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Le travail a beaucoup changé, dans sa notion même son sens, le temps qu’on lui donne, les espaces qu’on lui consacre, le vocabulaire et les objets qui s’y rattachent… Tour d’horizon d’une évolution en marche.
Le monde du travail vit aujourd’hui une mutation en profondeur découlant de changements sociaux et culturels amorcés dans les années 80. La fin des certitudes économiques et de la sécurité de l’emploi, l’ascension fulgurante de l’informatique et de la téléphonie mobile ont modifié notre rapport travail/maison/loisirs, en abattant les cloisons entre espaces de travail et espaces de vie, espace public et espace privé. Les Millennials, arrivés sur le marché de l’emploi dans les années 2000, ont su imposer une nouvelle manière d’appréhender l’univers du travail à travers d’autres formes d’organisation. Ils ont posé les bases de l’environnement hybride et polymorphe actuel. Malgré les idéaux d’une plus grande autonomie dans un monde moins contraignant, l’individu est devenu de plus en plus captif de sa vie professionnelle à travers les technologies.
Dans ce changement sociétal, la nouvelle génération s’attend désormais à la même palette d’options quand elle est au travail que quand elle achète en ligne: elle veut se sentir libre et pouvoir faire ses propres choix.
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La crise sanitaire a accéléré ces phénomènes et placé le rapport personnel au travail au centre de nos préoccupations. La vitesse de circulation de l’information et la versatilité des processus de travail ont conduit à des organisations plus horizontales. Chaque collaborateur doit pouvoir interagir avec un nombre plus important de collègues et à un rythme plus soutenu.
Après deux ans de home office forcé, pour inciter leurs employés à revenir au bureau et attirer les meilleurs talents du marché, les entreprises repensent les concepts d’aménagement pour des espaces plus attractifs et adaptés en termes de confort, de bien-être et d’efficacité. D’autre part, si le travail à distance éloigne le collaborateur de son employeur et de ses collègues, chaque jour sur site doit constituer l’occasion d’un contact. Les présences au bureau s’espaçant, un besoin d’échanges et de socialisation plus important se fait sentir.
Du point de vue d’une sociologue à la présentation de projets d’aménagement innovants, en passant par la mise en lumière de tendances, de lieux de travail alternatifs et d’objets, ce cahier se veut le reflet de quelques facettes de ce monde du travail auquel les Helvètes consacrent quelque 42,4 années de leur vie !
Estelle Daval, Clara Jannet et Patricia Lunghi
interview
RepenseR le sens du tRavail
Sophie Le Garrec est sociologue et spécialiste des politiques de santé publique à l’Université de Fribourg. Depuis une dizaine d’années, ses recherches portent aussi sur la problématique de la santé au travail. Récemment publié sous sa direction, l’ouvrage collectif Les servitudes du bien-être au travail* analyse les transformations du monde du travail et leurs effets sur la santé. Clara Jannet
La pLace du travaiL, son rôLe dans Le projet de vie ne sembLent pLus Les mêmes, notamment chez Les miLLéniaux. QueLs changements avez-vous observés ces dernières années?
La spécificité par génération n’est pas effective. Les différences se situent davantage dans les appartenances socioprofessionnelles que dans les générations. Il y a eu de très nombreux changements. La métamorphose de nos rapports aux temps en est un. Un effet d’accélération et de court-termisme est observable dans tous les pans de notre quotidien. L’immédiateté et l’urgence sont devenues des valeurs cardinales. Est considéré comme «un bon salarié», la personne qui sera ultra-réactive, sur-active et débordée! Or, il y a encore quelques années, ces critères renvoyaient à des formes d’incompétence puisque cela signifiait que la personne ne savait pas s’organiser… La célérité quant à elle était vue comme de la précipitation irréfléchie.
entre téLétravaiL et fLexibiLité des horaires, Le travaiL a écLaté dans L’espace et dans Le temps. QueLs avantages et/ou inconvénients constatez-vous?
La crise du Covid nous a obligés à éprouver ces nouvelles formes «spatio-temporelles» de travail qui étaient déjà en cours dans certaines entreprises mais de manière marginale. Je pense qu’il faut être vigilant car le télétravail n’est pas possible pour tout le monde et surtout n’est pas toujours enviable. Les interactions, les relations, les collectifs, les compétences et la créativité sont altérées voire biaisées à distance. En outre, la délimitation des lieux et des horaires entre vie privée et professionnelle est nécessaire, sans cela, sur la durée, les études le montrent, il y a un risque pour la santé.
pendant La crise sanitaire, Les experts annonçaient de grands changements dans Le monde du travaiL. ceLa se vérifie-t-iL ?
La pandémie a accéléré et amplifié certains changements… mais qui étaient déjà en germe! Il y aura donc quelques évolutions mais pas de grandes révolutions.
du point de vue spatiaL, L’agencement d’un bureau a-t-iL une véritabLe infLuence sur Le bien-être de L’empLoyé?
Il est toujours plus agréable de travailler dans de beaux locaux avec des espaces ad hoc. Pour autant, ça ne peut pas résumer le bien-être au travail. La mise en avant des espaces labellisés «bien-être» relève le plus souvent d’une accessoirisation de cette question. Si l’organisation du travail reste inchangée, le bien-être n’apparaîtra pas comme par magie, malgré les poufs, les canapés stylés ou autres mobiliers contemporains!
Qu’est-ce Qui définit un environnement de travaiL agréabLe, propice au bien-être comme à La productivité?
Un travail agréable est avant tout un travail qui a du sens. Lorsque le travail est reconnu pour ce qu’il est vraiment et que les compétences sont valorisées, peu importe la couleur des murs et le design du mobilier! Par contre, il faut des murs et du mobilier car avoir son espace est essentiel. Les open space qui sévissent depuis quelques années avec leur lot d’aseptisation et d’impersonnalisation sont délétères et participent de nombreux maux.
pLus de Liberté et d’autonomie d’un côté et muLtipLication des process et outiLs de contrôLe de L’autre : QueLLe est votre anaLyse de ce paradoxe de L’entreprise contemporaine?
Le paradoxe est érigé comme un principe organisateur, obligeant les salariés à se dépasser constamment pour pallier ses écueils. On le voit dans l’oxymore « d’autonomie dans la contrainte » mais aussi dans le «faire plus avec moins» ou encore «prendre le temps de» en étant sous pression permanente. Cette novlangue paraît sur le papier révolutionnaire (dixit les théoriciens de ce management), mais à l’épreuve du réel, ça crée de la distorsion tant du côté des managers qui doivent intégrer ces injonctions impossibles que du côté des salariés qui s’épuisent à «faire avec»!
iL sembLe y avoir davantage de burn-out professionneLQu’auparavant. Le travaiLLeur est-iL vraiment pLus stressé ou sait-on mieux L’identifier?
L’importance du burn-out n’est pas le fait d’une meilleure identification mais d’un surplus de pressions et de tensions. Les paradoxes dont on parlait à l’instant ne sont évidemment pas sans lien avec cette souffrance. Mais d’autres éléments l’expliquent aussi. Le travail est de plus en plus standardisé avec des process, des guidelines, des contrats d’objectifs, etc. Le tout évalué par des systèmes de mesure qui rendent totalement invisibles les activités et les compétences non chiffrables. On est dans l’ère de la quantophrénie! Ces systèmes pèsent non seulement sur les personnes mais modifient aussi le contenu de l’activité qui devient parfois antinomique avec les valeurs du métier. Cela engendre des dissonances cognitives (être en désaccord avec ce que l’on fait). L’instrumentalisation des personnes, la perte du sens de son travail, la non-reconnaissance de sa professionnalité, des performances toujours revues à la hausse et in fine inaccessibles, les changements omniprésents fragilisant les savoir-faire, etc. constituent une partie des sources des problèmes de santé au travail à l’instar du burn-out.
Les conséQuences des systèmes Que vous venez d’évoQuer à propos du burn-out sembLent difficiLement conciLiabLes avec L’idée du bien-être au travaiL. peut-on réeLLement être heureux au travaiL aujourd’hui?
Ce n’est pas le travail en soi qui est dommageable pour la santé ou le sentiment d’être satisfait, je ne m’aventurerai pas sur ces questions très subjectives et psychologisantes d’être heureux ou du bonheur. Ce sont tous les outils de gestion «comptable» niant la réalité du cœur de métier et parasitant l’action qui l’altèrent. Il faut savoir qu’actuellement dans certains emplois, les personnes passent plus de temps à justifier ce qu’elles font qu’à faire ! C’est ce système qui rend malade mais pas le travail en soi. Lorsqu’il est respecté et valorisé, il est même considéré comme un facteur protecteur de santé.
QueLLe serait votre recette pour associer travaiL et bien-être?
Repenser le travail en lien avec ceux et celles qui le font et non avec les outils ou dispositifs standardisés des théories du management par le chiffre.
* Les servitudes du bien-être au travail, 2021, Editions Erès
les nouveaux mots du travail
Estelle Daval, Clara Jannet
Bigfoot Outdoor, Protek. protek-controtelai.com
Blurring
Le blurring, anglicisme qui signifie littéralement flouter ou brouiller, est un phénomène qui exprime l’effacement de la frontière entre vie professionnelle et vie privée. Si cette tendance qui découle de la digitalisation des pratiques et de l’essor du télétravail représente pour certains l’opportunité de mieux gérer leur emploi du temps, elle pèse de plus en plus sur le quotidien de nombreux travailleurs. D’où le principe du droit à la déconnexion. Le bureau de jardin est devenu très à la mode pour travailler à l’extérieur tout en restant chez soi. Surtout depuis l’expansion du télétravail et les nombreuses dispositions prises dans le sens du home office. Afin de phosphorer dans des conditions optimales, loin des bruits de la maison, on se crée un cocon au calme, au fond du jardin ou sur la terrasse. Les abris, pergolas bioclimatiques ou cabanes sont de plus en plus pensés et utilisés comme espaces de travail.
Les soft skills (compétences douces ou comportementales) désignent l’ensemble des aptitudes humaines appliquées au cadre professionnel: empathie, créativité ou gestion du stress. Elles sont aujourd’hui des éléments essentiels de la réussite et de la mobilité professionnelle. Il s’agit d’un ensemble de compétences sociales qui reflètent la capacité d’une personne à s’adapter à différentes situations.
Contraction de l’anglais «work» et «vacation». Concept tendance qui permet de s’évader tout en continuant son activité professionnelle. Issue du coworking, cette démarche allie travail et détente dans des lieux propices à la pratique d’activités sportives ou culturelles.
Pergola bioclimatique, Pratic. pratic.it
soft skills
Standsome w orklifestyle ©
Workation
AdAptAbilité
Concerne la faculté d’une entreprise ou d’un individu à évoluer en fonction du contexte et des événements en faisant preuve de souplesse dans sa façon d’être, de penser, d’apprendre et d’interagir. Afin de se libérer du système salarial classique, beaucoup de personnes décident de se lancer en freelance, mais voient leur force de frappe amoindrie, et se retrouvent fragilisées sur le plan économique et/ou moral. Se regrouper avec d’autres indépendants en créant un collectif de freelance permet de garder son indépendance tout en faisant partie d’une communauté. Intégrant des compétences différentes et souvent complémentaires, ces collectifs peuvent accepter des projets plus complexes en mutualisant leurs talents. Être indépendant oui, mais pas seul!
Cette philosophie japonaise ancestrale est aujourd’hui utilisée pour redonner du sens au travail. C’est un subtil mélange entre passion, vocation, profession et mission. Son objectif est de trouver l’équilibre entre ce que l’on aime faire, ce pour quoi on est doué et ce pour quoi on est payé. En résumé, il s’agit de satisfaire son désir d’accomplissement tout en répondant aux besoins de notre monde.
Bureaux de l’entreprise Givaudan à Zurich, par Verena Frey avec Teo Jakob.
Georgia de Lotz ©
ColleCtif de freelAnCe
Johannes Marburg Photography ©
ikigAi
Spacestor ©
Bureau flexiBle
C’est un nouveau type d’organisation nomade du travail où le bureau n’est plus un espace spatial défini. L’essentiel des éléments nécessaires à la réalisation des tâches d’un employé se trouve aujourd’hui sur son ordinateur ou sa tablette. Il peut donc travailler où bon lui semble au sein de l’entreprise, chez lui, à l’hôtel ou dans un espace de travail partagé.
Jacqueline Munguia ©
SlaShing
Le slasher (ou slasheuse au féminin) est une personne qui cumule plusieurs activités professionnelles par choix ou par nécessité. Les slashers sont des travailleurs qui ne se reconnaissent pas dans le choix d’une voie unique. Ils sont plus généralistes et polyvalents que spécialistes d’un sujet. Le terme fait référence au signe «/» (slash en anglais), très utilisé dans le domaine informatique, mais qui signifie également «et/ou». Alors que la pratique n’est pas forcément nouvelle, le mot a été créé et s’est répandu dans certains secteurs professionnels pour défendre une philosophie du travail en mode «multi», où l’on se donne le droit de diversifier ses activités et de développer de nouvelles compétences. Pour les personnes peu qualifiées, il s’agit plus d’une nécessité économique permettant d’accroître ses revenus.
Chief happineSS OffiCer
Le CHo est une nouvelle fonction inventée dans les années 2000, au cœur de la Silicon Valley, par Chade-Meng Tan, ingénieur chez Google. Le CHo veille au bien-être des collaborateurs. L’idée étant qu’un salarié heureux est un salarié moins absent, plus efficace, et plus loyal envers son employeur.
Bureaux de BCG Group à Miami, mobilier de Edra.
CorpoWorking
Chief impaCt offiCer
Devise en vogue dans les nouvelles cultures d’entreprise désignant une attitude qui tend à expérimenter tout ce qui permet de trouver une juste harmonie entre travail et loisirs.
Morning ©
C’est le concept du coworking mis en œuvre à l’intérieur de l’entreprise. Il se traduit par l’aménagement d’espaces ouverts où les consultants, fournisseurs et clients sont invités à venir se mêler aux salariés. Ces espaces libres sont pensés pour stimuler la créativité, favoriser les échanges spontanés et l’émergence de nouvelles idées.
Stefano Pasqualetti © Le CIO est un nouveau poste apparu dans le cadre de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) dont le rôle est de mesurer l’impact des activités de l’entreprise sur l’environnement, la qualité de vie et l’économie. Il a pour mission de définir, d’animer et de suivre les engagements, la stratégie et le déploiement des plans d’action en matière du développement durable.
Out Of Office
Huit lieux hors du commun pour travailler en nomade en Suisse romande.
Estelle Daval, Clara Jannet
Hi-Flow, Genève
Situé à Plan-les-Ouates en périphérie de Genève, Hi-Flow est à la fois un espace de coworking, une corésidence d’entreprises et un lieu d’expérimentation. Il propose des bureaux et dispose d’une salle de 400 m2, idéale pour organiser des événements d’entreprise, des conférences ou des ateliers. On y trouve également un café ainsi qu’une salle « récréative » à la fonctionnalité hybride pouvant accueillir des séances de brainstorming, faire office de studio d'enregistrement sonore ou d’espace de bien-être. L’aménagement, signé par le bureau genevois Ykra, mélange les codes high-tech et low-tech dans un décor à la fois futuriste et naturel. Hi Flow accueille des résidents permanents mais aussi des travailleurs flexibles.
Voisins, Genève et Neuchâtel
Au nombre de cinq, dont quatre à Genève et un à Neuchâtel, les Voisins coworking-café sont destinés à stimuler la créativité par le partage et les échanges. C’est à l’origine le projet de passionnés d’entrepreneuriat, de sport et de culture partageant la même envie de mettre leurs compétences en commun pour créer un projet unique. Partant du principe que vies professionnelles et personnelles ne sont pas déc onnectées mais se complètent l’une l’autre, ils ont développé une communauté et un réseau d’espaces répondant aux nouveaux besoins des travailleurs: mobilité, productivité, partage et bien-être. Chaque coworking-café propose des places de travail libre, des bureaux à louer, des salles de réunion et un espace café/bar.
Le Montriond, Lausanne
Pourquoi ne pas s’installer au bord d’un lac, dans un paysage de montagne ou dans un parc urbain? Les buvettes et kiosques qui s’y trouvent offrent un cadre exceptionnel pour s’offrir un bol d’air tout en travaillant. Souvent équipés d’un bon réseau wifi, ils ont aussi l’avantage de proposer des boissons et des plats régionaux. Le Montriond est situé à deux pas du parc de Milan et du jardin botanique, dans le quartier sous-gare de Lausanne; ce bar insolite a été aménagé dans Anciens WC publics et kiosque. Grâce à l’initiative de trois amis qui la gèrent au quotidien et sa réhabilitation par le bureau Project-co Architectes, c’est devenu une buvette très populaire, dotée d’une belle terrasse.
lemontriond.ch
FJM Bibliothèque, Montricher
Située en pleine nature, au pied du Jura vaudois, la Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature a comme mission de favoriser la création littéraire et d’encourager le goût de lire à travers diverses actions et activités. Elle est aussi dotée d’une bibliothèque multilingue de 75 000 ouvrages, ouverte à tous, gratuitement. L’endroit idéal pour passer du temps à lire ou à travailler dans une atmosphère où règnent calme et concentration, d’autant qu’on peut y venir avec ses enfants; ils ont un espace réservé avec contes et histoires à disposition.
fondation-janmichalski.com
La «day room»
Les hôtels de luxe deviendraient-ils les nouveaux lieux de travail? On ne se réfère pas aux salles de conférences ni aux espaces de coworking, mais aux chambres qui sont désormais louées à la journée. Durant la pandémie, plusieurs hôtels et palaces romands comme le Beau-Rivage à Lausanne ou le Palafitte à Neuchâtel ont compensé le faible taux d’occupation des chambres par un système de location à la journée. Une bouffée d’oxygène pour les télétravailleurs en manque d’espace. De quoi bûcher en toute tranquillité, faire une turbosieste dans une atmosphère de luxe, et profiter des équipements de l’hôtel: salle de sports, service en chambre, wifi, business center…
brp.ch Chambre de l’hôtel Beau-Rivage Palace, Lausanne
Fooound, Genève
Basé sur une idée aussi originale que conviviale, Foound est un lieu de rencontres ouvert à tous où se mélangent produits et services de qualité. Son nom vient de l’anglais food, la nourriture du corps et de l’esprit, et de found, le lieu des trouvailles. Le concept vise à soutenir et promouvoir des artisans, des entrepreneurs et des artistes à travers des événements. C’est à la fois un lieu culturel, un concept store, un café, un bar et un espace de coworking. Foound propose des salles à louer pour accueillir des boutiques éphémères, des ateliers, cours et séminaires, des fêtes d’anniversaire, des expositions… Des bureaux sont aussi disponibles à la location pour les indépendants et les start-up.
foound.ch
Tibits, Lausanne
L’enseigne de restaurants végétariens d’outreSarine a ouvert son premier restaurant en Suisse romande dans les locaux de l’ancien Buffet de la Gare de Lausanne. Fidèle à l’histoire du Buffet de la Gare qui accueille aussi bien les voyageurs de passage que les habitués, Tibits est un lieu de rencontres qui propose des ambiances variées adaptées aux rendez-vous professionnels, aux séances entre collègues ou au travail en solo. Au premier étage, un espace modulable de 210 m2 destiné à des réunions ou conférences est proposé à la location. La transformation du lieu par le bureau d’architecture Ykra de Genève fait dialoguer le contexte historique existant avec une vision plus contemporaine.
Studio Banana - Rubén Bescós ©
Studio Banana a conçu l’environnement de travail du «village» de la marque horlogère. Cofondateur du studio, key kawamura nous en dit plus.
AupArAvAnt les bureAux étAient stAndArdisés, mAintenAnt on Assiste à une révolution dAns le monde du trAvAil. Qu’est-ce Qui chAnge?
Dans cette évolution, plusieurs aspects convergent. Premièrement, les espaces de travail ont été prisonniers pendant trop longtemps de l’efficacité à tout prix. Maintenant on est sensible à d’autres facteurs comme le bien-être, la neuro-diversité, la biophilie, le sens d’appartenance ou les valeurs d’une marque.
Deuxièmement, la numérisation et la popularisation des technologies mobiles ont rendu les employés libres de se déplacer tout en restant productifs, ce qui a ouvert les portes à une plus grande variété d’espaces nuancés (communément appelé activity based work).
Que recherchent les entreprises Aujourd’hui?
Même si nos clients appartiennent à des secteurs très différents, on identifie quelques points communs. Devenir un employeur attractif est un enjeu majeur. La qualité et l’authenticité des espaces jouent un rôle important dans un marché du travail de plus en plus compétitif. Autre défi: faire de l’environnement de travail un outil qui facilite une organisation agile et smart. Un espace inclusif, démocratique et qui promeut l’échange d’information et de compétences peut avoir un énorme impact sur le fonctionnement et la performance d’une société.
Quelles sont les préoccupAtions mAjeures des gens Qui trAvAillent?
Les gens veulent se sentir bien. Pour cela, il faut un environnement qui se distingue du home office au travers d’éléments comme la qualité sonore, la lumière naturelle, le mobilier confortable et chaleureux, la présence de plantes, d’espaces de détente et de socialisation. Une autre préoccupation est liée à la reconnaissance de l’individu. On évite les lieux anonymes, les open space de grande taille, en faveur d’espaces dimensionnés autour des rapports humains. Autre inquiétude collatérale, celle des fameux bureaux non attitrés. L’approche doit être délicate et communicative. Nous avons vu d’énormes échecs par des sociétés qui ont déployé des nouvelles politiques de partage de bureau de manière dogmatique et sans prendre en considération les besoins fonctionnels, émotionnels et psychologiques des utilisateurs.
Quels ont été les enjeux et les défis du projet de AudemArs piguet villAge?
Nous avons creusé un patio central pour amener la lumière naturelle au cœur du bâtiment et réalisé un grand escalier, connecté à la cafétéria, qui est devenu le centre névralgique du lieu. Nous avons conçu l’espace intérieur comme un village, en rendant hommage au Brassus, le village d’Audemars Piguet, avec ses ruelles, ses maisons et ses quartiers aux différentes ambiances, afin d’offrir à chacun le choix de se déplacer en fonction de son activité.
L’entreprise a presque 150 ans d’histoire et a toujours fait preuve d’ingéniosité et d’esprit libre. Ce projet est un véritable laboratoire des nouvelles modalités de travail; comme le bac à sable grandeur nature où Studio Banana a cocréé avec les utilisateurs un environnement dynamique, effervescent et varié.
Rencontre avec Youri kravtchenko, fondateur du bureau Ykra qui a réalisé l’espace en 2019.
AupArAvAnt les bureAux étAient stAndArdisés, mAintenAnt on Assiste à une révolution dAns le monde du trAvAil. Qu’est-ce Qui chAnge?
Avec les confinements successifs, la tendance à une réorganisation complète des paradigmes liés au lieu de travail – et à la temporalité de ce dernier–se confirme. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui peuvent travailler depuis n’importe où et à n’importe quel moment. Les barrières entre les sphères privée et publique s’estompent voire disparaissent. Le travail se mélange au divertissement. À cheval entre le domestique et le professionnel, les open spaces offrent une attractivité spatiale et programmatique avec l’objectif de garder l’utilisateur le plus longtemps sur place. La table de ping-pong n’est jamais là par hasard, l’entreprise veut dire: «Je suis cool, tu peux rester plus longtemps travailler.»
Quelles sont les cArActéristiQues des espAces de trAvAil Aujourd’hui?
Dans un marché ultra concurrentiel, les établissements de coworking doivent d’abord se vendre par l’image. Suivent la flexibilité physique et acoustique avec des poches calmes, des zones plus propices à la rencontre, des places nomades et d’autres plus sédentaires.
Quelles sont les préoccupAtions mAjeures des gens Au trAvAil?
La santé ! Celle du dos et des yeux notamment. Travailler longtemps devant un ordinateur présuppose des meubles ergonomiques et une lumière adéquate, avec la possibilité de varier les position: assis, debout, dans un canapé ou sur une table. Et tout cela dans un environnement à la fois divertissant et paisible.
en Quoi le projet pulse est-il innovAnt?
Le parti pris a été d’être accessible, analogique, familier. Nous avons réalisé des percées visuelles importantes traversant les espaces, puis utilisé des couleurs franches, des rayures, une palette puissante qui offre un microcosme capable de créer une identité collective. Afin de réunir toutes les conditions pour que les jeunes pousses puissent s’exprimer.
Patrick Reymond est l’un des cofondateurs d’Atelier Oï. Il nous présente le projet d’architecture intérieure réalisé pour l’EHL à Chalet-à-Gobet.
Quels ont été les enjeux et les défis du projet?
La mission d’Atelier Oï a été d’investir les locaux de ce grand complexe avec des éléments d’architecture d’intérieur dans l’esprit de cette prestigieuse institution. Tandis que le bureau Itten+Brechbühl a signé l’architecture de ce nouveau campus composé de trois bâtiments de logements pour les étudiants et d’infrastructures sportives et académiques, nous avons imaginé un fil conducteur qui relie ces espaces et raconte l’histoire du parcours étudiant au sein de l’institution.
Dans l’atrium de chacun des nouveaux bâtiments, nous avons créé une installation sur mesure inspirée par le plateau employé dans l’art de la table et par la gestuelle qui l’accompagne. Chaque installation donne ainsi un caractère distinctif à l’espace en symbolisant les différentes étapes de la formation.
Quelles étaient les demandes de vos clients?
L’aménagement a été pensé de manière à favoriser l’échange et l’étude entre étudiants. Les couleurs et les matières font écho aux paysages visibles à travers les grandes baies vitrées des atriums. Dans l’articulation entre les bâtiments existants et la nouvelle extension, Atelier Oï a réimplanté et repensé le bar emblématique de l’école, essentiel à la vie sociale des étudiants, il a conçu l’aménagement de la réception principale et a signé l’agencement intérieur des différents espaces avec du mobilier dessiné sur mesure.
auparavant les bureaux étaient standardisés, maintenant on assiste à une révolution dans le monde du travail. Qu’est-ce Qui change? Que recherchent les entreprises aujourd’hui?
PR: Les personnes recherchent de plus en plus des espaces qui sont vraiment appropriés à leurs activités; par moments, elles ont besoin d’avoir du calme et par moments des temps d’interaction. Dans le contexte de l’EHL, l’infrastructure permet d’avoir des espaces de vie où les étudiants peuvent être davantage nomades, avec des dynamiques différentes.
Boulot, adopter les Bons principes
En constante mutation, le milieu professionnel s’invite désormais dans la sphère personnelle. Voici quelques pistes pour améliorer son quotidien, car un bon design peut parfois sauver une journée mal commencée.
Maxime Pégatoquet
S’autoriSer une turbo SieSte
Le label romand Moonkee a imaginé un lit de sieste aussi pratique qu’esthétique, un meuble déco qui se fond dans le décor du bureau.
La gestion du téléphone étant ce qu’elle est pour beaucoup d’entre nous, autant choisir une option radicale en mettant son téléphone sous cloche.
Bloqueur de signal STOLP, stolp.com
Prendre de la hauteur
On ne fait jamais assez attention aux détails quand il s’agit de prendre soin de soi. Cette table, réglable en hauteur pour une utilisation assis-debout intuitive, est conçue comme une valise à trolley, facile à déplacer avec son plateau rabattable et ses petites roues intégrées.
Table Follow Me, marasrl.it
Soigner Sa poSture
On ne soulignera jamais assez l’importance d’une bonne assise pour rester dynamique, même en position statique.
Ballons-sièges «Soft Serve» et «Play Time», Baola X Studio Proba, baola.co
Choisir le bon son
Un tableau bien choisi peut permettre de lointaines évasions. Un cadre acoustique peut, quant à lui, aider à trouver les bonnes vibrations.
Tableau Acoustic Panel, wunder.be
Modifier ses priorités
retourner au travail, pourquoi pas! repenser les conditions de travail, oui! Avec Pierre Paulin, designer visionnaire, qui avait déjà tout «anticipensé».
Ensemble Dune, Tapis-siège, Déclive n°1 ou n°5, paulinpaulinpaulin.com Pour optimiser le triptyque «vélo-boulotdodo», Freitag a imaginé un sac à plugger sur le vélo pliable le plus hype qui soit. Ce qu’on peut voir comme la quintessence du combo écolo.
Sac à dos F748 Coltrane, pour Brompton, freitag.ch
Configurer son environneMent
re-retour au travail ou pas? Bureau vitré ou open space? Face à ces questions existentielles, les cloisons imaginées par Stephan Hürlemann peuvent parer à toute éventualité.
Cloisons mobiles Dancing Wall, vitra.com
faire de l’ordre
Si «l’ordre, c’est le début du succès», comme l’annonçait à une époque une marque de bandes dessinées alternatives, l’organisateur concocté par Big-Game est un bon point de départ.
Organisateur de bureau Arrange, Big-Game pour Muuto, muuto.com
repenser son espaCe perso
Imaginé pour deux personnes, Le Suisse permet un gain de place en proposant un bureau double et une solution de rangement commune.
Bureau Le Suisse par Giulio Parini, giulioparini.ch
Bain de Culture
Au chapitre des rituels liés au bain, la lecture figure parmi les activités d’intense félicité. Quitte à faire couler des centaines de litres d’eau pour une heure de plaisir exclusif, autant en profiter pour bouquiner bien au chaud dans les bulles! Afin de joindre l’exquis à l’agréable, voici une sélection de romans récemment sortis au format poche, proposée par notre partenaire Payot, ainsi que quelques accessoires incontournables pour un moment de lecture, tout confort.
Estelle Daval
Le motif Burges Snail fait partie de la collection de papiers peints historiques National Trust Papers II. Une collection éclectique de dessins basés sur des motifs originaux provenant du portefeuille des plus célèbres propriétés du National Trust. littlegreene.com