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Sécurité incendie et rénovation
Incendie d’une tour londonienne, quelles leçons en tirer ?
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salomé houllier binder
Ce tragique incendie a mis en lumière la mauvaise protection contre le feu de nombreux bâtiments. Retour sur l’origine et les conséquences de ce sinistre qui a fait date dans la protection incendie.
Le 14 juin 2017, dans la capitale anglaise, la tour Grenfell s’enflammait, causant la mort de 72 personnes. La tour, qui accueillait des logements sociaux, avait été construite dans les années 1970 avec une façade en béton. Entre 2014 et 2016, elle a fait l’objet d’une rénovation énergétique et esthétique. Une nouvelle façade ventilée constituée d’une couche d’isolation en PIR et de panneaux ACM (Aluminium Composite Material) a été apposée contre la façade originelle. Ces panneaux sont composés de deux feuilles d’aluminium collées sur une âme (partie centrale). Cette dernière peut être un matériau incombustible (minéral par exemple), du polyéthylène retardé au feu traité chimiquement, ou encore du polyéthylène simple, économique mais hautement combustible. C’est ce dernier type qui a été utilisé dans le cas de la tour Grenfell.
L’incendie a entraîné grand nombre de rapports et d’études afin de comprendre la raison d’un tel embrasement. En plus d’une isolation combustible et d’une mauvaise conception globale de la façade (sans barrière de compartimentage empêchant l’effet de cheminée), c’est principalement le nouveau bardage qui a contribué à la très rapide propagation des flammes. En effet, lors de l’incendie, le panneau a fondu et brûlé avec un effet de cheminée qui a propagé le feu à une vitesse d’environ 5 mètres par minute. Arrivées à la couronne du bâtiment, les flammes se sont répandues horizontalement, provoquant des gouttes incandescentes qui ont enflammé toute la façade. Ce phénomène a rendu la maîtrise de l’incendie très difficile, malgré une intervention rapide des pompiers.
Suite à cet accident, une réflexion a été portée sur les isolations et revêtements de façade composites. Des milliers d’immeubles britanniques ont été identifiés comme étant mal protégés contre le feu, représentant des rénovations allant jusqu’à 16 milliards de francs. Certes, la Suisse ne possède pas de tour de 70 mètres de hauteur avec ce genre de façade; mais elle n’est cependant pas totalement exempte des mêmes problématiques.
Les façades ventilées restent des solutions excellentes, à bien des égards meilleures que les traditionnelles façades avec isolation thermique crépie. Les panneaux ACM peuvent être utilisés, mais avec prudence. En Suisse, ces panneaux sont autorisés sur des bâtiments de faible hauteur (jusqu’à 11 mètres); entre 11 et 30 mètres, des mesures particulières doivent être mises en place pour limiter la propagation des flammes à un maximum de deux niveaux avant l’intervention des sapeurs-pompiers et la performance du système doit être validée par un test; au-delà de 30 mètres, les panneaux ACM sont interdits et toute isolation doit être incombustible. Ainsi, alors que l’AEAI autorise ces matériaux composites et économiques, une réflexion sur leurs objectifs de performance doit être menée. L’incendie de la tour Grenfell nous a appris deux choses: premièrement, lors de rénovations énergétiques, la sécurité incendie est souvent laissée de côté; deuxièmement, l’utilisation de panneaux ACM doit être faite avec une grande précaution et validée par des tests assurant le respect de l’objectif fixé dans les directives AEAI. Dans les deux cas, une connaissance pointue et globale des différents aspects de la protection incendie ainsi que des résistances au feu des matériaux est primordiale. Des entreprises comme Fire Safety & Engineering SA sont spécialisées dans la protection et l’ingénierie incendie. Depuis 2017, elle accompagne les architectes et maîtres de l’ouvrage afin de proposer des solutions innovantes, efficientes et cohérentes avec le projet pour garantir la sécurité incendie conformément aux directives AEAI. fse-sa.ch