Mémoire de Master 1 : La Résilience, se laisser détruire

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La Résilience, se laisser détruire Culture du risque cyclonique dans la Caraïbe : histoires, pensées et représentations Mémoire de master VERNET Estelle Sous la direction de Sophie Paviol Domaine d’étude AEdification, Grand Territoires, Villes École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble Année 2020-2021

Remerciements

Je tiens à remercier l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, qui me donne la chance de pouvoir apprendre ce métier si passionnant. Merci à l’équipe enseignante et administrative qui ont veillé au bon déroulement de cette première année de master dans ces conditions si particulière.

Je remercie également chaleureusement Sophie PAVIOL pour son encadrement. Je remercie également Aysegül CANKAT, Philippe MARIN, Frederic DELLINGER et Steven SAULNIER-SINAN pour leur investissement dans l’encadrement de ce mémoire.

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C’est dans la thématique de la Résilence que je désire ancrer ma future pratique de l’architecture car elle a le potentiel de répondre aux enjeux de notre époque : l’urgence climatique. Elle a la particularité de créer des liens avec des notions/domaines riches du fait de leurs différentes expertises (sociale, philosophique/politique, architecturale, ingénierie...).

«Dé-normer l’architecture» : La vulnérabilité culturelle Encadré par Steven Saulnier-Sinan L’architecture résiliente est une architecture contextuelle : ce travail m’a amené à comprendre ces enjeux via les rapports de dominations. La vulnérabilité culturelle est un thème que j’ai décidé d’étudier. Il m’a amené à reconsidérer l’importance de la culture dans nos rapports aux mondes. Notre monde est gouverné par l’industrie et l’économie. Ce rapport de domination a pour conséquence de proposer qu’une seule accroche au monde, une seule manière de penser. L’argumentaire que j’ai tenu se questionne sur la légitimité de cet unique accroche.

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Avant Propos

L’article : Hassan Fathy, L’efficience en architecture

Cette réflexion s’inscrit dans la continuité de trois travaux d’écriture menés durant la première année de master et les années de licence : le module théorique «Dé-normer l’architecture», le rapport d’étude et l’article.

Le rapport d’étude : De la Résilience en architecture

Hassan Fathy, architecte égyptien dont sa production plaçait l’individu au centre de toutes les phases d’un projet, a fini par concevoir des bâtiments que l’on peut qualifier d’efficients : une production qualitative qui demande de faibles ressources. Cependant, son travail ne sera pas accepté par la politique de son pays. Quand l’architecture se voit dépassée par des intérêts politiques et sociétaux, une question se pose : comment s’insérer dans un contexte qui refuse des solutions pourtant pertinentes?

Les années de Licence m’ont permis d’amorcer une pensée de l’architecture dans son contexte le plus global : celui de la politique à celui du construit. Dans un contexte de plus en plus changeant, il est question de redéfinir certains enjeux afin de contribuer au développement d’une nouvelle manière d’habiter la Terre comprenant l’aspect fini de son existence. Repenser, redéfinir certaines notions afin d’acquérir une pratique architecturale responsable, voici l’objectif de cette réflexion.

Encadré par Steven Saulnier-Sinan L’étude du travail de Hassan Fathy m’a permise de comprendre les atouts de l’architecture vernaculaire dans le cadre de la conception d’une architecture résiliente, c’est-à-dire capable de tisser des liens (matériaux, mise en oeuvre, les individus, l’environnement)

Encadré par Théa Manola & Hengameh Pirhosseinloo

1. Vulnérabilité et habitat : un potentiel efficient 2. Vulnérabilité et les théories des «Cares» : la fragilité vecteur d’humanité & Conclusion critique

La fragilité, une capacité de protection Notions et mots clés

b. Des cultures constructives vernaculaires

1. Des Kaz, une pluralité de cultures constructives 2. Une architecture temporelle III. Se laisser détruire : une manière d’habiter résiliente

Synthèse

1. Étude de cas : la Guadeloupe, un territoire 2.modeléFracture entre l’environnement, les individus et le construit : le Plantationocène2 b. L’habiter des esclaves : une fragilité qui solidifie la protection face aux aléas cycloniques

I. Présentation du territoire d’étude : La Caraïbe, un territoire Roseau1 a. La Caraïbe, un territoire à risque cyclonique 1. Un risque naturel récurrent 2. Les représentations des cyclones b. La Caraïbe, son histoire, ses colonisations 1. Des histoires de rapports de forces 2. Haiti et Guadeloupe c. Vivre un territoire tropical

1. Les attentes d’un habitat tropical pour les individus en situation d’esclavage 2. Les attentes d’un habitat tropical pour les colons II. La Kaz Négrière : une fragilité revendiquée a. Stratégie d’implantation territoriale 1. L’implantation des cases à l’échelle territoriale 2. L’implantation à l’échelle du quartier

a. L’habiter colonial : une solidité qui fragilise la protection face aux aléas cycloniques

depuis le monde caribéen, Seuil coll Essais Anthropocène, 464 p. 1. Maximin Daniel, 2006, Les fruits du cyclone-Une géopoétique de la

Paris, Seuil, 224 p. 176 p.

IntroductionAvantRemerciementpropos

L’architecture comme écosystème Bibliographie l’écologie Caraïbe,

Page 3 Page 5 Page 14 à 27 Page 28 à 55 Page 56 à 67 Page 68 à 71 Page 72 à 79 Page 9 à 13 2. Ferdinand Malcom, 2019, Une écologie décoloniale : Penser

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Sommaire Problématique : En quoi la fragilité des Kaz Caribéennes permettent-elles une autre prise en compte du risque cyclonique pour les hommes? En quoi la fragilité des édifices permettrait de produire l’architecture savante et résiliente pour demain c’est-à-dire, comment rendre possible l’accompagnement non destructeur?

Introduction

En France, nous vivons dans un pays qui a fait de l’industrie une culture dominante. Cette dernière prône une certaine permanence pour assurer son fonctionnement. Cette accroche au monde impact notre manière d’habiter, de construire. Le bâtiment est pensé pour être le plus solide possible : l’usage systématique de matériaux tels que le béton armé, les fondations invasives et les sols artificialisés sont des exemples du rapport structurel qu’entretiennent le bâtiment et son modèle économique, administratif et juridique Européen. Le bâtiment doit dominer la nature surtout lorsqu’il est confronté aux risques naturels. Face à cet habiter, il existe une autre manière de construire plus fragile et légère. C’est le cas dans les Caraïbes où les premières Kaz3 en bois ont protégé autrement les individus en situation d’esclavage de la violence des vents cycloniques. Ces deux approches (solide/fragile) amènent à se questionner sur leurs capacités à mettre en relation le bâtiment et son territoire, à définir ce qui peut aussi être détruit et conserver dans le but de sauver des vies lors de catastrophes naturelles. Adopter de la vulnérabilité dans la construction est une manière de reconsidérer la représentation du risque naturel dans la culture Occidentale. En effet, un Européen peut percevoir la vulnérabilité comme étant une chose négative : elle réduit la capacité d’agir, elle amène à la dépendance. Cependant, étymologiquement, la vulnérabilité signifie ce qui «peutêtre blessé» soit, une potentialité. En ce sens, est-ce que la vulnérabilité n’est qu’une construction sociale? Réduit-elle notre capacité d’agir et d’habiter le monde? L’habiter colonial entretient un rapport avec la technique qui génère une accroche au monde exclusivement sous le prisme de la performance. C’est cette performance qui est remise en question dans le cadre de ce mémoire. En ce sens, il est question d’interroger en quoi la fragilité des Kaz Caribéennes permettentelles une autre prise en compte du risque humain lors des périodes cycloniques. En quoi cette fragilité des édifices pourraitelle produire des enseignements pour penser l’architecture savante et résiliente de demain? Dans cette remise en question de la permanence, l’objectif est de savoir si elle sauve des vies (humaines et nonhumaines) ou si elle ne fait que protéger un système économique, juridique et administratif qui ne profite qu’à une minorité dominante. Puisque la solidité apparaît avec la domination de l’habiter coloniale, la réflexion s’organisera en trois parties dont la première sera un état de l’art sur le territoire d’étude, la Caraïbe. La deuxième partie tentera d’analyser l’architecture vernaculaire des Kaz négrières, ces architectures «hors-monde»4. La troisième partie étudiera la solidité de l’habiter colonial5, cet habiter qui «refuse le monde»6. Ces analyses permettront ensuite de se questionner sur l’efficience de la vulnérabilité dans un contexte plus actuel.

La fragilité, une capacité de protection

3. Kaz, en créole signifie Case soit les maisons des esclaves durant la colonisation de la Caraïbe. 4 et 5 et 6. Ferdinand Malcom, 2019, Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Seuil coll Essais Anthropocène, 464 p.

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L’aléa est un événement qui se définit par son intensité, son occurrence spatiale et temporelle. «Le risque est donc considéré comme une mesure de la situation dangereuse qui résulte de la confrontation de l’aléa et des enjeux. Cette mesure s’exprime souvent en termes de gravité et probabilité...».8

7. Bachir Diagne Souleymane, 2019, Faire huma nité ensemble, YouTube UnivNantes, mise en ligne le 10 juillet 2019, 2h04 et 53 seconde, consulté le 04 octobre 2020, [Url : watch?v=MS-TvPVT7u8https://www.youtube.com/ ]

Humanité : l’humanité est une construction humaine «hors le corps» qui permet de faire société et de s’identifier comme étant une espèce. Elle renvoie également à la singularité de chacun. Pour résumer, l’humanité est preuve d’unicité et de diversité. Inhumanité : Ce qui définit l’in-humanité ( in- préfixe signifiant le contraire) c’est le dépassement de notre statut d’humain : la limite peut-être franchie par l’intermédiaire de notre intelligence (la technologie..). L’inhumanité ne représente pas la dé-humanité qui renvoie à la perte, à la négation.7 Résilience Capacité à surmonter un choc, capacité à tisser des relations en vue de minimiser les dépendances. Risque et aléas D’après la définition de Dominique Dron, professeur à l’ École des Mines de Paris, « La définition usuelle donnée pour le risque naturel est la suivante : (Risque) = (aléa) x (enjeu). Le risque est donc la confrontation d’un aléa (phénomène naturel dangereux) et d’une zone géographique où existent des enjeux qui peuvent être humains, économiques ou environnementaux.»11

Fragilité

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La définition de la fragilité dépend de la représentation que peuvent en faire les cultures. Perçue comme un potentiel d’action dans la pensée des «Cares»9, elle peut représenter la dépendance, la diminution du potentiel dans certaines cultures. Dans la culture Européenne, la culture met en valeur les individus capables d’autonomie, infaillible, producteur de richesses. Être fragile est ainsi perçue comme une faiblesse, un individu incapable de participer la vie en collectivité. Lorsque la fragilité est une faiblesse, la culture met en place des rapports de forces puisqu’elle n’inclut dans son système que les individus qu’elles jugent infaillibles. Si on se réfère à son étymologie, la fragilité est ce qui «peut être blessé» soit un potentiel. Dans les théories des «Cares», la vulnérabilité aurait la capacité d’inclure les individus, l’environnement et de nombreux autres domaines. L’inclure permet la prise en compte de l’ensemble des composantes créant alors une pensée en écosystème. «Jouer avec l’autre, chacun améliorant l’autre»-Souleymane Bachir Diagne10. En architecture, la fragilité amène une nouvelle manière d’habiter. L’architecture s’ancre ainsi dans une pensée écosystémique : l’architecture est en relation avec son environnement de telle sorte à ce que la fragilité de l’édifice se voit protégée par l’environnement. Cette protection non inhérente à l’édifice même (ce n’est pas lui qui assure la protection) permet une attention particulière à l’environnement, évitant ainsi les dérives dues à la surexploitation, l’épuisement de l’environnement dans lequel nous vivons. La fragilité en architecture permet l’accès à un habiter écologique, résilient.

Notions et mots clés Humanité / Inhumanité

9. Marin Claire, Worms Frédéric, 2015, À quel soin se fier? Conversation avec Winnicott, PUF, 125 p.10. Souleymane Bachir Diagne, 2019, Faire humanité ensemble, YouTube UnivNantes, mise en ligne le 10 juillet 2019, 2h04 et 53 seconde, consulté le 04 octobre 2020, [Url : 8.youtube.com/watch?v=MS-TvPVT7u8]https://www.DronDominique,2006.

UVED Plan du module «Analyse et gestion des risques». [en ligne] Disponible sur esige/uved/risques/1.1/html/2_2-2_1.htmlhttps://campus.mines-paristech.fr/

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Culture du risque La culture du risque est le fait de mettre en lien le territoire, ces aléas et la vision qu’on construit les individus. Cette vision est celle qui va définir ce qui peut être détruit/protégé dans l’unique but de sauver des vies. La culture du risque n’est pas unique, puisque ce sont des constructions cognitives établies par un groupe partageant des pensées communes. En tant que futur architecte, il me semble que la conception possède un rôle majeur dans le développement ou non de ces constructions cognitives : c’est la pensée du projet. Cette pensée est par nature une construction cognitive, c’est-à-dire, une représentation simplifiée d’une connaissance.

Possession / Location Possession : L’homme comme «maître et possesseur de la nature»- Descarte. La possession renvoie à une manière de penser autour de l’appartenance et du droit de transformer : la propriété privée… La possession est la résultante directe d’un jeu de dominant/dominé. La location est une manière de penser le monde de manière plus responsable car il ne part pas du principe que la chose lui appartient. Cela rentre dans la pensée des «Cares»6 : nous sommes tous vulnérables mais tous liés.

L’Anthropocène Paul Josef théorisa ce mot à la fin du XXème pour rendre visible l’ensemble des événements géologiques qui se sont produits depuis que les activités humaines sont devenues assez importantes pour modifier de manière significative l’écosystème terrestre. Selon Anna Tsing, le terme anthropocène amène un dialogue interdisciplinaire entre les Arts et la Science. Fracture La fracture sert à désigner l’espace vide entre deux composants (os, individus...). Cette distance, physique ou psychique révèle l’absence, plus ou moins prononcée, de relations entre ces deux entités. Ce terme est utilisé par Malcom Ferdinand dans son livre “Une écologie décoloniale ; Penser l’écologie depuis le monde Caribéen”. Pour lui la fracture signifie la perte d’une relation, comme celle entre les individus et leurs environnements.

Kaz-Cases En créole, la Kaz (Case en français) est l’habitat des individus en situation d’esclavage. C’est une habitation en bois très fragile.

La créolisation La créolisation est un terme défini par Édouard Glissant dans son livre «Traité du Tout-Monde». Pour lui, la créolisation est un processus qui a pour résultat la construction de la culture Caribéenne. Due au passé colonialiste, la culture Caribéenne c’est construire sur l’addition de multiples cultures.

Addition L’addition, en mathématique est une opération qui consiste à réunir deux termes afin d’obtenir une somme. La somme est une donnée nouvelle, elle n’a plus de rapport avec les termes mise à part qu’elle en est la résultante.

L’addition est une métaphore, elle permet à Edouard Glissant de théoriser la créolisation. Elle met en valeur le caractère inclusif de la créolisation car il en est de la nature de l’addition de réunir les termes pour établir la somme.

Sur l’ensemble du globe, la fréquence des cyclones tropicaux atteint son maximum vers la fin de l’été, alors que l’eau est la plus chaude. Dans l’Atlantique Nord, une saison des ouragans bien démarquée commence début juin et se termine fin novembre, avec une forte poussée au début de septembre. Schéma de la formation d’un cyclone

Écosystème D’après le dictionnaire en ligne La Toupie, un écosystème est une notion théorisé par le botaniste George Tansley en 1935. Étymologiquement, du grec Oikos (maison) et systema (réunion) , écosystème serait la réunion en un corps de plusieurs choses ou partie, ensemble. Cet ensemble est dynamique, se compose d’un milieu naturel/biotope, des êtres vivants. Ces composantes partagent des relations d’interdépendance.

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Cyclone - Tempête tropicale - Ouragan

Extrait de la mallette pédagogique pour l’amélioration des architectures rurales en structure porteuse en bois dans le département du Sud Est d’Haïti écrit par Florie Dejeant, Alix Hubert et Olivier Moles : page 48

L’air chaud et humide e met à tourbillonner La vapeur d’eau est aspirée La vapeur d’eau forme des nuages

[Figure 0]

Un cyclone est un tourbillon de nuages et de pluie, associé à une dépression tropicale parvenue à un stade ultime de développement et de violence. Lorsque la mer atteint une certaine température (26°C), de fortes quantités d’eau s’évaporent et montent vers les couches froides de l’atmosphère, allant à constituer des nuages épais chargés d’humidité. La différence de pression entre le système cyclonique et les zones environnantes engendre un déplacement d’air vers le centre. On nomme les cyclones de différentes façons, selon leur puissance ou l’endroit où ils sont nés: - une dépression tropicale est un système organisé des nuages et d’eau et d’orages, avec des vents soutenus de moins 62 km/h; - une tempête tropicale est un système organisée de nuages, d’eau et d’orages, avec des vents entre 62 et 119 km/h; - un cyclone tropical, dont le vent excède 119 km/h. Le terme utilisé varie selon les régions. On parle aussi d’ouragan dans l’océan Atlantique Nord.

[Figure 1] Ouragan aux Antilles, 1780, J.M. Moreau le Jeune, N. de Launey

I. Présentation du territoire d’étude : La Caraïbe, un territoire Roseau11

Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs.

La Caraïbe, un ensemble de territoires Roseaux, c’est la définition que Daniel Maximin donne à son pays natal, la Guadeloupe dans son livre Les Fruits du Cyclone-Une géopoétique de la Caraïbe. Le roseau plie sous le vent mais ne rompt pas. Cette métaphore de la fragilité comme étant une force caractérise non seulement l’architecture Négrière mais également une de ces cultures du risque naturel. Dans cette première partie introductive, il sera question de s’immerger dans l’histoire de ce territoire singulier afin de comprendre l’impact de la métaphore du roseau dans la représentation du risque cyclonique. a. La Caraïbe, un territoire à risque cyclonique Les cyclones sont des événements aujourd’hui scientifiquement quantifiables et qualifiables. La manière dont cet événement est vécu fait état de représentations construites par des groupes d’individus, des cultures. 1. Analyse scientifique : le cyclone, un risque naturel récurrent Tous les ans, la Caraïbe est touchée par les cyclones, plus ou moins dévastateurs, selon son intensité. Son caractère récurrent amène ces habitants à édifier en prenant en compte les impacts des cyclones sur le territoire. [Figure 2] Schéma d’un cyclone, de ces impacts sur le territoire Vivre dans un territoire à risque cyclonique implique de construire en prenant en compte les risques de submersions, de décollements, de détachements, de déracinements. En 2017, le cyclone Irma a frappé la Caraïbe avec des vents allant à 360 Km/h. Ces vents sont destructeurs tant sur le plan matériel qu’humain. En 1998, le cyclone Mitch a tué 9 086 personnes (18 000 estimé). Maximin Daniel, 2006, Les fruits du cyclone-Une géopoétique de la Caraïbe, Paris, Seuil, 224 p. 176 p.

Le Chêne et le Roseau, Jean de LA FONTAINE Recueil “Les fables” (1621-1695)

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Houle cyclonique Risque de submersion Vent supérieurs à 62 Km/h Risque de déplacement...décollement, Fortes pluies et vent fort Risque de décollement, déplacement... Oeil du Pressioncyclonelaplus basse Marée de tempête (jusqu’à 6 ou 7 mètre de surélévation de la mer) Risque de submersion

Du bout de l’horizon accourt avec furie

Le plus terrible des enfants

L’Arbre tient bon ; le Roseau plie. Le vent redouble ses efforts, Et fait si bien qu’il déracine Celui de qui la tête au Ciel était voisine Et dont les pieds touchaient à l’Empire des Morts.

Houle cyclonique Risque de submersion Vent supérieurs à 62 Km/h Risque de déplacement...décollement, Fortes pluies et vent fort Risque de décollement, déplacement... Oeil du Pressioncyclonelaplus Marée de tempête (jusqu’à mètre de surélévation Risque de submersion

11.

Paloma Catégorie20084 Katrina Catégorie20055 Michelle Catégorie20014 Lenny Catégorie19994 Mitch Catégorie19985 0 200 400 600 800 1 000 km Bret Catégorie1999 4 Figure 3 : Caraïbe : les parcours des cyclones les plus violents depuis 1998

ETA Catégorie2020 4 Laura Catégorie20203 MARIA Catégorie20175 IRMA 2017 Catégorie 5 Ophelia Catégorie20114 Ka�a Catégorie20114 Earl Catégorie2010 4 Ike Catégorie2008 4 Gustav Catégorie20083 Dean Catégorie20075 Felix Catégorie20075 Rita Catégorie2005 5 Dennis Catégorie20054 Emily Catégorie20055 Frances Catégorie20044 Ivan Catégorie2004 5 Isabelle Catégorie20035 Lili Catégorie2002 4Iris Catégorie2001 4 Floyd Catégorie19994 Georges Catégorie19984

Page 18/78[Figure 6] L’«Urican» ou Cyclone, gravure de de Bry. “J’aime à rappeler ce proverbe des ancêtres amérindiens : « Le cyclone vient détruire ce qui n’aurait pas dû être construit ! » [Figure 4] Cliché de 1928 extrait de Christophe Colomb vu par un marin p.179 [Figure 5] Les Antilles, après le cyclone social, interview de Daniel Maximin faite par Nathalie Sarthou-Lajus paragraphe 4 ligne 10

12.

«

2. Les représentations des cyclones Les représentations des cyclones sont majoritairement nourris par les diverses conquêtes coloniales de Christophe Colomb. Sur les figures 1, 4 et 6, la représentation du cyclone passe par le dessin/gravure de femmes, d’hommes, d’enfants et d’animaux fuyant les rafales de vents qui détruisent tout sur leurs passages. Au premier plan de la figure 1, des individus sont morts sous des débris de bois. Ces représentations ont pour point commun de montrer que le cyclone touche autant les colons que les personnes en situation d’esclavage. Tous adoptent le même comportement qui est de fuir, d’être effrayé et sans défense. L’habitation négrière faite de bois se voit détruite tout comme le bateau des colons. Destruction, catastrophes naturelles sont des mots qui entretiennent un rapport au risque cyclonique spécifique aux Européens. En parallèle à la culture Européenne, se développe une autre représentation du cyclone. Elle prend source dans l’histoire du peuple esclavagisé. Cette représentation n’est rendue visible que par le biais de travaux tels que ceux de Daniel Maximin ou encore de Malcom Ferdinand. Fort d’une histoire singulière de dépossession, ces individus «hors monde» ont la particularité de percevoir le cyclone comme une amie capable de fragiliser les agresseurs dans leurs expansions. Un cyclone, un ami qui ne détruit que ce qui n’aurait pas dû être. Pour approfondir cette pensée, la lecture du roman L’île et une nuit écrit par Daniel Maximin permet une immersion dans le combat des Guadeloupéens habitants dans des cabanes en bois appelé case.

En conclusion, la population Caraïbéenne se compose de deux groupes d’individus aux cultures différentes : ceux qui dominent, les Européens et ceux qui sont dominées, les individus esclavagisés. Ces deux groupes aux cultures différentes ont produit deux représentations du risque cyclonique singuliers et opposés. L’histoire de ce territoire, plus précisément, le rapport entre ces peuples et le territoire est la principale ressource qui contribue à l’élaboration de ces narrations autour du cyclone.

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Ton pays, il va falloir le reconnaître, au milieu des signes de mort qui rôdent partout où avance la vraie vie sur les décombres des nuits. Nous savons depuis toujours ramasser des injures pour en faire des diamants. Je te quitte avec un pays dévasté, mais un pays retrouvé : île battue, île combattue, très belle, et bâtie. »13

b. La Caraïbe, son histoire, ses colonisations Vois : l’Afrique n’est plus au diamant du malheur un noir coeur qui se strie; notre Afrique est une main du ceste, c’est une main droite, la paume devant et les doigts bien serrés; c’est une main tuméfiée, une blessée-main-ouverte,tendue, brunes, jaunes, blanches, à toutes les mains blessés du monde. Extrait du poème Pour saluer le tiers monde de Aimé Césaire( 1960) Maximin Daniel, 1998, L’île et une nuit, Paris, Seuil, coll. Cadre rouge pp. 154 ligne 7 Dejeant Florie, Hubert Alix, Moles Olivier, 2013. Mallette pédagogique pour l’amélioration des architectures rurales en structure porteuse en bois dans le département du Sud Est d’Haïti. Villefontaine : ONUHabitat, aecid, CRAterre. 49p ligne 2.

13.

Les cyclones provoquent des vents violents, des pluies très importantes et des vagues parfois gigantesques. Le vent peut «aspirer» les gens, les voitures et les maisons, tandis que les pluies peuvent provoquer des inondations et des glissements de terrain; de la même manière une vague de tempête peut faire plusieurs mètres de haut et provoquer un raz-de-marée dévastateur. 12

Page 20/78 [Figure 7] Caraïbe : Un territoire colonisé Pays-BasEspagneRoyaume-UnisFrance Cuba Jamaïque Haï� dominicaineRépublique Bahamas Porto Rico Guadeloupe Mar�nique Trinité-et-Tobago Curaçao Aruba Mer des Caraïbes AtlantiqueOcéan Frontière

Page [Figure21/788] Caraïbe : entre indépendance et dépendance Îles indépendantes Îles rattachées à un pays Frontière 1973 1902 1962 1803 1844 1981 1983 19741978197919791962

Page 22/78 [Figure 9] Frise chronologique de l’histoire d’Haïti 1492 Découverte par Christophe Colomb 1665 françaiseColonisation 1803 Indépendance 1915 - 1934 américaineOccupation 2008 Emeute de la faim, quatre dévastentouraganslepays 1794 Abolition l’esclavagedepar la Convention Française 1987 Le créole Haitien devenu langue officielle avec le français Ayti Hispaniola Haïti 173 ans Esclavage 1685 Code noir 10.a-Carte topographique de Haïti 14. Ferdinand Malcom, 2019, Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Seuil coll Essais Anthropocène, pp 149. 15. Information issu de l’open data : https://www. populationdata.net/pays/haiti/ 1. Des histoires de rapport de forces La Caraïbe est un territoire composé de plus de 700 îles, toutes colonisées par les empires européens (France, Espagne, Royaume-Unis, Pays-Bas...). Ces colonisateurs, une fois arrivés sur ces îles ont d’abord procédé à une extermination des peuples Caraïbes puis à une repopulation par des Africains rendus esclaves par ces mêmes colonies. Ces esclaves sont issus de plusieurs cultures, ils viennent de toute l’Afrique. Transportés par bateaux, ils ont ensuite été exploités pour assouvir les tâches quotidiennes, mais aussi des tâches agricoles (exploitation de la canne à sucre, des bananeraies...) au profit de leurs maîtres.

2. Histoire d’Haïti et de Guadeloupe Haïti, «Terre des hautes montagnes» Découverte par Christophe Colomb en 1492, Ayti (Haïti en Créole) était peuplée par des indigènes nommés Ciboney, Arawaks et Caraïbes. Ce territoire se retrouvera exploité par les Espagnols pour son or et ces denrées agricoles comme le sucre et le café. Après le repli des Espagnols, les Français deviennent souverains, ils intensifient les plantations. En 1492, le territoire Haïtien était composé à 80 % de montagnes et 20 % de plaines. Selon les images satellites, les espaces de forêt ne constituerait que 30 % de la surface totale du territoire14. C’est en 1803 qu’Haïti obtient son indépendance face aux Français moyennant une indemnité de 150 millions de francs-or. Figure d’exemple pour la Caraïbe, Haïti est la première île à obtenir son indépendance. S’ensuivra la République de Saint Domingue, Cuba ... En 2019, la population d’Haïti est estimée à 11 591 279 habitants dont 3 744 077 sont concentrées dans la capitale, Portau-Prince15 Ces chiffres la classent au 81ème rang des pays et territoires du monde les plus peuplés.

Page 23/78 [Figure 10] Haïti : croquis de l’occupation des sols

[Figure

ColombparDécouverteChristophe

2009

[Figure 12]

1929Guadeloupe-1937 Ali

1928

Guadeloupe, Karukéra «L’île aux belles eaux»

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Anciennement nommée par les Amérindiens Karukéra, elle deviendra Guadeloupe en 1493 date à laquelle le navigateur Christophe Colomb découvrira ce territoire. La colonisation espagnole cèdera très vite place à celle française en 1674 qui l’exploitera, comme Haïti intensivement. La Guadeloupe restera une colonie française contrairement à Haïti. Cet apport tant financier, culturel et politique contribuera grandement à la reconstruction post cyclone de 1928 qui a dévasté la Guadeloupe. Cette reconstruction impliquera un architecte, Ali Tur, mandaté par le ministère des Colonies.Autrement dit, l’histoire de la Caraïbe est une narration qui vient constituer la base solide des représentations du risque cyclonique. Les colons colonisent, dominent leurs territoires, c’est donc naturellement qu’ils tenteront de dominer le cyclone dans une volonter de reproduire en climat tropical des modes d’habiter les plus semblables à ceux qu’ils connaissaient en Europe. Ils auront une approche offensive tandis que les esclaves l’aborderont de manière à percevoir le cyclone comme un outil capable d’accompagner la résilience. 11] Carte de l’occupation des sols de la Guadeloupe en 2012 échelle Peuplement en 1660 Peuplement en 1750 Peuplement en 1998 1493 Karukéra françaiseColonisation La XIVpouvoirdirectementfrançaise,devientGuadeloupeunecolonierattachéeauroyaldeLouiscoloniefrançaise Le Code noir est proclamé par Louis XIV. Il entérine les pratiques esclavagistes dans les colonies française 1848 Abolotion l’esclavagede Guadeloupe Le françaisgouvernementadoptele texte reconnaissant la traite et l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. 355 ans Esclavage Frise chronologique de l’histoire de la Tur : reconstruction de la Guadeloupe OkeechobeeCyclone

1/750000

1635

1674

1685

Lesd’esclavageAfricains déportés ont pour tâches de travailler dans les champs. Sur la figure 14 et 15, l’habitat Négrier se compose de plusieurs constructions légères. Chaque construction correspond à un besoin : se nourrir (la cuisine), se réunir (le foyer), dormir (la Kaz).

[Figure 14] Carbet d’esclaves marrons (échappés) gravure de Le Breton [Figure 15] Schéma de l’organisation spatiale d’une habitation négrière

1. Les attentes d’un habitat tropical pour les personnes en situation

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c. Vivre un territoire tropical Vivre un territoire tropical c’est donc entretenir deux manières d’habiter singulières. Il est question de revenir à l’enjeu des ces habitations tropicales.

Ces architectures vernaculaires sont bâties avec des matériaux locaux et répondent aux besoins de l’activité agricole des esclaves : vie nomade, proximité avec l’extérieur. L’importance est donnée aux vides plutôt qu’au plein, le jardin ainsi que les champs conditionnent le bâti.

La figure 14 est une gravure provenant du livre L’Habitat populaire aux Antilles, écrit par Berthelot Jack et Gaumé Martine et la figure 15 est un schéma interprétatif qui se base sur ce même livre. «La Case est avant tout un habitat rural. On doit moins parler de «la case et ses espaces annexes» que d’un espace habité dont la case ne serait qu’une partie, celle qu’on pourrait qualifier de «fortement structurée». En effet, l’espace habité se présente comme une aire soignement balayée et entretenue, définie par les activités quotidiennes des habitants de la case. Il comporte : -la case, -la cuisine, autre construction, située sous le vent, pour la préparation des repas, -l’espace-foyer, matérialisé par de grosses roches, et, éventuellement, l’écran de tôles qui les borde contre le vent, -les espaces basse-cour pour les lapins, les poules, les cochons,... -l’espace jardin-case (cultures vivrières, plantes médicinales...) -l’espace ornemental devant la maison (fleurs arbustes, conques de -l’espacelambis...)réservé aux déchets, -l’espace toilette-lessive, -les espaces de transition et de passage.» page 13-14 ligne 27.

Page 26/78 besoins primaires (se reposer, se nourrir et se restaurer) mais également politique, celle de dominer les plantations (figure 18), les esclaves. Ces architectures sont construites sur des éminences ainsi qu’avec des matériaux plus solides tels que la pierre, des essences de bois plus noble/résistante et profite généralement des alizées afin de permettre une bonne ventilation. «La maison de maître, comme celle de la noblesse européenne comporte un côté cour et un côté jardin.»16. La cour est un élément qui n’apparaît pas dans l’habiter Négrier. Bilan Cette première partie introductive permet de démontrer que le passé historique tel qu’il a été vécu et interprété est la fondation de récits conditionnant la représentation du risque L’aspectcyclonique. conditionnant, déterminant, amène deux positionnements diamétralement opposées qui sont propres aux colonisateurs et aux individus en situation d’esclavage. Le cyclone, un aléa destructeur où libérateur, il n’en reste pas moins un catalyseur : il déclenche une réaction par sa seule présence.

16. Berthelot Jack, Gaumé Martine, 1982, Kaz Antiyé Jan Moun Ka Rété/Caribbean popular dwelling/L’Habitat populaire aux Antilles, Paris, Editions Caribéennes, ligne 5 page 129

[Figure 18] Le Mont-Carmel, Guadeloupe 1726 : Plan de l’habitation et de ses environs vers 1760-1765

[Figure 19] Le Mont-Carmel, Guadeloupe 1726 : Plan de l’habitation et de ses environs vers 1760-1765

II. La Kaz Négrière : une fragilité revendiquée avec des bouts de ficelle avec des rognures de bois avec de tout tous les morceaux bas avec les coups bas avec des feuilles mortes ramassées à la pelle avec des restants de draps avec des lassos lacérés avec des mailles forcées de cadène avec des ossements de murènes avec des fouets arrachés avec des conques marines avec des drapeaux et des tombes dépareillées par rhombes et trombes bâtir pour toi une destinée.

17

1. L’implantation des cases à l’échelle territoriale Le caractère nomade des habitations ainsi que le statut d’esclave génère une faible quantité de documents graphiques. Néanmoins, certains documents écrits comme visuels permettent d’estimer la localisation des Kaz Négrière. C’est par la lecture et des déductions que je suis arrivée à la production d’une carte, figure 23, qui est une hypothèse de l’implantation des Kaz Négrière. Pour la construire je suis partie de cette citation : « Les Amérindiens aussi coupaient des arbres pour faire leur agriculture. La différence est que la colonisation établit la relation suivante : habiter c’est défricher, habiter c’est abattre l’arbre.» 17. Ferdinand Malcom, 2019, Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Seuil coll Essais Anthropocène, pp 60 ligne 22.

a. Stratégie d’implantation territoriale Les premiers colons ont débarqué sur les littoraux d’Haïti, s’appropriant ainsi cet espace et repoussant les esclaves dans les coins les plus reculés, dans les terres. De par l’exploitation agricole des esclaves, la fragilité des Kaz permettait de les déplacer au gré des exploitations (figure 19). À cette époque la propriété privée n’existait pas, la Kaz était déplacée régulièrement. L’instabilité ne génère cependant pas des stratégies d’implantations hasardeuses : fort des connaissances acquises via leurs durs labeurs, les esclaves ont appris à composer avec le paysage afin de se protéger des risques naturels.

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Maillon de la cadène de Aimé Césaire, dans le recueil «Moi laminaire» (1982) Aimé Césaire (1913-2008) est un intellectuel martiniquais qui a vécu son enfance dans une famille modeste. Son attrait pour la littérature et ses multiples expériences de vie l’amèneront à prendre conscience de l’aliénation culturelle qui caractérisait les sociétés coloniales martiniquaises et guyanaises. Par la poésie et sa pensée, il s’engagera auprès de la lutte contre la tentative d’assimilation culturelle de la France par le biais de la promotion de la culture africaine. Il s’engagera politiquement, devenant maire de Fort-de-France jusqu’en 2001. Son poème Maillon de la cadène place la fragilité/vulnérabilité au centre de la reconstruction de son Île. Il est question dans cette partie de révéler les potentiels de la fragilité à toutes les échelles qu’elle soit territoriale et architecturale. L’étude se basera sur l’île de Haïti.

«L’organisation de l’intérieur de la case, les denrées cultivées sur les jardins créoles, les plats préparés, les danses, l’intimité et la complexité qui purent se nouer avec les autres esclaves, les champs, le rire, les prières et d’autres pratiques spirituelles constituèrent des espaces à soi à l’intérieur d’un monde organisé et gouverné par l’autre.»18 . Les champs font partie de l’espace habité.

Page 30/78 0 12.5 25 50 km 1600 2400800 800 160016002400 800 1600 800 2400 32001600 [Figure 20] Schéma de la Végétation probable d’Haïti au début de la colonisation européenne [Figure 21] Schéma de la végétation d’Haïti en 1970 [Figure 22] Schéma de la localisation potentiel des Kaz négrière [Figure 23] Hypothèse : carte d’Haïti montrant l’implantation des Cases et le relevé Écoulement faible de l’eau Écoulement fort de l’eau L igne de talwegs L igne de crête Potentiel d’implantation des Cases Négrière

La citation révèle que le territoire c’est modifié en fonction de l’activité agricole. Le défrichage est donc une marque laissée par l’activité négrière. Les figures 20 et 21 sont des schémas d’études des sols depuis la découverte de l’île par Christophe Colomb jusqu’en 1970. L’hypothèse tenue est que les espaces défrichés sont des espaces habités par les esclaves. Les Kaz étant liées par l’usage à l’activité agricole, elles se trouvaient donc au sein de ces terres cultivées.

18. Maximin Daniel, 2006, Les fruits du cycloneUne géopoétique de la Caraïbe, Paris, Seuil, ligne 5 p. 98

Nord-Est Intense si la submersion marine se combine aux inondations; ex posé au vent et à la houle

[Figure

Sud-Est Exposé (vent, houle)

Cette hypothèse, bien que approximative, révèle une stratégie d’implantation. Juxtaposés aux données topographiques, les espaces «habités» ont tendances à ne pas s’implanter: - sur les cimes des montagnes, espace très exposé aux vents cycloniques; - sur les littoraux ou plus généralement sur les reliefs les plus bas en terme d’altitudes (plaines), espace très exposé aux risque de submersions; - sur les lignes de talwegs si ces dernières ne présentent pas une pente suffisante, une végétation peu dense pour pallier au mauvais écoulement de l’eau.

Très forte exposition aux risques ExposéFortementcycloniquesexposé 24] Carte d’Haiti montrant les département et leurs expositions aux risques cycloniques

1600 16002400 800 1600 800 1600800 800 32001600 2400 INEZ-1966 ALLEN-1980FLORA-1953GUSTAV-2008ISAAC-2012 FAY-2005 GEORGES-1998 DAVID-1979 JEANNE-2004 HAZEL-1954 TOMAS-2010 A A 0 12.5 25 50 km Grande-Anse Nippes Sud Sud-Est Ouest Centre Artibonite Nord-Ouest Nord Nord-Est Ouest Nord-Ouest

Le relief est une donnée importante car c’est par ce biais qu’il existe des vulnérabilités plus ou moins fortes à l’exposition des vents ou encore de la houle qui provoque des submersions.

Département Cyclone-exposition

Grande-Anse Exposé (vent, houle cyclonique, submersion marine) Nippes Exposé (vent, houle cyclonique, submersion marine)

Artibonite

Ouest Intense si la submersion marine se combine aux inondations; ex posé au vent et à la houle

Nord Intense si la submersion marine se combine aux inondations; ex posé au vent et à la houle.

Si l’on croise ces informations, à l’hypothèse d’implantation des Kaz, on constate que les Kaz s’implante majoritairement dans des espaces ou l’exposition n’est pas la plus élevée, le Sud ou encore l’Ouest et l’Artibonite sont peu/pas habités par les esclaves.

Intense si la submersion marine se combine aux inondations; exposé au vent et à la houle cyclonique Centre Exposé (vent)

Pour ce qui est de l’implantation des Kaz, on constate que les esclaves étaient attentifs à la topographie : ils se servaient du territoire pour limiter l’exposition aux aléas. La figure 24 met en valeur le degré d’exposition aux risques en fonction des départements. Le redessin de cette carte provient du tableau des niveaux de menaces (page 12/13) de l’Atlas des menaces naturelles en Haïti, constitué par le comité Interministériel d’Aménagement du Territoire.

Nord-Ouest Exposé (vent, houle cyclonique, submersion marine) Sud Intense si la submersion marine se combine aux inondations; ex posé au vent et à la houle

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L’attention portée au territoire s’exprime également à plus petite échelle. L’étude de cas portera sur la figure 25, un redessin d’une coupe paysagère extraite du livre écrit par Françoise Hatzenberger intitulé Paysages et végétations des Antilles Françoise Hatzenberger est docteure de l’Université Pierre et Marie Curie (Paris VI), son livre est une thèse de paléo-écologie sur l’évolution géohistorique des écosystèmes végétaux dans les Antilles. Une coupe, trois implantations de Kaz qui développent trois stratégies d’implantations singulières, en étroite collaboration avec leurs environnements proches.

Profitant du relief et de la végétation, l’implantation de la sous-unité 11 se protège des vents forts ainsi que de l’eau. La nature de sol offre une bonne fertilité ainsi qu’un faible degré d’érosion : il permet une bon bon ancrage/stabilité à la Kaz. Implanté au sein d’une pente, la Kaz est entourée d’une végétation dense et haute. Comme pour la première implantation la végétation protège la Kaz des vents forts cycloniques, ils agissent en coupe-vents. Le sol, bien que fertile, est beaucoup moins stable que pour le premier cas. Cette vulnérabilité est traitée par le biais de cette végétation qui, par ces systèmes racinaires, stabilise le sol et permet à la Kaz plus de stabilité. Le drainage de l’eau est plus rapide et efficient de par son dénivelé. Le drainage contribue à la stabilité du sol. Culture 26] Schéma d’implantation de la sous-unité 11 27] Schéma d’implantation de la sous-unité 22 Vents forts Relief première contreprotec�onlevent

[Figure

[Figure

Vents forts Barrière végétale dense Protec�on du vent Stabilisa�on du sol

Végéta�on deuxième protec�on contre le vent + capta�on du surplus d’eau Glissement de terrain = mise à distance + végéta�on et culture pour stabiliser le sol

[Figure 28] Schéma d’implantation de la sous-unité 33

L’étude de l’implantation des Lakous se basera sur des relevés sur le terrain établis par Vincent Tradaud dans le cadre de son mémoire pour le diplôme de Spécialisation et d’approfondissement - Architecture de terre, mention patrimoine. Ces relevés sont compilés dans Renforcement des compétences locales en Haïti au travers de l’analyse des cultures constructives

20. Garcia Carolyn, Trabaud Vincent, 2013-2014. La reconstruction d’habitats en Haïti : Enjeux techniques, habitabilité et patrimoine. pp 62

En conclusion, les stratégies misent en place par les esclaves sont le fruit d’une volonté de survivre aux cyclones. Indirectement ils construisent un écosystème capable de protéger la vulnérabilité de leurs constructions.

Dans ce cas, la Kaz possède un environnement proche assez pauvre : une terre qui accueille très peu de végétation haute dû à sa faible fertilité ainsi qu’un degré d’érosion très fort. Malgré cette extrême vulnérabilité, l’implantation bénéficie d’une protection de par son environnement plus éloigné (la végétation luxuriante à gauche). De plus, la topographie permet de la protéger de l’eau en la relocalisant dans des espaces où l’eau permettra d’entretenir la végétation qui permet de la protéger.

“Tous solidaire, les humains, les cases et les arbres, mais chacun si possible chez soi, les familles enfermées, les maisons barricadées et les arbres en sentinelles. On a déjà vu des cases emportées venir se correr contre deux arbres sans se briser, ou encore des arbres déracinés s’abattre sans écraser la maison édifiée sous leur ombre, en léguant à portée du lendemain une dernière récolte de cocos, d’avocats ou de fruits à pain.19

Ges�on de l’eau = préserver la végéta�on qui protège la Kaz des vents forts CultureCulture

2. L’implantation à l’échelle du quartier «En créole haïtien, le lakou désigne l’espace commun à plusieurs maisons voisines dans lesquelles résident les membres d’une même famille, regroupés autour de la maison du patriarche. Le nom lakou vient de «la cour». C’est un espace utilisé par tous, dans lequel se trouvent les lieux de la vie quotidienne tels que la cuisine, la latrine, le tombeau des ancêtre encore le temple dédié au loa «esprit vaudou» de la famille.»20

19. Maximin Daniel, 1998, L’île et une nuit, Paris, Seuil, coll. Cadre rouge. pp. 13 ligne 26

Page 35/78 Végéta�on coupe vents Vents forts

Page 36/78 Remarque : ces relevés sont récents, datant de 2016-2018. C’est à prendre en compte. Même si c’est un exemple d’implantation vernaculaire, son rapport avec le grand territoire (sa localisation en zone fortement exposé) ne suit pas la logique de celle des esclaves qui date de 1665 à 1794. L’étude est menée sur la commune nommée «Brésilienne», située dans le département Sud-Est. Proche du littoral, c’est un espace exposé aux vents et à la houle cyclonique. 5 Km [Figure 29] Plan masse du lakou / résultante du relevé fait sur plan par Vincent Tradaud 6 m0

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Dépot 8,50 m 6,10 m 6 m0

D’après la figure 29, le Lakou étudié est composé de plusieurs édifices qui ne sont pas alignés, les vides que constituent ces passages ne sont pas linéaires. Cadré au Nord par une ceinture de végétation dense et haute, elle accueille au sein de la place centrale quelques bananiers. Du fait de sa localisation dans le département du Sud Est, le Lakou est exposé aux vents cycloniques Sud-Ouest/Nord-Est et Nord-Est/Sud-Ouest. Les constructions sont majoritairement des rectangles.

La figure 30 est une hypothèse qui c’est construite à partir du travail de recherche mené par Florie Dejeant, Alix Hubert, Olivier Moles qui porte le nom de «Mallette pédagogique pour l’amélioration des architectures rurales en structure porteuse en bois dans le département du Sud Est d’Haïti.» . Cette mallette à pour vocation d’émettre des principes de précautions contre les aléas naturels. Pour ce qui est des précautions face aux cyclones, ils distinguent plusieurs thèmes qui sont : - l’environnement direct, l’implantation des constructions entre -elles;l’environnement direct, l’aménagement des abords de la -construction;latypologie architecturale et constructive : l’orientation des édifices et leurs prises aux vents. Ce que démontre la figure 30 : - la non linéarité des édifices permets de diminuer la vitesse et la puissances des vents au sein du Lakou quand ces derniers proviennent du Sud-Ouest/Nord-Est; - la ceinture végétale permet diminuer l’exposition aux vents quand ces derniers proviennent du Nord-Est; - réduction de la prise au vent en exposant la plus petite face aux vents forts; - orientation des ouvertures favorisant l’évacuation du vent et réduit les risques d’arrachement du toit.

ChambreChambreChambre

[Figure 30] Plan masse / Hypothèse du comportement des vents cycloniques face aux plein/vide du Lakou

21. Ferdinand Malcom, 2019, Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Seuil coll Essais Anthropocène, pp 55 ligne 4. 22. Maximin Daniel, 1998, L’île et une nuit, Paris, Seuil, coll. Cadre rouge. pp.22 ligne 15. de Guadeloupe Puerto Rico

[Figure 31] Kaz d’Ayti [Figure 32] Kaz

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b. Des cultures constructives vernaculaires

Tu as pris soin comme avant de ne pas recourber les clous qui tiennent les tôles, pour qu’un cyclone futur puisse les arracher sans forcer la charpente. Souviens-toi du jour de sueur et de fierté où nous avons monté la poutre maîtresse en Mahogany, si épaisse, si dur, portant la charpente marine d’un seul tenant.22 Une poutre maîtresse robuste qui contraste avec la fragile technique des clous non-recourbés : la Kaz négrière est une combinaison de techniques constructives dont l’objectif est d’accueillir une part de fragilité, source d’une protection singulière. Ces techniques constructives sont la résultante d’une culture négrière/créole. Il n’existe pas qu’une culture aux sein des Caraïbes, chaque île à son histoire, ses colonisations, il y a donc autant de cultures constructives vernaculaires que d’îles. Ces cultures amènent à la question de l’expression de la fragilité à l’échelle architecturale.Afinde comprendre l’expression de la fragilité à l’échelle architecturale, l’étude portera sur l’analyse de la Kaz d’Ayti, celle de Porto Rico et celle de Guadeloupe.

[Figure 33] Kaz de

“Habiter la Terre commence dans la relation avec les autres”21 Conclusion, les esclaves ont une connaissance du territoire qu’ils mettent à profit en élaborant des stratégies d’implantations, à toutes les échelles, capables de les aider à survivre lors des aléas. Du territoire à l’organisation interne des Lakous, les esclaves mettent à profit tout ce qu’ils ont à disposition pour limiter les pertes humaines. La relation avec les autres est primordiale : faire écosystème.

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+

Les figures 35, 36, 37 sont des redessins qui se base sur des hypothèses ainsi que sur les relevés établi et compilés dans le livre écrit par Jack Berthelot, Martine Gaumé qui s’intitule Kaz antiyé Jan Moun Ka Rété ou L’habitat populaire aux Antilles. Cet ouvrage recueil des relevés des habitats traditionnels. Ces dessins permettent de comprendre que les trois Kaz ont des convergences et des divergences, afin de les rendre visible, dans ce même livre, les auteurs ont établi un tableau comparatif (figure 30). Les trois Kaz mettent en place la même structure porteuse : une ossature bois. Ce qui diffère réside dans : --l’accroche au sol naturel; -la matérialité des parois/murs (le remplissage et l’habillage); -les ouvertures; -la morphologie.

[Figure 34] Tableau comparatif des Cases Caribéennes / - est attribuée aux caractères selon qu’ils sont présents ou pas pour le groupe concerné. ++ / -- quand le caractères est exclus ou non pour le groupe concerné.

1. Des Kaz, une pluralité de cultures constructives

[Figure 35] La Kaz Haïtienne dans sa forme la plus primitive échelle 1/100 Coupe AA

A Façade Nord Façade Est A

[Figure 36] La Kaz de Porto Rico dans sa forme la plus primitive échelle 1/100 Coupe AA Façade Sud

A Façade Nord A Coupe AA A

Coupe AA Elevation Sud Coupe AA A A B B

Coupe BB

LA MORPHOLOGIE : voir figure 39. [Figure 38] Matérialité : d’une parois hermétique à poreuse Clissage + chaux Planche de bois Clissage

2. Une architecture temporelle Extrait du livre L’île et une nuit de Daniel Maximin Avant le cyclone, il y avait une baisse de tension atmosphérique et une lourdeur de l’atmosphère. Tout paraissait frappé de stupeur. La lumière devenait étrange. D’abord étranges dans la nature. La brise tombait. Pas une feuille ne bougeait. C’était effrayant, l’arrêt de la brise habituelle. Puis venait un signe qui ne trompait jamais, de loin en loin, sur les endroits dégagés de végétation, des petites et subites spires de vent. Puis de petits tourbillons soulevant une plume, quelques feuilles mortes sur la terrasse ou dans la savane. Les bovins mugissant en s’orientant dans un certain sens pour affronter le cyclone. Le taureau appelait les vaches. Tout le troupeau descendait alors du pâturage en demi-cercle dans une certaine orientation. On savait alors qu’il allait y avoir un cyclone et on n’enchaînait pas les bœufs. Alors c’était le branle-bas dans la maison. D’abord détacher les bêtes, les chevaux, les bêtes à cornes. Puis préparer les maisons. À la Joséphine, il y avait un boucan, pour sécher les graines de cacao. Il fallait le rentrer dans les hangars. On avait bâti des séchoirs enfouis au ras de terre. Les hommes se mettaient là. Il fallait fermer la maison aux vents. Derrière la porte on entassait des meubles, armoires, bibliothèques, tables, des madriers, des matelas pour empêcher le vent de s’insinuer dans les moindres fissures. Mais on laissait ouvert le côté sous le vent pour éviter que la maison n’éclate si le vent y pénétrait avec violence. Quand la direction du cyclone changeait, que l’ouragan tournait, il fallait faire une contre-manoeuvre à laquelle participaient dans une grande précipitation tous les domestiques. Enfant, ma mère me

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les ouvertures : toutes les Kaz sont des ouvertures mais leurs nombres et leurs positions sont différentes. Afin de limiter l’arrachage de la toiture, l’ensemble des Kaz applique la stratégie des ouvertures communicantes sur les faces les plus étroites. Mis à part ces deux ouvertures fonctionnelles, la Kaz provenant de la culture haïtienne n’inclut aucune autre ouverture alors que les Kaz guadeloupéenne et portoricaine multiplient les ouvertures. Ces ouvertures supplémentaires permettent une ventilation plus efficiente, elles élèvent alors le confort de vie mais elle rend l’édifice plus vulnérable aux vents cycloniques.

Accroches au sol : en Ayiti, les esclaves préparaient le terrain alors qu’en Guadeloupe, ils posaient leurs Kaz sur des amas de pierre, se qui constitue une accroche très instable au sol. Pour ce qui est des Kaz de Puerto Rico, elles sont sur pilotis bois. Habillage de la structure porteuse : les esclaves d’Haïti construisaient des murs en clissage. La technique de clissage consiste à enduire à la chaud une couverture en paille (vétiver/ palmes de cocotier). C’est une parois qui est plus hermétique que ce que l’on peut trouver en G uadeloupe et Puerto Rico. En effet, on retrouve des habillages en planche de palmier ou bois en G uadeloupe et des clissages sans recouvrement de chaud ou de terre.

Page 47/78 [Figure 39] étude de la morphologie des kaz

Débord de toiture unifié boisl’ossatureavecporteuse: le vent risque l’ensembled’arracher

Galeriesecondaireossature: Le vent peut arracher le toit de la galerie sans emporter la toiture + protection solaire.

Débord de toiture unifié avec l’ossature porteusebois: Le plafonnement permet de limiter la prise aux vents

Galeriesecondaireossature: Le vent peut arracher le toit de la galerie sans emporter la toiture. Toiture à quatres pents : Gestion des vents efficiente.plus

page

mur, mais j’ai cassé une vitre à l’entrée en écrasant rageusement d’un coup de balai une petite araignée surgit dans la lumière de ma lampe. La grosse porte protège encore la persienne, mais la fissure affaiblit encore la maison. Je l’ai colmaté avec des cartons ficelés à l’embrasure. Par une fente de la porte, j’ai vu que le rosier devant la galerie résistait encore à beaucoup de chaînes du vent je suis retourné dans la chambre pour changer mon corsage mouillé. 51 ligne 2.

[Figure 40] La Kaz haïtienne : Les premières heures durants un cyclone échelle 1/50

[Figure 41] La Kaz haïtienne : Les dernières heures durants un cyclone échelle 1/50

T2T1T0 Ayti Porto Rico [Figure 42] Tableau synthétique de la fragilité spatialisées échelle 1/200

Guadeloupe V1 V2

En conclusion, comme le décrit l’expérience de Daniel Maximin, la Kaz Négrière se détruit au fur et à mesure de l’avancée du cyclone. Cette destruction anticipée par la construction (les clous non-recourbées ...) permet de protéger les habitants jusqu’à la fin de l’aléa. Ce que j’appelle «architecture temporelle», c’est la capacité que possède l’architecture négrière à rendre possible l’accompagnement du risque cyclonique. La nature de cet accompagnement passe par la création de relations avec l’environnement, les autres habitations et autres individus. Ces relations sont vitales et découlent d’un besoin que la fragilité de la Kaz ne peut pas satisfaire. Maximin Daniel, 2006, Les fruits du cycloneUne géopoétique de la Caraïbe, Paris, Seuil, ligne

“La fragilité de la case lui donne une souplesse garante de son intégrité en cas de cyclone ou de seisme : elle plie, mais ne rompt pas! Ainsi le tremblement de terre peut-il déplacer la case sans qu’elle se brise. Quant au cyclone, les persiennes et les planches imparfaitement jointoyées font que la maison n’est pas entièrement étanche à l’air ou à l’eau, comme dans le cas des baies vitrées des villas modernes qui sont au contraire faites pour laisser entrer tout le soleil et la lumière possible, et pour empêcher par leur étanchéité qu’aucune poussée de vent ni de pluie ne puisse pénétrer à l’interieure. Or, c’est justement la non étanchéïté qui offre la vraie résistance à la puissance du cyclone, une résistance décuplée ou modulée en fonction de la différence de pression atmosphérique entre l’extérieur et l’intérieur, laquelle aspiration du toit, en plus de la force d’attaque direct du vent...”

23.

23

6 p. 50

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[Figure 43] Guzmannia lingulata : un écosysthème au sein d’une plante aquatique tropicale

24. Jack Berthelot, Martine

III. Se laisser détruire : une manière d’habiter résiliente «

« En vérité, malgré la richesse et la puissance de ses occupants, l’habitation du maître partageait avec la case grossière des Nègres la même fragilité. Comme si, à l’origine, l’architecture de la case paysanne et celle des riches maisons coloniales répondaient au même souci d’équilibre entre force et fragilité, la nature tropicale imposant sur ce point à tous les hommes, au-delà de leur condition, de respecter sa puissance autant que sa douceur, ses cataclysmes autant que ses offrandres. Il s’agit bien là d’une véritable géopoétique architecturale, qui impose à tous de respecter l’environnement spécifique ordonné par les quatre éléments, ce qui fait que l’architecture créole dans ses diverses formes est bien une création commune à l’opprimé et à l’oppresseur. La victime eut cette particularité de jouer avec l’idée de résistance plutôt qu’avec l’idée d’oppression. [...] L’Europe fut transformée par la Caraïbe alors qu’elle était venue avec armes et bagages convaincue qu’elle avait le souci d’importer les signes de sa puissance, l’architecture étant comme partout l’une des manifestations du pouvoir de l’homme visant à contrer les rigueurs de temps et de l’espace.»25

1. Étude de cas : la Guadeloupe, un territoire modelé Gaumé, Kaz Antiyé

Daniel Maximin utilise la méthaphore de l’arbre pour caractériser ce positionnement, l’arbre qui résiste au vent jusqu’au moment ou vaincu, il se déracine. Malcom Ferdiand parle de fracture dans son livre Une écologie décoloniale, Penser l’écologie depuis le monde caribéen. Des relations manqués qui deviennent à défauts d’être un ami, un ennemi face au cyclone.

a. L’habiter colonial : une solidité qui fragilise la protection face aux aléas cycloniques

L’histoire de ce peuple montre comment, dans une dialectique oppression-résistance, il a su prendre un certain nombre d’éléments au départ oppressifs pour tenter de les transformer en éléments de résistance... »24 Jack Berthelot, Martine Gaumé expliquent dans cette citation que la culture de l’habiter négrière s’est construite en transformant la représentation que l’on connaît du mot Détruire,destruction.d’après le dictionnaire CNRTL : “défaire entièrement ce qui est organisé selon une structure déterminée” ou encore “ Faire disparaître complètement”. Comme vu précédemment, via l’analyse, la fragilité des Kaz négrières permet la création de relations multiples (environnement/architecture, architecture/individus, individus/ environnement, individus/individus). Il est question de s’interroger dans cette partie, sur ces liens, ces mondes qui coexistent et qui ont contribué à rendre possible son accompagnement non destructeur face aux aléas cycloniques. Comment fait-on pour que ce qui doit être détruit ne se détruise pas?

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La recherche de la solidité à l’échelle architecturale est une manière de percevoir l’architecture comme un élément qui se doit de resister de manière active à son environnement, dans l’opposition. C’est une manière d’habiter qui tissent des relations extrêmement assymétrique ou l’architecture devient une composante en profonde rupture avec son environnement.

Jan Moun Ka Rété/Caribbean popular dwelling/ L’Habitat populaire aux Antilles. Editions Caribéennes. Paris. 1982. page 11 ligne 35 25. Maximin Daniel, 2006, Les fruits du cycloneUne géopoétique de la Caraïbe, Paris, Seuil, ligne 1 p. 53

Page 58/78 500 à 1 000 habitants au Km3 300 à 500 habitants au Km3 150 à 300 habitants au Km3 0 à 150 habitants au Km3 Densité de population 2013 INSEE Risque de surcote - Aléa cyclonique Paru dans l’ouvrage par la Direction Interrégionale Antilles-Guyane en août 1996 Risque faible Risque modéré Risque fort Risque très fort Pression foncière 2011 Paru dans le Tome 5 par la DREAL «Atlas des paysages de l’archipel Guadeloupe Agglomération centre Aire d’influence de l’agglomération centre actuel et à court terme Aire d’influence de l’agglomération centre à moyen terme [Figure 44] Aménagement et plannification territoriale de la guadeloupe face au risque cyclonique échelle 1/400 000

Page 59/78 Protection environnementale fermeAgglomération de Basse-Terre Aire d’influence de l’agglomération dePressionBasse-Terrefoncière sur le paysage Protection paysagère 2011 Paru dans le Tome 5 par la DREAL «Atlas des paysages de l’archipel Guadeloupe» Protection environnementale modérée Protection environnementale faible Protection agricole (GFA) [Figure 45] Planification territoriale de la guadeloupe : protection paysagère échelle 1/400 000

Page 60/78 CanalRivièreRuisseau Fossée de drainage DéservoirDrainageBarrage Plan d’eau étang naturelle/artificiel, marais, lac, retenu Hydrographie naturelle Aménagements [Figure 46] Aménagement territoriale de la guadeloupe : hydrographie échelle 1/400 000

[Figure 49] La progression urbaine peut aussi altérer indirectement les milieux naturels alentours (étang bois-sec résultant d’une perturbation des échanges hydrauliques par les remblais - Pointe de la Verdure, Gosier) 50] Défrichement agricole (forêt de Delanoë, plateau de l’Est Grande-Terre) [Figure 51] Progression des espaces agricoles au détriment des milieux naturels (défrichement de la forêt de Sarcelle, Goyave) Parc National de la Guadeloupe

[Figure 47]

Page [Figure61/7848] Progression de l’urbanisation au détriment des milieux naturels (remblais de Jarry)

[Figure

26. Ferdinand Malcom, 2019, Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Seuil coll Essais Anthropocène, page 117 ligne 17

-Anna Tsing 27

Donc, cet héritage de la plantation d’une part a des racines historiques, d’autre part elle est très présente aujourd’hui. Il n’est pas question de seulement parler de plantation mais de plantationocène car cette dernière est la condition de la plantation. Elle nécessite une certaine attention car elle ne s’arrête pas à sa simple condition mais elle conditionne également la fabrication du monde. Ce n’est pas seulement quelque chose qui se trouve à l’intérieur de la plantation.

27. Haraway Dona, Tsing Anna, 2019, Unblocking Attachment Sites for living in the Plantationocene, Center for 21st Century Studies, YouTube. 13 minutes 58.

La Guadeloupe est un territoire en forte urbanisation, elle part de son centre et s’étend de sorte à faire pression sur les espaces végétales. La figure 44 permet d’observer que la stratégie mise en œuvre est à l’opposé de celle développé par les esclaves : l’urbanisation se développe indépendamment de l’étude des espaces les moins exposés aux aléas cycloniques. Cela s’explique en partie par leur histoire ( les colons ont débarqué sur les littoraux facilement accessibles devenant ainsi le point de départ de l’habiter colonial ) et par l’accroissement constante de la population. La figure 45 démontre que face à la pression foncière, les autorités ont mis en place un plan d’urbanisme visant à protéger la végétation. En regard de cette carte, on constate que comme Haïti, l’habiter colonial défriche intensivement.

Le deuxième acte qui fonde l’habiter colonial est le défrichage. Les Français «abattent» du bois. Loin de n’être qu’une circonstances de la colonisation française des Caraïbes, l’abattage du bois fut une condition de l’habiter. Il faut «tuer» ce bois pour que l’habiter colonial puisse être, pour que cette terre soit «habituées»».25

En défrichant, l’habiter colonial se rend plus vulnérable aux glissements de terrain et se rend plus exposés aux vents. Les habitants meurent davantage des glissements de terrains que du cyclone. En réaction à ces risques qu’ils se sont eux-même créé, la figure 46 montre la gestion hydrographique se voit enrichie par des infrastructures lourdes et coûteuses : canaux, fossés de drainages, barrages.... Ces modifications paysagères, rendues visibles par les figures 47 à 51 impactent le paysage, le détruisant, fragilisant, au fur et à mesure de l’urbanisation.

2. Fracture entre l’environnement, les individus et le construit : le Plantationocène

25. Ferdinand Malcom, 2019, Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Seuil coll Essais Anthropocène, pp 60 ligne 8.

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«

Les esclaves voyaient dans la végétation une manière de résister aux vents, à la déferlante d’eau que provoque le cyclone.

L’étude de cas de la Guadeloupe est un exemple parmi d’autres : l’habiter colonial détruit l’ensemble des îles caribéennes : Porto Rico, Haïti, Saint-Barthélemy... «En 2017, quatre des territoires les plus touchés (Porto Rico, Sin Maarten, Saint-Martin, Saint-Barthélemy) sont des territoires non souverains, dépendants respectivement des Etats-Unis, du royaume des Pays-Bas et de la France. L’ampleur des dégâts matériels découle également de certains choix en termes d’urbanisme et d’agriculture. La construction d’habitats dans les zones inondables le long des côtes rend plus vulnérables à la montée des eaux lors de cyclones. L’érosion causée par la déforestation massive des mornes d’Haïti accroît le volume des inondations et les dégâts causés à chaque cyclone.» 26 La spécificité de la Guadeloupe réside dans les actions entreprises pour contrer la destruction de la végétation : elle possède les moyens d’investir ce qui n’est pas le cas de toutes les îles de la Caraïbe.

«So this heritage of the plantation on the one hand, has historical roots, on the other hand is very much with us today. To explan why we talk not just about the plantation but the plantationocène, that is the plantation condition requires some attention to how the kinds of world-making that comes out of the plantation doesn’t stop at the boundaries of the plantation. It’s not just something that’s inside a fiels.»

Pour développer cet argument, Malcom Ferdinand va prendre l’exemple d’Haïti durant la monter du mouvement environnementaliste entre 1960/1970. Ce mouvement prône le respect de la nature, ce qui est l’opposé du système mis en place via le plantationocène. Pour conserver sa domination, l’habiter colonial a pris partie de blâmer les Marrons qui, selon eux, serait la source de la déforestation malgré le fait qu’ils sont contraints de le faire car ils ont nuls par ou aller. Déforester pour eux c’est un potentiel d’agriculture et donc de salaire. Ils déforestent pour leur survie. Le véritable problème de la déforestation c’est la culture de l’habiter colonial qui définit la terre comme une ressource. Dans l’esprit ou le problème est l’individu déjà en dehors de la société, les colons ont pris des dispositions pour que ces derniers règles le problèmes : l’apparition de la police environnementale, la mise en place d’un ensemble de méthodes agricoles, d’ethnotechniques et de déploiement de nouvelles technologies capables de réduire la dépendance au charbon de bois ainsi que l’attribution d’aide financière.

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«

Faisant de la plantation le principal mode d’habiter de la Terre, le Plantationocène réduit le monde à un marché de ressources consommables. Les habitants humains et non humains de la Terre se retrouvent asservis aux techniques de transformation de la Terre en ressources dont l’utilisation de produits chimiques toxiques dans l’agriculture industrielle.

29. Ferdinand Malcom, 2019, Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Seuil coll Essais Anthropocène, pp 115 ligne 13.

28. Ferdinand Malcom, 2019, Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Seuil coll Essais Anthropocène, pp 183 ligne 1.

«J’appelle politique du cyclone colonial l’ensemble des stratégies et manigances qui font des aléas en partie naturels, des événements profitables qui renforcent les fondations coloniales du monde, accroissent les richesses des maîtres, et exacerbent les sujétions et les désarrois des asservis.»29

Comme le dit la citation de Ana Tsing, le plantationocène dépasse les limites de la simple plantation. La culture de l’habiter colonial n’est qu’une formulation pour décrire la culture que développe le plantationocène. La représentation destructrice de l’aléas cyclonique est inscrite dans cette culture puisque l’aléa met en péril ces rapports de force. Le cyclone fait perdre de la capacité d’agir aux grandes puissances.

»28

Dans son livre, Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Malcom Ferdinand reprend la notion de plantationocène proposé par Anna Tsing, professeure américaine d’anthropologie et Donna Haraway, professeure de sciences humaines. Selon eux, la surexploitation des terres connu pendant l’occupation colonial aurait engendré une culture fondé sur des injustices, des jeux de rapports de force qui génèrent, ce que Malcom Ferdinand appelle des fractures dans les relations que l’on peut entretenir entre les individus (notion de race, ceux qui travaillent dans les plantations et ceux qui possèdent les plantations), entre les individus et l’environnement (l’apparition des défrichages, des pesticides qui empoisonnent la terre mais produit plus de rendement).

32. Ferdinand Malcom, 2019, Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Seuil coll Essais Anthropocène, pp 233 ligne 23.

Arnauld Spire, dans Quand l’événement dépasse le prévisible-Critique de l’horloge déterministe écrit cette citation qui relève, par jeu de métaphore, que dès lors que l’on habite dans une représentation normé, figé, la notion de destruction est la suite logique à toute composante qui ne fait que s’user jusqu’à sortir du système. Détruire dans ce cadre revêt d’une représentation angoissante et terrifiante car si la composante (le cyclone, l’environnement) n’est plus dans le système, elle n’a plus de droit d’exister. Elle est jugée inapte et doit être remplacée ou alors abandonnée.

b. L’habiter des esclaves : une fragilité qui solidifie la protection face aux aléas cycloniques

Je me suis, je me suis élargi-comme le mondeet ma conscience plus large que la mer! J’éclate. Je suis le feu, je suis la mer. Le monde se défait. Mais je suis le monde Extrait d’un poème d’Aimée Césaire30 Comme dans un jeu d’équilibre entre solidité et fragilité, la fragilité des Kaz des esclaves permet de développer des relations solides capables de protection face aux aléas cycloniques. En effet, lorsque la solidité de l’habiter colonial n’a qu’à fermer les volets pour se protéger du cyclone, les esclaves préparent le territoire, cela demande une attention particulière. Cette attention portée est la source d’une autre prise en compte du risque humain lors des périodes cycloniques. Dans cette souspartie il est question de définir la nature de cette attention afin d’en définir ces potentiels aussi quantifiables/mesurables (sciences) que qualifiables (culture).

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1. Vulnérabilité et habitat : un potentiel efficient (économique, social, environnemental) “[...] c’est poser la question de la différence entre machine artificielle et machines vivantes. Il est ainsi arrivé à l’idée que la machine artificielle, bien que constituée d’éléments extrêmement fiables, ne peut que dépérir parce qu’elle commence à s’user dès qu’elle se met en marche. Tandis que la machine vivante parce qu’elle est constituée d’éléments très peu fiables-comme des protéines-est capable de s’auto-maintenir, voire de se développer dans la mesure où elle remplace les protéines usées par de nouvelles, comme elle remplace les cellules qui meurent par de nouvelles.”

31

Malcom Ferdinand emploie le terme de «Hors monde» pour qualifier les esclaves. “Hors-monde ne signifie pas que les esclaves ne soient pas physiquement présents dans les Amériques, dans les ateliers de villes, ou dans les plantations,ni que leurs places et fonctions sociales ne soient pas reconnues. Cela signifie que les esclaves sont tenus en dehors d’un ensemble d’institutions, d’arènes publiques et politiques d’où se construit et s’organise le monde.”32 Ainsi les kaz négrières sont hors d’un monde qui refuse le monde. La représentation de la destruction chez les esclaves signifie un renouvellement qui amène à une amélioration. Dans cette transformation perpétuelle se dessine une perspective qui rend totalement obsolète la représentation négative de destruction ainsi que de perte. En effet, l’esclave de possèdant rien ne peut que gagner. Leurs statuts de «hors monde» leurs à permis de construire une culture du risque cyclonique qui a pour fondation les relations, avec l’environnement, les construction, les individus comme observé dans l’analyse. Ne plus concevoir l’édifice comme seul composante capable de contrer les vents et la houle cyclonique permet d’aborder

30. Glissant Edouard, 1997, Poétique IV : Traité du Tout-Monde, Gallimard coll. nrf, ligne 2 pp. 140

31. Spire Arnaud, 2006, Quand l’événement dépasse le prévisible-Critique de l’horloge déterministe, Paris, L’Harmattan, coll. Raison mondialisée, ligne 29 pp. 124

33. Ferdinand Malcom, 2019, Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Seuil coll Essais Anthropocène, pp 72 ligne 15.

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33

«Dans son histoire naturelle et morale des îles Antilles de l’Amérique, Charles de Rochefort raconte que les peuples Caraïbes nouèrent avec la Terre une relation matricielle : « Ils disent que la Terre est la bonne Mère qui leur donne toutes les choses nécessaires à la vie116 ». En effet, les travaux du géographe David Watts montrent que les trois groupes majeurs d’Amérindiens qui peuplèrent les Caraïbes avant 1492, les Ciboney, les Arawaks et les Caraïbes, avaient une utilisation soucieuse et efficace de la terre, subordonnée principalement à une logique vivrière. Les Ciboneys dont les traces sont retrouvées à Cuba, à Saint-Domingue et à Trinidad étaient un peuple chasseur sans agriculture. Leur alimentation consistait essentiellement en des produits de la mer, quelques animaux de terre et de nombreux fruits sauvages. Centrés dès les années 250 av J-C dans les Grandes Antilles, les Arawaks pratiquaient une agriculture appelée conuco.Sur une surface de terre allouée à une famille, étaient cultivés ensemble des tubercules tels que la racine de manioc à partir de laquelle se prépare la « casave », des variétés de patates douces, des malagas, le topinambour de Cayenne et des ignames, profitant de la fertilité du sol tout en prévenant son érosion. Enfin, les peuples dits « Caraïbes », pratiquèrent aussi une agriculture de type conuco, plantant simplement un tubercule supplémentaire : l’herbe aux flèches. Ce système agricole de conuco, permettait une exploitation raisonnée de la terre qui parvenait à subvenir aux besoins des Amérindiens avec peu de dégradations, conservant les différents équilibres écologiques écologiques117.»

la notion d’efficience en architecture. En effet, si l’édifice aussi fragile que la Kaz permet de protéger d’un cyclone, cela pose question de ce qui est nécessaire et superflue : est-ce que construire des infrastructures de drainage est plus pertinent que de planter des arbres? En termes de ressources matérielles, immatérielles et financières en dernier lieu? Si on reprend la définition de l’efficience, selon Pierre Tourev «l’efficience est la capacité d’un individu, d’un ensemble d’individus, d’une machine ou d’une technique à obtenir le maximum de résultats avec le minimum de moyen, de coûts, d’effort ou d’énergie. C’est l’aptitude à réaliser de manière rationnelle de bonnes performances pour une activité ou un travail donnée, à optimiser les moyens disponibles ou alloués pour atteindre un résultat.... L’efficience peut se quantifier par le rapport entre les résultats obtenus et les ressources consommées ou utilisées.»

En conclusion ce que défend Daniel Maximin en utilisant la métaphore du Roseau pour qualifier la Caraïbe «Je plie mais ne romps pas» (cf. Jean de La Fontaine, Le Chêne et le Roseau). La loi du plus fort n’est pas forcément la meilleure puisque l’arbre dans la fable, ne comptant que sur ces racines, se déracine. Le roseau plie mais ne rompt pas parce que son architecture lui permet avec habileté de se courber face aux vents, mais également grâce au sol où il prend appuis, à ce groupes de roseaux (un roseau ne pousse jamais de manière isolé) qui entre eux réduisent la force du vent au sein du groupe. Une architecture qui inclut la notion de fragilité est en capacité d’inclure toutes entités formant un écosystème capable de résister aux aléas. L’efficience que l’architecture des Kaz réside dans sa capacité à faire écosystème.

35 Face à un environnement instable, «La philosophie de l’incertain ne serait-elle pas la pensée de l’avenir [à-venir] de l’humanité?»36

La particularité de faire écosystème amène ce territoire Roseau à développer une attention que Dominique Boullier, sociologue et chercheur au CEE, caractérise d’ «attention par immersion». Dans son article, il développe deux attentions, longues (par immersion) et courtes (par alerte). L’attention par immersion a la particularité de prendre en compte l’événement qu’est le cyclone continuellement dans toutes les tâches quotidiennes (les cloues non recourbés est un exemple). Une attention sans interruption qui engendre une prise sa compte durable dans les stratégies territoriales, architecturales. Cette prise en compte est à lier avec un courant de pensée qui a émergé dans les années 1980 : les théories des Cares. En référence, il est question d’aborder partiellement ce courant avec l’aide de Marie Garrau, Care et attention. “Care” de l’anglais signifie «prendre soins». Cette théorie se base sur le fait que nous sommes tous vulnérables et dépendants à la fois. Elle a le souci d’inclure tous les vivants/ non vivants. Pour garantir une cohésion, elle ne se base plus sur la norme (déterminisme) mais sur la responsabilité morale. Selon Martha Nussbaum, la norme n’est plus en capacité de nous protéger puisqu’elle ne prend en compte que le «contexte favorable». Ce qu’elle entend par «contexte favorable» c’est les situations prédéfinis : c’est une décontextualisation qui ne permet plus d’identifier les réelles problématiques qui provoquent les violences/formes d’inhumanités tels que la discrimination, esclavages ce qui est la base de la culture que développe l’habiter colonial. Les théories du Care s’inscrivent dans la pensée de la société «ouverte» de Joël Candau ou l’ U buntu développé par Souleymane Bachir Diagne : «Jouer avec l’autre, chacun améliorant l’autre». Cette attention par immersion permet ainsi de constamment contextualiser les interventions humaines (stratégie urbaine, projet architectural). Penser un projet en architecture c’est alors penser un écosystème. Là où la norme constituerait le projet, l’habiter négrière fait des relations une source pour le projet. Des relations la source d’une manière d’habiter qui prend source dans l’incertitude car une relation a pour finalité de générer un résultat imprévisible sans possibilité de déterminer de son degré de dangerosité.

«Nous avons peur aussi de l’imprévisible et ne savons pas comment le concilier avec un possible souci de bâtir, c’est-àdire d’établir des plans. Il faudra du temps pour apprendre cette nouvelle manière de frayer dans demain : s’attendant à l’incertain et préparant pour le devinable.»

35. Glissant Edouard, 1997, Poétique IV : Traité du Tout-Monde, Gallimard coll. nrf, ligne 4 pp. 53 36. Spire Arnaud, 2006, Quand l’événement dépasse le prévisible-Critique de l’horloge déterministe, Paris, L’Harmattan, coll. Raison mondialisée, ligne pp. 30 34. Boullier Dominique, 2012, Composition médiatique d’un monde commun à partir du pluralisme des régimes d’attention, SciencesPo. p4

2. Vulnérabilité et les théories des «Cares» : la fragilité vecteur d’humanité «A contratio les sociétés traditionnelles non modernes semblent manifester les propriétés de l’attention par immersion. En effet, les sociétés non modernes sont par définition des sociétés immersives, pourrait-on dire, puisque toute leur ontologie est basée sur cette appartenance au cosmos qui veut dire attachements de toutes parts avec les entités les plus variées».34

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Synthèse critique

L’aléa cyclonique est un événement naturel qui touche la Caraïbe de manière récurrente. Ces répercussions sur le territoire et les conséquences induites sont le fruit d’une représentation nourrie par la culture d’un peuple. Ces connaissances/fictions vont conditionner la perception du risque naturel. Il va le catégoriser, ce qui va avoir des répercussions sur la manière d’habiter le territoire. Dans le cas de l’habiter colonial (culture occidentale), le cyclone est un événement d’intérêt ponctuel et source de danger, il n’est que destruction alors que pour l’habiter négrier, il participe à la vie quotidienne. Il est perçu comme un renouveau. Cette réflexion tend à comprendre que l’architecture négrière protège autrement la vie des individus face au cyclone car elle développe une culture qui est différente de celle européenne. «Hors monde»37 ou qui «refuse le monde»38, inclusion ou exclusion, cette différence a comme potentiel de se rendre compte que notre culture n’est pas l’unique manière de percevoir le monde et donc de concevoir.

& Conclusion

L’architecture comme écosystème Problématique : En quoi la fragilité des Kaz Caribéennes permettentelles une autre prise en compte du risque cyclonique pour les hommes? En quoi la fragilité des édifices permettrait de produire l’architecture savante et résiliente pour demain c’est-à-dire, comment rendre possible l’accompagnement non destructeur?

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Les notions de fragilité et solidité peuvent être mise en parallèle avec la métaphore de la balance car ce que révèle cette réflexion c’est que la solidité architecturale possède une extrême fragilité dans sa manière d’inclure d’autres composantes qui lui permettraient de la rendre plus solide (l’environnement, les autres bâtiments...).

37. 38. Ferdinand Malcom, 2019, Une écologie décoloniale : Penser l’écologie depuis le monde caribéen, Seuil coll Essais Anthropocène, p464

La fragilité architecturale permet de faire sens en étant en constante contextualisation alors que l’habiter colonial est en constante décontextualisation. Ce qui pourrait expliquer cette recherche de décontextualisation reside dans le fait qu’elle lui permet d’avoir moins de facteurs incontrôlables. Pour un système se basant sur la permanence pour assurer son fonctionnement, la décontextualisation semble être pertinente, encore plus quand on constate que cet habiter ne peut pas se permettre d’établir des relations avec son environnement puisqu’il le détruit. à l’inverse, l’esclave ne possédant rien se voit obligé de tisser des relations pour survivre.Laprise en compte de la fragilité en architecture m’amène à penser le projet d’architecture en abordant la notion d’écosystème : les relations étant la source de la solidité des Kaz. La dépossession que subissent les esclaves les amènent à élaborer des stratégies capables de leurs offrir la survie en usant d’un minimum de ressources/moyens. Dans ce sens, établir des relations permettraient d’atteindre l’efficience et pourrait-être une piste de réflexion dans la conception d’édifices savants et résilientes pour demain. Ce que questionne la fragilité des Kaz réside dans la détection de ce qui est superflue ou non, jusqu’où peut-on être fragile sans que cela nuise aux conditions de vie.

Cet argument ne néglige néanmoins pas l’importance du role de l’architecte mais il le renforce puisque l’architecture est matériellement le support qui permet ou non de tisser/ d’accueillir des relations avec les différentes composantes.

Considérer un projet d’architecture comme un jeu de relation c’est considérer que la résolution de toutes les problématiques n’est pas uniquement du ressort de l’architecture.

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principes éthiques pour une philosophie de l’accompagnement, Cairn.info. Paragraphe 12 consulté le 30.04.2021 [URL: 3-page-99.htm]https://www.cairn.info/revue-savoirs-2004-

«On comprendra alors que l’accompagnement ne pourra jamais se réduire à de procédures pensées hors sujet, hors contexte, hors projet, tels des algorithmes qu’il s’agirait d’appliquer et de répliquer à l’infini. Accompagner l’autre c’est faire un bout de chemin avec lui vers “quelque chose, ce bout de chemin se construit en marchant et ce “quelque chose” s’invente en se faisant. Des

En conclusion, l’étude de la fragilité des Kaz m’a permise de comprendre que certains mots peuvent devenir des leviers de projet. La fragilité possède une capacité de protection qui se traduit par de l’anticipation. Les esclavagisés font de la fragilité une modalités d’accompagnement du risque cyclonique. La Kaz accompagne plutôt qu’elle détruit puisque sa détérioration n’est pas une fin mais une manière de comprendre l’importance de l’attention qui porté aux autres. Cette attention permet sa propre protection. La fragilité en architecture permet alors de guider les habitants à développer des attentions, base d’un habiter tourné vers l’écologie.

» 38 38. Beauvais Martine, 2004,

La Culture occidentale les individus les bâtiments

Lesl’environnementrelationsentre les composants sont extrêmement asymétriques. On note qu’il y a une hiérarchisation des composants : le triangle «économie, culture, bâtiments» sont en haut de la pyramide dont la pointe serait l’économie car elle conditionne et la culture et les bâtiments, s’ensuit les individus puis l’environnement. l’économie

Volonté de domination sur les éléments naturels

[Figure 52] Synthèse de la reflexion La

1. Définition de la culture du risque : la culture du risque est le fait de mettre en lien le territoire avec la culture donnée, c’est aussi Penser l’architecture

2. Définiton de la résilience : capacité à surmonter un choc, capacité à tisser des relations en vu de minimiser les dépendances.

Solidité Culture du La CaribéenneCulture

risque naturel1 La Culture Caribéenne vernaculaire les individus les bâtimentsL’environnementl’environnementfaitface tout comme le bâtiment, les individus aux risques naturels. On retrouve une forte relation entre ces composants. Ils sont tous vulnérables face aux cyclones. créole Vulnérable = potentiel

aussi:ProblématiqueEnquoilafragilitédesKazCaribéennespermettent-ellesunebonnegestiondurisquehumainlorsdespériodescycloniques.Enquoilafragilité/vulnérabilitédesédificespermettrait-elledeproduirel’architecturesavanteetrésilientepourdemain?cequipeutêtredétruit/protégé dans l’unique but de sauver des vies. Fragilité l’architecture en écosystème s.

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• Dejeant Florie, Hubert Alix, Moles Olivier, 2013. Mallette pédagogique pour l’amélioration des architectures rurales en structure porteuse en bois dans le département du Sud Est d’Haïti. Villefontaine : ONUHabitat, aecid, CRAterre. 308p.

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Muhlmann Géraldine, 2001/2002, Pensée et non-pensée selon H. Arendt et T.W. Adorno Réflexions sur la question du mal, Tumultes n°17-18, pp 279-319.

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Page 74/78 • Paviol Sophie, 2019, Modernités situés et devenir patrimonial Penser le patrimoine guadeloupéeen du XXe siècle, Mémoire pour l’obtention de l’habilitation à diriger des recherches, sous le parrainage de Dominique Poulot, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, pp 1-20. • Trabaud Vincent, 2018.Renforcement des compétences locales en Haïti au travers de l’analyse des cultures constructives, Mémoire pour l’obtention de diplôme de spécialisation et d’approfondissement-Architecture de terre, mention patrimoine.ENSAG.p126. Atlas • Le réseau TRAMIL,2014. Pharmacopée caribéenne, TramilCANOPE de Guadeloupe. p416 • Monique Terrier, Jean-Philippe Rançon, Didier Bertil, Frédéric Chêne, Jean-François Desprats, Sophie Lecacheux, Sylvestre Le Roy, Philippe Stollsteiner, Olivier Bouc (BRGM) ; Atlas des menaces naturelle en Haïti. Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire. [en ligne]. 114p. Disponible sur : ATLAS%20HAITI%20FRENCH%2005032017_LR.pdfhttp://ciat.gouv.ht/sites/default/files/articles/files/ • ECCE TERRA, CARAÏBES PAYSAGES, Gilbert Louis, C2R, ELAU. 2012. Atlas des paysages. DEAL et Région Guadeloupe. p 64. Disponible sur : < atlas_guadeloupe.pdfBrochures_et_publications/presentation_synthetique_fr/fileadmin/Site_Region_Guadeloupe/Mediatheque/https://www.regionguadeloupe. • Girot de Landglade, 2004. Le risque majeur. [en ligne] p 47. Disponible sur : < http://www.ipgp.fr/~beaudu/download/ DDRM-2004.pd • Sitographie • Dron Dominique, 2006. Risques, aléas, enjeux, vulnérabilité.. [en ligne]. Disponible sur : fr/esige/uved/risques/1.1/html/2_2-2_1.html»«https://campus.mines-paristech.

Page 75/78 Iconographie • Première page de couverture Avant la tempête, vol d’oi seaux et arbustes courbés par le vent, estampe, Ludovic Napoléon Lepic, XIXe siècle. Martinique • Page 4 et 7, illustration de Francis Hallé dans l’ouvrage : 50 ans d’explorations et d’études botaniques en forêt tro picale.

[Figure 0] Redessin de l’auteure à partir de la mallette péda gogique pour l’amélioration des architectures rurales en struc ture porteuse en bois dans le département du Sud Est d’Haïti écrit par Florie Dejeant, Alix Hubert et Olivier Moles : page 48

[Figure 2] Redessin de l’auteure d’un schéma de la structure d’un cyclone proposé par météo-France consulté le 27.04.2021 et disponible [URL : tilles/pack-public/cyclone/tout_cyclone/structure.htmhttp://www.meteo.fr/temps/domtom/an ]

• Page 8, Berthelot Jack, Gaumé Martine, 1982, Kaz Antiyé Jan Moun Ka Rété/Caribbean popular dwelling/L’Habitat populaire aux Antilles, Paris, Editions Caribéennes, 62 p.

[Figure 1,4,6] Gravures extraite de Christophe Colomb vu par un marin écrit par JB Charcot, consulté le 27.04.2021 Dispo nible [URL : https://issuu.com/scduag/docs/pap11064

[Figure 3] Redessin de l’auteure à partir de l’atlas Caraïbe consulté le 27.04.2021 et disponible [URL : https://atlas-ca raibe.certic.unicaen.fr/fr/] [Figue 5] Les Antilles, après le cyclone social, interview de Daniel Maximin faite par Nathalie Sarthou-Lajus paragraphe 4 ligne 10 [Figure 7,8,9,12] Dessins et frises de l’auteure [Figure 10] Redessin à partir de l’atlas Caraïbe (10.a, 10.c) consulté le 27.04.2021 et disponible [URL : https://atlascaraibe.certic.unicaen.fr/fr/] et Hatzenberger Françoise, Paysages et végétations des Antilles (11.b). [Figure 11] Dessin de l’auteure, base : -Documents-openstreetmaps;extrait de ECCE TERRA, CARAÏBES PAYSAGES, Gilbert Louis, C2R, ELAU. 2012. Atlas des paysages. DEAL et RégionBerthelotGuadeloupe.Jack,Gaumé Martine, 1982, Kaz Antiyé Jan Moun Ka Rété/Caribbean popular dwelling/L’Habitat populaire aux Antilles, Paris, Editions Caribéennes, 8 p. [Figure 14] Gravure de Le Breton et photographie extraite du livre Berthelot Jack, Gaumé Martine, 1982, Kaz Antiyé Jan Moun Ka Rété/Caribbean popular dwelling/L’Habitat populaire aux Antilles, Paris, Editions Caribéennes, p 12. [Figure 15] Dessin de l’auteure [Figure 16, 18] Dussert-Vidalet Bernadette, 1977, L’habitation du Mont-Carmel. Bulletin de la Société d’’histoire de la Guadeloupe, n°32? 2e trimestre. p5-23 disponible [URL : bshg03520/1044042ar/]https://www.erudit.org/fr/revues/bshg/1977-n32-4p,9p.

Page 76/78 [Figure 19] Berthelot Jack, Gaumé Martine, 1982, Kaz Antiyé Jan Moun Ka Rété/Caribbean popular dwelling/L’Habitat populaire aux Antilles, Paris, Editions Caribéennes, p 83. [Figure 20,21] Redessin à partir de l’atlas Caraïbe (18) consulté le 27.04.2021 et disponible [URL : https://atlas-caraibe. certic.unicaen.fr/fr/] et Hatzenberger Françoise, Paysages et végétations des Antilles (17) [Figure 22,23] Dessin de l’auteure. [Figure 24] Redessin à partir de l’ Atlas des menaces naturelle en Haïti. Comité Interministériel d’Aménagement du Territoire écrit par Monique Terrier, Jean-Philippe Rançon, Didier Bertil, Frédéric Chêne, Jean-François Desprats, Sophie Lecacheux, Sylvestre Le Roy, Philippe Stollsteiner, Olivier Bouc (BRGM) et disponible sur : HAITI%20FRENCH%2005032017_LR.pdfhttp://ciat.gouv.ht/sites/default/files/articles/files/ATLAS%20

[Figure 25] Redessin à partir de Hatzenberger Françoise, 2001, Paysages et végétations des Antilles, Paris, Karthala coll. Espace Caraïbe Amérique. [Figure 26, 27, 28] Dessin de l’auteure [Figure 29] Redessin à partir du relevé de Trabaud Vincent dans le livre Renforcement des compétences locales en Haïti au travers de l’analyse des cultures constructives, Mémoire pour l’obtention de diplôme de spécialisation et d’approfondissement-Architecture de terre, mention patrimoine.ENSAG. [Figure 30] Dessin de l’auteure [Figure 31, 32, 33, 34] Documents extraits du livre Berthelot Jack, Gaumé Martine, 1982, Kaz Antiyé Jan Moun Ka Rété/Caribbean popular dwelling/L’Habitat populaire aux Antilles, Paris, Editions Caribéennes. [Figure 35, 36, 37] Dessin de l’auteure à partir : - des relevés d’architecture de Berthelot Jack, Gaumé Martine, 1982, Kaz Antiyé Jan Moun Ka Rété/Caribbean popular dwelling/ L’Habitat populaire aux Antilles, Paris, Editions Caribéennes. - des dessins de végétation Caribéenes Le réseau TRAMIL,2014. Pharmacopée caribéenne, Tramil-CANOPE de Guadeloupe. p416 [Figure 38] Dejeant Florie, Hubert Alix, Moles Olivier, 2013. Mallette pédagogique pour l’amélioration des architectures rurales en structure porteuse en bois dans le département du Sud Est d’Haïti. Villefontaine : ONUHabitat, aecid, CRAterre. 49p ligne 263/264.

[Figure 39] Dessin de l’auteure à partir - du travail de recherche de Dejeant Florie, Hubert Alix, Moles Olivier Mallette pédagogique pour l’amélioration des architectures rurales en structure porteuse en bois dans le département du Sud Est d’Haïti. Villefontaine : ONUHabitat, aecid, CRAterre. 308p. - Berthelot Jack, Gaumé Martine, 1982, Kaz Antiyé Jan Moun Ka Rété/Caribbean popular dwelling/L’Habitat populaire aux Antilles, Paris, Editions Caribéennes. [Figure 40, 41, 42] Dessin de l’auteure

[Figure 43] Le réseau TRAMIL,2014. Pharmacopée caribéenne, Tramil-CANOPE de Guadeloupe. p111 [Figure 44, 45, 46] Cartographie construite à partir de l’opendata (openstreetmap). [Figure 47] Photographie prise par Jean-Marc Simon. [Figure 48, 49, 50, 51] Photographie appartenant à la DREAL de Guadeloupe [Figure 52] Schéma de l’auteure

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