Vu par, 5adk E[^]W`: Photographe & 7d[U A^[h[Wd B[WfdS`fa`[ Rédacteur
SUf[X
Ailleurs
(46)
Bucket Regatta, Une course de géants
Il est une course sans précédent dans l’histoire nautique. Une régate qui mêle puissance et gigantisme, rêve de démesure aussi. Un événement tel que son organisation paraissait impossible il y a encore vingt ans. Il aura fallu toute la passion d’un petit groupe d’américains pour que cette rencontre de géants des mers prenne forme sur cette petite île des Antilles françaises à la renommée internationale. Désormais, Saint-Barthélémy est chaque année l’hôte d’un des plus beaux rassemblements de « super yachts » au monde. L’épicentre où l’on célèbre ces titans des flots. Pendant trois jours, ils croisent au large du rocher caribéen au grand bonheur des amateurs qui sont toujours plus nombreux. Experts et profanes n’en loupent pas une voile lors de cette communion des mers.
SUf[X Ailleurs
LORSQU’ON LUI DEMANDE DE PARLER DE LA BUCKET REGATTA DE SAINT-BARTH, LE REGARD D’HANK HALSTED S’ILLUMINE. ON Y LIT LA FIERTÉ D’UN PÈRE QUI CONTEMPLE SON ENFANT. DÈS LES PREMIERS PROPOS, ON DÉCÈLE IMMÉDIATEMENT LA PASSION DE CET HOMME CALME DONT LE DYNAMISME LAISSE PANTOIS. LA BUCKET, C’EST SON BÉBÉ. En fait, l’événement nait d’une « triple paternité » au milieu des années quatre vingt. Il est imaginé par Tymothy Laughride, Ian Craddock et Hank. Ce sont d’abord trois passionnés de voile qui ont couru toutes les mers du monde. Des professionnels aguerris faisant régulièrement halte sur l’île. Le principe sera simple : inviter les plus beaux voiliers du monde à une régate autour de l’île. Une règle : les bateaux devront présenter des mensurations de géants, au minimum 100 pieds (trente trois mètres). Le comité d’organisation fonde son projet sur des relations pérennes. La première édition est tout de suite une réussite qui attire l’estime de certains et les critiques des autres. Pensez donc : une course de milliardaires autour du « Saint-Tropez » des Antilles françaises. Un rassemblement confidentiel, jugé trop fermé. Nous rencontrons Georges à Paris. C’est un vieux briscard qui connaît l’arc antillais sur le bout de son sextant pour y avoir été skipper pendant plus de vingt ans. Il en connaît les moindres recoins. Georges ne cache pas son animosité envers cet événement qui est, selon lui « tout sauf sportif. Un coup de pub pour millionnaires en mal de sensations fortes. C’est l’aristocratie du milieu marin de la côte Est des Etats-Unis qui vient faire mumuse chez nous. Cette régate, c’est l’argent roi voguant sur les mers ».
3^ade UWffW 4gU]Wf USbd[UW VW _[^^[SdVS[dWe ag d YSfW VW bSee[a` ` e 1 Il est clair que cette course attire de nombreuses convoitises car elle est unique. C’est ce que nous explique Henri, ancien officier marinier désormais skipper que nous rencontrons à Gustavia où il vit depuis près de quinze ans. Il passe le plus clair de son temps à bord de son voilier. Il a vu l’événement naître et évoluer. Sa réaction est plus tempérée. Selon lui « la grande réussite de l’équipe d’organisation, c’est d’avoir su conserver l’esprit originel qui l’animait. L’enjeu sportif passe au second plan. N’importe quel amateur de voile rêve de pouvoir évoluer sur ces colosses. Ou juste d’assister à une manche. C’est un rêve de gamin. Le reste, c’est de la politique ». Lorsque nous nous adressons aux principaux intéressés, la réaction ne se fait pas attendre. On nous décrit « l’esprit Bucket ». La passion, cette ambiance fraternelle qui réunit chaque année plus de dix nationalités différentes. Une course VIP ? Ici, les stars sont ces bateaux, vastes monstres des mers. L’enjeu sportif ? Il est bien réel même s’il s’agit d’y manœuvrer des navires qui
(48)
ne sont pas faits pour régater. Et M.Halsted de poursuivre : « participer à la Bucket, c’est en quelque sorte comme si vous faisiez de la voltige aérienne avec un B747 ». L’organisation est donc très exigeante dans le choix de ses équipages. Un savant mélange entre marins professionnels qui participent aux plus grandes courses du monde et vieux loups de mer. Les marins trop agressifs ne sont pas conviés. Il faut conserver cet esprit de communion et de célébration. « Le but c’est de finir la régate, pas de la commencer ». Le départ se fait toujours selon le même rituel. Les embarcations les moins rapides partent les premières. Pour des raisons de sécurité évidentes, le départ en ligne d’une flotte aussi importante est impossible.
G`W UagdeW _S\WefgWgeW Wf g` egUU e eS`e UWeeW dW`aghW^ L’édition 2008, la treizième du nom, a rassemblé 29 équipages. Des bateaux sortis des chantiers navals les plus renommés du monde. Parmi eux, le Rosehearty, Hercule de 56 mètres propriété de Ruppert Murdoch. Staff, marins, architectes, journalistes, propriétaires de bateaux ou invités de marque, ils sont près d’un millier à avoir fait le déplacement à Gustavia qui s’est parée de ses plus beaux atours pour devenir durant trois jours un temple du « super yachting ». Elle brille de mille feux. Les navires sont au mouillage arborant fièrement leur démesure, prêts à s’affronter dans d’amicales conditions. Arrivé cinquième le vendredi, second le samedi et en tête lors de la dernière épreuve, c’est le Windrose, un « Classic schooner » sorti des chantiers Holland Jachtbouw qui remporte la Bucket 2008. Nous rencontrons un jeune père accompagné de son fils hypnotisé par cette flotte à belle allure. « Quel événement incroyable ! Et puis j’ai pu voir un concert improvisé de mon idole, le chanteur folk Jimmy Buffet… » La régate enchante aussi les mélomanes. Pour l’édition 2009, l’organisation a vu encore plus grand. La course qui se courra du 26 au 29 mars 2009 rassemblera trente quatre bateaux, un record. Un nouveau défi aussi. Il s’agira de lever davantage de fonds pour contribuer à l’essor de la voile sur SaintBarthélémy. Car la Bucket sait se montrer généreuse. Ne gagnant presque pas d’argent, elle reverse pourtant chaque année près de dix mille euros au club nautique de l’île. Quant aux dons particuliers, les montants sont de plus en plus élevés. L’épisode 2008 a permis de dégager quelques deux cent mille dollars attribués à la Fondation pour l’Equipement d’Urgence de Saint-Barthélémy (FEMUR). Cela permettra à l’hôpital De Bruyn de s’équiper notamment d’un appareil de radiographie de dernière génération. Lorsqu’on demande à Hank Halsted son plus beau souvenir comme organisateur, il n’a pas une seconde d’hésitation. Ce souvenir, c’est toujours le même : voir au mouillage les plus beaux bateaux du monde réunis pour courir cet événement unique. « Goûter la joie des participants et des visiteurs, c’est notre plus beau cadeau. Un rêve d’enfant ».
(49)
SUf[X Ailleurs
la Bucket Regatta en chiffre Un événement de cette ampleur mobilise une organisation et de nombreux moyens. C’est l’occasion de conjuguer savoir faire et coordination. Ici l’improvisation n’a pas sa place. L’équipe de la Bucket, ce sont cinq membres permanents et une douzaine de volontaires saint-barthéléminois sans qui rien ne serait possible. Ils gèrent un budget de presque deux cent cinquante mille euros et puisent leur financement uniquement au sein de l’industrie nautique. L’édition 2009 regroupera 34 bateaux. Si l’on suppose une moyenne de 45 mètres par voilier, l’ensemble de la flotte représente 1,5 km de pont, 17 km de drisses, 8,2 km d’écoutes de foc et 12,2 km d’écoutes de spinaker. Le plus important accastillage du monde !
CARNET D’ADRESSES SE LOGER : Guanahani Hôtel & Spa Grand Cul De Sac 97133 Saint-Barthélemy Tél : 0590 27 66 60 Fax : 0590 27 70 70 E-Mail : guanahani@wanadoo.fr
COMMENT S’Y RENDRE ? Par Corsairfly, vols au départ de Paris-Orly Sud, Lyon et Nantes, à destination de Fort-de-France, Pointe-à-Pitre et Saint-Martin. Renseignements et réservation au 0820 042 042 ou sur www.corsairfly.com
Hôtel Le Village Saint Jean Colline de St Jean 97133 Saint-Barthélemy Tél : 0590 27 61 39 Fax : 0590 27 77 96 E-Mail : vsjhotel@wanadoo.fr SE RESTAURER : Restaurant italien PaCri Route de Saline, Gustavia 97133 Saint-Barthélemy Tél : 0590 29 35 63 Restaurant Jao Rue Jeanne d’Arc 97133 Saint-Barthélemy Tél : 0590 29 52 24 E-Mail : jaosbh@orange.fr Saint Barth Yacht Club B.P.556 97097 Saint-Barthélemy cedex Tél & Fax : 0590 27 70 41 E-mail : sbyc@wanadoo.fr Office du tourisme de Saint-Barthélémy Quai Général de Gaulle, Gustavia, 97133 Saint-Barthélemy Pour plus d’informations sur la Bucket Regatta, rendez-vous sur : www.newportbucket.com/stbarths
(51)
THE ST-BARTHS BUCKET REGATTA : A RACE OF BEAUTIFUL GIANTS This is one of the most prestigious regattas of the world which takes place in one of the most famous French West Indies island. For the fourteenth time, St-Barths will host the Bucket Regatta, drawing over thirty of the most magnificient yachts in the world. None of these giants is less than 100 feet long. Crews are coming from all around the world and twelve different nationalities are represented. Over seven hundred people will attend the event from March 26th to March 29th, 2009, excluding the large number of locals and sailing enthusiasts who will just come to take part of the dream in a race where every sailor is a VIP. Financing this sport event could have been a problem. For years now, the commitee has limited the sponsors to the naval and yachting industry. The Bucket is a family affair. Last year, this was the race that was able to gather almost 10,000 euros in donations for the St-Barths Yacht Club. Since the regatta was launched, almost $300,000 were gathered to create a local fleet. In 2008 generous donators gave more than $200,000 to the St-Barths Emergency Equipment Foundation. According to Mr.Hank Halsted, one of the Bucket’s managing partners, the most important thing in the regatta is to finish, not to start.
(52)