La Recherche, pour la création industrielle de demain Les formations au design sont désormais enrichies d’une activité de recherche mise en œuvre par le laboratoire ENSCI - Paris Design Lab.® Autour de la directrice de la recherche et du directeur de l’ENSCI, des designers et des chercheurs, tous partie prenante, expriment leur point de vue sur la question. Riches et diversifiés, ces propos sur la recherche en design évoquent la méthodologie, la forme et le partage des connaissances. L’ENSCI a pris le parti de rassembler, avec l’objectif de former les designers du nouveau monde industriel qui sollicite en profondeur les arts, les sciences et les techniques. > SOPHIE PÈNE, directrice de la recherche. Comment est arrivée cette activité de recherche à l’ENSCI ? Depuis trois ans, à l’ENSCI, avec Paris Design Lab®, une politique de recherche et de formation avancée s’est mise au service du design et des designers. Elle a pour ambition de renforcer le design et d’accompagner son expansion. Notre société s’angoisse légitimement. Elle est face à un futur qui semble se refermer comme un étau. Moins d’industrie en France, c’est moins de prospérité. Les designers ont des réponses. Il suffit de visiter les ateliers un jour de fin de semestre pour découvrir un futur praticable, et même aimable, qui nous met en action au présent, sans naïveté, et nous immerge dans un monde juste, sans chaos, un monde mobilisant pour chacun, un monde qui n’adviendra que si toutes les
intelligences et les sensibilités y contribuent désormais. Imaginer la conjonction entre solidarité humaine et innovation technologique, en tirer de nouveaux produits et de nouvelles façons de produire, acter une vie sociale plus participative et pressentir les reconfigurations de la démocratie, c’est le quotidien du design. Ce sont des pistes pour une industrie relocalisée, profitable, non destructrice de l’environnement et respectueuse d’un humanisme plus que jamais nécessaire.
Si le design est si efficace pour la prospective et l’innovation créative, pourquoi a-t-il besoin d’une activité de recherche en propre ? La complexité des sujets, leur urgence justifient une alliance étroite entre le design et la recherche. C’est même la pérennité du design qui se joue dans sa capacité à incorporer des pratiques et des savoirs issus de la recherche la plus récente. Les usages des
nouveaux matériaux, les changements climatiques, l’énergie renouvelable, le traitement des “big data”, les controverses entre les sciences et techniques et la société, aucune discipline n’est capable de les traiter seule. Le design gagne en compétence et en pertinence en s’impliquant avec des physiciens, des chimistes, des cogniticiens, des informaticiens, des historiens, des anthropologues.
S’oriente-t-on vers une génération de designers – chercheurs ? Les jeunes designers le savent bien, qui travaillent avec des médecins sur la conception de dispositifs, sur les nanobiotechnologies dans la recherche clinique, sur des systèmes de datavisualisation et des mobiliers de la ville connectée. Les plus expérimentés aussi le vivent au quotidien dans les ateliers. En 2011 et 2012, à l’ENSCI, les designers François Azambourg et Clémentine Chambon