Bouchra Hashassi, CEO de Washville à Anvers, prend la parole

LE TRUCK-WASH ANVERSOIS WASHVILLE OFFRE AUX ROUTIERS UN CADRE TRÈS CHALEUREUX

LA CEO BOUCHRA HASHASSI VEUT CONTINUER À RÉALISER SES RÊVES

Photos doc. Washville

Le mercredi 10 mars 2021, Bouchra Hashassi, CEO du truck-wash anversois Washville, a malheureusement raté de peu le Womed Award et donc le titre de “Businesswoman de l’Année”, qui est décerné chaque année par Markant vzw, l’Unizo et l’Agence flamande pour l’innovation et l’entrepreneuriat (VLAIO), et dont le but est de promouvoir le talent entrepreneurial féminin. Bien qu’elle aurait évidemment préféré remporter ce titre, Bouchra Hashassi est très fière d’avoir été nominée, car c’est pour elle une véritable consécration pour le chemin qu’elle a parcouru en tant qu’entrepreneuse depuis qu’elle a créé Washville. D’autant que ce chemin a souvent été jonché d’embûches, passant par des hauts et des bas, ce qui lui a toutefois permis de passer du statut de jeune entrepreneuse enthousiaste à celui de femme d’affaires accomplie, capable de s’imposer dans le monde singulier du truck-wash et du port d’Anvers. Forte de sa persévérance, cette self-made woman poursuit le rêve qu’elle avait lorsqu’elle a lancé Washville : la création d’un véritable village pour camions dans le port d’Anvers.

LE VILLAGE POUR CAMIONS DEVIENT UN TRUCK-WASH Bouchra Hashassi est à la tête de Washville, un truck-wash implanté en plein cœur du port d’Anvers. Au départ, elle n’avait pas l’intention de créer un truckwash, puisqu’elle poursuivait un objectif plus ambitieux. “ Je suis la deuxième aînée d’une famille de 7 enfants. En 2009, après avoir terminé ses études, mon plus jeune frère a commencé à travailler comme chauffeur routier. Par inquiétude, je l’appelais souvent pendant ses trajets de nuit, et il me faisait alors part des désagréments qu’il rencontrait dans son travail : peu de confort, peu de respect, peu de truck-wash de qualité, etc. Cela m’a donc donné l’idée de créer mon propre village pour camions comprenant une stationservice, un truck-wash, une aire de repos et un parking où les camionneurs se sentiraient les bienvenus et comme chez eux. J’ai ensuite passé deux années à élaborer et à développer mon plan : j’ai réalisé des études de marché exhaustives, déterminé les emplacements possibles et leur potentiel, etc. Compte tenu de l’énorme potentiel du port d’Anvers, j’ai immédiatement décidé de lancer mon activité à cet endroit. Mais je me suis immédiatement heurtée à un premier obstacle de taille, car tous les terrains y sont donnés en concession. J’ai toutefois fini par trouver un site adéquat, pour lequel j’ai donc fait une demande de concession. Naïvement, j’ai alors cru que tout était en ordre, mais au final, ma déception a été immense, car la concession a été attribuée à un autre intéressé, qui a de surcroît repris mon idée. Cette expérience a été difficile à digérer et m’a fait bien comprendre que le monde des affaires exige un travail acharné au quotidien. Mais je n’ai pas jeté l’éponge pour autant. En fin de compte, mon frère et moi avons décidé de limiter le projet initial à un truck-wash, et c’est ainsi que Washville est né. Le 1er juillet 2013, nous avons donc lavé notre premier camion. Mais l’idée de créer un jour un véritable village pour camions continue de m’obséder. À côté de cela, j’aimerais ouvrir d’autres sites Washville. Car grâce à mon étude de marché initiale, nous savons où se trouvent les opportunités ”, explique Bouchra Hashassi à propos de la création de son entreprise.

Boushra Hashassi, CEO de Washville.

UN PARCOURS AVEC DES HAUTS ET DES BAS Même après avoir lancé son entreprise, Bouchra Hashassi a compris que faire des affaires implique de constamment tomber pour mieux apprendre à se relever. “ Le but initial était que je puisse me concentrer sur les ventes et le marketing de Washville. Mais l’exploitation du truck-wash était bien plus complexe que nous ne l’aurions jamais imaginé, si bien qu’au début, j’étais presque constamment sur la piste de lavage avec ma combinaison de travail ou en train de me charger de la paperasse administrative. C’était souvent nécessaire pour la survie de l’entreprise, mais cela m’empêchait de me concentrer sur notre croissance. Nous avons également connu quelques soucis financiers, même si, en soi, Washville tournait fort bien. Tout cela a fait que j’étais parfois embarrassée au sujet de ma propre entreprise : je disais bien aux gens que je travaillais dans un truck-wash, mais je n’ai jamais osé préciser que j’en étais la directrice. Grâce au bouche-àoreille des camionneurs qui passent ici tous les jours, nous sommes cependant parvenus à sortir de cette mauvaise passe. C’est eux qui ont été les véritables ambassadeurs de Washville, vantant partout notre qualité, notre service et notre amabilité envers la clientèle. Cela nous a permis de nous développer de manière significative et de nous installer à un emplacement de choix le long de la Zomerweg. Aujourd’hui, nous tournons à plein régime, et les grandes entreprises de transport, l’autorité portuaire, Fluvius et de nombreux camionneurs indépendants font laver leurs camions ici, même si nous avons sérieusement ressenti les effets de la crise du coronavirus, en particulier lors du premier confinement. Entre-temps, j’ai également suivi des études supplémentaires, et j’ai fait appel d’une part à Nicoline Spruijt en tant que mentor d’entreprise, et d’autre part à des experts financiers pour nous guider. Ma coach m’a également fait prendre conscience que ma place n’est pas sur la piste de lavage, et que je dois me concentrer sur la croissance, la stratégie, le réseautage, etc. C’est pourquoi, l’année dernière, nous avons recruté un Managing Director en la personne de Kevin Gaudeus. Il se concentre sur la gestion quotidienne, de manière à ce que je puisse rester focalisée sur mes tâches principales ”, déclare Bouchra Hashassi.

‘WASHVILLE TAKES CARE OF OUR ROAD HEROES’ Washville comprend 2 tunnels de lavage avec des portiques de lavage automatiques de Christ et 2 pistes de rinçage. Le truck-wash cherche à se distinguer en mettant l’accent sur l’orientation client, la qualité de lavage optimale et la durabilité. “ Nous accordons vraiment la priorité aux clients. Et il ne s’agit pas seulement des entreprises qui nous font confiance en faisant laver leurs camions chez nous, mais aussi des routiers qui viennent chez nous avec leurs véhicules. Après tout, ce sont eux les ‘road heroes’. Nous voulons dès lors leur donner ce sentiment et les remercier de nous permettre de laver leurs camions. C’est pourquoi nous avons créé un environnement agréable et chaleureux pour les routiers : nous disposons d’un lounge spacieux, où ils peuvent se détendre pendant le lavage de leur véhicule, tout en dégustant un bon café. De plus, nous traitons chaque client de la même manière, peu importe qu’il vienne chaque semaine ou seulement de temps en temps. Nous créons ainsi un lien de confiance, qui est fort apprécié. Les camionneurs savent très bien qu’ils sont accueillis à bras ouverts à Washville, et ils en parlent à leurs collègues. Des camions étincelants de propreté et des conducteurs souriants à la fin du lavage, tel est notre objectif ! Nous veillons en outre à maintenir un niveau de qualité très élevé. Nous utilisons des brosses différentes en fonction de la partie du camion qui doit être lavée. Tant les clients que les camionneurs doivent être satisfaits du résultat final. Si ce n’est pas le cas, nous procédons à un nettoyage supplémentaire là où cela est nécessaire. Nous sommes également ouverts à tout commentaire. Après tout, c’est par eux que nous avons appris à laver des camions ; ils savent ce qui est primordial. Un autre grand atout de Washville est notre souci de l’écologie et de la durabilité. Depuis le lancement de notre truck-wash, nous utilisons des savons biodégradables de Nerta. Nous disposons aussi de notre propre système de recyclage de l’eau et collectons l’eau de pluie pour pouvoir l’utiliser dans notre processus de lavage ”, explique Bouchra Hashassi.

UNE GESTION DU PERSONNEL JUSTE ET ÉQUITABLE “ Nous lavons également selon un ‘flux fixe’ : nous commençons par brosser l’entièreté du camion à la main avant que le portique de lavage ne soit mis en route ”, explique Bouchra Hashassi. “ De plus, nous commençons et terminons toujours au même endroit afin de n’oublier aucune partie. Cette approche est familière aux yeux des camionneurs et renforce leur sentiment de confiance. Pour notre personnel aussi, cette méthode de travail constitue un repère fondamental. Chez Washville, nous choisissons en effet consciemment des collaborateurs qui ont des difficultés à trouver un emploi. Nous créons ici un environnement de travail où ils ont la possibilité de se développer et de prendre confiance en eux. Qui plus est, nous faisons cela de manière très équitable : salaires identiques, traitements égaux, etc. Nous tenons également compte de leur réseau, comme leurs épouses ou leurs parents. Tout le monde est le bienvenu : ici, le sexe, l’âge, l’origine, le parcours, d’éventuels handicaps, etc. n’ont aucune importance. Nous employons par exemple une personne souffrant

de troubles du spectre de l’autisme. Nous avons développé pour cet employé une méthode de lavage fixe, qui lui procure la structure dont il a besoin. Nous informons également nos clients au sujet de notre politique de recrutement, et ils y sont très ouverts, à condition, bien sûr, que le service et la qualité n’en pâtissent pas. ”

ENDURCIE PAR L’ADVERSITÉ À première vue, être une femme à la tête d’une entreprise œuvrant dans un secteur majoritairement dominé par des hommes peut sembler être un défi supplémentaire. Mais selon Bouchra Hashassi, ce n’est pas du tout le cas. “ Je n’éprouve en réalité aucun problème à ce niveau. J’ai rencontré beaucoup d’appréciation et de respect de la part des camionneurs et des clients lorsque je participais avec ardeur aux opérations de lavage. Au début, en tant que jeune entrepreneuse enthousiaste, mais peut-être aussi un peu naïve, j’avais quelques difficultés à m’orienter dans des lieux gigantesques comme le port d’Anvers ou les grandes entreprises de transport qui y sont actives. Il a donc fallu déployer du temps, des efforts et de l’énergie pour être considérée comme un partenaire commercial à part entière et pour acquérir la crédibilité nécessaire. J’ai appris énormément de mes différents échecs et des moments où je me suis heurtée à des obstacles. Mais j’ai persévéré et je me suis relevée encore et encore, même si cela n’a pas toujours été facile. J’ai une profonde estime pour les dirigeants de plusieurs entreprises de transport qui sont nos clients, comme Alexandra Limage de Sprint Transport, Steven Meeus d’Eskatrans, Lucien Vervaeke de Transports Vervaeke, Kurt Van Gijsel et Sofie Lievens de SL Logistics et Bert Vranckx de BE-Trans. Dans bien des cas, ils étaient routiers avant de devenir de véritables entrepreneurs, et j’ai beaucoup de respect pour leur parcours. J’ai également une grande admiration pour Wouter Torfs et Jef Colruyt. Je pense que ces grandes entreprises familiales ont fait preuve de beaucoup de discernement en développant leur propre identité et en restant fidèle à celle-ci. ”

DEMANDEZ CONSEIL À D’AUTRES ENTREPRENEURS Lorsqu’on lui demande quel conseil elle souhaite donner à ses collègues entrepreneurs, Bouchra Hashassi leur recommande de nouer des contacts et de réseauter avec d’autres entrepreneurs. “ N’hésitez pas à parler à d’autres entrepreneurs. Ils sont souvent confrontés aux mêmes problèmes que vous et rencontrent des obstacles similaires. Grâce à leur expérience, ils peuvent vous inspirer, vous conseiller et vous aider à trouver des solutions. Il est donc essentiel d’avoir un réseau autour de soi, car il favorise votre processus de croissance en tant qu’entrepreneur. Il est également indispensable de se faire accompagner par un mentor d’entreprise ”, indique Bouchra Hashassi, pour conclure.