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Nouveau gouvernement en Éthiopie : défis et opportunités

Les trois dernières années de transition ont été marquées par des initiatives importantes qui ont permis de garantir la liberté politique et la démocratie en Éthiopie. Il est temps de souligner les développements significatifs réalisés pour organiser des élections nationales démocratiques et l’importance de s’assurer de la réussite de la voie démocratique empruntée.

Le Premier ministre Abiy Ahmed salue le public lors de la célébration de l’entrée en fonction du nouveau gouvernement.

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L’élection démocratique qui s’est tenue le 21 juin et la formation du nouveau gouvernement le 4 octobre 2021 constituent l’une des plus importantes réalisations de la réforme engagée en 2018. Lorsque le nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Abiy Ahmed a pris ses fonctions, il a lancé des réformes sans précédent qui ont permis la libération de milliers de prisonniers politiques et l’amnistie de nombreux opposants en exil afin qu’ils puissent revenir et prendre part à la vie politique du pays. Il a également réformé les lois répressives et renforcé l’éthique de l’unité dans la diversité. Les mesures prises pour créer une structure électorale indépendante faisait partie de ce processus qui s’est avéré essentiel dans l’organisation d’élections réussies. Compte tenu de la réalité actuelle en Éthiopie, il serait opportun de mettre l’accent sur la lutte menée pour assurer l’État de droit à travers les récentes élections nationales et sur la nécessité de maintenir une voie démocratique. les personnalités politiques exclues de la scène politique éthiopienne ont été autorisées à prendre part au scrutin. La conduite d’une élection aussi réussie doit également être mise au crédit du travail minutieux accompli par le Conseil électoral national d’Éthiopie, dirigé par Madame Birtukan Mideksa, ancienne prisonnière politique. La transparence dont le Conseil a fait preuve, tant au niveau de l’éducation des électeurs que de l’inscription et de l’administration des résultats, était tout simplement d’un niveau élevé pour une démocratie naissante comme l’Éthiopie.

Crédit : Bureau du Premier ministre éthiopien

L’élection a fait date, montrant l’engagement du gouvernement et du peuple afin de faire avancer la démocratie dans le pays. Le gouvernement et la population dans son ensemble se sont prononcés à l’unanimité en faveur d’une élection libre et démocratique. L’élection a été observée par plus d’un millier d’organisations de la société civile locale et de représentants de la communauté internationale, dont l’Union africaine.

Éthiopiens célébrant l’entrée en fonction du nouveau gouvernement

droits dans les urnes - le taux de participation le plus élevé de l’histoire électorale du pays. L’Éthiopie a fait preuve d’un engagement fort en faveur de la démocratisation, malgré les problèmes de sécurité interne.

Crédit : Bureau du Premier ministre éthiopien

Le Parti de la Prospérité, qui a remporté la majorité des suffrages, a pris des mesures exemplaires en instaurant une culture de tolérance et de coopération lorsqu’il a accueilli les partis d’opposition au sein du cabinet nouvellement formé et à divers niveaux administratifs. La volonté d’assurer la parité entre les sexes a été maintenue puisqu’un pourcentage élevé de portefeuilles ministériels a été octroyé à des femmes.

Grâce à la décision audacieuse du gouvernement réformateur de jeter les bases de l’équilibre entre les sexes, la barre est placée très haut pour l’avenir des femmes à des postes de direction. Il est surprenant de constater que cette importante entreprise en Éthiopie n’a pas reçu l’attention méritée de la communauté internationale et des principaux médias.

Il y a exactement un an, alors que le gouvernement et le peuple éthiopiens étaient en pleine préparation de cette entreprise démocratique louable, les membres du FLPT ont attaqué leurs propres frères au Commandement du Nord de la Force de défense nationale, obligeant l’Éthiopie à mener une opération de maintien de l’ordre afin de défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale. D’innombrables efforts ont été déployés pour résoudre les problèmes politiques de longue date du pays par le dialogue. Le dialogue politique lancé ces deux dernières années, avant le conflit, devait offrir une transition fertile vers les élections de juin. Celui-ci a été engagé dans le but de créer un consensus national entre les différentes pensées politiques sur la manière de construire un système politique qui apporte un continuum raisonnable à tous les groupes d’intérêt de la nation. L’Éthiopie est un pays qui compte plus de 80 groupes ethniques ayant des aspirations différentes quant à la manière de faire respecter l’ordre constitutionnel. C’est aussi une nation qui affiche des valeurs séculaires qui soudent le peuple dans les bons et les mauvais moments. Plusieurs mesures ont été prises pour ramener le pays sur le droit chemin et non sur la voie de la dégénérescence où le FLPT l’entraînait, en le faisant dérailler du processus de réforme. Il était tout à fait possible pour le FLPT de prendre part à ce dialogue afin de créer un consensus national plutôt que de se battre pour maintenir le statu quo qui s’étiole. Nous ne devons pas perdre de vue que des efforts de réconciliation ont été entrepris par le parti au pouvoir lui-même, divers groupes religieux, des personnes âgées et des groupes de la société civile pour s’assurer que l’intransigeance du FLPT prenne fin et que le processus de réforme suive son cours.

C’est l’histoire non racontée, enterrée et camouflée par le conflit actuel. C’est une histoire inédite et le gouvernement ou le peuple éthiopien ont été les derniers à voir le pays dans l’état actuel des choses. C’est une histoire inédite et, malgré les défis qu’il a dû relever pour contrer une attaque injustifiée de l’intérieur, le gouvernement n’a pas reculé dans son engagement en faveur d’élections démocratiques.

Les amis de l’Éthiopie devraient réfléchir sur ces sujets et jouer un rôle positif dans l’effort de maintien de l’ordre démocratique. Les Éthiopiens ont décidé de la manière dont ils seront gouvernés lors des élections démocratiques de juin 2021. Seule une voie démocratique peut ramener le pays sur le chemin de la paix et de la sécurité. Pour ce faire, la voix du peuple exprimée par les urnes doit être respectée.

Il ne fait aucun doute que l’Éthiopie résoudra ses problèmes actuels de sécurité interne, qui lui sont malheureusement infligés de l’intérieur. L’Éthiopie a été un symbole de liberté et de justice à de nombreuses reprises sur la scène mondiale. Il est temps que la communauté internationale aide cette nation remarquable à surmonter ses difficultés.

Il est dans l’intérêt de la communauté internationale d’essayer de comprendre la volonté du pays de se réformer et d’affirmer sa souveraineté nationale, et de lui apporter un soutien critique ; parallèlement, il est conseillé aux médias internationaux de se vouloir plutôt une voix rationnelle de la communauté internationale replaçant le problème dans le bon contexte.

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