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Éthiopie : Bilan de l’année écoulée et perspectives d’avenir

Crédit : Bureau du Premier ministre éthiopien

• Évènements du 3 novembre

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À l’aube du 3 novembre 2020, les renégats du Front de libération du peuple du Tigré (FLPT) ont attaqué le Commandement du Nord de la Force de défense nationale éthiopienne (FDNE) et tué des milliers d’officiers de l’armée éthiopienne et leurs familles - un acte barbare et cruel. Le Commandement du Nord était composé d’hommes et de femmes provenant de différentes régions géographiques et de diverses ethnies du pays. Cette force de commandement, qui a fait preuve d’un patriotisme et d’un dévouement sans égal pour protéger la population et le territoire de leur pays, est restée unie pendant 20 ans.

Des éléments négatifs fidèles au FLPT ont attaqué cette base militaire fédérale en plusieurs endroits du Tigré, tôt le 3 novembre, après avoir brouillé les communications militaires. Ces éléments négatifs ont pris le contrôle du quartier général du Commandement du Nord à Mekelle, poignardant dans le dos la force de commandement qui protège la souveraineté nationale. Cette trahison sans nom a fait des milliers de morts parmi les soldats éthiopiens, alors que d’autres sont restés prisonniers.

Conformément à la loi du pays, le gouvernement a l’obligation de protéger la souveraineté du pays lorsque l’attaque vient de l’intérieur. Cependant, les dissidents qui se cachaient poursuivaient leurs actes égoïstes consistant à prolonger le conflit en se regroupant et en utilisant les personnes pacifiques du Tigré comme une armure humaine. Tout devait être sacrifié pour alimenter le conflit.

• Tolérance zéro pour les violations des droits de l’homme

Au cours de ce conflit, divers incidents regrettables se sont produits, notamment des violations présumées des droits de l’homme et des violences sexistes. Le gouvernement a souligné sa tolérance zéro à l’égard de ces violations et a lancé des investigations par l’intermédiaire de son organe judiciaire. Il a également invité les organismes régionaux et internationaux compétents à mener une enquête indépendante. Le BHCDH et la Commission éthiopienne des droits de l’homme (CEDH) ont mené une enquête de plusieurs mois sur cette affaire et ont publié un rapport final le 3 novembre 2021. Le gouvernement, tenant sa promesse, a accueilli favorablement le rapport d’enquête et a annoncé la création d’un groupe de travail interministériel, en vue de mettre en œuvre les recommandations indiquées. Il est toutefois regrettable et inacceptable d’assister à la mise en place d’un mécanisme de surveillance parallèle à motivation politique, lancé en décembre par le BHCDH, sans même attendre que le groupe de travail interministériel ait terminé ses travaux.

Le gouvernement a donc lancé une opération de répression dans le but d’appréhender les dirigeants du groupe criminel et de les traduire en justice, ainsi que de libérer les officiers militaires qu’ils avaient capturés. Le gouvernement fédéral a été en mesure d’atteindre les objectifs qu’il s’était fixés dans un court laps de temps. Cependant, les reliquats du FLPT qui se sont cachés ont depuis prolongé la situation en menant une opération égoïste aux dépens de la population, notamment en créant des boucliers humains et en enrôlant des enfants soldats.

• Intransigeance du FLPT et conflit en résultant

Depuis que le gouvernement dirigé par le Dr Abiy Ahmed est arrivé au pouvoir, il s’efforce, depuis deux ans et demi, d’instaurer un processus de dialogue politique avec le FLPT et les autres partis politiques du pays dans le cadre de la réforme. Cependant, le FLPT est resté intransigeant à l’égard de toute forme de dialogue et a fini par provoquer un conflit en attaquant le Commandement du Nord de la Force de défense nationale éthiopienne début novembre 2020.

Une fois l’opération de maintien de l’ordre terminée, le gouvernement s’est concentré sur la reconstruction de ce qui avait été perdu pendant l’opération ainsi que sur la fourniture de l’aide humanitaire nécessaire à la population du Tigré. Pendant plus de huit mois, le gouvernement a couvert 70 % du total des provisions humanitaires. Il a également invité les agences des Nations unies et plusieurs organisations humanitaires dans la région, dans le but d’intensifier l’aide humanitaire pour atteindre les personnes dans le besoin.

• Moments-clés : de la déclaration de cessez-le-feu unilatéral au

Premier ministre menant les troupes à la victoire

Le 28 juin 2021, le gouvernement éthiopien a déclaré un cessez-le-feu unilatéral en vue de relever les défis liés à l’accès humanitaire et, surtout, de renforcer les efforts de réhabilitation et de reconstruction de la région du Tigré. Cependant, le FLPT n’a pas tenu compte de la décision du gouvernement et a poursuivi ses attaques cruelles, étendant le conflit aux régions voisines d’Afar et d’Amhara. Le groupe, alors qu’il occupait certaines zones de ces régions, a commis des atrocités dans plusieurs villes, notamment des viols, des pillages et des meurtres en masse de civils, ce qui a provoqué de nouveaux déplacements et une crise humanitaire.

Comme la situation l’exigeait, le 22 novembre 2021, Abiy Ahmed Ali, Premier ministre de la RFDE et commandant en chef des forces armées éthiopiennes, a annoncé son intention de diriger personnellement la lutte contre le FLPT sur le champ de bataille. Cette décision a fortement remonté le moral de l’armée éthiopienne et a entraîné une série de victoires, annulant en un peu plus d’une semaine deux mois de progression des rebelles dans les régions d’Amhara et d’Afra. Le premier territoire important que le gouvernement a repris était la ville de Chifra dans la région d’Afar. Le 1er décembre, il a annoncé la reprise de Shewa Robit, et un jour plus tard, l’armée et les milices alliées ont repris Lalibela, une ville historique célèbre pour ses églises creusées dans le roc au 12ème siècle. Les jours suivants, le gouvernement a repris toutes les villes stratégiques des États régionaux d’Amhara et d’Afar et a chassé le FLPT de tous les

• Préjugés de certains membres de la communauté internationale et des médias

Depuis que la guerre a éclaté, malgré les efforts du gouvernement pour relever les différents défis auxquels il est confronté, notamment les violations présumées des droits de l’homme et la situation humanitaire, certains membres de la communauté internationale ainsi que plusieurs médias ont choisi de faire pression sur le gouvernement et de le faire chanter en se basant sur des prémisses erronées à l’origine desquelles se trouve la propagande du FLPT.

Il convient de ne pas oublier qu’une campagne médiatique a été orchestrée pour faire croire qu’”Addis-Abeba était en train de tomber”, alors que le gouvernement ne cessait de répéter que le calme régnait à Addis-Abeba. Il en va de même pour l’intense propagande contre la tenue des élections nationales qui viennent de s’achever, prétendant que l’Éthiopie n’était pas prête pour un processus démocratique. Dans les deux cas, ces campagnes négatives se sont révélées fausses.

D’un autre côté, chaque fois que le FLPT commet des crimes odieux, on constate un manque généralisé de couverture et une hésitation à condamner ses actes. Depuis septembre seulement, le FPLT a exécuté sommairement 240 personnes, dont plus de 100 enfants, lors d’attaques contre des familles déplacées qui s’étaient réfugiées dans un centre de santé et une école dans la zone de Galcoma, dans la région d’Afar. De même, plus de 200 civils à Chena, plus de 600 civils à Kobo et plus de 100 civils à Kombolcha dans la région d’Amhara ont été exécutés sommairement. Ils ont également utilisé le viol comme arme de guerre. Toutefois, à quelques exceptions près, ces atrocités commises par le groupe criminel ne font pas la une des journaux et ne donnent pas lieu à une enquête. Cela a enhardi la junte à poursuivre son programme de précipitation du conflit et de distraction dans les zones où le conflit est en cours. On ne comprend toujours pas pourquoi les organismes internationaux compétents ne remettent pas en question le détournement de plus de 1000 camions de l’ONU par les membres du FLPT, alors qu’il est impératif de faire face à la situation humanitaire.

• Perspectives d’avenir :

Depuis son arrivée au pouvoir en avril 2018, l’administration du Premier ministre Abiy s’est pleinement engagée à soutenir et à mener des programmes de réforme à multiples facettes. Même si, au cours de l’année dernière, le gouvernement a dû consacrer l’essentiel de ses efforts à la défense du pays contre la menace existentielle posée par le groupe belligérant, les promesses faites au stade initial de la réforme ont été tenues.

Au cours de l’année écoulée, l’Éthiopie a obtenu des résultats louables malgré un large éventail de défis. Elle a organisé avec succès l’une des élections les plus démocratiques et inclusives que le pays ait connues dans son histoire ; elle a pu contenir la propagation du Covid-19 en gérant simultanément l’impact que la pandémie a entraîné sur son économie ; et le gouvernement a également continué à introduire de nouvelles mesures de réforme dans divers secteurs consolidant les programmes de réforme lancés en avril 2018.

L’Éthiopie, pays riche en diversité, accueille également des personnes et des partis qui ont des opinions divergentes sur diverses questions d’importance nationale. La Commission du dialogue national, qui devrait être créée prochainement, contribuera certainement à faire avancer le consensus national en réduisant ces différences, ce qui, en fin de compte, permettra de combler les écarts sur les grandes questions politiques entre l’élite politique et la société dans son ensemble. Le conflit en cours est également une question qui pourrait être résolue par ce mécanisme national et notre organisation continentale, l’Union africaine. L’Éthiopie a clairement indiqué qu’elle accueillait l’Union africaine pour soutenir les efforts de paix. L’Éthiopie est un exemple brillant de résilience et de résistance aux défis extérieurs au fil des siècles. Les Éthiopiens sont restés unis contre vents et marées, avec une histoire colorée de souveraineté et d’indépendance. Ce sont des faits dont il faut tenir compte pour comprendre cette nation. Il ne fait aucun doute que le pays traverse une période des plus difficiles, mais pas insurmontable. Ses amis et partenaires ne doivent pas perdre de vue ce point. Il est temps pour la communauté internationale et les amis de l’Éthiopie de reconnaître et de soutenir le fait que les efforts nationaux, associés à l’engagement continental, permettront à la nation de faire un pas en avant pour résoudre l’état actuel de la sécurité dans le pays.

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