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La formation, pierre angulaire du savoir-faire

La formation, pierre anguLaire de La construction

La transmission et le perfectionnement du savoir-faire constituent des gages de qualité de la construction. Ils passent par l’apprentissage et la formation continue. Explications.

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Iphigeneia Debruyne

La formation continue occupe une place à part entière dans les métiers de la construction. Directeur de la Fédération fribourgeoise des entrepreneurs qui, depuis les années 60, supervise la formation dans le secteur du gros œuvre dans son canton, Jean-Daniel Wicht nous en dit plus.

Jean-Daniel Wicht

Comment l’offre de la formation Continue évolue-t-elle?

La culture du Life Long Learning a changé le monde du travail. Les métiers du gros œuvre au même titre que ceux du second œuvre ne font pas exception. Les vingt dernières années, le perfectionnement professionnel s’est développé. En 2000, seuls deux employés coordonnaient la gestion des cours de formation de la FFE. Actuellement, notre département dédié à la formation professionnelle initiale et continue compte six personnes à plein temps. Qui plus est, le pôle de spécialistes engagés à temps partiel ou mandatés ponctuellement devient de plus en plus important. Afin d’articuler une offre en adéquation avec les besoins du terrain, la FFE s’appuie sur les résultats d’enquêtes faites auprès des membres. Ces veilles confirment l’appétit pour des cours divers et variés. Une soixantaine de thématiques ont été repérées. La priorisation est donc de mise. Dans un premier temps, l’équipe s’est consacrée aux dix requêtes les plus pressantes, les plus fréquentes. Le lancement de ces dix nouveaux modules est dans les starting-blocks. Au vu de la tâche qui se profile devant nous, la création de synergies intra et extra cantonales est à envisager. Un éventail de compétences est recherché par les entrepreneurs. Des collaborations interdisciplinaires et la mise en commun de savoir-faire transversaux s’avèrent des pistes à examiner.

la digitalisation impaCtera-t-elle la formation Continue et le perfeCtionnement?

Oui. L’innovation influence non seulement le contenu des cursus mais aussi la manière de former les travailleurs des métiers du bâtiment. La construction de demain nécessite la maîtrise de méthodes, de gestes précis et la manipulation de nouvelles machines. De l’utilisation de systèmes BIM, outils déjà bien intégrés, au pilotage de grue à distance, technologie encore futuriste, les compétences requises changent. La matière dispensée doit refléter cette évolution. Parallèlement, les simulateurs incorporant la réalité augmentée, de plus en plus convaincante, offrent des opportunités qui améliorent significativement l’enseignement à plusieurs niveaux. Pour les machinistes par exemple, de telles capsules permettent d’augmenter considérablement les possibilités de s’exercer. Peu importe la météo ou l’heure de la journée, les professionnels peuvent développer, entretenir et maintenir une agilité. Faciliter l’entraînement à travers ces outils maximise la sécurité sur les chantiers sans pour autant devoir faire démarrer une machine. La digitalisation a indirectement une incidence sur le bilan énergétique et le coût de la formation.

Quels sont les défis à relever?

La première difficulté est de répondre en temps voulu aux nouvelles demandes. Faire face à cette pression qui pèse sur les administrations des centres de formation est un souci récurrent dans la branche. Toutefois, assurer l’accessibilité et surtout la qualité du perfectionnement reste la problématique centrale. En effet, il n’y a pas forcément de garde-fous qui veillent sur la qualité des modules dispensés. Étudier les mécanismes qui garantissent l’excellence des formations et stimulent la concurrence loyale entre les différents établissements qui proposent des formations s’avèrent nécessaires. Relever ce défi permet d’évoluer tout en maintenant la qualité qu’offre la construction helvétique.

La pénurie de main-d’œuvre qualifiée et le nombre de personnes s’intégrant difficilement sur le marché du travail mettent en évidence l’importance de l’apprentissage. Comment encourager la formation duale dans le secteur du bâtiment? Jean-Claude Baudoin, directeur de la Fédération neuchâteloise des entrepreneurs, explicite une spécificité neuchâteloise : le Contrat-formation.

Jean-Claude Baudoin

Qu’est-ce Que le contrat-formation?

Le 26 mars 2019, le Grand Conseil neuchâtelois a accepté la Loi instituant un fonds d’encouragement à la formation professionnelle initiale en mode dual (LFFD). Le Contratformation en découle. Comme le nom de la loi l’indique, c’est un cadre qui a à la fois pour but la promotion de la formation duale et son soutien. L’objectif est de former, d’ici 2025, tous secteurs confondus, 1000 apprentis supplémentaires. L’ambition est de faire passer le taux de formation duale de 74 à 85 %. Pour réussir ce pari, des actions sur deux fronts sont nécessaires. D’un côté, l’augmentation du nombre de places d’apprentissage et d’entreprises formatrices est visé. De l’autre côté, convaincre les jeunes des perspectives qu’offre la formation duale est de mise. Un budget est prévu pour des campagnes d’information auprès des potentiels inscrits. Plus que d’attirer des étudiants, la loi en vigueur depuis le 1er janvier 2020 récompense les entreprises formatrices. À la fin de chaque année scolaire, un soutien financier à l’entreprise est versé pour chaque apprenti qui a accompli son année. Le secteur d’activité détermine le montant de la prestation qui peut atteindre jusqu’à 5600 francs.

comment le fonds est-il financé?

L’ensemble des employeurs du canton de Neuchâtel contribuent à ce fonds. Il est alimenté par un prélèvement à hauteur de 0,58 % sur la masse salariale des entreprises. La facturation de la somme est immédiatement gérée par les caisses de compensation. Sur une année, environ 40 millions de francs sont versés au fonds. La gestion est prise en charge par un conseil de gestion. Nommé par le Conseil d’État au début de chaque législature, il est composé de huit membres. Quant à l’utilisation de la trésorerie, une moitié est utilisée pour financer des baisses fiscales, l’autre est investie dans l’encouragement de la formation duale.

Quelles sont les conditions pour Qu’une entreprise puisse bénéficier du contratformation?

Pour bénéficier du soutien financier, l’établissement doit remplir quatre conditions. D’abord, l’entité qui aspire à recevoir la prestation doit être au bénéfice d’une autorisation de former. Puis, un contrat d’apprentissage valable en vue de l’obtention d’un Certificat fédéral de capacité (CFC) ou d’une Attestation fédérale professionnelle (AFP) doit avoir été conclu. Ensuite, le contrat ne peut pas être rompu dans le courant de l’année. À la fin de l’année scolaire, l’apprenti doit encore être sous contrat. Enfin, les différentes dispositions légales, la convention collective, contrat-type ou règles usuelles dans la branche en question doivent être respectés. Les prérequis standard facilitent l’accès à la prestation. Cela incite les entreprises à sauter le pas, à offrir davantage de places d’apprentissage, celui-ci étant une passerelle par excellence vers l’emploi.

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