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"salarié",

Le salarié a son espace personnel et sécurisé

Le Dr Alban Marquis est médecin du travail chez Pôle Santé Travail Métropole Nord : « Le salarié a maintenant accès à un espace personnel et sécurisé : tous les documents utiles sont disponibles en fin de visite, comme par exemple, les attestations d’aptitude, les rappels pour les prochaines visites ou tout autre document, comme les résultats d’examens complémentaires. Cela lui facilite le dialogue personnalisé avec son médecin du travail, car il peut partager de l’information avec lui, en toute sécurité et en temps réel ».

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L’entreprise a son espace dédié et sécurisé

Le Dr Alban Marquis poursuit : « L’employeur a également un espace dédié. Chaque entreprise est ainsi en parfaite autonomie, dans son espace "entreprise". Elle peut à présent faire, en toute simplicité, ses demandes de rendez-vous pour ses salariés. Pôle santé travail peut également mettre à disposition des créneaux pour que les employeurs puissent positionner des rendez-vous périodiques en autonomie. Tout est automatisé et tracé, immédiatement entre Pôle santé Travail Métropole Nord et l’adhérent. En direct, l’employeur reçoit l’attestation ou le document de fin de visite, sans que des modifications puissent y être apportées. Tout est certifié, signé et garanti en temps réel. C’est instantané, tracé et sécurisé ! Il n’y a plus de documents qui se perdent : les lettres recommandées avec accusé de réception, qui ne sont pas retirées, sont d’une autre époque… Dans l’espace "entreprise", l’employeur peut également dialoguer avec le médecin du travail. C’est un vrai progrès ! Bientôt, dans leur espace, les employeurs auront à disposition leurs données relatives aux analyses de risques professionnels et leur DUERP1. »

Avant ce nouveau système, nous avions beaucoup de travail pour planifier les visites périodiques et celles des nouveaux embauchés. Il nous fallait de nombreux échanges par mails et téléphones, avec des allers-retours, selon les disponibilités de chacun. En plus, certains salariés ne nous transmettaient pas les attestations de visites. Il nous fallait recontacter Pôle Santé Travail pour les obtenir… Ces obligations légales et règlementaires tournaient donc vite « à l’usine à gaz », excusezmoi l’expression ! Aujourd’hui, cela nous facilite la vie ! Nous avons un espace employeur, où, tout seul, nous pouvons planifier nos rendezvous selon les disponibilités. Il a des créneaux ouverts et nous pouvons positionner les salariés selon leurs plannings. En plus, nous recevons automatiquement et sans délai une notification pour nous informer que la visite a eu lieu. Nous pouvons télécharger l’attestation. Enfin, nous disposons de statistiques, précises et en temps réel, quant au suivi individuel de santé au travail de nos salariés. C’est top !

Avec 400 agences en France, le Groupe PROMAN est le 4ème acteur européen sur le marché du travail en intérim et du recrutement en CDD et CDI. A l’agence BTP de Lille, nous demandons le suivi médical de 40 personnes par mois. Dans l’agence, trois mots clés nous résument : réactivité, recrutement, veille pour le lendemain… Nous programmons au mois les rendez-vous en santé au travail, tout en devant positionner des personnes en urgence, avant la date de démarrage de la mission d’intérim. Une fois la visite réalisée, il nous faut récupérer rapidement les attestations et avis d’aptitude. Avant, nous rappelions les salariés, nous les faisions venir à l’agence… voire revenir. Aujourd’hui, tout est automatisé par mail. Nous recevons directement les attestations nécessaires sur notre « espace entreprise », tandis que le salarié reçoit ses documents dans son espace personnel. S’il n’est pas nécessaire que le salarié repasse une visite, nous le savons directement et immédiatement. Chacun gagne du temps et tout est sécurisé ! Même en cas de demande de rendez-vous exceptionnel, comme par exemple lors d’un accident du travail ou à la demande du salarié ou de l’employeur, tout se fait en souplesse. Franchement, chacun s’y retrouve !

Tu dis prévention et santé au travail ?

Appelons-les !

Oui !

Notre service de prévention et de santé au travail !

Des experts qui nous apportent des conseils : techniciens et ingénieurs de prévention, ergonomes, psychologues du travail, toxcologues industriels, assistantes sociales, infirmières et médecins de santé au travail, secrétaires médicales.

Le service de prévention et de santé au travail inter-entreprise, auquel adhère votre entreprise, vous apporte une aide de proximité : identification, évaluation des risques et conseils de prévention, suivi individuel de santé au travail des salariés, maintien en emploi des salariés en difficulté de santé.

Léa Leroy, Interne en médecine et santé au travail

Dorothée Vincent Médecin collaboratrice en santé et travail, ASMIS

Chef de clinique en médecine et santé au travail, CHU Amiens

Les déserts médicaux fleurissent un peu partout en France. Et la médecine du travail, comme les autres spécialités, n’est pas épargnée. En outre, en faculté de médecine, on ne dit plus « spécialité de médecine du travail » mais « spécialité de médecine et santé au travail ». Que se passe-t-il ? Pour le savoir, Entreprise & Santé a rencontré Sylvain Chamot, Léa Leroy et Dorothée Vincent. Sylvain Chamot est chef de clinique en médecine et santé au travail au CHU d’Amiens, responsable de la formation des étudiants en médecine et santé au travail pour la subdivision d’Amiens. Il est aussi responsable du site amiénois du Centre régional de pathologies professionnelles et environnementales des Hauts-de-France. Léa Leroy est interne en médecine et santé au travail au CHU d’Amiens. Dorothée Vincent est une médecine généraliste, qui s’est reconvertie en médecine et santé au travail. Elle est aujourd’hui médecin collaboratrice à l’ASMIS1. Ensemble, ils regardent l’avenir.

La spécialité de « médecine du travail » est devenue « médecine et santé au travail ». Qu’est-ce-que cela change ?

Sylvain Chamot : « Notre spécialité de " médecine et santé au travail " n’est pas que centrée sur le rôle médical. On pourrait même dire que c’est une spécialité qui, en fait, n’existe pas par elle-même, car elle n’existe que grâce à « l’équipe pluridisciplinaire ». C’est-àdire les techniciens et ingénieurs HSE, les ergonomes, les psychologues du travail, les assistantes sociales, les assistants santé travail, les infirmiers spécialisés en santé au travail, les secrétaires médicales. Les infirmiers de santé au travail sont les collaborateurs quotidiens du médecin en santé au travail. Comme les infirmiers le sont en ville, à l’hôpital ou en clinique. Notre spécialité est en avance par rapport à d’autres spécialités, grâce aux protocoles, aux délégations, à la coordination d’équipes… En fait, je n’aurais sans doute pas fait la spécialité de médecine du travail, il y a 20 ans… Je suis très heureux de faire la spécialité de médecine et santé au travail, aujourd’hui. »

Dorothée Vincent : « Il y a quelques années, je ne me serais pas reconvertie en médecine du travail. Aujourd’hui, je ne regrette pas mon choix. En tant que médecin généraliste, ayant exercé plusieurs dizaines d’années en libéral, j’ai fait le choix de reprendre des études, soit quatre années pour obtenir le Diplôme inter universitaire « pratiques médicales en santé travail ». Comme dit Sylvain, le travail en coordination avec une équipe pluridisciplinaire n’existe pas dans d’autres spécialités médicales. C’est vraiment une spécialité particulière… et à part entière !

Léa Leroy : « Pour ma part, j’ai commencé la spécialité de « médecine générale ». C’était mon choix. J’ai découvert la santé au travail lors d’un stage dans un service de prévention et de santé au travail. Ce fut une véritable découverte ! Il y a un décalage abyssal entre les représentations vis-à-vis de la médecine du travail et la réalité de la santé au travail. Je trouve un grand bonheur d’exercer en médecine et santé au travail. »

Va-t-on vers des « déserts de médecin et santé au travail », à l’instar des « déserts médicaux » que l’on rencontre en médecine générale ou d’autres spécialités ?

Dorothée Vincent : « Nous y sommes déjà ! Les déserts médicaux en santé au travail existent comme en médecine générale. C’est très clair !

Sylvain Chamot : « C’est vrai, mais la situation pourrait être plus catastrophique. Nous faisons tout pour freiner et inverser cette tendance. Dans 5 à 6 ans, le déficit en médecins du travail pourrait être multiplié par deux en Picardie ! La pyramide des âges de la profession nous est défavorable… La « médecine et santé au travail » n’est pas un choix prioritaire des internes… À la faculté de médecine d’Amiens, nous avons neuf internes. C’est un succès qui repose en partie sur le fait que nous créons des ponts, pour faire connaître la spécialité. »

Justement… la spécialité

« médecine et santé au travail » est très peu retenue dans leurs choix de spécialité par les internes de médecine. Pourquoi ?

Sylvain Chamot : « Au sein des enseignants de médecine, nous cherchons des solutions face à cette situation... Il faut développer l’attractivité de la spécialité, qui est très méconnue et peu valorisée. Certains enseignants s’interrogent sur le fait d’ouvrir l’exercice de la médecine et santé au travail. C’est à dire de permettre des exercices partagés de spécialités. Mais ceci demandera du temps pour que l’idée aboutisse… »

Léa Leroy : « Dans le cycle des études médicales, l’enseignement de la médecine et santé au travail pourrait se faire plus tôt et de manière plus pragmatique. Comme toutes les autres spécialités cliniques…

Dorothée Vincent : En médecine, nous sommes formés pour le « soin » : diagnostic et thérapeutique. Pour choisir la spécialité de médecine et santé au travail, il nous faut intellectuellement envisager un autre chemin : celui de la prévention. Nous faisons un acte médical complexe : analyse de la situation et propositions de mesures de prévention. »

Un médecin en exercice peut se reconvertir en médecine et santé au travail. Que pouvezvous nous en dire ?

Dorothée Vincent : « Oui, un spécialiste en médecine générale peut se reconvertir, au cours de sa carrière professionnelle en médecine et santé au travail. Les médecins qui s’interrogent sur leurs métiers au bout de plusieurs années d’exercice sont très nombreux. Pour des raisons personnelles, certes. Mais, aussi et surtout, du fait de l’évolution du mode d’exercice de la médecine. La spécialité de médecine et santé au travail ouvre des perspectives de carrière et de nouveaux horizons professionnels : agir en prévention, travailler en équipe, être utile aux salariés et leurs employeurs. »

Sylvain Chamot : « Effectivement… Le médecin en reconversion vers la médecine et santé au travail, qu’il soit par exemple urgentiste ou médecin généraliste, doit passer le diplôme interuniversitaire « pratiques médicales en santé au travail ». Cette formation dure 4 ans, pendant lesquelles il a le statut de médecin collaborateur au sein d’un service de prévention et de santé au travail, encadré par un médecin en exercice qui devient son tuteur. Au terme de ces quatre années, après la soutenance d’un mémoire, il devient spécialiste de médecine et santé au travail, à part entière. »

Médecine et santé au travail : quel avenir ?

Léa Leroy : « Son avenir est conditionné à une meilleure connaissance de la spécialité. Autant au niveau de la société, qu’auprès des étudiants en médecine et des médecins en exercice. Au cours de mes études, j’ai rencontré des médecins du travail : cela m’a « ouvert les yeux » ! J’ai eu un autre regard sur cette spécialité, qui est très moderne et répond à des problématiques majeures de santé. En tant qu’interne en médecine et santé au travail, permettez-moi d’être directe : je m’éclate ! Cela ouvre un champ de connaissances, de compétences et de réflexion tellement vaste. »

Sylvain Chamot : « Tout à fait ! À ce propos, on est sorti de la décision médicale « apte-inapte ». Pour vraiment entrer dans une mission de conseils auprès des entreprises et de leurs salariés, au sein d’une équipe pluridisciplinaire. »

Dorothée Vincent : « Oui, c’est un métier d’avenir. C’est une certitude ! Au-delà du cadre législatif et règlementaire, il faut regarder ce que nous apportons. La société est en attente : la santé au travail est une préoccupation sociétale particulièrement forte Intellectuellement et humainement, c’est très enrichissant. »

Sylvain Chamot : « En conclusion, je dirai que ce métier ne disparaitra jamais. Il évolue. Il nous faut être clair, tous ensemble, sur les solutions démographiques à trouver pour la profession. Il nous faut être visible et mieux reconnu. Et il y a des perspectives d’ouverture… Par exemple, les médecins de santé au travail de par leur expertise dans le domaine de l’évaluation des risques, notamment chimiques, sont les plus proches d’une préoccupation majeure et émergente : la santé environnementale. »

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