DNSEP 2017

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Chaque école d’art est un univers. Et chaque étudiant présente, lors du DNSEP, son univers. La traversée, pour les membres du jury, peut sembler vertigineuse. Car les univers des DNSEP art et design de 2017 furent particulièrement variés. De la peinture à la performance ; de la Chine à l’Ile Maurice, en passant par Monument Valley ou le Mont Ventoux ; du gothique pop à l’ineffable zen ; du cri animal à la conférence performée (sans oublier la sérigraphie dans tous ses états) ; de l’infiltration des réseaux sociaux à l’intervention en unité de soins palliatifs ; du design culinaire à la poétique de l’usure : les expériences des étudiants ne se ressemblèrent que par la volonté singulière qui en était le moteur. Loin des modes et des formats attendus, les étudiants nous ont invités à partager leurs préoccupations, à suivre les méandres de leur pensée, à plonger dans les affres de leurs obsessions — parfois, pour certains, au risque de nous perdre… Inlassablement engagés, enthousiastes et de bonne humeur, les membres du jury — Simon Boudvin, Xavier Boussiron, Vanessa Theodoropoulou et Mathilde Villeneuve pour l’option art, Elena Biserna, Sophie Bellé, Jörn Bihain et Martial Marquet pour l’option design — se sont montrés à la hauteur de l’aventure. Nous les en remercions vivement. Pendant les deux ans menant aux DNSEP, les coordinateurs, avec l’équipe des enseignants, avaient accompagné les étudiants dans leurs trajectoires et leurs dérives. Tandis que les idées germaient, la matière se travaillait, et les projets prenaient forme, des pratiques trouvaient leurs premiers mots. À la fois pépinière, laboratoire et plateforme, l’école aura été une étape d’un parcours de vie, si ce n’est le premier pas d’une carrière d’artiste. Un lieu, donc, mais aussi un temps, de recherche et de réflexion, mêlant échanges et désirs. Cet ouvrage est un recueil de quelques traces de ce passage. Anna Dezeuze et Frédéric Pradeau, Coordinateurs de l’option art Philippe Delahautemaison, Coordinateur de l’option design


Mathieu Aimon

6

Chloé Goyard

40

Thomas Bataille

8

Alice Griveau

42

Clara Buffey

10

Shijian Han

44

Lia Calleri

12

Wu Hao

46

Won Jin Choi

14

Jingjing Huang

48

Grégoire Cviklinski

16

Esther Isidore

50

Jonathan Dalphin

18

Chloé Jacquelin

52

Léa Dey

20

Wen Jiliang

54

Sophie Durastante

22

Mélanie Joseph

56

Tiphaine Durbesson

24

Ji Na Kim

58

Julie Esplandes-Vergez

26

Tzu-Chun Ku

60

Diane Etienne

28

Tom Kuhlmann

62

Estefany Fajardo Gutierrez

30

Julien Lamy

64

Lou Fillion-Nicollet

32

Louise Lejeune

66

Émilie Fradella

34

Tiancheng Li

68

Hugo Fuchs

36

Yuhang Li

70

Primavera Gomes Caldas

38

Ivan Loisy

72

Clémence Mimault

74

Meeksuma Nayeck

76

Nicolas Perez

78

Jean Gérard Julian Ratinon

80

Anne-Laure Vincent

82

Étienne Voisin

84

Jiajun Xu

86

Yunxue Zhang

88


MATHIEU AIMON DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

P6


THOMAS BATAILLE DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

P8


CLARA BUFFEY DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

P 10


LIA CALLERI DNSEP option art

Sans titre, 2017, tirages numériques, papier premium, dimensions variables, 2017, plaques de métal sérigraphiées et oxydées, 40 x 40 cm

lia.calleri@gmail.com

P 12

J’ai l’impression de n’être jamais assez près. Quelque chose se crée entre distances et perception de l’espace, des choses se passent, ce sont elles que je choisis d’explorer. (extraits du mémoire de DNSEP) L’été dernier, je me suis rendue dans les réserves Lakotas de Pine Ridge et Navajo en Arizona pour réaliser un projet sur les Indiens d’Amérique du Nord . Au départ, l’idée était de faire de nombreuses photographies des lieux et des personnes que je pensais y rencontrer. Ce fut un total échec. Je me suis retrouvée à collecter un grand nombre d’images, à improviser en faisant des photos clandestines et volées jusqu’à obtenir des images archétypales de gens et de paysages. C’était devenu une sorte de cueillette impulsive. Les images clandestines s'imposent peu à peu comme la colonne vertébrale du projet. Ce qui est visible, ce sont les incessantes marches des Indiens le long des routes. Ils me tournent le dos, il m’échappent et refusent la rencontre. Elles traduisent ma première expérience américaine, celle d’une méfiance des habitants vis-à-vis des inconnus. Ils ne se laissent pas photographier. Il y se dresse une frontière entre eux et moi. Nous appartenons à deux mondes différents.


WON JIN CHOI DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

P 14


GRÉGOIRE CVIKLINSKI DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

gregoire.cviklinski@live.fr

P 16

Dans une déambulation dans la ville -ellemême décor d'une aventure humaine, je m’intéresse particulièrement aux friches industrielles, englobant l’imaginaire qui découle de ces « lieux vagues » et ruines modernes.

La société actuelle fonctionne sur un schéma utilisation/obsolescence s’appli­quant non seulement aux produits de consommation, au patrimoine mais aussi aux individus acteurs du territoire. L’histoire de l’industrie et de ses ouvriers fait partie intégrante de la mémoire collective, mais demeure trop souvent oubliée.

Mon travail s'inscrit précisément dans une thématique plus large qu’est le déchet, l’immondice, le rebut, que ces sites ont engendrés et génèrent encore, étant eux-mêmes de l'ordre du déchet économique et pro­ducteurs de pollution. Cet objet d’étude révèle de manière forte le comportement humain face aux détritus en les considérant comme les résidus de processus de production, de transformation, ou d’utilisa­tion : toute substance, matériau, produit, et plus généralement tout bien délaissé ou que son détenteur destine à l’abandon. Nous pouvons alors nous glisser dans les non-dits d’une époque, et ainsi en dévoiler les intentions et les affects de ceux qui jettent aussi bien que de ceux qui collectent. S’interro­ger sur le déchet revient à se pencher sur la société tout entière quant à sa politique de traitement et sur les décisions d’ordre économique et social qui en découlent, quand la préoccupation environnementale s'absente au profit de l’aspect pécunier. La friche industrielle représente ainsi un exemple de nos politiques sociétales d’une manière pertinente. C’est donc dans ce terreau que mes préoccupations artistiques se déploient en considérant les lieux, les objets, comme traces de vie, comme reliques, entrant dans une mémoire collec­tive qui tend à se dissiper.

En parcourant le tissu industriel, à la manière d’un archéologue, je photographie les lieux, recueille des traces, collecte des objets, rassemble des archives laissées, pour in fine recréer un environnement basculant entre parc d’attraction et déchetterie. Le travail prend différentes formes par le biais d’installations où la profusion d’objets et autres reliques qui se conglomèrent construit des amas perturbants ; par la technique de xylogravure en utilisant des analogies liées au lieux ; par la création de séries de sérigraphies (en quadichro­mie) irradiées où couches après couches, avec des gestes propres à ce médium, je mets en œuvre un jeu de vides et de pleins qui perd certaines parties des images au profit des motifs, reprenant les codes couleurs du marketing.


JONATHAN DALPHIN DNSEP option design

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

P 18


LÉA DEY DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017 Schémas/photos, 2017, divers planches de divers bois, peinture

léa.dey@laposte.net

P 20

« La fréquentation assidue d’objets banals peut être à l’origine d’une multitude de sensations et d’associations, de relations avec les traces de la vie collective et privée. Partir de ce qui est évident et banal signifie s’engager dans la voie d’une appropriation complète de l’humain, arriver à un partage des choses, donner en quelque sorte la parole aux objets. La muséification de l’existence met en œuvre la fascination, la suggestion, l’attraction, des totems et outils en dehors des préoccupations utilitaires. » Les Musées sentimentaux de Spoerri, article sur tableauxpieges.overblog.com

Ma pratique peut se définir simplement en l'arbre heuristique :


SOPHIE DURASTANTE DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

P 22


TIPHAINE DURBESSON DNSEP option art

I AM NOT MY NAME, 2017, performance 5’20’’ vocalisations, vidéoprojection

tiphaine.sson@gmail.com www.tiphainesson.com

P 24

Partant d’une imitation, comme celle du miaulement aigu d’un chaton, je transforme et j’étire vocalement le son jusqu’à-ce qu’il devienne cri, un cri monstrueux et indéfinissable, faisant émerger de multiples évocations. Deux immenses projections de visages peints se provoquent l'un l'autre en émettant des sons intenses. Placée entre eux, j’essaie de rétablir une harmonie sonore en vocalisant à mon tour des sons tantôt chantés, tantôt gutturaux, tantôt suraigus. L’ombre portée dessine derrière moi la découpe d'une silhouette surdimensionnée qui surplombe les deux têtes et accentue les gestes de mon corps semblant pris dans un conflit intellectuel articulé sans langage. J’ai besoin de chanter, de crier, de gémir, de respirer comme les êtres, les choses et les éléments le font autour de moi. C’est par la voix que je vibre en harmonie avec le monde qui m’entoure. Le travail de cette voix par la mise en scène de mon propre corps dans la performance me permet de me libérer du langage ou de l’harmonie du chant — la musique — et de l’envisager comme une matière sonore capable par nature de faire ressurgir des sensibilités refoulées ou inconnues et de solliciter des émotions. La voix est le prolongement invisible du corps. Elle développe une capacité de diffusion omnidirectionnelle et porte les affects du vécu. Un cri est aux oreilles ce qu’un corps monstrueux est aux yeux. Le cri peut entre autres renvoyer brutalement à des sentiments de détresse ou d’agression, réduits au silence par le confort de vie moderne. Une voix peut être douce et harmonieuse et provoquer des sensations agréables, mais quand elle prend

la forme de sons étranges, voire celle d’un cri, elle peut générer un grand étonnement ou faire réapparaître des images et des sentiments totalement enfouis. Dans mon travail, je tiens à aller au coeur de la matière que je mets en œuvre — substance pouvant être sonore, vocale, filmique ou picturale. J’ai besoin d’étirer cette matière au maximum, de creuser profondément à l’intérieur jusqu’à découvrir comment elle résonne réellement. J'ai besoin de voir comment, par l’action d’étirer, de creuser, de briser, de frapper, et de voir comment, par l’étonnement, le décalage, et la sensibilité, il est possible d’accéder à des sons et des formes nouvelles et insolites.


JULIE ESPLANDES-VERGEZ DNSEP option design

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

jesplandes@gmail.com

P 26

L’ambivalence de l’usure

« L’usure révèle la valeur identitaire, cognitive et évolutive des choses. C’est un enrichissement de la matière à considérer. Nous devons nous autoriser à user nous-même, à nous responsabiliser face à la révélation de la qualité de l’usure. Abîmer ne doit pas être un frein à nos choix mais peut être davantage un stimulant. »

« Le monde matériel dans lequel nous vivons voit sa durée de vie toujours limitée. Dans cette grande obsession du temps qui passe, c’est d’abord le devenir des choses qui nous préoccupe. Comment cela va-t-il évoluer ? Avons-nous une maîtrise sur les choses, le temps, la vie ? Pourrions-nous tout figer ? Cela peut même en devenir absurde. Pourtant nous sommes obligés de nous rendre compte que ce qui est parfois souhaité, c’est cette immobilité des choses face à la crainte d’un avenir incertain. C’est dans ce monde-là que règne l’usure matérielle. Ce phénomène naturel s’impose et vient rappeler sans cesse l’impermanence de l’existence. Dès son apparition, elle vient changer la donne quant aux propriétés des choses, rendant leur vieillissement apparent. Le matériel ne peut échapper à ce processus de vie. L’usure vient ainsi le condamner. » « L’usure vient démontrer la réalité de l’existence et nous inscrire dans cette réalité. Le choc des temporalités que met en place l’usure montre sa capacité à vivre que nous devrions davantage suivre. Nous éviterions le renouvellement constant par du neuf quand cela est possible, ou encore d’essayer de rendre les choses immuables et nous bercer ainsi d’illusion. Les choses qui s’inscrivent dans la réalité du temps ont un intérêt de durabilité en redonnant la place légitime au temps qui passe dans la conception matérielle. » « Penser l’usure dans la conception des éléments permet d’envisager sa modification comme un avantage. »

Les propositions de mon diplôme sont des réflexions sur des materiaux, comme le bois, le charbon, le plâtre et le textile, et les propriétés physiques de chacun qui viennent amener des modifications et révéler des possibilités de projet. Par d’observations rigoureuses, l’écoute de la matière permet une nouvelle appréhension de celle-ci. Le bois, en fines planches, se déforme et grise avec le temps. Je crée un jeu entre peau et ossature pour jouer sur ce que les modifications viendraient révéler naturellement. Entre plein et vide, lumière, couleur, cet apport graphique donne une autre vision d'une altération qui devient ici positive. Le charbon et le plâtre de contenants s’effritent, les formes des uns comme des autres se redéfinissent, leurs confrontations et leurs interactions questionnent les notions de fragilité et de traces. Ils influencent leur modification qui passe par une coloration — noir/blanc — et leur destruction ramène l’objet à son état initial de poussière. Le textile d’habillage des produits acoustiques de TEXAA se déforme à la chaleur à laquelle je le soumets volontairement. En des points bien définis et dans un motif répété, je compose une dynamique et vient redéfinir l’objet initial avec des jeux d’ombres pour la création de luminaires.


DIANE ETIENNE

Quand soudain, 2016, 300 x 400 cm, encre sur tissus teint, bois, corde-vue de l'installation à Saint Pierre de Chartreuse

DNSEP option art

Sans titre, 2017, édition 210 x 297, 30 pages, monotype sur feuilles de passe

diane.etienne@laposte.net http://dianeetienne.tumblr.com

P 28

J'ai grandi dans le creux du massif de la Chartreuse ; la glaise, les torrents, les écorces d'épicéas et les lignes vertigineuses des falaises furent les complices de toute mon enfance. Les techniques de gravure que l'on m'enseigna à l'École Estienne furent un tournant dans ma pratique du dessin et de l'image imprimée, de part leurs qualités graphiques et esthétiques mais aussi pour ce pouvoir reproductible qui m'amena très vite à m'intéresser à l'espace du livre. Si aujourd'hui mon travail de gravure s'oriente principalement vers la xylographie c'est que cette technique rend possible de grands formats et instaure, pour le graveur, une forme de bataille corporelle avec la matière bois. Depuis quelques années je m'interroge sur la manière de faire exister mon travail dans l'espace, sans me contraindre aux murs comme seuls supports d'accrochage qui pour moi instaurent un parcours trop strict et sans flexibilité aux yeux du spectateur. Ces questionnements me permettent d'envisager le dessin dans des jeux d'installations, et d'établir un décloisonnement du format en produisant alors des images de grande dimension. La narration, moteur de certains de mes travaux est peu à peu déconstruite au profit d'images articulées par des jeux de formes, de motifs, de signes et de trames brouillant ainsi la limite entre espace réel et espace représenté.

À la linéarité des murs je préfère m'intéresser aux parcours multiples proposés par l'installation. L'envers, l'endroit, la succession des plans et le parcours du corps spectateur est devenu pour moi nécessaire dans mon envie d'appréhender l'espace. La modularité de mes pièces dans l'espace d'exposition et leur autonomie, que je mets en place par le biais de structures et constructions se poursuit dans mon travail d'édition à travers l'espace du livre. Le livre, que je conçois comme un objet total, me permet d'introduire la notion d'échelle de manière plus affirmée (par des jeux de transpositions mais aussi par son rapport direct, intime au lecteur et par sa diffusion). La temporalité rythmée par les pages, les différents papiers et les choix de mises en pages sont autant de paramètres qui me renvoient au travail d'installation dans l'espace tridimensionnel.


ESTEFANY FAJARDO GUTIERREZ DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

inha245@gmail.com https://deux45.wordpress.com/

P 30

La balle Comment l’expliquer ? Je ne veux pas dire qu’il n’y a rien en moi, mais on ne peut pas nier qu’il s’agit là de quelque chose de l’ordre de l’invisible. Quelque chose qui me remplit et qui m’entoure, comme elle le fait aussi avec tout dans ce monde. J’avoue, il y a des moments où ça me déconcerte. En effet, si je ne suis pas vide ni à l’intérieur ni à l’extérieur, comment je peux faire la distinction ? Dedans, dehors. Ces deux espaces sont séparés seulement par la finesse de la surface élastique qui rend tangible ma présence. Parfois je crois qu’à l’intérieur j’ai le monde et que dehors il n’y a que de l’air, et cela me fait plaisir. J’aime bien ressentir la respiration de tous ces gens à l’intérieur, je reçois les vibrations des bruits qu’ils font et les subtils changements dans l’air provoqués par leurs mouvements. Alors, je me sens remplie par l’énergie de tous ces corps qui n’arrêtent pas de se transformer. Le contact c’est la seule chose qui me remet à ma place, c’est ça qui me rappelle que tous ces événements du monde se passent en dehors de moi. Au début ça me rend triste, mais après quelques instants je retrouve le bonheur, car cela fait plaisir d’être soi-même. Vous voyez ? Dans le moment où j’arrête d’être tout je deviens moi, j’existe. Je reconnais ma propre corporéité en relation au contact avec les corps extérieurs. C’est pour ça qu’au début je suis paume de main, mur, avant-bras, herbe, bout de pied, poussière sur le trottoir, genou… et dans la mesure où j’accumule les points de contact je commence

à comprendre qu’en vérité je suis cette surface arrondie, sans début et sans fin, imprégnée de tout ce qui me touche. Comme les flux d’air d’une respiration, toutes les choses qui s’imprègnent en moi je les propage avec légèreté. Ainsi, grâce à moi et sans l’apercevoir, elles prennent contact entre elles. Chaque trajet que je trace entre deux points de contact est un pont invisible et aussi une invitation. Aux hautes mains tendues qui m’attendent, aux jambes étendues qui me cherchent, au sommet de tête intrépide qui me suit, je les invite tous à répondre, à devenir jeu. Quand ils acceptent c’est le bonheur absolu ! Je glisse et rapidement je continue à tracer, avec toute simplicité, l’architecture intangible des interactions qui nous entourent. Extrait de Catalogue d’objets synecdochiques, projet de mémoire du DNSEP.


LOU FILLION-NICOLLET DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

lounicollet@hotmail.fr http://lou-nicolle-et-les-autres.tumblr.com

P 32

Mon travail s'élabore à la croisée de la photographie, de la sérigraphie, de la vidéo, et du son. Ces différents médiums me permettent d'explorer les possibilités de l'image fixe et animée, de représenter un espace imaginé, multiple, de donner forme à un nouveau paysage. Mes recherches théoriques et pratiques se concentrent depuis plusieurs années sur la notion de paysage, espace ouvert à de multiples définitions possibles. Quel est cet espace que je traverse et que je regarde ? Le paysage n'est pas pour moi qu'un espace objectivé, mais plutôt la relation de notre passage inconditionnellement en un lieu. Au travers des formes sensibles qui se détachent, les motifs paysagers sont ré-utilisés ici et détournés pour créer un nouveau paysage qui soit institué par le regard. Un “paysage relation”. Une volonté de plonger celui qui regarde au cœur de ces différents espaces perceptifs, afin qu'il puisse interroger sa place au milieu de tout ça, voire la remettre en question en toutes circonstances. Habiter ? Être simplement ? Être sûr que le monde existe bel et bien derrière les portes fermées, derrière l'appareil photo, que l'on peut le retenir sur un bout de pellicule, le montrer et le garder dans nos têtes et dans nos oreilles. Et constamment le transformer. Transformer le monde, afin de se le ré-approprier.

Habiter le monde et ses milieux. S'attarder devant les paysages, s'arrêter dans les campagnes et les villes, subsister avec ce que l'on nous offre. Quelque chose se passe lorsque l'on se rend compte que le fameux « Qui suis-je ? » s'oppose au plus profond et troublant « Où suis-je ? ». Dans les lacs et les reflets, il y a des mondes. Dans le fond de nos yeux, il y a des mondes. Du coin de l'oreiller à la plus haute tour de cette ville, encore des mondes. Partout des mondes que l'on habite, sans toujours s'en rendre compte. C'est en étant perdu que l'on regarde enfin autour de soi. Ils ont décidé de se perdre, pour se réaliser. Travailler là ou ils habitent et ne pas habiter là ou ils travaillent. Regarder les détails, les recoins, les petits et les grands ensembles. Et se rappeler de la joie. Comment habiter vraiment quelque part ? Alors que nous nous attachons parfois à un recoin de forêt ou à un chemin à peine découvert, plutôt qu'à nos lieux de vie quotidiens. Habiter, n'est-ce pas d'abord poser son regard quelque part ? Je regarde les paysages qui se présentent à moi, je regarde ceux qui marchent devant moi. Je photographie ceux qui se regardent et qui s'habitent un moment donné. Monter la montagne à pied, chuchoter dans les chemins, s'arrêter n'importe où. Pendant plusieurs années, nous avons parcouru le monde à la recherche du bon endroit.


ÉMILIE FRADELLA DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

P 34


HUGO FUCHS DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

P 36


PRIMAVERA GOMES CALDAS DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

gomescaldasprimavera@hotmail.fr http://gomescaldasprimavera.tumblr.com/

P 38

Le cyborg est “une création bancale, qui surgit dans une structure et la dérange par sa nécessaire inadéquation. Cyborg ne fait sens que pour signifier, dans un monde qui exige des divisions claires et qui recherche la pureté, l’inanité des catégories même à partir desquelles on l’analyse et on l’institue”. La philosophie cyborg, Thierry Hocquet, 2009 Ma recherche plastique se développe, d’une part, autour de la machine comme corps hybride dans une société cyborg où les corps s’interchangent au gré des transformations sociales, politiques et technologiques. Car bien que la machine ait été, et soit encore aujourd’hui définie principalement en des termes d’aliénation, c’est d’abord à mon sens une histoire d’émancipation. De corps émancipés, dont les combinaisons sont un infini de possibles. Un corps en recalcul perpétuel, en mouvement quasi perpétuel. Je récupère dans la ville et ses périphéries, des photos de machines et d’objets de toutes sortes, grues gigantesques ou bras mécaniques presque monstrueux, que je décortique et réassemble par le dessin et la peinture. Ce processus s’intègre dans une longue réflexion autant sur la peinture que sur le système sociétal contemporain. Les principes de rétroactions et de recalculs perpétuels sont l’unes des portes par lesquelles je réfléchis l’une et l’autre. La peinture comme un espace de pensée perpétuellement remise en cause (par ses repentirs et ses capacités stratigraphiques) ; et les sociétés humaines comme énormes machines infiniment hybrides dont le système calcule perpétuellement son équilibre en avalant ou en gardant en périphérie des protubérances machinales. Extrait du mémoire

Principe d’incertitude Essai critique et manifeste sur la création contemporaine En prise avec un quotidien saisi d’une peur sourde, fait de répressions, de règles et de lois chaque jour plus restrictives, d’exercices préventifs de fouilles au corps, de détecteurs, de scanners, et de WARNING ; j’ai ressenti le besoin urgent, le désir de mettre des mots sur un courant d’idées et d’actions de résistance que je sens parcourir toutes les strates de la société. Particulièrement celle des artistes (acteurs majeurs — je veux y croire — des plus belles révolutions) dans laquelle j’évolue et à laquelle je veux apporter mon énergie.


CHLOÉ GOYARD

Liens, 2017, 30 x 25 cm, tissus, sangle, boucle en acier, tilleul

DNSEP option design

Longs couverts, 2017, 90 x 35 cm, tilleul, tissus, couverts en acier, peinture, vernis

goyard.c@gmail.com

P 40

Nos habitudes alimentaires ont évolué depuis le Moyen Âge. Nous rencontrons dans nos assiettes les saveurs du monde entier. Les régimes alimentaires se sont transposés. Nos cuisines se sont transformées. Ce que nous faisons au sein de ces espaces également : nous mangeons de manières différentes, dans des lieux différents... Dire que le milieu culinaire a progressé est indéniable. Mais qu'en est-il de notre attitude, de nos habitudes à table ? Est-ce qu'une évolution équivalente a eu lieu ? Sommes-nous en train de la vivre actuellement ? C'est à travers plusieurs objets-manifestes que je pose la question de l'actualité de notre commensalité et de la perception de celle-ci. Ce projet est pour moi une manière de prendre du recul, de trouver les points d’autonomie, de questionner les fondamentaux qui sont à la base de l'acte de manger en société. Le modèle alimentaire français est reconnu comme l’un des plus figé et protocolaire. Que ce soit dans la communication avec l’autre, la place du corps dans l’espace, la communion des individus. Abordant ces paramètres, j’ai élaboré des dispositifs qui suscitent des problématiques, issus d’intuitions que je développe par la suite. Outre un questionnement sur la sémiotique du repas et ses contextes, j’aborde aussi la capacité de l’utilisateur à décrypter ses habitudes.


ALICE GRIVEAU DNSEP option art

Suis-je en train de me battre ?, de 2013 à 2017, techniques mixtes

alice.griveau@gmail.com http://griveaualice.blogspot.com

P 42

Suis-je en train de me battre ? Cette installation est un chantier (de construction/d'archéologie), comme un dessin en train de se produire, une histoire en cours d'écriture. Elle se déploie dans l'espace et dévoile un ensemble : le continuum des questionnements qui ont traversé mon esprit. Depuis le premier jour où je me suis posée au sein du studio LAÏKA (atelier de sculpture), jusqu’à celui de mon diplôme, je n’ai cessé de chercher un moyen de « rentrer » dans la sculpture. Rentrer dans la sculpture, c’est s’engager dans la dimension physique de notre monde. Dans ce qui serait son poids, son volume… revenir à sa condition en tant que matière. De cette « matière-monde », j’en ai extrait une forme propre d’archive. Je l’ai explorée, parcourue, expérimentée et transposée à mon échelle afin d’en proposer une nouvelle lecture. Ce processus de recherche est donné par les œuvres et les documents qui le constituent et le continuent. Tour à tour, le corps, l’espace, la trace se combinent et me mènent… dans un mouvement qui veut remuer les choses, remuer les couches. À travers et par des sensations et des phénomènes, des surfaces, des matières, des gestes, des ombres et des lumières, comme autant de chapitres qui nous permettraient de construire un présent immédiat. En ignorant l’image, en épuisant les gestes et leurs traces, j’étiole les limites de la matière afin de trouver le moyen d’accéder à quelque chose qui nous dépasse pour le faire apparaître : la perte, symptôme d’un monde où il semble difficile d’être.


SHIJIAN HAN DNSEP option art

Sans titre, 2017, 3’07ʼʼ, vidéo, Marseille Sutra du coeur, 2016, 2’40’’, vidéo, Marseille

timefroid@gmail.com www.hanshijian.com

P 44

Mon travail porte une réflexion sur les notions croisées de situation, de lieu et de temps. Cette interrogation sur le temps propose une pensée singulière sur l'espace et la continuité ou la discontinuité temporelle. Le temps selon moi est une composition structurée d'innombrables instants différents car Passé, Présent et Futur existent déjà. J'élabore de manière systématique un protocole pour travailler. J'ai toujours pensé que la création artistique est une conception dont la réalisation est non-conditionnée par son seul artiste. Je crée une règle et c’est cette règle qui crée les œuvres. En somme, mon travail développe ces deux notions : la simultanéité et l’ubiquité.


WU HAO DNSEP option design

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

P 46

Je suis Chinois. Je suis en France depuis 5 ans. Je vis à Marseille depuis 4 ans. Cette ville m'a dès le début de notre histoire commune beaucoup intéressée. J’essaye de la connaître et la comprendre à travers mon travail. Ces deux dernières années plus spécifiquement, j’expérimente les éléments naturel du territoire et les sensations qui s’y rattachent : la lumière, l’eau (avec la mer), et surtout le vent (le Mistral). Comme il est très typique de la région, jouer avec lui est pour moi une manière de collaborer avec l’environnement. À la manière d'un artisan, j’ai donc travaillé avec la terre, la glace, les éléments de façon générale mais je me suis au final concentré plus particulièrement sur le vent. C'est notre histoire que je souhaite raconter. Son titre est Feng, un mot traditionnel chinois composé des idéogrammes « ciel » et « air », qui signifie un grand oiseau qui vole dans le ciel. Feng évoque le bonheur. Notre histoire dans un premier temps — moi et le vent — parle de la nostalgie, du bercail (chez moi, « Chu »). Je suis chinois mais je me considère plutôt « Chu-nei » — c’est l’ancien nom de ma région, une nation indépendante dans l’histoire de la Chine. Ce nom est composé des termes désignant « petite forêt » et « pied ». Ses habitants sont installés dans de petites forêts qu'ils arpentent à pieds. C’est une contrée riche en plantes, lacs et fleuves mais c’est aussi une terre triste où de nombreuses guerres ont par le passé fait fuir les habitants. Quand je pense à mon pays et à cette région, c’est un vent très spécial qui me vient. Un vent qui n’est ni froid en hiver ni chaud en été, mais très humide. C’est un vent unique en Chine, très différent du Mistral de Marseille qui est fort comme le Ricard.

Le vent de Chu est timide et mélancolique, peuplé de nuages gris en toutes saisons. Je peux y sentir l’humidité du vent, la ressentir sur mon corps. Ces odeurs et ces sensations physiques rémanentes m'assaillent à chaque fois qu'un vent me touche, quelque soit le lieu où je me trouve. Le vent emporte le souvenir de mon pays : le vent nostalgique. Dans un second temps — le vent et moi — notre histoire fait écho à de nombreux poèmes de Chine sur le vent. À l’origine, ce sont des chants destinés à exprimer de manière lyrique des sentiments. La métaphore y est une figure essentielle, elle permet de traduire une émotion à travers un objet, un paysage, une histoire, une peinture, une saison, une musique, une guerre, etc. Le vent est une source de métaphores riche de sens. Il est un élément abstrait, employé souvent par le poète pour exprimer la nostalgie, un paysage, une saison, un amour, une guerre, une émotion, une ambiance, un/une ami(e), un travail, un bonheur, une ville, etc. En découvrant Marseille, je me suis rappelé des poèmes chinois parlant du vent. Le Mistral est un vent insaisissable que j'ai décidé de mettre en poésie pour traduire les émotions que je lui associe et que j'ai également illustrées par des peintures. À travers le Mistral s'exprime ainsi ma vision de Marseille.


JINGJING HUANG DNSEP option design jingjinghuangr@gmail.com

L’idee d’un tourisme narcissique Plutôt que d’aller à la découverte de lieux et de paysages, j’ai décidé de partir pour un voyage narcissique. J’ai abandonné appareil photo, carnet de voyage et cartes postales. Je désirais laisser mes traces et retrouver ma propre image, les preuves que j'avais bien été là. Je suis par exemple partie à Florence. J’ai essayé de me cacher dans la foule, de me placer sur les photos de touristes inconnus, d'une manière discrète. Je me suis également positionnée sous les caméras de surveillances autant que possible. Pour ensuite retrouver ces ego-moments « mes existences » sur Internet, notamment via Instagram. J’ai pour finir résumé ce voyage par un guide pratique qui indique les lieux et détermine les moyens de retrouver les images de son passage.

P 48


ESTHER ISIDORE DNSEP option art

Photographie sans titre extraite d'une série en cours depuis 2012, négatif couleur numérisé, dimension variable.

esther.isidore@laposte.net

P 50

On fait un bilan des kilos qu’il reste à ramasser, des victuailles qu’il reste à partager et enfin, on parle du temps. Nous avons jusqu’au matin pour être ensemble. Nous encerclons le feu, les assiettes se servent, les godets se remplissent, et chacun a des idées à raconter à l'infini. Souvent l'un de nous — poète évidemment — titube et déclame fort ses vers le verre brandi vers les étoiles. Les flammes très proches noircissent nos visages et finissent par assouplir nos colonnes courbées.

On ravive les braises rouges pour faire bouillir l'eau du café. Nos articulations craquent. Notre toux, c'est de la boue. Les oiseaux, les premiers rayons gelés qui percent, les truffes humides des copains bêtes, j'appelle et on me répond « oui oui oui, j'arrive ! », les fermetures éclair et les portes latérales glissent et le bal recommence, le bal des affreux aux lèvres noires, aux yeux pochés, aux membres tremblants, aux étreintes qui sentent le soufre et la fumée.

Je regarde dans un silence soudain mes amis en ronde et leurs sourires troués sont les miroirs de cette nuit noire. Le temps d'une respiration, d'un très bref rire, d'une syllabe bafouillée, tous, nous avons noyé nos pupilles dans les abîmes du foyer. Et puis ça repart de plus belle, ça n'a presque pas existé alors que chacun le temps d'une inspiration s'est vu naître et mourir. On se regarde, on fouille le fond de l’œil de l'autre comme celui qui trépasse cherche dans l'agonie le réconfort de la compassion d'une âme qui lui fasse face. Nos poignes s'accrochent si fort qu'on en valdingue, on rit, on se serre dans la suie, on se resserre jusqu'au bout de la nuit.

Extrait du récit Une journée, présenté comme mémoire au DNSEP.


CHLOÉ JACQUELIN DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

chloemadeleine@yahoo.fr

P 52

« Une récente étude biologique a montré la présence de caractéristiques physiologiques et d’un métabolisme proche de ceux des microorganismes. Cette espèce serait issue d’une infection bactériologique de grande ampleur, due très probablement à la surconsommation matérielle humaine. Les précédents travaux de biologistes ayant observé ces organismes, ont montré une difficulté à les classifier. Le débat sur leur nature — vivante ou inerte — reste ouvert et largement discuté dans la communauté scientifique. Ce présent document est le résultat d’une étude ayant pour but de caractériser et classer ces organismes selon leurs caractéristiques morphologiques. »

La destruction n’est pas négative, mise en œuvre pour faire disparaître, mais comme cause du devenir, une nouvelle naissance pour l’objet qui devient chose.

Vivants, ils sont vivants ! Les objets ont toujours été sujets à penser. Ils sont présents partout dans notre société. Notre environnement est contaminé par une accumulation d’objets fonctionnels ou purement esthétiques qui sont en général voués à disparaître, mais pas de manière systématique. Je me suis donc posé des questions sur les choses qu’on oublie, ces objets pérennes qui persistent dans notre espace urbain. Dans mon imaginaire, ils ont commencé à muter, à s’assembler. Ils sont devenus des choses hybrides qui se mélangent et cohabitent ensemble. Je me suis donc intéressée à des outils destinés à créer ou révéler des mutations propres à chacun de leurs composants. Ces recherches m’ont amenée à réaliser de nombreuses expérimentations violentes basées sur des rapports de forces entre matières appliquant des actions comme brûler, casser, couper, coudre ou encore lacérer.

Comme mon travail intègre une dynamique expérimentale à ma pratique sculpturale, le processus est aussi important que l’objet final. Il est là pour comprendre le résultat et attester une hypothèse. Comment de nouvelles formes, de nouvelles choses peuvent se lier et cohabiter dans un espace ? Le dessin est pour moi un terrain de jeu qui ne donne aucune limite à la sculpture. Ce médium m’a permis de concevoir des assemblages imaginaires pour créer des liens entre les matières et les objets. Il n’est pas ici question de croquis, mais plutôt d’une étude sur l’objet vivant ; où comment des liaisons peuvent se créer par la pensée. Au sein de cette nouvelle réalité, je vous invite à penser l’objet comme une sorte de molécule singulière qui, à la rencontre d’une autre, dans cet espace où elle prolifère, crée un nouveau spécimen, un objet vivant. Chloé Jacquelin, extrait de Specimens (mémoire du DNSEP), 2017


WEN JILIANG DNSEP option design

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

gelliam1989@gmail.com www.behance.com/gelliam

P 54

Clair — obscur Nous perdons souvent notre chemin dans la vie, et nous continuons à le chercher. J’ai étudié pour mon diplôme la signification d'une lumière figurative et abstraite, en travaillant la lumière de différentes manières. J’ai mis en œuvre la forme de la lumière figurative à travers la conception de trois objets convoquant trois actions différentes : couper, ouvrir, traverser. Les usagers se sont retrouvés dans l’obscurité. Mon mémoire est aussi une partie essentiel du dispositif de mon diplôme. Il représente la connaissance — la lumière abstraite, par la lecture de trois gestes : couper, traverser, tirer. La recherche de la lumière est un processus d’exploration et d’apprentissage, et la lumière est aussi une métaphore d’espoir. À travers mon travail de design, je souhaite amener à ce que chacun trouve à sa façon sa propre lumière.


MÉLANIE JOSEPH DNSEP option art

Perfomance pendant le passage du DNSEP, juin 2017 Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

melanie.joseph@esadmm.fr

P 56

La violence nous entoure au quotidien. Elle me pose question. J’y trouve un écho. La violence m’enveloppe, j’ai envie de la dompter, de la maîtriser. Quelles sont donc ses formes, ses limites ? C’est un objet d’étude sans fin. La notion de violence contient en elle une infinité. Dans le même temps, la violence mute dans ses formes, elle repousse ses propres limites. Cela me permet d’explorer tous les champs du possible. Quand la violence est là, quelque chose a été volé, quelque chose est forcé au « silence ». Ce que j’appelle un « devenir ». Je m’intéresse à la violence qui est du côté du pouvoir, un bras armé qui lui sert de moyen pour dominer les corps. Je performe des actes de violence pour restituer ce devenir — généralement dans le cadre de la vidéo ou à travers d’autres médiums tels que l’installation ou encore la performance, mise en œuvre in situ. Je démultiplie les dimensions de cette violence, comme autant d'axes de recherche, afin d’en explorer les contours. Pour en décortiquer toutes les facettes et en mesurer réellement les effets. Et pour me la réapproprier. La performativité des relations de pouvoir est le thème central de ma pratique artistique qui croise et combine langage, représentations du corps et actions. Elle évoque le rapport de soi à soi. Dans mes dispositifs, tout est épuré, réglé. Les formats sont léchés. Dans le but de concentrer dans la puissance du geste l’idée de la violence. Néanmoins, face à son intensité, des échappatoires existent. Des reflets, des échos sont là pour faire appel à un hors champ.


JI NA KIM DNSEP option art jinakim891224@gmail.com https://vimeo.com/luniversdejinakim

« Ses épaules dormantes brillaient en or, acceptaient tous les bouts lumineux qui tombaient du ciel. Alors, parmi toutes ces pudeurs du monde qui m’entouraient, j’ai posé discrètement ma solitude entre les feuilles mortes, espérant qu’elle ne la découvre pas, elle, qui est devenue le soleil même. » « Elle adorait me raconter ses histoires. Au début, elle était un peu triste lorsque je suis partie loin d’elle. Mais elle a vite compris qu’en fait, ça ne dérangeait pas qu’elle puisse continuer à me les raconter. Elle m’envoyait des tas de messages à n’importe quel moment. Même si je lui donnais des réponses tardives, elle s’en moquait. Avec ou sans mes réponses, cette communication non réciproque continuait. » Extraits de Valeur non ordinaire, 2017

P 58

L’écriture pour moi implique une forme de narration à travers laquelle je cherche à capturer des moments ou des sentiments qui s’échappent. Inspirée profondément de littérature, je suis touchée par les écrivains qui donnent vie aux lieux, aux personnes et aux objets. En ce qui concerne mon travail, j’aime retracer des petits instants anodins qui surgissent au quotidien, lors d’échanges entre personnes réelles. Si mon écriture est imprégnée de solitude, c’est dans la rencontre vers autrui que je tente de saisir le processus de construction de chacun. Cela me permet de voyager dans le temps et de partager les expériences intimes, pour ensuite m’épanouir à travers l’échange que je fais avec les autres. Cela revient à la question de notre propre existence, ce qu’on emporte finalement avec soi-même.


TZU-CHUN KU DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017 *

tzuchun.ku@gmail.com kutzuchun.com

P 60

Ma méthode de travail : « Attention aux marches ! Le travail nécessaire à une prose de qualité comporte trois phases : une phase musicale, où elle est composée, une phase architectonique, où elle est construite, enfin une phase textile, où elle est tissée. » Walter Benjamin, Sens unique, 1928

* Œuvre de gauche à droite : Sans titre “Sfumato-Diorama”, bâche 40 micron, 220 x 310 cm, mise en scène d'une table de recherche (table, chaise, livres, bouteille d'eau en verre, photographie 60 x 45 cm). Sans titre, orchidée dans son emballage transparent, lampe portable. Vénus, tôle ondulée récupérée, scotch transparent anti-uv. Sans titre “Open space”, paire de boutons de pression. Sans titre, installation, deux dalles de faux-plafond enlevées. Photographie extraite de la série “Espace du musée”, 135 x 90 cm.


TOM KUHLMANN DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

P 62


JULIEN LAMY DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

P 64


DNSEP option art

Sans titre, 2016, 75 x 122 cm, acrylique et gesso sur papier. Sans titre, 2017, 145 x 230 cm, encre, acrylique et gesso sur papier. Sans titre, 2017, 150 x 300 cm environs, encre et acrylique sur tissus.

louiselej@gmail.com https://louise-lejeune.tumblr.com/

P 66

LOUISE LEJEUNE

Je représente en dessins des scènes oniriques dans lesquelles figurent des anonymes en transit au sein d’architectures urbaines et de lieux communs de circulation. Elles se composent d’instants, de morceaux de passé suspendus et assemblés, empruntés à la vie quotidienne, et se rapportant au souvenir. Ils sont souvent saisis par photographies, vidéos ou croquis au cours de traversées urbaines et d'explorations de médias. Il s’agit de fragments sur papiers, tissus ou plâtres, qui visent à traiter les images et les rythmes d’une profondeur historique dont l’état présent des choses porte toutes les traces. Les détails, en couches d’histoires énigmatiques, figurent des humains errants dans un décor qui suscite l’évidence d’une réunion de temporalités. Soulignant ainsi la tension entre mémoire et attente qui caractérise le présent, et organise le passage. Les lignes structurent en perspectives et guident la lecture, quand les négociations induites par la pratique de techniques mixtes inscrivent des textures sèches ou des lavis à l'encre et l'acrylique. Ces dernières évoquent à la fois l’empreinte et le mouvement d’une vision saisie au cours de sa transformation. Ces dessins apparaissent alors comme des séquences animées figées qui se croisent et se succèdent, pour plonger au travers des images et des interstices, dans le cheminement d’un récit qui prend forme et évolue au fil des différentes strates de plans, d’échelles et de matières. Ils constituent un témoignage en quête d’esthétique, dans lequel s’esquisse le suspens d’un après.


TIANCHENG LI DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

tiancheng-lee@hotmail.com http://tiancheng-lee.wixsite.com/litiancheng

P 68

La vie est jolie.


YUHANG LI

How are you, 2016, typographie sur papier 21 x 10 cm Circular, 2016, typographie sur papier 15 x 15 cm

DNSEP option art

So actually, 2017, installation sonore avec filler words

yuhang926@gmail.com http://buzz926.wix.com/yuhang

P 70

Mon travail plastique est lié avec mes écrits. J’écris en français, qui est ma deuxième langue, ma langue maternelle devenant alors une langue fantôme. En fonction de mes progrès en français, j’apprends à distinguer la « bonne maladresse » de la « mauvaise maladresse ». J'élabore ainsi un récit personnel jouant avec un français d'invention qui se charge d'erreurs pas toutes convaincantes dans leur nécessité. C'est une langue qui s'abîme, qui tombe dans un gouffre. Ce sont ces états du corps que je signale, cette difficulté au réveil. Dans ce récit se juxtaposent le chinois et le français. Des rencontres de mots où l'articulation et le mélange se fait dans la tête du lecteur et lui donne toutes les possibilités. La lecture provoque une recherche d'air et d’espace. La rencontre est une notion essentielle dans mon travail, les rencontres de langue, de gens et de forme. Sur chaque rencontre demande un choix précis sur la forme. Selon le mouvement de la poésie, le mot a un désir de sortir du livre, sortir de la bouche, remplir l’espace. Étant donné que dans mon travail la forme arrive souvent à la fin, je me suis posé des questions sur « qu’est ce que c’est le travail plastique ? » J’ai demandé à un traducteur de traduire la phrase « Un artiste est un plasticien. » Il m’a répondu « artist is artist. » La dimension plastique est induie naturellement dans l’œuvre d’art, la phrase « artist is artist » résiste malgré cela dans ma tête. Jusqu’à cette phrase sortie d’une autre bouche : « N’oublie pas qu’on est animal, l’intelligence arrive après l’odorat. » Au final cette phrase m’a convaincue, souvent la réponse est dans la parole.

Si mon travail s'inspire de la rencontre, il crée aussi des rencontres. J’organise des sessions d'écriture sous le titre de Club météo. J’invite des amis à boire du thé et faire des lectures sur mon balcon. Chacun accroche ce qu’il a écrit à l'aide de pinces à linge. En dépit du nom donné, on se fiche bien de la météo, le climat est en réalité inscrit dans la parole. Dans mon travail, une réduction de mots, une diminution de matière, le peu et la répétition apparaissent souvent comme une économie de moyens. Pour écrire, il faut d'abord se taire. Même dans mon silence, mon travail parle de la parole. Mes installations sonores peuvent être des invitations à la rencontre. Il y a parfois des pièges, pour créer des situations d’écoute différentes. La superposition de sons et la distance entre chaque pièce mettent en scène un parcours dans l’espace. Le but de mes recherches n’est pas seulement de bâtir une mémoire collective, c'est un travail sur le langage au sens le plus large.


IVAN LOISY DNSEP option art

Vue d'accrochage du DNSEP, juin 2017

P 72

« L'homme comble le décalage entre l'esprit et le matériel en le cristallisant sous forme d’outils ou d’objets d’art. Par ces biais, l’homme entre en interaction avec son environnement tout en le mettant à distance ». « La distinction entre l’objet d’art et l’outil revient aujourd’hui à peu près à la même chose que objet utile et objet inutile. Ce cloisonnement peut être pratique en tant que repère pour l’homme contemporain. Mais si l’on accroît le recul historique et conceptuel, ces frontières se dissolvent. » « La substance artistique peut résider dans l’ensemble des activités humaines. Dès lors qu'il y a artifice, il y a signe et donc possible interprétation. » Extraits de L’épaisseur de ce que l’on voit, mémoire de DNSEP, juin 2017. Ivan Loisy tente d’allier une conscience historique de la peinture à une pratique ancrée dans son époque. Il mène donc une réflexion relative au langage pictural traditionnel, au format d’exposition classique qu’il élargit à des questions liées à l’image médiatique actuelle numérique et aux dispositifs contemporains de monstration. Certaines de ses peintures sont des reproductions de photos issues des réseaux sociaux et de la presse à scandales (zoom sur les défauts physiques de célébrités, photos de profils…). Isolées de leur contexte initial, ces images peuvent paraître complètement abstraites. À l’origine, elles sont volatiles, fluides et partageables. La peinture est plus restrictive. Il s’agit ici de mettre en évidence la matérialité de ces images par des volumes solides et parfois imposants, qui ne peuvent être montrés qu’à un seul moment et un seul endroit à la fois.

Ses œuvres évoquent des objets industriels et usinés. L’utilisation de l’aérographe et de la résine epoxy donne un aspect lisse aux supports, et effacent toute facture et tout geste, à la manière d’un écran ou du papier glacé d’un magazine. Ivan Loisy explore aussi un autre aspect plus abstrait de la peinture. Certaines pièces présentent un jeu d’imbrication entre objets picturaux et dispositifs de monstration institutionnels. Des matériaux de constructions (rails de placo, bouche d’aération, mousse polyuréthane… ) sortent de leur fonction première et s’assemblent avec des éléments de peinture traditionnelle (toile, châssis… ). Ces gestes d’assemblage — interventions légères, tentent de mettre en évidence la distanciation qui s’effectue entre la cloison, l’objet d’art lui-même et l’élément qui le sublime. Les ready-made utilisés sont à la fois des images, des œuvres, des cadres et des socles.


CLÉMENCE MIMAULT

Casquette en cheveux, 2017, dimension de tête, cheveux propres feutrés.

DNSEP option art

Échelle en céramique, 2017, 2,03 m, grès blanc émaillé blanc, colle époxy

clemencemimault@gmail.com www.collectifchuglu.wordpress.com

P 74

Casquette en cheveux, mai 2017 Cette casquette en cheveux n’est sans doute pas la plus représentative de mon DNSEP mais par malheur, elle n’a pas été considérée avec le sérieux auquel elle prétendait. Elle trouve ainsi sa place dans ce catalogue. Merci à Cécile Braneyre d’avoir su l’apprécier sur cette petite jardinière.

Échelle en céramique, juin 2017 Pire encore pour cette Échelle en céramique qui attendait dehors un regard qui fasse « TILT ! » avec le contenu du diplôme. N'ayant pas trouvé son public, elle n’a pas supporté ce manque d’attention et s’est retrouvée peu de temps après en miettes, brisée. Elle n'aura vécu que quatre jours.


MEEKSUMA NAYECK DNSEP option art

Espace, couleur et trace, encre sur papier

meekshumanet@gmail.com https://www.facebook.com/martyste/

P 76


NICOLAS PÉREZ

Sans titre, 50 x 65 cm, 2016, crayon gris et graphite en poudre sur papier

DNSEP option art

Extrait de l’édition Naissance du mal, 65 x 20, 2017, crayon gris et graphite en poudre sur papier

contact.nicolas.perez@gmail.com

P 78

J’crois que ma question c'est : comment raconter des histoires ? Mais dans le genre dégueulasse, celles qu'on connaît tous peut-être un peu, mais que personne n'aime entendre. Des légendes d'aujourd'hui quoi !

Les histoires deviennent des espaces où s'intègrent les différents éléments de narration. Le choix affirmé du noir et blanc concentre l’attention sur le sujet lui-même tout en produisant des jeux de formes par la composition du dessin. Cette « pauvreté » chromatique évite toutes les fioritures liées à la couleur et à sa surinterprétation. L'essentiel de la production se retrouve alors autour de plusieurs questionnements : formel, comme la nécessité de sortir le dessin du mur ; ou encore de l'ordre du langage, interrogeant les mécanismes visuels permettant de retranscrire un récit.

À poils, main dans la main, Ovide et Dante sont passés par là... Symboles et archétypes s'unissent révélant un monde idiot et violent. Un homme baise la terre, une femme mange son gamin... pas besoin de lire un livre, c'est d'une certaine manière le genre d'histoires qui passent à la télé. Je précise quand même que c'est le dessin qui est au centre de tout ça... À travers son déploiement, sa mise en scène se révèle la volonté de rentrer dans l'image.


JEAN GÉRARD JULIAN RATINON

Compas, 2016, 1,88 m, métal et bois massif

DNSEP option art

FM-flux migratoire, 2016, dimensions variable, installation sonore, poste radios, ventilateurs et cales en bois

julian.ratinon@gmail.com www.julianratinon.com

P 80

Les questions sur le déplacement, la traversée et la circulation constante d'énergie occupent une place importante dans mon travail qui mêle sculpture, imagerie 3D, installations et poésie sonore. Je me suis intéressé au flux quand j'ai entamé mes recherches. Je vois le flux comme un courant continu, une matière de l'ordre de l'immatériel. J'essaie de capturer, de mesurer et de sculpter cette matière mouvante grâce à des objets qui servent de transmetteurs ou de réceptacles. J'élabore des dispositifs qui nous offriraient la possibilité de prendre conscience de ce continuum.


ANNE-LAURE VINCENT l'atelier partout.

DNSEP option art P 82

C'est une histoire qui est entre le pied de Philippe et l’épaule droite de Caroline lors des pyramides humaines basques.

La colle qui reste sur le mur après avoir arraché un panneau d'instructions sur « comment se laver convenablement les mains »

les murs de graffiti chez les fourmis. Les montagnes qui se téléphonent

le meeting de mille hommes gluants qui collent aux vitres et tombent en cascade propulsés par une catapulte contre un building, passer l'aspirateur au bord d'une route de campagne. Des scribes qui sous-titrent l'instant présent l'enthousiasme du matin chez les travailleurs. Des mouches collées au blanco sur une rallonge suspendue c'est de l'art.

des mini-sculptures de rencontres gay dans la rue. La peinture libre et abstraite

des concerts de piano au balcon sur une place de village

« PIANOCONCERT ».

les émissions de poésie à RADIO SOMMIÈRES 102,9


ÉTIENNE VOISIN ETHAN/ARKANA/SMITH

DNSEP juin 2017, 8' en boucle, vidéo projection sur toile canevas imprivée, 110 x 70 cm

DNSEP option art

Screens, 2015, photo numérique, 16/9

Soundcloud & Facebook page : E/A/S ethanarkanasmith.com

P 84

Mon travail se base sur l’interrogation de l’écran qui ne dort jamais, posé là comme une conscience qui veille, créant ainsi une multitude d’univers. De ces fenêtres ouvertes jaillissent des images et des sons, empreintes d’œuvres ʻde genreʼ cinématographiques et littéraires américaines, mais également à des peintures et des écrits du romantisme anglais. La conscience, absorbée par la crise se retrouve dans des endroits où les acteurs sont seuls face au spectateur. Il n’y a devant lui plus que des corps ou des visages, reflétant la lumière de miroirs allumés ou du spectateur lui-même. Ces témoins, en tant que contenus et contenants sont des traces de mes questions, celles sur l’acte de consommation des images de la société contemporaine, du motion-picture qui se suspend, de fascinations, de désir et du rapport à soi dans un monde hyperconnecté. Dans mes installations, je choisis de diffuser mes images sur des écrans plasmas et des toiles sur lesquelles sont reprojetées les mêmes informations visuelles que celles imprimées sur toile et tendues sur châssis. En apparition / disparition, on contemple des formes mouvantes dans un espace où la musique règne. Elle est une indication, émotionnelle, sur l’intention de faire régner dans l’espace le sacré. Celui du masque mortuaire, “imago”, d’un métamonde fluctuant mais toujours obsédé de ses propres références.

« Si jamais un jour, arrivait la confirmation que tout ceci n'avait été qu'un simulé d'une vraie chose, le rêve atroce d'un démiurge fou, ça ne changerait rien dans la mesure où je ne saurais toujours pas si je peux concrètement acter pour en sortir. Sauf que moi, je ne sais pas. Dans le fonctionnement du Segway, il y a des paramètres qui permettent à l'objet de constamment rééquilibrer la plateforme sur laquelle la personne est, de sorte qu'il est quasiment impossible une fois dessus de tomber. Je me sens dans un état de stabilisation permanent qui me fait toujours éprouver une sensation où je ne suis ni par terre ni debout. Un ailleurs impénétrable entre les deux. » (extrait du mémoire de DNSEP, juin 2017)


JIAJUN XU DNSEP option art

Sans titre

P 86


YUNXUE ZHANG DNSEP option art

Couler et contrôler, 2017, 540 x 540 mm, ciment, eau

mahatmacarrot@gmail.com

P 88

Cette installation « joue » un phénomène et une forme qui incorporent contradiction et harmonie dans le même espace-temps. Tout commence au sol par l'action de couler – avec ce regard à-priori jeté sur un geste archétypique de coulure considéré comme le fruit d'un geste non maîtrisé réclammant sa part de hasard – un matériau de construction qui va pourtant y dessiner avec rigueur un carré parfait aux dimensions réglées in situ, une figure géométrique symbole d'unité, d'équilibre, de neutralité et d'objectivité. Le ciment exploité ici très fluide va, au cœur de cet espace, à travers sa temporalité organique de séchage, opposer sa matériologie fluide et son abstraction lyrique à la perspective anti-dynamique et la densité formelle du carré. Se déploie alors au sol dans les limites calculées de l'installation une touche d'expressivité qui ne peut être contrôlée, un jeu avec l'aléatoire qui met en œuvre une composition paradoxale et flottante où ordre et chaos se confrontent, où contrôle et lâcher prise entrent en tension, où intention et incertain s'exécutent, où prévisible et imprévisible se réfléchissent ensemble au regard.


Ce catalogue est une publication de l’École supérieure d’art et de design Marseille-Méditerranée Présidente Anne-Marie d’Estienne d’Orves Directeur général Jean Mangion Directeur artistique et pédagogique Jean-Louis Connan Éditorial Anna Dezeuze, Frédéric Pradeau et Philippe Delahautemaison Coordination Anna Dezeuze et Frédéric Pradeau (option art), Philippe Delahautemaison (option design) Images Cécile Braneyre et les étudiants diplômés Coordination éditoriale Luc Jeand’heur Coordination / conception graphique Service communication de l'ESADMM Valérie Langlais, Cécile Braneyre Remerciements à tous ceux qui ont permis la réalisation de ce catalogue et aux diplômés pour la sélection des visuels et pour leur texte. ÉCOLE SUPÉRIEURE D’ART & DE DESIGN MARSEILLE-MÉDITERRANÉE 184, avenue de Luminy CS 70912 – 13288 Marseille cedex 9 T 04 91 82 83 10 – www.esadmm.fr L’École supérieure d’art et de design Marseille-Méditerranée est un établissement public régi par le ministère de la Culture et soutenu par la ville de Marseille. Elle est membre de Marseilleexpos, réseau de galeries et lieux d’art contemporain, de l’ANdEA, association nationale des écoles supérieures d’art et de l'École(s) du sud, réseau des écoles supérieures d'art Provence-Alpes-Côte d'Azur et Monaco.


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