Érectile Magazine #7

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Érectile MAGAZINE Numéro sept

Novembre Alexandre Léger Marjorie Mailhol Miloud Kerzazi Claire de la Bernardie Mademoiselle Zim Delphine Huart Inès Leroy Galan ÉR

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Érectile MAGAZINE numéro sept Érectile est un magazine bi-mensuel gratuit extensif proposant des portraits, des interviews et des rencontres croisées de jeunes créateurs français. Ici, l’objectif est de parvenir à porter un regard plus objectif sur l’œuvre par le biais d’une démarche compréhensive du parcours de son géniteur. Nous souhaitons raconter des histoires plutôt que d’en inventer, avec simplicité – parfois – et sincérité – toujours.

Rédacteur en chef Matthias Meunier

Directeur de publication Yannis Mouhoun

Rédaction magazine Perrine Hériot Inès Lockert Cindy Renard Thibaut Renoulet Héléna Gillant Marion Régnier

Conception graphique Matthias Meunier

Contact

matthias@erectilemagazine.fr

Site web

www.érectile.fr

Un projet de

www.medias-culture.fr

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Érectile [adjectif] ⁝

Dérivé d’érection ou du latin erectum, supin de erigere, ériger. Qui peut se gonfler et durcir par afflux de sang dans les vaisseaux.

Se dit également de poils susceptibles de se dresser.

D’un point de vue symbolique, l’ours est un animal possédant bon nombre de facettes. Dans la cosmogonie chinoise, Yu le Grand, créateur du monde, prenait la forme d’un ours afin de l’organiser. Les Inuits, eux, voient l’ours comme un symbole de grande force et de courage symbolisant également le pouvoir de l’inconscience et de la connaissance de soi. Cette dernière vision de l’image de l’ours peut également se rapprocher de celle que possédaient les alchimistes puisqu’ils voyaient en lui une forme d’initiateur. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’ours possède également quelques points communs avec l’art. L’ours est considéré comme un animal violent et brutal. Il est pourtant capable d’être apprivoisé de manière très simple, mais n’en demeure pas moins capable de régresser violemment vers un état primaire, de la même façon que l’art peut lui aussi être considéré comme un moyen d’expression brut, primitif aujourd’hui apprivoisé et même intellectualisé. Enfin, tout comme l’art, quel animal s’est retrouvé apprivoisé pour être donné en spectacle et exposé aux yeux de tous dans les cirques et les foires ? Et bien oui, il s’agit de l’ours. De la à trouver cohérente l’idée d’associer Érectile Magazine à un ours, il n’y qu’un poil...


RENCONTRE

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Artiste pluridisciplinaire, professeur de dessin et d'expression plastique,

Alexandre LĂŠger nous ouvre les portes de son univers.


ERTNOCNER

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Érectile MAGAZINE Numéro sept

Alexandre Léger rencontre Entretien réalisé par

Matthias Meunier SIte internet de l’artiste http://alexandreleger.blogspot.fr ÉR

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la liberté de créer Bonjour Alexandre, peux-tu te présenter ainsi que ton parcours artistique ? Bonjour Matthias. Et bien, je m’appelle Alexandre Leger, je suis considéré encore comme un « jeune » artiste en France (ça veut dire que j’ai moins de 45 ans !). J’ai été diplômé des Beaux-arts de Paris, en 2003, où j’ai suivi un cursus principalement lié au dessin et à la peinture. Mon travail se développe autour du dessin, même si la peinture, et surtout l’objet et l’installation y ont leur place. J’ai commencé à travailler avec une galerie à Rotterdam après mon diplôme grâce à un ami artiste, Paul Van Der Eerden, rencontré quelques semaines avant mon diplôme. J’ai aussi exposé à Paris, Sarajevo entre autres. En 2009, j’ai eu la chance d’être en couverture du premier numéro de Roven, la première revue critique sur le dessin contemporain, qui est devenue, depuis, une excellente référence (dirigée par M.Pagès et J.Carrier). J’y ai contribué à plusieurs reprises depuis et cela m’a donné une visibilité bien plus grande. Mes dernières expositions étaient à Paris, en focus à Drawing Now, à la Macc de Fresnes, à Amsterdam Drawing ou encore l’exposition collective Tussenbeelden au Schunck Muséum à Heerlen (Pays-Bas). Je travaille depuis 2010 avec la Galerie Bernard Jordan (Paris/Zurich) qui me représente.


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Sculpture, dessin, peinture… Tu es un véritable touche-à-tout. D’aussi loin que tu te souviennes, comment t’es venue cette passion pour les arts ? Pour tout dire, j’ai grandi dans un environnement plutôt artistique. Mes deux grand-mères étaient peintres et amies. Elles avaient, toutes deux, fait les Beaux-arts de Paris dans les années 30, c’était plutôt exceptionnel pour des femmes, à cette époque. L’une d’elles a vraiment été une sorte de mentor pour moi, autant qu’une vraie grand-mère. Nous échangions beaucoup. Elle m’a, à la fois, fait découvrir Piero Della Fransesca et Michel-Ange, tout en m’achetant mes BD Marvel à la librairie. C’est elle aussi qui m’a emmené dans le mythique shop Street Machine pour que je m’achète ma première planche de skate Powell Peralta ! Un bel équilibre. Tout cela s’est développé très librement et on n’a pas cherché à me pousser, on m’a juste toujours laissé libre de dessiner car je dessinais beaucoup. On m’a aussi laissé m’imprégner de toutes les formes de culture. Mais j’avais cette chance d’avoir accès à la peinture, d’avoir une porte ouverte sur l’histoire de l’art. C’est un avantage conséquent !


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de sa propre pratique à l'enseignement artistique Tu es passé du statut de passionné à celui d’artiste, ainsi qu’à celui de professeur. Peux-tu nous parler de ces changements et évolutions ? Est-ce que ta pratique de l’art nourrit ta façon d’enseigner, et vis-versa ? C’est une question intéressante. Je crois qu’il s’agit, à chaque étape, de cette notion de choix si déterminante dans une démarche artistique. Il est toujours nécessaire de choisir. J’ai pris mon temps au début, je poursuivais des études scientifiques et j’avais plutôt le profil d’un « bon » élève. Mais le moment est arrivé, en effet, où la question de savoir ce que je voulais faire de ma vie, s’est posée. Ma pratique artistique n’était pas une démarche alors, c’était un loisir et j’y voyais, naïvement, un caractère assez pur. J’avais peur de la « pervertir » en m’y attelant. Je me trompais bien sûr.


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Mon environnement n’était pas forcément un plus, je connaissais les difficultés liées à ce milieu. Mais j’ai choisi. Je voulais apprendre toute ma vie quelque chose qui me motiverait, qui ne me cloisonnerait pas. Donc, je suis sorti du parcours dans lequel j’étais, j’ai préparé le concours et suis entré aux Beaux arts. Puis sortir de l’école n’est pas facile non plus, l’école était un lieu très privilégié, confortable, enrichissant. On ne nous apprenait rien à l’époque sur le milieu professionnel. (ça a changé depuis). Il fallait être déterminé dans sa pratique, ce que j’étais, patient, je l’étais aussi, très communiquant, là pas du tout, ou chanceux, et j’ai eu ma part de chance. Il faut saisir les opportunités et là encore faire des choix qui sont cohérents par rapport à sa démarche, à ce qu’on veut. L’enseignement est arrivé quelques années après. C’est assez classique que les artistes enseignent. J’ignorais si j’en étais capable. Je m’en sentais les capacités « techniques », mais cela m’intimidait beaucoup.


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On veut toujours bien faire, on a de l’empathie, mais entre avoir des capacités et savoir les transmettre, ce n’est pas la même chose. De même, être artiste et poser un regard juste et constructif sur le travail d’un étudiant, sont deux choses distinctes. La pédagogie s’apprend aussi avec l’expérience, au fur et à mesure. Et peut-être que cela agit sur sa propre pratique ? Il y a des distinctions, si je suis invité en tant qu’artiste dans une école de Beaux-arts pour faire un workshop ou participer à un jury, on attend de moi que je sois aussi le témoin de ma propre pratique, et je me considère moins comme un enseignant. En école d’Art appliqués, certains cours de dessin sont assez académiques et mon rôle est plus celui d’un enseignant traditionnel qui doit transmettre un savoir, détaché de sa propre pratique. Je crois que c’est impossible que la pratique n’influence pas l’enseignement, on transmet en fonction de ce que l’on a, soi-même, appris. Et chaque artiste a reçu, appris de manière quasi unique.


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Toutefois, j’ai toujours essayé de laisser ma pratique à juste distance de mon enseignement. D’une part, parce qu’elle est de toute façon en moi. Ensuite, parce que je ne regarde pas le travail d’un étudiant selon les mêmes critères. Il ne s’agit pas de moi, mais d’une autre personne, d’une somme d’individus, tous différents de moi, différents entre eux. J’essaye d’être le moins subjectif possible, d’être ouvert à tous les goûts. Il m’arrive de mettre en valeur des travaux auxquels je ne suis pas très sensible au fond et d’adorer d’autres travaux qui ne répondent pas à la demande du cours (c’est terrible parfois !). Je dissocie assez facilement ma pratique de mon enseignement, d’ailleurs, je dissocie assez facilement ma pratique de toute chose aujourd’hui, mais c’est une partie importante de ma vie. Donc je ne peux pas dire que l’enseignement ne nourrit pas ma pratique, il me nourrit, au sens propre comme figuré, donc il nourrit ma vie et ainsi ma pratique, mais pas de manière directe. C’est un peu confus ? Pour résumer, l’enseignement peut être un prolongement intéressant de la pratique artistique, ça oblige à une certaine exigence, mais il me semble assez bon de créer des séparations distinctes pour conserver de l’énergie dans les deux.


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évolution et mutation Tu côtoies donc fréquemment des artistes en devenir tout en ayant toi même un pied dans le circuit. Quel constat peux-tu tirer sur l’évolution du secteur artistique depuis tes premiers amours pour la discipline jusqu’aujourd’hui ? Le constat est simple, le nombre de personnes dans les écoles d’art, le nombre d’écoles d’art même, n’a cessé d’augmenter ces 20 dernières années. Il y a beaucoup d’étudiants, certains sont plus ou moins à leur place, et la concurrence est rude. C’est pire après ! C’est un secteur difficile, mais comme beaucoup d’autres. En revanche, je remarque qu’il y a plus de voies possibles au sortir de ces écoles, c’est très différent aujourd’hui, on peut faire beaucoup de choses, il y a autant de parcours possibles qu’il y a d’individus. L’époque est quand même en mutation, pour tout le monde. Il faut bien se rendre compte que ces 20 dernières années dont je parle, la société subit une évolution énorme avec l’avènement du numérique. Une évolution aussi importante que l’industrialisation au 20e siècle ! Ceci génère beaucoup de « valeur », des nouveaux supports, une décentralisation évidente, des mixités, une polyvalence des profils, des compétences etc. Ce progrès a des aspects négatifs sans doute, mais aussi beaucoup d’effets positifs.


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Dans les domaines artistiques, il n’y a jamais eu autant de micro-éditions, d’auto-éditions, de fanzines que depuis qu’on a dit que l’édition était soi-disant morte ! En fait, les réseaux sociaux, internet, créent l’autonomie, nous sommes tous éditeurs ! Pour les artistes, c’est pareil, ils accèdent à d’autres domaines de compétence, certains font parfois du commissariat d’expo, de l’édition justement, des collaborations de tout type, ils mettent en lien leur pratique avec d’autres domaines d’activités, c’est très intéressant. Et cela risque de se développer de plus en plus. Il y aura toujours et de plus en plus, je pense, de voies multiples pour les artistes, de manières d’exprimer leur démarche, certains le feront de façon plus ou moins exigeante ou radicale, accessible ou élitiste, protéiforme, quasi-artisanale ou usinée, virtuelle ou par le biais d’autres vecteurs même que ceux, usuels, des arts classiques. En bref, il me semble que les écoles de design, comme celles qu’on trouve aux Pays-Bas, en Suisse, en Angleterre, ont un cursus plus approprié à cette évolution, mais les écoles d’art en France ont pris la mesure de ce changement et ont entrepris cette mutation. Ce n’est pas le cas dans tous les domaines.


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une collection de collections Parlons de ton travail. Commençons par ce qui s’apparente dans un premier temps à de la sculpture. Tu travailles beaucoup à partir de morceaux de bois ou de bois flotté. Quel rapport entretiens-tu avec ce médium ? J’ai du mal à parler véritablement de sculpture. Je les appelle des objets simplement. Ce que je fais beaucoup, c’est collecter des objets, dont, c’est vrai, des morceaux de bois, bois flottés entre autres, mais pas seulement, il y a une multitude d’objets qui me servent de référents, une sorte de base de données du réel. C’est l’idée de collection qui domine ici, liée au fait de classer, ranger, trier, empruntant aux codes des archéologues ou plus globalement des sciences. (cf Georges Perec Penser/Classer). J’ai en fait une collection de collections ! C’est l’aspect sociologique des objets qui m’intéresse, ce qu’ils étaient, ce qu’ils peuvent être. Je récoltais donc ces objets, avant tout, pour les dessiner. Je dessine beaucoup sans aucun autre but que de représenter un objet. Parfois cela donne lieu à un travail parfois non. Les objets sculptés, le sont presque toujours à l’échelle, et je me définis comme quelqu’un qui aborde les matériaux comme un dessinateur, la matière est un support pour des lignes, je cherche avant tout à mettre en relation l’objet et le dessin, donnant lieu à un objet-dessin ou dessin-objet. On ne tourne pas autour de mes objets comme autour d’une sculpture. Ils n’occupent pas l’espace de la même manière, ils sont destinés à être rangés, disposés sur des supports, au mur, ou en vitrine. L’équilibre d’une sculpture n’est pas non plus de mes problématiques, si un objet a un défaut de conception, je le reproduirais certainement, je ne cherche pas l’harmonie dans le champ spatial.


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Tu t’es notamment amusé à sculpter des objets du quotidien dans du bois (briquet, critérium, iPod, rouleau de scotch, etc…). Quelle était ta démarche dans cette métamorphose plastique de ces objets ?

Et bien comme je le faisais dans certaines séries de dessins, où je représentais des objets de mon quotidien, mis en scène par le spectre de la série ou de la collection disons, il s’agissait ici d’induire ce même rapport, assez simple, à un objet, une série d’objets. Plus exactement, je ne les avais pas vraiment choisis, j’ai réellement décidé de sculpter les choses les plus proches de moi à ce moment. Là encore, la disposition des objets, leur classement, le rangement, l’amalgame qui peut être fait entre des objets crées, leurs modèles ou ceux récoltés lors d’installations compte autant que la fabrication des objets. L’objet semble d’ailleurs être une notion prédominante dans ton travail. Quand tu ne sculptes pas, tu amasses, accumules et quand cela ne suffit pas tu dessines ceux qui t’entourent. Étonnement ces objets ont l’air de suggérer une sorte de portrait de ta personnalité. Est-ce une sorte d’introspection artistique ? Dans toute démarche, il s’agit de se livrer un peu sans doute ? Et oui, on peut l’interpréter comme introspective, ça me convient, mais ce n’est pas dans ce que sont les objets, leur nature. Cela ne dit rien sur moi et ça ne m’intéresse pas trop d’ailleurs. Ce qui est plus parlant, c’est sans doute la manière dont je les fais, les répète. Il ne s’agirait pas plus d’un portrait de moi que de n’importe qui pourrait posséder ces mêmes objets. Ce qui est intéressant c’est cette relation entre l’intime propre et l’intime commun. Beaucoup peuvent se reconnaître dans ces objets qui sont, somme toute, assez faciles à trouver, sans être neutres. Une canette de coca, une boite de médicaments, un disque. Ce sont des objets de l’intime commun. Le fait de les collecter, de les agencer, qu’ils aient une chronologie, une combinaison particulière pour moi, c’est l’intime propre. Mais à partir du moment où je représente ces objets, je m’en détache personnellement beaucoup.


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reproduire le réel Tu redessines également des ordonnances médicales, des vinyles, des couvertures de livres et de comics où la typographie est prédominante dans la composition de ces objets. Quel rapport entretiens-tu avec celle-ci ? Je m’intéresse beaucoup à la relation écriture/dessin. J’ai, en effet, beaucoup de dessins (dans des carnets notamment) qui traitent de cette relation. Dans les peintures évoquées, il s’agit aussi d’avantage de dessin que de peinture à mon sens. On peut parler de typographie, mais en réalité on pourrait ne garder que –graphie. Le terme graphéïn désignait, en grec, à la fois l’écriture et le geste de ‘graver’ donc le dessin. Ce sont ces notions qui m’interpellent. Le fait de reproduire au plus proche, de manière appliquée ce que je vois, mais en incluant toutes les failles de ma mécanique humaine (fatigue, mauvaises conditions, matériaux, tétanie, erreur d’appréciation, de vitesse..) est une démarche sensible de dessin, pas un processus mécanique d’écriture. Il s’agit de transposer ces formes par un procédé qui ne lui est pas, usuellement, destiné. Je considère vraiment les écritures ou les typos comme des objets d’observation que je peux me permettre d’interpréter, d’étudier.


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Musique, comics, Coca… La « pop-culture » semble avoir une certaine importance dans ton travail. Comment t’influence-t-elle ?

Non, pas du tout en fait. C’est un niveau de lecture par lequel on peut entrer dans mon travail, je comprends et tant mieux si ça le rend accessible. Mais ma démarche ne traite pas du tout de la Pop culture. Elle est même plutôt aux antipodes de celle de Warhol par exemple. Je suis très influencé par la littérature, la poésie. William Blake est une référence absolue pour moi. J’aime aussi la nature morte. Celles de Morandi sont exceptionnelles. Si je le voulais, j’aurais du mal à reconstituer de telles compositions, il est difficile de trouver un pot ou une bouteille qui soit vierge de toute écriture. Bien sûr, on peut s’extraire de la réalité en dessin, en peinture, mais j’ai toujours voulu garder un lien au réel. Étudiant, je peignais de manière assez académique certains objets tous les ans, comme un rituel de peinture, cela a commencé par des pommes de terre ou mes chaussures par exemple. Ces peintures de chaussures n’étaient pas sans évoquer Les Souliers de Van Gogh (je peignais moins bien évidemment !), mais les miennes étaient des Stan Smith Adidas, juste parce que je ne mettais que ça à l’époque. Quand j’ai commencé à travailler, je ne voulais pas ignorer le monde dans lequel je vivais, je ne voulais pas me couper de mon temps ou effacer les marquages et références de mon époque. Dans ma vie, nos vies, ce que tu appelles la « pop culture » s’affiche sans cesse, je consomme, nous consommons…c’était aussi une manière, un peu critique, mais pas moralisatrice de toucher à cela. Et je voulais m’inclure dedans. Les Écrits corsaires de Pasolini m’ont beaucoup impressionné, la réflexion sur la société de consommation y est très développée et perspicace, ces textes datant du début des années 70. Ce que je décris dans mon travail parfois, c’est ce lien qui peut être assez pathétique à des objets de consommation que l’on peut appeler objets ‘culturels’. Ceci étant, comme le dit Pasolini, il y a un ‘résidu d’humanité’ dans cet affect aux objets, ou la passion qu’ils génèrent. Je ne suis pas cynique comme l’était parfois Warhol, je m’intéresse à ce ‘résidu d’humanité’ auquel j’appartiens pleinement, c’est une position assez mélancolique, je le concède.


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structurer le fardeau Intéressons-nous maintenant à des projets qui semblent plus personnels, ou en tout cas à l’inspiration somme toute, plus humaine. Dans ta série Fardeaux, des personnages sont recouverts par des bandes de papier symbolisant leur fardeau. Qui sont-ils ? Ont-ils une histoire ? Un vécu ? Et quel peut bien être leur fardeau ?

Je sens poindre la déception… j’ignore qui ils sont en particulier, personne, tout le monde. Une histoire ? Mille sûrement ! En réalité, c’est une série particulière, d’une part parce que la figure humaine est moins fréquente dans mon travail, ensuite parce qu’elle est purement imaginaire et enfin parce que ce sont pour moi des dessins-objets. Ces bandes sont des autocollants d’une collection de stickers des années 80 pour la plupart. Ces silhouettes surmontées de fardeaux, elles m’ont été inspirées des costumes traditionnels de danse rituelle en Papouasie Nouvelle-Guinée, de grands masques évoquant les esprits et ornés d’osier qui recouvre tout le corps. Plus exactement d’une vieille série de croquis que j’avais fait en cours d’anthropologie d’après un film des années 70 que je n’ai jamais pu retrouver. Le fardeau est censé être un véritable poids. Quelque chose de sombre, de lourd, de chaotique. Ironiquement ceux que tu représentes sont très ordonnés, deux d’entre eux possèdent des couleurs très vives. Il s’en dégage une aura, une atmosphère très sereine, presque onirique. Est-ce un hasard ? Le fardeau, c’est un poids certes. Sombre ? Chaotique ? Je ne crois pas que ce soit dans la définition.. c’est une projection ça, mais c’est intéressant. C’est simplement une charge lourde qu’il faut porter ou une épreuve. En fait, j’ai agencé chacune des formes de manière particulière, avec les couleurs aussi, en jouant sur la structure, les rapports colorés, les contrastes, l’éclatement etc. De manière que chaque forme induise le dessin des pieds la portant. On voit ainsi des fardeaux plus ou moins difficiles à porter, certains semblent très denses, mais étant mieux structurés, ils sont bien supportés. C’est à la fois métaphorique, cela crée le type de projection qui est dans ta question, mais c’est aussi très trivialement physique.


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des textes à dessiner Enfin, j’aimerais terminer par deux séries que j’aurais tendance à rapprocher : Ciel Rose et Venise Bleue pourtant réalisée avec une année d’écart. Tu reprends comme support ce qui semble être de vieilles copies d’école et tu interviens par dessus. Quel est ton rapport à l’école et à l’enfance ? Oui, ces deux séries sont issues de la même activité. Cela fait partie de ma démarche en fait, je travaille sur diverses choses en amont, dans des carnets, j’ai des activités, des rituels, j’expérimente, c’est ce que je fais la plupart du temps. J’extirpe de tout cela des productions, des dessins, séries de dessins, des peintures, des objets finis. Ces séries sont donc le produit de plusieurs de mes activités et intérêts. L’un de ces innombrables centres d’intérêt est donc ma collection d’anciens cahiers d’écriture, certains ont des pages qui se détachent ou sont en moins bon état, je les conserve pour m’en servir de support. Je ne pense pas entretenir un rapport particulier à l’école, ce n’est pas ce qui m’intéresse, dans ces pages, certaines proviennent de cahiers d’artisans ou d’étudiants en sciences parfois, c’est l’écriture qui m’intéresse, les ratures, les rythmes, les dessins, les compositions ou l’absence de tout cela. Alors oui, comment un enfant apprend à écrire en dessinant les lettres pour abandonner son dessin et emprunter une graphie au fur à mesure, cela m’intéresse. Mais je n’éprouve aucune espèce de nostalgie ou de rapport conflictuel à l’école. De la même façon, je crois que l’on est tous lié à notre enfance, mais ce n’est pas mon sujet. Je pense juste, comme le disait Jacques Brel, qu’il est peut-être bon de passer de l’enfance à la vieillesse sans jamais être adulte.


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Tu interviens graphiquement sur ces copies, mais tu viens également écrire par dessus de courtes phrases déconstruites, ou des poèmes. Quel est ton rapport aux mots ? Est-ce un moyen d’extérioriser avec un regard plus adulte ce que tu pensais ou n’arrivais pas à formuler en tant qu’enfant sur les bancs de l’école ? Il s’agit d’une autre des activités que j’évoquais. Je fais des mots croisés, rituellement, et je conserve les solutions, c’est dans les solutions que je cherche à reconstituer une forme de petit poème, avec ces mots pré-existants. C’est une démarche très liée à mon goût pour certains auteurs (Georges Perec, E.E. Cummings, Apollinaire..) et une manière d’écrire autrement. C’est une manière d’écrire. Je considère tous ces petits textes produits comme autant d’images potentielles et ainsi les séries comme Ciel Rose et Venise Bleue sont la mise en œuvre de ce procédé où les textes écrits sont devenus des objets à dessiner pour moi. Je considère le texte, les mots comme du dessin alors en me détachant de sa ‘valeur’ en tant que texte ou mot. Le support me permet de créer encore plus ce lien entre dessin et écriture, texte et image, ou image-texte. J’utilise ce procédé dans d’autres dessins, il est plus ou moins visible, mais dans ces deux séries en particulier, il est mis en avant et le support prend de l’importance, c’est vrai. On y voit la source collée, la grille de solution de mots croisés biffée, le texte est redessiné sur le support, lui-même investi par d’autres interventions de dessin, pour y révéler des éléments ou en cacher d’autres. On peut y trouver un certain lien aux enluminures en fait.


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Quels sont tes projets pour la suite ? As-tu des envies de collaborations particulières ? C’est un métier dans lequel on apprend à gérer l’enthousiasme et la déception. Des projets sont toujours évoqués, mais ils ne se réalisent pas tous ! Donc, je reste prudent. Il y a aussi les bonnes surprises. J’ai eu une belle année 2014 en terme de projets et j’espère que cela se poursuivra. Je voyage régulièrement grâce aux expos, ça devrait continuer en 2015. J’aimerais travailler sur un projet de livre, mais ce n’est pas pour tout de suite, et mon travail n’est pas facile à reproduire, il y a des vernis sur certains dessins, des matériaux avec des différences de matité qui sont subtiles et dures à rendre en impression, donc on verra. J’avais aussi lancé une petite édition, Poum, avec un autre artiste, Jean-Baptiste Couronne, si nous trouvons le temps de faire le n°2, ce serait bien. Des collaborations ? Je suis assez ouvert et très rude en même temps..j’ai fait des choix et orienté mon travail dans une démarche très personnelle. J’avais rencontré une historienne de l’art pour l’écriture d’un article sur Pontormo dans Roven et cela m’avait passionné. J’aimerais renouveler ce genre d’expérience. De même, avec certains amis artistes, on a de vieux projets qui traînent depuis longtemps, ils se feront sans doute un jour. Sinon, je suis plus réfractaire quand les projets sont plus commerciaux, mais disons que pour un bon disque de jazz ou une planche de skate, je pourrais devenir plus souple. Enfin, as-tu un conseil ou un avis bienveillant pour celles et ceux qui nous lisent et qui souhaitent poursuivre leur vie, ou du moins, étendre leurs horizons dans le milieu aussi dur qu’exaltant des arts ? Oh, je me garde bien de donner de vrais conseils, je fais semblant avec mes étudiants, mais c’est de la blague, j’espère qu’ils ne me prennent pas au sérieux ! Bon après, qu’ils fassent des choix... C’est important de choisir des trucs, ça peut commencer par Chocapic ou Cheerios le matin ? C’est un bon début.

Toutes les images, courtesy de Alexandre Léger et de la galerie Bernard Jordan


IMMERSION

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La photographie d’architecture vue par

Marjorie Mailhol.


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NOISREMMI

Érectile MAGAZINE Numéro sept

Marjorie Mailhol IMMERSION Entretien réalisé par

Perrine Hériot

SIte internet de l’artiste http://www.marjorie-mailhol-photographe.fr ÉR

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first step À 26 ans, la Toulousaine Marjorie Mailhol est photographe spécialisée en architecture. Pendant sa licence d’arts-plastiques, où elle a pu toucher à différents médiums, Marjorie réalisait surtout des installations. La jeune fille aimait toucher à tout, mais adorait également les cours théoriques. C’est d’ailleurs lors de cours d’histoire de l’art qu’elle a découvert l’architecture des musées et des architectes japonais comme Tadao Andö et que sa passion pour ce domaine s’est développée.

On a étudié l'architecture des musées, j'étais captivée.


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Arrivée à la fin de la licence, Marjorie ne voulait pas continuer en Master, car ce qui l’intéressait, elle, c’était d’apprendre la photographie, la technique et se concentrer sur un seul médium. La photographie est une passion qui anime Marjorie depuis très jeune, à 15 ans elle se prêtait déjà au jeu de photographe avec son jetable puis à 18 ans elle a créé un laboratoire dans le garage de ses parents. L’artiste en herbe est donc rentrée à l'ETPA (École de Photographie et de Game Design), en section praticien photographe. Une fois diplômée, Marjorie s’est définitivement tournée vers la photographie d’architecture, plutôt que d’être enfermée dans un studio, en collaborant avec des architectes souhaitant avoir des images de leurs projets (suivi de chantier ou projet terminé).


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Je voulais sortir, être seule fasse à mon bâtiment, et arriver à l'apprivoiser.

Sur les chantiers, en haut des échafaudages, Marjorie se munie de peu de matériel, elle travaille en numérique avec un boitier pro Nikon et 3 optiques fixes : une 28mm f1,8, une 50mm f1,4 qu’elle affectionne particulièrement, une 85mm f1,8 dont elle se sert peu, mais qui est parfois indispensable, et d'un trépied aussi, mais c'est rare.


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sens du détail & patience La photographie d’architecture demande un minimum de connaissances en logiciels de retouche photo et de rigueur. En effet, Marjorie explique que la retouche est un travail de précision, les lignes doivent être droites et les couleurs harmonieuses pour avoir une série cohérente.

Des ciels de la même couleur, des rouges identiques sur toutes les images… Il s’agit d’un travail assez fastidieux sur certaines séries.


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C'est d’autant plus délicat lorsque l’artiste répond à une commande qui doit être réalisée sur une durée de 6 mois, la lumière et l’environnement changent selon les saisons. Néanmoins, Marjorie n’ampute aucun élément à l’image, elle préfère faire en sorte de ne pas l’avoir dans son champ de vision. Le secret, c’est donc la minutie. Mais il faut aussi être doté de beaucoup de patience car avant de prendre les photographies il faut se rendre sur le lieu à plusieurs reprises, discuter du projet, des exigences de l’architecte et sur quel point le photographe doit se focaliser.


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Il est nécessaire ensuite de faire un repérage pour voir comment la lumière réagit, quel moment de la journée est le plus propice pour prendre la photo. S’il s’agit d’un suivi de chantier, Marjorie doit assister à la première réunion de chantier pour rencontrer les différents corps de métier qui vont y travailler. Cela permet à la photographe de se présenter, et de mettre les employés en confiance lors de ses prochaines venues. « Je ne suis pas là pour les espionner. » Elle programme ensuite les différentes dates de prises vues selon l'évolution des travaux et retouche ses images après chaque prise de vues avant de les transmettre à son commanditaire.


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à côté & après Marjorie se consacre donc aujourd’hui exclusivement à la photographie d’architecture, même si elle s’est quand même essayée à la photographie sur des tournages de films réalisés par les élèves de l’ESAV, en tant que photographe de plateau et assistante décor. Elle a trouvé ce travail trop différent de ce qu’elle aimait dans la photographie d’architecture : de la prise de vue à la retouche en passant par les horaires, c’est pourquoi elle a choisi d’arrêter cette activité.

Plus je collabore avec des architectes, plus je me rends compte que ce métier, dont j'admire les productions, n'est pas fait pour moi.


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La photographe aime également beaucoup l’Art de façon générale, elle trouve en effet légitime de s’intéresser à tout et de ne pas rester cloisonnée dans sa zone de confort afin de réaliser un travail plus riche.


IMMERSION

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Miloud Kerzazi

photographie sa Sous-France. Sans rancune, mais avec un peu d’amertume.


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NOISREMMI

Érectile MAGAZINE Numéro sept

Miloud Kerzazi IMMERSION Entretien réalisé par

Inès Lockert

SIte internet de l’artiste

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un investissement personnel Miloud Kerzazi est né dans le quartier populaire des Renardières, une petite ville du Grand-Ouest nommée Châtellerault. À six ans, lui et sa famille s’installent dans le quartier de la Plaine d’Ozon, vaste secteur de la ville, mais également celui où toutes les communautés issues de l’immigration étaient concentrées. Bercé par la culture des anciens d’Algérie, de la diversité des cultures et des origines qui l’ont enrichi, Miloud Kerzazi a aussi connu durant sa progression les souffrances sociales liées à l’immigration ou encore à la pauvreté matérielle manifeste. C’est dans ce cadre socioculturel que Miloud a dû se construire, entre parcours scolaire chaotique et réel talent pour le domaine artistique (dessin, photographie…).


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Après de nombreux stages et autres emplois jeunes de réinsertion, il trouve sa voix dans l’aide socioculturelle en devenant animateur dans un quartier difficile et en se dévouant sur le terrain (même les plus abrupts) au sein d’une France qui méprise les immigrants et où l’Islamophobie est monnaie courante sous couvert de l’étendard du patriotisme.

L’esclavage devient moderne, où sont les fouets et les chaînes ? Dans les têtes, plus dans les abdomens. Les champs de coton sont des prisons de béton des H.L.M, les esclaves sont chômeurs ou smicards ou célèbres. – Tiers Monde


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LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ… PUBLICITÉ MENSONGÈRE Son travail d’animateur socioculturel et son passé lui inspirent son art qui devient un véritable médium à son expression, ses revendications. « Montrer la réalité sans attendrir ou culpabiliser. Juste comme elle est ». Telle une éponge il a absorbé toutes les souffrances qu’il a vécues ou constatées, la colonisation de ses ancêtres, les discriminations subtiles (le racisme « politiquement correct » en somme), le mépris pour son peuple et surtout les fausses promesses politiques faisant miroiter un avenir meilleur.


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Entre nationalité française et culture algérienne, difficile de se construire une identité stable. Aujourd’hui Miloud Kerzazi a trouvé sa révolte et elle est photographique. Se plaçant comme un témoin intérieur de sa Sous-France, il exprime sa vision de la photographie sous le prisme du social, c’est devenu un devoir. Armé de son appareil photo il exprime son indignation, laissant à terre l’argument stérile qu’est le pavé.

Je ne suis pas photographe, mais un révolté qui fait de la photographie !


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ma sous-france « Approchez-vous de ma Sous-France, Ma France à Moi ! Des souffrances sociales, de l’immigration, de la pauvreté matérielle, affective, du mirage social, de la schizophrénie "ethnique", du surplus de problèmes, de fausses promesses politiques. Au détour des rues de son quartier il capture à travers la lucarne de son Olympus EM5 des instants, des habitants, des émotions en noir et blanc comme l’on fait avant lui le photographe des gangs de Los Angeles Esteban Oriol ou encore Reza qui est à l’origine du portrait du commandant Ahmed Sahs Massoud. Miloud capture avec un objectif de 45mm des portraits d’habitants qui transpirent la fureur de vivre. Des enfants, des hommes et des femmes (moins présentes dans un monde sur-masculin) qui essayent tant bien que mal de s’accommoder dans cette vie de quartier presque marginalisé où il faut quasiment montrer patte blanche pour en sortir.


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Miloud Kerzazi n’a aucunement la prétention de faire bouger les mentalités, il photographie sa vie comme elle l’est, sans détour. Il a eu l’occasion à travers divers projets d’exposer son travail (deux couvertures pour le magazine Respect Mag, la couverture du livre de Sophie Audoubert Don Quichotte en banlieue, l’exposition Identités organisé par les 3T et le réseau des bibliothèques du Pays Châtelleraudais et également une participation au projet Nos quartiers ont du talent en partenariat avec le Centre Social d’Ozon et l’association STM) et c’est là toutes l’importance de son travail : donner l’occasion de faire évoluer les préjugés en espérant, un jour, les voir disparaître complément. Mais Miloud essaye également de faire prendre conscience aux jeunes (et moins jeunes) de sa ville que la balle n’est pas qu’entre les mains des politiciens, en effet les habitants de banlieue ont une arme puissante entre leurs mains : leur carte électorale. Car, avec elle, ils ont la possibilité de faire bouger les choses en mettant leur pierre à l’édifice, renforçant ainsi la politique d’égalité.


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un livre en préparation Afin de poursuivre son combat Miloud Kerzazi travaille à la publication de son livre photographique Au Cœur d’un Quartier Populaire. Mais cela représente un financement conséquent entre coût de fabrication et distribution. Je vous invite donc à vous rendre sur son tumblr à l’adresse http://sous-france.tumblr.com/don afin de réaliser un don pour l’aider à l’aboutissement de son travail.

Nous sommes tels des livres. Jugés sur la couverture, au mieux d'après un résumé, au pire selon les critiques. Mais qui a lu l'histoire de ma Sous-France ?


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IMMERSION

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Découvrez les trésors

Claire de la Bernardie. de


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Érectile MAGAZINE Numéro sept

claire de la bernardie IMMERSION Entretien réalisé par

Cindy Renard

SIte internet de l’artiste http://claire-de-la-bernardie.tumblr.com ÉR

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un vent d'ouest Claire est une étudiante de 22 ans née dans une contrée aux embruns salés, la Bretagne, terre aux côtes qui sentent bon la mer, le beurre et le caramel ! Elle y a d’ailleurs suivi une MANAA au lycée Le Paraclet à Quimper, année dont elle garde un souvenir impérissable. Elle a ensuite poursuivi dans les Arts Appliqués avec un BTS en Communication Visuelle option Multimédia à l’école Éstienne. Elle suit actuellement une formation de DSAA Design Graphique option Multimédia au pôle multimédia et audiovisuel du lycée Jacques-Prévert, à Boulogne-Billancourt. Comme tout étudiant en Arts Appliqués, elle possède de nombreux intérêts artistiques, mais deux médiums sont chers à son cœur : la photographie et la vidéo. Ce qu’elle aime, c’est capter les images du réel : les figer par la photographie, ou les restituer en mouvement en utilisant la vidéo. Claire les décrit comme étant deux médiums très proches comme très éloignés, avec lesquels il est possible de faire part de ce qui se passe autour de nous. Elle ajoute à ce propos : « Les images tirées du réel nous restent en tête, s’imprègnent en nous. C‘est un très bon moyen de communiquer ». Une vision du monde poétique et onirique que l’on retrouve dans les travaux de notre photographe.


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Concernant ses inspirations artistiques, et même si elle affectionne le travail de nombreux artistes, elle ne retiendrait qu’une seule personne : Gus Van Sant. Les plans immensément longs qu’il met en œuvre, et qui peuvent d’ailleurs ennuyer certains, la font voyager loin de son univers quotidien : un réel dépaysement par l’image. Elle pense notamment à Gerry, Elephant, Last Days ou encore Paranoïd Park. Certaines de ses scènes sonnent presque comme des photographies, amenuisant progressivement la frontière entre vidéo et photographie. De plus, beaucoup de plans de Van Sant présentent des personnes seules et noyées dans un paysage immense, inspirant notre photographe certes, mais lui donnant surtout envie de voir le monde par le biais d’une caméra ou d’un appareil photographique. « Je suis amoureuse de sa manière d’observer », ajoute-t-elle à propos de Gus Van Sant.


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des images, des trésors « Ce que j’aime faire en ce moment, c’est rendre compte de mes voyages en pensant chaque photo avant de les prendre. Je mets toujours un certain temps avant d’appuyer sur le déclencheur ». Et pour sélectionner méticuleusement chacune de ses photographies, Claire préfère travailler la photographie argentique. Elle explique : « Avec le numérique, on a tendance à prendre mille photos d’un seul sujet et je trouve que cela dénature le caractère propre à l’instant photographié ». C’est ce qui est unique et précieux qui intéresse notre photographe, loin de l’hyper-consommation de l’image qui grandit dans notre société. Elle préfère n’avoir que 24 ou 36 poses (une pellicule) pour un seul voyage et réfléchir à la force de chaque instant qu’elle souhaite capturer. Ce n’est qu’à partir de là qu’elle déclenchera sa photographie. C’est en feuilletant les vieux albums photos de ses parents et grands-parents que l’aspect unique de chaque photographie s’est révélé à elle. « Lorsque l’on regarde un album de photos numériques sur son ordinateur, il y en a toujours trop, on ne prend pas le temps de les observer, de scruter chaque détail, contrairement aux photos argentiques ». Tel que beaucoup de photographes le disent, il y a aussi une part d’aléatoire et de surprise que ne fournit pas le numérique : on ne sait jamais vraiment sur quoi on va tomber après le développement des photographies. On ne contrôle pas totalement son boîtier et on ne peut pas vérifier l’image qui a été prise comme sur un appareil numérique. C’est toujours magique quand on scanne une pellicule ou qu’on tire nos photographies en labo ! »


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De plus, ce qui plaît à Claire dans la photographie argentique, ce sont les accidents de la pellicule, que l’on ne peut retrouver avec le numérique. Le grain, les petites poussières, les tâches... Ce sont des petites cicatrices qui marquent les photos avec le temps, comme si elles étaient de vieilles reliques, ou un simple trésor. En effet, tout est lié au précieux et au trésor dans les photographies de Claire. C’est d’ailleurs son père et son oncle qui lui ont donné les deux appareils argentiques qu’elle possède. Ils ont vécu un grand nombre d’aventures et de voyages : une traversée de l’Amérique, des voyages au pôle Nord ainsi qu’au pôle Sud, des road trips en caravane ou en voiture, etc... Ces appareils ont notamment connu beaucoup d’aventures maritimes. « Je trouve incroyable d’avoir de tels joyaux entre les mains. Je veux qu’ils continuent à vivre d’autres aventures à travers mon regard, succédant aux périples de mon père et de mon oncle », ajoute-t-elle avec sensibilité. L’objet qui rend compte des voyages et des aventures de Claire est très important à ses yeux, autant que la qualité finale de ses photographies. Elle ajoute qu’elle ne souhaite pas acquérir d’appareil photo numérique, les pensant trop frêles et fragiles pour résister à toutes sortes d’aventures, contrairement aux solides appareils argentiques. C’est donc un de ses deux appareils qu’emporte Claire lors de chacun de ses voyages, au lieu d’un carnet de croquis.


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un visage pour un souvenir Claire adore les gens en général, surtout ses amis qui sont pour elle une grande source d’inspiration. Elle avoue que les inconnus l’intéressent moins. Ceux avec qui elle passe la plupart de son temps l’inspire énormément, car elle les connait et peut garder la connaissance qu’elle a d’eux à des moments précis dans ses photographies. Il y a ses amis, ses frères, ses cousines, ses parents, les chats, les chiens... Elle nous confie : « Je trouve qu’ils font vivre mes photos, car quand je les regarde je pense à tout ce qui les habite, tout ce qu’ils ont en eux. Pour d’autres qui ne les connaissent pas, je comprends qu’ils peuvent paraître sans grand intérêt ». Les portraits qu’elle aime réaliser sont donc des portraits rassemblant des données très personnelles. Elle peut ainsi figer un trait de personnalité, un bout de caractère, une humeur, qui est apparu juste au moment de la prise de vue. Ceci reste sur la pellicule, et permet de voir à quoi ces gens ressemblaient à un moment donné. C’est très précis, très minutieux.


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Claire pense que ses photographies sont destinées à vivre dans un album photo ou dans des petits cadres accrochés dans un endroit très personnel, comme sa chambre ou son appartement. « Moins on met ses photos en évidence, plus elles semblent particulières » nous raconte-t-elle. Lorsqu’elle a découvert les albums photos de ses parents, contenant des photos de leurs soirées, avec leurs amis, les régates, les apéros, les voyages etc... elle était fascinée, car elle n’avait jamais vu la vie de ses parents lorsqu’ils étaient jeunes, vivant autrement qu’aujourd’hui. Elle avait envie de savoir qui ils étaient à ce moment-là, et d’une certaine manière, elle l’a compris par le biais de ces photographies. Un visage, une attitude, une ambiance qui rendent compte d’un souvenir et qu’on peut comprendre sans avoir vécu ce moment.


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portraits Claire affectionne aussi particulièrement la manière dont va se construire son album, son compte rendu de voyage. Comment représenter ce voyage ? Par des lieux ? Des paysages ? Les rencontres faites ? Mais c’est surtout en photographiant les visages des personnes qui l’accompagnent que notre photographe aime rendre compte des instants les plus significatifs. Lorsqu’elle découvre les photos prises lors de ses voyages, elle arrive à se souvenir de chaque instant, de chaque moment fugace, en observant simplement le visage de la personne prise en photo. En regardant ses traits, la manière de se tenir, si elle est fatiguée, heureuse, concentrée, si ses cheveux sont mouillés, etc... « Chaque personnage me ramène à un souvenir », ajoute-t-elle. Pour la photo nommée Lancelot, photographie en noir et blanc représentant un jeune homme avec un béret, Claire se souvient qu’à cet instant, elle a grimpé en haut d’un arbre abattu par une tempête avec Lancelot et Martin, les amis qui l’accompagnent.


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« Le soleil était en train de se coucher, et les autres préparaient le repas au camp pendant que nous finissions de ramener des fagots de bois ». À chaque photographie prise d’une personne, un souvenir apparaît : voilà comment le récit du voyage se construit. Avec le numérique, Claire pense qu’elle aurait sûrement eu ce souvenir découpé en plusieurs photos (des photos de Lancelot, Martin, l’arbre déraciné, le soleil qui se couche, les fagots de bois etc...). Elle préfère n’avoir qu’une photographie de ce moment et laisser sa mémoire retrouver le souvenir qui s’y rapporte.


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photos cosmique Ce diptyque est une expérimentation. Claire aime beaucoup retravailler ses pellicules en y ajoutant des ratures, de l’aquarelle, des coups de compas, du sel, des épices, etc... Dans une optique d’abîmer sa création, d’ajouter du bazar sur les poses douces et tranquilles des personnes prises en photo.


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Claire a commencé depuis peu la plongée en piscine, dans le but de pouvoir aller plonger en mer ou en océan prochainement, lorsqu’elle aura passé son niveau 1. Elle développe ainsi une fascination pour l’observation du monde qui se déroule sous l’eau, et souhaiterait maintenant réaliser des photographies de voyages sous l’eau. « J’ai déjà fait pas mal de photos de la surface de la mer, nous raconte-t-elle. Et ses teintes me fascinent. Pendant une traversée de neuf jours sur l’Océan Atlantique pour rejoindre les Açores depuis la Bretagne, j’ai remarqué que la mer changeait de couleur selon les moments de la journée, le climat, le courant, les phénomènes marins etc... Bleue-grise quand elle est agitée. Bleue-obscure quand il pleut. Bleue-pâle le matin quand le soleil se lève. Bleue-noir-profond lorsqu’il fait nuit... Je n’avais jamais vu autant de bleus différents. Je voudrais maintenant découvrir le bleu des fonds marins ».

J’aimerai beaucoup commencer à faire des photos sous l’eau.


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quelques projets En plus de ce projet dont nous avons hâte de voir les photographies, Claire aimerait beaucoup tenter de rentrer dans une école de photographie et de vidéo pour continuer à explorer ces médiums et surtout mieux les connaître, au niveau de la technique notamment. Pour l’instant, Claire caractérise son approche comme intuitive, instinctive et sauvage, ayant une faible connaissance des règles et réglages : elle pense que ce manque lui font rater un grand nombre de clichés. Continuer son cursus pleinement dans le domaine de la photographie lui permettrait donc d’être pleinement immergée dans cet univers, n’ayant jusqu’à lors abordé la photographie (techniques, artistes, projets...) que de manière très superficielle dans ses études consacrées au graphisme.


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IMMERSION

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LAURA ZIMMER A.K.A. MADEMOISELLE ZIM. DU JEU VIDÉO À L’ILLUSTRATION.


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Érectile MAGAZINE Numéro sept

Mademoiselle zim IMMERSION Entretien réalisé par

marion régnier

SIte internet de l’artiste http://mademoisellezim.blogspot.fr ÉR

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une illustratrice pas comme les autres Mademoiselle Zim est une blogueuse BD un peu particulière. Contrairement à ses paires, Pénélope Bagieu ou encore Margaux Motin, elle exerce son art sans fioriture et sans prise de tête. Elle n’hésite pas à aborder des sujets tout à fait personnels, sans essayer de s’adapter à son public, et bizarrement, ça marche ! Elle refuse d’ailleurs de considérer son blog comme un blog BD girly, terme qu’elle a littéralement en exergue, tout comme la case geekette qu’elle refuse de s’attribuer. En fait, Mademoiselle Zim, c’est quelqu’un de particulièrement original, qui n’a pas envie d’entrer dans la norme.


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Ce qui me plaît chez elle ? Son franc parlé, sans chichi, qui vous met directement à l’aise. Elle n’essaie pas de passer pour ce qu’elle n’est pas, elle a tout à fait conscience de ses qualités et de ses défauts. Elle se considère à la fois comme quelqu’un d’insupportable, de maladroit, de désinvolte, de colérique et de bavard. N’ayant pas vraiment eu de crise d’adolescence, elle vit dans un petit monde coloré, entourée de son poulet rôti adoptif, Gustavo. Cette mascotte vient faire écho à son imaginaire débordant et complètement farfelu.


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travailler en pyjama La voie du graphisme et de l’illustration s’est imposée naturellement, mais ça n’a pas été une mince affaire. Des difficultés en classe l’ont privée d’un enseignement correct, elle a donc dût faire ses armes elle-même. Après de nombreux jobs alimentaires pour gagner sa croute, elle se met à son compte et c’est désormais en freelance qu’elle officie. Elle bosse donc désormais chez elle, en pyjama, en écoutant du Joe Hisaichi (l'homme qui fait toutes les Bandes Originales des Miyazaki). Les voyages représentent une nouvelle passion qu’elle a découverte il y a peu. Après être partie en Amérique Latine en janvier dernier, elle a énormément évolué en tant que personne. Désormais, elle a appris à lâcher prise et à se laisser aller aux petits problèmes de la vie. Après avoir vécu « l’aventure la vraie », comme elle le dit sur son blog, elle s’est sentie bouleversée.


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D’HAYAO MIYAZAKI À ALESSANDRO BARBUCCI Ses maîtres à penser sont issus de domaines extrêmement variés. En premier lieu, elle place probablement Hayao Miyazaki tout en haut du podium, suivi de l’illustratrice Teagan White et Chiara Bautista. L’italien Alessandro Barbucci est également un de ses illustrateurs préférés.


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Son univers découle littéralement des jeux vidéo, son premier amour. Elle en a d’ailleurs fait son travail en réalisant, récemment, les graphismes du jeu grenoblois Kaode. À travers une aventure épique, le joueur se déplace dans un monde post apocalyptique, où on est à la recherche d’animaux fantastiques. En gros, c’est un mélange de 2D, d’RPG et de Pokémon.


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des projets en pagaille À l’heure actuelle, elle a de nombreux projets. En premier lieu, elle souhaite donner une seconde vie à son site internet, et réaliser des cartes de visite. Elle est également en train de plancher sur une webcomic (une BD en ligne) en six tomes qui raconterait le quotidien de personnages fantastiques. Enfin, elle aimerait publier un livre qu’elle surnomme « pipi-­caca », un petit livre à lire aux toilettes. Pour faire court, Mademoiselle Zim, c’est une personne en or, avec une créativité débordante, à suivre absolument. Vous ne serez pas déçu !


IMMERSION

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Découvrez l'art de modeler formes et volumes avec les bijoux virtuoses de la créatrice

Delphine Huart.


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NOISREMMI

Érectile MAGAZINE Numéro sept

Delphine Huart IMMERSION Entretien réalisé par

Héléna Gillant

SIte internet de l’artiste

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l'engouement autour du fait main Le fait main connaît un fort élan grâce à des acheteurs de plus en plus soucieux de bien connaître l'origine des produits : aussi bien au niveau des détails de fabrication, qu'au niveau de la philosophie du créateur-producteur. Internet a favorisé cette proximité en offrant aux « petits » producteurs du fait main, différents canaux (blogs, réseaux sociaux, services de paiement en ligne, sites de petites annonces...) leur permettant de se lancer, de faire connaître leurs productions au plus grand nombre et éventuellement pour certains chanceux d'en vivre... Parmi la pléthore d'artistes aux créations aussi jolies que singulières, nous avons choisi de mettre un coup de projecteur sur une jeune artiste qui n'est pas uniquement une amatrice, mais aussi une designer en devenir.


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Mais qui est donc Delphine ? Nous sommes partis à la rencontre de Delphine, une jeune créatrice de bijoux de 22 ans. Cette étudiante en design à Nantes a débuté ses études d'une manière classique, cependant, bac scientifique en poche, elle a vu s'accroître une certaine passion pour la création. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, Delphine a toujours été fascinée par les formes et les couleurs. Ayant fait le tour des formations, le design d'objet s'est avéré pour elle la meilleure porte d’entrée. C'est donc assez naturellement qu'elle s'est dirigée vers une école de création. Cette opportunité lui permettait de réaliser concrètement ses idées et d’ajouter une approche fonctionnelle et utile, une double compétence, en soi. Aussi, elle crée depuis maintenant 4 ans des bijoux en pâte polymère (aussi connue sous le nom de pâte Fimo), des créations qui sont toujours très minutieuses et fines, mais également colorées et originales dont elle va nous révéler les secrets...


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Les secrets de la matière Comme tous les artistes, Delphine a des pièces favorites. Elle a un petit coup de cœur pour ses derniers bracelets à chaînes colorées. « Mes bijoux évoluent beaucoup, j’essaie petit à petit de moderniser mes collections, ce qui n’est pas toujours facile avec les techniques et les contraintes du matériau… » Son objectif est de mettre à la page la pâte polymère et de montrer que les possibilités avec ce matériau sont infinies.


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De la technique et du coeur à l'ouvrage C’est d’abord tout un travail de recherche d’idées, de motifs et de couleurs. Une fois que l’idée est trouvée, la pâte est modelée afin de créer le motif, puis les perles. Elle doit ensuite cuire et vernir minutieusement chaque perle. Vient alors tout un travail d’assemblage et de montage pour concevoir le bijou. Delphine passe parfois par le dessin, mais ce n’est pas une étape systématique. Ses bijoux sont réalisés grâce à une technique de modelage, perfectionnée par ses soins d’année en année, qu'elle maitrise maintenant avec virtuosité. Les motifs sont conçus directement dans la masse. Ils ne sont pas peints, comme beaucoup de novices peuvent le penser. Il faut beaucoup de minutie et de patience pour fabriquer, ce qu’on appelle les cannes de motifs polymères. Ce qui lui correspond très bien puisqu'elle se définit comme une personne très appliquée et perfectionniste.


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La richesse des choix créatifs Les couleurs se décident en fonction de ses désirs et des tendances momentanées, elle n’a pas vraiment de règles pour cela… « Je crée en fonction du coup de cœur et des inspirations du moment. » Y a-t-il des bijoux plus ardus que d'autres à créer ? Elle estime que la difficulté est la même pour fabriquer une paire de boucles d’oreilles ou un bracelet. Ses inspirations lui viennent essentiellement des tissus liberty. L'artiste s’inspire aussi beaucoup du travail des designers textiles tels que Anna Niestroj ou Eskayel. Là encore, c’est souvent grâce à ses études qu'elle découvre les idées et les motifs les plus pertinents.


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Le temps d'une passion Dès qu'elle a un peu de temps devant elle, entre les cours et les projets, Delphine s’installe dans son atelier pour créer ! Mais de son propre aveu : « Ce n’est pas toujours facile de combiner études et passion… » Sa priorité reste avant tout d’obtenir son diplôme de design ! Mais la création de bijoux lui demande beaucoup de temps, un temps dont elle ne réalise pas toujours l'ampleur. Elle consacre souvent un week-end entier à imaginer, créer et prendre les photos des dernières créations. Et elle ne compte pas les heures passées à la mise en vente et à la communication des bijoux sur le web… C’est une passion qui lui plaît vraiment et qu'elle espère pouvoir développer au maximum. Néanmoins, pour autant, elle ne pense pas en faire son métier...


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Les multiples casquettes du designer Il est certain que ses études en design ont de grandes répercussions sur son travail de création de bijoux. Cette formation lui a enseigné l'importance d'une communication graphique cohérente (logo, carte de visite, etc.) autour de son travail. Par ailleurs, ses études en design produit lui apportent beaucoup en terme de techniques et d’inspirations. Delphine fait régulièrement le va-et-vient entre ses projets pédagogiques et ses créations personnelles de bijoux. C’est toujours très enrichissant. Selon elle, la création de bijoux permet de s’ouvrir à un autre univers. Ce passe-temps c’est l’occasion de sortir des projets demandés par l’école et c’est toujours très plaisant de faire une pause et d’avoir une deuxième passion pour s’échapper un peu… En plus d'être designer produit, elle doit s'atteler à la communication visuelle de ses projets et elle est même amenée à s'improviser community manager !


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Être son propre imprésario... Sa communication passe essentiellement par le web. Elle se doit de tenir à jour l’actualité des bijoux sur les réseaux sociaux et sur un blog nommé recreativebijoux. L'artiste y présente ses nouvelles inspirations, ses dernières réalisations et les évènements programmés. Elle tient également depuis peu, un compte instagram, sous le pseudo recreativebijoux, sur lequel elle ajoute, en plus des photos de ses bijoux, des tutoriels diy (Do It Yourself !) pour réaliser elle-même des bijoux et accessoires. Pour démarcher les clients potentiels, tous les étés, Delphine participe à des marchés artisanaux près des bords de mer. C’est l’occasion pour la jeune artiste d’exposer ses bijoux et de rencontrer physiquement ses clients : « Le contact direct est bien plus bien agréable que sur le web. » Elle réalise également des ventes privées, essentiellement sur Le Mans, sa ville d’origine, mais des projets s'organisent prochainement sur Nantes !


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l'art de la mise en scène On n’y pense pas toujours, mais la mise en scène des bijoux et l’image que l’on donne de nos créations sont très importantes. Elle a donc cherché une scénographie à la fois simple et valorisante pour les photographies de ses productions. Le bois flotté possède des formes organiques et apporte un peu de douceur aux photos.


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la passion d'apprendre Pour le moment, la création de bijoux n’est qu’un hobby, Delphine a encore beaucoup de travail et elle ne pense pas pouvoir y consacrer suffisamment de temps pour développer une activité professionnelle. Mais l’idée reste dans un coin de sa tête et cela se concrétisera peut-être dans un avenir proche... Pour le mot de la fin, la parole est donnée à l'artiste qui a un petit conseil à glisser à ceux qui rêvent de volumes et de formes, ceux aux mains agiles et à l'esprit rigoureux... Bref, ceux parmi nos lecteurs qui se verraient bien designer : « Si les métiers du design te passionnent, n’hésite pas et fonce ! Être designer ce n’est pas seulement du 8h-17h, c’est un métier à temps plein. Alors, si j’avais un conseil à donner, ce serait de rester éveillé et curieux, d’être toujours prêt à découvrir et à apprendre ! »


IMMERSION

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Inès leroy galan

met en avant son travail photographique empreint d’érotisme, de transgression et d’ambivalence.


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NOISREMMI

Érectile MAGAZINE Numéro sept

INÈS LEROY GALAN IMMERSION Entretien réalisé par

Thibaut Renoulet SIte internet de l’artiste

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l'engouement autour du fait main Âgée de 25 ans, Inès Leroy Galan est photographe. Elle vient tout juste d’être diplômée en photographie à Gobelins, l’École de l’Image, après des études de graphisme, puis de textile à l’ESAA Duperré. Multiforme, sa production s’aventure aussi bien dans les domaines du textile, du graphisme, de la sculpture… Elle passe ainsi d’un projet à l’autre, d’un procédé à l’autre, au service de ses images.


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Elle n’envisageait pas la photographie, bien que tous ses travaux passaient déjà par l’image photographique comme prospection, comme support, ou aboutissaient à une image unique, finale. L’idée étant d’arriver à ce médium accessible et diffusable. Dans le cas d’installations ou de tissages, c’est une façon de quitter l’état figé de ces travaux, de rendre vivant leur contenu en le laissant se répandre, laisser d’autres s’en emparer, lui donner un nouveau souffle via le virtuel, et surtout un nouveau statut, une nouvelle identité.


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un rapport à la féminité Elle ne se laisse pas réduire à une définition et craint les positions définitives autant que les vérités toutes faites. Ainsi, si la féminité fait fil conducteur dans ses images, Inès cherche avant tout à créer une tension. Souvent en jouant sur une ambivalence entre esthétisme, douceur, et son sujet qui verse dans l’excès, la transgression et l’érotisme. Concrètement, ses différents types de traitements photographiques apportent une sorte de filtre aux images : très blanches, épurées, lisses, très propres ou floutées, avec du grain, vaporeuses.


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Une représentation telle quelle de la réalité ne l’intéresse pas. Inès cherche à intriguer, perdre, mettre mal à l’aise pour créer une accroche avec celui qui regarde et l’amener à s’interroger. Elle aborde des « sujets qui fâchent ». Derrière la légèreté apparente avec laquelle elle produit ses images se cache un vrai désir d’interpeller le spectateur, de le maintenir en éveil, sans forcément avoir à expliquer.


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un soi introverti avec autrui Inès aborde ses images de deux manières différentes. Elle peut travailler de façon très rigide, calculée, croquée au détail près, ce qui requiert souvent beaucoup de photomontages. C’est généralement en partant d’une image en tête, très précise, qu’elle va restituer de manière exacte. L’occasion pour l’artiste de retranscrire métaphoriquement des moments de sa vie ou de la vie de proches qui la touche brutalement. La perméabilité entre son vécu et ses œuvres ne l’effraie pas. Elle constitue au contraire un aspect essentiel de son processus créatif. Si elle puise ainsi son inspiration, c’est avant tout parce que c’est un moyen d’ouvrir un soi introverti avec autrui.


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C’est de là que découle sa seconde approche de la photographie, beaucoup plus spontanée et expérimentale. Plutôt que de tenter de tout maîtriser, elle laisse les situations, certains événements, déclencher les images.

Je veux rendre beau ce qui ne l’est pas forcément, montrer aussi des sujets tabous.


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érotisme et transgression L’art est un tout dans sa vie qui l’enrichit continuellement, et depuis toujours, la tient éveillée au monde. Beaucoup d’artistes l’ont marquée pour leur vision, leur discours, une démarche, un but, qu’ils soient contemporains ou non, dans tous les domaines.

Un univers artistique entre érotisme et transgression qui peut se rattacher au surréalisme


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Ils l’inspirent rarement dans ses productions, excepté pour ce qui est de la littérature, qui accompagne tous ses projets. Pour ses inspirations, elle compile tous les ans sous forme de boards toutes les images retenues, sorte de pêle-mêle trouvé aux détours du web, ou des captures prises dans les expositions d’un détail, d’une forme, d’un cadrage particulier. Ce qui lui donne un ensemble d’ambiances, de références de matières et de chromies.


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des envies de rencontres Inès Leroy Galan collabore souvent avec de jeunes créateurs de mode. Récemment, elle a été sélectionnée pour la Bourse du Talent mode.


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Elle travaille en free-lance, comme photographe et opératrice numérique. Elle souhaite évoluer dans des univers variés, auprès de photographes différents, voyager, apprendre encore, et se faire riche de nouvelles rencontres. Elle ne se focalise pas pour l’instant uniquement sur son travail personnel. Affaire à suivre !


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Érectile MAGAZINE numéro sept Retrouvez dans chaque numéro d’Érectile Magazine une thématique proposée par l’artiste de couverture autour de laquelle ce dernier invite les autres créateurs publiés à réfléchir. Le support, le format et les médiums sont totalement libres. Les artistes sont alors détachés de toutes contraintes et peuvent ainsi s’exprimer comme bon leur semble.

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Alexandre Léger

L’horoscope quotidien me fascine par sa capacité à générer des « histoires ». J’y vois surtout une base de données, de mots, de combinaisons qui sont plus ou moins subtilement agencés pour générer les horoscopes. C’est parfois vraiment absurde !C’est une météo psychologique, qui ne tient pas compte du passé, et ne s’embarrasse pas de savoir si il y a une quelconque cohérence chronologique. Je me demande d’ailleurs si ce n’est ou ne devrait pas être traité par des logiciels ?


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Marjorie Mailhol


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miloud kerzazi

Pour les Grecs, la constellation des Gémeaux représentait Castor et Pollux, les frères jumeaux d'Hélène de Troie. Les Romains y voyaient Romulus et Rémus. Les Gémeaux étaient l’une des 48 constellations identifiées par Ptolémée.


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Claire de la Bernardie

Sous Le Signe Du Chaton – avec Méline et Finn. « Mon petit ours à grosses joues... Fine... Fine chatte... Mon pigeon bleu... Démon couleur de perle » La Chatte de Colette


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mademoiselle zim

L'horoscope du Gamer – Mademoiselle Zim J'ai décidé de dessiner un horoscope tout entier avec des personnages issues de la culture populaire (parce que c'est tout ce que je connais). J'ai d'abord pensé aux héros disney avant de réaliser que ça avait déjà été fait et refait et re-refait environ un demi-milliard de fois. Finalement, je me suis dit qu'avec des personnages mythiques de jeux-vidéos , ce serait bien plus élégant et charnu.


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DELPHINE HUART

Une canne fimo dont les motifs sont des béliers stylisés inspirés du signe astrologique éponyme.


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Érectile MAGAZINE numéro sept Retrouvez dans chaque numéro d’Érectile Magazine une thématique proposée par l’artiste de couverture autour de laquelle ce dernier invite les autres créateurs publiés à réfléchir. Le support, le format et les médiums sont totalement libres. Les artistes sont alors détachés de toutes contraintes et peuvent ainsi s’exprimer comme bon leur semble.

horoscope Alexandre Léger Marjorie Mailhol Miloud Kerzazi Claire de la Bernardie Mademoiselle Zim Delphine Huart ÉR

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Érectile MAGAZINE numéro SEPT Cette rubrique est une véritable porte ouverte aux jeunes créateurs souhaitant participer à l’aventure Érectile Magazine. Dans chaque numéro, il est proposé à qui le veut de venir illustrer une citation que nous proposons dans le médium de son choix.

citation "rêver, c'est se désintéresser" – Henri Bergson

Veronica Comin v-vero.tumblr.com

The Stroobs

http://thestroobs.blogspot.fr

Deseo

http://deseone.tumblr.com

MalMoul CRéATION

https://www.behance.net/MalMoulCReATION

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Veronica Comin v-vero.tumblr.com


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The Stroobs

http://thestroobs.blogspot.fr


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Deseo

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MalMoul CRéATION

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