Eulalie Baudet - A4 - Avril-Mai 2010 Ecole Nationale SupĂŠrieure de la Nature et du Paysage - Blois
Rapport de stage
Interscène maroCMarrakech
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c o r a m r u BONJo Ayant déjà eu un petit aperçu de la vie professionnelle hors de l’Europe, je souhaitais faire ce stage au sein de terres plus proches de notre France. L’Angleterre, la France elle-même, l’Irlande... Découvrir la vie professionnelle dans un bureau occidental, sûrement plus proche de notre enseignement et de la réalité de ma future ‘carrière’. Mais les surprises sont toujours au rendez-vous. Le hasard m’a mis sur la piste du Maroc. Un message électronique d’un ancien élève, une réponse, un rendez-vous... Et me voilà expatriée hors Europe. Et oui, cette réponse à une demande de stage nous a conduits, Laurent et moi, directement au bureau de Thierry Huau, pour un court entretien. Quelques mots partagés à propos de notre formation, de notre intérêt pour la découverte de terres inconnues, de la flore méditerranéenne, quelques échanges à propos du tourisme, et nous voilà dans l’avion pour Marrakech. Plus exotique que la France certes, mais toujours dans l’objectif de travailler avec des européens. J’ai pris l’aventure au vol, et c’est avec un regard naïf et teinté de clichés que je suis arrivée sur le sol marocain.
J’éviterai de m’attarder sur l’habituel discours sur le pays, sa géographie, toutes les plantes et les animaux que l’on y trouve... Le Maroc réserve une telle richesse qu’il est impossible de tenter une telle description sans omettre d’importantes données. La meilleure solution pour apprendre le Maroc, c’est de vivre le Maroc. Ce que j’essaye de retranscrire à travers ce rapport de stage est un échantillon de ce que j’ai pu ressentir à propos du Maroc, en tant que future paysagiste, et l’expérience que m’ont apportée les différents projets sur lesquels j’ai travaillé durant ce stage. Vous décrouvrirez ainsi le Maroc comme je l’ai moi-même fait, avant tout à travers le travail chez Interscène Maroc.
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RENCONTRE AVEC LE MAROC 1.a 1.b 1.c 1.d 1.e
Echantillons de paysages marocains Au royaume des contrastes Ecologie marocaine Marrakech, porte du Sud marocain Le tourisme, parlons-en!
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ROYAUME DU MAROC, ARCHITECTES/PAYSAGISTES & CIE
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Intersecène
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1.a Présentation 1.b Equipe 1.c Organisation et fonctionnement
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MON expĂŠrience LES PROJETS Chrifia Banyan tree Aourir - exemple commercial Les palmiers dattiers - recherche
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conclusion
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BILBIOGRAPHIE
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Avant, le Maroc m’évoquait un pays aride, où se côtoient dattiers et bergers, bourricots et souks, médina et vieux taxis, touristes en shorts et marocains en djellaba... Une image véhiculée par les cartes postales, les récits de vacanciers et mon imaginaire. Mais j’avais complètement omis les montagnes.: reliefs tabulaires et cônes volcaniques, montagnes solitaires et chaînes anciennes... Ces masses qui habillent l’horizon, qui mouvementent le paysage et illustrent une certaine force de la nature, tapissées d’un patchwork de villages, de champs, de vergers et de forêts par-ci, de roches, de cailloux et de grains de sable par là, et parfois ourlées par des oueds verts plus ou moins larges.
‘L’île du Couchant’, baptisé ainsi par les Arabes, dessine la continuité géologique de l’Europe, par l’intermédiaire du Rif, avant de se perdre en longeant l’Atlantique jusque dans les sables du désert Mauritanien. Le Maroc, pays montagneux donc, est entouré de trois mers: l’Océan Atlantique, la mer Méditerranée et la grande mer de sable du Sahara. Cette grande diversité de terrains donne vie à une variété exceptionnelle de paysages.
Echantillons de paysages marocains Un pays aux grandes ĂŠtendues: le dĂŠsert, mer de sable; des mers vertes de dattiers dans les oueds sillonnant entre les montagnes arides; des tapis de roches de toutes tailles ponctuĂŠes par quelques petites plantes...
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L’agriculture représente un secteur économique très important au Maroc. La SAU du pays est estimée à 95 000 km2, soit plus de trois fois la surface de la Belgique. Ces paysages agricoles sont très diversifiés; tantôt sur des versants de montagnes basses, tantôt dans les oueds et sur les plateaux. On retrouve des oliveraies, des vergers d’agrumes, des forêts d’arganiers, des pâtures de moutons, de vaches et de chèvres, des champs de blés, de cannes de provence, d’orge, de légumes...On retrouve également beaucoup d’agro-foresterie, avec sur la même parcelle du blé en sous étage par exemple, dominé par des oliviers ou des agrumes. Les champs, très rarement traités, sont souvents parsemés de coquelicots, d’adventives...
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Les petits villages, souvent accoudés à un oued, sont très rustiques. Tels des caméléons, constitués de murs en pisé ou en pierres, ils portent les couleurs du sol aux alentours. La mosquée, décorée de zelliges et de bejmats, représentent souvent la plus grande richesse du village. Les anciennes médinas sont organiques, on s’y promène via un labyrinthe de venelles pavées, entre les mobilettes, charettes et les vélos. Les nouvelles extensions de villes sont très rarement achevées. La couleur grise des parpaings se répend de plus en plus. Dès que les marocains ont un peu d’argent, ils se construisent une maison. Puis les travaux peuvent être arrêtés plusieurs années, et reprendre lorsque de nouvelles économies ont été faites. Des zones urbaines qui s’étendent rapidement, mais qui se dessinent lentement.
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Mille et une merveilles sont disséminées à travers le pays. Les décors, l’architecture, les odeurs, les scènes de la vie... Des voyages à travers le pays m’ont permis de ressentir cette culture importante, née d’une histoire ancienne et mouvementée, mélant plusieurs peuples aux influences arabes, berbères et européennes.
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Au royaume des contrastes
‘Plus tard, bien plus tard, je me rendrais compte que la société entière était faite de réalités peu compatibles, les mosquées et les bars, les maisons du Coran et celles de passe, les ruelles étroites et les vastes boulevards, les charrettes à bras et les limousines américaines, la misère et l’opulence... Les contrastes les plus saisissants se côtoyaient sans que cela sembla choquer personne.’ Page 12, «Morceaux de choix, les amours d’un apprenti boucher», de Mohamed Nedali, 2003. Ce paragraphe introducteur d’une his-
toire se déroulant dans les souks marrakchis illustre très bien le Maroc et les contrastes que réservent ses terres exceptionnelles. Et c’est ce qui leur donnent un certain charme. On les retrouve aussi à l’échelle du paysage et des aménagements: montagnes et plateaux, déserts et jardins surexploitants l’eau, villages menacés par l’avancée du désert et complexes touristiques luxueux, décors minutieux et finitions grossières, colonies de paraboles et de climatiseurs et antennes téléphoniques finement dissimulées dans de faux palmiers...
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1.C
Écologie marocaine
Le Maroc se développe et les causes de pollution sont de plus en plus nombreuses. Malheureusement, le coût de mesures correctives est hors de portée de l’économie du pays. Les faits:
La qualité de l’air s’est excessivement dégradée en ville, dû à l’augmentation des véhicules, d’autant plus vétustes et mal entretenus. Le couvert forestier se dégrade rapidement avec près de 300 00 ha qui disparaissent chaque année (défrichement, feux d’origines diverses). Le bois assure 30% de la consommation en énergie du pays. Il est utilisé pour la cuisine, le chauffage des hammams et dans les fours publics. La déforestation pause plusieurs problèmes: l’écoulement des eaux est modifié, l’érosion des sols s’accentue, la biodiversité est menacée... Du côté des côtes, de gros efforts sont faits dans les lieux touristiques, mais beaucoup de plages restent de vraies décharges publics 8 mois sur 12 (nettoyées à l’approche de l’été). Les eaux usées sont déversées sur le littoral, sans oublier les rejets des bateaux et des pétroliers... Ajoutez à la négligence et l’absence de sensibilité écologique des gestionnaires locaux, une population qui se sent assez peu concernée par les problèmes liés à l’environnement, et vous aurez des paysages sales où s’entassent les détritus aux abords des lieux fréquentés. En plus de ces problèmes visibles à l’oeil nu, le Maroc connaît d’autres désagréments dûs au réchauffement climatique (littoral malmené, assèchement de certaines zones qui causent des problèmes agricoles, la prolifération de certaines maladies...).
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Mais il n’y a pas que des ombres au tableau. Mohammed VI a interpellé citoyens et collectivités sur le danger que constituent «indifférence et accoutumance qui conduiraient à un suicide collectif». Le Maroc s’est récemment engagé dans des programmes de développement durable et de sauvegarde de l’environnement, notamment dans le cadre de ses relations avec l’Union Européenne. Une stratégie de protection et de restauration des forêts a été mise en place. Au delà d’un simple programme de prévention et d’information, il s’agit de donner un sacré coup d’accélérateur aux reboisements; l’objectif affiché étant d’atteindre une vitesse de croisière de 50 000 ha plantés par an! Par ailleurs en appui avec la banque mondiale, le Maroc planche actuellement sur un ensemble de dispositifs visant à améliorer les ressources en eau. Autre nouvelle réjouissance, le développement des énergies renouvelables dont la part doit représenter d’ici 2012, près de 10% de la consommation globale d’énergie du pays. L’accent est particulièrement mis sur les éoliennes. Il existe déjà deux parcs , et on en attend 14 nouveaux d’ici 2012. Malheureusement, ces parcs ont aussi un fort impact sur les paysages. À Essaouira, par exemple, le nombre considérable d’éoliennes ne passe pas inaperçu et entâche la côte. La densité et l’étendue du parc a également un fort impact sur la faune, et notamment les oiseaux.
Du 17 au 24 Avril dernier, Rabat était Ville Première pour accueillir la 40ème anniversaire de la Journée de la Terre. A travers cette manifestation très médiatisée, le Maroc a pu prouver son engagement en faveur de l’environnement. Cet événement, en faveur d’un planète plus propre et plus active en matière de développement d’une nouvelle économie verte, a permis la signature de plusieurs conventions au sein même du territoire marocain (généralisation des éco-écoles, éradication des sacs en plastique, production d’énergie à partir des déchets de la décharge d’Oulja...). Cette semaine d’activité a également permis la sensibilisation d’une partie de la population marocaine; de nombreuses associations de quartier ou réseaux associatifs, entreprises, écoles, administrations publiques et citoyens se sont mobilisés via des actions vertes.
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1.D
Marrakech, porte du Sud marocain
Son ambiance, ses couleurs et son climat rappellent que le désert n’est pas loin. Cette ville magique est peinte sur la terre rouge, avec pour fond les montagnes du Haut-Atlas, blanches de neige pendant l’hiver et le printemps. Une légende dit que lorsqu’on a planté la Koutoubia au coeur de la ville, celle-ci a tellement saigné que les murs des maisons en ont gardé cette couleur rouge omniprésente. Malgré tout la végétation y est bien présente, un défi que les Marocains ont réussi à surmonter face à l’aridité. Les rues sont plantées de dattiers et de fruitiers, les parcs publics - grouillant de Marocains - arborent pergolas, parterres, boisements et fontaines, tout comme les jardins privés. Un flot incessant de visiteurs, des restos pour touristes, des échoppes regorgeant de pacotilles; une périphérie en pleine mutation avec la construction de dizaines d’hôtels; la création d’une ville nouvelle à 7 km de là... Autant d’aspects qui tiendraient à faire de Marrakech une ville défigurée par le tourisme.... si l’on s’en tenait au premier regard. Mais nombreux encore sont les charmes que dévoile cette cité fascinante.
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La médina La médina de Marrakech a été inscrite par l’UNESCO sur la liste mondiale du Patrimoine mondiale de l’humanité en 1985. Avec plus de 600 ha, c’est la plus étendue du Maghreb. C’est dans son dédale que bat le vrai coeur de Marrakech: dans ses venelles sinueuses, autour de ses patios et de ses fontaines, des mosquée et des palais.
Ces souks colorés, tumultueux et bruyants que l’on arpente et dans lesquels il est simple et agréable de se perdre, où se côtoient milles petits métiers dans une atmosphère étonnante. Depuis Mai 2001, grâce au travail de Juan Goytisolo, écrivain espagnol vivant à Marrakech, et au soutien de l’association Les Amis de la place Jemaa-el-Fna, elle a été déclarée par l’UNESCO «chef d’oeuvre du patrimoine orale de l’humanité». Ce n’est donc pas son architecture somme toute banale, mais l’ambiance qui y règne qui confère à la place toute sa dimension.
Guéliz - ville nouvelle C’est la ville nouvelle créée en dehors des remparts sous le protectorat. Elle est reliée à la médina par l’avenue Mohammed V. C’est là que se trouvent les sièges des compagnies, les principales administrations, les magasins de luxe, les grands cafés, les agences de voyages...
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1.E
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Le tourisme, parlons-en!
Le Maroc est incontestablement une destination touristique par excellence, de par la diversité des paysage qu’il concentre et les diverses occupations que ces paysages offrent, sont climat méditerranéen, les richesses de sa culture et de son patrimoine... Qui n’a pas entendu un jour le récit de vacances marocaines de la part d’un proche? Le tourisme rapporte de l’argent au pays, et pas qu’un peu. Les objectifs fixés pour l’année 2010, assez ambitieux certes, étaient de 10 millions de touristes (dont 7 internationaux), pour une recette de 48 milliards de Dirham marocains (soit environ 4,3 milliards d’euros). Mais tous ces chiffres ont un impact bien réel sur le paysage, comme sur la vie.
> Le tourisme moteur du développement socio-économique du pays Le pays doit suivre la demande due à cette activité: elle favorise donc l’éducation et la formation de professionnel, la construction d’hébergements et l’emploi de professionnel (architectes, constructeurs, employés de chantiers...), la modernisation du pays, la redécouverte d’un artisanat aujourd’hui fleurissant, l’entretien d’espaces abandonnés au par avant - entre autres... > Le revers de la médaille On voit pousser de par et d’autre, surtout en périphérie des villes principales et le long de la côte, des villages touristiques, des complexes démesurées, forteresses venant entâcher le paysage, lui retirant son unicité et ses spécificité... Ces espaces sont souvent dépourvus de conscience écologiques: grandes piscines, miroirs d’eau extravagants, végétation luxuriante abondante... on croirait presque que le pays ne manque aucunement d’eau. Les exemples se multiplient: défaillance du traitement des déchets, déforestation des palmeraies pour embellir ces espaces...
> Le tourisme, moteur d’un développement durable et responsable Au cours de la Journée de la Terre, un débat à eu lieu entre intéressés autour du tourisme et du développement durable. ECORISMO a proposé des réponses concrètes et pratiques aux questions et besoins des professionnels. Les thématiques abordées dans ce cadre, très variées, ont couvert les problématiques se rattachant à la fois à l’ aménagement , l’éco-construction des sites touristiques, à la gestion durable et responsable des sites touristiques, ainsi qu’à la démarche environnementale dans l’hôtellerie. Des cas pratiques ont été évoqué dans des ateliers techniques ayant porté sur l’efficience et l’efficacité énergétique dans le secteur du tourisme, la valorisation et le recyclage des déchets. Rien de signé certes, mais on espère que cette réflexion a donné quelques idées aux intéressés.
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2 La profession d’architecte est protégée au Maroc par l’Ordre national des Architectes, depuis le début des années 1990. Cet Ordre, défini par la législation marocaine, a pour but de favoriser la pratique du métier par les diplômés de l’Ecole Nationale d’Architecture de Rabat et les marocains, d’empêcher les étrangers d’exercer (sauf dérogation). Ainsi, on évite que le domaine ne soit complètement contrôlé par des architectes étrangers, étant donné que les plus gros investissements immobiliers viennent de l’étranger. Mais il est très simple de contourner cette loi, sans aller à son encontre. On emploie un architecte X, français ou autre, qui n’a pas l’autorisation d’exercer au Maroc. Monsieur X fait son travail. Puis on part à la recherche d’un homologue marocain qui signe les plans. Et l’affaire est dans la poche! Cette solution peut convenir à plusieurs personnes, mais on est alors mis nez à nez avec un problème de responsabilité. En cas de soucis avec les constructions par la suite, qui est-ce qui se
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fait taper sur les doigts? Notre cher petit homologue marocain! Et puis, on va être honnêtes, cette petite entourloupette bien connue ne met vraiment pas en en valeur le travail des architectes marocains diplômés! Pour le moment, ce qui concerne le métier de paysagiste au Maroc, rien à signaler... Rien jusqu’à ce qu’il y ait une école qui s’y crée ou que l’Ecole de Rabat ouvre une spécialité architecture. Car pour le moment, il n’existe pas d’école en architecture du paysage/ingénierie du paysage. Pour être diplômé dans le domaine, il faut donc s’envoler direction l’Europe. Du coup, on trouve très peu de ‘Paysagiste’ avec un grand ‘P’ sur le sol marocain, des personnes diplômées, qui ont étudié le sujet dans une école Y. Mais par contre, nombreux sont ceux qui s’attribuent eux même le titre ‘paysagiste’, par passion... un peu comme en France. Et pourtant, il y a du travail au Maroc, le pays en
semble être en transition. A chaque coin de rue, on trouve un chantier, beaucoup de restauration d’anciens parcs, les abords des Oueds sont aménagés... La capitale, Rabat, illustre parfaitement ce mouvement qui semble faire vibrer le pays en ce moment. Et en ce qui concerne la matière première de notre travail - le végétal? Le réseau de pépinières est limité au Maroc. Une grande demande existe, mais l’offre est quasi nulle. On peut compter quatre pépinières à l’échelle nationale. On retrouve donc une forte carence dans ce domaine. De plus, que l’importation de végétal revient très cher, et les palmiers (par exemple) sont interdits à l’importation. Alors, un marché noir se développe à travers le pays. Les palmiers dattiers (Phoenix dactylifera) sont arrachés de leur milieu naturel, illégalement, et sont revendus pour trois fois rien. Il est donc important que des mesures soient prises rapidement, pour préserver les paysages naturels tout en répondant aux demandes dues à la grande quantité d’aménagements du pays... Au travail les pépiniéristes!
En ce qui concerne la construction de bâti, une demande d’autorisation d’aménagement doit être déposée. Cette demande ne requiert aucune description du paysage, il faut seulement délimiter ce qui n’est pas bâti. Cependant l’agence urbaine, peut demander, quelques rares fois, des informations complémentaires sur le paysage.
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3 INTER
e n è c s
3.A
Présentation
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INTERSCENE est une agence de paysage et d’urbanisme, basée à Paris. Elle a été fondée par son actuel directeur, Thierry Huau, en 1985. Paysagiste dplg, urbaniste, ethhobotaniste, Thierry Huau a plusieurs cartes en main. C’est de l’autre côté de la planète qu’il a fait ses premiers pas sur le terrain, après l’obtention d’un diplôme en paysage. Après avoir foulé les grands espaces néo-zélandais et australiens pendant quatre ans, un retour en France lui permet de conforter sa formation par des études en urbanisme. Puis vient le temps de fonder INTERSCENE. Le maître mot: «faire le lien entre environnement et culture». De Beyrouth à Hanoi, de Pékin à Auckland, de paris à Angers, du parc terra Botanica au Center Parcs du domaine de l’Ailette, en passant par l’urbanisation du plateau de la Mayenne, les projets (publics ou privés) se multiplient alors et se diversifient.
Pierre &Vacances revient souvent dans l’histoire de l’agence; c’est un client alimentaire. En effet, INTERSCENE a su gagner la confiance de Gérard Brémond et de son groupe. Et c’est dans le cadre de cette entente que la succursale INTERSCENE MAROC est née. La volonté de Pierre & Vacances étant de se développer au Maroc, ne seraitce pas l’occasion pour INTERSCENE de poser un pied dans ce pays? La réponse est vite trouvée. De plus les conjectures économiques de cette période ne sont pas brillantes, quelques personnes vont devoir quitter l’agence. Mais l’installation dans un pays où le tourisme et les projets paysagers se multiplient à grande allure semble être une occasion à saisir; peut-être y-a-t-il une place intéressante dans ce pays qui manque de paysagistes diplômés? De plus, cette installation favorise la travail sur les projets de Pierre & Vacances. En janvier 2009, la décision est prise, Céline Fleury et Jérôme Dumas s’envoleront trois mois plus tard pour représenter INTERSCENE MAROC à Marrakech.
L’équipe
3.b
Actuellement INTERSCENE emploie une dizaine de personnes: ingénieurs paysagistes, architectes paysagistes, paysagistes, urbanistes, juriste, assistante charger de communication... La palette de professionnels est large et diversifiée. Et elle ne s’arrête pas là. INTERSCENE, c’est aussi un réseau de contacts, auxquels on fait appel selon la nature des projets et leurs spécificités. L’agence collabore avec un designer-graphiste, une programmatrice événementiel (Françoise La Noble Predine, une bibliothèque ambulante), un scénographe, des spécialistes en arrosage (SIREV et IMAGINIEUR)... Une agence, c’est donc non seulement une équipe, mais aussi un répertoire de collaborateur qui viennent alimenter la travail interne, et des partenariats avec des sous-traitants.
JéRôME
LAURENT
Célin
e
INTERSCENE MAROC est donc composé de Céline Fleury et Jérôme Dumas, tous deux diplômés de l’Ecole Nationale Supérieure de la Nature et du Paysage. Ils sont officiellement détachés au Maroc. Thierry Huau reste le gérant de cette succursale.
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3.c
Organisation et fonctionnement
Depuis son installation il y a un an et quelques semaines, INTERSCENE Maroc a donc travaillé sur le projet d’implantation de Pierre & Vacances au Maroc, sur le site de Chrifia dans la banlieue Marrakchi. ; mais également sur deux autres projets: l’hotel du Shaza et l’implantation du Banian Tree, tous deux à Marrakech (de nouveau projets privés acquis grâce à un réseau de connaissances). Ces projets marocains naissent d’une collaboration à distance, plus ou moins importante, entre l’agence parisienne et sa succursale marocaine: pour certains projets/certaines phases, le travail peut-être partagé équitablement, pour d’autres, il est réalisé au Maroc tout en dialoguant avec la Frances... C’est donc un allé-retour incessant (de documents ou de simples paroles) qui est à l’origine de l’évolution des projets, via le toile d’internet et les téléphones.
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@ ACTEURS MAROCAINS
PRINCIPAUX ACTEURS PARISIENS
Jérôme Dumas: représentant paysagiste en charge du développement de la succurale marocaine, concepteur.
Fabien: designer, responsable du design et de la conception sur tous les projets.
Céline Fleury: paysagiste, en charge avec Jérôme du développement d’INTERSCENE Maroc, responsable des plans de plantation.
Thierry Huau: chef de structure, valide les projets et propose des lignes directrices lors de la phase de conception.
ESQ (Esquisse): Cette première phase reste très générale, elle permet de proposer les solutions d’ensemble pour répondre aux principaux points du programme, en respectant grossièrement l’enveloppe financière prévisionnelle et la faisabilité. APS (Avant Projet Sommaire): Le projet prend de l’allure. La composition du projet se précise et des dispositions techniques sont proposées. On estime provisoirement le coût des travaux, tout en précisant un calendrier de réalisation. APD (Avant Projet Définitif): Le maître d’ouvrage doit arrêter définitivement doit arrêter définitivement le programme. Chaque élément est défini, détaillé; les matériaux, les installations techniques et les principes de construction sont définis. Les plans et les coupes sont arrêtés, la phase conception est bouclée. L’estimation définitive du coût prévisionnel des travaux est établie.
Comme j’ai déjà eu l’occasion de le voir lors de mon stage précédent, un projet se déroule en plusieurs phases. Et chaque fin de phase est concrétisée par un rendu auprès du client. Après validation du dossier, on peut passer à le phase suivante. Le dialogue avec le client ne se limite pas à ces dates buttoirs, il est incessant et permet donc de prendre régulièrement en considération les remarques du client. Le travail commence par une visite sur le terrain, un petit état des lieux pour inspirer la créativité et prendre connaissance des terres sur lesquels nous allons travailler pendant plusieurs mois.
DCE (Dossier de Consultation des Entreprises): Ce dossier a pour vocation d’être consulté par des candidats à un marché. Il rassemble des éléments utiles pour l’élaboration des candidatures et de leurs offres. Un premier estimatif est réalisé lors de la phase APS, qui évoluera par la suite, au fur et à mesure de l’avancée du projet (on part d’un estimatif approximatif, pour devenir de plus en plus précis). Normalement, le contrat devrait être signé avant l’esquisse, mais il est très rare au Maroc. La plupart du temps l’accord est convenu, mais les documents l’attestant tardent, tout comme les versements d’honoraires. Il s’ensuit de tout ce travail travail, le chantier, phase très importante où le projet prend forme dans l’espace. Il est très important de rester assidu et de se déplacer régulièrement sur le terrain pour surveiller l’évolution des travaux; et d’autant plus au Maroc, pays où les ouvriers sont peu ou pas qualifiés. Ici, ils semblent agir selon l’inspiration du moment, et n’ont pas peur de devoir détruire ce qu’ils ont bâtis pendant une semaine pour le refaire 1 mètre plus loin, plus droit et moins haut!
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e c n e i Pér EX MON Mes premiers pas chez INTERSCENE MAROC Bien que l’équipe soit française, nous avons été plongés dans une atmosphère marocaine dès nos premiers instants au sein de l’agence - entre, le chemin pour y accéder aux trottoirs semé de palmiers et autres espèces méditerranéennes, et notre lieux de travail. La succursale est provisoirement installée chez un architecte français, le décor est fait de plâtre ciselé, de murs recouverts de zelliges et d’une collection de statues africaines. Une atmosphère agréable se dégage de cette pièce fraîche.
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Vient alors le temps de se pencher sur le vif du sujet. Quelques prémices: explications d’ordre général sur les projets en cours, précision sur Chrifia, notre premier travail, réorganisation de la salle de travail (et oui, l’effectif a doublé en nous recevant Laurent et moi), et nous voilà lancés. Pas toujours simple de prendre un projet en cours, certaines subtilités nous aurons longtemps échappés. Mais avec le temps, et quantité de questions plus tard, les projets et les outils deviennent familiers.
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4.A
Chrifia Chrifia est un grand projet touristique de 270 ha, dont une partie Pierre & Vacances de 50 ha.
Maître d’ouvrage: Pierre & Vacances (délégué conception)
Compagnie Générale Immobilière (CGI: délégué exécution)
Maîtres d’oeuvre: Architecte APS : Diener Guirar Architecture (DGA) Architecte / Homologue marocain qui signe les plans: Cabinet Fouad Beqqali Architecte phase RIPT: Arjitec Consultant OPC: CRX (organisateur, planificateur, coordination) Bureau d’étude: BETOM (VRD - gros oeuvre - lots techniques) Paysagiste-Urbaniste: INTERSCENE BET Hydrauliques: PISCINARO Début du projet: mars 2009 Date d’ouverture prévue: fin 2012 Coût prévisionnel (pour le paysage): 55.000.000 MAD (soit environ 5.000.000 € pour le hard et le soft) Surface: 50 ha Programme:
Mission de maîtrise d’oeuvre de conception en paysage pour la construction d’un ‘Eso Resort’ Oasis Eco Resort met en valeur la richesse des paysages Sud marocains. On utilise une palette végétale adaptée au climat, des matériaux et un savoir faire local, on optimise les ressources en eau... Ce concept novateur pour la Maroc intègre une démarche conceptuelle et constructive durable. Le projet comprend essentiellement l’aménagement des ruelles de dessertes des résidences, des abords des équipements, dont un centre aqua-ludique, des jardins privatifs et publics.
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On retrouve trois ambiances distinctives:
> L’oasis qui s’inspire de la grande diversité des paysages des vallées de l’Atlas (cascades, fond de vallée cultivé, sommets arides...) abrite le centre aqua-ludique. La piscine principale se veut être une oasis écologique complètement intégrée au site. > Les jardins d’agrément se déploient à travers tout se site entre les bâtiments et les ruelles, ils offrent un décor verdoyant marocain, aux senteurs orientales. > Les vergers organisent la trame des bâtiments et limitent l’érosion des pentes. Composés d’arbres ordonnés et vertueux, ils se déclinent en jardins potagers, jardins des teinturiers et champs de blés.
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En amont de la phase chantier, un vaste programme de contrats de cultures et d’une pépinière temporaire sont lancés afin de s’assurer de la disponibilité des plantes et de mettre en culture des végétaux endémiques introuvables autrement que par ce procédé.
L’Orangeraie
L’Oliveraie
Seguia
Bosquet de canne de provence
Mur pisé H1,20m Bosquet de canne de provence
Le verger cultivé
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Le projet se déroule en deux phases : > La première phase comprend le centre aqua-ludique et différents groupements de résidences hôtelières. Phase actuelle : APD Ce projet imbrique plusieurs échelles les unes dans les autres, les jardins publics, les espaces publics rues ou champs… c’est donc un projet qui se travail à plusieurs échelles. J’ai eu l’occasion de travailler à petite échelle sur les jardins privés, les dessins de leurs organisations internes, comme à plus grande échelle, sur les murs qui closent ces parcelles et délimitent les rues. Les murs sont en pisé (banches de terre crue compactée), ils permettent de conserver une intimité dans chaque jardin, tout en créant des ruelles marocaines rurales. Plusieurs hauteurs viennent donner un rythme du côté de la rue, et offrir plus ou moins d’intimité dans le jardin. J’ai également participé à la mise à jour du chiffrage du projet. Un travail long qui permet d’estimer le coût des travaux et ainsi de voir si l’enveloppe prévue est suffisante pour l’exécution des travaux, ou si il y a des concessions à faire au niveau du projet pour abaisser les coûts.
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Vue sur l’espace central et l’orangeraie
Vue sur une des ruelles Nord
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> La deuxième phase est composée de résidences touristiques (les maisons vont être vendues après construction). Phase actuelle : esquisse > Les r u e l l e s
La deuxième phase du projet a commencé fin mars. J’ai donc pu assister aux premiers coups de crayons de l’esquisse. INTERSCENE Maroc est en charge de la mission urbanisme pour cette parcelle. L’idée est de construire les maisons au dessus de parkings et de remblayer trois mètres de part et d’autre afin de modeler le terrain avec des jardins en pente qui s’ouvrent sur des oueds secs. Ce principe permet d’ouvrir les horizons des jardins, de jouer avec la hauteur des bâtiments ; de plus, on évite du déblai supplémentaire en enterrant les parkings et on utilise celui du centre aqua-ludique. Cette idée s’explique dans un premier temps par des schémas d’intentions et des croquis explicatifs. Puis, plus on avance dans nos recherches et nos dessins, plus le plan se précise et prend la forme d’un plan masse.
> PRINCIPE D’ASSOCIATION DE TYPOLOGI E Villas mitoyennes surélevées sur parking «Demi-Kasbah»
R E M BLAI
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REMBLAI
12 mai 2010
> PLAN MA S S E
> Am
> Ent
> Les
Charrette à Paris :
Dans le Dcadre > COUPE E P R I N du C I P Eprojet de Chrifia, je me suis envolée trois jours à Paris avec Jérôme pour participer à une charrette et quelques réunions. Des réunions pour expliquer l’avancée du projet, notamment de la première phase, et d’autres pour présenter des prémices d’idées pour la deuxième phase. Ce rapide allé-retour à la capitale française m’a permis de rencontrer les principaux acteurs de P&V donc, de prendre conscience de leurs attentes et de l’ampleur du projet ; j’ai aussi pu travailler quelques heures au sein de l’agence parisienne et faire connaissance avec les personnes participant aux projets marocains ou évoquées au cours de conversations par Céline et Jérôme. Bac de plantation surélevé
Mur séparatif pisé
REMBLAI
Critique:
Clôture saut de loup
REMBLAI
REMBLAI
RUELLES DES V I L L A MITOYEN N E S
REMBLAI
ESPACE COMMUN Typologie de l’Oued Sec
‘on optimise les ressources en eau...’ disais-je plus haut. Certes c’est le cas pour la majorité du projet, mais on crée tout S D R T I m m en o - eau, C H R I F I A - Mmais A R R pas A K Ed’accord. C H de même un centre aqua-ludique. Alors, l’optimisation d’accord, L’eau est un problème de plus en plus important au Maroc; pour le moment on en a à Marrakech, mais pour combien de temps? Les étés sont connus pour leur sécheresse, le désert avance rapidement dans le Sud. Allez expliquer à ces peuples l’utilité d’un tel centre. Alors si on veut vraiment faire développement durable on revoit ses priorités! Le client reste roi...
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4.B
Banyan Tree
Ce projet est divisé en deux phases, l’agence travaille sur la première qui fait donc 10ha; la deuxième phase de la même taille sera construite de résidences touristiques.
Maître d’ouvrage: Interedec Maroc (Groupe Kabbaj) Maîtres d’oeuvre: Architectes: Daniel Hulak et Pascal Desprez Architecte homologue qui signe les plans: Christine Roffion OPC et maître d’oeuvre exécuteur: OGC un Bureau d’Etude Technique (VRD, BT et fluides) Début du projet paysage: Novembre 2009 (2006 pour l’architecture) Date d’ouverture prévue: Juin 2011 Coût prévisionnel (pour le paysage): 13.000.000 MAD (soit environ 1.200.000 €) Surface: 10 ha
Le principe retenu a donc été de noyer les résidences dans une bambouseraie, et de créer au sein de cette mer verte des petites alvéoles, des petites poches marrakchies qui se déclinent sous forme de placettes. Ces placettes, avec végétation locale et fontaines marocaines, desservent les résidences. Le site est divisé en deux parties par un grand axe qui trace vers l’Atlas, un axe composé d’un long bassin bordé de plantes aquatiques et de bambous. Une atmosphère asiatique à Marrakech, pourquoi pas ? L’idée est assez sympathique, d’autant que les bambous sélectionnés sont adaptés au climat marrakchi. On reste bien au Maroc avec l’esprit des petites placettes et la perspective encadrant au loin l’Atlas.
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Concernant le Banyan Tree, je me suis concentrée sur les petites placettes, au stade de l’APD. Déjà dessinées, j’ai du désigner les espèces utilisées. J’ai donc commencé ce travail par quelques petites recherches botaniques pour créer une palette végétale. Cette palette comprend des végétaux que l’on croise souvent dans les jardins et les rues marrakchis. Des plantes grimpantes, des plantes en pots, des arbres, des arbustes, des plantes au feuillage sculptural, des plantes à fleurs… Une petite collections de végétaux adaptés au climat, et potentiellement trouvables en pépinières. Ce travail m’a permis de me familiariser avec la flore locale. J’ai ensuite réparti les espèces qui me semblaient les plus intéressantes au sein des places, en prenant en compte les associations de couleurs, l’exposition de la place, les calendriers de floraisons de chaque plante afin que des fleurs embellissent la place la plus grande partie de l’année possible. Au final, chaque place est différente de sa voisine.
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PLACETTE E3
Hibiscus rosa sinensis 5 m
Rose ‘Mémoire’
Cupressus sempervirens
Agapanthus umbellatus 1 m
Echium fastuosum 1-2 m
Santoline
Dans le cadre du projet, j’ai aussi eu l’occasion de me déplacer à Casablanca, pour une réunion avec le maître d’ouvrage, Interedec Maroc. Je me suis rendue compte combien il peut être difficile de se faire comprendre par certains clients et de gagner leur confiance. Les principaux protagonistes de ce groupe ne sont pas d’accords entre eux, il est donc difficile en tant que maître d’œuvre de dealer avec eux, de savoir quelles remarques prendre en considération. De plus, il est difficile de communiquer un projet via un plan à des personnes qui n’ont aucune vision dans l’espace. Lors de cette réunion, ils ont réussi à remettre en doute la bambouseraie, l’idée-maître du concept validé auparavant lors de l’esquisse et de l’APS. Les clients ont le droit de revenir sur une décision prise, qui peut remettre en cause quelques mois de travail ! Certains arguments ont été avancés pour défendre la bambouseraie par Jérôme : elle permet de dissimuler les golfettes mises à dispositions des touristes et l’atmosphère créée est indéniablement asiatique ; le bambou a des capacités de développements plus rapides que la plupart des végétaux, un bon choix pour avoir une végétation déjà bien développée lors de l’ouverture. Afin qu’une décision soit prise, il a alors été demandé qu’un échantillon de cette bambouseraie soit plantée, au niveau du grand axe – comment un échantillon sur quelques mètres peut-il traduire l’atmosphère finale du projet ? Aucune idée, mais ils ont été convaincu, et finalement c’est bien une bambouseraie qui noiera la densité du site dans une mer verte.
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J’ai également assisté à une réunion de chantier, précédée par une visite du site. Bien que le travail concernant le paysage ne soit qu’à la phaseAPD, et que les plantations soient prévues pour début 2011, les bâtiments sont déjà tous plus ou moins sortis de terre.
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Jérôm e dum Archit a ecte p s aysagis te
Lahss e jardinie n r privé de mon sieur Kabbaj
Le site est baigné dans une certaine effervescence. Des grues, des ouvriers, des cris… La main d’oeuvre polyvalente. Si on a besoin plus de maçons, on baisse les effectifs dans un autre domaine. Ce seront les mêmes ouvriers qui s’occuperont des plantations, sous les directives de Lahssen, le jardinier privé de la famille Kabbaj! Quelques inquiétudes donc quant à la qualité de la rélisation, qui devrait être faite par une boîte de professionnels; mais nous sommes au Maroc! Très peu d’ouvrier portent des casques et des gilets fluos, obligatoires. La sécurité laisse à désirer.
zinedi n assist e ant OP C
Jello ul La ddou OPC i
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nesri ne Archit ecte
Tous les lundis, une réunion de chantier rassemble les maîtres d’oeuvre et les chefs de chantier de chaque entreprise. Cette réunion parle de l’avancé des travaux, on rapelle l’urgence de finir certaines zones du chantier en s’appuyant sur le planning affiché derrière... Cette réunion peut être précédée par un visite du chantier. Dans la salle de réunion, les murs sont tapissés de plans et de plannings. Une pépinière temporaire a été installée dans un petit coin du chantier, où les végétaux achetés sont entreposés.
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4.C
Aourir - exemple commercial
Au Maroc, un certain nombre de terres appartient encore au Royaume. Ces terres peuvent être vendues, mais pour cela il faut que l’acquéreur séduise les autorités et les convainc par le biais d’un dossier. Dans ce cadre, un acquéreur potentiel a fait appel à Christine Roffion, pour monter ce fameux dossier, concernant deux terrains sur lesquels il veut construire des résidences touristiques. L’équipe de Christine a donc dessiné l’architecture des bâtiments: de la pierre et du bois à la dynamique embrassant les courbes de niveaux naturelles du site.
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Suite à ce travail, il nous a été demander de collaborer. Le but du jeu: créer des vues séduisantes révélant les intentions du projet; le maître mot: intégrer le projet à ce site; la mission: habiller les vues des bâtiments et proposer quelques vues d’aménagements périphériques possibles. Je me suis donc penchée sur ces vues ‘poudre aux yeux’ pendant une petite semaine, des vues montrant des espaces vivants, des vues intégrant le projet à son site. Ce travail fait parti du commercial; l’agence se fait une sorte de publicité gratuite auprès d’un potentiel client. De plus, si les autorités sont charmées et intéressées, l’agence sera engagée pour la partie paysage du projet. Un travail gratuit certes, mais qui peut rapporter!
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4.D
Les palmiers dattiers - recherche En Avril, dans son 374ème numéro consacré à Marrakech, GEO dénonçait un commerce illégal de palmiers dattiers (Phoenix dactylifera), détruisant les palmeraies du pays.
Ces palmiers revendus pour des bouchées de pain sont arrachés de leur milieu naturel pour être replanté dans des jardins de villas au Maroc, voire même en Europe. Le taux de reprise est très faible. Cet arbre décorateur est donc ‘victime de la mode’. L’arrachage et le transport de palmiers sont interdits au Maroc depuis un décret royal paru en 2007, sauf autorisation. Mais le trafic se poursuit : les autorités bakchichées ferment les yeux, les populations pauvres des palmeraies ignorent les conséquences de tels actes et se servent de ce commerce pour rembourser leurs dettes, et les palmeraies ne sont pas renouvelées… Un problème écologique grave donc. En tant que paysagistes au Maroc, nous sommes directement concernés par ce problème. Il n’est pas possible de participer à un tel trafic.
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Le temps d’une journée, j’ai donc tenté de glaner le plus d’informations possibles, de contacts… pour que l’agence en sache la maximum sur le sujet et prenne ses dispositions. Plusieurs solutions sont alors envisageables : • Planter de jeunes individus, sachant que le Phoenix dactylifera pousse d’un mètre sur dix ans, l’effet désiré par le choix de l’espèce mettra donc plusieurs décennies a être obtenu. • Refuser tout simplement de mettre des palmiers dattier dans les projets, en explicant les raisons de ce choix au client (un choix qui reflète une qualité éthique), et en proposant à la place des Borassus, des Syagrus… emblématiques du pays certes, mais beaucoup plus raisonnable. De multiples autres solutions peuvent être trouvées autour de ce problème, des solutions qui demandent du temps et un travail d’équipe : • Sensibiliser les populations des palmeraies autour du sujet Développer des pépinières spécialisées dans la production de palmiers dattiers (ce qui n’existe pas) • • Proposer des contrats de culture au sein des palmeraies, ou des échanges : par exemple contre un palmier arraché, on s’engage à en entretenir financièrement 10 jeunes autres pendant X années, en respectant un quota d’arbres arrachés par surface on régénère la palmeraie en même temps… Quelques recherches et idées, mais beaucoup de travail reste à faire à ce sujet, à commencer par informer la population sur le problème et ses enjeux.
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LUSION CONC
Durant ces quelques semaines passées au Maroc, j’ai été confrontée à des paysages grandioses; j’ai vu sous mes yeux se dérouler des images toutes plus magnifiques les unes que les autres, comme si je feuilletais un livre d’illustrations. Outre cet aspect de voyage extraordinaire et cet esprit élargi, l’apprentissage au sein d’INTERSCENE Maroc a été tout aussi plaisant. Le travail proposé fut très intéressant et parfois même passionnant. Les projets ont dépassés mes attentes et mes ambitions pour ce stage. Travailler dans le domaine du tourisme peut être critiqué par certains, mais je suis convaincue que c’est à nous, paysagistes de changer cela et de détruire les idées préconçues qui gravites autour de cette activité, même si il reste un long chemin à parcourir.
Difficile de ne pas évoquer mes acquis et d’analyser mon expérience dans la conclusion, mais à quoi servirait l’analyse du stage qui va suivre, si elle reprend mot pour mot ce qui a été dit précédemment ? Travailler chez INTERSCENE Maroc m’a permis d’approcher avec douceur la ville de Marrakech, une ville effervescente et fascinante. Merci à Céline et jérôme pour le temps passé ensemble, que ce soit au bureau ou en dehors, et à Mr Boulemane (quelqu’en soit l’orthographe) et sa famille, pour leur sympathique accueil et notre premier thé marocain.
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Bibli
e phi a ogr
Ce rapport de stage est un condensé de toutes les informations que nous avons pu glaner lors de conversations lors de ces deux mois de stage. Les pièces graphiques sont principalement extraites de documents produits par INTERSCENE, et en l’occurrence des échantillons de mon travail durant ces deux mois. Les photographies, personnelles, représentent ce que j’ai pu entrevoir au cours de nos escapades de fins de semaines et des journées de travail. Elle ne représentent qu’une petite palette des instants et des paysages entrevus, mais leur sélection se veut diverse pour tenter de partager la grande diversité et richesse que j’ai pu ressentir dans ce pays. Le chapitre concernant le Maroc s’est inspiré de différentes sources: ouvrages: ‘Morceaux de choix, les amours d’un apprenti boucher’, de Mohamed Nedali, 2003. roman éditions le Fennec, Décembre 2008, Casablanca, Maroc. ‘Flore et écosystèmes du Maroc: évaluation et préservation de la biodiversité’, Abdelmalek Benadid, 2000, Ibis Press, Paris. ‘Le Guide du Routard: Marrakech’, Philippe Gloaguen et son équipe de routards, 2010, Hachette. revues: GEO, ‘Marrakech et le Haut Atlas’, N°374, Avril 2010.
sites internet: www.journeedelaterre.ma www.emarrakech.info www.ecorismo.ma
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