Tronches de vin. Le guide des vins qui ont d'la gueule 2

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tronches de vin

tronches de vin 2 est un contre-guide des vins conçu par un collectif de blogueurs ; soit, pour ce deuxième volume, six blogueurs du vin, indépendants et réputés.

le guide des vins qu’ont d’la gueule

En dressant le portrait inédit de 120 vignerons atypiques issus de 12 pays différents – et, accessoirement, de leurs vins –, en répertoriant plus de 250 cavistes affranchis en France, en Europe et dans le monde, l’objectif pour les auteurs est de mettre au premier plan une viticulture alternative, engagée dans une démarche plus globale, qui déborde largement la seule production viticole. Le vin, en effet, se trouve aux avant-postes de l’agriculture – enjeu de société s’il en est –, et dans ce grand bazar liquide, chacun peut désormais boire bon mais aussi boire juste.

tronches de vin 2

À travers cet ouvrage, ils affichent une nouvelle fois leur volonté d’être une alternative aux guides des vins et aux critiques professionnels établis, souvent empêtrés dans des contraintes financières et publicitaires. Ou tout simplement blasés du buccal.

/ Marie Rocher

Patrick Böttcher Olivier « Olif » Grosjean Antonin Iommi-Amunategui Guillaume Nicolas-Brion Philippe Rapiteau Éva Robineau

ISBN 978-2-35255-243-7

22 €

/ Marie Rocher

les auteurs

Préface

Jonathan Nossiter



À Jean-Paul Rocher, homme libre, tronche du vin et éditeur qu’avait d’la gueule.

tronches de vin le guide des vins qu’ont d’la gueule

Illustration de couverture: Michel Tolmer © Les éditions de l’Épure / Marie Rocher, Paris, 2015

/ Marie Rocher



Préface

par Jonathan Nossiter Quand on parle de vin naturel, on ne parle pas de vin. Ni du «naturel» dans le sens non-métaphorique. Surtout, on ne parle pas d’orthodoxie, d’effet de mode ou de sectarisme inculte. Il se peut que quelques défenseurs autoproclamés du vin naturel le revendiquent. Mais je pense qu’aucun vigneron dont le portrait est esquissé dans ce livre ne serait content d’un tel discours. Car les protagonistes du mouvement du vin naturel ont de plus belles choses en tête: la douce révolte contre une société en panne d’éthique. Et ce livre est un merveilleux témoignage des mille et une façons qu’ils ont trouvées de l’exprimer, chacun avec sa personnalité. Il suffit de goûter la différence entre un aglianico, raconté par Antonio et Daniela de Gruttola, doux radicaux de Campania, et un sulfureux pineau d’Aunis chanté par le part-time rocker Pascal Simonutti dans le Loir-et-Cher, pour comprendre qu’on parle de tout sauf de conformisme ou d’éphémère. La révolution spontanée de ces paysans, néo-paysans et anciens agitateurs (ou conformistes!) ayant fui la vie urbaine, a réussi en une décennie à accomplir tant de choses dont nous rêvons tous. Leur engagement écologique, civique et culturel avec leurs terroirs, qu’ils y soient nés ou récemment installés, nous rappelle que la transmission saine de la tradition est un acte profondément démocratique et libérateur. Quand l’histoire est invoquée pour innover, même les plus grands cyniques du marché peuvent être battus. Car la série de portraits de femmes et d’hommes libres, joyeux et insoumis, ces tranches de tronches, révèlent qu’un autre monde – joyeux et sain – est possible. Cette affirmation d’une éthique dans les campagnes a été relayée par les gens en ville: distributeurs, importateurs, cavistes, restaurateurs et même – chose surprenante – par ceux qui racontent et qui révèlent; les passeurs de parole. Pendant des décennies, le monde du vin a été pollué par de pseudojournalistes qui construisaient des guides pseudo-objectifs, mais qui n’étaient en fait que des agents de marketing pour les plus grands cyniques du marché. La seule qualité qui les distinguait les uns des autres était la façon dont ils affichaient leur ego. 7


PRÉFACE

le guide des vins qu’ont d’la gueule

À l’inverse avec ce livre, on découvre six blogueurs libres, humbles, passionnés et désintéressés à tel point que les textes ne sont pas signés. Finalement, les auteurs s’effacent derrière les vignerons. Ces artisans de la parole racontent l’enjeu des artisans de la vigne, qu’ils trouvent souvent aussi sympathiques que leurs vins. Surtout, ils cherchent à recadrer le dialogue du vin là où il le faut: entre la culture et l’agriculture. JN

Avant-propos Nous aimons le vin. Pour le picoler en convivialité, mais aussi parce qu’il porte en lui la plupart des contradictions de nos sociétés modernes. Le pire, le médiocre et le meilleur s’y côtoient, se mangent le nez ou s’ignorent, parfois d’un rang de vigne à l’autre, d’un lopin de terre au suivant. Le vin devient alors une flamme liquide (et souvent joyeuse) pour allumer de nombreux sujets: agriculture, pesticides, agroalimentaire, industrie, artisanat, commerce, politique, mondialisation… Dans cette internationale du vin, nous avons depuis pas mal d’années identifié une catégorie qui se distingue du reste, qui gicle clairement du lot. Cette catégorie, c’est celle du vin naturel. Une catégorie de vin polémique et bancale, parce qu’idéale; parce que le vin naturel est fait à partir de raisins impeccables, par des artisans qui ne cherchent pas spécialement à s’agrandir et grignoter des parts de marché (certains préfèrent même rapetisser) mais à travailler en accord avec leurs convictions. Ainsi, un vin naturel est issu de vignes bio ou biodynamiques, son moût n’est pas (ou à peine) rectifié; il a simplement la gueule et le goût du coin de terre et de l’année qui l’ont vu naître. Une fois en bouteilles, il n’ira pas bleuir sous les néons de la grande distribution, mais égayer les rayons heureusement plus vivants d’un caviste alternatif, lui aussi artisan de son état. La boucle est bouclée. Le vin naturel est ainsi le fil rouge (et blanc, et rosé, voire orange) d’un cercle vertueux, qui va du sol au verre. Un missile sol-verre qui explose en bouche, sans faire d’autres victimes qu’une ou deux bouteilles. Mais ce vin idéal est peut-être surtout l’expression d’une contre-culture dans l’agriculture. Cet aspect est important: en se situant en marge (contre-culture oblige) du vin et de l’agriculture officiels, en étant objectivement hors-la-loi (n’étant pas réglementé, sa mention à titre commercial est illégale), le vin naturel attire à lui des buveurs différents, souvent plus jeunes ou réceptifs, qu’il touche et interpelle sur des problématiques autres que le seul vin. En cela, le vin naturel est autant une source de plaisir inépuisable, qu’un outil de mobilisation politique. C’est un vin très humain, finalement.

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PRÉFACE

le guide des vins qu’ont d’la gueule

À l’inverse avec ce livre, on découvre six blogueurs libres, humbles, passionnés et désintéressés à tel point que les textes ne sont pas signés. Finalement, les auteurs s’effacent derrière les vignerons. Ces artisans de la parole racontent l’enjeu des artisans de la vigne, qu’ils trouvent souvent aussi sympathiques que leurs vins. Surtout, ils cherchent à recadrer le dialogue du vin là où il le faut: entre la culture et l’agriculture. JN

Avant-propos Nous aimons le vin. Pour le picoler en convivialité, mais aussi parce qu’il porte en lui la plupart des contradictions de nos sociétés modernes. Le pire, le médiocre et le meilleur s’y côtoient, se mangent le nez ou s’ignorent, parfois d’un rang de vigne à l’autre, d’un lopin de terre au suivant. Le vin devient alors une flamme liquide (et souvent joyeuse) pour allumer de nombreux sujets: agriculture, pesticides, agroalimentaire, industrie, artisanat, commerce, politique, mondialisation… Dans cette internationale du vin, nous avons depuis pas mal d’années identifié une catégorie qui se distingue du reste, qui gicle clairement du lot. Cette catégorie, c’est celle du vin naturel. Une catégorie de vin polémique et bancale, parce qu’idéale; parce que le vin naturel est fait à partir de raisins impeccables, par des artisans qui ne cherchent pas spécialement à s’agrandir et grignoter des parts de marché (certains préfèrent même rapetisser) mais à travailler en accord avec leurs convictions. Ainsi, un vin naturel est issu de vignes bio ou biodynamiques, son moût n’est pas (ou à peine) rectifié; il a simplement la gueule et le goût du coin de terre et de l’année qui l’ont vu naître. Une fois en bouteilles, il n’ira pas bleuir sous les néons de la grande distribution, mais égayer les rayons heureusement plus vivants d’un caviste alternatif, lui aussi artisan de son état. La boucle est bouclée. Le vin naturel est ainsi le fil rouge (et blanc, et rosé, voire orange) d’un cercle vertueux, qui va du sol au verre. Un missile sol-verre qui explose en bouche, sans faire d’autres victimes qu’une ou deux bouteilles. Mais ce vin idéal est peut-être surtout l’expression d’une contre-culture dans l’agriculture. Cet aspect est important: en se situant en marge (contre-culture oblige) du vin et de l’agriculture officiels, en étant objectivement hors-la-loi (n’étant pas réglementé, sa mention à titre commercial est illégale), le vin naturel attire à lui des buveurs différents, souvent plus jeunes ou réceptifs, qu’il touche et interpelle sur des problématiques autres que le seul vin. En cela, le vin naturel est autant une source de plaisir inépuisable, qu’un outil de mobilisation politique. C’est un vin très humain, finalement.

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AVANT-PROPOS

le guide des vins qu’ont d’la gueule

Bien sûr, Tronches de vin – le guide des vins qu’ont d’la gueule n’a pas pour ambition de «mobiliser»; juste celle de mettre en avant, plus longuement que dans pas mal d’autres publications, celles et ceux qui font ces vins: hommes et femmes, jeunes ou vieux, cultivant et vinifiant leurs vins le plus librement possible. Au-delà, nous ne nous enfermons pas dans une (prétendue) idéologie, radicale ou exclusive; j’en veux pour preuve qu’on s’autorise aussi des pas de côté, vers tel ou tel vigneron qui nous semble prometteur ou simplement digne d’intérêt. Il n’y a pas non plus de délire romantique ici, d’idéalisme détaché du verre: ce vin alternatif, certes plus libre, affranchi des prescriptions de l’agroindustrie, entend d’abord donner du plaisir, parce que, pour paraphraser un critique rock déjanté et précurseur dans un film oublié: «Il n’y aura jamais qu’une forme de modernité dans l’histoire du monde, c’est le plaisir.» Ainsi, ce vin actuel, naturel, se veut bon à boire avant tout: accessible mais pas simpliste, digeste mais expressif, honorable mais sans chichis ni cérémonie… Disons, en bref, que voici à nouveau des vins qu’ont d’la gueule.

Les auteurs Tronches de vin 2 est un contre-guide des vins conçu par un collectif de blogueurs; soit, pour ce deuxième volume, six blogueurs du vin, indépendants et réputés. À travers cet ouvrage, ils affichent une nouvelle fois leur volonté d’être une alternative aux guides des vins et aux critiques professionnels établis, souvent empêtrés dans des contraintes financières et publicitaires. Ou tout simplement blasés du buccal. En dressant le portrait inédit de 120 vignerons atypiques issus de 12 pays différents (et, accessoirement, de leurs vins), en répertoriant plus de 250 cavistes affranchis en France, en Europe et à travers le monde, l’objectif pour les auteurs est d’abord de mettre au premier plan une viticulture alternative, engagée dans une démarche plus globale, qui déborde largement la seule production viticole. Le vin, en effet, se trouve aux avant-postes de l’agriculture – enjeu de société s’il en est –, et dans ce grand bazar liquide, chacun peut désormais boire bon mais aussi boire juste.

Antonin Iommi-Amunategui. Paris, le 26 septembre 2014

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AVANT-PROPOS

le guide des vins qu’ont d’la gueule

Bien sûr, Tronches de vin – le guide des vins qu’ont d’la gueule n’a pas pour ambition de «mobiliser»; juste celle de mettre en avant, plus longuement que dans pas mal d’autres publications, celles et ceux qui font ces vins: hommes et femmes, jeunes ou vieux, cultivant et vinifiant leurs vins le plus librement possible. Au-delà, nous ne nous enfermons pas dans une (prétendue) idéologie, radicale ou exclusive; j’en veux pour preuve qu’on s’autorise aussi des pas de côté, vers tel ou tel vigneron qui nous semble prometteur ou simplement digne d’intérêt. Il n’y a pas non plus de délire romantique ici, d’idéalisme détaché du verre: ce vin alternatif, certes plus libre, affranchi des prescriptions de l’agroindustrie, entend d’abord donner du plaisir, parce que, pour paraphraser un critique rock déjanté et précurseur dans un film oublié: «Il n’y aura jamais qu’une forme de modernité dans l’histoire du monde, c’est le plaisir.» Ainsi, ce vin actuel, naturel, se veut bon à boire avant tout: accessible mais pas simpliste, digeste mais expressif, honorable mais sans chichis ni cérémonie… Disons, en bref, que voici à nouveau des vins qu’ont d’la gueule.

Les auteurs Tronches de vin 2 est un contre-guide des vins conçu par un collectif de blogueurs; soit, pour ce deuxième volume, six blogueurs du vin, indépendants et réputés. À travers cet ouvrage, ils affichent une nouvelle fois leur volonté d’être une alternative aux guides des vins et aux critiques professionnels établis, souvent empêtrés dans des contraintes financières et publicitaires. Ou tout simplement blasés du buccal. En dressant le portrait inédit de 120 vignerons atypiques issus de 12 pays différents (et, accessoirement, de leurs vins), en répertoriant plus de 250 cavistes affranchis en France, en Europe et à travers le monde, l’objectif pour les auteurs est d’abord de mettre au premier plan une viticulture alternative, engagée dans une démarche plus globale, qui déborde largement la seule production viticole. Le vin, en effet, se trouve aux avant-postes de l’agriculture – enjeu de société s’il en est –, et dans ce grand bazar liquide, chacun peut désormais boire bon mais aussi boire juste.

Antonin Iommi-Amunategui. Paris, le 26 septembre 2014

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LES AUTEURS

le guide des vins qu’ont d’la gueule

Olivier Grosjean 51 ans, est le serial dégoupilleur du «Blog d’Olif» (www.leblogdolif.com) depuis bientôt 10 ans: une éternité en temps Internet! Hédoniste, inconditionnel du Jura où il vit, c’est aussi un grand spécialiste des vins «nature». Et sans doute le Pierre Desproges du vin. Antonin Iommi-Amunategui 40 ans, est le trublion de «Vindicateur» et «No wine is innocent» (www.vindicateur.fr et http://blogs.rue89.com/ no-wine-is-innocent). Empêcheur de boire en rond, pour lui le vin ne doit pas porter de mocassins à glands, mais des banderoles de manif. Depuis 2 ans, il organise un salon des vins «actuels et naturels», adossé au média Rue89. Guillaume Nicolas-Brion 33 ans, a «du morgon dans les veines» (http://dumorgondansles veines.20minutes-blogs.fr). Chien fou du vin naturel, il a un flair certain pour dénicher les perles troublardes du vignoble. Il boit aussi de l’arak palestinien ou du mezcal infusé au blanc de poulet. À l’heure où nous publions ces lignes, il voyage un peu partout dans le monde avec sa belle. 12

le guide des vins qu’ont d’la gueule

LES AUTEURS

Philippe Rapiteau 57 ans, tient haute «La Pipette aux 4 vins» (http://pipette.canalblog.com). Vendéen, il connaît les vins de Loire comme sa poche, mais balade régulièrement sa barbe amicale dans tout le vignoble. Et lui aussi, il a une grosse décennie de blog au compteur ! Éva Robineau 28 ans, sévit sur «Oenos» (www.oenos.net). Jeune femme 2.0 – elle aurait le mot twitter tatoué au bas du dos – et benjamine du groupe, sa fraîcheur souffle dans les voiles du projet. Attention, fille d’Angers, fille dangereuse, elle aime que le vin ne lui prenne pas la tête, au sens propre comme au figuré. Patrick Böttcher 54 ans, Suisse élargi en Belgique, est l’un des plus vifs défenseurs des vins libres (c’est aussi le nom de son blog: www.vinslibres.net) actuellement en circulation. Il fraye un peu partout en Europe, d’un salon des vins naturels à l’autre (quand il n’en organise pas un lui-même, bière comprise). Amoureux fou, mais pas furieux, des vins italiens et alsaciens, il compte bien être enterré dans un foudre rempli de riesling. 13


LES AUTEURS

le guide des vins qu’ont d’la gueule

Olivier Grosjean 51 ans, est le serial dégoupilleur du «Blog d’Olif» (www.leblogdolif.com) depuis bientôt 10 ans: une éternité en temps Internet! Hédoniste, inconditionnel du Jura où il vit, c’est aussi un grand spécialiste des vins «nature». Et sans doute le Pierre Desproges du vin. Antonin Iommi-Amunategui 40 ans, est le trublion de «Vindicateur» et «No wine is innocent» (www.vindicateur.fr et http://blogs.rue89.com/ no-wine-is-innocent). Empêcheur de boire en rond, pour lui le vin ne doit pas porter de mocassins à glands, mais des banderoles de manif. Depuis 2 ans, il organise un salon des vins «actuels et naturels», adossé au média Rue89. Guillaume Nicolas-Brion 33 ans, a «du morgon dans les veines» (http://dumorgondansles veines.20minutes-blogs.fr). Chien fou du vin naturel, il a un flair certain pour dénicher les perles troublardes du vignoble. Il boit aussi de l’arak palestinien ou du mezcal infusé au blanc de poulet. À l’heure où nous publions ces lignes, il voyage un peu partout dans le monde avec sa belle. 12

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LES AUTEURS

Philippe Rapiteau 57 ans, tient haute «La Pipette aux 4 vins» (http://pipette.canalblog.com). Vendéen, il connaît les vins de Loire comme sa poche, mais balade régulièrement sa barbe amicale dans tout le vignoble. Et lui aussi, il a une grosse décennie de blog au compteur ! Éva Robineau 28 ans, sévit sur «Oenos» (www.oenos.net). Jeune femme 2.0 – elle aurait le mot twitter tatoué au bas du dos – et benjamine du groupe, sa fraîcheur souffle dans les voiles du projet. Attention, fille d’Angers, fille dangereuse, elle aime que le vin ne lui prenne pas la tête, au sens propre comme au figuré. Patrick Böttcher 54 ans, Suisse élargi en Belgique, est l’un des plus vifs défenseurs des vins libres (c’est aussi le nom de son blog: www.vinslibres.net) actuellement en circulation. Il fraye un peu partout en Europe, d’un salon des vins naturels à l’autre (quand il n’en organise pas un lui-même, bière comprise). Amoureux fou, mais pas furieux, des vins italiens et alsaciens, il compte bien être enterré dans un foudre rempli de riesling. 13


Laurence Alias & Pascale Choime

le haut-médoc, espace naturel(les) Le Médoc, lorsque la vigne est dans sa parure estivale, c’est un peu comme une armée en ordre de marche, que l’on peut passer en revue. Dans un rêve bizarre, on pourrait voir ces régiments se mettre en marche, franchir la dernière croupe de graves et plonger dans la rivière, qui n’est jamais trop loin de la D2, la route départementale qui traverse ce célèbre paysage viticole, en passant devant tous les prestigieux portails. À Arsac et aux alentours, il est possible de trouver quelques parcelles ébouriffées, que d’aucuns qualifieraient aisément de sauvageonnes. Les vignerons et vigneronnes qui s’en occupent n’ont rien de supposés hurluberlus, même s’ils ont pour stratégie de ne pas en avoir, ou si peu, et de faire en sorte que la vigne se porte bien et donne ce qu’il lui plaît de donner. Affirmer qu’à coup sûr chaque cep est identifié relève de la gageure. À Cantenac, on trouve même 35 ares environ d’une vigne pré-phylloxérique, à laquelle il faut donner avant tout une dimension patrimoniale, voire

le guide des vins qu’ont d’la gueule

BORDELAIS

historique. Depuis fin 2008, ce sont Laurence et Pascale qui la bichonnent. Pas vraiment une terre à vigne, plutôt des palus. Un sol d’argile, mais surtout de sable et de limons, où les variétés présentes ont souvent été complantées par marcottage; et une massale sur site s’impose désormais. Aucune trace de phylloxera ici. Notez que la densité à l’hectare, si elle n’est pas vraiment homogène, est suffisante pour que la parcelle soit classée en AOC Haut-Médoc. Depuis 2011, la cuvée a pris le nom de Baragane, du nom des poireaux sauvages qui poussent dans cette parcelle. Le domaine, Closeries des Moussis, est apparu en 2009, fruit de l’imaginaire des deux Médocaines d’adoption et de leur envie de faire du vin autrement. Il faut dire que Pascale est déjà bien connue dans la région, de par son expérience de maître de chai au Château Dillon, ayant vu passer moult promotions de BTS viti-oeno du lycée viticole de Blanquefort, mais aussi par sa pratique de la sculpture sur ferrailles. Laurence, quant à elle originaire du Gers, a préféré concrétiser sa formation de gestion des espaces naturels, et s’attache désormais à conduire le cheval du domaine, un trait breton, dans les quelques parcelles, soit au total 1,40 ha. L’autre spot des Closeries a pour cadre des vignes proches du Château Sénéjac, au Pian-Médoc, soit quatre petites parcelles, dont 70 ares récupérés en 2010, sur des sols de graves garonnaises et du sable, le tout sur un socle d’argile. S’il ne faut pas manquer la cuvée domaine, Closeries des Moussis, en 2012 est apparue une sorte de «cuvée primeur», Virevolte et même depuis, un rouge pétillant, Spoum, pour le moins original. Une autre image du Médoc!

Laurence Alias et Pascale Choime – Closeries des Moussis Agriculture biologique Appellation : Haut-Médoc, Vin de France 23, allée du Blanchard – 33460 Arsac +33 (0)6 70 61 31 39 www.closeriesdesmoussis.fr

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Laurence Alias & Pascale Choime

le haut-médoc, espace naturel(les) Le Médoc, lorsque la vigne est dans sa parure estivale, c’est un peu comme une armée en ordre de marche, que l’on peut passer en revue. Dans un rêve bizarre, on pourrait voir ces régiments se mettre en marche, franchir la dernière croupe de graves et plonger dans la rivière, qui n’est jamais trop loin de la D2, la route départementale qui traverse ce célèbre paysage viticole, en passant devant tous les prestigieux portails. À Arsac et aux alentours, il est possible de trouver quelques parcelles ébouriffées, que d’aucuns qualifieraient aisément de sauvageonnes. Les vignerons et vigneronnes qui s’en occupent n’ont rien de supposés hurluberlus, même s’ils ont pour stratégie de ne pas en avoir, ou si peu, et de faire en sorte que la vigne se porte bien et donne ce qu’il lui plaît de donner. Affirmer qu’à coup sûr chaque cep est identifié relève de la gageure. À Cantenac, on trouve même 35 ares environ d’une vigne pré-phylloxérique, à laquelle il faut donner avant tout une dimension patrimoniale, voire

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BORDELAIS

historique. Depuis fin 2008, ce sont Laurence et Pascale qui la bichonnent. Pas vraiment une terre à vigne, plutôt des palus. Un sol d’argile, mais surtout de sable et de limons, où les variétés présentes ont souvent été complantées par marcottage; et une massale sur site s’impose désormais. Aucune trace de phylloxera ici. Notez que la densité à l’hectare, si elle n’est pas vraiment homogène, est suffisante pour que la parcelle soit classée en AOC Haut-Médoc. Depuis 2011, la cuvée a pris le nom de Baragane, du nom des poireaux sauvages qui poussent dans cette parcelle. Le domaine, Closeries des Moussis, est apparu en 2009, fruit de l’imaginaire des deux Médocaines d’adoption et de leur envie de faire du vin autrement. Il faut dire que Pascale est déjà bien connue dans la région, de par son expérience de maître de chai au Château Dillon, ayant vu passer moult promotions de BTS viti-oeno du lycée viticole de Blanquefort, mais aussi par sa pratique de la sculpture sur ferrailles. Laurence, quant à elle originaire du Gers, a préféré concrétiser sa formation de gestion des espaces naturels, et s’attache désormais à conduire le cheval du domaine, un trait breton, dans les quelques parcelles, soit au total 1,40 ha. L’autre spot des Closeries a pour cadre des vignes proches du Château Sénéjac, au Pian-Médoc, soit quatre petites parcelles, dont 70 ares récupérés en 2010, sur des sols de graves garonnaises et du sable, le tout sur un socle d’argile. S’il ne faut pas manquer la cuvée domaine, Closeries des Moussis, en 2012 est apparue une sorte de «cuvée primeur», Virevolte et même depuis, un rouge pétillant, Spoum, pour le moins original. Une autre image du Médoc!

Laurence Alias et Pascale Choime – Closeries des Moussis Agriculture biologique Appellation : Haut-Médoc, Vin de France 23, allée du Blanchard – 33460 Arsac +33 (0)6 70 61 31 39 www.closeriesdesmoussis.fr

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Cyril Alonso & Florian Looze

le guide des vins qu’ont d’la gueule

transparents

BEAUJOLAIS

ils indiquent tout. Quand il y a zéro soufre, ils le mettent. Mais quand, à la mise, ils ont dû monter à 105 mg de SO2 total sur un pouilly pour éviter qu’il vrille, ils l’ont indiqué aussi. «Le client allergique au soufre, il prendra le saint-véran sans SO2 à côté.» La plupart de leurs vins restent d’ailleurs sous les 30 mg total.

Quand on a comme Cyril Alonso un père grand pote de Marcel Lapierre, le vigneron emblématique du beaujolais naturel, c’est un peu comme si une fée de pur gamay s’était penchée sur votre biberon. Aujourd’hui, Cyril a 44 ans et plus de 25 ans de métier au compteur. Il est passé par la sommellerie, il a vinifié dans le Bugey avec Jacques Néauport (autre légende du vin qui va bien) et, bouclant la boucle, a fait en 2006 une cuvée de pétillant avec Lapierre lui-même.

Idem avec les vignes. Cyril et Florian privilégient le bio, et avancent sur le long terme dans cette direction. Ils en sont à 70 % de parcelles en bio. P-U-R, aujourd’hui, c’est environ 120 000 bouteilles, 14 cuvées. Dans le Rhône, le Beaujolais et le Mâconnais. «Une parcelle correspond à un jus. Un terroir, un millésime. Toujours en cuve, jamais de bois. On est des passeurs, pas des vignerons, on ne met pas notre patte.»

Il fonde P-U-R (Production Unique Rebelle) en 2009. Florian, son grand pote à lui, le rejoint en 2010. P-U-R, c’est un label, une marque, pour un négoce à part. Que des sélections parcellaires. L’idée c’est de capter l’esprit d’une parcelle, quitte à la zapper une année si ça n’a rien donné de beau. Que de la recherche de vins naturels, vivants, vinifiés sans intrants et surtout, en totale transparence.

Le fait de travailler pas mal de volume leur permet aussi de sortir des canons accessibles: «Il ne faut pas être élitiste, c’est le risque du vin naturel.» Avec 90 % des vins qui partent à l’export, on peut mesurer à quel point le concept fonctionne. Pour ce qui ne s’est pas envolé, plein glou sur le Régnié sur Granite 2013, précis dans son fruit joyeux et profond, ou sur le génial Morgon Côte du Py 2009 (je suis morgon de toi).

Concrètement, depuis 5 ans, cela consiste à publier les résultats des analyses d’acidité volatile et de soufre total sur chaque étiquette. «Quand tu es négociant, tu soulèves toujours une suspicion.» Alors chez P-U-R,

Dans les cuvées à guetter, C’est fini (une parcelle de 80 ans sur Régnié qui va se faire arracher), Poche à Gnôle (BIB de mourvèdre) et un joli doublé Châteauneuf-du-Pape et Gigondas sans soufre… Ultime projet dans les tuyaux du pur duo? «Prendre de la vigne, s’établir sur un domaine viticole.» Maintenant qu’ils se sont fait un nom, ils sont prêts. Et ce sera dès cette année, dans le Beaujolais.

© Ito San

Cyril Alonso et Florian Looze – P-U-R.

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Vin naturel Appellation : Morgon, Régnié, Beaujolais-Villages, Beaujolais, Côtes-du-Rhône Villages, Bourgogne aligoté, Saint-Véran, Pouilly-Fuissé, Côte-Rôtie, Vin de France… 137, boulevard Antonin-Lassalle – 69400 Villefranche-sur-Saône +33 (0)9 65 03 13 33 www.vinpur.fr

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Cyril Alonso & Florian Looze

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transparents

BEAUJOLAIS

ils indiquent tout. Quand il y a zéro soufre, ils le mettent. Mais quand, à la mise, ils ont dû monter à 105 mg de SO2 total sur un pouilly pour éviter qu’il vrille, ils l’ont indiqué aussi. «Le client allergique au soufre, il prendra le saint-véran sans SO2 à côté.» La plupart de leurs vins restent d’ailleurs sous les 30 mg total.

Quand on a comme Cyril Alonso un père grand pote de Marcel Lapierre, le vigneron emblématique du beaujolais naturel, c’est un peu comme si une fée de pur gamay s’était penchée sur votre biberon. Aujourd’hui, Cyril a 44 ans et plus de 25 ans de métier au compteur. Il est passé par la sommellerie, il a vinifié dans le Bugey avec Jacques Néauport (autre légende du vin qui va bien) et, bouclant la boucle, a fait en 2006 une cuvée de pétillant avec Lapierre lui-même.

Idem avec les vignes. Cyril et Florian privilégient le bio, et avancent sur le long terme dans cette direction. Ils en sont à 70 % de parcelles en bio. P-U-R, aujourd’hui, c’est environ 120 000 bouteilles, 14 cuvées. Dans le Rhône, le Beaujolais et le Mâconnais. «Une parcelle correspond à un jus. Un terroir, un millésime. Toujours en cuve, jamais de bois. On est des passeurs, pas des vignerons, on ne met pas notre patte.»

Il fonde P-U-R (Production Unique Rebelle) en 2009. Florian, son grand pote à lui, le rejoint en 2010. P-U-R, c’est un label, une marque, pour un négoce à part. Que des sélections parcellaires. L’idée c’est de capter l’esprit d’une parcelle, quitte à la zapper une année si ça n’a rien donné de beau. Que de la recherche de vins naturels, vivants, vinifiés sans intrants et surtout, en totale transparence.

Le fait de travailler pas mal de volume leur permet aussi de sortir des canons accessibles: «Il ne faut pas être élitiste, c’est le risque du vin naturel.» Avec 90 % des vins qui partent à l’export, on peut mesurer à quel point le concept fonctionne. Pour ce qui ne s’est pas envolé, plein glou sur le Régnié sur Granite 2013, précis dans son fruit joyeux et profond, ou sur le génial Morgon Côte du Py 2009 (je suis morgon de toi).

Concrètement, depuis 5 ans, cela consiste à publier les résultats des analyses d’acidité volatile et de soufre total sur chaque étiquette. «Quand tu es négociant, tu soulèves toujours une suspicion.» Alors chez P-U-R,

Dans les cuvées à guetter, C’est fini (une parcelle de 80 ans sur Régnié qui va se faire arracher), Poche à Gnôle (BIB de mourvèdre) et un joli doublé Châteauneuf-du-Pape et Gigondas sans soufre… Ultime projet dans les tuyaux du pur duo? «Prendre de la vigne, s’établir sur un domaine viticole.» Maintenant qu’ils se sont fait un nom, ils sont prêts. Et ce sera dès cette année, dans le Beaujolais.

© Ito San

Cyril Alonso et Florian Looze – P-U-R.

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Vin naturel Appellation : Morgon, Régnié, Beaujolais-Villages, Beaujolais, Côtes-du-Rhône Villages, Bourgogne aligoté, Saint-Véran, Pouilly-Fuissé, Côte-Rôtie, Vin de France… 137, boulevard Antonin-Lassalle – 69400 Villefranche-sur-Saône +33 (0)9 65 03 13 33 www.vinpur.fr

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Jean-Pierre & Pascal Amoreau

le guide des vins qu’ont d’la gueule

les empêcheurs de vinifier en rond

BORDELAIS

le même prix qu’avant le coup de projecteur. Un an après l’affaire, le magnum se buvait encore en échange de 58 euros dans le restaurant parisien d’Yves Camdeborde. Loin des bordeaux surélevés, confiturés, vanillés, voici un Le Puy aérien, épicé, câlin.

Pas de cochonneries chimiques dans les vignes, pas de flying winemaker, pas de collage, pas de filtration, peu voire pas de soufre ajouté, pas d’élevage en fût trop marqué, pas de vente au négoce… Depuis 1610, le château Le Puy cultive sa différence sur 50 ha dans le Bordelais. Aujourd’hui, JeanPierre et son fils Pascal veulent faire reconnaître la singularité de leur terroir de Saint-Cibard, à l’est de Pomerol et de Saint-Émilion: ils ont donc déposé un dossier à l’Inao en 2011 pour obtenir leur propre appellation sur les 5,60 ha du Coteau des Merveilles. Jean-Pierre désire aussi se retirer de l’AOC Bordeaux Côtes-de-Francs pour démontrer le formatage du système actuel. «L’Inao m’a écrit, confie-t-il en mai 2014. Ils m’ont dit: le problème chez vous, c’est que le vin n’est jamais le même. Ils voudraient que le vin soit lissé.»

Cette cuvée, qui n’est rien d’autre que l’entrée de gamme, s’appelle dorénavant Émilien. Suit Barthélémy, élevé 24 mois sans soufre: il est «l’expression originale du terroir». Puis des raretés: Marie-Cécile (blanc sec sans ajout de soufre, 100 % sémillon, très classe), Marie-Rose (rosé de saignée dont le cépage change chaque année, sans soufre ajouté) ou Blaise-Albert (cuvée grand luxe, élevée 11 ans). D’autres projets trottent dans la tête de la famille Amoreau. En 2013, quatre barriques ont embarqué sur un voilier. Portugal, Brésil, Caraïbes, Açores, Pays nordiques: le voyage a duré 8 mois. «Nous avons choisi d’élever un vin comme le faisait les vignerons du XVe siècle: la mer et le vent leur ont donné une rondeur et une expression uniques. Ils seront mis en bouteilles à l’automne 2014 sous le nom de Retour des îles», rapporte Valérie Amoreau, fille de Jean-Pierre, sœur de Pascal. L’expérience devrait être renouvelée pour le millésime 2013.

Il faut dire que la jalousie rôde dans les alentours… Un matin de mars 2009, la boîte électronique du domaine déborde de courriels. Le millésime 2003 vient d’être couronné «meilleur vin du monde» par Les Gouttes de Dieu, un manga japonais dédié au vin. Au lieu de jouer la spéculation, Le Puy stoppe les ventes de ce millésime, les réservant aux clients fidèles pour

© Michel Fainsilber

Valérie martèle qu’il faut «innover dans la continuité». Un slogan certes, mais derrière les mots il y a un réel engagement. «C’est pour notre famille le meilleur moyen de respecter le savoir-faire que nous ont transmis nos ancêtres et de toujours progresser. Nous ne nous occupons pas de l’immobilisme ou des formatages divers.»

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Jean-Pierre et Pascal Amoreau – Château Le Puy Biodynamie, vin naturel Appellation : Bordeaux Côtes-de-Francs, Vin de France 33570 Saint-Cibard + 33 (0)5 57 40 61 82 www.chateau-le-puy.com

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Jean-Pierre & Pascal Amoreau

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les empêcheurs de vinifier en rond

BORDELAIS

le même prix qu’avant le coup de projecteur. Un an après l’affaire, le magnum se buvait encore en échange de 58 euros dans le restaurant parisien d’Yves Camdeborde. Loin des bordeaux surélevés, confiturés, vanillés, voici un Le Puy aérien, épicé, câlin.

Pas de cochonneries chimiques dans les vignes, pas de flying winemaker, pas de collage, pas de filtration, peu voire pas de soufre ajouté, pas d’élevage en fût trop marqué, pas de vente au négoce… Depuis 1610, le château Le Puy cultive sa différence sur 50 ha dans le Bordelais. Aujourd’hui, JeanPierre et son fils Pascal veulent faire reconnaître la singularité de leur terroir de Saint-Cibard, à l’est de Pomerol et de Saint-Émilion: ils ont donc déposé un dossier à l’Inao en 2011 pour obtenir leur propre appellation sur les 5,60 ha du Coteau des Merveilles. Jean-Pierre désire aussi se retirer de l’AOC Bordeaux Côtes-de-Francs pour démontrer le formatage du système actuel. «L’Inao m’a écrit, confie-t-il en mai 2014. Ils m’ont dit: le problème chez vous, c’est que le vin n’est jamais le même. Ils voudraient que le vin soit lissé.»

Cette cuvée, qui n’est rien d’autre que l’entrée de gamme, s’appelle dorénavant Émilien. Suit Barthélémy, élevé 24 mois sans soufre: il est «l’expression originale du terroir». Puis des raretés: Marie-Cécile (blanc sec sans ajout de soufre, 100 % sémillon, très classe), Marie-Rose (rosé de saignée dont le cépage change chaque année, sans soufre ajouté) ou Blaise-Albert (cuvée grand luxe, élevée 11 ans). D’autres projets trottent dans la tête de la famille Amoreau. En 2013, quatre barriques ont embarqué sur un voilier. Portugal, Brésil, Caraïbes, Açores, Pays nordiques: le voyage a duré 8 mois. «Nous avons choisi d’élever un vin comme le faisait les vignerons du XVe siècle: la mer et le vent leur ont donné une rondeur et une expression uniques. Ils seront mis en bouteilles à l’automne 2014 sous le nom de Retour des îles», rapporte Valérie Amoreau, fille de Jean-Pierre, sœur de Pascal. L’expérience devrait être renouvelée pour le millésime 2013.

Il faut dire que la jalousie rôde dans les alentours… Un matin de mars 2009, la boîte électronique du domaine déborde de courriels. Le millésime 2003 vient d’être couronné «meilleur vin du monde» par Les Gouttes de Dieu, un manga japonais dédié au vin. Au lieu de jouer la spéculation, Le Puy stoppe les ventes de ce millésime, les réservant aux clients fidèles pour

© Michel Fainsilber

Valérie martèle qu’il faut «innover dans la continuité». Un slogan certes, mais derrière les mots il y a un réel engagement. «C’est pour notre famille le meilleur moyen de respecter le savoir-faire que nous ont transmis nos ancêtres et de toujours progresser. Nous ne nous occupons pas de l’immobilisme ou des formatages divers.»

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Jean-Pierre et Pascal Amoreau – Château Le Puy Biodynamie, vin naturel Appellation : Bordeaux Côtes-de-Francs, Vin de France 33570 Saint-Cibard + 33 (0)5 57 40 61 82 www.chateau-le-puy.com

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