L'oeil de simone sos inceste pour revivre dec janv fev2013 14

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Déc-janv-fév/2013-2014– N°104

vie

espoir

inceste

force parler

soutenir

exister

«L’asso C’est un groupe de femmes très sympathiques qui donnent beaucoup de leur temps, qui soutiennent les autres femmes blessées et usées par la souffrance, perdues et qui ne savent pas pourquoi elles continuent de vivre. Pour moi c’est une bougie qui m’a beaucoup aidée, soutenue dans des moments noirs de ma vie. Je suis heureuse d’avoir rencontré cette association pour revivre. Parfois, c’est plus qu’une association, c’est un peu une famille. Elles sont chaleureuses, t’accueillent avec ce côté humain que tu attends quelque part. Pour moi c’est mon refuge, c’est une bouée de sauvetage. Quand je n’arrive plus à sortir la tête de l’eau, toute l’équipe est chaleureuse, accueillante et respectueuse. C’est à cette association que je donnerai plus de moyens car elle me parle beaucoup. J’ai de la chance d’être en France et de rencontrer cette asso pour régler mes problèmes de maltraitance. Merci à cette équipe. Merci d’exister.» Djemâa

avenir

avancer courage

écouter paix


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Edito

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À venir à l’Espace

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Expositions

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Commission Europe

6 et 7

Loi égalité femmes-hommes

8 à 10

Dossier SOS Inceste Pour Revivre

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Chronique de l’apprentie féministe

12 à 14

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L’Œil de Simone vigilance féministe

Pour poursuivre la réflexion

16 et 17 En lecture Simone ! 18 19 20

Associations adhérentes

Focus Agenda

A Nantes SOS inceste Pour Revivre a été créée en 1994 par Jacqueline PAPINEAU. Sa mission est de lutter contre l'inceste et les violences sexuelles. Cette association est animée par 2 salariées et une équipe de bénévoles formées-és. Nos actions sont : - l'aide aux victimes et à leur entourage : écoute, soutien, accompagnement, orientation/information. Nous recevons les victimes ou leurs proches lors des permanences les mardis et jeudis de 14 à 17h, le 1er et 3ème lundi du mois de 18h30 à 20h30, également les mardis, jeudis et vendredis matin sur rendez-vous. - échanges d'e-mails, forum sur le site internet, groupe de parole mensuel - sensibilisation et information du grand public et des professionnels (éducatif, social, judiciaire et médical). La Convention Internationale des Droits de l'Enfant, ratifiée en France le 02 juillet 1990, affirme qu'il n'y a JAMAIS consentement de l'enfant. Depuis février 2010, cette notion figure dans le Code pénal. L'inceste est une réalité. Admettre cette réalité, aussi dure soit-elle est un premier pas pour la combattre. En 2014, nous allons fêter nos 20 ans ! Que de chemin parcouru en 20 ans. Débutée dans une galerie marchande de Nantes, accueillie ensuite par l'espace Simone De Beauvoir, SOS Inceste Pour Revivre a bénéficié d'un local 4 route de Sainte Luce à partir de 1999. En 2002, la mairie devant reprendre les locaux, l'association a emménagé au 08 rue Félibien en plein cœur de Nantes, donc plus facile d'accès. Présidente jusqu'en 2011, Jacqueline a laissé sa place au bout de 17 ans d'accompagnement des victimes.

Depuis cette date, Hélène LEGRAND est Présidente de l'association. A sa création, 3 écoutantes recevaient les victimes. Ensuite des bénévoles sont venues étoffer l'équipe qui en a comptabilisé jusqu'à 15 en même temps depuis 20 ans et venant de tous les univers professionnels. Depuis 1998, des salariées sont venues renforcer la structure, élargissant ainsi les plages d'écoute en dehors des permanences. D'abord en CES, l'association a pu obtenir des emplois aidés dont un est pérennisé depuis 2010. En 20 ans l'association a développé ses actions : en 2005, nous avons fêté nos 10 ans, en 2007 organisé une conférence débat : «Le Silence des Enfants» avec Jean-Paul MUGNIER, en 2011 un week-end de visite à Nantes a été proposé ainsi qu'un atelier Peinture. Depuis deux ans, nous offrons également aux adhérent-es des places à tarifs réduits pour participer aux divers concerts dans le cadre des «Folles Journées». Cette année , nous avons reçu Catherine BONNET ainsi que Isabelle AUBRY pour un colloque le 15 juin dernier «L'inceste : Le traumatisme et le signalement», le 22 novembre 2013, nous avons participé au colloque : «Violences faites aux femmes : la loi du silence ?». Visions pour l'avenir Lutter contre la prescription, remettre le mot «inceste» dans le code pénal, continuer notre action d'écoute et d'accompagnement des victimes et de leurs proches, développer nos partenariats institutionnels et associatifs, accentuer notre partenariat avec la police et la gendarmerie pour la préparation des victimes au dépôt de plainte. L’équipe de SOS Inceste Pour Revivre

Responsable de la publication : Joëlle Kerivin Coordination et mise en page : Anna Reymondeaux Rédactrices : Marie Boissière (p.4 et 20), Fanny Truong-Hauchard (p.5), Pauline Chevaillier (p. 6 et 7), Mirabelle (p.11), Julie Naud (p.16 et 17), Sarah Moyon (p.4), Marion Fonteneau (p. 4,16,17 et 19), Anna Reymondeaux (p. 1,3, 8 à 10, 12 à 15 et 18). Bénévoles : Isabelle Ferandon, Marie Boissière et Pauline Chevaillier pour les précieuses corrections ! Publié à 2 500 Exemplaires papier et sur le web en décembre 2013 Crédits photos : p.4 A. Groisard et O. Ducournau, p. 5 «Working Girls» par Aurore Martigoni, «Manifestante contre le G20» par Louise Whittle, p.6 Lesfuries.blogspot.fr, p.7 Laurence Dunmore, p.9 Happy Kids Kite par Cuba Gallery, p.10 antipedocriminel.wordpress.com, p.13 thomas Mathieu, p.19 O. Granville. Association agréée Jeunesse et Éducation Populaire / L’Œil de Simone - revue trimestrielle éditée par l'Espace Simone de Beauvoir / N° ISSN 1298 - 051 X - dépôt légal : janvier 2012 / Imprimeur : imprimerie Allais

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A VENIR A L’ESPACE SIMONE DE BEAUVOIR

Le mardi 4 février à 18h30

À l’Hôtel de Région

La santé et le bien-être au travail sont particulièrement interrogés dans notre société. L’actualité nous interpelle sur nombre de situations qui devraient entraîner un vrai débat de fond sur les conditions de vie au travail. En matière de risques au travail et de risques psycho-sociaux, nous devons prendre en compte la notion d’accueil, la promotion de la diversité et l’acceptation des différences. Si l’on aborde tout particulièrement la question de la discrimina-

tion LGBT, on se confronte à des représentations, des réactions particulièrement violentes, des attitudes ou des propos en contradiction avec notre cadre législatif. Les conséquences pour l’individu sont désastreuses : perte de confiance en soi, absence d’évolution professionnelle, repli social, dépression, suicide… Pour l’entreprise ou l’institution, elles sont tout aussi néfastes car chaque collaborateur est un élément d’une équipe et représente un po-

tentiel, des valeurs et un savoir-faire. Quelle réflexion l’entreprise conduitelle quant au bien-être au travail ? Quelles «bonnes pratiques» met-elle en œuvre pour garantir à ses salariés protection, respect et égalité des droits ? Quelle plus-value peut-elle attendre de l’expression de la diversité et comment la favorise-t-elle ? Et comment, de ces «bonnes pratiques» et du partage des valeurs qu’elles impliquent, découlera l’investissement de tous, au bénéfice de l’entreprise ? La mobilisation de tous les acteurs du monde du travail s’impose. L’association «Autre Cercle – Pays de la Loire» a donc pris l’initiative, en partenariat avec l’Espace Simone de Beauvoir, l’école de management Audencia et le Conseil Régional des Pays de la Loire, de les réunir. Les participants (issus du monde du travail, de la santé et de la formation) croiseront leurs regards sur ces questions et sur les réponses à y apporter. Il en va du bien-vivre ensemble et de la place de chacun car le constat est sans appel : l’homophobie nuit gravement à la santé au travail mais aussi à la santé du travail. INFOS : Info.pdl@autrecercle.org

Vous créez ? Nous vous soutenons ! Chaque année, l’Espace Simone de Beauvoir apporte son soutien à des projets portés par des femmes. Plus qu’un apport financier, participer au concours peut s’avérer être une réelle aventure humaine… En effet, nous faisons en sorte d’apporter une visibilité aux projets retenus, en assurant la diffusion d’informations, en intégrant les porteuses de projets dans des événements organisés par l’Espace Simone de Beauvoir. Par exemple, en 2013, une rencontre entre des lycéennes et d’anciennes lauréates s’est tenue à l’Espace afin que les personnes puissent échanger sur leurs différents parcours. Cette démarche avait pour but à la fois de sensibiliser sur la question des inégalités dans le

monde du travail mais également de montrer concrètement qu’il est possible et même essentiel de mettre en œuvre des projets, peu importe le domaine, quand on est une femme. Si vous êtes dans une démarche de création pour un projet professionnel d’artisanat d’art ou dans un milieu non traditionnellement féminin ou que vous souhaitez être soutenue dans votre projet artistique, adressez-nous vos dossiers (à retirer à l’Espace ou sur demande) à l’adresse suivante : concours@espace-de-beauvoir.fr. Vous pouvez également le faire par courrier ou nous les déposer directement au 25 quai de Versailles. INFOS : 02 40 12 15 18

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EXPOSITIONS

MIGRANTES : des portraits, des histoires de vie, parler de femmes et pas seulement de migrantes… Lorsqu'Anne Groisard, originaire de l'île d'Yeu, décide de repartir à l'étranger, après avoir vécu au Canada, en Espagne ou encore en République Dominicaine, c'est pour ramener de ses échanges et de ses rencontres à venir photos et histoires de femmes. Ces femmes, comme elle, ont un jour quitté leur pays d'origine pour de nouveaux territoires. Anne Groisard, qui se considère

migrante, souhaite ainsi lutter contre les préjugés, mettre de nouvelles images, de nouveaux mots, sur ce terme en utilisant la photographie, le son et le texte. Migrantes est un projet débuté en 2008, qui a donné naissance en 2013 à une exposition et un livre*. Ce projet humaniste veut ouvrir sur l'enrichissement mutuel. Il met en lumière des récits de vie entre lutte, fragilité et intégration. 34 histoires, 34 témoignages, 34 parcours de femmes permettant de mettre un

visage sur la féminisation des mouvements migratoires. Les portraits photographiques et les mots invitent à s'immerger dans la vie de ces femmes qui ont un jour changé de vie pour des raisons personnelles, professionnelles ou économiques. Vous pourrez également découvrir leurs témoignages sonores. *L'ouvrage Migrantes sera en vente à l'espace Simone de Beauvoir pendant toute la durée de l'exposition.

ParCelles par Olivier Ducournau Du 7 au 31 janvier

Vernissage le Jeudi 9 janvier à 19h :

lecture de textes poétiques par leurs auteures Olivier Ducournau peint, dépeint les femmes… Né en 1975 et tombé tout petit dans le dessin, cet artiste peintre nantais nous fait partager des tranches de vie entre couleurs saturées et réseaux de courbes. "Les femmes et les relations humaines (amitié, couple, …) ont toujours été une source d'inspiration et de questionnement." En 2012 le recueil ParCelles voit le jour. ParCelles, ce sont des peintures réalisées entre 1998 et 2011, inspirées et commentées par des femmes, au moyen d'œuvres poé-

tiques. ParCelles, c'est "l'envie de réunir des femmes, dont j'avais senti le talent, la sensibilité, qui connaissaient mon travail et de leur demander un ou plusieurs textes, sincères et authentiques, pour permettre également une autre lecture de mes peintures." ParCelles, c'est l'occasion de découvrir des œuvres intuitives, spontanées : les toiles exposées à l'Espace Simone de Beauvoir, ainsi que certains poèmes lus par leurs auteures à l'occasion du vernissage.

Samedi 1er février à 19h: Clôture de l'exposition avec une mise en scène des poèmes par Nathalie Kinieciq

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COMMISSION EUROPE-EXPOSITION

Exposition Photo du 5 au 28 février 2014 «Mon monde : vision du féminisme du 21ème siècle. Images de jeunes femmes à travers l’Europe» à l’Espace Simone de Beauvoir Visible du mardi au vendredi de 12h à 18h30

A 4 mois des élections européennes (qui se dérouleront le 25 mai 2014 en France) l’Espace Simone de Beauvoir accueille l’exposition de photographies «Mon monde : vision du féminisme du 21ème siècle». Dans le cadre de la célébration de son 20ème anniversaire, le Lobby Européen des Femmes (LEF) avait lancé le 8 mars 2010 un concours photo dans 30 pays afin de présenter les visions de jeunes femmes sur le monde dans lequel elles vivent. D’une centaine d’images, aux messages créatifs et forts sur le thème du «Féminisme du 21ème siècle», un jury en a sélectionné 20 pour faire le tour de l’Europe à travers une exposition unique. En invitant cette exposition exceptionnelle à Nantes, la Commission Europe présume que les visions militantes de ces artistes talentueuses vous toucheront : une autre façon de réfléchir à la situation des femmes en Europe !

A cette occasion l’Espace Simone de Beauvoir vous invite à rejoindre la Commission Europe pour préparer un programme de rencontre et d’information spécifiquement dédiées à l’Europe.

Prochaine rencontre le mardi 17 décembre à 19h30. Espace Simone de Beauvoir 02 40 12 15 18 Espace Simone de Beauvoir Nantes - L’Œil de Simone - N°104 - Déc-Janv-Fév-2013/2014

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NOUS AVONS SCRUTE POUR VOUS par Pauline Nous avons scruté pour vous : la loi sur l’égalité entre les femmes et les hommes L’article est émaillé de réactions recueillies auprès de personnes rencontrées dans la rue à Nantes. Il leur a été demandé si elles avaient entendu parler de la loi, ce qu’elles en avait retenu, si cela leur semblait utile et quelle est selon elles la priorité en matière d’égalité. Coincé entre les élections allemandes, les pourparlers américanorusses sur l’utilisation d’armes chimiques en Syrie et le redressement du Costa Concordia, l’examen par les parlementaires de la loi cadre pour l’égalité femmes-hommes est passé inaperçu. C’est pourtant un

Ce devrait être : loi pour l’égalité entre les êtres HUMAINS et non femmes-hommes. texte important et concernant toutes les franges de la population. Il a été conçu pour être un exemple de transversalité : nous vous proposons d’en étudier les grandes lignes. Si depuis quelques années, les questions d’égalité sont présentes dans de nombreux textes de loi, les moyens mis en place pour les faire respecter sont loin d’être efficaces. Renforcer ces dispositifs est un des objectifs premiers de cette nouvelle loi. Ce texte cherche à mettre en avant l’égalité comme un combat concernant tous les individus et non spécifiquement les personnes désignées comme étant socialement des femmes. Ce projet de loi mêle des actions en direction de la sphère privée comme de la sphère publique (responsabilité parentale équitable, représentation des femmes dans les médias). Le projet de loi se divise en quatre grandes parties résumées ci-dessous. « Assurer l’égalité dans l’entreprise et au sein des ménages » Ce volet a fait parler de lui concernant la réforme du congé parental. « Pour accroître le niveau d’emploi des femmes, favoriser un meilleur partage des responsabilités parentales et contribuer au développe-

ment de l’offre d’accueil de la petite enfance, une période (6 mois) du complément de libre choix d’activité sera réservée au second parent. » Il s’agit également dans cette partie de renforcer les lois existantes en contraignant les entreprises à prendre en compte les inégalités de salaires, la parité et les aménagements

d’emploi du temps pour les personnes ayant des enfants. Les entreprises ne respectant pas ces conditions se verront refuser l’accès à la commande publique. Les femmes exerçant une profession libérale se verront octroyer une protection particulière correspondant au congé maternité des femmes salariées. « Protéger les femmes contre toutes les violences » Même si les mesures contre les violences faites aux femmes se sont multipliées Pour agir vraiment, ces deril faut insister sur nières anla sensibilisation nées, le et l’éducation. résultat n’est pas celui escompté. En termes de prévention, le «téléphone grand danger» est généralisé ; l’appel à la médiation en cas de violence au sein du couple est réduit à la seule demande de la victime et

non plus de l’agresseur ; les violences psychologiques sont redéfinies et entendues dans un sens plus large afin de pallier le flou juridique les encadrant. Concernant la répression, la loi renforce l’ordonnance de protection, trop longue à obtenir jusque-là, et impose l’éviction de la perIl ne faudrait pas sonne que les rôles violente soient inversés du domicile. Dans le cadre de cette procédure d’urgence, le juge aux affaires familiales peut ordonner des mesures provisoires concernant le couple et les enfants (résidence séparée, relations financières entre les membres du couple, modalités d’exercice de l’autorité parentale). Enfin, dans un souci de sensibilisation et de prévention contre la récidive, un stage d’éducation pour les auteurs de violences sera créé. « Construire une garantie contre les impayés de pension alimentaire » Aujourd’hui plus de 40% des pensions alimentaires ne sont pas payées. Les réformes pour lutter contre cet état de fait sont axées sur le renforcement des services publics : la mise en place d’une allocation de soutien familial, en lien et avec l’accord du juge aux affaires familiales, la modernisation du concept de solidarité publique et le renforcement du conseil et de la médiation familiale. L’objectif en est l’égalité de traitement et de responsabilité entre les deux parents en cas de séparation et/ou d’éducation de l’enfant par un parent isolé.

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NOUS AVONS SCRUTE POUR VOUS par Pauline La loi égalité entre les femmes et les hommes (suite et fin) «Généraliser la parité» La parité, inscrite dans la loi depuis treize ans, n’est toujours pas appliquée dans les partis politiques, au sein des entreprises, aux postes à responsabilité et visibles dans l’espace public, etc. Cette loi propose de reprendre les fondamentaux de la parité en y ajoutant une pointe de modernisme. Elle insiste notamment sur la visibilité des femmes dans l’espace public, c'est-à-dire dans les médias. La loi demande au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), d’assurer l’égalité de représentation dans les médias, mais également l’arrêt de la promotion de stéréotypes sexistes et dégradants. Il s’agit dans la majorité des cas d’instaurer un quota de personnes de sexe féminin dans ces instances et de veiller à une égalité de traitement entre les deux sexes. La nouvelle loi prend en compte plusieurs domaines de compétences, s’attelant simultanément aux sphères publiques et privées, se voulant la plus généraliste possible. Il reste à savoir si les principaux concernés, services publics et entreprises, seront prêts à respecter leurs engagements et dans le cas contraire, si les moyens de sanctions mis en place seront effectifs et la marge de manœuvre des magistrats suffisante. Si nous inscrivons la loi

dans le contexte actuel, il apparait que les Juges aux affaires familiales, déjà débordées-és, ne sont pas assez formées-és pour intervenir rapidement et efficacement sur les questions de violences, de parité et

On attend les preuves de l’efficacité de cette loi. d’égalité. Il conviendrait alors de mettre en place des juridictions spécifiques, aptes à répondre à l’urgence de la situation. A l’instar de l’Espagne, ayant instauré depuis 2004 des juridictions spécialisées en

Ecrivaine publique Un service gratuit à l'Espace Simone de Beauvoir Si vous souhaitez une aide pour rédiger une lettre, remplir un imprimé, un formulaire administratif, une demande écrite (demande d'allocation, recours auprès d’un tribunal, démarche administrative...). Brigitte Bourvéau vous offre un service gratuit au 25 Quai de Versailles 44 000 Nantes-Tram 2-St Mihiel.

Sur rendez-vous le jeudi de 14h à 16h30 Tél. : 02 40 12 15 18

matière de violences au sein du couple, les « Juzgados de violencia contre la mujer », peuvent notamment intimer l’ordre au conjoint violent de ne pas rentrer en contact avec la victime. Si la loi impose sa volonté d’évolution, il reste des questions en suspens et des solutions à trouver. Si nous ne pouvons que nous réjouir du fait que les questions d’égalité fassent l’objet d’une loi, nous devons malgré tout rester vigilantes-ts sur le fond comme sur la forme. La question des moyens réellement affectés reste entière. De plus, il est clair que ce projet ne s’inspire pas assez des législations européennes les plus avancées sur le sujet.

Aide à la rédaction de CV pour femmes migrantes Une bénévole de l’Espace Simone de Beauvoir propose de vous accompagner dans la réalisation de votre curriculum vitae afin d’optimiser votre recherche d’emploi.

Chaque dernier vendredi du mois De 16h à 18h30 Prise de rendez-vous SUR PLACE 25 quai de Versailles Tram 2 - St Mihiel Renseignements : 02 40 12 15 18

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SOS INCESTE POUR REVIVRE

En chiffres

SOS Inceste pour revivre : les mots pour le dire Depuis près de 20 ans, à Nantes, SOS Inceste Pour Revivre apporte écoute, conseil et soutien aux personnes victimes d’inceste. Ce dossier spécial a pour objectif de vous informer sur les actions de cette association et plus largement de vous apporter des éclairages sur ce sujet encore tabou dans notre société malgré le nombre important de personnes concernées.

L’inceste c’est quoi ?

Tout d’abord, il existe une différence entre ce que l’on entend communément par le mot inceste, et sa transcription en termes juridiques. Si l’on s’en tient à une définition du dictionnaire : «relations sexuelles entre un homme et une femme liés par un degré de parenté entraînant la prohibition du mariage.», nous sommes loin de notre sujet et face à une définition totalement hétérocentrée. Voici la définition que propose l’association :

les agresseurs ayant un lien de parenté et celles et ceux qui ont autorité sur la personne mineure, sont mis sur un «pied d’égalité». Là encore l’association n’est pas satisfaite de la non reconnaissance de la spécificité de l’inceste. En effet, les faits revêtent un caractère singulier pour la reconstruction de la personne car l’agression vient de l’intérieur. Les représentantes de SOS Inceste Pour Revivre insistent également sur l’aspect polymorphe de l’inceste :

«Il peut survenir brutalement. Mais le plus souvent l’inceste s’installe à partir d’une relation faite de caresses et de séduction. Il s’immisce peu à peu, emprisonnant la victime dans une relation sans violence physique mais d’une violence psychique extrême. On parle aussi de climat incestueux. Bien qu’il n’y ait pas dans ces cas d’acte sur le corps de l’enfant, celui-ci se trouve confronté à la «L’inceste est une agression à carac- sexualité de l’adulte (visionnage de films tère sexuel d’une personne sur une pornographiques, attitudes ou propos autre, dans une même famille. Il s’agit déplacés, exhibition imposée…).» d’une agression sur un enfant. Celle-ci peut débuter dès la naissance et continuer jusqu’à l’âge adulte. L’agresseur Et l’inceste heureux ? peut être le père, la mère, un grand- Et bien oui ! Si la personne est conparent, un oncle, une tante, un(e) cou- sentante ? C’est toujours de l’inceste ? sin(e), un frère, une sœur, mais aussi Après tout si personne ne semble un beau-père ou le conjoint d’un pa- souffrir de cette situation, qu’est-ce rent. D’après la loi (Art. 222-31-1 du que la loi trouverait à y redire ? Ces Code pénal), l’agresseur est un phrases n’ont pas pour seul but la "ascendant ou toute autre personne provocation, mais reflètent des situa(…) ayant sur la victime une autorité tions bien réelles ; des situations où de droit ou de fait". Il peut s’agir d’at- l’opinion publique est décontenancée touchements et/ou de pénétration par l’attachement des victimes à leurs (vaginale, anale, buccale) par organe bourreaux, alors que cela est dû à un phénomène d’emprise. L’acte sexuel sexuel ou autre : doigt, objet (…).» n’est, bien souvent, que l’achèvement d’une entreprise bien plus complexe Comme vous pouvez le constater, la de destruction/négation de l’individu. loi ne retient pas le mot inceste dans Quant à la question du consentement, sa formulation. De plus, il est employé celle-ci ne se pose pas pour des mile terme d’ascendant, or les sœurs et neures-rs. Il serait totalement absurde frères n’ont pas de liens ascendants. d’attendre d’enfants une opposition Les violences sexuelles d’un adoles- aux adultes qui les entourent depuis cent de 15 ans sur un enfant de 5 ne leur plus jeune âge et censés les prosont malheureusement pas à exclure. téger. Enfin, dans cet extrait du code pénal,

Tirés de Le livre noir des violences sexuelles, Muriel Salmona, éditions Dunod

2%

des

violences

sexuelles intrafamiliales font l’objet d’une plainte. 20% des victimes de blessures physiques intrafamiliales portent plainte.

59% des viols et tentatives de viol sont commis sur des personnes mineures.

80%

des

personnes

vic-

times de viols connaissent leur agresseur.

20% des femmes et

5 à 10% des hommes ont connu des violences sexuelles étant enfant d’après l’OMS. Moins

10%

de

des

per-

sonnes victimes de violences intrafamiliales sexuelles et/ou physiques ont fait appel à un numéro vert ou à une association. Moins

20%

de

des

per-

sonnes victimes de violences intrafamiliales sexuelles et/ou physiques ont consulté un médecin après les violences subies. En France :

6%

des adoles-

centes ont subi des violences sexuelles à 14 ans. Elles sont

12%

à 18 ans,

14% à 21 ans.

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SOS INCESTE POUR REVIVRE L’écoute comme clef de voûte

Act-up a popularisé le slogan «silence = mort» au moment des premières mobilisations contre le Sida. Silence, tabou, secret sont des mots qui entourent l’inceste et maintiennent les victimes dans un isolement, qui en plus d’être injuste, est totalement insupportable. L’une des actions principales de l’association est l’écoute par mail, téléphone et entretiens individuels. Pour les personnes de l’association, ces écoutes sont l’essence même de l’existence de la structure.

Ici la souffrance a le droit de cité Parler, une activité humaine si banale. Mais parler d’inceste reste impossible. Le mot fait peur, la famille

est le lieu privilégié des secrets et il faut aussi toujours faire bonne figure vis-à-vis de l’extérieur. L’inceste touche tous les milieux sociaux. Alors quand les victimes parlent, voilà ce qu’elles entendent : «tu fabules», «mais enfin c’était il y a tellement longtemps», «on va garder ça en famille». Les écoutantes de SOS Inceste ont l’habitude de ces récits et ont régulièrement des parents qui leur demandent s’ils peuvent/doivent croire leur enfant. Sabrina, salariée à SOS Inceste explique : «Une victime n’affabule pas et elle dit bien souvent moins que plus sur ce qui lui est arrivé.». Voilà pourquoi Hélène (présidente de l’association) et Sabrina (salariée de l’association), à la question «quel est le mot le plus important pour vous ?» ont tout de suite répondu : L’ECOUTE. En effet, à l’association, les victimes ont un lieu pour dire ce qui, ailleurs, est «inentendable». Ici, la parole sera respectée, sans jugement. L’objectif est d’apporter aux victimes la possibilité d’envisager

une reconstruction grâce à l’instauration d’un climat de confiance. Il faut rassurer, sécuriser et permettre aux personnes d’exprimer leurs plus grandes souffrances, de leurs envies de suicide au rejet d’elles-mêmes. C’est «le lieu de la première parole».

Réinstaurer le lien social

C’est ainsi que Sabrina décrit le rôle du groupe de parole. Les personnes n’en sont pas au même stade et le fait de pouvoir s’identifier à d’autres, d’échanger et aussi de ne plus se sentir seule est essentiel. Les victimes les plus avancées dans leur reconstruction peuvent aussi trouver les mots pour que les autres envisagent plus sereinement la leur. Secrétariat ouvert de 9h à 12h30 et de 14h à 17h du lundi au jeudi et jusqu'à 12h30 le vendredi. Les permanences ont lieu tous les 1er et 3e lundis du mois de 18h30 à 20h30 et tous les mardis et jeudis de 14 à 17h. Entretiens sur rendez-vous les mardis, jeudi et vendredi le matin. Un groupe de parole a lieu 1 fois par mois (nous contacter). 02 22 06 89 03

Peut-on parler de prévention de l’inceste ? Autre activité importante de l’association : la prévention. Celle-ci peut prendre différentes formes : interventions dans les établissements scolaires, formation de stagiaires, conseil et accompagnement des victimes.

Ne pas rester seul-e face à cela Une fois de plus, l’accent est mis sur la parole quand l’association intervient dans les collèges ou les lycées. Il faut expliquer aux élèves qu’il leur est possible d’interpeller des adultes référents (infirmières-iers scolaires, professeurs, CPE etc.). Ces interventions permettent également de faire parler les jeunes sur ce qu’est la famille, ce qu’est le lien entre les individus d’une même famille et… que l’inceste : c’est le lien à n’importe quel prix. Un prix inacceptable. Il n’est pas toujours aisé pour

SOS Inceste Pour Revivre de se faire connaître auprès des établissements. Cependant, une fois la première intervention passée, les équipes pédagogiques comprennent l’importance de ce partenariat et réitèrent l’opération chaque année. Ces interventions durent environ 1h30 à 2h. «Les discussions avec les élèves autour de l’inceste nous amènent obligatoirement à parler de genre, de sexualité, du corps et de sexisme». Ces interventions permettent d’informer sur le fait que les filles ne sont pas les seules concernées et que les hommes ne sont pas les seuls agresseurs. Les intervenantes constatent que bien souvent les élèves ne connaissent pas le terme d’inceste bien qu’ils puissent dire « Ah oui c’est quand un adulte viole un enfant.» On voit aussi l’importance de leur expliquer la différence entre viol

hors lien et inceste. Ce travail est primordial pour l’association qui souhaite le développer grâce à la mise en place d’un nouvel outil d’animation utilisé depuis cette année. L’association s’interroge également sur les moyens de pouvoir s’adresser à des enfants plus jeunes que les élèves des collèges et lycées.

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SOS INCESTE POUR REVIVRE Les combats de SOS Inceste pour Revivre : Forte de ses 20 ans d’expérience, SOS Inceste Pour Revivre a la possibilité de nous faire partager un diagnostic sur la prise en charge des victimes d’inceste, sur les violences sexuelles en général et sur ce qu’elle souhaiterait voir évoluer, notamment sur le plan juridique.

Ne pas prendre position en ce qui concerne l’inceste, c’est prendre position contre les victimes. Il existe bien entendu différentes législations concernant l’inceste. Tous les pays ne le qualifient pas de la même façon et certains ne le pénalisent même pas. En France, l’inceste ne constitue pas un crime à part entière, c’est une circonstance aggravante dans les cas de viols et d’agressions sur mineures-rs. Cette reconnaissance est effective dans des pays comme les Etats-Unis ou encore le Canada. Hélène et Sabrina insistent sur la dimension singulière de l’inceste, pour les victimes, la reconstruction n’est pas similaire à celle d’un viol.

L’importance des mots.

Les termes que l’on emploie régulièrement ont eux aussi une importance. Qui n’a jamais entendu parler de «délinquant sexuel» ? Sabrina rappelle à juste titre que l’inceste n’est pas comparable à un vol de mobylette. De la même manière, il est dérangeant que les abuseurs ne soient finalement pas considérés comme des pédophiles. Cela a pour conséquence d’assimiler leurs actes à un dérapage et occulte le fait que l’acte sexuel en lui-même ne constitue «que» l’achèvement d’un processus bien plus complexe. De plus, les cas d’inceste sont souvent requalifiés en agression sexuelle et ne conservent pas la qualification de viol (qui constitue un crime, plus haute qualification dans l’arsenal judiciaire). SOS Inceste se bat donc

pour que l’inceste apparaisse dans le code pénal comme tel (et non comme circonstance aggravante commise par un ascendant). Cette modification du cadre juridique permettrait de supprimer une hiérarchisation aberrante entre agression et viol sur un enfant. Cela n’a pas lieu d’être, qu’il y ait pénétration ou non, les dégâts sont immenses pour la victime. La loi est d’ailleurs beaucoup plus sévère envers les réseaux qu’à l’encontre des individus.

La question de l’emprise.

Autre point sur lequel SOS Inceste souhaiterait que la loi progresse concerne la notion d’emprise. Comme expliqué précédemment, l’acte sexuel fait partie d’un tout et même sans passage à l’acte le climat incestueux est destructeur. L’enfant est à la merci physiquement et psychologiquement de ou des adultes abuseurs de son entourage. L’enfant est alors totalement nié en tant qu’individu, il devient en quelque sorte une coquille vide, un objet dévoué au seul plaisir d’autrui. Il est alors nécessaire que cette dimension soit transcrit en droit, afin que l’emprise psychologique soit prise en compte comme un moyen de contraindre la victime.

Et les victimes dans tout ça ?

Qu’existe-t-il pour les victimes ? Il faut savoir qu’il existe seulement trois entités comme SOS Inceste en France. Dans la procédure pénale, la prise en charge des victimes n’est pas prévue, alors que les obligations de soins pour agresseurs le sont. Hélène et Sabrina attirent notre attention sur le coût des conséquences des violences sexuelles pour la société. Par exemple, moins l’on prend en charge les victimes, moins elles sont accompagnées pour leur reconstruction, plus elles seront en difficulté dans leur vie future (professionnellement, sur le plan de la santé, etc.). Il est déjà inconcevable de laisser dans l’exclusion et la solitude des personnes

ayant subi de tels actes, mais si nous ne devions garder que les arguments comptables, le coût de cette non-prise en charge est évalué entre 5 et 15 milliards d’euros en terme de répercussions médicales, économiques et sociales. L’association préconise donc la mise en place d’un fonds pour les victimes afin d’assurer leur prise en charge par des professionnelles-ls. Tout cela donnerait la possibilité aux victimes de comprendre ce qu’est la pathologie du lien, de travailler sur des questions comme le rapport au corps, le désir, le plaisir ainsi que le lien à l’autre. Pour ce faire, il faudrait que des lieux comme l’institut de victimologie à Paris ou dans le 92 existent dans chaque département.

«La victime a sa place dans la société et sa parole doit en avoir une aussi». La principale difficulté pour une personne victime d'inceste ou de pédophilie est de sortir du silence, de faire reconnaître sa souffrance et le préjudice subi (les victimes parlent en moyenne 16 à 17 ans après les faits). Porter plainte (longtemps après les actes) est une démarche personnelle. Chaque victime devrait avoir la possibilité de le faire, sans se heurter à la prescription. C'est pourquoi l'association se bat pour l’imprescriptibilité de l'inceste, comme l’ont fait d'autres pays. La législation actuelle ne tient pas compte de notions psychologiques telles que l'emprise et l'amnésie traumatique qui expliquent la parole tardive des victimes. A défaut d'obtenir l'imprescriptibilité de l'inceste, il serait important de rallonger le délai de prescription pour laisser à la victime le temps de prendre conscience du crime (levée de l'amnésie et/ou de l'emprise). Celle-ci est alors en capacité de porter plainte. La procédure judiciaire permet de reconnaître la souffrance des victimes.

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CHRONIQUE

par Mirabelle

Chronique de l’apprentie féministe : «Je ne suis pas féministe mais...» Se dire féministe n’est pas chose aisée, vous avez peut-être déjà tenté l’expérience et si c’est le cas, il est à parier que vous n’avez pas reçu d’applaudissements. Se dire féministe, c’est porter un stigmate. Se dire féministe c’est renvoyer une image violente aux autres. Mais pourtant, la violence estelle réellement du côté des féministes ? Pour information, la première cause de mortalité pour les femmes entre 15 et 45 ans, peu importe où elles se trouvent sur la planète, sont les violences qui leur sont faites. Cette nouvelle chronique a pour objectif de se mettre à la place d’une personne qui ignore son féminisme et qui est confrontée à des situations du quotidien. Tout cela, loin des grandes théories, c’est une approche du concret car il n’existe pas UN féminisme, ce n’est pas une religion, mais DES féminismes et des individus qui décident de se dire féministes. Lors d'une conversation, un copain m'a dit : «Ah oui, c'est vrai tu es féministe...». Ceci avec un sourire. Moqueur ? Ironique ? Narquois ? Méprisant ? Rien de très respectueux en tous cas. J'ai immédiatement réagi : je ne suis pas féministe, mais... Très vite, après, j'ai été en colère. Après lui d'abord. Que signifiait son sourire ? Que met-il derrière féministe ? Ce sourire indéfini incarne le sous entendu de ceux qui font de ce mot un cliché, une caricature : la féministe est une combattante d'arrière garde, une hystérique, une femme à barbe, une mal baisée, une lesbienne, anti-homme, etc. (liste à compléter) tout cela au choix mais de préférence cumulé. En arborant ce sourire, il me disqualifiait : "Ah oui tu es féministe, tu n'es pas sérieuse, pas crédible". Aucune discussion possible. J'étais en colère contre moi surtout ! "Je ne suis pas féministe mais..." ! J'ai confirmé, en niant, qu'être féministe était une tare, une insulte ; je me suis défendue en niant tout en bloc. J'étais en colère qu'il me confonde avec SA féministe. Avec ce que lui met derrière ce mot. En niant, j'ai acquiescé à sa vision de la féministe. Un monstre ! Avec le recul, je me demande si le mot le plus important n'est pas ce "mais" : mon inconscient de femme a dû avoir un sursaut de .....conscience puisque ce "mais" est venu atténuer ma protestation. Ce que je voulais lui dire, c'est : "non, je ne suis pas la féministe que tu crois, je ne corresponds pas à l'idée fossilisée dans l'esprit de beaucoup que tu te fais des féministes. Je ne suis pas une caricature, je ne suis pas la somme de tous les fantasmes que véhicule ce mot, affreux semble t-il. Quand

une femme, s'irrite et réagit à un comportement sexiste, à une remarque misogyne, des voyants rouges s'allument dans l'esprit de la majorité : "qu'est-ce qu'elle vient encore nous em...". Cela en est même devenu un jeu, une provocation gratuite pour faire sortir la féministe de sa grotte. Alors aurais-je développé par auto défense un anti -féminisme intériorisé ? Oui sans doute puisque ce mot me fait bondir ! Cet anti-féminisme est la manifestation de l'instinct de survie dans une société fortement agrippée à son fonctionnement, à dominante masculine. Fautil donc pour être féministe, pour être mieux féministe aujourd'hui se défendre de l'être ? Faut-il supprimer ce mot puisque c'est lui le responsable, puisqu'il condense tous les clichés ? En inventant un nouveau mot, ne supprimerait-on pas ce qu'il représente ? Si je réfléchis un peu, LA féministe avec laquelle je ne voulais pas être confondue n'existe pas puisqu'elle est la somme de tous les stéréotypes ! Mais il est bien plus simple d'englober la plus minime des manifestations qu'une femme peut émettre dans le nid à clichés pour la décrédibiliser, la faire passer elle et ses semblables ("toutes pareilles") pour une infatigable râleuse, éternellement mécontente et dans la complainte ! Une des répliques cultes de ces sourieurs est «hoo, t'as pas d'humour !». En bref, pour lui j'étais féministe et sans humour. De quoi alimenter le fantasme, le sourire, les voyants rouges ! Alors, pour éteindre tous les voyants, qui me décrédibilisent, je ne suis pas féministe, mais… je risque de le devenir ! Mirabelle

OUVREZ L’OEIL Vous emmène cette fois à Orly et non à Nantes ! Merci à Pauline de nous avoir transmis ce visuel vraiment trop mimi et si loin des clichés. Ce visuel du 3ème millénaire ! Alors à toute personne ayant un pénis, il vous est formellement interdit de prendre soin d’un enfant. Et si par le plus grand malheur vous trimballiez avec vous une de ces petites choses bruyantes, vous n’auriez d’autre choix que de les laisser baigner dans leur...Merci à la compagnie HOP ! Filiale d’Air France pour ce sens donné à la vie. Espace Simone de Beauvoir Nantes - L’Œil de Simone - N°104 - Déc-Janv-Fév-2013/2014

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L’ŒIL DE SIMONE VIGILANCE FEMINISTE ! La préhistoire c’est aujourd’hui Des femmes ? Peindre dans les grottes ? Et des scènes de chasse en plus ? Mais où avez-vous la tête ?! «La chasse est une affaire d’hommes» nous rappelle Jean Clottes. Alors, remettons nous dans le contexte pour mieux appréhender cette phrase. Dean Snow, anthropologue de son état a mené des recherches dans des grottes en Espagne et en France. Pour lui, ce sont des femmes qui auraient réalisé les peintures présentes dans ces sites préhistoriques. Une découverte qui nous donne la chance d’assister à des débats de haut vol. Quand Jean Clottes dit «La chasse est une affaire d’hommes», il tente en réalité de se dédouaner en expliquant que : c’est sa conception de la préhistoire qui fait de la chasse une affaire

siècle. La place des femmes dans l’histoire est minime. Effectivement, les organes de pouvoir ont été principalement dévolus aux hommes. Cela ne doit pas pour autant justifier que l’histoire transmise aux enfants soit celle des «Grands Hommes». Aujourd’hui, les chercheuses-eurs devraient avant tout s’inquiéter du regard qu’elles-ils portent sur le passé et se demander en quoi la société actuelle peut influencer leur approche des activités humaines à une autre époque. Car c’est en transmettant de fausses représentations que l’on entretient les inégalités entre les individus. Par exemple, expliquer que de tous temps les hommes étaient à l’extérieur, allaient à la chasse et que les femmes cuisinaient sagement dans la grotte pendant ce temps-là

d’hommes. Ce préhistorien français, dont le travail a manifestement altéré les capacités intellectuelles, nous donne à voir à quel point l’histoire est un domaine primordial en matière d’égalité. L’histoire aujourd’hui (bien plus que la chasse au Paléolithique supérieur) est une affaire d’hommes. L’étude de l’humanité est faites par des hommes et enseignée à tous les individus. Nous transmettons aujourd’hui une vision totalement tronquée de la réalité. En histoire, il est difficile de parler de vérité. Une vérité aujourd’hui peut être remise en question par des recherches futures. C’est d’ailleurs ce que l’on devrait expliquer aux élèves : « rien n’est absolu, tout est relatif». Nous pouvons affirmer objectivement que l’histoire est un outil politique et ce depuis le XIXème

entretient et justifie l’idée qu’aujourd’hui les femmes ne devraient pas travailler et rester à la maison. (Vision largement répandue auprès des jeunes d’aujourd’hui rencontréesés à l’occasion d’interventions en milieu scolaire.). Il est donc grand temps que les universités exercent une vigilance accrue sur ces sujets et forment les enseignantes-ts chercheures-rs à ces questions. Car il semble désormais évident que les femmes et hommes préhistoriques étaient plus évolués sur la répartition des tâches que nous pouvons l’être aujourd’hui ! Un point de vue complémentaire sur ce sujet : http:// www.lemonde.fr/idees/ article/2013/10/25/va-faire-chauffer-lamarmite-dans-lagrotte_3502979_3232.html

Mobilisez-vous ! Pour lutter contre les inégalités entre les sexes et sensibiliser les étudiants sur les questions de genre, le réseau Arpège a lancé une pétition pour créer des postes «Genre» dans les universi-

tés. Une pétition a été mise en ligne pour appeler les ministères de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement supérieur, et des Droits des Femmes à créer des postes en genre et études féministes dans les universités. Lancée par le réseau interdisciplinaire Arpège destiné à promouvoir les recherches sur le genre, cette pétition est une façon de faire comprendre que pour lutter contre les préjugés, la transmission des savoirs joue, elle aussi, un grand rôle. «Parce que la transmission des valeurs d’égalité et des droits des Femmes, la lutte contre les stéréotypes passent par la culture, la recherche et l’enseignement.». De plus, sans recherches, il est très difficile de pouvoir mettre en œuvre des actions qui ont vocation à favoriser l’égalité. En France, nous manquons d’ailleurs de données et d’études dans le domaine. http://www.change.org/fr/p%C3% A9titions/minist%C3%A8resenseignement-sup%C3%A9rieur-%C3% A9ducation-nationale-droits-desfemmes-cr%C3%A9ation-de-postesgenre-etudes-f%C3%A9ministes-danstoutes-les-universit%C3%A9s

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L’ŒIL DE SIMONE VIGILANCE FEMINISTE ! Vous avez dit Bechdel ? Quand les femmes sont loin de se faire du cinéma Le test de Bechdel n’a rien à voir avec la gramSexisme, maire, mais avec le cinéTHE END ? ma. Ce terme vient d’Alison Bechdel, une dessinatrice américaine, qui, dans les années 1980-1990, s’est intéressée à la représentation des femmes dans les films. Pour cela, elle a mis en scène dans ses planches deux lesbiennes qui s’interrogent sur quel film aller voir au cinéma. Le principe du test de Bechdel est simple : au moins deux femmes doivent être présentes dans le film ET elles doivent avoir une conversation (entre elles) n’incluant pas un homme. Ce principe a été repris par la gérante d’une salle en Suède. Elle s’appelle Ellen Tejle et est responsable de la salle le Bio Rio. Aujourd’hui quatre salles de cinéma en suède reprennent ce label symbolisé par un «A» (pour approuvé). L’objectif est de signaler aux personnes si le film qu’elles souhaitent voir a passé ce fameux test de Bechdel avec suc-

cès. Pour rappel, dans la majorité des films (et des productions culturelles en général), les rôles attribués aux femmes sont très genrés et les maintiennent dans des schémas traditionnels. Rappelons que les productions culturelles et artistiques constituent des sources où piochent les individus afin de construire leur propre identité. Il est donc important de mettre en avant une production culturelle favorisant la diversité du genre humain. Quant à savoir si le test est un bon moyen d’y parvenir, à vous de vous faire un avis et de souhaiter ou non son arrivée en France. Pour vous informer sur la culture et les questions d’égalité nous vous conseillons de consulter le Rapport de Reine Prat, particulièrement édifiant à ce sujet. Pour exemple : 97% des musiques que vous entendez ont été composées par des hommes et 78% des pièces de théâtre mises en scènes par des hommes. Plus d’infos : http:// www.culturecommunication.gouv.fr/ content/search/? SearchText=reine+prat&SearchButton =&node_id=66

Épilation piège à... Qu’est-ce qui préoccupe une personne qui est sur le point d’accoucher ? L’appréhension ? L’envie que tout se passe bien ? Que le bébé se porte bien ? Le changement que cela représente dans sa vie ? NON ! Heureusement, Vertbaudet est là pour nous informer. Une personne qui est à une semaine de son terme n’a qu’une chose en tête : à quoi va ressembler son sexe au moment de l’accouchement. Il faut éradiquer le moindre poil ! C’est vrai, il ne faudrait pas que les équipes médicales aient à subir une vision trop luxuriante de la chose. Verbaudet conseille donc de prendre rendez-vous dans un institut esthétique avant le

jour J. Les services médicaux ont l’habitude de retirer les poils (si besoin) avant l’accouchement, ils sont donc rompus à cet exercice. Cette précaution de Vertbaudet serait-elle formulée dans le but de faire gagner du temps ce jour-là ? À la lecture de ces mots «Le mieux est de vous épiler régulièrement afin d’être impeccable le jour J», il semblerait que ce soit plus une injonction à une norme esthétique qu’autre chose. Il ne faudrait pas apparaître comme une femme négligée, une femme se doit d’être toujours impeccable…

Mobilisez-vous ! Harcèlement de rue :

Guillaume Pley travaille sur l’antenne de NRJ, une radio très écoutée par les jeunes. Il a réalisé une vidéo, en s’inspirant d’un concept américain, au titre alléchant : «comment choper une fille en trois questions ?». Amies-is poètes bonjour… Ou comment traiter les femmes comme du bétail. En résumé, Guillaume Pley incite au harcèlement dans la rue. Cette pétition a pour objectif de retirer la vidéo de Youtube. Pour le moment il y a juste un message d’avertissement associé à la vidéo. Vous pouvez signer la pétition ici : http:// www.change.org/fr/p%C3%A9titions/ guillaumepley-retirez-votre-vid%C3% A9o-comment-chopper-une-fille-entrois-questions

Afin de ne pas rester sur une note trop déprimante, vous pouvez aller consulter cette page : http:// projetcrocodiles.tumblr.com/ Le projet crocodiles, ce sont des histoires vécues par des femmes dans la rue et mises en dessin par Thomas Mathieu.

Viols : circulez, rien à voir

Rappel : il y a un viol toutes les 7 minutes en France en 2013 (fourchette d’estimation basse et cela ne comprend pas les personnes mineures). Partons maintenant au Kenya où Liz, de retour d’un enterrement a été violée et battue puis laissée pour morte dans une fosse de 6 mètres. Liz est toujours en vie et elle a identifié ses agresseurs, qui sont de son village. La police les a condamnés… à tondre la pelouse du commissariat. Ils ont pu ensuite retrouver leur liberté. Rien à ajouter. La pétition est ici : http://www.avaaz.org/fr/ justice_for_liz_loc/?bXBlfbb&v=30689

http://www.planet.vertbaudet.com/je -m-epile-pour-le-jour-j.htm

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L’ŒIL DE SIMONE VIGILANCE FEMINISTE ! Mobilisez-vous !

«L’amour» 2.0

Ah que serions-nous aujourd’hui sans tous nos formidables moyens de communication ? Il paraît même que nous ne nous égarons plus depuis que nous avons un GPS intégré dans nos smartphones. Ce qui est certain, c’est que nous avons égaré les rapports humains, plus besoin de demander son chemin à un autre être humain. En dehors de cela, les nouvelles technologies ont également envahi la sphère intime. De nombreux pays mettent en place des actions de sensibilisation en direction des jeunes afin de prévenir les répercussions sur leur vie réelle de leur vie virtuelle. En effet, nombre d’adolescentes-ts ont subi un harcèlement via les réseaux sociaux qui les a parfois conduit au suicide. Ces pratiques, d’une rare violence, sont difficiles à déceler, la prévention reste alors le principal levier d’action. Outre le lynchage, les adolescentes-ts sont exposées-és à une mo-

dification des relations de couple en lien avec ces moyens de communication. C’est un phénomène appelé le «sexting» : contraction de sex et de texting. En clair le sexting désigne la diffusion d’images intimes de personnes mineures. Ces pratiques révèlent en plus de la vulnérabilité des jeunes, l’instauration de rapports de force dans les relations amoureuses des adolescents. Les possibilités liées aux nouvelles technologies, induisent des comportements similaires aux violences au sein du couple constatées chez les adultes. Ces rapports de domination s’instaurent donc dès le plus jeune âge. Les moyens de communication facilitent le harcèlement et le contrôle des individus dans le couple : géolocalisation, contrôle des relations, confiscation du téléphone ou de l’ordinateur, etc. Pour en savoir plus sur les moyens de prévention de ces comportements, le site de l’éducation nationale sur le harcèlement à l’école : http:// www.agircontreleharcelementalecol e.gouv.fr/quest-ce-que-leharcelement/le-cyberharcelement/

Joyeux...retour en arrière À l’approche des fêtes de fin d’année, vous vous creusez la tête pour savoir quoi offrir à vos proches. Le «dico des filles 2014» est à la hauteur de sa couverture : dégoulinant de stéréotypes et d’homophobie. Alors, non, il ne fera pas partie de notre liste. En revanche, nous pouvons vous conseiller d’aller jeter un œil (de Simone) sur une bibliographie réalisée à la demande de la Délégation aux Droits des femmes de la Drôme «pour bousculer les stéréotypes filles-garçons» regroupant 92 ouvrages pour cette année 2013. Faites-vous plaisir ! http://www.mairie-le-teil.fr/IMG/pdf/ biblioegalite.pdf

Les comparaisons simiesques d'AnneSophie Leclère, candidate FN, les bananes des enfants de la Manif pour tous, et maintenant la Une du journal d'extrême-droite Minute… Ce qu'a subi Christiane Taubira ces jours derniers est le symptôme de ce que subissent, certes de manière moins médiatique, des centaines de milliers de Français au quotidien. Pour lutter contre le racisme, les paroles, c'est bien ; les actions, c'est mieux. C'est pourquoi nous demandons au gouvernement de mettre en place un véritable plan de lutte contre le racisme, avec 5 mesures phares : 1) Mettre en place un ministère de la lutte contre le racisme, comme il existe des ministères ou secrétariats d'Etat chargés du sexisme, du handicap, de la jeunesse, de la vieillesse, etc. 2) Mettre en place les actions de groupe en matière de discriminations, ce qui permettrait aux personnes discriminées de porter plainte ensemble, car l'union fait la force. 3) Instituer les attestations de contrôle pour limiter le "délit de faciès", qui affaiblit chaque jour davantage le lien entre la République et les jeunes des quartiers populaires. 4) Intégrer au bilan social des entreprises un bilan diversité, comme il existe un bilan concernant l'égalité entre hommes et femmes. 5) Mettre en place un musée de l'esclavage et de la colonisation (il y en a 150 aux Etats-Unis, mais aucun dans notre pays qui compte pourtant 12 000 musées). Ensemble, faisons avancer en France le combat pour l'égalité ! Merci de signer et diffuser la pétition. http://www.change.org/fr/p%C3% A9titions/combien-de-bananes-faudra-t-il -appel-pour-un-plan-d-action-contre-leracisme

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LES CONSEILS DE SIMONE POUR POURSUIVRE LA REFLEXION... « A quoi servent les chiffres sur les violences faites aux femmes ? » Conférence de Chrystelle Hamel, anthropologue et sociologue de l’Institut National des Etudes Démographiques, coordinatrice du programme santé «violences-sexualité et genre» et responsable de l’enquête VIRAGE. Près de 15 ans après l’enquête ENVEFF sur les violences faites aux femmes, un groupe de re-

Conférencedébat lundi 27 janvier 20h piano’cktail Rue GinsheimGustavsburg 44340 Bouguenais Tél.: 02.40.65.05.25

Conférence

cherche s’est constitué en France, sur les préconisations de l’Union Européenne afin de mieux évaluer les violences de genre dans le pays et d’en mesurer les conséquences sur les victimes. Conférence organisée par Questions d’Égalité.

Vendredi 13 décembre 20h Maison de Quartier Villejean - 2 rue de Bourgogne à Rennes Métro Kennedy ou Villejean Université

Geneviève Fraisse : que pensent les femmes du bonheur ? «La gloire est le deuil éclatant du bonheur» est une phrase attribuée à Germaine de Staël. La citation exacte, oubliée de tous, précise que c’est «pour une femme» que la gloire ne saurait être que le deuil éclatant du bonheur. On partira de là, de la question des sexes, du bonheur caché ou public, mais aussi de la connaissance ou de la méconnaissance de soi et du monde pour être heureux. Kierkegaard écrivait que c’est un malheur d’être une femme, mais pire encore,

de ne pas comprendre ce malheur. Nous parlerons donc du bonheur, et du savoir qui s’y attache. Geneviève Fraisse : philosophe, historienne de la pensée féministe, directrice de recherche au CNRS. Elle est également ancienne déléguée interministérielle aux droits des femmes et ancienne députée européenne. Elle travaille notamment sur l’histoire de la controverse des sexes, d’un point de vue épistémologique et politique.

Aux rencontres de Sophie, entre autres… Catherine Vidal : «Libres !» : n’est-ce pas là le premier mot d’ordre de l’individu moderne, jusqu’à l’ultime revendication de l’humanité contemporaine ? «Libres» à l’égard de tout commandement divin comme de tout déterminisme naturel, de tout fatalisme historique comme de toute servitude politique ! Aussi bien dans la vie matérielle collective (des prothèses techniques permettant à l’homme d’échapper aux limites de sa condition mortelle) que dans l’existence culturelle individuelle (le «développement personnel» rendant chacun «libre» de tout sentiment de mal-être comme de toute conscience de mal faire). «Libres», réellement ? : la finitude de la condition humaine (biologique, sociologique, psychologique, politique, etc.) n’opposerait-elle pas un conditionnement radical à la prétention d’«être libre», plutôt que de simples obstacles que l’on pourrait surmonter, voire supprimer, à volonté ?

«Être libre», est-ce un état statique, passivement hérité de la nature ou de la culture, ou bien plutôt le but d’une exigeante tâche personnelle et collective de libération, qui ne se peut mener sans quelque volonté de connaissance et vertu de patience ? Certains combats, des plus quotidiens aux plus historiques, et qui n’ont pas toujours les honneurs des feux de la rampe médiatique, n’en témoignent-ils pas avec courage ? C’est à l’examen de ces questions que nous invitons le public, lors de conférences et débats, d’un abécédaire, d’un atelier philo enfants et de projections de films.

Les rencontres de Sophie Le Lieu Unique Nantes

Ven.14,sam.15 et dim.16 Février

AVEC : ÉTIENNE BALIBAR, EDWIGE CHIROUTER, LAURE DESPRES, CHARLES GARDOU, MARTINE LEBRUN,

PIERRE

MANENT,

ABDELWAHAB

MEDDEB, OLIVIER RAZAC, PASCAL TARANTO , CATHERINE VIDAL , PIERRE ZAOUI …

Programme complet à partir de janvier 2014 à la billetterie du lieu unique et sur le site internet.

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EN LECTURE SIMONE par Julie et Marion Dans la bibliothèque de Simone...je voudrais une littérature redéfinissant la place des individus dans notre société. Accordé ! Voici une petite sélection diverse dans sa forme qui dévoile, témoigne et analyse tous ces préjugés que l’on colle habituellement à l’image des deux genres. Ces livres vous feront quelques fois sourire ou froncer les sourcils mais ne vous laisseront jamais indifférentes-ents. Nous allons parler de nos coups de cœur, mais les vôtres seront peut-être sensibles à d’autres ouvrages que l’on trouve ici dans la bibliothèque du 25 quai de Versailles. Pour le savoir, il suffit de s’y rendre ! Allez, en lecture Simone ! Avec "On n'est pas des poupées" de Delphine Beauvois et Claire Cantais, à bas les stéréotypes et les clichés ! Ce "premier manifeste féministe" pour la jeunesse traite avec humour et dérision de la construction sociale du sexisme. Son but : déconstruire les stéréotypes, et encourager les filles à s'affirmer et à se forger leur propre personnalité ! Ce petit livre permet aussi d'effectuer une première rencontre avec de grandes figures féministes telles qu'Olympe de Gouges, George Sand et Simone de Beauvoir. Edition La ville brûle (collection Jamais trop Tôt)

«D’abord le rose c’est la couleur des saucisses !»

"L'identité masculine en tant que rapport social doit être transformée : tel est le postulat de ce livre." Dans son essai "Refuser

d'être un homme: pour en finir avec la virilité", John Stoltenberg dénonce la construc-

tion sociale de la virilité dans notre société et les conséquences de cette dernière (viols, homophobie, chosification sexuelle, pornographie, violence au sein du couple,

militarisme, contrôle masculin de la procréation des femmes etc.). Il montre ainsi l'inégalité des rapports femmes-hommes dans notre société en dénonçant la domination masculine. Editions Syllepse (Collection Nouvelles Questions Féministes)

"En chemin Elle rencontre…" C’est parce que j'ai vu "Amnesty International" sur la couverture de l'album que je l'ai choisi parmi tous ceux que j'avais sous les yeux. J'ai été bénévole pour ce mouvement et je connais bien ses combats. Autant le dire, je n'ai pas été déçue ! Il s'agit d'une bande dessinée, fruit de la collaboration de scénaristes et de dessinateurs ayant tous leur façon de traiter la chose. Quelle chose ? L’égalité femmes-hommes, la place de chacun dans la société. Derrière les dialogues satiriques, les récits sont inspirés de témoignages de femmes venues trouver une écoute auprès d’associations. Tout dans cet ou-

vrage réveille le lecteur : les styles différents qui s'enchaînent, les couleurs, les textes, les notes des artistes, les informations sur les droits et l'égalité. Il se lit d'une traite et reste longtemps en mémoire (notamment à l'histoire intitulée "Cage"). On se reconnaît un peu dans ces cases. Si cela nous surprend, c'est normal. Cette sensation qui reste après avoir reposé le livre, c'est ce qui se passe lorsqu'on se rend compte qu'on vient de lire un ouvrage dont on est le sujet. Edition Des ronds dans l'O (collection récits, documents) Ah j’oubliais : www.amnesty.fr

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EN LECTURE SIMONE par Julie et Marion «Corps en tous genres - La dualité des sexes à l’épreuve de la science» Anne Fausto-Sterling est une auteure à la fois biologiste, historienne des sciences et féministe. En tant qu’étudiante en biochimie, je ne pouvais pas passer à côté de l’ouvrage ! Deux petites cases (F ou H), et la croix doit trouver sa place dans l’une OU l’autre. Et s'il n'y avait pas que deux sexes... Ah c'est ce qui me plait tant dans la biologie, c'est qu'elle remet sans arrêt tout en question et c'est tant mieux ! Les sciences ne sont pas si objectives qu'elles en ont l'air et elles ne sont souvent que des instruments dans les mains du politiquement correct. Il s'agit de la première leçon. La seconde nous enseigne que la vie est loin de la vision que nous

en avons : stable, forgée, définie. Elle est foisonnante, buissonnante, elle est hasardeuse et expérimentale dans son évolution. A une autre échelle, on dirait qu'un rien entraîne la multitude. La vie est variation et contreexemples. N'en déplaise à certainesns, pas de barrières donc aux sexualités et aux sexes, si nombreuses-x soient-elles-ils. Voilà en quelques lignes une très (trop) courte synthèse de ce livre au ton vivant qui nous semble provenir d'un amphithéâtre rempli d'étudiantes-ts incrédules. A lire, et à faire passer juste après. Editions La Découverte (collection SH/Genre & Sexualité)

«De Punghina à Indre, 20 recettes rroms de Roumanie»

« la cuisine est aussi l’art de recevoir »

Voici un bel exemple de partage de cultures ! Lorsque les femmes rroms rencontrent les femmes de la commune d’Indre, c’est pour un instant de partage et de complicité culinaire. Et ce sont vingt recettes roumaines qui sont à l’honneur dans cet ouvrage aux couleurs chaudes. On y retrouve des plats à la fois empreints des saveurs du pays d’accueil et dont la préparation requiert une façon de faire traditionnelle. On comprend alors pourquoi cette cuisine est riche et variée : elle s'est nourrie des pays traversés par son peuple. En parallèle, l’histoire des cuisinières est retranscrite, et pour peu que l’on écoute les chansons traditionnelles enregistrées en direct lors des ateliers cuisine (oui on peut chanter et cuisiner en même temps), on se retrouve immergé dans un histoire qui débuta à Punghina en Roumanie en 2002, qui gagna la Hongrie, l'Autriche, l’Italie et qui s’acheva à Indre près de

Nantes. Ici à l’Espace Simone, on a même joué aux apprentis cuisiniers en testant les biscuiti cu dulceata. Et c’était michto. La recette est simple, il suffit de regarder faire, imiter, être à l’écoute. Et en pratique ça marche plutôt bien : l’atelier cuisine est un projet d’insertion qui avait pour but initial de rapprocher les familles rroms installées en urgence, de la population locale. Pour mettre fin à la politique «de la patate chaude», les familles devaient être intégrées. Le lieu-dit Les Savonnières, où les caravanes rroms s'étaient installées en 2009, a été adapté aux normes de sécurité. Depuis le lieu regroupe six mobil homes et a été rebaptisé «Village de la Solidarité». Et pour fêter ça, vous reprendrez bien un verre de tuica ! Noroc ! Notes de l'artiste-cuisinièresimonesque: "Pour une fois je n'ai pas eu à personnaliser la recette, les proportions des ingrédients sont les bonnes!" et autre chose: "ah oui! Le livre de recettes ne finit pas plein de farine, puisque grâce à son format il peut être tenu à distance..."

Lexique : Biscuiti cu dulceata : macarons à la confiture Michto : il n’y a rien à ajouter (c’est bien) Tuica : alcool de fruit, très fort (souvent de prune) Noroc : santé ! Edition Association Romsi

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INFOS ASSOCIATIONS ADHERENTES Violences faites aux femmes : la loi du silence ?

Dr. Muriel Salmona

victimes et les auteurs de violences ont décrit leurs actions et sont restées disponibles pour répondre aux questions du public. L’ADAVI 44, le CIDFF de Nantes, Solidarité Femmes Loire-Atlantique, l’AAE 44 et SOS Inceste Pour Revivre ont montré l’importance du réseau associatif local dans le combat contre les violences faites aux femmes. Du dépôt de plainte à l’accompagnement juridique, de l’écoute à l’hébergement d’urgence, des actions de sensibilisation aux formations des professionnelles, leurs actions sont multiples et essentielles. Il ne faut pas perdre de vue que la gestion de ces questions repose principalement sur les associations et que sans elles ce combat ne pourrait pas avancer. Les associations ont également profité de cette rencontre pour rappeler les difficultés financières auxquelles elles doivent faire face. Enfin, le public a interpellé les professionnellesls sur la question des personnes migrantes, se trouvant dans un isolement extrême et pour lesquelles les solutions n’existent pas réellement. Cette journée consacrée à la question des violences a donc été très riche et mériterait d’être renouvelée.

*Table ronde avec les associations locales

Vendredi 22 novembre à l’invitation de la mission départementale aux droits des femmes, de l’Université de Nantes, de Solidarité Femmes et de SOS Inceste Pour Revivre, de 13h30 à 18h30, dans l’amphi G de la faculté de Droit à Nantes, la salle était comble, même les escaliers ont été pris d’assaut. Preuve que le sujet des violences intéresse. Cette journée avait pour objectif d’apporter un éclairage le plus complet possible. Chaque sphère de la société concernée par la question a pu exposer son approche et ses actions. Tout d’abord, les institutions ont présenté ce qui était mis en œuvre par l’Etat. Ensuite, Muriel Salmona a réalisé un exposé sur un domaine peu connu du grand public : la mémoire traumatique. Les recherches menées par la docteure, chercheuse en psycho-traumatologie montrent que le cerveau humain garde des lésions liées aux violences subies. Ces dernières ne sont pas irréversibles, mais nécessitent une réelle prise en charge des personnes victimes de violences. Madame Salmona a ensuite poursuivi son interven-

tion en décrivant les différentes conséquences sur le comportement : la dissociation, la nécessité de disjoncter, la dépression, l’anxiété ou les troubles de la personnalité. La docteure a surtout insisté sur le fait que nous étions face à un problème de santé publique comme l’a confirmé pour la première fois, la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem. Autres constatations : les professionnelles-ls de santé ne sont pas formées-és sur les conséquences traumatiques des violences et les victimes non prises en charge. Muriel Salmona décrit alors une situation ubuesque : «C’est comme si une personne était renversée dans la rue par une voiture et que personne ne faisait rien, que la personne devait rentrer chez elle tant bien que mal et qu’elle devait se réparer elle-même». Puis, Anne Bouillon, avocate au barreau de Nantes, a relevé l’amélioration des procédures, tout en maintenant qu’il restait un long travail à effectuer sur les mentalités. En effet, on attend encore de la victime qu’elle corresponde à l’image que l’on se fait d’elle. Or les situations sont toutes singulières et il n’y a pas de bonne ou de mauvaise victime. Pour clore la journée, les associations* qui agissent tous les jours avec les

Stages d’auto-défense les dimanches 2 et 9 mars 2014 La Trousse à Outils, association adhérente de l’Espace Simone de Beauvoir : «Nous proposons des stages d'auto-défense féministe, qui se basent sur une volonté de comprendre la spécificité des violences que vivent les femmes, et d'y appor-

ter des outils adaptés. Nous proposons des stages femmes et adolescentes, qui permettent de travailler en amont des agressions, d'acquérir autonomie, confiance en soi, et de se donner le droit de se défendre. Nous travaillons autant sur la défense physique, adaptée aux capacités de chacune, que sur la défense

verbale, en cherchant à proposer à chacune des stratégies qui lui conviennent.». Pour les inscriptions et renseignements vous pouvez nous écrire à mediatheque@espace-de-beauvoir.fr ou nous appeler au 02 40 12 15 18. Tarifs : 40€, réduit 15€ (conditions de ressources).

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FOCUS une interview réalisée par Marion Olivia Granville, une artiste hors norme !

tuez des portraits de femmes, d'où vous vient cette envie ? Pour le grand jeu il y a la question de l'autoportrait, c’est un solo, et c’est vrai que je me reconnais dans ces portraits de femmes que dressent Cassavetes, sa manière d’aborder la question est incroyablement juste et reste actuelle. Mais je ne me suis pas dit un jour "Je vais faire des spectacles militants et parler des femmes"! Seulement au fur et à mesure de mon travail et aussi de mon âge, cette question des femmes est apparue, c’est quelque chose qui a émergé. Le regard de Cassavetes sur les femmes, c'est aussi une manière de parler de nonconformité, d’une difficulté à se conformer à une norme sociale et quelque part c’est aussi une façon de parler de lui en tant qu'artiste. Une semaine d'art en Avignon était une commande. J'y ai répondu à ma manière au travers de ces trois parcours de femmes et d’artistes, au départ c’était un peu un hasard… Le Grand Jeu est pour moi avant tout un travail sur le cinéma, et sur « ce cinéma du corps » qu’invente Cassavetes. Les scènes sur lesquels j’ai travaillé sont tirées de divers films dont Une femme sous influence, Opening Night, Gloria, Love Streams. Et ce qu'il y a de frappant dans sa filmographie, c'est qu’il travaille toujours avec la même actrice (ndlr : Gena

Olivia Granville dans

Le Grand Jeu

Dans Une semaine d'Art en Avignon et Le Grand jeu vous effec-

Rowlands), et cette actrice, qui est aussi sa compagne, vieillit au fur et à mesure des films. C’est très beau cette imbrication de l’intime, et le regard qu’il porte sur cette femme et sur l’âge en général. Il n'y a pas tant de différences entre les personnages masculins et les personnages féminins qu'il décrit, ils luttent tous contre le carcan de la norme sociale, ce n’est juste pas la même. Cassavetes interroge beaucoup la question de la norme. Il y a cette scène très «drôle» dans Opening Night où le metteur en scène dit à l’actrice qu’il est normal qu’elle soit giflée ! C’est une tradition toutes les stars se font gifler ! C'est quelque chose dont il parle beaucoup, la violence faite aux femmes, naturelle, normale. Dans vos œuvres, vous accordez une part importante à l'utilisation de différents moyens d'expression : théâtre, les supports visuels, les effets sonores... Le Grand jeu est actuellement en création, savez vous sous quelle forme celui-ci va t -il se présenter ? Dans Le Grand Jeu il n'y aura aucune image des films, par contre l'image sera présente par le jeu mais aussi concrètement, sans que le public puisse la voir mais seulement l’imaginer. Par contre la bande son des films sera elle présente. Mais ce n’est pas la peine de connaitre toute la filmographie de Cassavetes pour aller voir le spectacle ! C'est

avant tout un solo de danse où je mets en question la possibilité d'écrire une partition chorégraphique à partir d'images cinématographiques. Je m'adresse aux gens et je leur raconte le cinéma… Et c’est impossible de raconter un film à quelqu'un, même si on l’a beaucoup aimé, alors je voyage entre ce récit impossible et des moments d'incarnation de ces personnages qui souvent sont eux aussi dans des impossibilités. J'aime beaucoup faire des choses qui reposent sur une construction quasi musicale entre la prise de parole, le texte enregistré, la musique, la danse qui prend parfois le relais de manière muette mais qui continue aussi à être une construction musicale et rythmique. Vous expliquez que Le Grand Jeu est avant tout une "réflexion portée sur le théâtre", "un récit autofictionnel", et un "regard porté sur les femmes". De quelle manière vous positionnez-vous en tant qu'artiste ? C'est une chance formidable d'être artiste, c’est un endroit de liberté absolu, c’est même tout le travail d’aller vers cette liberté et de la garder. Mais c’est aussi ce qu’il y a de plus dur, se l’autoriser à soimême. En tant que femme je pense que c’est encore plus compliqué, car on a deux fois, voire quatre fois plus à convaincre qu'un homme. Et il y a la question du pouvoir, la question de la séduction… Il y a aussi le fait de se convaincre soi-même qu'on est "capable de" et ça c'est le plus dur combat des femmes à gagner vis à vis d'elles-mêmes je pense. A l'occasion du spectacle Le Grand Jeu au Théâtre Universitaire le 18 février 2014, le film Opening Night de Cassavetes sera projeté le 16 février 2014 à 20H au Cinématographe. Cette projection sera accompagnée d'un débat avec Thierry Jousse, cinéaste et critique, auteur de plusieurs ouvrages sur Cassavetes.

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Pour ne rien manquer de nos événements, consultez notre site internet www.espace-de-beauvoir.fr ou notre compte Facebook

Date et heure

Lieu

Evénement

Mercredi 4 décembre 14h -18h30

Espace S de Beauvoir

Expo Migrantes : Permanence dédicace du livre

Vendredi 6 décembre 12h

Espace S de Beauvoir

Repas des adhérentes

Vendredi 6 décembre 18h30

Espace S de Beauvoir

Atelier d'écriture

Samedi 7 décembre 13h-18h Dimanche 8 décembre 10h-17h

Espace S de Beauvoir

Stage d'autodéfense féministe pour adolescentes

Mercredi 11 décembre 14h -18h30

Espace S de Beauvoir

Expo Migrantes : Permanence dédicace du livre

Mercredi 11 décembre 19h

Espace S de Beauvoir

Expo Migrantes : Vernissage

Samedi 14 décembre 17h

Espace S de Beauvoir

Karaoké

Dimanche 15 décembre 14h30 - 19h

Espace S de Beauvoir

Expo Migrantes : Permanence dédicace du livre

Anne Groisard

Mardi 17 décembre 14h - 18h30

Espace S de Beauvoir

Expo Migrantes : Permanence dédicace du livre

Anne Groisard

Mardi 17 décembre 19h30

Espace S de Beauvoir

Commission Europe

Espace S de Beauvoir

Samedi 21 décembre 16h - 17h30

Espace S de Beauvoir

Projection de courts-métrages cycle "Rencontre avec soi"

Les circuits du court

Samedi 21 décembre 19h30

Espace S de Beauvoir

Cafète

Les Filles

Mardi 31 décembre 19h30

Espace S de Beauvoir

Réveillon

Les Filles

Jeudi 9 janvier 19h

Espace S de Beauvoir

Expo ParCelles : Vernissage. Lecture de textes poétiques par leurs auteures

Vendredi 10 janvier 12h

Espace S de Beauvoir

Repas des adhérentes

Samedi 18 janvier 19h30

Espace S de Beauvoir

Cafète

Dimanche 19 janvier 15h

Espace S de Beauvoir

Ciné-galette

Vendredi 31 janvier 16h - 18h30

Espace S de Beauvoir

Aide à la rédaction de CV pour femmes migrantes

Samedi 1er février 20h

Espace S de Beauvoir

Expo ParCelles : clôture. Lecture spectacle par Nathalie Kiniecik

Dimanche 2 février 14h - 20h

Espace S de Beauvoir

Assemblée Générale

Mardi 4 février 18h30

Hôtel de région

Homophobie au travail Table-ronde

Du 5 au 28 février

Espace S de Beauvoir

Expo : "Mon monde. Visions du féminisme du 21ème siècle"

Vendredi 7 février 12h

Espace S de Beauvoir

Repas des adhérentes

Samedi 15 février 19h30

Espace S de Beauvoir

Cafète

Samedi 22 février 17h

Espace S de Beauvoir

Soirée soupe

Vendredi 28 février 16h - 18h30

Espace S de Beauvoir

Aide à la rédaction de CV pour femmes migrantes

Dimanche 2 mars 9h30-17h Dimanche 9 mars 9h30-17h

Espace S de Beauvoir

Stage d'autodéfense féministe

Fermeture de l’Espace Simone de Beauvoir Du 21 décembre au 6 janvier (inclus)

Organisé par Anne Groisard Adhérentes individuelles Battements d'ailes La Trousse à Outils Anne Groisard Espace S de Beauvoir ASFMR

Olivier Ducournau

Adhérentes individuelles Les Filles ASFMR Une bénévole de l’Espace S de Beauvoir Olivier Ducournau Les Amis du collectif en soutien aux Mères du samedi contre les crimes d'honneur en Turquie

L'Autre Cercle et l'Espace S de Beauvoir Commission Europe Adhérentes individuelles Les Filles ASFMR Une bénévole de l’Espace S de Beauvoir La Trousse à Outils


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