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SOMMAIRE Entretien avec Danièle Valabrègue
2 UnProgramme d'Architecture Nouvelle née Europe oor DiDI
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Entretien avec Hans Kohloff
4 Espèces d'espaces européens
eè~ Cc~ta.
Rencontres Entretien avec Claude lillich
5 Innovations :tendances 89 par Philippe Dehan
Territoires par Reynald Eugène
Rédaction en chef Marie-Christine
loriersiArchitextes Graphisme Christian Voinet
P. sconsut_,l
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Danièle Volabr ègue eLr~·D'fiOI
Europon Fronce MEL Plan Construction el Architecture 2, ovenve du Parcde·Passy 75016 Paris
Tél
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03.91.07
Diffusion, Daniel Wotine
Tél • 7. rue de Chaillot 75016 Paris.
Entretien avec Aurélia Galle/li
6 Vous aviez dit en ville ?
Claude Dichon
UROPAN, ANI.« Evolution des modes de vie et architectures du logement >>. Un thème fédérateur, des concours d'idées et d'architecture simultanés dans neufpays d'Europe : Autriche, Belgique, République fédérale d'Allemagne, Espagne, France, Grèce, Italie, Pays-Bas, Suisse. Les résultats de la session française sont exposés à La Maison de l'Architecture* à partir du 30 mai jusqu'au 24 juin 1989.
3 Moderne autrement par Marie·
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1 DuPANà I'EUROPAN
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ISSN0/54.2265
Journal édité à l'occasion de l'exposition des projets de
I'EUROPAN FRANCE à la Maison de 1'Architecture du 30 mai au 24 juin
Supplément à Plon Construction Actualités n ° 34
Portraitsdes lauréats par Jean-François Pousse
7 les projetsloUJéots et mentionnés par Marie-Ciwstine lariers
11 Portraitsdes mentionnés 12 Soiet les autres par Monique Eleb- Vidal
13 les temps de la vie
f(once
par Claude Prelorenzo
14 Des projell silués par Ann11·Mo1'. Châtelet
15 le PAN mène à tout par Frédérique de Grave/aine
16 l'exposition è la Maisonde l'Architecture le calendrier EU ROPAN
PERSPECTIVES
L
'E' RO PAN est une version aux h rizons européens des Programmes d'Archite ture Nouvell , les PAN, qui d puis plus de 15 ans font en France app 1aux jeunes architectes pour dynamiser les perspectives de l'architecture de l'habitat. Aujourd'hui, lancés simultanément en Europe, les concours d'idées EUROPAN ont cette année pour thème << évolution des modes de vie et architectures du logement ». Un pluriel justifié. Découvrant les résultats de la session française, comment ne pas souligner cette diversité, cette manière ouverte de puiser à toutes les sources, sociales et culturelles. Voici l'histoire moderne, voici les prospectives futuristes. Et surtout voici un éveil vigilant au temps présent, à ses rythmes et ses lieux. Les jeunes architectes ont une curiosité attentive à découvrir - et même à inventer - les territoires nouveaux de la civilité européenne. Ils s'interrogent sur les frontières mouvantes des individus et des groupes, les réseaux qui se tissent, voies physiques ou voix immatérielles de la communication. EUROPAN, le programme d'architecture nouvene européenne, révèle des inquiétudes, des attentes, des espoirs. Il révèle des transformations du regard. Nul doute, l'architecture y apparaît porteuse de projets de vie. Il faudra les construire ...
ENTRETIEN AVEC DANIÈLE VALABRÈGUE
JURY Euro pan France e Jean-Louis Cohen Architecte-chercheur
•
Pierre-Alain Croset
Journaliste à Casabel/a, Italie
•
Claude Dichon
Plan Construction et Architecture
•
Aurelio Galfetti
Architecte, Su isse
•
Hans Kollhoff
A rchitecte, République fédérale d'Allemagne
•
Yves Lion
Architecte
•
Edouard de Penguilly
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Chef de projet du Programme Conception et Usage de l'Habitat au Plan Construction et Architecture, responsable de la session française de I'EUROPAN, Danièle Valabrègue est avec François Ascher l'un des Danièle Valabrègue principaux concepteurs de I'EUROPAN. Depuis plusieurs années, elle pilote le PAN. La question du logement du Secrétariat Europan France PAN à I'EUROPAN est réexaminée, approfondie, débattue. Les jeunes concepteurs et les maîtres d'ouvrage y trouvent l'occasion de construire avec des approches nouvelles. De poser les termes d'une culture de l'habitat Marc Béri Architecte plus riche de diversité architecturale, plus à l'écoute des mutations sociales . Anne-Marie Châtelet Architecte
Philippe Dehan Architecte
Reynald Eugène Architecte
Eric Lemarie Architecte
Denis Lenglart Architecte
PDG de ACL Construction
René Poman
•
Architecte
Roland Pigno!
Président de l'UNFOHLM
Antoine Renaud
•
Architecte
Martin Robain
A rchitecture Studio
Claude Prelorenzo
Suppléant • Pierre Gangn et
Sociologue
Architecte
Coordination
Siez Ramondt
Comité francois cie /' EUROPAN. Ptésident Jean Moheu. Maîtres d'ouvrage : M . tom ardin!, O. Millerond , F Pascal, E. de Penguifly, R. Pignol. Architectes : P. Cheme ov, P. Gangnet, Y. lion, J. Nouvel, M . Robciin. Entreprises : C.-A. Ro h Chercheurs : J.-L Cohen, M. Conon, R. Perrin1oquet, M , Eleb-Vidol lnstitutions : C. Dichon, A. Mougard, l Rovonel, C. Robert
POSER LA QUESTI ON DU LOGEM EN T M.·C. L. :Concours d'idées et concours d'architecture, le PAN existe en France depuis plus de quinze ans . Il a donné, cette année, naissance à /'EUROPAN. Il est vrai que trois ans avant l'ouverture des frontières en 1992, l'Europe est au goût du JOUr ... Danièle Valabrègue :Avec cette organisation simultanée d'appels d'idées d'architecture dans neuf pays d'Europe, I'EUROPAN fait plus que suivre une opportunité politique. Comme l'a toujours fait te PAN, l'EUROPAN pointe du doigt une question qui a trait à l'habitat. Les concepteurs retenus concrétiseront ensuite leur réponse à travers la réalisation d'un bâtiment . Le thème« Archi· tectures du logement et évolution
des modes de vie >>est d'actualité dans tous tes pays, parce que les modes de vie connaissent des bouleversements rapides. Il devient évident que les questions se posent en des termes autres que localisés. Peut-être est-ce en termes de culture ? Des faits nou· veaux émergent, dont les maîtres d'ouvrage et les décideurs ont bien conscience, et qui parfois leur posent directement problème. Les structures familiales se modifient, les groupes se définissent autre· ment, les modèles figés ne fonc· tiennent plus. Les gens se déplacent, ils n'ont plus la même manière d'appréhender les sites et les territoires. Les technologies nouvelles changent les rapports quotidiens au temps et à l'espace. Cela, des sociologues et des éco· nomistes l'avaient analysé avec précision. L'habitat n'étant pas vraiment un« bien de consommation »,pas
plus qu'il n'est un « service »ou un « produit » (mais quand même un peu de tout cela ... ), des cher· cheurs et des sociologues ont engagé des recherches pour le Plan Construction et Architecture et confirmé l'incidence de ces évolutions sur ta relation à l'habitat ... (Suite page 2)
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EUR(DPA DU PAN À L'EUROPAN (Suite de la page 1} ...
Ce sont ces travaux qui nous ont permis de poser la << question du logement >> à travers le programme de l'appel d'idées de I'EUROPAN.
DE LA CONSTRUCTION À L'ARCHITECTURE L'architecture de l'habiter s'exprime de manière de plus en plus autonome, de plus en plus riche à travers les revues d'architecture, dans les publications, les expositions, mais aussi dans la diffusion de l'information en général. Le débat se modifie. Les tendances qui s'étaient opposées au cours des quinze dernières années - productivité, modernité et postmodernité, forme urbaine ou forme monumentale- ont l'air de cesser de s'affronter. Elles cohabitent, elles juxtaposent leurs références, elles se complètent pour constituer un paysage culturel plus diversifié. De même la réflexion formelle sur l' architecture coïncide avec une attention plus éveillée aux modes de vie. Les résultats de la session française de I'EUROPAN expriment visiblement cet élargissement de l'inspiration. M.-C. L. :En quelques années, vous avez pu voir se transformer le paysage de l'architecture du logement? D. V. :Le paysage et les habitants ! L'architecture et la demande ! J'ai rencontré le PAN en 1972, en participant, comme architecte, à la commission technique du PAN 4. On évacuait alors les grands ensembles pour cause d'échec social. Le PAN, depuis quatre ans, cherchait des formes et des types différents, mais encore sous l'égide de la production de masse, de l'industrialisation, de la périphérie. Avec le PAN, on a vu des logements proliférants, ~es trames, des modules, des modèles, oui, mais des << modèles innovation >>. On a
prôné l'habitat intermédiaire, avec terrasse, ni tour ni maison individuelle, mais un peu les deux ... La question du logement était posée en termes d'usage de manière intéressante. Une architecture naissait. Mais le rapport à la ville continuait à être occulté alors que la polémique se faisait jour sur << l'urbanité >>.Le PAN 7 en 1975 a marqué un virage, en cherchant d'autres solutions que le zoning, et a participé aux débats sur la forme urbaine, très vifs à la fin des années 70. La rue des Hautes Formes de Portzamparc en a été l'un des manifestes les plus évidents. Le PAN 12 a posé des questions de rapport au quartier, aux équipements. Lors du PAN 14, en 1987, nous considérions que ces réflexions étaient entendues, les réalisations issues des derniers PAN le prouvaient bien.
DE LA VILLE À LA VIE Force pourtant était de constater que le logement apparaissait trop souvent comme la résultante de la forme urbaine. La réflexion sur la ville avait occulté celle sur la vie. En mettant le logement en questions pour le PAN 14, nous avons voulu sensibiliser les concepteurs et les décideurs, les maîtres d'ouvrage et les politiques à la dimension sociale et culturelle de l'habiter. Et cette dimension sociale et culturelle est, elle aussi, une dimension de la ville, une dimension de l'Europe. La ville n'est pas seulement une structure de voiries, de circulations et de formes, mais aussi une structure sociale. C'est cette dimension que nous avons décidé d'exprimer à travers I'EUROPAN. M.-C. L. : L 'EUROPAN est-il un concours d'idées ou un concours d'architecture ? O. V. : Voici la question que
nous ont posé tous nos partenaires européens qui ont lancé I'EUROPAN avec nous ! Je dirais que c'est à la fois un concours d'idées et un concours d' architecture. Un concours d'idées, parce qu'il est posé en termes conceptuels, parce qu'il n'y a pas de site imposé. Parce que l'on attend des concurrents qu'ils développent eux-mêmes des idées. Et, dans cette première session de l'EUROPAN, il a bien été compris de cette façon, puisque les concepteurs, en amont de l'architecture, ont défini des << programmes >> nouveaux et pertinents. Mais c'est aussi un concours d'architecture, car des maîtres d'ouvrage, des villes acceptent de s'engager dans des réalisations avec eux, sur des problématiques comparables. Dans certains pays, Autriche, Italie, Espagne, Grèce ... , des terrains ont été attribués au concours.
LES JEUNES CONCEPTEURS SONT CRÉDIBLES De fait, cette démarche d' expérimentation construite, appuyée par les pouvoirs publics, est l'écho d'une demande de la maîtrise d'ouvrage, de son désir - ou de la nécessité économique où elle se trouve - de sortir de la répétition des solutions dominantes. Renouveler l'accès à la commande, le rendre possible pour de jeunes concepteurs, ces points ont fait l'unanimité dans tous les pays de I'EUROPAN. Autre point, en France, comme dans les autres pays d'Europe :il était important que les propositions des jeunes architectes soient actées par des jurys de notoriété nationale et internationale. Cette mise en perspective garantit leur
crédibilité, auprès du milieu professionnel comme des maîtres d'ouvrage. Le PAN, comme I'EUROPAN, se situe dans une position charnière : il prend part aux débats d'idées, il en témoigne et en est la caisse de résonance : il représente aussi un moyen institutionnel d'orientation des politiques de l'habitat. Il possède des effets concrets. M.-C. L. : Pour un maÎtre d'ouvrage, construire un EUROPAN - ce qui implique un jeune architecte et un programme nouveau - représente-t-il un risque ? O. V. : Je n'utiliserais pas ce terme, je lui préfère expérimentation. Les PAN ont permis à de jeunes architectes de construire leur première œuvre et nombre d'entre eux sont aujourd'hui reconnus. Le vrai risque est dans l'immobilisme, dans le refus d'évoluer. L'EURO-
PAN, comme avant lui le PAN, a le pouvoir de désigner une génération d'architectes récemment diplômés, de souligner leur compétence, leur aptitude à traiter des cas de figure difficiles, des configurations sociales complexes. M.-C. L. : Envisagez-vous une seconde session de I'EUROPA N ? D. V. : Bien sûr. Nous envisageons de la lancer à la fin de l'année. Nous travaillons en ce moment avec des architectes, des chercheurs et des maîtres d'ouvrage ainsi que des décideurs sur l'élaboration d'un thème. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'il abordera une autre facette de l'habiter, un autre type de relation à l'évolution des modes de vie, et des formes de villes... européennes. Propos recueillis par Marie-Christine LORIERS
UN PROGRAMME D'ARCHITECTURE NOUVELLE NÉ AU FIL DE L'EUROPE
odolp e, ie er, Anna, v ••• et les autres Pour lancer I'EUROPAN,Ie Plan Construction et Architecture a parcouru les routes d'Europe. Deux ans de préparation avec l' expérience du PAN et l'inconnue de cette ambition : lancer en 1989 des concours simultanés en Europe. Aujourd'hui, neuf pays ont répondu, 84 équipes ont été retenues. EUROPAN existe! Didier Rebois, chargé de la coordination européenne nous entrouvre ici son carnet de voyage. OICI venu pour EUROPA N le temps du succès. Dans chaque pays, catalogues, expositions. revues vont emboucher les trompettes de la renommée de cette première session. Quarante-cinq lauréats et trente-neuf mentionnés, tous jeunes architectes primés dans neuf pays européens, vont voir subite-
V
ment les projecteurs braqués sur eux ... avant d'avoir à affronter la dure (mais passionnante) réalité du passage des idées sur papier aux réalisations construites.
Et on aura raison ... A ces arguments, rien à ajouter ... si ce n'est apporter ici le regard subjectif d'un acteur immergé au quotidien dans l'organisation de cette<< machinerie >> architecturale européenne qu'est devenu EUROPAN et braquer un instant les projecteurs sur ses coulisses.
L'AIR DU TEMPS UN AIR D'EUROPE Le petit théâtre de I'EUROPAN se transforme aujourd'hui en une grande scène européenne où de jeunes talents vont avoir l' occasion de faire leurs preuves. Après les expositions nationales, une aventure s'ouvre à eux qui passe par Côme en 'Septembre, où ils rencontreront des maîtres d'ouvrage européens, et par Paris et le Centre Pompidou en décembre où le grand public pourra se familiariser avec leurs idées. Puis, pour le maximum d'entre eux, par des chantiers d'opérations de logements disséminés dans toute l'Europe. On tentera d'expliquer comment une idée un peu<< mégalo >>, élargir le PAN français à l'Europe, est devenue une réalité tangible. On dira que la<< conjoncture >>était fa-
UN W EI SENHOF CONTEM PORAIN ?
Juin 1988, lancement cl'EUROPAN au Centre Pompidou
vorable ; que l'Europe est dans l'air du temps ; que le thème choisi, l'évolution de l'habitat face aux transformations des modes de vie, pouvait rallier tout le monde ; que cette procédure de concours répondait à une forte demande de renouvellement du discours architectural, et qu'à l'échelle de neuf
pays, cela permettait d'obtenir un grand nombre de projets et d'idées nouvelles ; on dira aussi que les professionnels, maîtres d'ouvrage, élus, administrations, chercheurs, dans chaque pays, ont soutenu l'initiative parce qu'elle leur permet de se construire une image de marque européenne, etc.
Lorsqu'il y a deux ans, le Plan Construction et Architecture cherchait à mettre sur pied ce projet de concours européen, l'idée, séduisante, n'avait pas encore de réalité tangible. Un débat agitait les esprits : fallait-il réaliser un grand concours européen unique en proposant un site symbolique où tous les lauréats auraient pu ensuite réaliser des opérations d'habitat. renouveler, en somme, l'exemple prestigieux du Weissenhof des années trente ou celui, plus récent, de I'IBA à Berlin ? Ou bien fallaitil, dans un cadre commun, proposer à plusieurs pays d'organiser leur propre concours en créant une
fédération européenne ? Centralisme ou fédéralisme ? La question fut tranchée en faveur d'une fédération ; réalisme oblige :l'Europe se construit à petit pas conservant aux nations leur identité ; l'Europe de l'architecture aussi. Dès lors la tâche était claire : il fallait bâtir un réseau euro!Jéen de personnalités des milieux de l'architecture prêtes à s'embarquer dans l'aventure, convaincues que l'Europe de la culture était à bâtir et capables d'être des missionnaires chacun dans son pays pour dynamiser des professionnels, des institutions et ... des sponsors afin de mettre en place les structures nécessaires à la réalisation des concours. Un impératif, tenir la première réunion européenne le 1 5 décembre 1987 afin de lancer les concours six mois après. La pari relevait de l'utopie - trois mois pour construire un réseau européen - rendait le challenge passionnant. Devant l'impossibilité de faire le tour de l'Europe en si peu de temps, pour établir des contacts à l'étranger, on fit appel à des correspondants qu'on envoya en mission, architectes de nationalité étrangère travaillant en France
...
EUR(DPAM ..... pour la plupart, mais très au fait des dynamiques de leur pays dans le domaine de l'architecture. Ainsi, par leurs contacts personnels, Christina Conrad rallia la Styrie autrichienne, Siez Ramundt le ministère de la Culture hollandais, Charles Poisay la Ville de Madrid, Roger Perinjacquet des architectes de Lausanne et Zurich et Martin Meade tenta de convaincre le Ri ba anglais. D'autres « intermédiaires >>œuvrèrent pour qu'en Italie, en Suède et au Danemark, en Grèce, en Belgique et en Allemagne, des personnalités se mobilisent. Des dossiers furent envoyés aux quatre coins de l'Europe. La première étonnée fut la petite équipe française de I'EUROPAN qui avait commencé à tisser ce réseau quand, le 15 décembre 1987, dans la salle des séminaires de l'Institut Français d'Architecture aménagée pour l'occasion avec traduction simultanée, une cinquantaine de représentants de douze pays européens, en majorité architectes, engagèrent le débat autour de l'idée d'EUROPAN. Si la technique de la palabre (au sens africain et noble du terme) a prouvé son efficacité, ce fut bien au cours des trois premières réunions, espacées à peine d'un mois, qui permirent de se mettre d'accord sur une structure commune.
LES RÈGLES DU JEU Chaque pays créerait un comité national avec un secrétariat technique ; un comité européen prendrait les grandes décisions et la coordination européenne serait confiée à la France. Un seul thème - l'architecture du logement et l'évolution des modes de vie. Une forme - le concours, reprenant en grande partie le concept du PAN français en neuf concours d'idées simultanés obéissant aux même règles et au même calendrier, ouverts aux jeunes architectes de toute l'Europe, et suivis de réalisations confiées par des maîtres d'ouvrage aux lauréats. Les débats furent animés (ah ! le temps de discussion pour faire comprendre et obtenir que ne soient pas imposés des sites prédéfinis aux concurrents dans chaque pays !), le dialogue fut quelquefois jalonné de quiproquos linguistiques (les mots n'ont pas toujours le même sens dans tous les pays). Cependant la volonté d'aboutir à une procédure commune et l'expérience du PAN français, référence dont l'efficacité
ENTRETIEN AVEC HANS KOHLOFF
MODERNE AUTREMENT H
Avril 1989, délibérations du jury français
était reconnue par tout le monde, eurent raison des difficultés inéluctables pour se mettre d'accord sur des règles du jeu européennes que chaque pays doit respecter par la suite. Entre deux négociations, tous les représentants agissaient dans leur pays pour convaincre administrations et institutions de soutenir cette initiative mais aussi de la financer. En même temps, chacun bâtissait son comité national composé de maîtres d'ouvrage, d'architectes, de chercheurs et mettait en place un secrétariat technique chargé d'organiser le concours. Chaque pays désignait quatre représentants pour siéger dans un organisme européen, le comité européen, chargé de superviser la bonne marche du navire EUROPAN et de veiller au respect des règles par chaque pays.
UNE CULTURE PARTAGËE A Madrid, en mai 1988, neuf pays (car entre-temps, l'Angleterre, la Suède et le Danemark, pour des raisons financières, avaient abandonné la course en promettant de revenir lors d'une deuxième session) déléguèrent des représentants officiels pour signer la charte de I'EUROPAN où ils s'engageaient à organiser les concours mais aussi à aider les lauréats à construire. La partie était
pour une large part gagnée ! Cette première étape ne constituait que les prémisses d'un travail de coordination des pays entre eux pour régler les problèmes complexes d'organisation avant le lancement du concours et préparer le programme des manifestations européennes qui allaient jalonner cette première session : les rencontres de la Jeune Architecture, en octobre 1988 à Berlin; EUROPAN Forum en Italie, fin septembre 1989, l'exposition et le colloque européens sur les projets lauréats, à Beaubourg, en décembre 1989. Nous inventâmes alors une règle du jeu qui nous permit de joindre l'utile à l'agréable. Tous les deux mois, une réunion de coordination des neuf secrétariats nationaux et du secrétariat européen devait se tenir dans un pays différent. Ainsi, en quelques mois, nous fîmes le tour de l'Europe, Graz, Berlin, Milan, Athènes, Berne, Liège, Madrid, Rotterdam ... La réunion ayant toujours lieu un vendredi, le samedi fut consacré à des visites de réalisations d'habitat. Nous nous sommes constitués ainsi une culture européenne commune sur le thème même du concours. Mais si on me demandait ce qui constitue la part la plus riche de cette expérience de coordinateur du programme EUROPAN, je devrais sûrement répondre « avoir contribué à construire l'Europe de l'architecture>> ... De façon plus modeste je préférerais dire: m'être fait des amis véritables dans neuf
pays européens. Et l'un ne va pas l'autre. A chaque pays s'attache maintenant pour moi une « figure >>, le plus souvent un architecte. Nous avons appris à nous connaître, j'ai appris à découvrir que dans chaque région, des femmes et des hommes amoureux de l'architecture, immergés professionnellement dans leur territoire, avaient le souci d'aider les jeunes architectes à faire reconnaître leur talent à l'échelle européenne. Ainsi Rodolphe Luscher de Lausanne, Anna Pozzo de Rome, Marc Visser d'Amsterdam, Marc Berthet de Namur, Dieter Dreibholz de Graz, Antonio Velez de Madrid, Clod Zillich de Berlin, Evi Kaila d'Athènes et bien sûr Danièle Valabrègue de ... Paris et quelques autres ont investi du temps, de la passion, beaucoup d'énergie et de ténacité pour réaliser cette expérience innovante. Et si le débat vif, si les désaccords surgissent en réunion, cela se règle toujours, tard le soir, dans un bar ou un restaurant d'une ville accueillante quelque part en Europe ... C'est sans doute, avant tout, la solidité de ce réseau cosmopolite, mû par le même idéal européen, qui permet aujourd'hui qu'environ quatrevingt dix jeunes équipes d'architectes aient pu trouver l'occasion de réfléchir, concevoir, diffuser et bientôt ... construire - quelquefois hors de leurs frontières nationales - des architectures innovantes et européennes de l'habitat. Didier REBOIS
ans Ko hl off est membre du j\1ry d la session française de l'EUROPAN. Cet architecte berlinois de 43 ans a créé quelques bâtiments remarquables à Berlin, dont des logements face au château de Charlottenburg ; c'est un ardent défendeur de l'esprit << moderne >>. Il apprécie dans les projets de l'EUROPAN une attitude architecturale plus qu'une inspiration formelle puisée à la modernité. Et il s'étonne de la diversité de logements et de modes d'habiter qu'ont proposés les concurrents, ou plutôt qu'ils se sont eux-mêmes<< programmés >>. e << Les concurrents français ont posé un ensemble de questions intéressantes sur l'implantation, sur la typologie, sur la distribution des logements. Grâce à cela, la discussion entre les membres du jury a été passionnante. J'ai beaucoup admiré le talent graphique de ces jeunes architectes. Mais, à y regarder de plus près ... , il n'y a pas d'idées très fortes ni très nouvelles, plutôt un approfondissement. Et ce n'est pas une critique de ma part, en effet, le logement est un domaine où les choses évoluent lentement, où il y a des inerties considérables- sociales, culturelles, techniques, économiques. Après le grand bond du mouvement moderne, après ses errements et ses trahisons, on ne peut quand même pas attendre des architectes qu'ils réinventent le logement tous les deux ans, à chaque session du PAN ! Ce qui me surprend beaucoup, c'est la volonté de réalisme et de diversification de tous ces projets. Je garde l'image d'une quantité de logements tous différents, tous inventés avec un grand soin : pour répondre à des besoins et des modes de vie différents, et cela, à l'intérieur d'opérations parfois minuscules ... C'est remarquable, mais selon moi, c'est trop modeste, trop prudent, il n'y a pas de volonté forte. Pourquoi ne pas oser voir grand? J'ai du mal à être d'accord avec cette obession de la diversité. C'est pour souligner ces réserves que j'ai défendu des projets d'ambition théorique et d'échelle territoriale plus radicale, comme le projet<< A la manière de Corbu >>, ou la<< pièce rurale >>édifiée dans les campagnes de l'Ouest européen. << Ce concours déplace de manière très intéressante le débat sur le mouvement moderne et le situe en dehors du champ formel. A mon avis, le grand quiproquo de la modernité a été de voir l'architecture à travers une forme unique. Et sa plus grave erreur a été d'affirmer qu'il existe une cellule idéale pour une famille idéale. Plus personne n'y croit, bien sûr. Il n'empêche que j'ai trouvé tout à fait étonnante cette idée que l'on trouve dans la plupart des projets : penser que dans un seul petit immeuble, ou à l'extrême dans un seul appartement, on va trouver des solutions pour répondre à tous les types de demande, aujourd'hui et demain. Que penser de cette complexité, de cette analyse qui détaille, qui fragmente les usages ? L'EUROPAN pose cette question. << Pour moi, l'intérêt de la plupart des projets retenus ne réside pas dans leur forme architecturale. Ni même dans leur aptitude à détailler en terme de distribution et parfois même jusqu'en terme de mobilier, l'évolution de la notion de confort, de famille, de groupe ... mais dans le fait que ces jeunes architectes aient cherché des territoires inhabituels, se soient créé des programmes. Des idées fortes se cachent là, la polémique sur le logement s'exprime là. Il faut se demander pourquoi. >>
EUR0PAM
Espèces d'espaces • europeens ANS CE CONTEXTE nouveau les candidats modifient-ils leur approche ? Croisent-ils leur culture d'architectes français et de jeu nes urbains européens ? Et surtout , ce croisement est-il fécond ? Apporte-t-il des hypothèses et des perspectives nouvelles à ces débats somme toute« régionaux »que sont aujourd'hui les débats nationaux ?
D
MODES DE VIE, MODES DE VOIES La question première n'était pas posée explicitement, mais le nom même de l'appel d 'idées<< EUROPAN " se devait de mettre les candidats sur la voie, les situait dans un espace européen. A ce questionnement non dit , les réponses sont venues un peu par la bande, prenant ainsi d 'autant plus force de symptômes révélateurs. Il existe , sinon un espace européen cartésien, des lieux et des territoires plus chargés de sens que d'autres, desmodesde viequi ne renvoient plus au quartier ou à la ville, mais à une conurba1 tion de plus vaste étendue réglée par d'autres 1 lois, d'autres codes. 1 ~~ Beaucoup de candidats subissent l'attraction pour L~ un grand espace métropo~ litain . Ainsi, nombre de / i projets vont-ils s'accrocher par exemple à une gare, 111 vont-ilsrelotiruneemprise ferroviaire , inventent-ils une compagnie << Trans 1 l· Europe Logement •• qui 1 fait migrer les wagons habités au fil des voies. Cette alliance du wagon et de l' espace habitable est à interroger... Une certaine vision de la mobilité, sans doute, l'intuition que l'échelle du réseau ferroviaire donne une mesure juste de l'espace européen. (Serait-elle plus juste que celle de l'avion? Les cités-transitdei'EUROPAN ne s'adossent pas aux aéroports ... ) Cette vision est d'ailleurs réaliste , d'une certaine manière : qu'il s'agisse des vieilles emprises du réseau industriel ou des ZAC que l'on délimite autour des << aires •• du TGV, les terrains vagues du ferroviaire deviennent des enjeux fonciers majeurs pour l'Europe des villes. A Paris, ne programme-t-on pas la TGB, la Très Grande Bibliothèque (plus officiellement nommée la Bibliothèque de France) sur l'emprise des voies du quartier Tolbiac ? Certes les grands projets qui s'ancreront dans ces lieux sont plus consacrés au tertiaire et aux mégaéquipements qu'à l'habitat. Mais justement. Les candidats qui y projettent des logements ou, mieux, des programmes complexes activitéshabitat, n'apportent-ils pas une idée réellement intéressante, une vraie vision urbaine européenne moderne ? Alors que la plupart des centres d'affaires européens semblent être conçus comme des satellites sur le territoire, reconduisant et agravant le vieux zoning (avec d'ailleurs la caution des plus prestigieux architectes ... ), il est sain que les jeunes concepteurs se redonnent le but de
fabriquer, eux, de la ville, en replaçant l'habitat au cœur des zones à fort développement économique . Ils se font ainsi, par architecture interposée, programmateurs de l'avenir. Car cette perception -cette interrogation -d'un espace européen virtuel s'est traduite par un autre choix d'implantation, fortement symptomatique :l'immersion de la cellule vie dans le grand espace latifundiaire urbain, le tissu en expansion des villes de plus de cinq mil lions d' habitants. Peu de projets ont vou! u repenser à l'échelle d'un quartier, d 'un fragment urbain, d'unemaison deville
1
Du PAN à I'EUROPAN, une même génération de jeunes architectes s'est portée candidate, a conçu des projets, et l'on peut se poser la question : qu'y a-t-il de différent d'un concours à l'autre ? la dernière session du PAN avait fait pénétrer l'innovation dans l'espace du logement, prolongeant cette vocation désormais reconnue et avérée par J'usage : repérer et favoriser l'émergence de générations nouvelles d'architectes en leur donnant à la fois une tribune et une possibilité d'accès à la commande. Profitant de cette expérience, I'EUROPAN s'assigne de sortir des frontières. Il veut croître et multiplier. Il lui faudra mieux faire, aller plus loin ... Comment, pourquoi ? la réponse est peut-être contenue dans le changement du nom, dans le glissement du sens. l'espace s'élargit, incite les candidats à penser européen.
Une petite phrase musicale, qui balise pourtant une trajectoire fort intéressante par son pragmatisme et sa méfiance vis-à-vis des idéologies architecturales et des dogmatismes formels que le thème du logement porte toujours. En ne prenant du projet que les outils, et en définissant des programmes directement issus de l'observation des modes d'habiter l'urbain les plus réels, les plus contraignants parfois, les jeu-
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Il faut certes observer que le PAN 14 ou d'autres instances (par exemple les réalisations expérimentales et les recherches menées par le programme Conception et Usage de l'Habitat) avaient préparé le terrain. Décloisonnement parents-enfants, travail à la maison, espaces« mono-parentaux », cohabitants ... , ces réalités avaient déstabilisé le concept de logement, et les jeunes architectes y avaient déjà
coup de projets ont l'intelligence de vouloir gérer au mieux l'évolution d 'un espace - le logement -qui ne peut pas raisonnablement s' éclater en autant de cellules que d'individus. Le développement des libertés, et donc des trajectoires, de ce singulier individu européen fait l'objet d'une tentative de gestion pragmatique : on règle le passage intérieur du lieu de vie au cabinet de travail, on étudie une connection entre lieux d'habitat et flux de transport . Mais on ne passe plus obligatoirement par le cadre d'une communauté reconstituée ou expressément préservée, par la forme d'un îlot ou d'un quartier. L'urbain , en tant que forme historique, ne fascine plus. Il ne répond plus aux attentes des nomadistes.
LES VIES MODES D'EMPLOI Ces nomades, ces pionniers du mode de vie européen qui se profile dans les projets EURO PAN ne sont-ils pas les concepteurs euxmêmes ? Ces anticipations sur la place - ou plutôt sur le déplacement - de l'espace de vie ne seraient-elles pas avant tout des projections de la propre mobilité à venir de cette génération ? Comme le PAN le fit pour 1'espace de vie de l'habitat social, l'EU-
ROP AN est en train de dégager une tribune européenne de vastes proportions, plus prospective, et les architectes qui s'y trouvent pour la première fois découvrent et s' étonnent de ces mutations. Rien de surprenant à ce qu'ils ne les maîtrisent pas totalement, de manière réaliste. Et peut-être tant mieux ! Cette session est avant tout celle d'un certain défrichement :la métropole, le nomadisme, le décloisonnement et les espaces transitoires de l'Europe sont avant tout des symptômes, des préalables au projet. C'est leur repérage qui a incombé à cette première européanisation de l'appel d 'idées. Cette tâche n'était pas facile. Ils s'y sont appliqués. Cela expligue sans doute l'absence surprenante de dérapages vers l'utopie techniciste (on pouvait escompter plus de visions domotiques, plus de câblages ... ). Défricher n'estpas rêver, ou peut-être les concurrents, soucieux de commande, ont-ils préféré développer la tendance au réalisme de la génération ? Il incombera en tout cas à l'EUROP AN 2 de capitaliser ce travail de débroussaillage à mains nues en proposant aux candidats un programme plus resserré sur ces réalités du mode de vie européen que cette première session a mis au jour. Marie-Hélène CONTAL
RENCONTRE
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et autres célèbres standards conceptuels dont les fins connaisseurs des cuvées du PAN pouvaient chaque année surveiller la venue ou le mûrissement. A l'échelle de l'Europe, ces entités ont-elles paru aux candidats trop petites, trop pittoresques, trop françaises ? Ils leur ont préféré, visiblement, une Europe des TGV, des Très Grandes Villes, et les projets s'implantent alors au bord d'une voie rapide, dans une ZAC, ils enjambent les voies d'une gare, ou surplombent en tour ou en portique les sites emblématiques de Bordeaux ou de Paris. Mais pourtant, le projet qui nous a paru le plus" eurométropolitain •• se glisse dans une parcelle étroite, de 3,50 rn de large . Certes l'exemple développé sous l'intituléde << Parenthèses •• est situé à Paris, il pourrait être aussi ailleurs .. . Car son intensité fait tout pour augmenter encore, par contraste, la<< déterritorialisation • Les singuliers projets cellulaires de l'EUROPAN semblent vouloir nous dire que certains candidats ont voulu ici croiser l'enseignement bien français du projet de logement qu 'ils ont reçu, avec leur vraie expérience spatiale, vécue, de jeunes urbanisés européens. Citation : « Le logement Parenthèses a vu le jour dans une chambre de bonne étroite comme une virgule perdue dans le phrasé des toits de Paris .. . ••
nes architectes de I'EUROPAN ont peut-être trouvé la tribune où ils peuvent s'affirmer comme génération. C'est-à-dire formuler librement des hypothèses, et choisir pour le projet, dans le projet, son territoire. Et il n'est ni celui du logement socia] exemplaire de leurs aînés et de nos habitudes, ni celui du projet de quartier. Celui, peutêtre , d'un nouveau citoyen européen ?
NOMADISTANCES Qui dit «jeune urbanisé européen •• semble visiblement dire aussi nomade, si l'on scrute les projets dans le détail. Nomade, dans toutes les acceptions du terme géographique, familiale, sociale ... - ,l' habitant de nombreux projets ne fait que passer, quelques jours , quelques mois , quelques années peut-être, au fil de sa vie familiale ou professionnelle . La dernière session du PAN 14, quidemandaitaux candidats de réfléchir à l'influence des nouvelles configurations du groupe familial sur l'espace du logement a peut-être prédéterminé en ce sens les questions des candidats, et il faudra observer les projets rendus dans les autres pays pour savoir si l'errance est une réalité à ce point européenne. A l'opposé, paradoxalement, des projets« à géométrie variable ••s' interrogent sur la formation-déformation de la cellule familiale et maintiennent l'errance de l'individu dans les frontières << adaptables •• du logement.
travaillé. Une belle brèche avait été creusée dans les certitudes normalisées de la cellule type. Elle n'était pas passée inaperçue. Considérer ces mutations -l'éclatement de la famille, de l'espacee! des usages de l'habiter - comme des points positifs ne devait pas appeler une thérapeutique, mais déboucher sur de l'innovation. Il semble que l'EUROPAN ait libéré encore plus de possibles. Nous ne sommes en effet plus très loin, non seulement d'une vision positive, mais d'une célébration du nomadisme, tout du moins d'une redistribution des configurations territoriales et spatiales. Et cela, encore une fois, parce que c'est l'espace européen qui s'engouffre dans les programmes et porte les questions à une échelle nouvelle. Nomadisme, de l'implantation , d'abord, une hypothèse qui croise celle du tissu hypermétropolitain dont nous parlions plus haut : les candidats constatent que le zoning ordinaire dysfonctionne dans les dimensions nouvelles et moins matérielles du territoire européen. Ils rêvent... Avant, il y avait l'échelle parentale, 1' échelle familiale, le voisinage, le quartier. Et puis maintenant, voici les réseaux , voici la dimension « câblée planétaire ••, telle que la nomme un candidat pour qui cette abcisse nouvelle semble devoir être pensée en termes de mobilité. Dans ce paysage urbain prospectif, le vecteur privilégié de communication inter-métropolitain , ce sera peut-être ... le logement. C'est lui , donc , que l'on déplacera. Au bord d'une voie rapide, accroché à une grue mobile, ou même dans un train habitat. A l'Europe spatiale des villes se substitue, pour les candidats, une Europe sociale des individus. Beau-
Entretien avec Claude Zillich laude Zillich, architecte, membre du secrétariat allemand de I'EUROPAN, a pris part aux débats du jury de la session française comme observateur européen. Des 185 projets français, tout comme des actions qui ont accompagné la naissance de I'EUROPAN - les journées de la jeune architecture à Berlin en octobre 1986, la séance de travail des secrétariats nationaux à Gratz en avril 1989 -, Claude Zillich retient surtout le point fort d'une rencontre sans précédent. «Je n'avais que vaguement entendu parler du PAN, en Allemagne, reconnaît-il. Et j'avais du mal à comprendre comment un concours d'idées peut avoir une incidence concrète sur la production du logement. Comment est-il possible de passer d'un projet sans commande réelle, sur un site fictif, à une réalisation, ailleurs, autrement, tout en conservant les idées ... Mais cela, c'est l'expérience de votre PAN français ! Et j'ai constaté que I'EUROPAN a commencé par des rencontres qui se produisent trop rarement, entre maîtres d'ouvrage, décideurs politiques et architectes de plusieurs pays. Ils ont échangé leurs points de vue, ont débattu de manière active, conflictuelle parfois. Mais qu'importe ! « L'Europe qu'on attend en 1992 existe bien plus comme cela que par n'importe quel décret ou déclaration politique :l'Europe, c'est avant tout l'échange des idées et des compétences. Et dans les résultats, je vois un peu la même chose. Les projets français me paraissent d'un niveau excellent. Chacun pris un par un, bien sûr, mais surtout quand on les regarde tous à la fois. Et j'attends encore plus de la confrontation de tous les résultats. Pour les jeunes architectes, et pour nous, c'est l'occasion de changer notre regard, et nos habitudes de penser et de produire. » En Italie, au mois de septembre 1989 se rencontreront maîtres d'ouvrage et concepteurs ; à Paris au mois de décembre 1989 au Centre Pompidou, tous les lauréats d'Europe seront exposés. Verra-t-on là, comme l'attend Claude Zillich, les prémices d'une culture de l'habiter partagée par-delà les frontières ?
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EUR(DPAM au nom de la mobilité du logement renouent (mais sans en reprendre la dimension participationniste) avec les projets des années 70 où les gaines étaient disposées de ma· ni ère systématique afin d'autoriser toutes les partitions du logement. La justification de plancher, mur ou gaines spéciales au nom de la té· lématique est significative de sa dimension symbolique dans l'imaginaire contemporain, puisqu'une simple prise ou une plinthe remplace avantageusement tous les meubles, murs ou planchers proposés.
GÉOMÉTRIE VARIABLE
Termsse à N ant es N Garo , M Boixe!
ignifica tifs d l'air du te mp . des mode ou des mythes qui sous-tendent la pensée architecturale de la jeune généra· tion, quelques thème récurrents émergent du paysage offert par les réponses à l'Euro pan. C'est donc un regard panoramique que je propose de porter sur l'ensem· ble de la production, afin de mettre en valeur quelques idées et quelques concepts caractéristiques de cette session.
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MOBILITÉS EUROPÉENNES Rares furent les réflexions approfondies sur l'évolution des modes de vie et de leur impact sur les formes du logement. « Fenêtre sur cour», de Minazzoli et Chauvin, et Je projet de l'équipe Bastié, Bruguière, Fontaine et Vianne Lazare, tous deux mentionnés, sont des ex· ceptions qui se distinguent par la modestie, le réalisme et la pertinence de leur approche concernant l'évolution concrète du logement et de ses groupements. Nombreux furent, au contraire, les projets pour lesquels l'homme, nouveau nomade, fut réduit à sa tendance à l'instabilité profesionnelle et familiale ; les logements devant intégrer cette dimension. Plusieurs projets proposaient de disséminer sur le territoire européen des «noyaux durs • sur lesquels l'habitant en déplacement viendrait greffer son« module individuel ». Cette métaphore de<< l'homme escargot » trouva ses meilleures interprétations dans les projets ferroviaires, où l'élément mobile était le wagon, superpO'sé ou à guai d'un immeuble fixe. Plus subtile, plus crédible que les autres, intégrant d'autres problématiques,« Un logement peut en cacher un autre ,, - de Cremonini, Lauvergeat, Moget et Gaubert - était le meilleur projet de cette veine. Dans ce projet, quelques wagons symboles viennent se mêler à un habitat sédentaire implanté en frange ferroviaire. La métaphore du rail fut donc celle qui eut Je plus de succès (au détriment des<< mobil homes »trop américains et de l'avion inhabita-
INNOVATIONS: TENDANCES 89 r-.........
ble ?) pour symboliser la condition nouvelle de l'homme moderne :le déplacement.
1 Alphabet City L Mcrlini. Zurich
UN LÉGER DÉCALAGE Sans doute induits par un effet pervers de la demande d'innovation inhérente au concours, d'autres types de déplacements peuvent être constatés. D'ordre lexicologique d'abord. De la même manière que, lors de la politique des modèles, dans les années 50, ~'innovation réelle sur le logement fut souvent remplacée par une pro· lifération de dénominations<< gra· luites et trompeuses >> pour les espaces du logement (1), nombreux sont les projets présentés à l'EUROPAN qui ont fait appel à un foisonnement de termes, soit pour masquer certaines faiblesses, du projet, soit pour rehausser d'un vernis verbal une proposition peu innovante. Sans prétendre à l'exhaustivité, on peut citer :le<< laboratoire domestique » pour la cuisine, le << module privatif ,, ou <<composant fonctionnel mini· mum >>pour la chambre, la« zone ou le lieu social ,, pour le séjour, Je <<patio>> ou l'• espace de courtoisie »pour la courette intérieure, la « salle corporelle ,, pour la salle de bains . Il est vrai que, dans ce dernier cas, la nouvelle appellation s'accompagnait souvent d'une réelle transformation de l'espace, puisque, répondant en cela à certaines suggestions du texte de présenta· ti on rl~ 1' Europan .. la salle de hains est souvent devenue une grande pièce éclairée en façade. On peut néanmoins regretter que cette dis· position n'ait été plusieurs fois accompagnée d'un inquiétant renver· sement des valeurs, puisque cette valorisation du bain s'est parfois faite au détriment d'une autre pièce : la cuisine, une chambre, voire le séjour devenant aveugle à sa place! Un autre aspect de l'écart entre discours et réalité du projet présent dans un certain nombre de dossiers est celui de l'utilisation erronée de concepts pour justifier des dispo· sitions du projet. La référence aux << quatre éléments » afin de resacraliser le logement fut toujours profondément décevante. Les formes arabes eurent du succès puisqu'on fit appel à l'iwan moyen-oriental pour requalifier une loggia ou jardin d'hiver et à la médina pour illustrer un projet radical, et par ailleurs fort bien présenté, où séjour et chambres de maisons en bandes étaient séparés par un espace extérieur, non couvert et semi-public.
DES VALEURS DE L'INNOVATION On peut aussi observer que des valeurs d'innovation en rupture avec la réalité de la production semblent se dégager. Ainsi près de 40 o/o des logements présentés sont en duplex, et presque la moitié des immeubles sont desservis par des coursives extérieures (ce qui démontre que le mythe d'une convivialité des rencontres de palier est encore vivant). A travers ces choix s'affirment les convictions (revendiquées ou
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sous-jacentes) que la qualité spatiale du logement (double hauteur, demi-niveau) est une composante essentielle de l'amélioration du lo· gement, et que la réponse à laquestion des modes de vie nécessite une multiplicité d'accès que seule la coursive permet. Le projet<< Alter ego ,, de Musseau et Peltrault (lauréat) en est l'exemple le plus abouti dans sa systématique. Un autre« label innovation ,, ca· ractéristique de la fin des années 80 (qui domine désormais la cloison coulissante des décennies précédentes) est celui de la concentration des espaces humides en une bande étroite. Nouvelle version de la bande servante de Louis Kahn, elle revêt deux formes : la« bande active ,, en façade, issue des recher· ches d'Yves Lion et la bande cen· traie ou en pignon inspirée du <<Né· nausus >> de Jean Nouvel. La question de l'apport qualitatif de cette disposition dans le logement présenté est rarement soulevé. Seul un projet à Poitiers, proposant une bande active éclairée par des briques de verre sur une courette, était suffisamment cohérent pour avoir longtemps retenu l'attention du jury. Corrélativement à cette volonté de concentration fonctionnelle, on peut constater une ten· dance à l'hypertrophie et à la va· lorisation symbolique des réseaux qui ont été jusqu'à prendre la forme d'une gaine occupant un mur entier ou d'un plancher technique sur tout ou partie du logement. De telles dispositions prises
PARENTHÉSES LUDIQUES Je terminerais ce rapide inventaire critique en remarquant que l'unique projet lauréat à avoir fait l'unanimité du jury est le seul à s'être posé la question du plaisir et du fantasme de l'habiter. Cette « parenthèse »de l'équipe Rannou et Devin tranche par son humour sur l'univers de cette session plus riche en réflexions sur la nécessaire mobilité des « yuppies » informa· tisés, qu'en propos ludiques ou poétiques sur le logement. Optimiste malgré ses surfaces réduites, le logement minimal de ce projet est destiné à la réalisation d'un fantasme unique. Il était proche en cela d'un autre projet, trop ségrégationniste et monomaniaque pour être primé, mais qui suscita de nombreux commentaires : celui d'un immeuble sans escalier ni ascenseur, réservé aux alpinistes che· vronnés, dont toutes les façades, sur rue comme sur cour, sont pensées en termes de prisès, de mousquetons, de cheminées et de rappel. Une des leçons à tirer du travail et des choix du jury est sans doute que, pour l'emporter, un projet doit avant tout posséder une profonde cohérence interne et éviter tout écart entre discours et projet et entre qualité graphique et profondeur de réflexion.
Philippe DEHAN 1. Voir l'étude d'Alexander, Boulet,
Choay et Gresset, « Logement social et modélisation», Paris, Ardu, 1979.
ENTRETIEN AVEC AURELIO GALFETTI
TERRITOIRES urelioGalfelli, 54 ans, archi· tectc suiss de réputation in· tcrnalionale, construit aujourd' hu i un immeub le d e logemen ts à Paris, dans le douzième arrondissement. Il a construit de nombreux bâtiments dans le Tessin. Il est membre du jury de la Session France de l'EUROPAN. «J'ai compris avec cet EUROPAN que l'Europe se bâtit dans les congrès, dans les concours, dans les voyages ... Dans les rencontres et les échanges. En France, l'architecture est un domaine culturel actif, présent, engagé. Les politiques de développement des villes et celles de 1' Etat utilisent 1' architecture comme moyen de communication. Et les projets de I'EUROPAN, même si on ne les construit pas tels qu'ils sont, ne sont pas des projets de papier, ni des visions académi· gues de l'architecture. Ils sont vi· vants, ils sont situés, ils sont habi· tés, ils sont placés dans un temps qui avance. « Ce qui m'a touché, personnellement, dans les projets retenus, c'est que la modernité apparaît comme un projet que l'on peut continuer. Comme un élément de la culture architecturale, revisité , actualisé, parfois même critiqué ou
A
dénié. Peut-être y suis-je sensible parce que j'ai moi-même ces racines-là ... << Mais quels sont, dans ces projets, les éléments qui font bouger, qui transforment cette modernité une fois de plus ressuscitée ? Je dirai que c'est l'actuelle conscience, qui est parfois même l'angoisse, de la fragmentation grandissante de la ville, de la famille, des groupes de la société, de la coexistence de contraintes contradictoires. De la transformation profonde des terri· toires par les moyens de transport, par la mobilité. Tous les jeunes architectes de l'EURO PAN ont parlé de cela, de la diversité, de la complexité, de la transformation . Et ils 1'ont exprimé non pas avec des ima · ges pittoresques et vernaculaires, mais en choisissant cette particulière continuité moderne, non de façade, mais de substance ... « J'auraisaiméqu'ilssoientplus nombreux à voir de cette manière, mais à l'échelle de notre époque! En effet, je regrette que les projets se replient sur eux-mêmes et expriment une attention particulière à l'individu plus en tant que membre d'un groupe qu'en tant qu'occu· pant d'un territoire, dont euxmêmes paraissent pressentir bouleversements. >>
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EURG)PAM VOUS AVIEZ DIT EN VILLE?
Qui sont les lauréats et les mentionnés de la session France de I'EUROPAN? J.-F. Pousse, journaliste à la revue Techniques et Architecture, profile le dessin d'une génération d'architectes: la trentaine en moyenne, le plus jeune a vingt-cinq ans, masculinféminin, amoureux de l'écologie, ou bien défenseurs de l'industrialisation, curieux d'art, de société, de culture, réalistes et passionnés, pour certains à peine diplômés, mais professionnels déjà. Une équipe est espagnole, une autre a obtenu son diplôme à Tournai, en Belgique. Des itinéraires à suivre ...
~ Le PAN, progressivement, session après session était devenu un concours de formes urbaines : u Comment faire la ville avec la cellule ? " Aujourd'hui, avec I'EUROPAN, et ce depuis le PAN 14, les préoccupations sont revenues vers l'intérieur du logement, interrogeant sur ses pratiques, ses habitants et ses modes de vie. Et pourtant ... c'est aussi la ville qui change de visage .
(./)
Urbain, à Saint-Chamond l' Diaz, F le Bail
'UN PAN à l'autre, une préoccupation chasse l'autre sans que ne soit considérée une contituité, une complémentarité. Réfléchir sur le logement,. et celuici devient une abstraction, un élément hors contexte, non situé. Exit la ville et ses contraintes. Exit un possible projet urbain et la notion de durée. Exit le rapport entre ville et logement. A l'évidence, la forme urbaine n'était pas le problème essentiel pour les auteurs de cette session dei'EUROPAN. A peu d'exceptions près, que le projet soit situé ou non, en site urbain ou péri-urbain ou à la campagne, la tendance générale des propositions est à l'exceptionnel, avec une sorte de volonté d'affirmer une identité à travers la production d'objets « idéels >>. La période du discours sur la modestie de l'architecte et l'obligatoire consensus urbain de la production architecturale dans la ville semblent bien révolus. La volonté des jeunes architectes, à travers les propositions de ce dernier PAN, semble plutôt être d'intervenir sur des sites libres de toutes contraintes. A ce titre, les projets sont, le plus souvent des « objets >> plus ou moins subtils, qui gèrent quelques préoccupations, mais qui évitent de se confronter à un quelconque existant, ce dernier n'étant que peu ou pas décrit. Même en milieu urbain, la notion de rue ou d'îlot n'est pas évoqué, l'immeuble devenant lui-même un être « urbain >>, donc capable de résoudre toutes les hiérarchies.
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LE CHOI X DES TERRAINS Comme le rappelait Pierre Gangnet:" Etrearchitecte, c'est aussi
être capable de choisir son terrain. "Dans cette session de I'EUROPAN, la définition du territoire du logement semblait aussi importante que la préoccupation sur le logement lui-même. De ce désir d'autonomie urbaine et de production ponctuelle ou exceptionnelle de la majorité des candidats découle le plus souvent un choix de terrains plus appropriés à une mise en scène de l'architecture qu'au développement d'une véritable problématique
Sans vouloir faire absolument une classification des différentes propositions de cette session, on peut aisément à travers 1'ensemble des dix projets distingués mis en regard de leurs immédiats concurrents, déterminer trois regroupements : • l'intervention sur ou avec l'existant • les mises en situation • les projets manifestes
L'INTERVENTION SUR OU AVEC L'EXISTANT Paradoxalement, face à cette volonté collective des candidats de I'EUROPAN de se démarquer, trois des cinq projets lauréats sont des interventions relativement modestes et qui se confrontent à l'existant. Tout d'abord, le projet Parenthèses, de l'équipe Isabelle Devin et Catherine Rannou (lauréat), au contraire de toutes les propositions de I'EUROPAN, prend la ville pour support et n'existe que par elle. Situé sur une parcelle étroite de 3, 5 m, ce projet d'immeuble de treize logements-minimum est sans doute le plus urbain de tous, car il consomme la ville hors les murs de l'habiter, il utilise ses services comme compléments du logement :cinéma, restaurant, bar ... Un autre projet également situé sur une parcelle entre mitoyens, Alter Ego, projet de l'équipe Jean Musseau et Thierry Peltrault (lauréat), répond de façon tout à fait modeste à une situation urbaine particulière, par une volumétrie simple sans aucune analogie formelle et en s'inscrivant de façon évidente à l'angle de deux rues, bien en continuité du PAN 14. Enfin, le p~ojet de l'équipe Hélène Mouhot et Philippe Primard (lauréat) réhabilite une barre au Havre. L'adjonction de modules greffés transforme les logements tout en conservant l'identité de la barre, archétype moderne.
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Si les trois projets précédents faisaient exception, au contraire, les projets de cette deuxième ca(Suzt" pr~~c Il)
Héléne Mouhot et Philippe Primard participent, en 1980, au sein de l'UP 3, à un concours organisé par le CAUE des Yvelines, pour concevoir une école maternelle à Bennecourt. Sélectionné, le projet est finalement rejeté par le maire. Mais l'un et l'autre vont alors travailler souvent de concert. En 1982, ils son!lauréats des Albums de la Jeune Architecture. Et publiés l'année suivante. Philippe Primard, qui a suivi les cours d'Henri Gaudin et Olivier Girard, travaille alors chez Christian Hauvette, Georges Maurios et Christian Labbé, puis devient architecte contractuel de l'opération Ville Haute au Havre, puis gagne au sein de l'agence Bellefontaine, dans la même ville, un concours pour la création d'un lycée de mille élèves. Hélène Mouhot, diplômée dès novembre 1985, avec un projet de logements à Bagnolet présenté sous la direction d'Olivier Girard, travaille d'abord au Cabinet Soors, puis avec Benoît Julien, mais aussi chez Audren-Schlumberger, avant d'entrer chez Enfi-Design. Avec Philippe Primard et Donatis-Dubord, ils gagnent, en 1986, un concours pour une maison de retraite à Pantin, aujourd'hui en cours de réalisation.
II y a deux ans, à tout juste 28 ans, Jean-Patrice Calori s'installe à Grasse et crée, avec deux architectes MEC, une structure spécialisée, dans la programmation et l'urbanisme. Diplômé en 1985 de l'Ecole d' Architecture de Paris-Conflans, il est commissaire de l'exposition Henri Sauvage réalisée au sein de l'UP 4 et travaille aussi à celle d'Adolf Loos à l'Institut Français d'Architecture. Puis il participe à plusieurs concours, en particulier à celui du réaménagement des berges de la lagune d'Abidjan, avec l'agence lauréate Extérieur A. Puis encore à celui lancé par l'Assistance Publique pour la création de Lieux de fin de vie. Avec l'agence Jean-Louis Rechman, il travaille sur quarante logements au Cap d'Ail, puis réaménage un cabinet cardiologique à Nice en 1988. Architecte, Jean-Patrice Calori est aussi peintre.
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1
Jean-Patrice Calori DOUBLE MIXTE
30 ans
109, Les Hauts-de-Monaco 06630 La Turbie (France}
Isabelle Devin 27 ans Catherine Rannou zs PARENTHÈSES
ans
13, rue du Général-Bertrand 75007 Paris {France}
Hélène Mouhot 30 ans Philippe Primard 33 ans UNE RÉHABILITATION MODULÉE 1 15, élVenue Philippe-Augusle 75011 Paris (France}
Dominique Maret DOUBLE VIE
38 ans
40, rLJc de la Marne
LES MISES EN SITUATION
L'un et l'autre se sont connus à l'UP 3 de Versailles, où ils passent chacun leur diplôme.
62230 Oulreau {France}
Jean Musseau 33 Thierry Peltraut ALTER EGO 16, rue de Naples 75008 Paris {France)
ans
32 ans
Il leur faut aller aux Etats-Unis pour se rencontrer. Isabelle Devin et Catherine Rannou suivent alors au High Institute of Technology d'Atlanta le cours d'urbanisme du séminaire de John Hejduk. Puis elles rentrent en France. Et se retrouvent dans l'agence de Francis Soler où elles travaillent l'une depuis 1987, l'autre depuis 1988. Entre-temps, chacune a obtenu son diplôme. Catherine Rannou, qui a suivi les cours de Roland Schweitzer et de Francis Soler, passe le sien avec pour directeur Robert Prost, à l'Ecole d' Architecture de Paris-Tolbiac, en 1988. Sujet :un jardin climatique dans le parc de Bernard Tschumi. Isabelle Devin, pour sa part, le soutient à l'Ecole d'Architecture de Grenoble avec Henri Bontemto comme directeur d'études, en 1986. La Ca Mosto, un palais vénitien du Xlii' siècle qu'elle projette de transformer en habitation puis galerie commerciale en est le sujet. L'occasion d'un séjour de sept mois au bord de la lagune, grâce à l'obtention d'une bourse du gouvernement italien. Réunies chez Francis Soler, l'une et l'autre participent aux concours auxquels répond l'agence, en particulier celui de France-Japon. Des expériences partagées qui les conduisent naturellement à l'EUROPAN.
Dominique Maret, concourant seule à l'EUROPAN, vient de fonder l'agence Dédale, avec Pierre Gilbert et Drice Boufoud. Diplômée de l'Ecole Spéciale d'Architecture de Tournai en 1979, architecte DESL, sous la direction du professeur Dubuisson, elle suit aussi les cours de Françoise Choa y à Paris VIII, puis ceux du Centre d'Etudes et de Conservation du Patrimoine architeetural et urbain, à Louvain. Elle participe ensuite à de nombreux concours et projets, soit architecturaux, soit urbains, au sein de plusieurs agences :avec celle de Pierre Carrier et Pierre-Gilbert Accarain, à celui de l'Opéra-Bastille, puis pour Outil Concept, à celui d'un village de vacances à Akaba. A la suite de ses études sur la préservation du patrimoine, elle réalise une recherche sur les fortifications du XIX' siècle en Belgique, puis un plan d'action pour le patrimoine architectural de Saint-Louis du Sénégal.
Dépassant à peine la soixantaine à eux deux,
Jean Musseau et Thierry Peltrault sont architectes depuis déjà quelques années. Après avoir suivi les cours de Gérard Clade!, à l'UP 3 de Versailles, Jean Musseau présente son diplôme en 1986, avec pour sujet un ensemble de logements associé à un centre culturel et une salle de spectacles. De son côté, Thierry Peltraut obtient le sien à l'Ecole d'Architecture de Toulouse, en 1984. Parallèlement à ce cursus, il s'intéresse aussi au mobilier. Tant et si bien qu'une partie de ses créations est aujourd'hui en vente chez AvantScène, à Paris. C'est d'ailleurs sur le projet en cours d'une usine pour le menuisier fabricant des meubles Claudel, à Noyon, qu'il s'associe avel9 Jean Musseau, avant de participer ensemble à l'EUROPAN.
ITINÉRAIRE EN DIX ÉTAPES À TRAVERS LA SÉLECTION EUROPAN FRANCE 1989 ~
LES PROJETS LAURÉATS ET MENTIONNÉS Je, tu, il, nous, vous, elles et eux. Vue par les concurrents français de I'EUROPAN, l'architecture du logement est un sujet aux nombreux verbes : isoler, regrouper, singulariser, multiplier, voyager, demeurer. C'est un objet qui s'allie de nombreux compléments : une pièce de plus, ou de moins, une terrasse ou un huis clos. C'est l'adverbe de multiples lieux, par la porte ou la fenêtre, sur le canal, nulle part, ailleurs ou peut-être partout. Lauréats et mentionnés, les jeunes architectes de I'EUROPAN conjuguent le temps de l'habiter, aujourd'hui et un peu plus tard.
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DOUB LE VIE C i-contre : le logc.:m c m e n duplex C i-dessous : pri ncipe de d évd o ppcmc nl d'un to mplcxc urbain burea ux + logement s
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L'ÉGOCENTRISME familial fait place à l'éclatement, à la polycentralité du groupe. Ego et alter ego, l'individu et la tribu mu tante de cette fin de siècle ... Grandsenfants, grands-parents, mobilité, cohabi tation, divorce, temps et contretemps re structurent le mode d'habiter. En 2, 3, 4 ou 5 pièces, le logement est tou jours constitué par la multiplication d'une trame de base de 45 m 2 , traversante et jouissant, c'est là l'essentiel, d'une entrée autonome. Chaque trame comprend , de part et d'autre d'un plot-servant (réseau , salle de bains, équipement cuisine ... ), un espace privatif et un espace collectif modulables . La distribution se fait par coursive. L'en semble habité est complété par un '' silo >> regroupant des services et des activités ouvertes à tous. Une lecture du mode de vie à entrées multiples. •
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Jean-Patrice Calori
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6 logements 2/3 pièce s de 67 m2 , 6 studios bureaux de 25 m2 . Le lon g d'une voie rapide, Nice.
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Des logements côté cour, des bureaux côté autos . A la complexité structurelle de la ville répond la programmation « mixte » de ce petit immeuble.
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ETAGE COURANr
UNE VOLONTÉ de s'inscrire dans un environnement complexe de ville dense , une remise en cause de la dissociation habitat/ travail. Dans un petit immeuble riverain d'une voie rapide se groupent 61ogements et 6 bureaux. Le programme est restreint, certes, mais il est posé et traité avec une volonté de complexité, de densité. Les bureaux sont semi-autonomes par rapport aux logements, et décalés d'un deminiveau. Avec leur cuisine et leur salle de bains, ils sont habitables. Ils constituent un bloc isolé et isolant le long de la voie rapide . Les logements se distribuent au tour d 'un patio de 6 m de côté, et ouvrent sur un jardin en fond de parcelle. Ils comportent des espaces d'intimité, chambre et salle de bains côté jardin, et, côté patio, un séjour qui peut être élargi d'une alcôve, chambre provisoire. •
PA RE NTH ÈSES L'ic.J~t' d e fra g m cniCr lc.·s plaisirs de
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UNE RÉHABILITATION MODULÉE Hélène Mouhot Philippe Primard Réhabili tation d 'u ne bo rre dons le g rand ensemble de Fril euse-Aplemo nt, Le Havre .
2 Pièces +Modu l e duplex .
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Un module duplex en fa çade pour vivre en volume dans un grand ensemble.
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UN GRAND ENSEMBLE revisité en profond eur. La réhabilitation de cette barre des années 60, longue de 170 m, accepte la typologie d'implantation linéaire. Mais elle propose un mode de partition plus complexe : un module en duplex est ajouté à la façade , les appartements peuvent fonctionner sur deux niveaux, offrant une grande richesse d ' appropriation des volumes . Deux cages d'escalier communes sur trois sont supprimées, espace affecté à des perméabilités de niveau à niveau dans chaque appartement duplex . L'accès se fait par des coursives extérieures créées un niveau sur deux . La répétitivité de la « cellule >> 3 pièces , le systématisme de son empilement par « cages >>d'escalier, sont rompus au profit de la diversité des logements (2, 3 et 4 pièces) et surtout de la vi sion en volume . •
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FENÊTRE SUR COUR
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Christophe Chauvin Isabelle Mina.z.zoli 43 logements du 5 pièces au studio, garderie, commerces. Ville nouvelle de Morne-la-Vallée.
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SE LAVER
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De l'intime au convivial, de la solitude à lo petite foule. Une volonté de réponse exhaustive à un large éventail de configurations familiales. DES APPARTEMENTS pour grandes et petites familles, pour couples ou célibataires, pour cohabitants ... voici un des a priori programmatiques de cet immeuble de 43 logements qui s'attache à réconcilier individualisme et convivialité. La question du logement est traquée dans des plans minutieusement diversifiés qui fonctionnent selon le principe de gradation et de morcellement de l'espace , du collectif au groupe familial, à l'individu . Un catalogue de solutions est proposé : grandes chambres de 16 m 2 , divisibles jour/nuit, salle de bains prolongée en façade par une zone corporelle, séjour de 14 m 2 , agrandi par un coin repas et une serre familiale, cuisine dédoublée, d'une part fermée, de l'autre ouverte sur le séjour, entrée-bibliothèque équipée d'un bloc câblé, coursives, cour. La construction utilise des éléments de
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second-œuvre et de façade métalliques industrialisés.
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FENÊTRE SUR COUR L'immeuble, conjugaison de logement s , loggias, tc:rrases , passages
PARENTHÈSE Isabelle Devin Catherine Rannou l 2 logements de 16 m2 sur une parcelle de 3,50 m de large en ville, à Paris .
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* Scénario extrême pour parcelle minimum : 12 « chambres en ville » sur un terrain de 3,50 m de large.
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UN ESPACE D'ESPRIT
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Le Corbu sier revisité et industrialisé
ENTRE PARENTHÈSES, entre mitoyens, entre autres, entre nous ... Exactement situé entre réalisme et symbolisme, ce projet minuscule est un grand geste : sur une étroite parcelle- 3,50 rn de large, 45 m 2 de surface - un pylône de 4 poteaux métalliques supporte 12 studios de 1 6 m 2 . A raison de 2 par étage, ces << chambres en ville >> sont desservies par un ascenseur central et un escalier métallique. Surface minimum. En fait, il ne s'agit pas vraiment de studios mais d'espaces de vie, eux aussi, entre parenthèses . Dés lieux de passage, des points de fixation . Avec la collaboration d'un romancier, les architectes ont pris plaisir à simuler des fragments de vie dans chacun d'entre eux, et à en esquisser l'aménagement. Manger, travailler, dormir, se laver, se parer, zapper ... chacun exacerbe une, et une seule, des fonctions vitales de l'habiter. Cette quête emblématique d'un maximum possible sur une parcelle minimum banale est un hommage à la ville et à la vie . •
MENTIONNÉ
LE LOGEMENT, UN ESPACE D'ESPRIT Arauio Arn1ero Ra ~non Seco Fernande.z Enrique (Espagne} Unité d'habitation pour l 500 personnes. 60 000 m2 . 288 duplex de 90 m2 pour 2 à 6 personnes . Commerces, sports, culture. Lieu : partout ...
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Le Corbusier est ressuscité et la Cité radieuse re visitée. Le singulier Plan Idéal est multiplié par 300. DANS UN'' A la manière de .. . >>dont Le Corbusier est l'unique inspiration , voici un étendard arborant les grands thèmes modernes : le modèle reproductible, l'industrialisation de masse, la quête de standards universels pour un homme universel. Ce gratte-ciel pour 1 500 habitants est un sous-multiple de ville. Dans le socle,
4 niveaux de parking, un hall monumental, un centre commercial. Puis 12 niveaux de « maisons-duplex >> avec loggia desservies par 6 niveaux de coursives extérieures. Enfin, aux 4 derniers niveaux culminant à 140 rn, piscine, crèche, squash, auditorium. Soleil, hygiène, raison. Les duplex ont tous le même plan, avec une va-
riante d'accès haut ou bas. Cuisine et salle de bains sont des blocs-standard. Les cloisons mobiles divisent l'espace pour mul tiplier les occupants. La méga-structure métallique porte les blocs-maison euxmêmes accueillant les blocs-équipement. Tours et détours de la culture architecturale... •
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Une hasli<k <k 90 m <k <.Üt(, olt l'on \'il dan:-; un plan breton , le truste!. IIIO(krniste
MENTIONNÉ
PLAN CONCERTÉ Vincent Bastié Aude Bruguière Hubert Fontaine 48 logements dont 24 à nivea ux décalés et 12 à surface et usage variables dans le temps. Pantin.
MENTIONNÉ
PIÈCE RURALE A L'OUEST EUROPÉEN G rég oire Bigni er Nicol as Desnaaz i ères Anouk L egen dre 90 logements de
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Des niveaux décalés en bas ou en haut, une pièce de moins, un volume de plus, pour que les groupes familia ux évoluent dans le temps.
3, 4 et 5 pièces.
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En Bretagne, Cornouailles o u Devonshire, un carré décisif à atterri pour lutte r contre le grignotage pavillonnaire. ÉTONNANTE propos1t10n ruralomoderniste, présentée comme une alternative au mitage du paysage de l'Ouest européen par la prolifération pavillonnaire . En un carré de 80 m de côté, autour d'une cour intérieure qu'un portique ouvre largement sur la campagne, 88 logements voi-
sinent sur 3 niveaux . Chaque logement, sur un seul niveau , reprend en plus ou moins grand le modèle traditionnel du << truste! breton » - un grand espace modula ble adossé à des alvéoles. Vers l'extérieur, une loggia ou un jardin privatif. Une volonté de formes simples, une écriture moderniste font de cet artéfact idéalement atterri dans un territoire vierge , un surprenant croisement du régionalisme et de la modernité, une mise au carré de l'habitat intermédiaire. •
PLAN CONCERTÉ Utw dt·s lonjugaisons possibles dt• ll: plan sou pk , <.:n su rfa< t: t·t en \'olumc
LE LONG du canal de l'Ourcq à Pantin, une variation élégante et intimiste de l'immeuble villa, en ville. Cet immeuble bas, à redans, est aéré de terrasses privatives et collectives qui donnent accès à 2 ou 3 logements . On y découvre un travail sur le plan ou plutôt sur le volume habitable,
sur les niveaux décalés, qui permet de qualifier et de modifier les espaces de vie. 24 volumes << capables >> de 77 m 2 vien nent agrandir 24 autres logements de base . Ainsi le logement évolue avec la famille au fil du temps. Ou bien au fil de la mutation des goûts : la cuisine se scinde en deux, ouvre sur le séjour pour restauration rapide et micro-onde, se replie pour la confection des saveurs odorantes, la salle de bains prolonge la pièce principale, un volume-logement autonome peut être adjoint ou séparé . •
MENTIONNÉ
UN LOGEMENT PEUT EN CACHER UN AUTRE Pietro Crenao n ini Anne G aub ert Catherine L a uverg e a t Pierre- Francois M oget · Résidence sédentai res no ma des. 28 logements par immeuble, accuei l d e w agons aménagés, gare des Batig nolles, Paris.
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Sur les voies européennes, un wagon habité fait halte, quelque te mps, quelques mois . Séden taires e t nomades mêlent le urs itinéraires . PROJET , manifeste bien sûr, d'une hypothétique " Trans Europe Société >> , mais traité avec virtuosité et cohérence . Un immeuble sur pilotis situé dans une zone ferroviaire accueille en son rez-de chaussée des wagons habitables . Elégance de la silhouette, un double plot urbain. Recherche sur l'espace habitable, tant dans la résidence pour durée longue ou moyenne que dans les wagons . Un dispositif de parois coulissantes permet de faire varier les pratiques de l'habiter, de l'intimité à la sociabilité de groupe. Un projet qui gère avec brio des stratégies sociospaciales diversifiées et élargit les symboliques de l'usage au thème du voyage, de la mobilité des Européens de demain. D ' une nouvelle géographie de l'habité. •
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1 Enrique Seco Fernandez comme Ramon Arauio Armero sont diplômés de la Escuela tecnica superior de Arquitectura de Madrid. Le premier en 1982, le second, plus tôt encore, en 1980. Depuis, l'un et l'autre ensei· gnent la construction à l'Université de Madrid. D'ailleurs, la plupart de leurs projets et réalisations concernent des maisons et des espaces publies pour lesquels ils développent une réflexion sur des sytèmes constructifs, ou des modules réitérables. Ainsi, en 1987, ont-ils réalisé dans cette optique un équipement public, à Fuencarral, dans la banlieue madrilène. En 1986 paraît en espagnol leur premier livre, édité par l'Université de Madrid, La Maison en série. Enfin, cette année, en collaboration avec le Conseil supérieur scientifique d'investigation, ils viennent de publier un deuxième ouvrage sur
L'Industrie et l'architecture.
L'architecture et la passion du First Class, un bateau de régates, les a réunis. Seuls ou à deux, mais jamais à trois avant l'EUROPAN, ils ont suivi leurs voies, parfois parallèles. Aude Bruguière et Vincent Bastie se sont connusàl'UP 1 de Paris-Villemin. C'est là qu'ils obtiennent ensemble leur diplôme, en 1986, en concevant un lycée d'enseignement professionnel d'art, à Paris. L'année suivante, 11s se manent. Auparavant, Aude l::lrugmère a fait l'école des Beaux-Arts de Paris, section dessin, puis un Institut d'Etudes théâtrales à Paris III-la Sorbonne. Comme étudiante, elle travaille aussi pour les agences de Rémi Butler et de ses professeurs Valentin Fabre et Jean Perrottet. Pour sa part, Vincent Bastie entre chez Nicole et Michel Autheman dès 1982 et y reste jusqu'en 1988. Réunis, l'un et l'autre réalisent plusieurs réaménagements et extensions de maisons particulières, celle d'Erik Orsenna, le dernier prix Goncourt, à Jouy-en-Josas, par exemple, ou encore celle de Jérôme Clément, à Clamart. De son côté, Hubert Fontaine, diplômé en 1985 à l'UP 2 de Paris-Nanterre, entre en 1984 dans l'agence Graal, spécialisée dans la conception de voiliers, puis, en 1987, dans l'agence Rémi Butler avec lequel il participe au concours gagné du Lycée des Biotechnologies du Futur à Nancy. En association avec l'agence A+D, il conçoit actuellement une école de dix-huit classes et un centre de loisirs à Cergy-Pontoise. Entre-temps, il a travaillé chez Autheman, comme Vincent Bastie. La passion des régates aidant, les trois architectes se retrouvent alors et concourent ensemble pour l'EUROPAN.
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Actuellement chacun d'entre eux soit a une activité chez un architecte. soit parachève des études. Nicolas Desmazières fait partie de l'agence d'H. Gaudin et Anouk Legendre de celle de Céria et Coupe!, dans le même temps, elle prépare un CEA sur l'architecture du paysage. Quant à Grègoire Bignier, il achève un mastère d'Ingénierie du bâtiment à l'Ecole des Ponts-et-Chaussées. Récemment diplômés de l'Ecole d'Architecture de Paris-La Villette, respectivement en 1987 et 1988, Nicolas Desmazières, Anouk Legendre et Grégoire Bignier, diplômé en 1987 de l'Ecole de Paris-Belleville, se sont réunis pour des sympathies et des choix communs : un même intérêt pour le logement dans son environnement spécifique et puis aussi l'écologie.
(Suite de la page 6)
Isabelle Minazzoli et Christophe Chauvin se rencontrent à l' UP 7 et s'inscrivent ensuite chacun de son côté, l'une à l'Ecole d'Architecture de Paris-Belleville, où elle aura Henri Ciriani comme professeur durant ses trois dernières années d'étude, l'autre àl'UP 1, où il suit l'enseignement d' Aymeric Zubléna, puis passe son diplôme avec Denis Valade comme directeur d'études. Après l'Ecole d'Architecture, Isabelle Minazzoli projette et réalise plusieurs aménagements de maisons individuelles :ainsi en 1986, une villa de vacances pour des amis en Crète, près de Chania, l'année suivante, deux rénovations d' appartement, à Paris, et en 1988, la recomposition d'une grange de 300m2 en Vendée. Par ailleurs, par goût, elle exécute, à la demande, des travaux de perspective. Cette année, un urbaniste, JeanFrançois Revert, vient de lui confier un projet de logements et de bureaux (1 700m 2 ) à Sucyen-Brie. De son côté, Christophe Chauvin travaille très tôt, dès 1983etjusqu'en 1988, sous la direction de Denis Laming, sur les premiers projets du Futuroscope de Poitiers. Entre-temps, il participe à des concours comme celui de Murale, pour la réhabilitation de trois prisons à Florence. Actuellement, il suit une formation de conception assistée par ordinateur.
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Le concours de l'EUROPAN représente
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pour Catherine Lauver,eat. Anne Gaubert, Pierre•Fran,ols Moget cl Pietro Cremonini, l'occasion de sc réuni r entre connaissances de longue date. En fait, chacun de son côté a rencontré l'un ou l'autre, mais ils se retrouvent ensemble pour la première fois. Anne Gaubert et Pierre-François Moget se connaissent à l'UP 1 de Paris-Villemin puis, leurs diplômes obtenus respectivement en 1988 et 1985, ils participent à plusieurs concours, en particulier une salle des fêtes à Chatou, près de Paris. De leur côté, Catherine Lauvergeat et Pietro Cremonini se rencontrent au sein de l'agence JeanPierre Buffi et participent au concours lancé pour la conception de logements Porte de La Villette. Puis François Moget et Pietro Cremonini se réunissent pour présenter leP AN Bureau, en 1987. Les uns et les autres ont participé à divers projets et travaillé dans plusieurs agences. François Moget à l' AUA, mais aussi chez Bertrand Bonnier et Francis Soler, avant d'être lauréat, avec Georges Loiseau, de la Ville de Créteil et de concevoir 119logements PLA. Anne Gaubert, de son côté, après son diplôme centré sur un projet de maison individuelle pour personnes âgées, sous la direction de Jacques Boulet, entreprend une recherche sur les maisons à patio, exposée par le CAUE des Pyrénées-Orientales, à Perpignan. Pietro Cremonini, pour sa part, après des études dirigées par Anselmo Anselmi, Paul Virilio et Philippe Dubois, devient chargé de projet dans l'agence de ce dernier. Après avoir œuvré sur la réhabilitation et la conception de plusieurs musées, comme celui des Beaux-Arts à Caen et le musée Calvel en Avignon, il réalise, avec François Pin et Jean-Claude Pouyet, le siège social de Christian Dior, à Paris. Catherine Lauvergeat, enfin, primée au PAN 14 et lauréate des Albums de la Jeune Architecture avec Thierry Nabères, réalise une maison de ville à Suresnes et un restaurant avec Isabelle Poulain, baptisé S' estin, aux Halles, à Paris.
Ramon Araujo Arrnero 32 ans Enrique Seco Fernandez 34 am LE LOGEMENT: ESPACE D'ESPRIT Paseo del Rey 28008 Madrid {Espagne}
Vincent Bastié 27 ans Aude Bruguière 25 ans Hubert Fontaine 29 ans PLAN CONCERTÉ 57, rue de la Fontaine 75016 Paris (France)
Grégroire Bignier 27 ans Nicolas Desrnazières 27 Anouk Legendre 28 ans
ans
PIÈCE RURALE 26, rue Cadet 75009 Paris {France}
Christophe Chauvin 30 ans Isabelle Minazzoli 29 ans FENÊTRE SUR COUR 68, rue de la Folie-Méricourt 75001 Paris {France}
Pietro Crernonini 26 ans Anne Gaubert 32 ans Catherine Lauvergeat 34 ans Pierre-François Moget 33 ans UN LOGEMENT PEUT EN CACHER UN AUTRE 7, rue Suger 75006 Paris (France}
tégories sont les plus nombreux. Ceux-ci se caractérisent par un choix tout à fait particulier : trouver de nouveaux sols. Ces terrains seront les emprises SNCF, les bordures de canaux ou berges de fleuves, limites de parcs ou d'espaces urbains, terre-plein de boulevards ... Tous ces projets offrent leurs quatre façades sur un espace dégagé avec pour unique justification la mise en scène de l'architecture, excepté deux projets, dont lapertinence urbaine paraît plus vraisemblable. Tout d'abord, celui de JeanPatrice Calori (lauréat). Situé en bordure de voie rapide à Nice, il abrite les logements des nuisances sonores par le tampon que forme une épaisseur de bureaux tournés vers la rue. Ensuite, le projet de Christophe Chauvin - Isabelle Minazzoli (mentionné), situé en ville nouvelle, s'inscrit dans le plan de masse de la ZAC. La bâtiment ferme une place, et crée une subtile hiérarchie dans la progression du public au privé. Des autres projets de ce regroupement, trois thèmes principaux ressortent. Le premier est la volonté d'utiliser la SNCF et ses importantes emprises de voies. Le projet de Pietro Cremonini, Catherine Lauvergeat et Anne Gaubert (mentionné) est sans doute la meilleure illustration de ce thème, proposant des immeubles en tête de voies qui peuvent recevoir à leur niveau inférieur des wagons-appartements. Un projet non retenu proposait d'enjamber les voies de la gare de l'Est à Paris, d'un immeuble pont afin d'utiliser ces grandes zones libres· tout en les préservant. Le second thème très prisé a été le rapport à l'eau par l'appropriation des berges de canaux ou de fleuves. Le projet de Vincent Bastié, Aude Bruguière et Hubert Fontaine a été mentionné pour sa proposition d'immeubles plots à terrasses le long du canal de l'Ourcq, mais à l'évidence, d'autres projets moins chanceux étaient tout aussi intéressants de ce point de vue. Sans les nommer tous, on peut remarquer le très beau projet de Tarek Sabry et Claude Verbaere qui occupe les berges de la Seine face au ministère des Finances par l'utilisation de plots-maisons qui prennent pied dans l'eau. Ce projet montrait une grande habileté dans la relation de ces logements distribués par une série de coursives. Ou encore, le projet de Nicole Garo et Marc Boixe! qui propose une série de tours faisant front sur la Loire à Nantes, et reliées par une barre basse, hiérarchisant les différentes typologies de façon assez habile. Enfin, le thème urbain du rapport qui existe entre architecte et parc a toujours son lot d'adeptes chez les architectes, préoccupations le plus souvent douloureusement abouties. Le projet de Dominique Maret (lauréat) illustre assez bien ce thème. Situé dans la ZAC des gares à Lille, le terrain possède une grande partie d'espaces verts. Le projet s'inscrit de façon fort intéressante dans l'organisation d'un futur parc, par ses dispositions et les accroches au sol des différents bâtiments, qui deviennent euxmême éléments structurants de la composition générale. Moins habile, mais tout aussi sympathique dans l'image qu'évoque ce type de projet, une propo-
sition de l'équipe qui reconstruit un front bâti de quatre barres, tourné vers le parc Palmer à Bordeaux, en remplacement de tours détruites.
LES PROJETS M ANIFESTES Cette sélection de projets, qui révèle le bon niveau général de cette session, montre en réalité une moyenne, sorte de panorama de ce que peut être J'architecture aujourd'hui. Peu de révolu"tion ou d'innovation, on pouvait l'attendre -le renouveau à deux ans d'intervalle sur un même thème tiendrait du miracle - mais surtout un sentiment de déjà vu, sorte de réécriture. Hans Kohloff faisait remarquer lors des délibérations, que Je rôle du jury, " au-delà du pragmatisme, est aussi de donner des signaux " qui peuvent stimuler de nouvelles idées. Il est vrai que le PAN n'est pas seulement une institution qui récompense la << belle » architecture :il est avanttout un concours d'idées et un révélateur de tendances qui peuvent ouvrir le débat sur l'architecture. A ce titre, trois projets se démarquent de la moyenne, tant par leur position dogmatique que par une certaine nostalgie moderniste .. Le plus controversé fut sans doute celui de l'équipe espagnole, un à la manière de Le Corbusier, proposant un immeuble cruciforme de 1 500 habitants, reprenant textuellement les propos, les typologies et même le graphisme de Le Corbusier. On ne peut rester indifférent à ce type de projet ; mais au-delà du formalisme et de cette terrible notion << d'homme universel », ce projet ouvre à nouveau le champ possible des grands immeubles collectifs et pose la question de la série et de l'industrialisation. Le projet << Pièce rurale » a lui aussi provoqué un vif débat opposant Je réalisme à J'aspect manifeste de cette proposition. Il est vrai que, comme alternative à la maison individuelle, proposer une sorte de bastide de 90 logements autour d'une vaste cour carrée semble être une caricature. Même si P. A. Crozet voit dans ce projet « le fondement d'un nouveau type "• il me paraît préférable de ne retenir de cette proposition que son aspect formel assez provocateur. Au contraire des deux précédents projets, la proposition de Heinz et Lang, beaucoup plus réaliste, est un projet situé à la croisée de différents urbanismes. Cette pièce urbaine, par l'utilisation des différentes typologies (tour, immeuble gradin, immeuble gradin, immeuble bas) réordonne J'ensemble d'un quartier. Mais c'est avant tout une formidable réhabilitation des années 60 qui met fin au tabou des tours et de la ville verticale. Si à travers la lecture des projets de cette session de J'EUROPAN, on peut lire le retour d'un certain espoir et d'un optimisme des jeunes générations d'architectes face à la production, on doit voir aussi un franc retour à la mégalomanie de l'architecte. La pléthore d' apprentis sorciers dans ce domaine laisse augurer des années à venir assez chahutées pour l'architecture et J'urbanisme. Reynald EUGÈNE
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Soi et les autres Qui vit derrière ces murs en projet ? Psychologue, enseignante à I'UP d'Architecture de Paris-Villemin, Monique Eleb-Vidal s'était penchée, l'an passé, avec une équipe de chercheurs sur les résultats du PAN 14, cc Le Logement en questions ,,, Elle a signé avec Anne-Marie Châtelet et Thierry Mandoul cc Penser l'habiter ,, aux éditions Mardaga. Pour cette première session de I'EUROPAN, elle pose une question indiscrète : Qui sont les habitants de ces logements ? Les concurrents ne dessinent-ils pas avant tout, sur leurs plans, une silhouette animée, un cc modulor n multiforme et mutant qui offre à l'habitat l'échelle diversifiée du geste de l'habiter ?
A STRUCTU RE de relations fami · lia les el interindividuelles d' une so· ci été s 'inscrit dans le plan des habi· talions qu 'e lle produit. Quelle e t celle que l'on peul lire à travers les résultats de ce concours? D'autre part quel type d'individu se profile dans ces projets ? Les discours des candidats montrent l'importance de l'ambiance chaleureuse, des émotions et des sentiments partagés. En même temps, l'insistance est mise sur le choix laissé à l'individu de passer d'un lieu défini aux qualités précises à un autre, aux qualités opposées mais recherché pour cela même. En ce qui concerne les choix relationnels, le même type d'attitude est sous-jacent. Les individus sont décrits comme recherchant des expériences contrastées si ce n'est contradictoires. Il semble que le jeu avec les différentes définitions de soi-même, en ce qui concerne les statuts, les rôles, les goûts, etc., soit privilégié. Cependant, selon les projets, des différences idéologiques apparaissent.
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'J'rois positions Des spafialifés
ntulfiples Quand la personne est perçue comme moins importante que le groupe, il est banal que l'on agrandisse les lieux de la vie communautaire et que l'on prévoie de petites cellules pour chaque individu. C'est en général le fondement, souvent implicite, des projets utopiques. Deux propositions, apparemment très éloignées l'une de l'autre, illustrent cette idéologie communautaire. L'espace commun très peu cloisonné et à surface constante du projet à la
Plan concerté t:n triple volumt· V Bastié, A Bruguière, H Fonlainc, ml'ntionnés
Fenêtre sur cour, le corps au soleil.
manière de Le Corbusier, de Fernandez Seco et Auraujo Armera, auquel ils associent autant de chambres qu'il y a d'individus dans la famille, est fondé sur la même idéologie que celle du projet « Pièce rurale » qui ouvre sur un << grand espace de séjour modulable >>autant d'alcôves qu'il y a de personnes. C'est pourtant dans un cas le stéréotype du logement<< moderne >> qui est retenu et dans l'autre un modèle rural revisité. Certains projets tentent de résoudre la contradiction entre dominance du groupe et exigences individuelles. Une volonté d'équilibre entre la prise en compte de l'individualisme et le rapport à l'autre fonde alors les propositions. L'équipe d'Hélène Mouhot, avec<< Réhabilitation modulée >>, souligne cette dualité, à propos d'une réhabilitation, et conçoit<< l'appartement modulé comme solution aux désirs antinomiques d'individualisme et de sociabilité ... >>.
Ils créent, à partir d'un<< module-greffe >>, des types d'appartements communautaires et familiaux, mais aussi des logements pour célibataires, couples sans enfants, personnes dépendantes, ou personnes désirant travailler chez elles. Minazzoli et Chauvin, dans le projet<< Fenêtre sur cour >>,partant d'une réflexion sociale, soulignent que la famille est en même temps le lieu << d'une inflation individualiste et d'une forte interdépendance économique, culturelle et sociale >>et conçoivent des habitations très hiérarchisées, adaptées à des situations sociales et à des classes d'âge différentes. Leur chambre, agrandie d'un coin salon ou bureau, liée à la salle de bains, et leurs espaces partagés, très bien distingués et spécifiquement traités, visent à favoriser l'individu mais aussi à créer des rapports harmonieux dans le groupe. Ils refusent explicitement le duplex <<avec vide sur l'espace centralisateur du séjour >>qui leur semble << correspondre à une image trop grandiloquente de l'institution familiale >>. Certains, comme l'équipe de Bastié(<< Plan concerté>>), semblent au contraire craindre l'isolement de la personne. Leurs chambres surplombent le séjour et ne sont pas vraiment fermées ni fermables. Enfin, certains, moins nombreux, défendent d'abord l'individu et son <<quant à soi >>. Dans ce cas, l'espace privé peut être plus grand que l'espace public de l'habitation. Musseau et Peltrault, sous le titre<< Alter Ego>>, divisent l'espace en<< territoire de>> l'autonomie>> (29,3 m 2 ) et<< territoire de la tribu >> (15,9 m 2 ). Le premier est privé, défini comme une« structure stable et fonctionne comme entité indépendante du reste de l'appartement >>. << Le territoire collectif >>est variant,<< espace de la tribu >>et se redéfinit en même temps qu'elle. << Soi comme projet >>est un thème actuel que l'on rencontre aussi dans ce concours. L'équipe de << Parenthèses >> (Isabelle Devin et Catherine Rannou) destine ses logements non plus à une population bien définie, mais à des situations de la vie, sérieuses ou fantaisistes, obéissant au principe de plaisir (faire l'amour, jouer avec l'eau ... ) ou au principe de réalité (travailler...). au libre choix de se livrer à des activités compulsives ou raisonnables, d'avoir un lieu pour les folies amoureuses et les folies travailleuses. En fait, au désir ou au besoin d'avoirune chambre en ville, une« chambre à soi >>avec tout ce que cela suggère de volonté de prendre de la distance, de se dé-
C Chauvin, 1 :\1inazzoli,
caler, voire de faire retraite ou de se libérer. Le plaisir du travail positivement investi est présent. Il correspond à une certaine classe sociale qui a pu choisir son activité, y a intégré une part de jeu. Dans ce cas, le travail entre dans la définition de soi, non seulement pour tenir une place sociale, mais surtout comme part d'un projet d'épanouissement personnel. D. Maret destine ses logements << à une population mobile concernée par le travail >>. En fait, elle définit ainsi une représentation sousjacente à plusieurs projets primés qui construisent pour des urbains aisés, sociables, souvent qualifiés d'européens. L'Européen apparaît ici comme un urbain mobile, aimant son travail, dynamique et jeune, recherchant les contacts so-
mentionnés
L'impensé de l'ha biter ublis, non-dits, interdits, censures ... il n'est pas sans intérêt de lire « en creux » le panorama de l'habiter que bresse l'ensemble des 187 propositions. Evoquons brièvement quelques absences. Ainsi, bien que l'on connaisse l'expansionniste passion des Français pour les animaux de compagnie, aucun projet ne ménage de place pour ces « cohabitants » auxquels revient une part désormais non négligeable du budget des ménages. Chiens, chats, oiseaux, poissons posent de sérieux problèmes d'intégration dans les logements et dans la ville. On peut également s'étonner, alors qu'abondent les projets qui se fondent sur la mobilité des « Européens », qu'aucune proposition n'ait envisagé la question des échanges momentanés d'appartement. Or cette pratique qui, pour certaines couches sociales, pourtant fort privilégiées par les candidats, ne manquera pas de s'intensifier appelle des dispositifs particuliers. Il n'est pas simple en effet d'installer, dans son logement inchangé, des habitants temporaires, connus ou inconnus : préservation de l'intimité, rangements, mode d'emploi de l'appartement, de l'immeuble, sécurité, différences d'habitudes domestiques constituent autant de difficultés pour les « échangistes » ... Si le repas bénéficie souvent d'une double localisation (la cuisine et la salle à manger ou le séjour), il reste une activité centralisatrice du groupe domestique. Même dans le cas de cohabitants ou d'adolescents dont on cherche à faciliter l'autonomie, les lieux de préparation et de consommation alimentaire ne semblent pas mériter, comme la salle de bains qui tend à se démultiplier, une réflexion particulière. Le frigo et la Cocotte-minute seraient-ils les derniers pitons capables d'assurer la cordée familiale ? Enfin, la prise en compte, fréquente, de la dépendance du logement à la ville (site, vue, réseaux, temps sociaux ... ) n'induit guère d'idées de réciprocité. Sauf pour deux propositions qui envisagent la fonction publicitaire de la façade, l'immeuble ne rend jamais aucun service à la ville. La porte d'entrée reste close aux passants. Espaces de rencontre, services communs ne valorisent que l'intériorité du groupe des co (colocataires ou copropriétaires). Il est vrai qu'aucun projet ne bouscule vraiment l'intégrité physique et fonctionnelle de l'immeuble. Claude PRELORENZO
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EUR€)PAM ciaux. S'il peut être père ou mère, les expressions « vie de famille ,, ou '' appartement familial » ne sont jamais utilisées à son propos, alors même que les lieux sont organisés pour donner une place aux enfants. La connotation du mot famille n'estelle plus assez actuelle ? D'autres reconsidèrent la notion de famille et proposent un« espace primordial >> et un« espace complémentaire», en tenant compte de la présence prolongée des jeunes adultes dans l'appartement familial et de celle des grands-parents :" La structure horizontale du couple éclate, recherche de stabilité dans la structure familiale verticale>>, remarque l'équipe de «Plan concerté >>. S'agit-il dans ces projets d'habitation d'induire des comportements ou de ne pas les interdire ? Certains, comme dans le projet « Un logement peut en cacher un autre >>,abordent la question :" Il était une fois des logements n'imposant pas de comportements définis a priori, permettant des usages variables, différenciés et évolutifs, privilégiant les comportements quotidiens et les usages occasionnels voire déviants ... C'étaient des logements à coulisses destinés à des individus en quête d'autonomie et de contacts européens >>.Chez d'autres, elle est absente. Ceux-là affirment surtout leur doctrine formelle et ont une vision naïve des pratiques d'habiter qui consiste soit à ne pas se poser la question, soit à croire qu'il n'existe qu'un mode de vie, en général le leur ou celui auquel ils voudraient accéder. Si la perméabilité des candidats aux modes et à «l'air du temps>> est évidente, ils montrent aussi leur capacité à saisir ce qui va changer. Les termes employés sont souvent trop usés (tribu, cocooning, individualisme ... ), mais certains cherchent des références« sérieuses >>pour mieux les définir. Les démographes et sociologues sont convoqués, mais rares sont les références aux classes ou groupes sociaux. L'espace intime joue son rôle dans le processus de définition de soi. En donnant à l'habitant le choix d'un lieu qui lui« corresponde >>et la possibilité de le modeler, de l'investir, certains de ces architectes montrent qu'ils peuvent être aussi attentifs à la nécessité pour la personne de faire évoluer son habitat en fonction de son projet d'identité personnelle, qu'à la dernière doctrine architecturale à la mode.
l.a sociabilité dan s l'illftllfte uble Qu'ils soient sur le toit ou donnant sur la cour, les équipements de l'immeuble doivent favoriser la sociabilité. Isabelle Minazzoli et Christophe Chauvin annoncent qu'ils vont« vers le logement sociable >>et visent à rétablir l'entraide collective, le partage de certains espaces. Leur réflexion est fondée sur la critique des LCR qui, pour eux, sont rejetés par les habitants car trop grands et mal définis, regroupés au rez-dechaussée, mal éclairés. Ils proposent d'« intercaler des zones d'accueil collectif de petite dimension entre les logements ».Ils organisent leur immeuble autour d'une « cour-séjour collectif >> qui permet de «confronter l'individu à l'expérience de la collectivité », en particulier les jeunes. D'autres soulignent le plaisir de la sociabilité dans l'immeuble en évoquant avec humour « le trajet pantoufles >> (vidéo, ping-pong, échecs et cartes ... ). Jean-Patrice Calori conçoit un pont, entre lieu de travail dans l'immeuble et l'habitation, comme« un espace de convivialité vers lequel s'ouvrent les pièces de vie commune de l'appartement »et affirme« c'est l'espace de courtoisie >>. Certains ont une attitude militante par rapport à l'Europe et à une vision particulière des rapports sociaux : « A une attitude d'ignorance voire de rejet à l'égard d'autrui par une méconnaissance de son identité, nous offrons la découverte de l'autre par l'introduction d'une sociabilité collective dans l'habitat>>. L'équipe d'« Alter Ego >> dessine un « silo de services >>, comme «lieu de sociabilité de l'ensemble ». Crémonini et son équipe imaginent " un hall-salon collectif >> pour la rencontre des habitants permanents de l'immeuble et des « Européens nouveaux nomades >>,habitants des" wagons-logements >>. Monique ELEB-VIDAL
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• Les te111ps de av1e Ce n'est pas l'un des moindres défis pour l'architecture que d'avoir à gérer du temps, temps des civilisations et des cultures, temps des saisons et des climats, temps des hommes et de leur actes, par le moyen de l'immuable, de loger le fugace dans le pérenne.
L 'l':'iprit du maître par Arauj(, t.'l
S<'CO.
lllt'lliUIIlnt'·s
'U DE H AP I'I'lŒ du texte d' rientalion elu concours s'intitulait • Le logement , un espace à la croisée des l mp •· fl invitait, à concilier " les perm anences d la longue durée ... les tra nsfo rmations de la durée moyenne ... les basculements de la durée courte>>, à dépasser, sans l'oublier, « la journée solaire de vingt-quatre heures». Entendue par les candidats, cette incitation informe, dans des catégories et des attendus diversifiés, la plupart des réponses.
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I.e fellftps de la lallftille " A la stabilité du groupe, donnée permanente du logement, succède aujourd'hui une diversification des situations qui nécessite une transformation des modes de conception du logement. » Ce préambule de l'équipe Jean MusseauThierry Peltrault (Alter Ego) figure, en énoncés équivalents, dans nombre de projets. La conscience est vive parmi les candidats, une fois accompli le deuil des commodités programmatiques de la famille immuable, que celle-ci varie sans cesse dans sa taille, ses missions, le statut de ses membres, que son entité est la coexistence d'individus. Face à ces configurations, changeantes et précaires, deux types de réponses se dessinent : le logement sur mesure et le logement évolutif. Le projet de. Dominique Ma ret« Double vie »cible une population très circonscrite, induite par la future gare TGV de Lille, isolés, couples, jeunes cohabitants. Ménages de 1 à 4 personnes en moyenne. Des personnes jeunes (moins de 40 ans en moyenne). Dans le logement qui correspond à son propos, les enfants disposent d'un miniappartement (ici sans salle de bains privative) composé de deux boxes personnels qualifiés de« chambres », ouverts sur un séjour commun. Ce type de réponse (assez fréquent) n'est viable, on le comprend, que pour un assez court moment de l'évolution familiale, celle où les enfants sont petits, où les différences de sexe, d'activités, de réseaux d'amitiés n'exigent pas encore un territoire clos, particulier à chacun. Le plan ne permettant pas une partition plus étanche, sauf à créer une chambre commandée et une autre obscure, la famille devra donc déménager aux alentours de la période de 1'adolescence. D'ailleurs, l'ouverture de l'espace enfants en mezzanine sur le séjour et sa position en bout de parcours organisent une dé-
pendance qui n'est compatible qu'avec le jeune âge. Dominique Maret l'entend bien ainsi puisqu'elle insiste à plusieurs reprises sur la mobilité résidentielle de la population concernée. Le logement est devenu un lieu de passage. Lorsque le corps familial mue, la tribu change de coquille. La seconde attitude vise à permettre le maintien du groupe familial sur le même lieu en concevant un logement aux frontières plastiques, adaptable aux mouvements qui affectent le groupe familial et chacun de ses membres. Dans cette catégorie, la solution la plus simple, simpliste même, est celle de Jean Musseau et Thierry Peltrault qui opèrent par addition (ou soustraction) de modules strictement identiques accolés en bande. Une proposition qui vise plutôt l'association de cohabitants. La plus cynique est celle de l'équipe Seco Fernandez et Auraujo Armera (Le logement :un espace d'esprit) : " The same plan accepts a growing family of two up to six members : 100 o/o of the family types in Europe. »L'arrivée de chaque nouvel enfant correspond à un appauvrissement résidentiel (le couple se sépare de son piano à queue, s'exile sur la mezzanine), au troisième enfant apparaît la chambrée (au-delà, on peut imaginer des lits superposés). Une manière angoissante (ou punitive?) d'accueillir les« heureux événements>>! Les projets de 1' équipe Bastie-BruguièreFontaine-Vianne Lazare« Plan concerté » et de celle de Minazzoli-Chauvin « Fenêtre sur cour » renvoient à une autre logique qui consiste à travailler profondément l'immeuble pour autoriser une stratégie résidentielle qui prenne en compte à la fois le mouvement démographique et l' évolution des statuts sociaux des occupants. La première proposition associe à un espace primordial de 77m 2 , lui-même structurellement prévu pour le décloisonnement et le recloisonnement, un espace complémentaire de 25 m 2 contigu et autonome, susceptible d'accueillir un adolescent ou une grand-mère et par la suite (ou en attendant) d'être loué à un étudiant. Le second projet affronte le problème de l'hébergement des jeunes à Marne-la-Vallée, commune de ville nouvelle à la recherche de solutions pour conserver dans de bonnes conditions la population adolescente aujourd'hui émergeante. D'où l'idée de créer un collectif susceptible de mêler logements familiaux et logements de petite taille, en traitant latransition de l'enfance à l'adolescence. Comme dans le projet précédent, à la flexibilité structurelle qui permet le choix de la taille des logements s'associe une flexibilité interne (un stock de panneaux coulissants,
de parois légères en aggloméré est à la disposition de chaque habitant pour constituer son propre cloisonnement). Mais.le temps du logement n'est pas seulement celui des fluctuations de la structure familiale , c'est aussi celui des rythmes quotidiens et celui, à l'autre bout, de 1' histoire .
l.'ellftploi du fellftps La chronique des actes de la vie domestique incite de nombreux candidats à produire des espaces transformables en fonction de l'activité dominante du moment. C'est souvent 1' espace de la salle de bains qui peut, par un jeu de cloisons coulissantes , s'intégrer à une chambre . Le moment informel' espace. Poussé à 1' extrême, dans certains projets non retenus, le système des cloisons mobiles peut engendrer fatigue , conflits, pertes de repères ... Dans le projet Cremonini-Lauvergeat-Moget-Gaubert " Un logement peut en cacher un autre », grâce à deux cloisons mobiles, l'espace du séjour se décompose souplement en réponse à des scenarii variés et imprévisibles, assurant intimité et communauté dans un espace variable, expansible et réductible. A l'opposition jour/nuit se substitue un temps indivuel ou communautaire.
I.e tellftps de l'llisto•re L'incitation à l'innovation a laissé dans ce concours peu de place à la réflexion sur l'histoire, la ré-interprétation des modèles, les références liées à la culture profonde. Certains projets affirment cependant l'utilité et la nécessité d'une continuité entre 1' avéré -et l'avenir. Il en est ainsi des projets de réhabilitation, peu nombreux dans l'ensemble, alors même que s'ouvre là un champ majeur de l'architecture de la prochaine décennie. La proposition Mouhot-Primard « Réhabilitation modulée >>réaménage, dans une perspective très« réaliste>>, une barre de 170 mètres de long construite au début des années 50 au Havre. Les auteurs sont conscients de travailler sur un moment fort de l'histoire de l'Europe, celui de la reconstruction, lorsque l'architecture était" la partie la plus dure du plan de redressement» (B. Veyssière). Pour eux, « la réhabilitation de logements transcrit cette dualité changement/permanence, neuf/existant. Elle en est l'image et introduit le temps historique dans l'appartement>>. Ce que, puristes ou conséquents, ils traduisent par la transformation de la façade arrière, versant du neuf, épaissie de studios greffés, et le maintien de l'existant, toute la surface de la barre et de la façade avant. C'est à une histoire plus ancienne, ou moins temporelle, celle des modèles vernaculaires, que se réfère la proposition Desmazières- Legendre-Bignier « Pièce ruraie >>. Le logement projeté reprend le dispositif du Truste/ breton qui associe à une grande salle de séjour une bande d'alvéoles plus privatives ou fonctionnelles. Enfin, c'est aussi l'histoire qu'invoque le projet à la manière de Le Corbusier de l'équipe Seco Fernandez/Auraujo Armera. Contribution-manifeste, elle affirme la nécessité de renouer avec les attendus des ClAM, l'exemple de l'Unité d'habitation de Le Corbusier. « This is the time of internationalism ... The solutions of the past belong to the museum .. Industry is the only answer .. Let us not be afraid of repetition ... >> Claude PRELORENZO
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L'EUROPAN, LE PROMOTEUR ET L'ARCHITECTE
DE LA PARCELLE INFIME A L'UNIVERSALITÉ TERRITORIALE
Des pro·ets situés NE IMPRESSION de diversité, d'un foisonnement d'idées se dégage de cette session de l'EUROPAN. Les problèmes abordés sont multiples, de l'utilisation de parcelles réputées inconstructibles par leur petitesse à la réhabilitation de barres des années 50, de la construction de logements en bordure de voies rapides à la transformation des franges de gares de marchandises, du mitage dans l'Extrême Ouest européen au logement de masse. Pourtant plusieurs de ces projets paraissent traversés par un même courant, par des pri: ses de position similaires sur les questions architecturales et urbaines. Certains pays ont préféré, pour ce concours, imposer le lieu du projet, cependant en France, le choix des terrains appartenait aux candidats. Peu d'entre eux ont été guidés dans ce choix par la valeur pittoresque ou esthétique d'un site. Où loger aujourd'hui, en ville ? Ce qui a été décisif pour la majorité, est l'opportunité foncière que représentait le terrain. Situer leur projet de logements fut, pour eux, énoncer les possibles au sein de villes déjà très densifiées, montrer que l'on peut utiliser certaines parcelles restées jusque-là inexploitées, parce que contraignantes par leur surface ou leur voisinage bruyant. Les projets ont ainsi été pensés comme des solutions à ces problèmes, permettant l'exploitation de nouvelles surfaces. Plus que la prise en compte d'un environnement, d'une orientation ou de vues spécifiques, les candidats ont cherché une réponse à une question qui pourrait être ainsi formulée : où loger aujourd'hui en ville ? Les terrains choisis énumèrent les nouveaux« territoires du logement ,, :les emprises de la SNCF, les bordures des périphériques ou de voies rapides, les parcelles minimum ou les grands ensembles des années 50.
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D'autres, plus radicaux encore, ont proposé des modèles universels s'accommodant de toutes les situations, objets architecturaux prêts pour toutes les aventures : « We offer a type planned to be repeated, an instrument for ail sites and ail plans of urbanization » (Le logement , un espace d'esprit) . Le corollaire de ce souci d'universalité est le refus du particulier. Tout ce qui fait la spécificité d'un lieu et contribue à qualifier le logement est ignoré. Aux particularités d'un site réel sont préférées des notions plus abstraites applicables à toute situation : l'orientation est formulée en points cardinaux et la lumière en terme d'intensité.
I.e contexte ? Un point de vue théorique Ces propositions sont plutôt théoriques, emblématiques, que contextuelles. Cela apparaît d'autant plus clairement que chacun insiste sur le caractère général de la réponse apportée. La solution ne s'applique pas uniquement à la parcelle retenue, elle est valable pour tous les cas de figure semblables qui se répètent dans une ville, et au-delà, sans doute par souci de répondre dans le cadre de l'EURO PAN, dans toutes les grandes villes d'Europe : << Le terrain de notre proposition est l'ensemble des franges des gares de marchandises européennes (... )application pour exemple à Paris 18• » (Un logement peut en cacher un autre) . Ce parti pris de généralité est plus forte ment affirmé par ceux qui, plutôt que de choisir un type de terrain, ont choisi un territoire en tout point duquel peut se situer leur projet : « Bretagne, Cornouailles et Devonshire sont autant de sites d'accueil pour notre cerf-volant celte issu d'une réflexion supra-régionale » (Pièce rurale).
C oupe indiscrète sur logement s <• Pare nth èses " 1 Devin, C Rannou, laur~a l l'S
L'étude des plans de logement est traversé par la même volonté universaliste. Nombreux sont les candidats qui ont cherché à établir un plan pouvant être répété et appliqué à des situations multiples. Cet effort de systématisation s'est traduit de différentes manières.
Invariants e t ntodules, variantes e t conjugaisons Les uns ont défini un module invariant, sorte de radical, auquel sont assemblées, pour les plus grands appartements, des pièces supplémentaires. Ainsi les auteurs du dossier« Un logement peut en cacher un
autre » étudient un trois pièces : vaste séjour, cuisine et deux chambres équipées chacune d'une salle de bains, auquel, pour former le quatre pièces, est ajoutée une chambre. La même démarche a été suivie dans le projet « Pièce rurale »où les plus grands des logements (TS) sont identiques aux plus petits (T4) à cela près que la loggia y est annexée par une pièce supplémentaire. Les auteurs de« alter ego »ont procédé un peu différemment, et, plutôt que de développer un radical, ils ont additionné les « structures de base » : « autonomes les unes par rapport aux autres, c'est leur assemblage qui permet d'obtenir des appartements de taille variable >>.Tout groupe familial ou de cohabitants est ainsi entendu au sens strict comme la réunion de plusieurs individus, chacun possédant un logement identique pouvant ou non s'associer à celui du voisin. Enfin, il y a ceux qui ont répondu par un logement invariant, unique, capable d'être adapté aux différentes exigences : « The same plan accepts a growing family of two up to six members, 100% of the family types in Europe » (Le logement : un espace d'esprit). Dans ce projet composé exclusivement de duplex de 100 m 2 , quelques cloisons supplémentaires suffisent à créer les chambres devenues nécessaires, le piano à queue du jeune couple cédant la place aux nouveaux-nés. C'est aussi ce que propose l'équipe de« Parenthèses», des logements identiques aux capacités multiples. Là, cependant, la surface est minimale: 13,7 m 2 où 3,2 m 2 sont dévolus à la « coque fonctionnelle »qui regroupe W.C, salle de bains et cuisine, le reste étant consacré aux obsessions de l'habitant, dormir ou manger, se laver ou zapper. On l'aura compris, ces logements ne peuvent être que complémentaires, soit que l'on possède un autre appartement, soit que l'on compose ensemble plusieurs d'entre eux : « J'irais dormir à Denfert , j'écrirais place Voltaire, j'écouterais de la musique place Clichy, je ferais l'amour à la Poterne des Peupliers ... » (G. Perec cité par l'équipe). Ainsi, sous une forme ou une autre, se retrouve ce désir de rationalisation et d'universalité qui tend à définir un logement invariable pouvant être réalisé quel que soit le lieu ou la population auquel il est destiné. Cette prise de position est peut-être liée au cadre de l'EUROPAN :un concours d'idées appelle plutôt à énoncer des principes qu'à simuler un projet réaliste , quoique certains aient opté pour cette dernière position . Mais il semble qu'il y a plus que le simple effet du concours. Cette démarche qui vise à projeter un logement idéal, généralisable, a des antécédents dans un passé récent. Est-il besoin de citer lestravaux sur le logement minimum réalisés par le courant rationaliste dans l'entre-deux guerres ? Les lauréats, du projet « Parenthèses »,à qui nous laisserons le mot de la fin, l'ont exprimé de façon très actuelle, cette architecture se veut « archiconceptuelle et antigothique ». Anne-Marie CHATELET
Réflexion sur la société, culture architecturale et marketing feront-ils bon ménage ... à trois ? JeanClaude Garcias a rencontréE. de Penguilly, PDG de ACL Construction et président du jury de la section française de I'EUROPAN. Depuis les débuts du PAN, les maîtres d'ouvrage du logement social s'engagent dans des réalisations expérimentales avec les lauréats. La maîtrise d'ouvrage privée acceptera+ elle aussi de prendre, avec ces jeunes architectes, une voie de l'innovation à l'écoute de l'évolution des modes de vie ? près trois lustres d'existence,le Programme d'Architecture Nouvelle ou PAN est en train de connaître des mutations décisives. On pouvait le définir dans les années 70 comme un lointain héritier des compétitions académiques. et surtout comme un concours d'architecture organisé par l'appareil d'Etat français afin de révéler ce que le marché libre ne pouvait par définition dégager :des solutions innovantes, essentiellement dans le domaine du logement de masse, et de jeunes équipes de futurs maîtres d'œuvre. Le PAN jouait ainsi le rôle de laboratoire d'idées, subventionné par le ministère, et d'introduction à la première commande, généralement dans le domaine public ou parapublic. Avec le déclin relatif de la construction sociale en France, le recrutement massif de jeunes architectes par la promotion privée et la timide émergence d'une culture architecturale européenne,la fonction du PAN ne pouvait que se modifier : son extension à l'Europe en témoigne. On pourrait schématiquement avancer que l'innovation se déplace du domaine constructif (abaisser les coûts) et social (se concerter avec les habitants) vers le domaine du marketing (anticiper les nouveaux modes de vie et la nouvelle demande solvable) ; que l'idéologie implicite des concurrents abandonne les certitudes péremptoires pour l' empirisme consensuel européen ; et enfin que les lauréats passent du statut d'écurie du ministère à celui de vivier de talents dans lequel la promotion privée peut directement puiser. C'est afin de vérifier ces hypothèses que nous avons interviewé un maître d'ouvrage privé.
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QUESTIONS À .. . Monsieur de Pengui/ly, vous connaissez bien le PAN. En votre qualité de président du jury de l'EUROPAN 89, avez-vous remarqué une inflexion du concours? De Penguilly :Je crois qu'on peut parler d'enrichissement avec la dimension européenne. On a vu apparaître le fonds culturel commun de I'EUROPAN, une sorte d'idée sociologique de l'Européen : un homme qui bouge. Le support symbolique essentiel semble être la référence au rail, au TGV. Les candidats se sont davantage intéressés au transport des hommes qu'au transport des images. Cet enrichissement européen s'accompagne d'un recul du dogmatisme socio-architectural. Puisque le thème était le logement, les candidats n'ont pas cherché à loger un homme abstrait défini par des fonctions primaires, mais un homme multiple. Certains<< grands gestes » architecturaux ont été retenus par le jury, mais plutôt à titre de vestiges. Moins de 10% des 190 équipes concurrentes présentaient des « grands projets ».
FAIRE CONFIANCE AUX ARCHITECTES EUROPAN Un log:emt:nl c:n cache un autre
P C1cmonîni, A Gaubert, C Lauvcrgeal , P ·F Mnguct
UN APPEL AUX ÉLUS ET MAÎTRES D'OUVRAGE
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es idées et les projets développés par les équipes sélectionnées de l'EUROPAN font la preuve d'une aptitude à répondre à des pro· grammes et des sites représentatifs de l'évolu· lion contemporaine des villes et de la société. Il faut leur faire confiance . Le Plan Construc· tian et Architecture a épaulé la réalisation de projets nés des PAN . Il continue à le faire pour l'EUROPAN. Il offre aux élus et aux maîtres d'ouvrage des financements préférentiels et une gamme d'aides opérationnelles. Pour construire l'innovation, contacter: EUROPAN FRANCE, Plan Construction et Architecture · ministère de l'Equipement et du Logement· 2, avenue du Parc·de·Passy · 75775 Paris cedex 16
EUR€)PAM LES PROJETS ET LES RÉALISATIONS DES LAURÉATS DES DERNIÈRES SESSIONS DU PAN
Un type d'habitat européen se dégage-t-il clairement des réponses ? P. :les réponses ont été extrêmement variées : cela va de la réhabilitation des grands ensembles des années 60 à la reconquête de l'urbain par la récupération des dents creuses, du bâti ancien et des emprises ferroviaires.le plus frappant me semble être la quasi-disparition du pavillonnaire :pas de suburbia à l'américaine ou à l'européenne du Nord. On peut surtout parler de recherche de nouveaux espaces, ludiques, semi-collectifs, individuels, hédonistes. Même dans les projets qui se référaient plus précisément au logement social, on note un abandon de la norme, au profit d'une reconquête de l'espace et de la ville. Mais il faut insister sur le fait que cet EUROPAN n'était ni un PAN «social 11, ni un PAN de« yuppies ».
LEPAN MENE ATOUT ces deux pièces et de ces studios. A la suite du PAN, une étude de· mandée par l'office HLM des Cha· rentes pour la réhabilitation de lo· gements sociaux leur a permis d'approfondir les princ.:ipes qu'ils vont bientôt mettre en pratique à Barbezieux, au sud d'Angoulême. Dans un cas, le seuil est, comme dans une maison, un espace ouvert, semi-public, contrôlé depuis la cuisine. Dans l'autre cas, l'entrée de· vient un hall vitré, une pièce sup· plémentaire intermédiaire entre la terrasse et l'appartement. A l'actif de Read et Roquelaure, un concours gagné pour des salles de fêtes et J'aménagement d'une île à Maisons-Alfort [un étonnant pont sur la Marne). Et des places à Marseille avec Adrien Fainsilber. dans le quartier de la Porte d'Aix : des
Les concours d'architecture internationaux posent le problème des'' rendus »nationaux. La technique graphique vous a-t-elle semblé révélatrice de l'origine géographique des concurrents anonymes ? P. :Non. De façon générale les rendus étaient sincères et ne cherchaient pas à tromper les experts ou le jury. Nous avons vu très peu d'effets de plume et beaucoup de rendus respectueux de l'échelle humaine. Dans le rendu aussi, le dogmatisme recule. L'anonymat a été respecté jusqu'à la dernière minute, et en fait très peu de projets renvoyaient à une tradition spécifiquement national ou provinciale. Les projets lauréats vous ont-ils semblé directement constructibles ? P. :Difficile à dire :le concours traitait du logis plus que de la construction. Bien sûr certains candidats se posent des problèmes technologiques tellement pointus que la construction est rendue plus difficile. On a vu très peu de projets aberrants, et la majorité semble raisonner en termes constructifs traditionnels : globalement en béton, avec un certain recul des cloisons mobiles et une percée de la « bande active •> en façade. Les experts et le jury ont-ils décelé une opposition entre <• formalistes » et« usagistes " chez les candidats ? P. :Je soulignerai d'abord l'organisation pariaite du concours ; les experts ont fourni un excellent travail, et je crois pouvoir dire que le jury s'est montré très professionnel : tous les projets ont été examinés avec soin, pas un seul n'a été exclu par paresse du jury. Il va sans dire, mais mieux en le disant. que la composition du jury était bonne, et qu'il n'a subi aucune pression extérieure. Quant à l'opposition entre la forme et l'usage, elle n'est apparue que tardivement et a été réglée par un compromis de dernière minute. Mais une fois de plus jamais le jury n'a connu de cabale, ni de tensions négatives. Je répéterai simplement que les réponses formalistes-doctrinaires sont en chute libre. Passeriez-vous commande aux lauréats ? P. :Beaucoup de ces projets sont réalisables, beaucoup montrent que les candidats savent travailler sur des sites difficiles, qu'ils réfléchissent sur les valeurs d'usage. Le cru EUROPAN 89 me paraît excellent. Propos recueillis par J.·C. G.
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le PAN continue à ouvrir des portes, mais moins nettement dans le traditionnel secteur du logement social. les lauréats des sessions précédentes se lancent sur de nou· veaux marchés, la promotion privée, la province, les équipements. Avec un souci manifeste: le professionalîsme.
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AR EXEMPLE, Télémaque: Charles-Henry Bruneau et Philippe Butticker, deux parmi les sL'< de 1'équipe men· lionnée au PAN 14. se sont installés dans les Ardennes pour • construire plutôt que de gratter en agence •. choix • stratégique • plus
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interventions • classiques • par leur simplicité, leur douceur, la no· blesse des matériaux, les référen· c.:cs italiennes.
MËTHODES DOUCES Depuis que Paris n'estplusl'unique champ d'action de la jeune architecture, le débat entre régionalisme et modernité redevient un axe de réflexion. Archipel. équipe lauréate du PAN 13, s'est fait re· marquer grâce à un joli projet de cinquante-neuf logements PLA à Fleury-les-Aubrais avec OPAC du Loiret : malgré une enveloppe financière très étriquée, elle invente et décline un style • scmi-régional • qui privilégie le dessin très soigné (Sui!c page lb)
du P:'\N J4, Roqu,:laurl·-Rcad-Cas•·lmlva. f:On~lrui~c~nr av~(· ACL il Fmnc:onvillr.
efficace dans un premier temps que la réussite au PAN dont les suites se sont fait attendre.
LA RÉALITÉ EN FACE Appelés en consultation par l'office HLM de Moselle pour une réalisation expérimentale !REX) de logements • télématiques », ils viennent d'obtenir un contrat sur deux terrains dans la banlieue de Melz et en sont encore au stade des études. En attendant, ils ont déjà réalisé trente-trois maisons individuelles pour le même office départemental. une salle de sports, un petit musée du feutre, un groupe scolaire dans un bourg proche de Charleville, des maisons privées... Un travail soigné, intelligent, en particulier dans la gestion des contraintes de site et l'obligation de construire des toits, dessinés pour le groupe scolaire avec des pentes faibles qui sc cachent derrière un acrotère ... Expérience de confron· talion à la réalité, utile mais frus· trante : • Dans 90% des cas, le maître d'ouvrage demande seulement que le chantier se passe bien. dans le respect des délais et des coûts. » Pour créer une architecture moins «circonstancielle et plus hardie •. ils ont décidé d'installer une an· lenne à Paris.
SAUTER LE PAS james Read et Gilles Roquelaure ont eu la chance de rencontrer un promoteur privé dès l'exposition des projets lauréats du PAN 14, ce qui leur a permis de • sauter le pas • et de monter une agence. Leur projet à Franconville avec ACL Construction !un immeuble de cin· quante-neuf logements en prêts conventionnés dont la construction doit commencer en 1989) reprend leur recherche sur l'introduction des qualités de la maison indivi· duelle dans le logement collectif • regard privé •· Ils y ont fait l' ap· prentissage à marche forcée des réalités professionnelles en jonglant avec une enveloppe budgétaire d'autant plus étroite gue les « prolongements extérieurs • !ter· rasses protégées du regard, balcons ou jardins) renchérissent le coût de
Construction industria 1isée Conception individualisée 34 maisons individuelles et 27 logements ZUP de Beauval, Meaux. Architecte :Joris Frank, lauréat du PAN 14 Maître d'ouvrage : OPAC de Meaux.
Ù INDUSTRIALISATION refuse d'être synonyme
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de stéréotype de l'habiter. Une ossature métallique, une trame orthogonale, des panneaux légers répétitifs, des verrières, des volets coulissants, des auvents, des coursives, des terrasses et des escaliers extérieurs... le vocabulaire est simple. La richesse des combinaisons donne l'homogénéité à l'architecture et la singularité à chaque logement. De la difficulté d'expérimenter réellement dans le bâtiment... L'OPAC de Meaux s'intéresse aux recherches de Joris Frank parce qu'elles répondent à une demande de plus en plus souvent exprimée pour du logement social qui permette plus de liberté d'aménagement et des agrandissements potentiels. Ce que l'utilisation du métal autorise. Mais les industries concern §es ne veulent pas financer les prototypes,les entreprises du bâtiment poussent les hauts cris et cherchent à se prémunir de toute surprise en présentant des devis prohibitifs. et les réglementations ne prévoient pas une utilisation rationnelle du métal dans le logement ... En fait. le projet ne commence vraiment à prendre corps que depuis la rencontre avec une entreprise moyenne que le principe intéresse et qui prouve que passer dans les financements est possible.
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programme et un travail de modénature et de texture qui décompose et capte la lumière de façon fort savante. Parallèlement, ils ont repris pied sur le terrain étudié pour le PAN 13, avec la construction prochaine de cinquante-cinq logements PLA avec l'OPHLM de la ville de Nan terre et de deux crèches. Mais leur intervention principale sur le site consiste dans une mission de coordination (le programme comprend aussi un hôtel, des bureaux, des locaux administratifs, des parkings et l'aménagement des sols). Pour que l'opération soit une véritable articulation entre les quartiers récents et anciens de Nanterre, ils ont axé l'ensemble du projet sur la transparence, la multiplication des passages, la création d'un réseau de parcours.
PROFESSIONALISME Leur image de sérieux professionnel paye : les jeunes équipes Logements à Marignane Suite du PAN 14 pour Chancel, Savignal, Giml'nez
s'attachent la confiance des maîtres d'ouvrage. Ainsi Gilles Beguin et Jean-André Macchini, mentionnés du PAN 14 avec un projet en Corse, viennent de terminer à Torcy un marché couvert d'une étonnante complexité technique. « On a tout dessiné, chaque détail de poutre, ce qui a économisé à l'entreprise du temps d'études et les a conduits à ne pas revenir sur notre projet. >>A Créteil, la municipalité les a associés à Georges Maurios sur un programme de quatre-vingts logements PLA et commerces : une façade nord monumenta!Îsée grâce à des celliers composés d'éléments préfabriqués en gravillon lavé, et un couronnement en aluminium. Pour eux, le PAN n'a encore guère eu de suite directe : un promoteur privé, la SCI Palazzu di Galea, leur a confié un projet, non loin de Bastia à Taglio-Isolaccio, qui compose une ruelle intérieure et des cours abritées. Ces références à l'habitat traditionnel corse ont levé les réticences de la commision d'urbanisme
LE CALENDRIER DE L'EUROPAN MAl 1989 : PROCLAMATION DES RÉSULTATS EXPOSITIONS NATIONALES Autriche :le 15 mai à Graz lors de l'exposition de l'ensemble des projets à la Maison de l'Architecture (jusqu'au 31 mai à Graz, du 1"' au 15 juin à Salzbourg)
Belgique : le 31 mai à Bruxelles Espagne : le 16 mai à Madrid France :le 29 mai à Paris (Maison de l'Architecture) lors de l'exposition de l'ensemble des projets (jusqu'au 10 juin)
Grèce : le 3 juin à Athènes, exposition du 4 au 30 juin Italie :le 18 mai à Rome (Aniacap)lors de l'exposition de l'ensemble des projets Pays-Bas :le 25 mai à La Haye, exposition à Rotterdam, au Kunsthal, du 17 juin au 6 août
(Suzte de la page 15) ~
PAN 14 en Corse? PrcüeL ck Bcguin-Manhini
RFA: le 12 mai à Berlin, lors de l'exposition de l'ensemble des projets (elle sera présentée également à Ingolstadt
demultiplesdétailsautourd'unmtérieur d'îlot très urbain. Cette « méthode douce >> réussit également à leur dernière réalisation, un foyer de personnes âgées à Matha, en Charente-Maritime. << Malgré son vocabulaire résolument moderne, le bâtiment doit tout à l'étude de l'échelle locale, du rythme et des volumes. >> Après « cinqansdegalère >>,Brigitte Hellin et Hilda Sebbag voient venir la sortie du tunnel : elles ont été retenues pour l'hôtel de ville de MelunSénart et songent à resserrer leurs liens avec des architectes autrichiens.
et à Trèves)
Suisse: le 16 mai à Zürich, exposition jusqu'au 27 mai à l'Ecole polytechnique, puis aux Ecoles polytechniques de Bâle, Lausanne et Lugano
29 ET 30 SEPTEMBRE 1989 EN ITALIE : EUROPAN FORUM cc CONSTRUIRE EN EUROPE ))
SOUS LE SOLEIL EXACTEM ENT Jean-Marc Chancel, Jean-Michel Savignat et Raymond Gimenez (associés pour le PAN 14 avec Pascal Urbain) retrouvent leur recherche sur l'habitat méditerranéen, appelés à Marignane par l'Office HLM de Marseille pour vingt-neuf logements PLA dont vingt et une maisons individuelles qui sont l'occasion de décliner les rapports entre le« dehors>> et!' espace privé. Leur référence aux« cabanons >>de la région n'a pas toujours été bien comprise, puisque leur projet est étranger au style néo-provençal et qu'il recherche une impression de continuité attachée à l'image du logement collectif. L'équipe s'étonne de ces réticences devant un bâtiment qui n'est« pourtant pas un manifeste critique >>.Enseignants à l'école d'architecture de Marseille, ils participent à de nombreux concours, ce qui les a.~êché de présenter la session 9 avec une équipe italienne Ot espagnole , comme ils y avai 1t ensé.
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Guffroy, Hesters et Lefebvre, lauréats du PAN 13 sur un projet à Nanterre, sont restés en région parisienne. Ainsi peuvent-ils pousuivre une réflexion de pur style moderne : « L'histoire de l'architecture moderne a un sens et nous nous situons dans cette continui té. >> Remarqués sur leur proposition pour le centre urbain de Nanterre en février 1986 puis réinvités par l'EPAD, ils ont gagné le concours pour un nouvel hôtel de police :un projet au look« luxueux >>, fondé sur un respect scrupuleux du
LA MAISON DE L'ARCHITECTURE vec l'exposition EUROPAN France, la Maison de l'Architecture accueille la jeunesse et s'ouvre à l'Europe. Après avoir favorisé le renouveau architectural, les concours PAN contribuent à l'accès de la profession à l'échelle européenne. Renouveau, ouverture européenne : deux préoccupations que partage la Maison de l'Architecture, lieu d'animation de la profession qui se veut en prise directe sur le métier et les pratiques. Pour les architectes, l'Europe est faite ... sur le papier, du moins, depuis l'entrée en vigueur de la Directive de 19851es concernant. Dans les pratiques, elle reste à faire. La profession s'y emploie (création en février dernier du Conseil européen des architectes), les initiatives se multiplient et les aspirations européennes des uns et des autres se font jour. A travers les concours internationaux, les architectes ont l'habitude de la confrontation internationale. Ils n'ont, en revanche, qu'une expérience restreinte du travail « hors frontières » avec des partenaires étrangers. Par des échanges croisés, I'EUROPAN tisse ces liens défaillants et encourage la libre circulation des hommes et des idées. Attentive à la mobilisation opérée dans les rangs des jeunes, la Maison de l'Architecture rend compte aujourd'hui des propositions formulées sur le seul sol francais avant la tenue de la grande finale européenne qui exposera les résultats de I'EUROPAN au Centre Pompidou, à l'automne.
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qui, selon l'habitude, s'étonnait de ne pas voir de toits. Mais les méandres administratifs dans l'île sont insondables et le permis de construire, refusé, doit être revu en tribunal administratif. Démarcher après les Albums, se faire inviter aux concours : presque toutes les équipes sacrifient à cette règle et s'y épuisent ; six concours en 1988 pour Beguin et Macchini. « On n'apprend rien, on ne fait que cristalliser des idées. >> Comme eux, Archipel s'inquiète du gaspillage que représente une telle « débauche de projets>>, quand, par exemple, vingt équipes s'affrontent pour vingt logements. Ou quand, parmi les concurrents, se retrouvent des équipes amies. Alors, ils sont de plus en plus nombreux à souhaiter « revoir les structures, rechercher une organisation plus ouverte avec d'autres concepteurs >>. Ou, comme Télémaque, à former des« groupements de compétences >>. Toujours la recherche de la crédibilité, mais aussi l'espoir de détourner cette obligation de concurrence d'où naît tant d'amertume. Frédérique de GRAVELAINE L'EUROPAN FRANCE tient à remercier la Sanocolro pour ron aide à la réalisation cie l'exposition et du journal.
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l'Habitat en m ouvement Nous remercions également le comité de poroinoge de I'Europon
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Si l'objectif d'EUROPAN est de permettre l'émergence d'idées architecturales nouvelles et de jeunes talents, il est aussi de promouvoir les réalisations de ces idées dans les différents pays participants. D'ores et déjà, de nombreux maîtres d'ouvrage ont manifesté l'intention de faire construire les jeunes lauréats, quelle que soit leur nationalité. Car l'enjeu pour la maîtrise d'ouvrage est de taille ; l'ouverture prochaine des frontières économiques et culturelles, la circulation des professions, les transformations dans les programmes et les formes d'habitat qu'induit l'évolution rapide des modes de vie posent des questions nouvelles aux professionnels de la construction. EUROP AN FORUM réunira les maîtres d'ouvrage d'Europe- privés, publics, élus- et les quarantecinq lauréats autour des thèmes suivants : Construire à l'étranger, construire avec un étranger Quels en sont les enjeux ? Quels types de procédures nouvelles sont nécessaires pour gérer les relations maîtres d'ouvrage-architectes ? Modes de vie et transformation de l'habitat Quelles sont en Europe les grandes tendances de cette évolution ? Comment concilier innovation spatiale et technique et réalisme des conditions de production? Jeunes architectes et expérimentation Que signifie pour un maître d'ouvrage faire appel à un jeune architecte européen et lui confier la réalisation d'un programme de logements ? Dans le cadre de quelles missions ?
5 DÉCEMBRE 1989·15 JANVIER 1990 : EXPOSITION EUROPÉENNE À PARIS Clôture officielle de la première session, annonce de la seconde et accueil des nouveaux pays partic ipants Présentation des 45 projets lauréats Centre National d'Art et de Culture Georges Pompidou - Paris Les résultats des concours vont faire émerger des idées nouvelles sur l'habitat et permettre une comparaison des cultures différentes de l'habiter dans les différents pays européens. L'exposition européenne proposera des approches thématiques de ces divers modes d'habitat et de leur histoire à travers notamment les propositions des jeunes architectes européens. Un colloque rassemblera tous les partenaires de l'EUROPAN, architectes, maîtres d'ouvrage, administrations de l'architecture et de la construction et des-chercheurs pour faire une première analyse des résultats et tirer les enseignements de la première session. Cette exposition circulera durant le premier semestre 1990 dans plusieurs grandes villes d'Europe.
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