forestières consiste à valoriser et à garantir des forêts saines en renforçant leur capacité à absorber le CO2 de l’atmosphère et en améliorant le stockage du carbone. A cela s’ajoute la contribution des produits sobres en carbone de ces secteurs, presque aussi importante que le puits forestier.

(1) Confédération des industries papetières européennes. (2) Cf. le Portrait de Jori Ringman, pp. 14/17 dans notre édition 364.

Changement climatique … ET SÖDRA AFFICHE UN IMPACT TRÈS POSITIF

Selon un nouveau rapport, l’impact positif du groupe suédois Södra sur le changement climatique est estimé à 20 % des émissions combinées de la Suède en équivalents CO2 (CO2e). Ces mesures sont basées sur le taux de croissance des forêts détenues par les 52.000 membres de Södra ainsi que sur les effets des produits forestiers lorsqu’ils sont utilisés pour remplacer des produits et de l’énergie à plus forte intensité d’émission. Ces dernières années, de plus en plus de chercheurs se sont intéressés à la meilleure façon de mesurer cet effet de substitution. Pour cette étude, Södra a ainsi utilisé un modèle développé par Holmgren/Kolar et a opté pour une approche prudente. Les mesures ont également été examinées par des chercheurs externes. Les résultats montrent que l’impact positif du suédois sur le changement climatique atteint 9,2 Mt CO2e. Bien que les effets de substitution ne soient pas inclus dans les déclarations d’émissions officielles, ils

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sont reconnus pour leur capacité à ralentir le changement climatique. Ce facteur de substitution varie pour chaque type de matériau. L’aspect mesuré recouvre la quantité d’émissions de CO2 provenant des combustibles fossiles qui est remplacée par unité de CO2 biogénique dans les produits forestiers. Le CO2 biogénique fait partie d’un cycle naturel du carbone dans lequel les émissions sont constamment réabsorbées par la végétation, tandis que la combustion de combustibles fossiles augmente les émissions nettes dans l’atmosphère. L’utilisation de bois scié pour la construction affiche l’effet le plus important, mais le remplacement des emballages alimentaires en plastique par des plateaux biosourcés ou l’utilisation de biocarburants en lieu et place des combustibles fossiles (gaz naturel, pétrole…) produit également des effets positifs. Le rapport prend aussi en compte les effets négatifs de Södra sur le changement climatique, principalement la fabrication de produits chimiques utilisés dans le process, l’utilisation de matériaux d’emballage, ainsi que le transport des matières premières vers les usines et des produits vers les clients.

Maintenance prédictive GARDNER DENVER : L’ICONN OU LA PRODUCTION D’AIR COMPRIMÉ ÉVALUÉE VIA LE CLOUD

Avec l’iConn, Gardner Denver a développé une plate-forme basée sur le Cloud qui permet à l’utilisateur de visualiser virtuellement le compresseur et ses données de performances depuis un ordinateur ou un iPad. L’iConn fait partie de l’équipement standard des nouveaux compresseurs CompAir. Il peut aussi être intégré dans des systèmes de compression existants ou être utilisé pour moderniser le matériel d’autres fournisseurs. « Dès le début de nos activités dans les pays à faible densité d’infrastructures industrielles, nous avons appris l’importance de l’approche de maintenance prédictive, explique Marius Breusers, chef de produit après-vente chez Gardner Denver. C’est pourquoi nous avons très tôt développé l’iConn, une plate-forme numérique pour les solutions IoT (l’internet des objets) et Industrie 4.0, pour la surveillance proactive en temps réel des informations des systèmes d’air comprimé. » L’iConn Standard est la solution d’entrée de gamme qui fournit un aperçu détaillé et régulier des heures de fonctionnement. Les irrégularités et les instructions d’entretien sont automatiquement signalées à l’utilisateur en temps réel. Pour sa part, l’iConn Universal peut être installé ultérieurement sur n’importe quel appareil d’autres fabricants et pourra surveiller le fonctionnement de ces autres marques. Quant à l’iConn HD, il permet une planification prédictive de la maintenance avec un système d’alerte précoce en cas de défaillance de la machine. L’utilisateur peut ainsi effectuer une maintenance axée sur la demande (maintenance prédictive).

Eaux usées industrielles VALMET LANCE UNE NOUVELLE VERSION DE SON “TOTAL SOLIDS MEASUREMENTS”

Valmet commercialise son nouveau Total Solids Measurements (TS). Entièrement repensé, le TS est utilisé, partout dans le monde, dans les usines de traitement des eaux usées industrielles et municipales. Il permet de contrôler le pompage, l’épaississement, la digestion et la déshydratation des solides. Dans cette version, l’électronique numérique remplace la conception analogique. Associée à la nouvelle technologie de mesure à détection par balayage direct, elle permet d’améliorer la sensibilité et la précision des mesures avec une résolution plus élevée. Le capteur de débit, totalement interchangeable avec les installations antérieures, est disponible, en version standard, dans différentes tailles (50 à 300 mm) et en version haute pression (100 à 200 mm). Pour les canalisations de plus grand diamètre, un nouveau capteur “Twin Blade” est également proposé. Cette nouvelle version est insensible au vieillissement des composants ou aux effets de la température. Une doublure antiadhésive spéciale offre une résistance accrue à l’accumulation de contaminants. Valmet TS utilise la technologie des microondes afin de déterminer la teneur totale en solides organiques et inorganiques, dans une fourchette de 0 à 50 %. L’étalonnage en un seul point ne nécessite que quelques minutes. Enfin, une interface utilisateur propose un accès facile et intuitif aux opérations de mesure et aux services à distance de Valmet.

>>> INFOS EXPRESS

■ Les gagnants de la 7e édition des European Paper Recycling Awards ont été annoncés, fin janvier, dans le cadre d’une cérémonie organisée au Parlement européen de Bruxelles. Ce concours est conduit, tous les deux ans, par l’ERPC (European Paper Recycling Council). Cette année, Repulping Technology a reçu le Prix dans la catégorie “Technologies innovantes et R&D”. Cette société allemande a inventé le “Cavitation Pulper”, machine qui exploite le principe physique de la cavitation. L’extraction des fibres, à partir de produits mélangeant les papiers à d’autres matériaux, est facilitée, près de 100 % des fibres étant récupérées. De plus, l’efficacité énergétique présente environ 50 % d’amélioration comparé aux autres technologies disponibles. Dans la catégorie “Information et Education”, le Prix a été décerné à l’association européenne Pro Carton pour ses actions en matière de recyclage et d’économie circulaire menées auprès d’enfants âgés de 8 à 11 ans (initiative TICCIT pour “Trees Into Cartons, Cartons Into Trees”). ■ Pour accélérer le développement de la bioéconomie forestière, Paper Province lance un concours international d’innovations, “What Wood You Do”. Dotée de 35.000 € de prix, cette opération est organisée du 16 mars au 27 avril. Après cette date, les cinq idées dont le potentiel aura été jugé le plus élevé seront sélectionnées. Les finalistes seront alors invités dans la région du Värmland (Suède), début juin, pour un hackathon de 48 heures. Ils pourront affiner leurs idées avec des experts et les soumettre à un jury. Ils rencontreront également des investisseurs, des chefs d’entreprises et des clients potentiels. Ce concours est soutenu par la fondation Gunnar Sundblad, Stora Enso et Sveaskog. whatwoodyoudo.eu

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Tribune

Le défi des hydrocarbures

Energie abondante, flexible et au coût modéré, le pétrole a été le principal moteur du “progrès” économique de l’ère moderne. Mais l’impact de l’or noir a également été considérable sur le réchauffement climatique. Aujourd’hui, pour réussir la transition énergétique qui s’impose, quelle pourrait être la part des énergies renouvelables, dont la biomasse agricole et forestière ? Le point de vue de Claude Roy, président du Club des Bioéconomistes*.

Depuis 30 ans, les quantités de pétrole découvertes dans le monde chaque année sont inférieures aux quantités consommées sur la planète. Viendra donc, inéluctablement, le moment où la production mondiale ne pourra que décliner (nonobstant le gaz et le pétrole de schiste, qui ne nous offriront qu’un sursis), quels que soient les investissements qui pourraient être réalisés. Ce sera le

Aujourd’hui, le “peak oil” et la date de sa survenance fait pétrole sert de encore débat. carburant pour Le pétrole et le gaz, qui sont substituables 55 %, de combustible (fi oul) pour 35 % et de base pour entre eux pour beaucoup de leurs usages, assurent près de 55 % de la fourniture mondiale d’énergie, avec le charbon (plus la pétrochimie à de 20 %) et le nucléaire (plus de 5 %). hauteur de 10 %. Cet ensemble est complété, à hauteur de 20 %, par les énergies renouvelables (ENR), dont les trois quarts proviennent de la biomasse. Aujourd’hui, le pétrole sert de carburant pour 55 %, de combustible (fi oul) pour 35 % et de base pour la pétrochimie à hauteur de 10 %.

C’est précisément cette abondance du pétrole – énergie fl exible et au coût modéré – qui a été le principal moteur du “progrès” économique de l’ère moderne. Mais, avons-nous conscience que nous sommes tous profondément devenus dépendants de cette perfusion pétrolière permanente et croissante ? Que faire, dès lors, pour prévenir un autre “choc pétrolier” et pour s’y préparer, alors même qu’un tel choc sera probablement plus violent que les “alertes conjoncturelles” de

Avons-nous 1973 et 1979 ? Pourquoi n’évoquons-nous conscience donc pudiquement qu’un simple enjeu de que nous “transition énergétique”, sans rupture, à sommes tous la mode du modeste slogan bien connu profondément devenus dépendants d’une perfusion “Prenez une douche plutôt qu’un bain…”. Comment pouvons-nous changer de cap dans l’addiction énergétique et dans les bipétrolière lans de notre habitat, de nos transports, de permanente et nos comportements et de nos habitudes ? croissante ? ◗ La France, qui a massivement fait le choix du nucléaire (même si ce choix heurte certains), n’est pas dans la situation la plus critique pour faire face, d’autant que nous avons déjà amorcé une stratégie “énergieclimat” vertueuse. ◗ La sobriété et l’effi cacité énergétique sont et resteront le préalable à toute stratégie de succès. A défaut, toute autre solution énergétique alternative, renouvelable ou purement technologique, ne ferait que remplir un puits sans fond. Alors, en appui aux solutions et aux comportements économes, la recherche de voies énergétiques nouvelles s’impose, notamment renouvelables et “sans carbone”. Il en va, simultanément, de la En appui aux maîtrise du changement climatique… solutions et aux ◗ Les solutions ne manquent pas, comportements certes, mais peu d’entre elles peuvent économes, se substituer aux hydrocarbures. Les la recherche énergies renouvelables “électriques” de voies sont toujours mises en avant : • La force hydraulique des barrages énergétiques nouvelles s’impose, produit de l’électricité, tout comme notamment l’énergie marémotrice ou comme celle renouvelables et des mers, “sans carbone”. • L’énergie éolienne est à la source Il en va, d’électricité intermittente, au gré des simultanément, vents, de la maîtrise • L’énergie solaire directe (dont le du changement rayonnement, sur l’ensemble de la planète, climatique… équivaut à 10.000 fois notre consommation énergétique totale) permet la production de chaleur mais aussi d’électricité, grâce aux technologies photovoltaïques ou à miroirs, • La géothermie, de surface avec les pompes à chaleur, ou profonde grâce à des forages, permet de produire majoritairement de la chaleur, • La biomasse agricole et forestière enfi n, comme les biodéchets, fournit à la base des molécules hydrocarbonées issues de la photosynthèse. Ce sont les seules sources d’énergies renouvelables qui soient capables de remplacer directement des hydrocarbures (carburants, gaz, chaleur…), y compris pour la chimie. Et ces molécules hydrocarbonées peuvent aussi générer des matériaux et des bases chimiques. Mais il est certain que, toutes économies confondues et toutes énergies alternatives rassemblées, il serait impossible de faire face à une pénurie pétrolière majeure et brutale. Et ceci, même avec l’appui de la bioéconomie, qui a aussi ses limites. Rien ne sert de courir…

CLAUDE ROY

(*) Président-fondateur du Club des bioéconomistes et ingénieur agronome, Claude Roy a notamment été directeur exécutif de l’Ademe et coordonnateur interministériel pour la valorisation de la biomasse. Site web : leclubdesbioeconomistes.com E-mail : croy.club.bioeco@gmail.com.

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