L’écoquartier du Stand à Nyon

RÉVÉLER LES LIEUX

Le futur écoquartier du Stand est en train de voir le jour à Nyon. Trois immeubles accueilleront au total 127 logements, un local de quartier et une crèche. Par leur implantation et leur morphologie, ils révèlent trois lieux, trois espaces publics favorisant les rencontres et qui donneront vie au quartier.

Marielle Savoyat

Souvent, les lieux préexistent aux projets. Aux concepteurs de les révéler. Ils émergent alors dès la phase d’analyse, abordée par une immersion sensorielle qui connecte les architectes et architectes urbanistes à la topographie, la géographie, la géologie, l’hydrologie ou encore la géobiologie du site. Dans le cas du futur écoquartier du Stand à Nyon, l’identification des lieux a guidé la composition morphologique du bâti. Une première lecture sensible et sensorielle du site vierge a été effectuée. D’emblée, trois lieux se sont distingués « naturellement » : d’abord un promontoire en haut du terrain qui fonctionnera comme une entrée dans le quartier, à l’inflexion du chemin des Tines, ensuite une petite esplanade avec un unique érable au milieu, et enfin une clairière située en bas du site, dans la forêt. Le projet révèle ces trois lieux par le bâti. C’est comme si l’implantation du nouveau quartier venait leur donner ou leur redonner force, sensibilité et légitimité. La topographie a induit le cheminement : depuis une sorte de belvédère tout en haut jusqu’à une ouverture en aval, en passant par un cœur protégé et accueillant, centré sur cet érable. Ces différents espaces identifiés sont contenus par des fronts bâtis. Par un jeu d’inflexion des volumes, les deux lieux collectifs du site prennent forme : l’esplanade d’accès au quartier et la cour centrale, espaces majeurs de rencontre des habitants.

UNE SUCCESSION DE TROIS LIEUX DIFFÉRENCIÉS

Une succession d’espaces collectifs paysagers est ainsi réalisée, depuis la place publique, en passant par le cœur du quartier, jusqu’à un jardin paysager communautaire. Deux toitures- terrasses seront également aménagées, de manière à en favoriser l’appropriation par les habitants et les échanges entre eux. Tant les espaces naturels, identifiés d’emblée sur le site, que les arbres majeurs qui y sont présents ont conditionné l’implantation du projet et en font sa force qui perdure dans le temps, jusqu’à sa réalisation. L’implantation réalisée reste fidèle aux résultats du concours. Dans son rapport, le jury relevait notamment, déjà, la qualité urbanistique des espaces publics générés, l’implantation des bâtiments et leur échelle, ainsi que la transition entre les immeubles et les espaces publics favorisant les rencontres entre les habitants.

À l’entrée du quartier, à l’est, l’esplanade, principalement minérale, accueille le programme public dont une crèche et un local de quartier, avec ses prolongements extérieurs en terrasse. Ces équipements sont destinés tant aux résidents de l’écoquartier qu’au voisinage. Cette esplanade mène au cœur du quartier par une généreuse rampe vers la cour centrale, lieu de référence autour duquel s’égrènent les entrées et où prennent place les espaces communautaires partagés (buanderies ou salles communes) : autant

Vue sur la future cour centrale. C’est au travers d’une approche par le vide, qui cherche à reconnaître des espaces ouverts structurant, que le bâti trouve sa place, sa forme.

© Michel Bonvin

de lieux activant le lien social et les rencontres entre voisins. Des passages transversaux relient cette cour aux alentours. À l’ouest, un potager s’ouvre vers la clairière et participe à créer du lien social. En façades, une alternance d’éléments préfabriqués en béton blanc et un lamage vertical en bois rythment l’enchaînement des séquences spatiales.

CONVIVIALITÉ ET MIXITÉ

Parmi les autres qualités architecturales notables de ce futur nouveau quartier, l’on peut citer les longs balcons filant sur toute la longueur de façade sur une centaine de mètres. Ils apporteront une qualité certaine aux logements et aux liens sociaux de voisinage. Les deux passages extérieurs qui lient le nord du site au sud, de la route à la forêt, ainsi que les espaces publics et les locaux communautaires à l’usage de la coopérative et du quartier amèneront une mixité sociale et une convivialité certaine.

Des appartements traversants permettent également de mettre en relation l’esplanade d’entrée ou la cour centrale avec les alentours directs du site, soit la route des Tines en amont et le cordon boisé du Boiron en aval. Les bâtiments se déclinent en plusieurs hauteurs de manière à offrir le maximum de vues et de dégagements sur le grand paysage. Cela accentue ainsi le sentiment d’appartenance et de sécurité, par le calme des repères paysagers et territoriaux. Par ailleurs, les couleurs revêtent un rôle tout particulier dans ce projet. Une intervention colorimétrique très fine est en effet développée sur l’ensemble des bâtiments par Malene Bach, une artiste danoise. Les séquences spatiales qui mènent des espaces publics extérieurs à l’intérieur des appartements (jusqu’aux rideaux extérieurs des balcons) sont ainsi rythmées par cette proposition de couleurs, qui facilite également l’orientation au sein du projet.

Certains logements réalisés sous forme de clusters proposent des typologies pour une nouvelle manière d’habiter. Ces spacieux appartements communautaires regroupent des unités d’habitations privatives reliées par un espace commun composé d’un grand séjour et d’une cuisine. À mi-chemin entre la colocation et « l’appartement privatif », ce modèle typologique permet de créer du lien entre les habitants, parfois entre les générations ou entre différents modèles familiaux. Par ailleurs, des chambres d’amis communautaires, avec accès indépendants des logements, sont mises à disposition de l’ensemble des habitants, favorisant la solidarité, l’hospitalité et les échanges. Dans ce quartier, destiné aux membres de la CODHA, les habitants retrouveront les valeurs portées par la coopérative d’habitation, dont notamment la participation et la convivialité.

PROJET CONSTRUCTION & BÂTIMENT 173

Vue sur la cour centrale.

©Camera Picta

©Camera Picta Type de procédure Concours 2013, projet lauréat Programme Trois immeubles avec 127 logements, local de quartier, crèche et parking souterrain, 17’000 m2 Lieu Nyon - Chemin des Tines 1-3-5 Dates 2013 – en cours

LISTE DES MANDATAIRES ET INTERVENANTS

Maître d’ouvrage CODHA Architectes farra zoumboulakis & associés architectes urbanistes Architectes paysagistes Bureau de paysage - Jean-Jacques Borgeaud Ingénieur civil MP Ingénieurs Conseils SA Entreprise générale et gros-œuvre Construction Perret SA Ingénieur CVS, ingénieur thermique et Minergie Weinmann Energies SA Ingénieur électricité Ingénieurs-Conseils Scherler SA (SRG Engineering) Ingénieur géotechnique De Cérenville Géotechnique SA Géologue Norbert SA Ingénieur environnemental GADZ SA Pédologue Impact-Concept SA Ingénieur acoustique Décibel Acoustique SA Ingénieur-géomètre Courdesse & Associés Ingénieurs et Géomètres SA Ingénieur sécurite incendie Orqual SA Architecte-paysagiste Bureau de paysage JeanJacques Borgeaud Démolition, igc, terrassement, canalisations Consortium Grisoni-Zaugg SA – Sotrag SA Echafaudages Echami Echafaudages SA Façades ventilées Gottburg SA Menuiseries extérieures EgoKiefer SA Etanchéité Consortium Etico SA – Macullo SA Stores Schenker Stores SA Installation électrique Egg-Telsa SA Installation chauffage-ventilation MINO SA Installation sanitaire Rodriguez & Fils SA Cuisines CMC Cuisines Sprinkler D.E.S. Systèmes de sécurité SA Ascenseurs Schindler SA Ouvrages métalliques Constructions Métalliques Iselé SA Plâtrerie-peinture Fast Services SA Chapes Lirom Chapes SA Menuiseries intérieures Garin-Davet & Cie SA Carrelage Jean Lanoir SA Fermeture coupe-feu KB Ignifuge SA Rideaux extérieurs AGM Projets SA Aménagements extérieurs Denogent SA Installation photovoltaïque Groupe E