dizajn newsletter n°1

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La newsletter octobre 2005 [dizajn] est de retour. Un rendez-vous bimestriel vous attend désormais en ligne. Pour ce premier numéro, nous vous proposons trois articles qui témoignent de l’avancée du design et des réflexions qu’elle nous inspire: les sens et le sensible avec le design sonore tel que l’entend Ludovic Germain ; le procédé de prototypage rapide appliqué aux modes de création et de production ; l’exposition sur le design belge au Grand-Hornu Images, ou peut-on parler de design identitaire et national, alors que les designers se disent aujourd’hui internationaux ? D.W

Page 1 [L’entretien] Avec Ludovic Germain : Une voix pour le design sonore

[Le thème] Prototypage rapide : La machine à rêves

[L’événement]

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Le design réunit la Belgique au Grand-Hornu

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[L’agenda] Récapitulatif en images et rendez-vous incontournables [dizajn] la newsletter est éditée par l'Ensci-Les Ateliers. Directeur de la publication : Emmanuel Fessy, rédactrice en chef : Dominique Wagner, conception graphique : c-album


[L’entretien]

Une voix pour le design sonore Ludovic Germain est designer co-fondateur de LAPS, agence de design sonore, avec Frédérique Guyot, psycho acousticienne. Diplômé de l’Ensci en 1993, il milite aujourd’hui pour la reconnaissance du design sonore en tant que discipline à part entière, nécessaire et efficace. [d] Depuis la création de votre agence LAPS en 2000, pensez-vous que votre travail a changé ? Et comment le domaine du design sonore a-t-il évolué ? En cinq ans, nous avons traversé une bonne crise économique durant laquelle de nombreux industriels étaient frileux. Dans le secteur de l’automobile, les choses ont tout de même pas mal bougé. Dans d’autres domaines, comme celui de l’électroménager, ça n’est pas encore gagné, même si en interne, le marketing et la Recherche & Développement s’y intéressent depuis trois ou quatre ans. Nous démarchons également les secteurs de la cosmétique et du jouet, mais ils ne franchissent pas le pas. Dans le jouet, où pourtant le son est souvent primordial, les entreprises achètent des puces intégrant déjà des sons ‘standards’ made in Taiwan, car ils n’ont souvent pas la volonté ou les moyens d’investir dans le sonore. [d] Quelle pourrait être, selon vous, la définition du design sonore ? Pour LAPS, il s’agit de donner du sens à nos sons. Nous ne faisons en aucun cas de l’ornementation. Le son doit être, au contraire, adapté à son environnement et à la fonction à laquelle il est attribué. S’agissant d’objets un peu compliqués à utiliser, le travail sur le son peut être très intéressant comme, par exemple, concevoir une sorte de mode d’emploi sonore. Il crée une relation avec l’utilisateur. Le design sonore prend en compte les notions de sens et d’ergonomie. C’est une démarche identique à celle du design en général, mais ici, elle est associée à la perception du son, la psycho acoustique. C’est la raison pour laquelle, Frédérique Guyot, psycho acousticienne, et moi avons associé nos compétences. [d] À quel moment la problématique du son entre-t-elle en ligne de compte dans la conception d’un objet ou d’un projet ? Et quelle peut-être la demande d’un industriel ou d’un commanditaire ? Nous travaillons beaucoup avec la R&D. Dans le secteur de l’automobile, nous avons vraiment œuvré en amont. La société Klaxon, leader dans la réalisation et la vente d’avertisseurs sonores, commercialise aujourd’hui des systèmes de sons qui ont pour vocation d’émettre des signaux d’avertissement à l’intérieur comme à l’extérieur du véhicule. Il faut savoir que pour une même voiture, il peut y avoir plusieurs sons différents par fonction

(oubli des clés, de fermer sa portière, pouvoir retrouver sa voiture dans un parking..). Or, si on dépasse six ou huit sons, on est très vite saturé. Il faut donc veiller à équilibrer tous ces sons. Nous avons proposé à l’entreprise Klaxon de travailler les sons en y associant une imagerie. Ces sons liés à une image mentale, nous les appelons des métaphores. Cette idée de donner du sens à travers le son est assez nouvelle, dans un monde où il reste encore de nombreux clichés, comme penser que l’on peut fabriquer des sons masculins en opposition à d’autres féminins. De plus, le son ne se voit pas, il est donc plus difficile à appréhender et à quantifier pour les clients. La grande difficulté, pour eux, étant de nous suivre et d’oser changer. Nous avons, par exemple, démarché la ville de Paris pour des passages cloutés sonores, mais la volonté de rendre intelligible et confortable un son n’était pas sa priorité. [d] Comment évoluent vos projets, à l’agence ? Et sur quoi travaillez-vous actuellement ? Il y a cinq ans, nous travaillions beaucoup dans le domaine de la téléphonie. Aujourd’hui, avec le téléchargement de sonneries ‘musicales’ sur Internet, business très lucratif pour les opérateurs, on est loin du design sonore comme on l’entend. Nos projets se situent plus autour de l’automobile. Mais au-delà du produit, il y a également les scénographies sonores comme celle que nous allons réaliser pour une exposition sur les mouvements géologiques en Bretagne, conçue par Rémi Dumas-Primbault et Véronique Massenet, qui devrait ouvrir ses portes courant 2006 à Rennes. Nous développons également des projets dans le domaine de l’ergonomie sonore. Nous travaillons notamment avec la RATP sur une interface machine pour non-voyants. Il s’agit de répondre à la demande de l’Etat pour que les lieux publics soient enfin accessibles aux handicapés. La signalétique sonore est encore une voie intéressante pour nous ; nous l’avions travaillée pour l’exposition D.Day au Centre Pompidou, mais faute de budget, cette idée a dû être abandonnée. [d] êtes-vous concurrencés dans votre domaine ? Il n’y a pas beaucoup de concurrence dans le design sonore appliqué aux objets, encore moins avec la manière dont nous appréhendons le sujet. Et, à l’intérieur des entreprises, les gens habilités à travailler sur le son ne conceptualisent pas. Néanmoins, depuis deux, trois ans, nous recevons de nombreux étudiants (Beaux-Arts, Design, Commerce…) intéressés par le design sonore. La relève semble se préparer et c’est tant mieux. Propos recueillis par Dominique Wagner *LAPS : Laboratoire, architecture, produit, son. Laps est une agence de design sonore appliqué au produit, à l’environnement, le multimédia et la scénographie. http://www.Laps-design.com

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[Le thème]

Prototypage rapide : la machine à rêves Le prototypage rapide comme finalité ? Rien de plus sérieux. Mais doit-on encore parler de prototypage rapide lorsqu’il s‘agit d’objets réels finis et commercialisables ? Peut-être faudra-t-il inventer un terme plus adapté, comme celui de production rapide par exemple. Mais ce procédé va non seulement initier un nouveau mode de production, mais aussi de distribution, de finition, d’identité, de langage à la fois plus mathématique et scientifique. Quelle matière pour les designers ? Quel progrès pour les utilisateurs ? Récapitulatif Le prototypage rapide n’est pas récent puisqu’il date du milieu des années 80. Ce qui l’est plus, c’est la production d’objets finis réalisés par ce procédé. En ce début de XXIème siècle, ce transfert de technologie est largement médiatisé depuis que de nombreux créateurs s’y sont essayés (Les Faltazi, Ron Arad, Gabriele Pezzini, Voght et eizengger, la société One-Off avec un groupe de jeune designers, Janne Kyttanen et Jiri Evenhuis /Freedom of creation, Patrick Jouin…). Même si leurs objets restent encore des produits de communication et de rêve - les machines et les poudres utilisées coûtent très cher - il fallait s’inscrire dans le mouvement. Car nous entrons certainement dans une nouvelle ère culturelle et économique : nouveau langage formel riche de sens, nouvelle unité de temps, nouveau mode de distribution, réponse à la fois individuelle et multiple, stockage numérique… En quoi consiste cette technologie ? Pour faire simple, il s’agit d’un système semblable à celui d’une imprimante à jet d’encre dans laquelle on « injecterait » un fichier numérique. Au lieu d’un texte construit ligne par ligne, un objet en 3D se dessine couche par couche. Deux procédés se distinguent dans le paysage du prototypage rapide : la stéréolithographie (un laser agit sur une résine photosensible et reconstitue la pièce à fabriquer par superposition successive de couches) et le frittage de poudre (même idée mais à la place de la résine, on utilise de la poudre de polymère). Laurent Lebot, fondateur de « Monsieur Faltazi » avec Victor Massip (tous deux diplômés de l’Ensci), raconte le sujet de son diplôme passé, il y a près de dix ans : « Mon idée était vague, je voulais faire un distributeur pour diffuser tous les objets du monde. Qui dit distributeur dit petit volume; alors pourquoi ne pas fabriquer ces objets dans le distributeur lui-même ? Je savais que la stéréolithographie et le frittage de poudre existaient et que Renault utilisait ces procédés pour réaliser des maquettes. D’où l’idée de passer directement à l’objet réel. Avantages : développer des objets aux formes inhabituelles, sans obligation de contraintes dedémoulage ; télécharger des objets comme on télécharge de la musique au format mp3, mettre en place des microusines… Bref, l’univers de Monsieur Faltazi était là. Diplôme de l’Ensci en poche, Victor et moi avons fondé notre agence en réveillant le projet Monsieur Faltazi. Avec le temps, notre discours s’est structuré. » Un nouveau marché Même s’il n’existe pas pour l’instant de marché à grande échelle, les Faltazi, du nom de leur concept, sont optimistes et la profusion des projets qui se sont développés depuis deux, trois ans ne les contredira

pas. « Ce produit est numérique, ajoute Victor Massip, et cela renverse le rapport au marketing. Habituellement, le marché doit répondre au goût du plus grand nombre. Là, c’est tout l’opposé, le marché est renversé, on va pouvoir créer des produits pour des niches spécifiques et lancer une énorme boîte à idées virtuelles. ». Pour le moment, les objets, réalisés par un nombre croissant de designers, coûtent encoretrès chers mais ils ont le mérite d’exister. La chaise de la collection Solid de Patrick Jouin, réalisée avec la société belge Materialise, spécialiste de logiciels utilisés lors du prototypage rapide, est commercialisée pour 15 000 euros avec un prix de revient d’environ 14 000 euros. La société Industreal, créée par One-Off l’année dernière à Milan et qui édite les projets « In dust we trust » et « Model Ideas », ne commercialise pas directement ces produits. Si on peut les voir sur leur site Internet (1), en connaître le mode et la durée de fabrication par frittage de poudre, en revanche ils ne sont pas réalisés avec cette technologie.La méthode est trop onéreuse pour être rentable. Le procédé de frittage de poudre sert ici plutôt de « matière première » à la création, il correspond àl’espace laboratoire de la société. Guillaume Delvigne, jeune designer français qui a fait partie de l’aventure milanaise, raconte : « Il y a deux ans, alors que je travaillais à Milan dans le studio de George Sowden, nous devions réaliser des prototypes pour Moulinex. La société One-Off, qui avait acheté une machine de prototypage rapide, désirait développer un concept en partant directement de cette technologie. Elle a consulté une vingtaine de jeunes designers installés à Milan, dont je faisais partie, pour participer au premier projet « In dust we trust ». Le but étant d’observer les répercussions possibles de ce concept en vue de créer une société d’édition. L’idée a beaucoup pluset sa médiatisation a été largement suivie. Résultat One-Off a donné naissance à Industreal, à la fois laboratoire de recherche et éditeur, et George Sowden en est le directeur artistique. L’année dernière, nous avons présenté une seconde collection « Model Ideas » et cette année, nous revenons avec d’autres créations. » Un an avant Industreal, la société Materialise, après avoir collaboré à la conception du projet Solid de Patrick Jouin, lançait sa propre collection de luminaires MGX (2), réalisés en stéréolithographie, avec pour directrice artistique Naomi Kaempfer et des designers tels que Arik Levy, Assa Ashuach, Freedom of Creation (FOC)…La stéréolithographie présente l’avantage de créer de la transparence, d’où son utilisation adaptée à la conception de luminaires. Materialise, One-Off, mais aussi DSM Somos, avec qui Gabriele Pezzini développa la collection « Made in China » en 2003 à Milan. Ainsi, De plus en plus de sociétés, spécialistes et leaders dans le prototypage rapide, se lancent dans l’aventure avec des designers, voyant là un marché porteur émergent. Petit à petit la toile s’agrandit. Dominique Wagner

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[L’événement]

Le design réunit la Belgique au Grand-Hornu La Belgique fête ses 175 ans d’existence et, à cette occasion, tente la grande unité nationale. Dans cette mouvance, Le Grand-Hornu Images présente l’exposition Label-design.be qui rassemble quelque 350 créations présentes sur le marché belge et international. L’institution nous avait plutôt habitués aux monographies (Matali Crasset, Garouste & Bonetti, Ingo Maurer…), mais les expositions sur le design britanique, avec Lost & Found, ou italien avec Les Maestri, abordaient déjà un aspect national. Aujourd’hui, la Belgique expose les objets de ses designers : 350 pièces conçues, entre 2000 et 2005, par 135 créateurs sélectionnés par un jury en majorité belge. Une initiative de trois partenaires régionaux, avec la volonté de promouvoir un visage uni et diversifié du design en Belgique : Françoise Foulon, directrice du Grand-Hornu Images (pour la Wallonie), Lise Coirier, présidente de ProMateria et commissaire de l’exposition (pour Bruxelles) et Johan Valcke, directeur de Design Vlaanderen (pour la Flandre), ces deux dernières étant des associations de promotion du design. Néanmoins, on voit ressurgir quelques vieilles querelles lorsque Johan Valcke rappelle, en flamand, au sujet de l’engagement des autorités publiques : « En Flandre, c’est surtout Design Vlaanderen qui s’attelle, depuis dix ans, à la promotion du design dans les entreprises et à la sensibilisation au design auprès du grand public. La partie francophone du pays Wallonie et région de Bruxelles- est chargée, depuis trois ans seulement, si ce n’est moins, de faire du design un atout économique et culturel. » Évoquer ici un design belge est donc un acte politique et promotionnel. Même si le pays a vu naître récemment quelques éditeurs belges comme Vange ou Feld, signe plutôt positif pour le marché. Loin de toutes polémiques, et à l’instar de ce qui se passe en Europe, Label-design.be apporte au grand public un regard sur la multiplicité des domaines d’investigation du design. À cela, il faut ajouter la présence des nombreux designers belges talentueux, dont certains sont déjà réputés au-delà de leurs frontières. Et bien sûr un hommage spécial est rendu à Maarten van Severen, disparu cette année. Mais d’abord, il faudrait écarter certains aspects qui faussent le regard sur les objets présentés. La scénographie perturbe un peu : le marquage au sol des pièces, piétiné par les visiteurs, n’aide pas forcément la lecture, même si la profusion des produits ne laisse pas indifférent. Ensuite, le classement par couleur reste flou et non justifié. Ces obstacles passés, on s’attarde devant le rayonnage, sur 6 mètres de haut, des produits disposés à l’intérieur du magasin aux foins et le mobilier urbain à l’extérieur. Si l’on connaissait le banc modulable de Charles Kaisin pour Vange, on remarque également son sac-filet chic en cuir réversible et rétractable pour Delvaux. Xavier Lust, dont le mobier en

métal édité par MDF, De Padova… est déjà réputé, expose une baignoire pour Aquamass. Développement durable et cycle de vie avec Maxime Szyf, de Maximal Design, qui propose « Soul ash solace »un cercueil bio-dégradable pour crémation. Elric Petit et le collectif Big-Game, remarqués à Milan en janvier dernier, allient mémoire, modernité et humour avec « Héritage in Progress ». Si on poursuit dans l’humour associé à la technologie, on n’est pas en reste avec No-Mad [Re]Public et leur concept d’emballage « Bond-Age » qui a obtenu le prix Vitra à Courtrai en 2004, ou le collectif L’Anverre avec leur parasol « Umbellae ». Côté mobilier urbain, on peut apprécier le range vélos de Luc Vincent pour Wolters autant que le banc public circulaire en acier laqué de Lucile Soufflet. On pourrait encore en énumérer une bonne dizaine, comme Pol Quadens, Annick Schotte, Jean-François D’Or ou Alain Berteau, car si Label-design.be n’explique pas l’existence d’un design belge, elle montre bien l’émergence de la créativité des designers belges depuis le début de ce second millénaire. D.W Design in Belgium aftert 2000 Du 16 octobre 2005 au 16 février 2006 Grand-Hornu Images Rue Sainte-Louise, 82 BE-7301 Hornu T : 00 32 (0) 65 65 21 21 www.grand-hornu.be Label-design.be

exposition Label-design.be au Grand-Hornu

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[L’agenda]

livres

Expo

Le livre en lettres.

“L'homme paré”.

Collection Petit manuel. Ed. Pyramyd et Scéren/CNDP.

Exposition consacrée à la parure masculine Du 20 octobre 2005 au 30 avril 2006. Musée de la mode et du textile.

Ouvrage sur la typographie et ses usages.

Insect. Collection design et designers. Ed. Pyramyd. Le duo londonien Paul Humphrey et Luke Devis.

Sites

www.faltazi.com

Vases de Guillaume Delvigne, pour "In dust we trust" ed. Industreal

(1)www.industreal.it (2)www.materialise-mgx.com

M.Faltazi

Luminaires pour "In dust we trust" ed. Industreal

“Rups”. Luc Vincent pour Wolters. chaise “solid”. Patrick Jouin Luminaire. Édité par materialise-mgx

www.grand-hornu.be

“baignoire navale”. Xavier Lust pour Aquamass

exposition Label-design.be au Grand-Hornu

“Umballae”. Nomad concept. L’Anverre.

Cerceuil pour crémation. Maximaldesign.

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