Paramoteur dans le Bas-Saint-Laurent

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LE PARAMOTEUR, C’EST CETTE VOILE DE PARAPENTE PROPULSÉE PAR UN MOTEUR À HÉLICE PLACÉ SUR SON DOS DE 100 CM CUBES GÉNÉRALEMENT. LA DISCIPLINE EST DÉSORMAIS TRÈS RÉPANDUE. ELLE EST ÉGALEMENT UN MODE DE TRANSPORT PRIVILÉGIÉ DANS L’OBSERVATION NATURALISTE EN GÉNÉRAL ET ORNITHOLOGIQUE EN PARTICULIER. LA VOILE ET LE MOTEUR CONFÈRENT AU PARAMOTEUR UNE SOUPLESSE DE VOL RAREMENT ATTEINTE QUI A DEPUIS LONGTEMPS CONVAINCU LES DOCUMENTARISTES ANIMALIERS. A notre arrivée, nous sommes accueillis par Eric Sigier, le patriarche, et son aîné David. Tout sourire, ils nous emmènent directement sur leur terrain d’aviation où, Danielle, l’épouse d’Éric, encadre déjà un groupe de 4 élèves. Les Sigier, ce n’est pas une famille comme les autres. Eric est arrivé au Québec en 1972, suivant ses parents qui avait quitté le Nord de la France. Il est éditeur mais se passionne depuis l’enfance pour la mécanique aéronautique. Avec Danielle, ils ont cinq enfants, tombés dans le paramoteur quand ils étaient petits. En famille, ils ont formé quelques 600 pilotes. L’aîné de la fratrie, David, un solide gaillard aux yeux malicieux, nous accompagnera durant notre reportage. C’est l’un des meilleurs pilotes au monde, probablement le meilleur en Amérique du Nord. Son père tient rapidement à préciser les choses. Lorsqu’on lui dit qu’il est le pape nord américain de la discipline, il rétorque humblement qu’il n’est pas exactement le premier. C’est Eric Dufour qui, au début des années 90, a importé d’Europe la discipline. D’abord au Québec puis ensuite aux Etats-Unis. Ce dernier est depuis parti s’installer en Floride.

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Le Québec

en Paramoteur Samedi 9 mai. 5h30. Au sortir de Québec, nous prenons la direction de Saint-Apollinaire à 40 kilomètres de là, sur les bords de l’A20, l’axe qui relie Québec à Montréal. Nous y avons rendez-vous avec la famille Sigier, pionnière de l’activité paramoteur en Amérique du Nord.

Retour sur le terrain d’aviation. Les quatre élèves écoutent les conseils prodigués par Danielle. Au programme ce jour-là, l’apprentissage du décollage qui est une véritable science. Pour Jean-Claude, Yves, Éric et Nelson, l’après-midi devrait les voir s’envoler de leur propre voile pour la première fois. Ils ont parcouru 300 km afin de réaliser leur rêve : obtenir le sésame qui leur permettra de voler de façon autonome. Ici encore, c’est une histoire de famille : Jean-Claude est le père d’Yves et d’Éric, Nelson leur meilleur ami. L’écoute des étudiants est religieuse, un sourire pincé égaye leur mine solennelle. Et pour cause : l’humidité est palpable en cette période de dégel. Le décollage en est rendu moins facile car le matériel est plus lourd. Il s’agira donc de redoubler de vigilance.

Alors que Danielle et David distillent leurs conseils avec dynamisme, nous rencontrons Dany Guillemette. Après avoir fait ses classes auprès des Sigier, il a obtenu la veille son diplôme d’instructeur. L’homme est aux anges et n’ai pas avare d’explications. Selon lui, un bon décollage est patient. Dany parle de « parapatience ». Il faut saisir le sens du vent en consultant les manches à air disséminés ça et là sur le terrain d’envol. Le vent peut virer de bord rapidement. Cela est dû aux chocs thermiques entre l’air et le sol, source de chaleur. Une science qui, maîtrisée, permet de fournir un moindre effort. En premier lieu, il faut contrôler son matériel au cours d’un rituel immuable : l’état de l’hélice, les supports du moteur, les ressorts d’échappement, les tubulures d’essence afin de s’assurer que l’arrivée n’est pas obstruée. Il faut ensuite vérifier que la manette des gaz est bien à zéro. Enfin, chaque pilote doit être attentif et maîtriser son environnement. Une fois la voile gonflée, le pilote se met à courir en « donnant » du moteur. On doit courir assez vite afin d’apporter assez de vitesse pour donner un maximum de force au moteur. Au décollage, 80% de l’impulsion vient du corps mais aussitôt que la voile est inclinée à 25 degrés, ce n’est plus le pilote qui court mais le moteur qui pousse. En outre, l’élève doit toujours visualiser où il s’en va. Les suspentes doivent être tendues, la voile bien centrée, face au vent. Une phrase qui peut paraître surréaliste revient souvent dans la bouche de nos dévoués instructeurs : « Où est le vent ? ». Elle prend tout son sens lorsque l’on s’apprête à faire décoller son paramoteur. Quand on se sent décoller, il faut continuer à pédaler dans le vide. C’est la voile qui décidera quand voler selon les conditions du vent. Suite à ces explications, nous trépignons d’impatience de connaître notre première expérience de vol en tandem. Aller courtiser les oies blanches, entendre s’égosiller les outardes, dominer le puissant et mythique Saint-Laurent. Ce sera chose faite dans l’après-midi. Nous sommes rejoints par Jocelyn, instructeur également. Soudeur de son état, ils ont conçu avec Éric le Jocer, sorte de triporteur qui permet de confortables envolées sans trop d’effort. Un autre but louable les animait lors de la conception de cet « ovni » : partager leur passion avec des personnes handicapées. Il aura fallu près de 400 heures de travail à ces génies de la mécanique pour mettre au monde cet objet unique, immatriculé par Transport Canada C-IHJG. Le regard de Jocelyn est rempli d’affection lorsqu’il nous présente le Jocer, son véhicule hybride. Jocelyn pourrait être l’incarnation de ce que les québécois appellent « un patenteux », ces génies de la mécanique qu’il faut imaginer à leurs établis lors de longues soirées d’hiver et qui ont pour chef de file un nom célèbre : Joseph-Armand Bombardier, l’inventeur entre autres choses du skidoo que

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nous connaissons mieux sous le nom de motoneige. Et de Bombardier il est question puisque le Jocer est équipé d’un Rotax 503. L’hélice en croix est en bois, une matière plus flexible que la fibre en carbone capable de fendre les suspentes. À ses débuts, ils étaient rares ceux qui voulaient monter avec Jocelyn. Qu’importe, le courageux patenteux a fait ses premiers tests de vol seul, en utilisant 70 kg de sacs de fondant à neige en lieu et place d’un passager. Son intuition était la bonne. Depuis, il a fait voler son beau-père de 84 ans et une dame de Rimouski qui affichait fièrement 77 ans. Nous prenons place, non sans quelque appréhension.

Ha^Wd bagd ea[ Wf `a` bagd ^We SgfdWe Dès les premiers moments, on est surpris par l’agilité de l’engin. Le vol est souple et indolent. Le vent est laminaire ce qui nous procure une stabilité incroyable. Lorsque Jocelyn réduit la puissance de son Rotax, on a l’impression de planer à 1 000 pieds de haut. Une sensation particulière, un sentiment d’immensité et de liberté. Les vastes champs de colza deviennent des jardins, les habitations des huttes lilliputiennes. Tout devient beau : un fossé, une route, un troupeau de bovins. L’émerveillement est total : on redevient un enfant. Jocelyn s’enquiert de notre état en tapotant sur notre épaule gauche, geste auquel nous répondons par un pouce levé. Nous sommes proches de la bouf-

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fée enivrante. Il nous est difficile de réprimer les cris d’un bonheur inconnu jusqu’alors. Celui de voler dans un espace aérien privilégié, le Québec offrant des paysages somptueux. A l’approche du fleuve majestueux, l’air se refroidit. On le découvre et il s’en dégage une puissance colossale. Son débit s’est accru avec la fonte des neiges. Nous survolons Neuville, Saint-Antoine de Tilly. Depuis notre position, le banal devient beau, le commun extraordinaire. De nombreux paramotoristes nous ont rejoints et c’est désormais en escadre que nous volons, véritables oiseaux motorisés. Devant nous, les passionnés rivalisent d’habilité et d’audace pour nous offrir un ballet aérien dont la chorégraphie est orchestrée par le vent. Ils s’échangent des signes, s’indiquent entre eux les bons itinéraires en fonction de la légère brise. C’est une équipe rompue à l’exercice du vol de groupe qui nous entoure. Les prémisses de la fin de journée nous ramènent à une réalité bien terre à terre : il faut maintenant rentrer car le survol de nuit est strictement interdit. C’est à contre cœur que Jocelyn enclenche un dernier virage à 180 degrés. Une dernière émotion euphorique qui nous grise et nous transporte de ravissement. Notre atterrissage se fait sans encombre. Jocelyn nous serre la main et ponctue sa pogne virile d’un enjoué « bienvenue dans la famille !! ». Nous avons encore la tête dans les nuages et désirons revoler immédiatement. Au sol, David et Danielle, véritable mère courage, sont sur le point de boucler leur cours. Avec leurs élèves, ils

reviennent sur les points abordés pendant la journée. Chacun note consciencieusement sur son carnet de pilotage les techniques acquises. Tous sont extrêmement attentifs, animés par leur rêve de vol. Nous nous rapprochons d’Éric, l’un des élèves rencontré plus tôt dans la matinée. Il a réussi avec brio son premier décollage et a du mal à trouver ses mots : « On se sent libre. C’est un sentiment incroyable, un monde à part qu’il faut découvrir au moins une fois dans sa vie. » Autour d’un verre de l’amitié, Éric Sigier nous confie son bonheur sans cesse renouvelé de constater la joie qu’il peut lire sur les visages des apprentis pilotes. « C’est le meilleur salaire que je puisse tirer de mon activité : celui de voir des gens heureux et de transmettre notre savoir faire. Le reste m’importe peu finalement. ». Puis Danielle et Éric nous parlent de l’avenir. Et le futur chez les Sigier se conjuguera au pluriel. Féminin d’abord puisqu’ils entendent développer l’activité auprès des femmes en concevant des paramoteurs toujours plus légers et maniables. Masculin ensuite après l’achat d’un autogire ou gyrocoptère pour lequel David, leur champion de fils, passe actuellement des diplômes d’instructeur. Ce qui nous donnera certainement l’occasion d’une nouvelle aventure.

La compétition en paramoteur De nombreuses rencontres sportives sont organisées toute l’année. Les événements sont de deux ordres. Les championnats prestigieux visent à évaluer les qualités de pilotage pur. On y juge de la précision du vol, de la valeur de la navigation. Le pilote doit être complet. Parmi les épreuves classiques, un parcours balisé d’une heure et demie durant lequel le pilote s’essaie à une véritable course d’orientation. Autre épreuve reine : voler le plus longtemps et le plus loin possible avec un minimum de carburant. Ici, c’est la lecture de vol du pilote qui est mise à l’épreuve. Le paramoteur en compétition s’est aussi décliné sous une forme plus visuelle. Les World Air Game rassemblent les meilleurs pilotes du monde qui devront redoubler de style afin de remporter le trophée si convoité. Dextérité, aisance, sang-froid sont autant de qualités afin d’assurer le spectacle. Parmi les exercices récurrents, le trèfle permet de juger de la qualité du pilote en rase motte. Quatre plots sont disposés en carré avec un cinquième au milieu. Le pilote possède moins d’une minute pour renverser du pied chacun des quatre plots en repassant après chaque contact par la cinquième balise centrale, dessinant ainsi dans l’air un trèfle à quatre feuilles. Autre moyen d’évaluer les pilotes : l’épreuve du ruban. On lâche un ruban en altitude et on chronomètre le temps que met le pilote depuis le sol afin d’attraper le bout de tissu en vol.

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David Sigier : parcours d’un champion Si le paramoteur est une activité découverte idéale, c’est également un sport exigeant qui se prête parfaitement à la compétition. La discipline a développé ses propres épreuves (voir encadré précédent). Depuis de nombreuses années, David Sigier écume les tournois du monde entier. À 27 ans, le palmarès de ce surdoué est éloquent. Il devient champion des Etats-Unis en 2004. Il participe à ses premiers championnats du monde en 2005. Cette quatrième édition se tient à Levroux, dans l’Indre. C’est en Chine, pour l’édition 2007, qu’il obtient une cinquième place qualificative pour les World Air Game durant lesquels s’affrontent les meilleurs paramotoristes du monde. David se rendra donc à Turin en juin pour l’exercice 2009 avec pour but de porter fièrement les couleurs canadiennes. Il enchaînera fin juillet avec une épreuve des championnats du monde qui aura lieu en République Tchèque.

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Pour pratiquer le paramoteur, de nombreux clubs québécois vous proposent un vol d’initiation en tandem pour de premières émotions :

699, rue Saint-Jean Québec (Québec) G1R 1P7 Téléphone : 418-529-9764 Courriel : j.a.moisan@bellnet.ca

- Dans la région du bas Saint-Laurent ou en Abitibi, les clubs de la famille Sigier vous accueilleront tout l’été : Air Pro Paramoteur : (001) 418 881 1550 www.airproparamoteur.com

Restaurants La ville regorge de bonnes adresses qui raviront les gourmets. Citons notamment : - le café le Hobbit pour son brunch (700 rue Saint jean, 418 647 2677) - Chez Victor qui a érigé le hamburger en art de la table (145 rue Saint Jean, 418 529 7702). Enfin, comment ne pas passer à Québec sans goûter la fameuse poutine. Et quelle meilleure adresse que celle de son illustre inventeur ? - Chez Ashton Leblanc, sur la Grande Allée. www.chez-ashton.com

- David Rouault est un instructeur français installé en Mauricie, entre Montréal et Québec. Avec Francis Gagnon et Cyril Sancey, ils vous feront découvrir les paysages de Mauricie : Paravoile : (001) 418 365 8626 Tout l’été, des passionnés se rassemblent un peu partout au Québec. Pour les retrouver, rendez-vous sur : www.paramoteur.ca Les bonnes adresses à Québec Loger à Québec : - L’auberge JA Moisan est une adresse magnifique. Situé dans le VieuxQuébec, l’auberge est attenante à l’épicerie fine sise 699, rue SaintJean depuis 1885. Une adresse de charme au cœur de la ville.

Bons plans Tout l’été, la ville de Québec propose de nombreux festivals et animations. Pour cette période estivale, deux évènements ont retenu notre attention : • LE CIRQUE DU SOLEIL - "LES CHEMINS INVISIBLES" qui sera présenté gratuitement du 24 juin au 6 septembre. www.cirquedusoleil.com/fr •

- LE MOULIN À IMAGES présenté gratuitement du 3 juillet au 13 septembre.

Comment s’y rendre Par Corsairfly, vols au départ de Paris Orly Sud et Nantes, à destination de Montréal, Québec et Halifax. Renseignements et réservation au 0820 042 042 ou sur www.corsairfly.com

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QUÉBEC : THE PARAMOTOR AT HIS BEST Paramotor is a generic name for the propulsive portion of a powered paraglider(PPG). It consists of a frame that combines the motor, propeller, harness (with integrated seat) and cage. It provides two attachment points for the risers of a paraglider wing that allows for powered flight. Engines used are almost exclusively small two-stroke types, between 80cc and 350cc that burn mixed gasoline and oil. These engines are favoured for their high output power and light weight. The pilot controls thrust via a hand-held throttle and steers using the paraglider's brake toggles similar to sport parachutists. The term was first used by Englishman Mike Byrne in 1980 and popularized in France around 1986 when La Mouette began adapting power to the then-new paraglider wings. The sport reached Québec in the early 1990s. The French-Canadian region is said to be one of the best spot in the world for its variety of landscapes. Near Québec City, Sigier family is a pioneer and will

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provide you all the equipment for a flight you’ll never forget. Eric, Danielle and their son David are a wonderful trio with which more than 600 pilots became instructors.


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