Simon Camille
Les Ouighours de Turquie
I : Présentation du projet : A : Qui sont les Ouighours : Si le phénomène des réfugiés tibétains est relativement bien connu en Occident, grâce à une bonne coordination de leurs activités d’information à destination de la communauté internationale, il ne faut pas oublier que d’autres minorités ethniques de Chine connaissent un sort similaire, c’est à dire une absence de liberté religieuse, et plus généralement, de liberté d’expression, ainsi qu’une mise en danger de la pérennité de leur culture et de leur langue. C’est en particulier le cas de la minorité turcophone Ouighoure, vivant au Xinjiang dont la situation tragique est, en occident, beaucoup moins médiatisée que celle des Tibétains. De nombreux Ouighours sont actuellement réfugiés à travers le monde, notamment en Turquie, où ils ont fondé des associations visant à faire connaître la situation des populations musulmanes et turcophones du Turkestan chinois et œuvrer à la préservation de leur culture. Etudiante en deuxième année en Turc et Tibétain à l’INALCO, je suis extrêmement intéressée par les cultures des populations centrasiatiques, et je suis particulièrement sensible à la question de la situation des minorités de Chine, depuis l’arrivée des communistes au pouvoir. Cette population se trouve donc à la croisée des deux mondes culturels que sont ceux du Tibet et de la Turquie, et qui constituent le centre de mes études à l’université, d’autant plus que la langue Ouighoure, si elle appartient sans conteste à la famille des langues türk, et est assez proche de la langue parlée en Turquie, a fait des emprunts au tibétain, notamment au niveau du vocabulaire. Ma connaissance des langues turque et tibétaine me permettra de voir si les populations Ouighoures vivant Turquie ont gardé dans leur vocabulaire des traces de ces emprunts que l’on retrouve dans certaines régions de Chine d’où cette population est originaire.
B : Pourquoi partir : Le fait de partir découvrir la Turquie dans le cadre d’un projet d’études précis confère un intérêt particulier au voyage, dans la mesure où objectif précis est ainsi défini avant le départ, ce qui permet d’aborder le pays dans une de ses dimensions particulières et de le découvrir en profondeur, et surtout, en prenant son temps, puisqu’il s’agit d’un séjour relativement long. Le dossier permet également de mettre en place des relations qui
seront nécessaires pour l’étude menée, et facilite à mon avis par là le voyage solitaire, dans la mesure où l’entrée en contact est rendu plus aisé d’une part par l’intérêt ainsi montré pour le pays et ses habitants, mais également tout simplement parce que l’objectif même du voyage oblige à la rencontre. Je suis particulièrement attachée à l’idée de partir seule, et pour un séjour de plusieurs semaines, car j’ai eu l’occasion d’expérimenter ce genre de voyage, en particulier à Darjeeling, l’année dernière, et j’ai pu constater à quel point cela facilite l’ouverture aux rencontres, même si les premiers moments ne sont pas toujours évidents. Partir à la rencontre des Ouighours installés en Turquie depuis un laps de temps plus ou moins grand me permettra d’élargir ma vision de ces réfugiés politiques dispersés à travers le monde, à travers une population bien moins médiatisée que les Tibétains, tout en me permettant de découvrir la Turquie, pays dont on parle beaucoup, en particulier dans le cadre de l’entrée dans l’union Européenne. Cependant, la dimension Centrasiatique de cet état est peu perceptible dans la manière dont ce pays est traité en Europe. D’autre part, voyager en Turquie, non seulement à Istanbul, ville cosmopolite par essence, mais également à Kayseri, une ville appartenant davantage à la « Turquie profonde » me permettra de pratiquer le Turc et de progresser dans cette langue en dehors du cadre scolaire, ce que je n’ai encore jamais pu expérimenter.
II Réalisation concrète : A : Objectifs et méthodes Pour mener à bien mon projet, je compte organiser mon séjour en deux temps, tout d’abord environ trois semaines à Istanbul, puis environ le même laps de temps à Kayseri, où je me rendrai par train. Je compte contacter préalablement les associations culturelles du Turkestan oriental (dont les adresses sont mentionnées ci-dessous) dès que ce projet sera plus concret, afin de les rencontrer et qu’ils puissent répondre à mes questions de manière optimale. J’envisage de les interroger plus précisément sur le fonctionnement des associations, l’origine de leurs fonds, le public précis concerné (seulement les Ouighours, ou élargissement à l’ensemble des populations türk orientales comme les Qazaqs, les Kirghizs, ou bien les populations musulmanes d’origine chinoise…). Je souhaite aussi me renseigner sur la nature des actions menées, politiques ou culturelles, leur impact sur la population turque et dans le monde, ainsi que sur les Ouighours eux-mêmes. Je voudrais par exemple savoir dans quelle mesure la langue d’origine se maintient selon les générations, et si la communauté tient une place importante parmi les membres de la diaspora. Pour cela, je compte sur ces associations pour me permettre de rencontrer des Ouighours et effectuer quelques entretiens. J’envisage également de me pencher sur les relations entre cette population dont j’ignore encore si elle forme réellement une communauté avec le gouvernement turc, qui n’est pas toujours très bien disposé à l’égard de ses minorités. Cependant, il ne faut pas oublier que cette population s’inscrit dans le vaste mouvement des « muhacir », immigrants musulmans qui arrivent en Turquie de manière relativement continue depuis le milieu du XIXème siècle et ont été généralement bien accueilli par le gouvernement, aussi peut-on se demander si cela se poursuit encore aujourd’hui. La comparaison de la situation de deux groupes de réfugiés issus de la République populaire de Chine, les Ouighours et les Tibétains, et la question de savoir s’ils entretiennent ou non des relations m’intéressent également tout particulièrement dans la mesure où les relations entre les tibétains, en majorité bouddhistes, et les populations musulmanes dont font partie les Ouighours ne sont pas des meilleures. En effet, les Tibétains leur reprochent tout particulièrement la pratique du sacrifice sanglant (‘Id al-adha), ce qui est très mal vu dans un contexte bouddhique. Reste à savoir si l’unité se fait par delà les religions, pour coordonner des revendications similaires. Il apparaît que cela semble possible comme on a pu le voir récemment lors d’une rencontre entre le Dalai Lama et une représentante de la cause Ouighoure, reste à savoir si ces rencontres formelles s’accompagnent d’un partenariat concret. Je souhaite également rencontrer des représentants de la population Ouighoure, arrivés en Turquie depuis différentes périodes, afin de savoir comment ils s’intègrent à la société turque, quelle sont leurs relations avec leur région d’origine, quels sont les métiers qu’ils exercent, s’ils continuent de pratiquer leur langue , après un certain temps passé en Turquie et pour les générations nées en Turquie etc.
B : Contacts mis en place :
J’ai pu trouver sur Internet des adresses d’associations culturelles et politiques du Turkestan Oriental ce qui m’a permis de déterminer les villes de Turquie où sont présents les Ouighours : East Turkestan Solidarity Association Chairman: Mr. Seyit Taranci Istanbul, TURKEY East Turkestan Foundation Tel.:0090-212-5534633 Chairman: Mr. Mehmet Riza Bekin Istanbul, TURKEY Tel.:0090-212-5194667
East Turkestan Culture and Solidarity Association Chairman: Abubekir Türksoy Tel.:0090-352-3393965 Kayseri, Turkey
Yeni Dogan Mah. Sok. 41 Zeytinburunu / Istanbul Tel: 0090 212 / 679 86 88 Fax: 0090 212 / 558 40 92 E- Mail: aturan@maktoob.com Istambul Turky Mehmut Pidayi Tel: 0090 532 366 81 48
The Membership of Immigrant and Research Fond
KAYSERI
ISTANBUL
Abdülmecin Avşar D. Türk Kültür ve Dayanişma Derneği Tel&Fax: 0090 / 352/ 339 39 65 E-Mail: democracy@netmail.kg
Par ailleurs, grâce au site Internet de « Hospitality Club », j’ai pu entrer en contact avec des Turcs habitant Istanbul et Kayseri, et qui sont prêts à m’héberger gratuitement durant les trois semaine que je compte passer dans chacune de ces villes.
III : Compte rendu et budget : A : Rapport d’étude J’envisage de présenter un dossier écrit développant, parallèlement aux problématiques générales détaillées plus haut, des résumés d’entretiens avec des Ouighours, comme illustration de la situation concrète de cette population en Turquie. La forme traditionnelle du dossier me semble la plus adaptée pour la présentation des résultats de ce projet, dans la mesure où elle permet une certaine souplesse de présentation, mais aussi la rectification du plan en fonction des informations obtenues. Ce format, quoique manquant sans doute d’originalité, me paraît être le plus apte à une présentation complète, illustrée par des photos, et incluant éventuellement des enregistrements sonores, en fonction des occasions qui me seront présentées. Enfin, le support écrit est celui avec lequel je me sens le plus à même de m’exprimer, ce qui me permettra donc de me concentrer plus efficacement sur l’essentiel de mon projet, le fond et non son aspect purement formel, qui sera de toutes façons mis en valeur par des illustrations variées. B : Budget prévisionnel Dépenses Libellé
Sommes
Déplacements Avion Lyon- Istanbul (AR) Navette Grenoble – Lyon St Exupéry Train Istanbul-Kayseri (AR) Déplacements sur place (taxis, bus, ...) Séjour
450 € 30 € 100 € 50 €
Dépenses Hébergement Repas (45 jours * 10 €)
450 €
Matériel Pellicules photo et tirages
50 €
Dictaphone
30 € TOTAL
1160 €
Recettes Baby sitting
300 €
Travail à l’accueil du foyer universitaire où j’habite
100 €
Bourse Zellidja
700 €
Economies personnelles
60 € TOTAL
1160 €