Mémoire de PFE 2022_Tome 2

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Directeur d’études : Patrick Thépot Assisté de l’équipe enseignante : Agnieszka Karolak, France Laure Labeeuw, Etienne Randier Responsables du Master Aedification-Grands territoires-Villes : Aysegül Cankat & Patrick Thépot De la Morne à l’Eau : Réappropriation d’une ville guadeloupéenne par couches conceptuelles, en trois lieux TOME 2 La Maison du Canal, une architecture biomimétique La Médiathèque, une résurgence d’eau entre dedans et dehors La Maison de la Danse, de l’édifice à l’espace public, un terrain de jeu PFE ENSAG juin 2022 Estelle Vernet - Ana Beatriz De Campos Martins - Benjamin Galanti

De la Morne à l’Eau : Réappropriation d’une ville guadeloupéenne par couches conceptuelles, en trois lieux

Directeur d’études : Patrick Thépot Assisté de l’équipe enseignante : Agnieszka Karolak, France Laure Labeeuw, Etienne Randier Responsables du Master Aedification-Grands territoires-Villes : Aysegül Cankat & Patrick Thépot

Benjamin

Jean-ChristopheCosteGrossoAgnieskaKarolakFranceLaureLabeeuwGillesNovarinaSophiePaviolEtienneRandierPatrickThépotFrançoiseVery

La Maison du Canal, une architecture biomimétique DE CAMPOS MARTINS Ana Beatriz La Médiathèque, une résurgence d’eau entre dedans et dehors GALANTI Benjamin La Maison de la Danse, de l’édifice à l’espace public, un terrain de jeu VERNET Estelle Membres du jury Aysegul Cankat

Anne

Estelle Vernet Ana Beatriz De Campos Martins Galanti

Estelle Vernet PFE ENSAG Juin 2022

Sommaire

La Médiathèque

Une résurgence de l’eau entre un dedans et un dehors

IntroductionConclusion : Une médiathèque pour la Grande Terre Investir la place du marché Le programme, point de départ du projet L’espace extérieur comme vecteur de modification La médiathèque, lieu de vie entre intérieur et extérieur Le patio, source d’imaginaire autour de la résurgence

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ConclusionIntroduction01

126122308864

La Maison du Canal Une architecture biomimétique La Maison de la Danse De l’édifice à l’espace public, un terrain de jeu

Les aléas naturels : trois leçons du palétuvier

La place Gerty Archimedes Interroger les limites de ce qui fait espace Une réactivation de l’intelligence des savoirs-faire guadeloupéens

Bibliographie

IntroductionConclusionConclusion : La Danse aux Antilles, le Gwo Ka en Guadeloupe

Introduction : un centre d’interprétation pour la mangrove La Maison du canal, une porte d’entrée à deux sens Construire en milieu tropical, l’environnement comme ressource de projet

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Introduction

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Partant de la stratégie urbaine établie à la fin du premier Tome - ré activer un parcours piéton au sein de la ville de Morne-à-l’Eau en se servant des venelles - il est question de réfléchir à la matérialisation de ces intentions à l’échelle architecturale. Les trois programmes présentent un lien intrinsèque entre eux puisqu’il s’agit dans les trois cas de programmes proposant des activités culturelles. Néanmoins, pour retrouver un propos cohérent, il faut aller plus loin.

La lecture par couches conceptuelles devient ainsi une approche de conception également. Chaque projet répond simultanément à des enjeux spécifiques de son site et à des enjeux du territoire partagés entre les trois. Les équipements proposés tissent des liens entre ville, nature et culture guadeloupéenne et chaque projet exprime ces connexions de façon unique.

Dans le projet de la Maison du Canal, nous explorerons le rapport de Morne-à-l’Eau à son environnement. La Maison de la Danse reprendra ensuite cette vision en mettant en valeur un patrimoine immatériel de la Guadeloupe - la pratique de la danse dans les espaces extérieurs. Finalement, la Médiathèque clôtura la séquence en proposant un équipement versatile rayonnant à l’échelle de la Grande Terre.

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9 La Maison du Canal Unearchitecturebiomimétique

Figure des Rotours,

vue en vis-à-vis du site Figure 2. Les racines des palétuviers

1. Canal

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Lestropicales.palétuviers sont les principales espèces végétales de la man grove guadeloupéenne. Ces plantes ont su répondre par plusieurs moyens aux contraintes de ce milieu soumis à une salinité élevée, un sol instable et faible en oxygène et à une variation fréquente du niveau de l’eau. Les palétuviers sont à la base d’écosystèmes uniques, particulièrement autour de leurs systèmes racinaires com plexes. Là où les racines sont en permanence submergées, les pa létuviers sont les hôtes d’algues, de bernacles, d’huîtres, d’éponges et de cnidaires.

Un

La mangrove de Morne-à-l’Eau s’étend sur près de 5000 ha et représente 3% de la surface de la Guadeloupe. C’est un écosystème qui se développe en lien étroit avec le Grand-Cul-de-Sac-Marin, une barrière de corail qui atténue le mouvement de l’eau océanique sur la côte mornalienne, créant les conditions nécessaires pour l’émergence de ce type de végétation caractéristique des zones

Pour les habitants de Vieux-Bourg, la mangrove représente une ressource exploitée dans les pratiques de la pêche de petits pois sons, huîtres et du lambi, un crustacé très présent dans la cuisine antillaise dont la coquille était utilisé par les esclaves pour annoncer de morne à morne les événements de la ville. La mangrove était aussi refuge pour ceux qui arrivaient à fuire leur maîtres dû à la difficulté de parcourir le sol marécageux et de franchir les obstacles représentés par les arbres. Le dense système racinaire des palétu viers contribue, d’ailleurs, à la protection de la côte non seulement de l’érosion mais aussi à des houles et vents cycloniques venant de la mer, en absorbant leur énergie lors de leur passage.

L’enjeu de sensibilisation sur l’importance de la mangrove est donc double - préserver un écosystème par le rôle écologique qu’il joue à l’échelle de la Guadeloupe, mais aussi préserver un paysage étroi tement lié à la constitution de la ville de Morne-à-l’Eau et à la vie de ses habitants actuels. Centre d’Interprétation pour la mangrove

Figure 3. Aménagements proposés pour le quartier

Le site se trouve en vis-à-vis du Canal des Rotours et accueille aujourd’hui un abattoir désaffecté. Cet édifice, un hangar enfermé en béton n’entretenant pas de rapport important à son entourage, ne sera pas conservé au sein de ce projet. L’usage de l’abattoir et le besoin de verser des déchets de son activité directement dans l’eau a causé la déforestation de quelques mètres de berges sur sa façade, faisant que ce site soit un des seuls points où l’on peut avoir un contact visuel direct avec l’eau depuis les berges, le reste étant couvert par une végétation très dense et préservée. C’est alors un endroit privilégié pour s’approcher du Canal des Ro tours. Pour renforcer cette connexion, un réaménagement de flux sur les voies existantes permet de supprimer la section de rue qui sépare le site des berges, libérant le chemin pour un édifice en lien direct avec l’écosystème qu’il veut mettre en valeur. Piste cyclable prévue dans le plan de Aménagementsl’Écoquartierproposés

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Un lieu d’accueil particulier

Une programmation en lien avec le paysage Le programme se constitue d’abord d’un espace muséographique dédié à la faune et flore de la mangrove et des écosystèmes de transition qui l’encerclent - le marais et la forêt marécageuse. En suite, des espaces d’animations et d’événements sont proposés pour accueillir des activités dirigées à des publics variés comme des écoles, des groupes de touristes ou des visiteurs occasionnels. Ces espaces serviront à la réalisation d’ateliers de dessin botaniste, de cours de cuisine antillaise, colloques entre acteurs de la préser vation environnementale en Guadeloupe, entre autres. Finalement, l’équipement offrira plusieurs moyens par lequel le visiteur peut faire suite à sa visite en découvrant le Canal des Rotours - soit en s’arrê tant pour un repas ou un café surplombant l’eau, soit en empruntant un chemin de randonné ou un kayak qui lui permettra parcourir cet écosystème lui-même.

13 Accueil et musée Salle DépartRestaurationd’activitésrandoet

kayak Administration

Figure 4. Schéma programmatique du projet

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Figure 5. Entrées du site - arrivée piétonne par la venelle. 6. Entrées du site - arrivée des bateaux depuis le Vieux Bourg

Figure

La Maison du Canal est le début - ou la fin - du parcours esquissé par les trois projets développés dans ce travail. Actuellement, cer tains pêcheurs de Vieux Bourg proposent des balades en bateau qui permettent de remonter le Canal des Rotours jusqu’au Centre Bourg, mais les touristes n’ont pas de point d’arrêt pour découvrir la ville ou voir la mangrove depuis un autre angle que celui du bateau. À l’inverse, les habitants du Centre Bourg ne disposent que de deux points de contact avec le Canal aujourd’hui - les deux ponts auto mobiles sur les routes qui mènent au nord de Grande Terre. Malgré l’extension de la mangrove, c’est un paysage qui passe ina perçu dans le Centre Bourg en raison de sa difficile accessibilité, donnée premièrement par les caractéristiques propres de cet éco système - végétation dense et sol inondé - et deuxièmement par l’absence d’infrastructures qui permettent un contact maîtrisé avec le public piéton. Un projet à la croisée des chemins Le projet s’organise de façon à coordonner ces deux flux en sens inverses en marquant la transition entre l’environnement urbain et naturel comme une porte d’entrée. L’édifice ne présente pas d’orientation principale car toutes les façades voient la potentielle arrivée d’un visiteur, qu’il vienne en bateau, à pied, à vélo ou en voi ture. L’accueil est placé au croisement de tous ces flux, en lien direct avec la venelle qui mène au centre-ville et permet de découvrir la Maison de la Danse et la Médiathèque.

Le pont offre aux piétons une alternative au pont automobile exis tant, où la traversée couverte et éloignée des voitures permet de s’arrêter pour apprecier la sensation de surplomber l’eau et admirer l’extension du Canal des Rotours ainsi que le passage de bateaux/ kayaks vus du dessus. Une porte d’entrée à deux sens

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Relier les deux berges

En traversant le pont, on est confronté à une piste cyclable touris tique direction la plaine cannière et les abords de la forêt maréca geuse, prévue dans les plans d’aménagement de l’écoquartier Coeur des Grippons, et on a la possibilité de descendre au niveau de l’eau pour louer un kayak ou partir vers le Vieux Bourg en passant par la mangrove. La structure de soutien du pont fonctionne aussi comme un portail - à partir de ce point, seulement des embarcations de petite hauteur (notamment les kayaks) peuvent passer, marquant la limite d’une zone réservée à l’apprentissage du kayak surveillée par des instructeurs avant de partir en balade sur le reste du canal. Figure 8. Coupe longitudinale sur la cour. Échelle 1:250

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17 Accès (BoulevardvoitureNelsonMandela) Accès(venelle)piétons Accès cyclistes (Piste cyclable) Accès piétons (habitants du quartier)Accès bateaux (Vieux Bourg) Figure 7. Schéma représentant les multiples accès du site 0 6 m 12 m

Figure 9. Plan RDC du projet. Échelle 1:400. 0 8 m 16 m

L’environnement comme ressource de projet

Construire en milieu tropical

Le point commun entre Ali Tur et la case créole est le rapport du projet à la géographie de son lieu d’implantation - la topographie, le climat, le sol. Ces éléments participent à la construction d’un ima ginaire de symbiose entre architecture et environnement physique, comme celui cherché dans nos projets, et permettent de situer les trois propositions. Par ailleurs, leur prise en compte dans le pro jet apporte de nombreuses qualités spatiales en ce qui concerne le confort bioclimatique dans un contexte tropical, où la chaleur constante sur toute l’année pose la question de développer des stratégies pour rafraîchir naturellement l’édifice.

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La cour créole est une de ces stratégies. En créant des vides entre le bâti, elle permet de faire respirer l’ensemble et de faire passer le vent. La Maison du Canal est située dans un contexte de végétation dense qui ralentit l’arrivée des alizées sur le site, en le protégeant en cas de cyclone mais en permettant toujours une circulation de l’air grâce à l’implantation perpendiculaire du projet autour d’une cour. La cour permet également de révéler l’eau venant de la ve nelle et de mettre en scène sa rencontre avec le Canal des Rotours, générant un espace inondable à l’esprit spontané - tel qu’un jardin créole - où l’on peut se balader sur le gazon et s’approcher de l’eau sans intermédiaires.

Le bâti est conçu comme une structure en bois qui protège des boîtes délimitant les espaces intérieurs. Cette structure apporte de l’ombre sur toutes les ouvertures et le toit des boîtes, réduisant la chaleur absorbée par l’édifice. Des dispositifs inspirés de la maison de maître créole, les jalousies (voir détail sur la figure 10) per mettent de ventiler les pièces tout en filtrant la lumière, une solution pour des espaces comme le musée où une maîtrise de l’éclairage solaire est demandée pour l’installation de dispositifs scénogra phiques sur les murs.

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vernaculaire.Figure10.

Ce même principe est réinterprété en toiture avec des persiennes mobiles qui pourraient rester fermées en temps normal pour proté ger du soleil et de la pluie, et ouvertes lors d’un cyclone, réduisant la résistance offerte par cette toiture aux vents - aussi une leçon apprise de la case

Coupe perspective sur la cour. Échelle 1:150; détails au 1:40

21 0 4 m 8 m

22 Figure 11. Axonométrie éclatée de la structure

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La mangrove est un écosystème résilient. La capacité de s’adapter à un milieu hostile à permis au palétuvier de constituer un paysage unique qui peut apprendre à l’homme plusieurs leçons au niveau de l’architecture. La mangrove n’est pas seulement résiliente en soimême, mais elle contribue aussi à la résilience du territoire guade loupéen en le protégeant des houles cycloniques venant de l’océan. Il est estimé que chaque kilomètre de mangrove provoque une réduction de 1 m sur la houle cyclonique. Le système racinaire complexe et dense des palétuviers constitue un obstacle difficile à franchir même pour l’eau, qui perd sa vitesse en le traversant, et les canopées jouent également un rôle dans la protection contre les vents. Les pêcheurs de Vieux Bourg en profitent pour cacher leurs bâteaux sous les racines de la mangrove suite à une alerte cyclo nique, comme nous a informé Willy Cornelie lors de notre balade en bâteau dans le Canal des Rotours.

Le projet de la Maison du Canal réinterprète certaines caractéris tiques des palétuviers pour mieux s’adapter aux aléas. À l’instar des racines, la structure en bois proposée abrite et protège les blocs qui composent les espaces internes, glissés dans les vides laissés par celle-ci. La canopée complexe formée par la toiture et les poteaux génère des espaces intermédiaires où la déambulation du corps dans l’édifice est modulée par la présence d’éléments verticaux in clinés recevant le poids de la structure.

Les racines du palétuvier ne sont pas profondes. L’installation dans un sol marécageux demanderait le développement de dizaines de mètres de racines en dessous du sol pour obtenir un accroche satisfaisant. À la place, la stratégie développée par ces arbres pour gérer cette question est celle de multiplier les accroches au sol, en diminuant la charge reçue par chaque racine. Cette stratégie est reprise dans le projet par la multiplication des chemins de des

Les aléas naturels, trois leçons des palétuviers

Multiplier les points d’accroche

Le palétuvier tout seul a évidemment des caractéristiques qui le rendent résistant aux vents et à la variation de la marée. Mais il ne serait pas capable de résister efficacement à des rafales atteignant 200 km/h ou une houle cyclonique majeure si ce n’était pas pour la force de l’ensemble de la mangrove. Un arbre protège l’autre et c’est l’imbrication dense de plusieurs palétuviers individuels qui leur confère la capacité de rester débout lors d’une tempête.

Figure 12. Volumetrie du projet et insertion dans le site

S’imbriquer pour mieux résister

cente des charges au sein de la structure principale, ce qui permet non seulement un allégement des fondations, nécessaire dans un contexte de sol imbibé d’eau comme celui du site en question, mais aussi une plus importante résistance aux efforts générés par les cyclones, où les points d’accroche tendent à être tirés vers le haut plutôt que poussés contre le sol.

Par ailleurs, lorsqu’un palétuvier est soumis à une charge latérale importante (comme une rafale de vent ou une vague), la moitié de ses racines travaille en compression alors que l’autre travaille en traction en tirant le tronc contre le vent. Si la direction du vent s’in verse, les efforts dans les barres s’inversent également. Cette ambi valence permet à ce genre d’arbre de garder une stabilité supérieure à d’un arbre commun à racine axiale et c’est aussi ce qui permet à la

La structure proposée matérialise cet aspect dans sa configuration en treillis spatial. Les portiques formés par des charpentes clas siques sont contreventés entre eux par des éléments inclinés qui jouent un rôle de solidarisation des charpentes et d’orientation des efforts générés par le poids de la toiture au sol. Le cheminement des forces dans un treillis spatial ne peut être lu qu’en tenant compte de l’enchaînement des modules en trois dimensions, car les portiques ne sont pas conçus pour travailler individuellement.

Une des principales leçons tirées autant de la case créole que du palétuvier est celle de l’acceptation du risque. Il ne s’agit pas de maîtriser totalement l’environnement, mais de savoir s’y adapter. L’aléa cyclonique est importante, mais elle n’est pas la seule. Situé sur les berges du Canal des Rotours, le site est soumis à un risque d’inondation qui tend à s’accentuer à long terme selon des pro

Lavandeblanche AloeHerbe

Figure 13. Coupe longitudinale, échelle 1:250. Détail de l’accroche au sol, 1:40,

Maison du Canal de ne pas se déformer en cas de cyclone, puisque en plus de sa forte intensité, les vents cycloniques ont la particu larité de changer de direction plusieurs fois dans un court espace de temps, ce qui demande une géométrie capable d’absorber des impacts venant de tous les sens. Accepter l’aléa

27 Herbe à miel (existant)Badamier

Cette augmentation ne ferait pas déborder le Canal vers ses berges, puisque celles-ci se trouvent à quelque 2 m au-dessus de l’eau. Pourtant, elle rendrait certainement plus fréquente l’inondation du site en cas de forte pluie. C’est pourquoi le projet est surélevé de 50 cm du sol et toute la parcelle est desimperméabilisée dans le but d’absorber l’eau en évitant que l’inondation s’étende sur les habita tions autour du site. Le rapport du projet au sol se fait de manière ponctuelle par les racines de la structure et les espèces végétales choisies pour la cour prennent en compte leur capacité de résister à une potentielle inondation et à un sol saturé d’eau, en évitant l’éro sion par arrachement de la végétation.

0 6 m 12 m

jectionsPalétuviers(existant)faites par des études menés par l’Université des Antilles (2010), qui montrent une potentielle augmentation du niveau de la mer de quelque 80 cm dans un horizon de 50 ans.

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La Maison du Canal s’inscrit aussi dans une symbiose avec les trois autres projets autant fonctionnellement, en constituant une étape du parcours culturel proposé pour redynamiser la ville, que archi tecturalement, par la réinterprétation de dispositifs vernaculaires dans la conception bioclimatique de l’édifice.

Finalement, le projet est une synthèse de mon parcours personnel en tant qu’architecte. Ayant grandi et commencé mes études d’ar chitecture dans un pays tropical au paysage très similaire à celui qu’on a découvert en Guadeloupe - le Brésil -, je retrouve dans ce projet mon expérience vécue confondue avec l’approche ap prise durant mes deux ans de master à l’ENSAG. Ç’a été alors une occasion unique pour moi de réaliser un projet de fin d’études qui revient en quelque sorte à mes origines.

La Maison du Canal naît de plusieurs interrogations sur la place de l’homme dans la nature, ou du végétal dans la ville. S’agit-il d’un projet en milieu urbain ou naturel ? Veut-on mener les mornaliens à découvrir la mangrove ou, à l’inverse, amener une partie de la man grove plus proche de l’occupation humaine ? N’est-t-il pas contra dictoire de bâtir sur un site naturel dans le but de le préserver ?

Le projet répond à ces questions en assumant toujours une attitude d’entre-deux. La Maison du Canal n’est pas la fin de la ville ni le dé but de la mangrove, mais précisément l’endroit où les limites entre les deux se brouillent, et toute sa conception exprime cette volonté de L’approchesymbiose.multiscalaire

a permis de retrouver une cohérence glo bale allant dès l’échelle urbaine, avec les liaisons établies avec les venelles et la piste cyclable et le réaménagement de voies pour approcher le projet du Canal, à l’échelle de la mise en oeuvre, avec une conception structurelle partant de l’étude d’une essence native présentée à nous par Willy Cornely lors de notre visite de site.

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Conclusion

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31 La Médiathèque Unerésurgencedel’eauentreundedansetundehors

32 Figure 14. Vers un reseau de médiathèque pour la Grande-Terre Figure 15. La parcelle préssentie par la mairie

33 Issue d’une demande de la mairie, la médiathèque répond à un ca hier des charges. Une de ces requêtes consiste en la création d’un réseau de médiathèques dans toute la Grande Terre afin d’accueillir des événements et de pouvoir partager les ressources. L’analyse réalisée dans le premier tome nous a permis de com prendre la dimension de passage de la ville, mais également la no tion de convergence. L’intérêt est donc de profiter de ces deux qualités pour faire un projet qui résonne avec son territoire. En tant que point de convergence pour la Grande Terre, la mé diathèque de Morne-à-l’Eau semble être la mieux placée pour s’établir en tant que maison mère. Elle serait le lieu de rencontre lors de rassemblements des différentes médiathèques de la GrandeTerre. Cette nouvelle activité est l’occasion pour le centre-bourg d’offrir un panel plus large de services, mais aussi de réactiver le Cequartier.programme est également en lien avec les écoles de la ville et répond à des besoins pour les jeunes qui y étudient. L’objectif à travers ce programme est d’offrir davantage de services pour les populations et tout particulièrement les jeunes qui quittent au jourd’hui la Guadeloupe. Investir la place du marché Le choix de l’implantation s’est produit à la suite de plusieurs consta tations. La présence d’une résurgence d’eau sous la halle de marché énoncé dans le Tome 1 a été l’élément déclencheur d’une remise en question vis-à-vis de l’emplacement de la future médiathèque. Initialement prévue dans une des dents creuses donnant sur la place, cette situation ne semblait pas optimale. En effet, la place Gerty Archimède est un lieu dense en termes d’activité et de mou vement. L’ajout d’une nouvelle activité semblait être moins pertinent Une médiathèque pour la Grande Terre

Aujourd’hui, la place du marché est majoritairement dédiée à la voi ture. Qualifié de place, c’est pourtant la voirie qui prédomine. Celleci vient couper l’espace et rendre les déplacements piétons difficiles. Les obstacles qui jalonnent la place renforcent cette difficulté pour se mouvoir. Sur cette même place s’ouvre le stade de la ville ac compagné de son parking à l’avant. Bien que sa position puisse faire penser à un lieu de vie pour la ville, la place est aujourd’hui forte ment délaissée en dehors des jours de marché ou de match.

La situation de la place du marché est stratégique dans les rela tions qu’elle entretient avec le reste de la ville. Celle-ci se trouve à

34 à l’échelle du quartier du Cœur de Grippons. L’intérêt de développer trois programmes reposait dans la possibilité de réactiver différents lieux dans le centre-bourg et ainsi d’engager une nouvelle direction pour la L’établissementville. du parcours dans la ville a permis d’asseoir cette intuition pour le déplacement de la médiathèque. Le re-dessin des venelles et l’établissement du parcours nous a permis de mettre en avant la place du marché sur laquelle débouchent 3 venelles et qui permet de conserver un lien avec la place centrale de la ville.

La place apparaît comme un espace résiduel formé autour d’un tissu bâti aux gabarits variables, allant de la case créole et petits im meubles de ville jusqu’au stade. Ce tissu hétéroclite pose la question de la composition de cet espace et de la proportion de l’inter vention. L’idée principale qui marque le démarrage du projet est la re-division de la place. L’objectif derrière cette modification est de retrouver des dimensions plus harmonieuses vis-à-vis du bâti qui Aujourd’hui,l’entoure.

la place du marché manque d’une réelle direction et d’une clarté afin de prendre sa place dans la ville. L’intérêt de cette intervention est donc de remettre le piéton au cœur de cet espace, le rendre lisible et clarifier cet espace afin d’en faire un lieu dont les normaliens veulent se saisir.

35 Figure 16. La place du marché et le stade Figure 17. La voirie omnipresente

36 Place GertyEgliseArchimèdeSaint-André Parcelle de la Maison de la danse Parcelle pressentie par la mairie Axe historique Figure 18. La place du marché au coeur du centre-bourg ( état des lieux ) Mise en scène de la halle de marché Venelle Nouvelle implantation Chemin des écoles 0 25 50m

proximité de la place Gerty Archimède, la place centrale qui draine toutes les activités. L’installation d’un arrêt de transport en com mun directement sur celle-ci lui donne une nouvelle dimension. La médiathèque en sera également bénéficiaire grâce à sa proximité.

1 Le marché aux vivres, La ville de Morne-à-l’Eau, [En ligne]. Disponible sur : phone/les-traditions-orales-aux-antilles/https://www.caraibes-mamanthe.org/la-litterature-de-la-caraibe-franco

Figure 19. Carte postale, la Halle de marché de Morne-à-l’Eau. Source : <https://kkfet.com/ actus/linauguration-du-marche-aux-vivres-de-morne-a-leau/ >

Au-delà de la place Gerty Archimède, la médiathèque s’intègre et participe au parcours de découverte de la ville par les venelles. Elle se trouve à proximité de l’axe historique qui mène directement à l’église Saint-André, véritable repère pour la ville. La médiathèque se trouve également sur l’axe du chemin des écoles, axe important dans la création d’un espace qui est en partie voué à accueillir des Lajeunes.mise en avant de ces différents axes a permis de qualifier la première direction pour la place et l’implantation de la médiathèque.

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L’objectif pour cette place est de mettre en avant son patrimoine et notamment la halle de marché, l’un des premier bâtiments en béton armé de la ville datant de 1921. La première intention a donc été la création d’un parvis à l’avant de la halle et la mise en scène de son axe central.

FABRIQUERLIRE

JOUER Figure 21. Le programme de la mediathèque

entre les différents programmes de la place semble se coordonner assez aisément. Toutefois, il a fallu penser la mé diathèque comme un espace de calme en plein centre bourg. L’idée a donc été de se centrer sur une intériorité plutôt que de s’ouvrir Le programme de la médiathèque a été composé à partir des at tentes de la mairie. Ces premières intentions ont permis de faire émerger plusieurs grands principes et espaces nécessaires. La mé diathèque regroupe tous les espaces essentiels à son fonctionne ment, espace d’exposition de livres et autres médias, espace de travail, réserve, accueil du public ainsi qu’un espace de fablab.

Le premier questionnement qui s’est posé a été celui de la cohabi tation entre la médiathèque et la halle de marché. En effet, le marché est un lieu de nature assez bruyante. Celui de Morne-à-l’Eau est uniquement présent le dimanche sur la place, jour de fermeture pour la médiathèque. Cette concordance entre les temporalités des programmes permet de créer un lieu qui s’active tout le long de la semaine avec de multiples activités. Quant au stade, il tourne le dos à la place et ne présente pas de réelle problématique pour la Lamédiathèque.rencontre

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Le programme, point de départ

Les espaces s’intégrant à cette médiathèque ont ensuite été ques tionnés afin d’enrichir le programme et de l’ancrer dans son terri toire. En partant de la question, “Qu’est ce qu’une médiathèque en Guadeloupe ? “, nous avons cherché les éléments distinctifs et les espaces singuliers qui devaient être présents.

Les espaces extérieurs ayant une place primordiale dans la vie gua deloupéenne, il a semblé évident de mettre en œuvre un espace modulable et fluide entre intérieur et extérieur. Matérialisé par l’idée d’un patio, il permet de profiter du climat guadeloupéen à l’abri des le projet dans son territoire

Ancrer

Premières intentions

Les traditions orales aux Antilles, Caraibe mamanthe, [En ligne]. Disponible sur : phone/les-traditions-orales-aux-antilles/https://www.caraibes-mamanthe.org/la-litterature-de-la-caraibe-franco

Les premières intentions du projet ont ensuite émergé. Suite à notre visite sur le site, nous nous sommes questionnées sur la nécessité de conserver les deux halles de marchés. La seconde halle réalisée dans les années 2000 et en acier nous semblait alors peu qualita tive vis-à-vis de la première halle en béton, beaucoup plus impo sante et majestueuse. Les premières études graphiques montrent la recherche d’une forme en considérant la suppression de cette halle. Les recherches concernaient alors une forme de programme hybride, à la fois halle de marché et espace de lecture.

Cette idée, de remplacer la seconde halle a cependant été mise de côté. La nature de cette intervention ne semblait pas réellement justifier. En se basant ensuite sur l’idée de conserver les bâtiments existants, il a fallu concevoir une forme qui répondait aux critères 1

40 arbres ou à l’intérieur en cas de pluie diluvienne. Il serait l’élément central de vie pour l’édifice se plaçant comme un espace de lecture de jeux ou de plaisance et permettrait une mise en valeur du pay sage mornalien à travers un travail paysager. La mise en place de lieux de partage oral sera également dispo sée dans l’espace extérieur. L’oralité a une place importante dans la culture créole. Cette tradition remonte à la période de l’esclavage. Pendant la nuit, lorsque les esclaves se réunissaient, un conteur ve nait moquer la société esclavagiste au travers d’histoire et de pa rodie. À la fois divertissement et exutoire, cette tradition est restée ancrée dans la culture antillaise.1. Aujourd’hui encore, cette pratique se perpétue. Les conteurs conti nuent de raconter des histoires et d’en créer de nouvelles, afin de les faire évoluer avec leur temps.

Figure 22

Recherche formelle et dispositifs architecturaux et 23. Croquis, premières intuitions

Recherche sur l’eau dans l’édifice

41 énoncés précédemment. Ainsi, le bâtiment doit clarifier l’espace de la place tout en mettant en valeur le patrimoine existant et créant L’étude par le croquis a permis de créer un ensemble d’hypothèses qui ont nourri le projet tout au long du processus de conception.

42 Figure 24. La place du marché, plan masse de la médiathèque 0 10 20m

Un espace fluide entre intérieur et extérieur

L’édifice s’inscrit dans un espace contraint tout en laissant de la place pour le piéton, le marché et la médiathèque. Quelques station nements sont conservés au nord des halles de marché. Ils pourront fonctionner à la fois pour le marché et pour le stade, les deux pro grammes ayant des horaires différents. En repoussant la voiture à l’extérieur de la nouvelle place nous souhaitons faire de cet espace un lieu de vie pour les Normaliens.

La synthèse de ces qualités que nous voulons insuffler au bâti ment nous a permis de concevoir ce bâtiment. La forme de U asy métrique est alors apparue. Celle-ci permet de créer un espace à l’avant, celui du parvis de la halle de marché, et celui à l’arrière qui correspond au patio de la médiathèque. La volonté de ce projet est de recomposer la place du marché à travers ses espaces extérieurs.

L’espace extérieur comme vecteur de modification

43

Le choix de trois entrées disposées au nord au sud et à l’est permet de s’inscrire à la fois dans le tissu de la ville, mais également avec le réseau de venelles. Cette proposition permet d’ancrer le projet à la fois dans le territoire, mais également dans la stratégie territoriale commune.

Le parvis du marché se qualifie par son alignement d’arbres et son bassin qui vient mettre en avant la halle du marché et le dessin de sa façade. Le patio,est plus organique avec des cheminements qui serpentent et des canaux qui viennent rythmer l’espace.

Figure 25. L’entrée de la médiathèque marquée par sa toiture

Le dessin de la médiathèque est venu de la réinterprétation de la trame de la halle de marché. Cette trame de 2.20 m par 2.20 m a permis la structuration de l’espace de la médiathèque. La trame permet également de créer des portiques réguliers et de dégager les espaces intérieurs de tout élément structurel.

46 L’architecture vernaculaire comme moteur du projet L’architecture du bâtiment s’inscrit dans le langage de l’architecture vernaculaire guadeloupéenne. En effet, elle reprend la matérialité de la case et un certain nombre de ces principes. On retrouve le pa rallélisme avec les voies de circulation, les persiennes ou bien la réinterprétation de la galerie. La création du patio peut également rappeler les espaces singuliers des venelles et des “lakou” qui représentent des espaces de respira tion souvent abrités du soleil, au cœur de la ville. La réinterprétation de ces éléments de l’architecture locale permet d’ancrer le bâtiment dans son site et de profiter d’un savoir-faire existant qui a prouvé son efficacité au cours du temps.

L’organisation intérieure de la médiathèque est séparée en quatre

Enfin, le choix du bois comme élément structurel et de remplissage permet de mettre en avant le savoir-faire vernaculaire en matière de construction. La mise en valeur du bois est accentuée par sa confrontation avec la halle de marché en béton. Cette confrontation vient questionner l’image du bâtiment et mettre en avant l’idée du bois comme un matériau resistant, délaissé depuis le XXe siècle au profit du Organisationbéton. spatiale La Médiathèque se construit en trois branches, chacune de ces branches s’ouvre sur le patio central et est desservie par une cour sive. Cette coursive abritée permet de faire le lien entre l’intérieur et l’extérieur.

47Figure 27. Le «lakou», espace intermediaire à l’abris du soleil Figure 26. La galerie de la case créole

Figure 28. Plan de Rez-de-chaussée et programme 12 3 0 0 0 4 6 5 7 8

49 1. Accueil 2. Réserve 3. Médiathèque adulte 4. Médiathèque jeunesse 6. Fab lab 7. Repos personel 9. Halles de marché 0. Entrées 5. Sanitaires 99 8. espace oratoire 0 2 5 10m

grands espaces. Le premier correspond à la médiathèque dédiée aux adultes, à l’accueil et à la réserve. Le second, à la médiathèque des enfants, le troisième au fablab/espace associatif. Le dernier est le patio central. Il regroupe un espace oratoire, un espace de lec ture, un de repos et un de jeux à disposition de tous. Le traitement paysager de ce patio permet aux différents usagers de pouvoir s’approprier le lieu.

l’intérieur de l’édifice. Ces dispositifs profitent des alizé qui circulent du nord-est vers le sud-ouest.

Dans le but d’accentuer cette perte de limite entre l’intérieur et l’extérieur, nous avons choisi des portes pivot sur l’ensemble de la façade donnant sur le patio. Cette façade modulable, permet aux usagers de s’ouvrir ou de se fermer sur le patio selon leurs besoins, de capter ou non la lumière ou bien de faire circuler l’air. L’expé rience du lieu permet ainsi un contrôle aux usagers de leur pratique de l’espace. Cela permet également de créer une ambiance singu lière avec un jardin tantôt occulté tantôt apparent. L’édifice, comme l’ensemble des bâtiments de la commune, est construit sur un socle minéral. Celui-ci permet aux bâtiments de se mettre à l’abri de l’eau. Des rampes d’accès situé à l’avant de chaque entrée permettent d’accéder au bâtiment. 29. coupe longitudinale, les paneaux sur pivot entre intérieur et extérieur

0 2 5 10m Figure

Pannes en bois et toiture en tole 3. Structure et bardage en vois 1.

L’ensemble du bâtiment repose sur un système de portiques réali sés à l’aide de poteaux moisés. Cette succession de portiques vient créer un rythme qui se lit à l’intérieur et à l’extérieur de l’édifice et ont le lien entre les deux. Ses poutres se prolongent à l’extérieur pour devenir le support des débords de toitures qui abritent les coursives d’un côté et la façade de l’autre.

Le choix d’accentuer les débords de toiture permet de protéger du soleil direct les coursives et l’intérieur de l’édifice. Ils permettent également de protéger le bâtiment de l’eau en cas de pluie. La toi ture est traitée avec un revêtement en tôle, matériau très répandu dans l’architecture guadeloupéenne.

Système de portique avec poteaux moisés 2. Fondation en béton surélévé 0. h = 60cm

52

Porte pivot persienne sur pivot sur les facades intérieurs fenetre persienne sur les facades exterieures

Figure 30. Axonométrie éclaté, La toiture et ses elements structurels 23.10.

Figure XX. Coupe transversale, le portique comme element connecteur entre les espaces

0 12m Figure 31. Coupe transversale, le portique comme element connecteur entre les espaces

56 PRODUITAUTODESKVERSION

Quelles réponses face aux risques ?

Figure 32. Façade d’entrée, la reponse en cas de cyclone

D'UN PRODUIT AUTODESK

RÉALISÉÉTUDIANTÀL'AIDE

La façade d’entrée La façade d’entée, lors d’événement cyclonique

Le bâtiment de la médiathèque considère le risque sous deux angles. Il se protège et chercher à conserver son intégrité malgré l’aléa. Pour protéger le bâtiment, il est important de rappeler que la posi tion en ville implique moins de risques du fait du regroupement de bâtiments en un même lieu, ceux-ci venant casser les vents vio lents. Il est toutefois important de s’intéresser à ces questions. Le parti-pris pour la façade donnant sur le patio est de profiter de la végétation comme élément protecteur. En effet, les arbres disposés dans le jardin vont ralentir et protéger le bâtiment. Les panneaux en persiennes devront également être occultés afin de rendre le bâtiment totalement hermétique.

57 RÉALISÉÀL'AIDED'UNAUTODESKPRODUIT VERSION ÉTUDIANT 0 2m

Pour les façades donnant sur la rue, l’idée était de trouver un sys tème qui permet à la fois d’ouvrir les persiennes, mais également de pouvoir se protéger. Le choix d’un ensemble composé en 3 pan neaux, dont 2 persiennes et un plein, permettent de faire entrer l’air et la lumière, mais également de protéger le bâtiment. En effet, les éléments pleins se déplient avec un système en accordéon et viennent protéger les persiennes en cas de besoin. Cette solution permet au bâtiment de pouvoir se protéger de manière rapide avec une structure intégrée. Afin de protéger l’intégrité structurelle, il est important de scinder la toiture en deux éléments, la toiture principale et les débords de toi tures. Cette disposition permet d’éviter la mise en péril de l’intégrité structurelle du bâtiment. En cas de vents violents, si les débords de toitures sont endommagés, ils ne mettront pas en danger le reste de l’édifice.

Le jardin en saison sèche Le jardin en saison humide Goyavier Manguier Amandier Acerolier Figure 33. Le jardin, un paysage de rêve au coeur de la ville

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Le jardin évolue tout au long de l’année suivant les différentes es sences afin de créer des ambiances uniques. L’utilisation d’espèces végétales à la floraison singulière permettra d’animer ce lieu et d’en faire une véritable oasis de verdure en plein cœur de la ville.

Le jardin a également une dimension nourricière. En effet, des goyaviers, manguiers et amandiers sont plantés. Cette proposition est engagée dans l’objectif de créer des activités et de rendre le passage dans la médiathèque comme un événement marquant de leur venue dans la ville. À travers la mise en valeur de cet espace végétalisé, l’objectif est de magnifier le patrimoine naturel que pos sède Morne-à-l’Eau.

L’eau comme élément structurant

Le végétal a également un rôle pour le bâtiment, il crée une am biance totalement déconnectée de la réalité. D’un côté, le contexte est très urbain et de l’autre, il est totalement végétalisé. Cette confrontation permet d’autant plus de mettre en valeur cet espace, qui crée l’idée d’une intériorité recherchée précédemment. Le jardin permet également de rafraîchir la médiathèque en occultant une partie du soleil direct.

Inscrite dans la stratégie commune de mise en valeur du patri moine naturel mornalien, la médiathèque met en scène le végétal et l’eau afin de convoquer tout un imaginaire chez les usagers. L’eau est l’élément majeur sur la place du marché. La résurgence, au jourd’hui dissimulée dans la halle, n’est pas exploitée. Le projet remet en question l’eau dans la place publique. L’eau, support pour le végétal

La mise en valeur de l’eau passe dans un premier temps par la création du jardin au cœur du patio. Il met en valeur l’eau comme élément nourricier pour la terre. La volonté autour de ce jardin est de mettre en avant les espèces végétales locales et de créer un espace de calme, déconnecté du reste de la ville.

Figure 35. Coupe perspective, une intériorité qui isole du centre-bourg L’eau, element qui anime l’espace À l’image de la résurgence d’eau douce de Vieux-Bourg de faire apparaître l’eau de manière physique dans le projet. Comme énoncé précédemment, l’eau est présente en deux points dans le projet. Les bassins disséminés à l’avant et à l’arrière du bâtiment viennent ani mer la vie de ses espaces et participer à des ambiances singulières. Ils ont une dimension symbolique, celle de faire surgir l’eau du sol, ils participent également de l’ambiance sonore et visuel du lieu. Enfin, les bassins permettent de rafraîchir les espaces intérieurs, de par leur position dans le passage des Alisés. Les bassins sont traités sur de petites profondeurs et construits par strate. Cette mise en scène évoque les différentes strates du sol depuis lesquels l’eau ressurgit.

Au niveau de la place publique, l’eau est contrainte devant le bâti ment de la médiathèque et vient s’aligner à l’axe de la mairie. Cette disposition permet de mettre en valeur les bâtiments de part et d’autre de celui-ci. Un second bassin, identique au premier, est disposé à l’intérieur du patio. De petits canaux qui prennent source dans ce bassin se ré pandent et dessinent le sol aux formes organiques du patio. Faci lement enjambables par tous, ces canaux créent un espace ludique aux formes arrondies sans créer de contraintes pour l’usager. Ces canaux renvoient à tout un imaginaire, rappelant les venelles ou bien le canal des Rotours. Ces deux bassins ont également un rôle de collecteur des eaux de pluie et permettent de rediriger le surplus vers l’évacuation d’eaux pluviales de la ville.

Enprojet.sefocalisant sur l’espace extérieur comme générateur de projet, l’idée est de mettre en valeur le mode de vie guadeloupéen, mais également de mettre en valeur le patrimoine architectural et naturel de la ville. L’inscription du bâtiment dans le parcours piéton des venelles emmène sur un imaginaire de l’eau provenant du sol et des qualités que la nature peut offrir.

62 Durant le processus de projet, la réinterprétation des éléments de l’architecture locale a été l’occasion de multiplier les pistes de conception. En plus d’ancrer le projet dans son territoire, ces élé ments révèlent une véritable intelligence du lieu détenu par les ha bitants qu’il est important de mettre en valeur. Ce projet questionne le rapport des habitants à leur environnement et à ses qualités parfois mises de côté. La médiathèque en faisant ressurgir l’eau engage la discussion autour de l’image de Morneà-l’Eau et de ses qualités spatiales. L’approche par couche concep tuelle, permet de révéler les éléments qui font sens pour la ville, l’eau souterraine, le végétal, la matérialité sont autant de ressources pour le

Durant le processus de projet, la réinterprétation des éléments de l’architecture locale a été l’occasion de multiplier les pistes de conception. En plus d’ancrer le projet dans son territoire, ces élé ments révèlent une véritable intelligence du lieu détenu par les ha bitants qu’il est important de mettre en valeur. Ce projet questionne le rapport des habitants à leur environnement et à ses qualités parfois mises de côté. La médiathèque en faisant ressurgir l’eau engage la discussion autour de l’image de Morne-àl’Eau et de ses qualités spatiales. L’approche par couches concep tuelles permet de révéler les éléments qui font sens pour la ville, l’eau souterraine, le végétal, la matérialité sont autant de ressources pour le projet. En se focalisant sur l’espace extérieur comme générateur de projet, l’idée est de mettre en valeur le mode de vie guadeloupéen, mais également de mettre en valeur le patrimoine architectural et naturel de la ville. L’inscription du bâtiment dans le parcours piéton des venelles emmène sur un imaginaire de l’eau provenant du sol et des qualités que la nature peut offrir.

63

Conclusion

64

65 La Maison de la Danse Del’édificeàl’espacepublic,unterraindejeu

: danser pieds nus.

Photographie prise par Marie Charlette Lereille : le lien fort entre les percussionnistes Photographie prise par Marie Charlette Lereille

Figure 37.

66 Figure 36

La danse aux Antilles est directement liée au passé colonial pour ce qui est des danses urbaines : le Gwo Ka pour la Guadeloupe, le Dancehall pour la Jamaïque ou encore le Bèlè pour la Martinique. Ce sont des pratiques extrêmement codifiées où l’apprentissage se fait majoritairement oralement. L’influence des danses africaines est forte en ce qui concerne le Gwo Ka. Les pas prennent appui sur le sol, l’ancrage est fort. Les danseurs sont généralement pieds nus.

«Les participants et le public forment un cercle dans lequel les dan seurs et le soliste entrent à tour de rôle, en faisant face aux tam bours. Le public frappe des mains et chante le refrain imposé par le Afinsoliste..»2depouvoir comprendre les besoins que devra satisfaire l’édifice danse aux Antilles, le Gwoka en Guadeloupe

La

«Après avoir joué pour la soirée du maître, reprendre son violon et rejoindre les cases à Nègres pour improviser avec les tambours libres, c’était proprement, par le processus de marronnage culturel, faire la preuve de son humanité en menant l’instrument étranger au service de la résistance créatrice, en refusant de rester esclave de la partition. En l’esclave-musicien, le musicien libère l’esclave. Non pour crier, mais pour créer.»1 Le Gwoka, inscrit au patrimoine immatériel à l’UNESCO, est une danse Guadeloupéenne qui ne se limite pas uniquement à la danse : elle inclut aussi du chant et de la musique (jeu de tambour appelé ka). Les chants sont nourris de textes racontant le quotidien des chanteurs,. Tout comme la danse,, il s’agit ici d’un exutoire.

67

Les danses antillaises sont d’abord l’expression d’une culture. Les mouvements racontent l’histoire d’un quotidien, les pas devenant un véritable exutoire, une réappropriation de son corps. Elles ont notamment permis aux personnes en situation d’esclavage de se libérer de leur condition, l’espace d’un instant. C’est véritablemenet une manière d’exister.

Figure 38. Le Gwo Ka dans les rues de Pointe-à-Pitre, photographie prise par Évelyne Chaville

70

Pendant notre voyage d’étude, nous avons bénéficié d’une initiation au sein de l’école de danse Kamodjaka-Kilti an Mouvman à Morneà-l’Eau L’école est éloignée du centre ville (43 minutes à pied) et des écoles de telle sorte que la voiture devient une condition pour pouvoir apprendre à danser. Dans ce cours, nous étions une dizaine de danseuses ainsi que deux musiciens-percussionnistes.

Morne-à-l’Eau L’école Figure 39. Localisation de l’école Kamodjaka-Kiti

La présence des musiciens m’a véritablement marqué puisqu’en métropole, les sons sont majoritai rement numériques, ce qui n’était pas le cas ici. La salle, entièrement en béton, permettait des déplacements multiples de par sa forme (diagonales, linéaires, statiques, en rond…).

au regard de cette pratique artistique, il a fallu s’intéresser à la danse aux DanserAntilles.dans des écoles : analyse de l’école KAMODJA KA-Kilti an Mouvman à Morne-à-l’Eau

Figure 41. Croquis d’étude du mouvement du corps dans l’espace, danse de rue

Figure 42. Croquis d’étude du mouvement du corps dans l’espace, danse dans la galerie

Cette analyse a conforté le choix de nommer ce projet «La Maison du la Danse, de l’édifice à l’espace public, un terrain de jeu.»

Les vitres étaient toujours ouvertes afin de profiter au maximum de la fraîcheur des alizés. À l’approche d’un rond point, je me suis mise à entendre le son d’un tambour au loin. Un bar y était fortement animé. Ce dernier était à environ cinq minutes en voiture de l’en droit où j’ai commencé à percevoir ce son. Il s’agissait d’un véritable appel sonore qui incite à tous de venir se réunir. Par ailleurs, au sein de l’espace public, c’est le son qui déclenche le changement de la spatialité de l’espace par la venue des danseurs et des spectateurs. La connaissance par le travail de relevé m’a permise de déterminer la manière de travailler la plus pertinente au regard des besoins liés à la programmation d’une maison de la danse à Morne-à-l’Eau : concevoir l’espace et l’architecture par le corps.

73 Le Ka, un appel sonore Véhiculés, nous nous déplacions dans Morne-à-l’Eau en voiture.

La ville compte onze associations de danse dont une seule possède des locaux. C’est un fait qui questionne. Cela justifie l’importance de concevoir des locaux mais questionne également sur les besoins d’un espace fermé pour l’apprentissage ainsi que pour les repré Durantsentations.laconception de cette école de danse, je me suis posée des questions sur la nécessité d’un tel édifice car, d’après les relevés, il ne suffit pas de grand chose pour danser en Guadeloupe : seul l’espace est suffisant. Il est possible de danser en tout lieu.

Du fait d’un climat particulier, la vie en Guadeloupe se déroule ma joritairement à l’extérieur. Fait déstabilisant au regard de la vie en métropole. C’est la raison pour laquelle le projet de la Maison de la Danse devait inclure l’espace du dehors (la place, la rue) dans son programme. La relation qu’entretient la danse avec l’espace public est fondamentale dans la pratique du Gwo Ka : la danse appartient à la rue, et’est un véritable moment de partage.

0 20 m Figure 43. La Place Gerty Archimedes Figure 44. Coupe urbaine montrant le rapport entre la place et son entourage

État des lieux La future Maison de la Danse appartient à la place Gerty Archimède. Ancienne place d’armes, on comprend que c’est son sol minéral qui maintient son statut de place de pouvoir. Chose que la faible hauteur des bâtiments ne permettent pas : ils n’excèdent pas douze Cettemètres..artificialisialisation questionne : dans sa signification (passé militaire), dans son efficience concernant la gestion des pluies di luviennes en climat tropical (caniveaux surdimentionnés) ainsi que sur le confort (la chaleur des rayonnements solaires). S’ajoutent également des questionnements au sujet des flux piétons. La voi ture est un élément qui compose la place de par sa forte présence sur les bas côtés des trottoirs, trop petits pour permettre aux pié tons de circuler librement, emprisonnés entre un caniveau de trente centimètres de profondeur et les édifices qui évoluent autour de la Enplace.tant que danseuse, en marchant sur la place, j’ai senti que mon corps était constamment en train de s’adapter à ce milieu : sauter pour enjamber les caniveaux, slalommer entre les véhicules sta tionnés de manière anarchique, changer d’endroit régulièrement au cours de la journée pour suivre le peu d’ombre offerte par les arbres.. Un corps ne peut pas bouger et s’approprier pleinement l’espace de cette place.

La Place Gerty Archimedes

Figure 45. Vue aérienne de la place Gerty Archimedes

Maison de la danse 1 3 4 Pharmacie Epicerie 6 L’ÉglisePointe-à-Pitre 5 2

79

3.

5. Arbre : Arbre du voyageur et coccothrinax 6 Abris

2.

1 Trame mise en place par les mi litaires Arbre : amandier pays Canniveau sous le sol 4. Canniveau «espace à franchir»

Concevoir un projet d’aménagement pour la place Gerty Archimède est un potentiel pour la maison de la Danse de pouvoir étendre son activité au-delà du bâti en lien avec les besoins d’une danse qui appartient à la rue. Pour ce faire, en questionnant le statut du sol, il s’agit de traiter autant la gestion de l’eau que les flux. Ces deux données condi tionnent l’accessibilité de la place. La Maison de la Danse, un édifice appartenant à une place minérale

Figure 46.

0 20 m Mairie Banque Bar Le Moule

Figure 47. Espace vide, impraticable dans la journée. Exposition solaire forte.

Figure 48. L’axe historique : ce que l’on voit depuis l’Église, des voitures et des rues accidentées

La gestion des flux La circulation autour de la place est compliquée du fait des voitures stationnées spontanément, du manque de panneaux de signalisation et des croisements à faibles visibilité. La piétonnisation d’une partie de l’axe historique permet : - de sécuriser la place pour les piétons ; - favoriser l’accessibilité des commerces et des marchés ; - d’acheminer les voitures dans des parkings prévus à cet Ceeffet.remaniement des flux est une proposition suite à une étude des mobilités urbaines, datant de l’année 2020, menée par Artelia pour la ville de Morne-à-l’Eau dans le cadre du projet «Coeur de Grippon».

84

b. systèmeSe

Se réapproprier la place : une reconstruction d’un système complet, pour un vivre ensemble Figure 49. Plan masse de la proposition 0 20 50m

Gabarit de

Palmier Arbre à pain Manguier Gabarit

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La gestion de l’eau Au regard de ce que j’ai pu apprendre dans le cadre du mémoire de recherche, il est question de dé-artificialiser et de se servir de l’intelligence du végétal et des pentes douces pour améliorer l’ab sorption de l’eau ainsi que son acheminement vers les venelles. Le premier essai avait pour objectif de lire l’espace en strates partant la Maison de la Danse de la Maison de Danse

Bananier Citronier 0 10 m Figure 50. Plan paysager de la proposition Bassin d’eaurétentionde

Ensuite viennent les arbres qui profitent d’un sol bien drainé offert par la pente pour apporter un confort thermique (l’ombrage) ou encore olfactive et vivrier comme le citronnier (cf. Tome 2 de la recherche : le petit lexique du végétal).

Réseaux de canivaux Connexion à la vennelle

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Ecoulement de l’eau de pluie

Danse de la

du bassin à la rue piétonne. Chaque strate est composée d’essences d’arbres qui n’ont pas le même rôle. Ceux qui sont proches de l’eau ont pour rôle d’absorber ou de résister a une possible submersion.

Les cheminements suivent la grille militaire dessinée sur la place à l’état d’origine. Ils se concluent par un escalier qui permet de s’as seoir et de profiter de l’eau. Malgré l’efficacité du système, une deuxième proposition a vu le jour (page suivante), en gardant le même principe : en incluant les arbres existants et en travaillant davantage la relation entre la mai

0 20 m 0 20 m

En jouant sur l’altimétrie et les jeux de plateaux, ces éléments viennent offrir des espaces où l’on peut danser les pieds dans l’eau. Ce nouveau rapport au sol permet donc à la maison de la danse d’établir des relations avec son environnement aussi proche qu’éloi gnée. Sur cette coupe, il est question de voir la relation qu’entretient l’édifice avec la place publique, la place de l’Église et l’Église ellemême. Dans ce nouveau rapport, le sol permet le dialogue entre des entités puisque la place joue le rôle de centraliser les eaux venant de la morne où l’on retrouve l’église.

Traitementinondationsdel’eau

Cours d’eau: reconnexion au réseau de venelles de la ville Jeu de pentes douces pour l’acheminement de l’eau de pluie + résilience face aux par le végétal (absorption, supporte l’immersion) Manguier, Immortel, Bananier (cf. relevé mention recherche)

Cette axonométrie permet de comprendre la nouvelle organisation de la place, de comprendre le prolongement (linéaire) de la maison de la danse sur la place.

0Venelles 20 m

90

Arbre à pain, une ombre qui pro longe la scène de spectacle sur la 53. Perspective du projet

Venellesplace Figure

Amélioration de son écosystème (pente douce qui draine l’eau) : arbres plus grands, assoie le statut de place publique (cf mention recherche)

Valorisation des arbres existants, apport d’ombre et ges tion de l’écoulement de l’eau (stabilisation du sol)

Bassin de rétention d’eau Jeux de plateaux pour danser les pieds dans l’eau

91

1 3 2 4 +0.4 m 0 RDC 0 0 10 m a b Figure 54. Plan RDC

Un édifice qui s’ouvre sur la place

Légende du plan 1. Entrée 2.principaleAccueil 3. Salle de cours (percussion) 4. Salle de représentationEntrée 5. Salle de cours de danse 6. Galerie : gradin pour spectateursles

La connexion avec la place s’effectue par un mur pignon, cette configuration est le point de départ de la réflexion sur la spatialisa tion des différents éléments programmatiques.

Interroger les limites de ce qui fait espace

Figure 55.

93

7. Toiture en essentes a. Immortel (confort thermique)

La proposition choisie a été celle qui permet l’ouverture de la scène de spectacle sur la place. Ce choix a été motivé par le potentiel qu’aurait ce lieu de représentation, qui deviendrait une scène en plein air. Le travail en façade des ouvertures rendant possible le passage entre le dedans et le dehors a été une recherche aboutissant à la proposition d’une ouverture en accordéon. Elle a cette capacité de libérer totalement le passage du corps. Cette liberté de mouvement est soulignée par la continuité du sol entre la place et la salle de Lespectacle.solaété un terrain de jeu en dehors de son rôle de re-diriger l’eau de pluie vers la place. C’est par des jeux d’altimétrie que le sol vient marquer l’entrée de l’édifice. Une entrée ou l’espace est orga nisé autour d’un manguier. Il vient desservir les différents espaces : l’accueil, la salle de cours de percussion et les sanitaires. Un escalier amène au niveau supérieur rendant accessible la salle de cours de danse et les gradins.

b. Manguier (valeur symbo lique, confort psychologique) Recherches formelles en croquis

5 6 0 10 m Figure 56. Plan RDC + 1

7 0 10 m Figure 57. Plan de toiture

Le travail en élévation des ouvertures en façade en incluant le rap port au végétal. Durant la réflexion sur la conception de la façade, il m’a fallu questionner différentes échelles pour pouvoir proposer des ouvertures qui dialoguent avec l’environnement proche.

0 10 m 0 10 mFigure 59. Façade sud, état actuel Figure 58. Façade sud, état projeté

L’exploration formelle du pignon s’est contruite en fonction des vides que constitue l’ossature bois de l’édifice. Plusieurs variantes sont possibles. Les ouvertures ajourées sont une garantie pour l’édifice de toujours avoir une circulation de l’air même si toutes les ouvertures sont fermées.

Figure 60. Perspective de la façade donnant sur la place

100

Un édifice qui modèle la rue L’interaction édifice - place publique a été travaillée au même titre que celle donnant sur les rues, en s’inspirant d’un relevé fait de la pratique du Gwo Ka à Basse-Terre. C’est le dispositif du trottoir qui amenait les musiciens à s’installer.

Une première configuration permettant d’habiter et de danser dans la rue, incluant alors les galeries du bâtiment voisin. Une autre fois, l’édifice accueille et s’éloigne de l’activité des deux rues.

Ou alors, par une continuité du sol, qui lie les rues mais égale ment le magasin de fruits et de légumes qui se trouve de l’autre côté de la rue. Figures 61 a b et c Schémas du rapport du projet à la rue

101

Le dispositif est simplement une succession de portes ajourées ou pleines capables d’être manipulées sans avoir recours à des mécanismes complexes. Les panneaux disposent de jalousies pour maintenir une bonne ventilation. Les références mobili sées sont : la Maison de Marikaa Der House, conçue par Glenn MURCUTT ainsi que le siège des communautés de commune de Marie-Galante conçue par l’agence Pile ou Face. 0 20 cm Alizé Figure 62. Détail du dispositif de jalousie sur les battants de la salle de représentation

102

0 2 m Figures 63 Traitement de la façade

Figure 64. Axes urbains proposés 1 2 3

105

Partir d’un arbre et de ses qualités pour lui définir une fonction (un arrêt de bus) pour ensuite amener les futurs lycéens à leurs cours de danse en toute sécurité par le biais d’espaces piétonnisés. La maison de la danse se voit être l’articulation entre deux axes qui n’ont pas le mêmes symbolisme, qui ne renvoient pas à la même histoire mais qui composent ensemble l’histoire de la Guadeloupe : entre les venelles et l’axe d’une place militaire au passé colonial.

Une implantation guidée par le végétal et la linéarité des venelles La parcelle accueillant le projet est linéaire et n’admet pas une multitude de possibilités. La décision la plus délicate a été de sta tuer sur la proximité des bâtiments accollés situés à l’ouest. Le décollement est venu suite à un relevé précis du végétal autour de la place. Il permet de connecter des espaces ouverts entre-eux générant alors des transformations, et des accès piétons.

1. Ylang Ylang Arbre majestueux, odorant, évoluant sur une friche. Ces fleurs servent à la fabrication de parfums. L’ample canopé peut protéger de la chaleur. Transformation proposée: arrêt de bus.

Réactivationdel’intelligencedessavoirs-faireguadeloupéens

2. Case urbaine traditionnelle, en projet pour devenir un 3.musée.L’Église Saint-André conçue par Ali Tur : patrimoine remarquable inscrit aux monuments historiques. Parcours proposé qui reprend le principe des veLégendeL’axenelleshistorique

Choix de l’organisation au sein du bâtiment

106 Manguier Confort psyChologique SAloeoigne les blessures des danseurs Hibiscus esthétique et nutritif

Le choix de l’organisation à l’intérieur de l’édifice est motivé par la réactivation d’un dispositif relevé sur le terrain : un arbre autour duquel gravitent les mouvements. C’est cette circularité qui permet de desservir les différents espaces. 65. Coupe transversale sur la cour

Figure

107 0 5 m Immortel Confort therMique

Après avoir fait un travail de relevé de l’intelligence dont font preuve les architectures guadeloupéennes, j’ai voulu expérimenter les formes et les changements d’échelle de dispositifs revelés (galerie et ouverture en chien assis) pour concevoir l’espace. Travailler la forme sans perdre les qualités d’ombre et de ventilation.

Interpretation de dispositifs architecturaux vernaculaires

La proposition retenue est celle qui me permettait de générer un espace fluide : celle qui, par ses proportions, était la plus pertinente. La maquette d’étude a été un support de réflexion durant cette étape.

Figures 66. Évolution de la coupe transversale, études bioclimatiques

Figure 67. Maquette d’étude, volume de la salle de spectacle

Figure 68. L’entrée marquée par un plafond, il n’y a plus aucune limite ici.

Figure 69. Rythme des parois amovibles

Dans le tissu urbain, l’édifice est protégé des vents les plus forts grâce aux autres bâtiments qui coupent les vents forts. Quand ce n’est pas l’action du bâti qui garanti la protection, le végétal prend le relais : la rangée d’arbres nommée «Immortel» permet de couper les vents tout comme l’arbre à pain positionné sur la place. Figure 70. Comportement du projet face à un cyclone

Le comportement de l’édifice en cas de cyclone est comparable à l’intelligence mise en place par les cases, qui se délient au cours du temps sans mettre en danger la vie de ces habitants (cf Mémoire de Master 1 : La Résilience, se laisser détruire, culture du risque cyclonique dans la Caraïbe). Si le vent venait à s’engouffrer dans l’édifice malgré les barricades permettant de revenir à un volume simple, la couverture en essentes (tavaillons) serait emportée par le vent. La couverture, une fois retirée, réduirait fortement la prise au vent de l’édifice, garantissant la stabilité de la structure primaire.

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T1. état initial T2. Barricader l’édifice pour revenir à un volume

Une architecture temporelle à l’épreuve du cyclone

T3.simpleAction du vent, destruction du toit reliant les deux volumes (toit qui se désolidarise des deux volumes compacts)

La pente du toit a été dessinée en fonction des vents. La forte inclinaison est un dispositif que l’on retrouve dans les cases en bois. C’est une manière de rediriger les vents cycloniques. L’insertion urbaine comme protection contre l’aléa

Figure 71.

La Maison de la Danse est une construction en bois. La structure est une proposition, au regard de ce que j’ai pu comprendre, des constructions en ossature bois centenaires des cases. La structure primaire d’une case est une structure hyperstatique. C’est un choix qui répond aux besoins de résistance d’un petit édifice face aux aléas naturels comme le cyclone. Dans le cas de la maison de la danse, l’objectif était de rendre la structure hyperstatique tout en proposant un espace à plus grande dimension, avec d’autres contraintes liées au projet de la Maison de la Danse.

Réflexion autour de la structure primaire de l’édifice

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119 0 2 m Figure 73. Coupe perspective sur la salle de spectacles Figure 72. Analyse comparée de la structure de la case et du projet

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La Maison de la Danse est une interprétation de l’archétype de la case dans sa matérialité, dans sa relation à la ventilation naturelle mais aussi dans son rapport avec la végétation, qu’elle soit fonc tionnelle (confort thermique) que symbolique (le manguier qui marque l’accueil).

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Conclusion

Le Gwo Ka est une danse traditionnelle guadeloupéenne ou l’es pace extérieur est autant investi que l’espace du dedans. C’est une pratique qui cherche à fédérer autour de l’expression du corps par le mouvement, par la voix et le son. En tant que futur architecte, la valorisation de la culture guadelou péenne a été un levier de projet, une approche personnelle qui tend à comprendre et a produire des édifices pour les habitants,. C’est par le relevé du mouvement, l’immersion sur le terrain que sont nées les premières intentions projectuelles. Le relevé m’a permis de spatialiser les besoins associés à la danse dont celui d’investir les espaces extérieurs. Faire communiquer l’édifice avec son environ nement proche pour que la place et les rues deviennent un terrain de jeu pour les danseurs : c’est une volonté de s’inscrire dans une réappropriation du sol. Un enjeu commun aux trois interventions que nous proposons. Cette réappropriation se spatialise de plusieurs manières en couches conceptuelles. Elle prend appui sur un édifice qui, par des jeux d’ou vertures en façade, dialogue avec les alentours. La proposition est une manière de tester les limites de ce qui fait espace. Ce dia logue est soutenu par une végétation qui, sous de multiples aspects, contribue au prolongement de l’activité au sein ou en dehors de l’édifice. Devenue un outil de projet, elle permet de s’inscrire dans une continuité culturelle.

Conclusion

La Guadeloupe est un territoire qui possède un patrimoine natu rel et culturel riche, fruit d’une superposition de multiples cultures nourries par un passé colonial. De cette créolisation est née une manière de vivre spécifique à un milieu tropical hostile. Un habiter guadeloupéen qui se veut en étroite relation avec son environne Cettement.

Porter un autre regard, avec de nouvelles relations de priorités, sur la ville de Morne-à-l’Eau nous a guidé vers la valorisation des ve nelles. Ces espaces de circulation de promeneurs, d’eau, de végétal est un espace riche pouvant être lu de manière différentes : un parcours pour se réapproprier la ville à pied, un corridor écologique permettant à la ville de pouvoir améliorer sa salubrité, sa protection face aux aléas naturels. C’est dans cette continuité que s’inscrivent

attention portée à la culture guadeloupéenne est une manière de lire le territoire, de répondre à des besoins concrets esquissés par la Mairie de la ville de Morne-à-l’Eau dont l’approche se veut environnementaliste, l’’objectif étant d’enclencher une redynamisa tion d’un territoire devenu une ville de passage. Le point de bascule d’un territoire de mangrove à celui du “tout voiture” s’est produit suite à une forte densification urbaine, mettant à l’écart les spéci ficités locales associées à la qualité de son environnement proche marqué par l’eau. Un élément présent depuis la formation de la ville et qui est à l’origine du paysage mornalien matérialisé par la man grove et par le canal des Rotours. En termes de méthodologie, la lecture par couches conceptuelles nous a permis, dans un premier temps, la compréhension de l’en vironnement mornalien en analysant de manière séparée les diffé rentes composantes : l’eau apparente, l’eau souterraine, le végétal.

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Dans un second temps, l’étude de l’archétype de la case et de la manière de travailler d’Ali Tur nous a permis de comprendre la tra duction spatiales d’un édifice pensé conjointement avec son envi ronnement. Cela nous a permis d’établir des relations de priorités où l’extérieur est devenu un espace important, structurant.

125 les trois interventions, en trois lieux, chacune questionnant l’espace extérieur de manière différente dans l’optique de valoriser au mieux chaque qualité des localités sélectionnées en lien avec les édifices et leurs programmes. L’enjeu était de construire un écosystème profitant à tous, une manière de se réapproprier l’espace pour tous. La Maison du Canal interroge les possibilités d’une architecture vue comme partie intégrante d’un écosystème. Cela s’exprime aussi bien dans sa programmation que dans sa manière de s’implanter dans le site et sa forme, conceptuellement inspirée de l’intelligence du végétal dans son rapport aux aléas. Ce projet marque l’interface entre le milieu urbain et la mangrove, questionnant la place du bâti et de l’homme dans la préservation et mise en valeur du patrimoine Lanaturel.médiathèque est une proposition de patio. Un espace extérieur qui structure le bâti. Il floute le dedans et le dehors et crée un es pace unique, porteur d’un imaginaire de nature en plein cœur de la ville. C’est une intériorité où l’on peut expérimenter, le temps d’une histoire, l’art oratoire qui jadis était le principal moyen de compter en ImplantéeGuadeloupe.dans un contexte urbain au même titre que la mé diathèque, la maison de la danse propose de se questionner sur les limites de ce qui fait espace en lien avec la pratique d’une danse qui appartient à l’espace public. Cette limite étant questionnée au tant par le bâti (jeu d’ouverture) que par le végétal, en lien avec la mention recherche. En conclusion, le projet «Réappropriation d’une ville Guadelou péenne” est nourri par une volonté, en tant que futur architectes, de prendre en compte une culture, une manière de vivre pour conce voir des espaces, des édifices.

Bibliographie

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Haour Baptiste, 2018, La référence au vernaculaire pour penser le projet d’architecture, ENSAG, pp65, disponible en ligne [https:// Lahayewww.archires.archi.fr/fr/node/930241]Alexandre,MartinezGauthier,Saulnier

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