par t i e2
Sivoussouhai t ezr evoi r ( oudécouvr i r )l edébutde cel i vr e,r endezvoussur www. i ssuu. com/ f abr i cedur and
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAA
106
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
Jour 15 : montée jusqu'à mi-pente du col d'Hispar (4650 m) Vendredi 4 mai. Au réveil vers 5h30, la tente est non seulement recouverte d’une bonne couche blanche, mais il continue encore de neiger à gros flocons. Nous nous rendormons donc tranquillement jusqu’à 8 h et flemmardons jusqu’à 9 h, histoire quand même de préparer un petit-déjeuner chaud. Les plus vaillants sortent de leurs tentes pour déneiger un peu, alors que le ciel est toujours aussi bouché. A ce moment-là, notre seule crainte est de rester bloqués au pied de ce maudit col que nous ne voyons même plus ! Ce n’est qu’aux environs de 10 h que Pierre commence à faire le tour des tentes pour nous annoncer que nous partons vers midi, et ce, malgré le manque de visibilité. On a du mal à comprendre sa décision, puisque l’on ne voit toujours rien à plus de 50 mètres. Mais sa femme lui a dit par téléphone satellite hier soir que la fenêtre de beau temps revenait cet après-midi et la prochaine… au mieux dans deux jours. La décision entérinée, chaque binôme se met en ordre de bataille : déneigement des pulkas noyées sous 20 cm de neige, fartage des skis, remballage des affaires et démontage de la tente. A midi et demi, le groupe s’élance enfin à l’assaut du col, tous ses membres équipés d’un baudrier et d’un DVA (Détecteur de Victimes d’Avalanches), en cas de passage difficile ou de chute dans une crevasse. Pierre fait une nouvelle fois la trace, mais la neige se révèle vite lourde, profonde et collante à cause de la chaleur étouffante (tout le monde est en t-shirt à 4800 mètres
d’altitude, c’est fou !). Pour éviter qu’il ne grille ses cartouches dès le début, nous lui proposons qu’il fasse la trace sans sa pulka, qu’il reviendra chercher ensuite, une fois que le reste du groupe aura créé un vrai sillon. Au final, cette stratégie sera la bonne, avec en plus des relais de Philippe et Fred. Pendant les trois heures que dure la montée, épuisante à cause de la chaleur et de la neige collante, le ciel se dégage peu à peu. On découvre donc enfin avec bonheur le glacier d’Hispar immense, somptueux et comme lavé par toute cette neige immaculée qui est tombée depuis deux jours. Mais pour moi, le moment le plus magique reste l’environnement où nous évoluons, au milieu des séracs et de leurs façades d’une bonne vingtaine de mètres de haut. Un vrai délire pour photographe de montagne, surtout quand on peut prendre des clichés des alpinistes qui évoluent avec leur pulka au pied de ces monstres de glace. Rapidement, le temps commence à décliner et Pierre décide donc de s’arrêter à mi-col, dans un endroit abrité. Cette très courte mais très intense journée (300 m de dénivelé en 3 heures) fut probablement l’une des plus belles. Il nous en reste toutefois encore autant demain, mais sur une pente plus simple, et espérons-le aussi belle. Que du bonheur, d’autant qu’aujourd’hui j’étais en super forme (mais en général je ne le montre pas trop, car on ne sait jamais ce que le lendemain vous réserve en montagne…).
107
Après cette longue pause, le groupe doit se remettre en ordre de bataille avec le démontage des tentes et la remise à niveau du matériel. Parmi les tâches indispensables, le raclage des pulkas, car la neige fondue s'est transformée pendant la nuit en glace. Le groupe commence à monter le long de la pente, au milieu des séracs. Le spectacle est à couper le souffle à certains endroits.
108
109
Les passages sous les séracs sont vraiment à couper le souffle - autant pour les photos que pour l'épreuve physique.
110
111
112
113
114
ci-contre et double-page suivante : ce matin, pas de préchauffage de la machine, puisque nous enquillons direct avec nos pulkas dans la pente. Au total une heure et demie environ de montée, mais avec la chance d'avoir une trace fraîchement faite par Pierre et Fred. Et avec au "sommet" une vue quasi complète du glacier.
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
Jour 16 : passage du col d'Hispar (5151 m) Réveil 6h comme d’habitude. Il fait relativement froid dehors et je n’ai pas super bien dormi, car Laurent a installé la tente un peu en pente. Mais il faut faire fi de tout ça et se préparer une nouvelle fois pour gravir les 300 derniers mètres qui nous séparent du col d’Hispar (5151 m). Au moment de sortir de la tente d’ailleurs, il fait un froid glacial, ce qui devient vite un calvaire pour enfiler les bottes congelées et démonter la tente. Attention à l’onglée ! Mais le plus amusant c’est que pile au moment où nous partons, les rayons du soleil viennent réchauffer le camp ! On aurait mieux fait d’attendre dix minutes de plus… Finalement, Pierre donne le top départ de la montée à 8h10. Il a décidé cette fois-ci que Fred et lui allaient partir faire la trace, en laissant leurs pulkas derrière eux et en allant les rechercher ensuite. Autant dire qu’il vaut mieux avoir un peu de ressources à cette altitude puisqu’en haut de cette pente, nous dépasseront pour la première fois les 5000 m. Mais tout se passe très bien, puisque Pierre et Fred vont réussir la montée en un peu moins d‘une heure, pendant que le reste du groupe, qui doit créer une trace plus profonde avec les pulkas, avance sur un rythme d’1h15 à 1h30. Le temps que nos deux éclaireurs remontent avec leurs pulkas, nous en profitons pour faire une longue pause au soleil, avec face à nous une vue entièrement dégagée et quasi complète du glacier d’Hispar que nous remontons à skis depuis maintenant une semaine. De part et d’autre, la chaîne de Balchhish et ses sommets de 6000 et 7000 m dont la plupart n’ont pas encore de nom (car ils n’ont encore jamais été gravis). Pour moi, la surprise, c’est que nous n’allons pas camper ici, mais allons encore devoir continuer vers l’Est dans une immense plaine glaciaire qui s’étend à perte de vue, même si l’on distingue quand même à l’horizon le Baintha Brakk, distant de 25 km à vol d’oiseau. Cette « petite » traversée va en fait devenir une retraite de Russie. Avant de descendre chercher leurs pulkas restées au camp, Pierre a demandé à Laurent de guider le reste du groupe vers le « vrai » col et ainsi perdre le moins de temps possible.
Seulement voilà, Laurent décide lui aussi de partir faire la trace sans pulka et viendra la récupérer plus tard. Mais sans se douter que le futur camp est à 3 km, avec en prime une météo qui se dégrade rapidement : fortes chutes de neige, vent et visibilité quasi nulle… Pour couronner le tout, le groupe est parti en ordre dispersé : Laurent, Suzanne et Philippe sont devant, le reste du groupe en mode peloton et Fred et Pierre à l’arrière. Voyant le mauvais temps arriver, le groupe 2 prend l’initiative de décharger partiellement la pulka de Laurent : je prends la tente, Denis du matériel et Jahangeer son sac à dos. Pierre, qui nous rejoint au tiers du parcours décide de nous laisser sa pulka pour aller chercher celle de Laurent. De notre côté, nous décidons de nous répartir une partie de la pulka de Pierre, pendant que Rémi va tracter à lui seul deux pulkas (mais moins lourdes). Certains prennent deux tentes, deux sacs à dos. Bref, un beau bordel, mais un vrai esprit d’équipe pour arriver ensemble jusqu’au camp, malgré les chutes de neige, la neige collante et profonde et les rafales de vent. Après 3h d’un trajet épuisant, nous arrivons enfin à 13h au col d’Hispar, situé à 5151 m, qui est à la fois le plus haut point de l’expé et un passage obligatoire vers la seconde partie de l’aventure. Du coup, tout le monde se serre la main où s’embrasse pour fêter ce moment alors qu’on n’y voit absolument rien (et je tairais ici la façon dont Rémi et Aimée ont fêté ça…) ! Il faut dire que les expéditions qui ont traversé ce col en hiver se comptent sur les doigts des deux mains, Pierre et Jahangeer ayant probablement le record avec quatre passages en 2003, 2010, 2013 et cette année. Et peut-être la dernière ? Après le retour de l’expé, nous apprendrons que le glacier d’Hispar a subi une crue très importante durant ces cinq dernières années, il qu’il est donc devenu quasiment impraticable. Les Baltis, qui ont coutume de faire la traversée Biafo-Hispar en été, ont d’ailleurs cessé d'y aller depuis deux ans avec les trekkeurs. C’est donc presque un exploit que nous avons accompli ensemble et dont nous pouvons être un peu fiers ! 115
116
Après une heure et demie de montée, le groupe atteint enfin la première partie du col. On voit nettement le glacier d'Hispar que nous venons de remonter pendant une semaine. Il nous reste encore une petite traversée pour atteindre le "vrai" col. 117
Sur la carte, la seconde partie du col n'est rien d'autre qu'une immense plaine de 3 km à traverser. Seulement, le temps se dégrade très vite et le groupe part dispersé. Heureusement, la solidarité va une nouvelle fois faire des merveilles. A l'arrivée, les embrassades sont de rigueur car nous venons d'atteindre la "moitié" du parcours. Il ne nous reste plus qu'à attendre le beau temps...
118
119
120
Jours 17 à 20 : Snow Camp (5151 m) Dimanche 6 mai, 9h du matin. Dehors, la neige ne cesse de tomber, et cela depuis notre arrivée hier. Résultat : une belle couche de neige de 30 cm. Impossible donc de tenter l’ascension du Workman Dome puis de descendre explorer Snow Lake, comme c’était initialement prévu. Secrètement, j’espère que cela ne va pas finir comme notre expé de 2012, où la neige était tombée sans discontinuer pendant trois jours, nous obligeant à abandonner le tour du Baintha Brakk (L’Ogre) et à repartir par le même itinéraire qu’à l’aller. Dans ces moments de doute et d’attente, qui plus est sans savoir quand ça va finir, il faut donc apprendre à gérer au mieux son temps. Au début, on flemmarde un peu dans le duvet jusqu’à 9h environ, on prépare tranquillement son petit déjeuner, on sort déneiger la tente, puis on se rendort en attendant le casse-croûte du midi. L’après-midi est tout aussi soporifique : on somnole, on écoute de la musique ou des podcasts, on lit, on fait de l’eau puis on dîne. Et on se couche à 20h pour une nuit qui va durer jusqu’à 9h le lendemain (enfin si on arrive à s’endormir vu qu’on n’est pas fatigués). Bref, l’ennui total… Pour garder le lien, nous allons régulièrement voir les autres tentes, et en particulier celle de Pierre et Jahangeer pour réparer ces maudits réchauds toujours encrassés et avoir des nouvelles de la météo. On échange aussi des bouquins : Pierre me passe L’Héritage des Espions de John Le Carré, dont je dévore les 320 pages en 24 h chrono, mon record ! C’est aussi sympa d’aller échanger de la bouffe (thé contre café, muesli contre compotes, bonbons contre saucisson, etc.). Il arrive également qu’on se fasse des petits apéros, comme ce mardi à 17h où Laurent, Géraldine, Fred et moi sommes invités chez Aimée et Rémi pour discuter une heure au milieu des chaussettes en grignotant un quart de tomme et des loukoums. De bons moments sympas qui permettent en tout cas de diminuer l’attente.
Mardi 8 mai. 8h. Cela fait maintenant trois jours qu’il neige quasiment sans discontinuer et que nous ne quittons presque plus la tente, hormis pour la soulager des kilos de neige qui la font s'affaisser ou pour aller pisser. Les pulkas, elles, ont été laissées à l’abandon sous plus d’un mètre de neige. Surtout, le moral est atteint, car on ne sait plus trop comment s’occuper et parce que nous n’avons toujours pas vu une seule fois le paysage ! Surtout, plus nous restons ici et moins il nous reste de jours pour explorer Snow Lake – sachant que la descente de Biafo prend trois jours à skis. Malgré tout, on sent que la météo s’améliore. En effet, à partir de 9h, nous voyons pour la première fois depuis notre arrivée les rayons du soleil qui percent les nuages. Du coup, le moral remonte et la communauté s’anime petit à petit. A commencer par Denis, Philippe, Rémi, Laurent et moi qui commençons à déblayer la neige autour de nos tentes. Le jeu consiste ensuite à les relier entre-elles en taillant à grands coups de pelle en plastique dans 1m50 d’épaisseur de neige. En 1h à peine, le réseau « routier » est finalement achevé au moment de la jonction avec Fred et Gé. Un chantier fêté comme il se doit par un discours improvisé de Pierre (dont je dois encore avoir la vidéo délirante quelque part…). Après le pique-nique, Pierre passe dans chacune des tentes avec une très bonne nouvelle : son épouse Céline vient de lui annoncer que le beau temps revient demain et pour trois jours consécutifs. Explosion et soulagement dans les tentes. Et pour couronner le tout, le ciel s’éclaircit même progressivement dès 15h. Du coup, Pierre décide d’improviser une sortie au-dessus du camp, sans carte ni sac à dos, mais avec le DVA, sécurité oblige ! D’abord hésitant, je suis finalement les autres. Et je ne vais pas le regretter, car durant les 2h de balade vers le Workman Dome, le ciel va entièrement se dégager et nous permettre de voir un paysage à couper le souffle sur le col d’Hispar et tout autour des montagnes drapées de neige fraîche et des sommets complètement dégagés. Franchement, ça valait le coup d’attendre trois jours pour voir ça ! 121
Ce qui ne devait être qu'un simple bivouac va vite se transformer en camp retranché, où chacun essaie de s'occuper au mieux (lire, manger, dormir, pisser...). Heureusement, au bout de trois jours, le temps s'améliore et nous laisse enfin voir la beauté irréelle du paysage.
122
123
ci-dessous : Après plus de trois d'attente (et de doutes), le soleil est revenu, tout comme le ciel bleu. Le groupe est aux anges et il ne faut pas prier Pierre bien longtemps pour faire une jolie sortie au milieu des drapÊs de neige des environs.
124
125
126
Après cette sortie magnifique, le groupe retourne tranquillement et en ordre dispersé au camp. On voit d'ailleurs ce dernier, minuscule, au centre de la photo de gauche, ce qui laisse deviner aisément le caractère grandiose de l'endroit. ci-dessous : les tours de Solu (en haut) et le début du Snow Lake avec en arrière-plan le Baintha Brakk (L'Ogre), vers lesquels nous nous dirigerons demain, avant de redescendre à droite sur le glacier de Biafo.
127
128
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
ci-contre : le groupe part en quasi file indienne derrière Pierre à l'assaut du col. Probablement la plus belle journée de toute l'expédition, autant à cause des paysages que de l'ensoleillement.
Jour 21 : Snow Camp - Belvédère sur Snow Lake (5500 m) - Solu Camp (4700 m) Mercredi 9 mai. Fini les grasses matinées, ce matin le réveil est fixé autour de 6h pour pouvoir bénéficier des meilleures conditions de neige. Et cela commence bien, car non seulement il fait très froid (-12°C dans la tente), ce qui est bon pour progresser, mais le ciel est entièrement dégagé. Objectif du jour : monter jusqu’à un col situé au pied du Workman Peak, afin d’avoir une vue panoramique sur Snow Lake, ce « lac de neige » visité pour la première fois par l’explorateur anglais Martin Conway en 1892 (et qui lui a donné son nom). La première partie est presque un jeu d’enfant, puisque nous reprenons la trace que nous avons faite hier après-midi, avec en plus une lumière magnifique sur les sommets environnants. Ce qui est le plus frappant, c’est qu’en à peine une demiheure, le camp paraît minuscule au milieu du glacier, alors qu’il se trouve à moins de 2 km à vol d’oiseau. Après une courte période de plat, nous attaquons les choses sérieuses, car non seulement la pente se redresse, mais avec la possibilité d’une avalanche à tout moment. Pierre choisit donc d’avancer en lacets, avec de grandes distances de sécurité pour éviter d’être pris sous une coulée de neige enclenchée par celui qui est juste au-dessus. Grâce à cette méthode, l’objectif est atteint en un peu moins de deux heures. Avec, comme promis, un spectacle à couper le souffle à l’arrivée : depuis notre point de vue à 5500 m, nous avons une vue complète sur le bassin du Sim Gang. C’est une vraie vue de carte postale avec, 800 mètres en contrebas, le Snow Lake (4876 m), à la confluence du Lupke Lawo et du Sim Gang entourés au second plan de dizaines de sommets de 5000 et 6000 mètres. Si la plupart d’entre eux n’ont pas de nom, on reconnaît très bien le Bhainta Brakk (L’Ogre, 7285 m), au pied duquel nous aurions dû arriver cette année. La cerise sur le gâteau, c’est que l’on distingue même la silhouette pyramidale du K2, le deuxième plus haut sommet du monde (8611 m), pourtant distant de 90 km à vol d’oiseau. Une vue
grandiose donc, même si le soleil aveuglant nous empêche d’en profiter pleinement et complique la prise de photos. Après l’émerveillement, c’est le mitraillage photo systématique, avec toutefois un petit moment de frayeur lorsque qu’un énorme « wwwwouuuucchhh » résonne juste sous nos pieds, suivi d’un affaissement de 5 à 10 cm. C’est assez impressionnant sur le coup, mais Pierre nous explique que c’est l’air dans le glacier qui s’est évacué brutalement sous notre poids. Plus de peur que de mal donc, mais ça fait quand même un drôle d’effet. Heureusement, nous pouvons nous remettre de nos émotions avec un bon gros morceau de saucisson et de la noix de jambon ;-) Après une bonne vingtaine de minutes au col, nous commençons la descente par le même itinéraire… ou presque. En effet, les meilleurs skieurs ne peuvent s’empêcher de tracer dans la poudreuse fraîche pour faire une trace en hors-piste. Un petit « bonheur » que je ne peux pas me permettre vu mon niveau et surtout parce que la spatule de mon ski droit est en train de lâcher ! Retour au camp à 11h30, où nous attendait tranquillement Jahangeer. Après avoir mangé un morceau et démonté les tentes, nous quittons définitivement Snow Camp vers 13h30. Objectif de l’après-midi : descendre le versant Est du col d’Hispar pour rejoindre le début du glacier d’Hispar, 400 mètres plus bas. Une descente plutôt jolie durant laquelle nous contournons par la droite les séracs du Workman Peak. Il ne nous reste alors plus qu’à aller surfer sur les immenses vagues de neige du Snow Lake, à la confluence des glaciers de Lupke Lawo et de Sim Gang qui se rejoignent pour former l’immense Biafo. Vu les étendues et les sommets qui nous entourent, on se sent véritablement seuls au milieu de nulle part. Arrivée au pied des Tours de Solu à 17h alors que le soleil commence à décliner et qu’il commence à véritablement faire froid.
129
page de gauche : après trois jours d'inactivité, cette sortie est presque vécue comme une délivrance où chacun est aux taquets. Il faut dire que nous allons rejoindre le col juste en face avec la promesse d'un paysage à couper le souffle. page de droite : la montée en col s'effectue sur un manteau neigeux pur mais instable. La consigne est donc donnée d'y aller doucement. Nous sommes bien entendus équipés de DVA (Détecteurs de Victimes d'Avalanches) et Jahangeer est resté au camp avec une radio en cas de problème.
130
131
132
133
134
En moins de 2h de montée facile, nous atteignons enfin le col. Comme promis, le spectacle est à couper le souffle : depuis notre promontoire, nous avons une vraie vue de carte postale avec, 800 m plus bas, le Snow Lake (4876 m), à la confluence du Lupke Lawo et du Sim Gang, et au second plan des dizaines de sommets de 5000 et 6000 mètres. Grâce à un ciel entièrement dégagé, on voit nettement sur la page de droite le Baintha Brakk (L'Ogre, 7285 m), sommet au pied duquel nous aurions dû arriver cette année. Mais la cerise sur le gâteau, c'est qu'on peut distinguer au loin la silhouette pyramidale du K2, deuxième plus haut sommet au monde (8611 m, au centre de cette page, tout au fond). 135
Après avoir mitraillé pendant de longues minutes le panorama du bassin du Sim Gang, il est enfin temps de redescendre pour rejoindre le camp. C'est l'occasion pour les plus aguerris de faire quelques virages dans la poudreuse immaculée. Pour ma part, je reste derrière, car la spatule gauche de mon ski est prête à rendre l'âme à tout moment... On voit nettement sur la photo panoramique une vaste étendue de neige. Il s'agit en fait de la longue traversée de 3 km que nous avions réalisé il y a quatre jours pour rejoindre le col. Mais à ce moment-là, tout était dans le brouillard ! Il est en revanche plus difficile de distinguer le camp, situé entre le premier sommet de gauche et les crevasses du glacier. Comme quoi les paysages sont vraiment hors normes ici.
136
137
Après avoir mangé un morceau et démonté les tentes, nous quittons définitivement Snow Camp vers 13h30. Il est désormais l'heure pour nous de descendre rejoindre le début du glacier de Biafo, situé 400 m en aval.
138
139
140
141
142
143
ci-contre : le camp au pied des majestueuses Tours de Solu. Nous n'en profiterons malheureusement qu'une nuit, car nous devons déjà redescendre le glacier de Biafo et rejoindre Askole.
Jour 22 : Solu Camp (4700 m) Uzun Brakk Camp (4400 m)
Ce matin, Pierre a été sympa, en ne fixant le départ qu’à 7h30. Avec Laurent, nous avons donc programmé le réveil pour 6h45, le temps de prendre le petit déjeuner et de nous préparer tranquillement pour une super journée d’exploration des environs. Enfin, c’est ce que Laurent et moi croyions… Pierre, étonné, nous explique qu’il n’en a jamais été question, car nous n’avons plus de jour de sécurité, et qu’il faut donc redescendre dès aujourd’hui pour rejoindre les porteurs d’Askole. Sur le moment, autant dire qu’on l’a mauvaise… Du coup, c’est la course contre la montre pour aller prendre des photos du camp et des tentes avant qu’elles ne soient démontées - avant bien sûr d’accélérer la cadence pour remballer la tente et les affaires. C’est donc à regret que nous quittons le camp un peu plus tard que prévu (8h), pour nous engager sur le glacier de Biafo, long de 60 km et large de 2,5 km, entouré de quelques sommets, dont la plupart sans nom. Autant dire qu’après les paysages de rêve de ces derniers jours, ceux d’aujourd’hui nous paraissent un peu « fades ». Mais on essaie quand même de prendre quelques clichés qui nous rappellerons au moins la magie de ce lieu intemporel et irréel qui n’est parcouru que par une poignée d’alpinistes chaque année (et si ça se trouve, nous sommes même les seuls cette année !). Vers 16h, Pierre décide d’établir le camp au pied de l’Uzun Brakk (6082 m), après avoir parcouru 12 km en 6h sous une chaleur presque étouffante et un soleil de plomb. En plus d’être photogénique, le lieu dispose aussi de petites vasques d’eau qui nous éviterons d’avoir à faire fondre la neige. Et en plus il fait chaud et aucun poil de vent. A 17h, moment sympa lorsque Fred nous invite à célébrer ses 51 ans, avec pour l’occasion du foie gras de canard en boîte servi sur des biscottes Wasa. Un vrai régal même à cette altitude et un petit moment de convivialité tous ensemble, où l’on commence déjà à évoquer les bons moments de l’expé. 144
partie 4
descente du Biafo 145
146
Denis, seul face à l'immensité du Snow Lake avec en arrière-plan le Lupke Lawo (6125 m). J'aurai tant aimé avoir un jour de plus pour explorer cet endroit magique.. Ce sera peut être d'ici quatre ou cinq ans, si Pierre décide de refaire la Grande Traversée, qui sait ?
147
148
149
150
151
152
153
Nous établissons le camp au pied de l'Uzun Brakk (6082 m), après six heures de ski sur un sol à faible déclivité. Comme nous arrivons relativement tôt, chacun en profite pour se ressourcer. Fred en profite aussi pour fêter son anniversaire avec un gâteau improvisé (mais en tout cas il n'a pas oublié d'amener le foie gras).
154
155
156
ci-contre : l'équipe redémarre pour une nouvelle traversée d'une douzaine de kilomètres, avec en arrière-plan l'Uzun Brakk.
Jour 23 : Uzun Brakk Camp (4400 m) Baintha Camp (4120 m)
Comme hier, nous partons vers 8h. Je suis très content, puisque Pierre et Jahangeer ont réussi hier soir à « refaire à neuf » la spatule cassée de mon ski droit avec de la pâte, du scotch alu et pas mal d’huile de coude. Si tel n’avait pas été le cas, j’aurais été un peu dans la m…. Ce qui commençait déjà à être le cas depuis hier : à chaque fois que je m’écartais de la trace principale pour faire des photos, la spatule branlante s’enfonçait systématiquement sous la fine croûte de neige et me stoppait tout net dans mon élan. Un vrai « bonheur » qui m’a coûté quelques belles photos, mais maintenant tout est rentré dans l’ordre. Cette réparation de fortune était d’autant plus indispensable qu’à peine 300 m après le départ, Pierre décide d’enlever les peaux (et justement l’une d’elles maintenait ma spatule chancelante). Et là, oh miracle, tout tient ! C’est alors parti pour une très belle course de fond sur la neige verglacée où chacun donne toute sa puissance pour pouvoir glisser le plus vite et le plus loin possible. C’est aussi l’occasion de s’amuser à se doubler les uns les autres, mais dans la bonne humeur (même si Aimée a un peu triché sur ce coup-là !). De mon côté, j’en profite même pour faire des prises vidéo tout en glissant et en suivant Pierre et Jahangeer, avec un résultat plutôt sympa. Du coup, il ne nous faut que 2h30 pour faire les 12 km prévus et arriver sur notre nouveau campement, situé en face du versant sud du Baintha Brakk et des Latok. Même s’il n’est que 10h30, les tentes sont montées immédiatement, au milieu du glacier, comme ça nous bénéficions à la fois de l’ensoleillement et d’un peu de vent. Pendant que Fred, Géraldine, Rémi et Aimée vont faire un tour sur la moraine pour voir les ibex à la jumelle, les autres restent tranquillement au camp pour le pique-nique et faire une bonne sieste. La fin d’après-midi se passe comme tous les autres jours, à dormir, faire de l’eau et de plus en plus d’échanges (en ce moment le sachet de Tang en poudre se négocie très bien contre des compotes de pomme lyophilisées ou du müsli).
157
158
159
160
161
162
163
Nous établissons cette fois le camp face à l'Ogre (7285 m) et aux Latok, série de trois sommets rocheux qui culminent entre 6949 m et 7145 m. Comme l'illustre bien le photodrone ci-contre, on se sent vraiment tout petits dans ce décor grandiose.
164
165
166
ci-contre : l'impressionnante face sud de l'Ogre (7285 m). AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
Jour 24 : Baintha Camp (4120 m) - Mango (3920 m) Bien que la distance prévue soit la même que les jours précédents (12 km), Pierre a malgré tout avancé l’heure du départ à 7h30 pour pouvoir bénéficier de meilleures conditions de glisse sur la neige verglacée. Un choix judicieux, car la première heure se passe plutôt bien, même s’il faut donner pas mal d’huile de coude pour avancer, à cause de la faible déclivité de la pente. Ensuite, ça se gâte, car le terrain est de plus en plus accidenté et c’est même la pulka qui nous sert de balancier pour rester en équilibre. A la fin, ça devient quasi intenable car les skis, désormais sans peaux, patinent sur la glace, et il faut mettre tout son poids pour passer au-dessus des crevasses latérales larges de 30 cm dans certains cas. Vers 10h, Pierre décide donc de déchausser et de fixer les skis sur les pulkas pour avancer à pied – juste au moment où la spatule de mon ski droit rend son dernier souffle ! Grâce à cette nouvelle configuration, Rémi, Laurent et moi avançons nettement mieux. En revanche, les petits gabarits sont défavorisés, car les pulkas sont redevenues lourdes et peu maniables, sans compter les blocs de glace, les cailloux, et les crevasses qui freinent ou bloquent la progression. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des copeaux de plastique bleu des pulkas qui jonchent le sol, montrant que certains passent un peu en force. Heureusement que Pierre est devant et ne le voit pas, sinon il hurlerait :=) Au bout d’une demi-heure, Pierre comprend qu’il n’est plus possible de continuer à cause du relief, et décide donc de bifurquer à 90° pour rejoindre le centre du glacier, moins crevassé. Mais là aussi, c’est le « chaos », avec des dizaines de cailloux et de blocs de glace collés au sol… sans oublier la bédière à la fin comme cerise sur le gâteau ! Impossible donc de traîner les pulkas à plat sans les esquinter. Le groupe s’organise donc pour porter les charges une par une à bout de bras - dont certaines pèsent jusqu’à 50 kg, comme celle de Laurent, que nous porterons même à quatre à la fin ! On en
chie vraiment et les dos prennent chers, mais le tout dans la bonne humeur… malgré une ou deux bottes de skis dans l’eau (hein Denis…). Au final, à 11h30, Pierre décide de s’arrêter là pour aujourd’hui, même si nous ne sommes encore à 1,5 km de notre objectif initial, le camp de Mango. Mais vu le relief qui nous attend, ça serait de la folie de faire des allers et retours avec ces charges énormes sur cette distance, d’autant que le ciel commence à s’assombrir. Du coup, tout le monde commence à s’installer au mieux sur un terrain certes très accidenté, mais qui a l’avantage d’être alimenté par plusieurs ruisseaux. Après manger, chacun démonte sa pulka et son harnais, qui vont désormais rejoindre le grand sac... C’est à ce moment-là qu’on comprend que l’expé vit ses dernières heures. Vers 15h, petite surprise, car nous voyons apparaître à pied dans la moraine un visage connu, celui de Hassan, le fils du chef du village d’Askole, accompagné d’un autre villageois. Ils devaient nous rejoindre demain matin à Mango pour porter nos bagages, mais comme ils étaient déjà arrivés et qu’ils ne nous voyaient pas arriver, ils ont fait 1h30 à pied pour voir s’ils pouvaient nous trouver. Et les voilà donc, tout sourire. Ils repartent toutefois assez rapidement rejoindre les autres porteurs qui viendront nous récupérer demain vers 7h30. S’il reste encore du chemin jusqu’à Askole, l’expédition hivernale s’achève par un acte symbolique : la combustion de toutes nos ordures. C’est en général un moment émouvant, car il réunit l’ensemble de l’équipe autour d’un feu alimenté par l’essence restante. C’est aussi l’occasion de faire ensemble un petit bilan de ce que nous avons vécu pendant ces trois semaines de voyage, avec il est vrai un peu de mélancolie mais aussi de très bons souvenirs… Au-dessus de nous, le ciel est de plus en plus gris, comme s’il comprenait notre tristesse...
167
168
A peine quelques centaines de mètres après le départ, le terrain est de plus en plus accidenté et il faut donc jouer au maximum de l'huile de coude pour pouvoir avancer. Une situation qui devient rapidement ingérable car nous n'avons plus les peaux pour nous stabiliser. Nous devons donc rapidement nous résoudre à ranger les skis et à progresser à pieds.
169
170
Plus nous descendons et plus les obstacles s'accumulent : mini crevasses, mini pénitents de glace qui font basculer les pulkas, sans oublier les gués à passer avec des charges redevenues très lourdes à cause des skis.
171
172
173
174
Vu les difficultés que nous rencontrons et le mauvais temps qui commence à pointer son nez, Pierre décide de poser le camp avant l'endroit initialement prévu. C'est donc ici que s'arrête l'expé proprement dite, avec le démontage et la remise en état des pulkas et le traditionnel feu des ordures avec l'essence restante.
175
176
ci-contre : le Bullah Peak (5950 m) AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
double pages suivante : les porteurs d'Askole nous rejoignent en tout début de matinée, avec à leur tête Hassan, le fils du chef du village. C'est lui qui choisit les porteurs et qui pèse les charges, chacune n'excédant pas 20 kg.
Jour 25 : Mango (3920 m) - Askole (3000 m) Vu qu’il nous reste 23 km à parcourir à pied pour rejoindre Askole, le réveil est fixé à 6h30. Mais à peine sommes-nous levés, que nous commençons à voir arriver au loin les porteurs d’Askole, qui sont montés depuis Mango. Laurent et moi, qui sommes déjà venus trois fois au Pakistan avec Pierre, en reconnaissons certains, et en particulier Mamath, un petit gabarit discret, mais terriblement efficace et un peu espiègle. Pendant que nous les saluons chaleureusement, Hassan commence déjà à faire le tri du matériel et des affaires, avant de procéder à une pesée méthodique des charges, qui ne dépasseront pas 25 kg par porteur. Les ânes, eux, auront la chance d’en porter le double :-P A 8h, tout est déjà pesé, emballé et ficelé pour partir à dos d’homme. Nous, nous partons « tranquillement » avec les ânes et leurs deux muletiers, qui marchent au milieu des reliefs de glace sculptés par le vent et la neige. En les filmant, j’ai presque l’impression de tourner un film d’aventure tellement le décor est photogénique, avec en plus un ciel grisâtre qui renforce le côté dramatique de la caravane. Au total, nous allons les suivre pendant une bonne heure, avant que nos chemins ne bifurquent, les ânes restant sur le glacier et nous en haut de la moraine. Les autres porteurs, eux, sont déjà loin. Le beau temps aussi, puisque la grisaille du début a déjà laissé la place à de la neige qui, à mesure que nous descendons en altitude se transforme en pluie. Vers 10h, la pluie cesse enfin, mais le plafond nuageux reste désespérément bas. La moraine, elle, devient de plus en plus accidentée. Plus nous avançons et plus on se croirait dans une immense décharge de blocs de pierres instables qui nous obligent à alterner montées, descentes et détours, et navigation à vue (Heureusement que Hassan et Jahangeer sont
là pour nous guider). Et attention à bien regarder où on met les pieds, car on peut vite glisser entre deux blocs et se tordre une cheville. Mais le plus traître c’est de glisser sur une plaque de glace cachée sous la poussière. Et en général, vous êtes bon pour vous rétamer méchamment ! Heureusement, pas ou peu de casse aujourd’hui, hormis quelques bâtons coincés entre les blocs. Après une petite séance de crapahut assez sympa mais éprouvante pour les genoux, Pierre, Aimée et moi arrivons les derniers à la pause de midi, située sur la rive droite du glacier, au pied des falaises du Shinlep Bluk. C’est ici, sur un espace qui semble un peu (en fait très) exposé, que porteurs et muletiers se sont arrêtés pour manger un morceau et se reposer avant d’attaquer la seconde moitié du parcours. Ils en profitent d’ailleurs pour faire un feu avec les branches récupérées alentours, ce qui leur permet de réchauffer leurs chapatis et préparer du thé chai - qu’ils partagent volontiers avec nous. Nous décollons à 13h pour les douze derniers kilomètres de marche, sur un chemin accroché entre la rive droite du glacier et les pentes un peu abruptes du Shinlep Bluk. Nous passons même à un moment au milieu d’un gigantesque champ d’éboulis, résultat de l’effondrement d’un pan entier de la montagne, semble-t-il assez récemment. Et autant dire qu’à ce moment-là on accélère un peu le rythme au cas où la montagne se réveille ! Les muletiers, eux, ont moins de chance, car cet éboulement a créé d’énormes trous que leurs ânes se refusent à passer. Ils doivent alors se mettre à plusieurs pour déplacer des pierres et refaire un passage praticable pour leurs bêtes. Et si ça ne suffit pas, un bon coup de pompe dans le poitrail et ça repart :-/
177
178
179
180
181
182
183
pages précédentes et page actuelle : plus nous descendons et plus la moraine devient accidentée, nous obligeant à faire pas mal de montées, descentes et détours. Il faut surtout faire attention à ne pas glisser sur les plaques de glace cachées par la poussière ou à coincer son bâton entre les roches. page de droite : un peu avant la sortie de la moraine, un pan entier de montagne s'est écroulé. Si les hommes passent aisément, il n'en est pas de même pour les ânes, lourdement chargés. Les muletiers doivent alors se mettre à plusieurs pour déplacer des pierres et refaire un passage praticable pour leurs bêtes.
184
185
Après deux heures de marche « sportive, nous rejoignons enfin le bas de la vallée, à la bifurcation entre le glacier d’Hispar et le chemin qui mène au glacier du Baltoro. Il ne nous reste alors plus que 7 km avant la délivrance finale. Sur le papier, il ne s’agit que d’un chemin relativement plat, mais en réalité, c’est presque le tronçon le plus pénible. Pas tant à cause de la poussière et des cailloux, mais surtout parce que c’est la cinquième fois que je le fais en trois expés. Mais de toute façon, il n’y a pas trop le choix, car c’est le seul itinéraire pour rejoindre Askole, dernier village habité de la vallée, d’où partent toutes les expéditions vers le K2 et le Gasherbrum (pour ne citer que les sommets les plus connus). Nous arrivons finalement à 17 heures au camping municipal, bien vide en cette période, car la saison des expéditions n’a pas encore commencé. Ici, contrairement à Hispar, personne ne vient nous voir ou nous saluer, sauf peut-être un ou deux hommes qui ont besoin de soins sommaires, et quelques porteurs qui attendent d’être payés. En même temps, ce n’est pas désagréable d’être seuls, car nous pouvons enfin nous étendre sur la pelouse après cette journée de marche de près de 9 heures. Il ne reste ensuite plus qu’à monter une dernière fois nos tentes, faire sécher quelques affaires au soleil et attendre que le dîner soit servi. L’expé touche à sa fin.
page de gauche : le temps continue de se recouvrir, ce qui fait que nous accélérons. Mais à notre rythme, car nous avons déjà plus de quinze kilomètres dans les pattes. Heureusement, la fin est proche. page de droite : Nous arrivons enfin vers 17h à l'entrée d'Askole, que je retrouve pour la troisième fois. Derrière nous, le temps est à l'orage, mais ici il se découvre progressivement. A peine arrivés, c'est le montage des tentes sur le sol enfin meuble et plat du camping municipal. Sans oublier de vraies toilettes et une salle à manger. En revanche, il faudra encore attendre d'être arrivés à Skardu demain soir pour prendre une vraie douche. Mais nous ne sommes plus à ça près désormais...
186
187
ĂŠpilogue
188
sur la route (et la piste)
ci-contre : l'un de nos trois 4x4 sur la piste qui nous ramène à Skardu. C'est à cet endroit précis l'année dernière que la piste s'était entièrement effondrée, nous obligeant à descendre la pente, à longer la rivière et à la remonter pour reprendre d'autres jeeps. On va donc gagner un peu de temps cette année.
pages suivantes : nos jeeps sont prêtes pour affronter la longue piste et des mauvaises conditions météo et routière pour nous ramener à Skardu. Mais le paysage en vaut vraiment la peine.
Jour 26 : Askole – Skardu (2230 m) Si la marche est enfin finie, il nous reste encore une bonne journée de 4x4 pour rejoindre Skardu. Enfin… si tout se passe bien. En effet, l’année dernière plusieurs pans de montagne s’étaient effondrés sur la piste, nous obligeant à marcher sur des dizaines de kilomètres et à emprunter des passages un peu chauds. Mais cette année, Pierre a de bonnes nouvelles, car le tronçon le plus dangereux a été « réparé ». Enfin, il faut le dire vite, car au moment de le traverser les chauffeurs regardent de façon insistante le haut de la pente, qui peut partir à n’importe quel moment. Mais tout se passe bien, ce qui nous laisse même le temps d’aller visiter les mines de pierres précieuses et de voir les conditions de travail dantesques des mineurs. Vers midi, nous stoppons les jeeps au poste militaire situé en face de Tigstun, peu avant la sortie de la vallée. Pierre et Jahangeer sortent pour aller présenter notre laisser-passer. Rien d’inhabituel dans un pays où les autorités veulent savoir où se trouvent les alpinistes en cas de problème. Seulement, au bout d’une demi-heure, l’attente commence à être un peu longue et chacun s’impatiente. Impossible toutefois d’en savoir plus, car Jahangeer et Pierre (et nos passeports) sont avec le chef de poste. Finalement, nous pouvons repartir après… deux longues heures d’attente. Mais avec l’obligation de nous présenter chez le gouverneur militaire dès notre arrivée à Skardu. Nous poursuivons donc notre route dans la vallée de Shigar, toujours aussi belle et grandiose, jusqu’à Skardu, où nous arrivons à 17h (après quand même un déjeuner copieux à Shigar). Là, tout le groupe (de français) descend des 4x4 pour entrer dans une petite caserne où on nous fait gentiment signe de nous asseoir dans une cahute un peu à l’écart. De là, nous
pouvons distinguer le bâtiment mitoyen où Jahangeer parle avec les autorités (Pierre est resté avec nous cette fois-ci). Nous attendons donc en blaguant un peu, mais en nous demandant ce qui se trame à côté. Finalement, au bout d’une heure, un officier entre dans le bureau et nous salue. Les poignées de mains sont franches, l’ambiance un peu électrique, les sourires un peu figés. Puis il s’assoit tranquillement au milieu du groupe, avant de prendre la parole. Dans un bon anglais, il nous explique que cette situation est liée à notre changement d’itinéraire : en changeant de vallée pour le trek, notre agence n’aurait pas fait toutes les démarches nécessaires pour un nouveau laissez-passer. Auparavant il n’y avait pas besoin de permis pour aller dans la vallée d’Hispar, mais les règles évoluent vite en raison de la situation géopolitique de la région. Si les autorités ne nous en veulent donc pas nommément, elles veulent surtout marquer le coup avec l’agence locale. La sécurité des étrangers est pour eux très importante, surtout dans cette zone frontalière avec l’Inde très chahutée. Au total, les discussions vont quand même durer près de deux heures, ce qui fait que nous ne rejoignons notre hôtel, le PTDC, qu’à 19h. Trop tard certes pour passer chez le barbier ou faire des courses, mais de toute façon nous sommes trop fatigués et avons trop envie de prendre une douche. Il faut dire que la dernière remonte au 23 avril… soit plus de vingt jours en arrière ! Vient enfin l’heure du dîner et la connexion Internet pour rassurer les proches. En fin de repas, Pierre, Fred et Géraldine, Rémi et Aimée et Philippe n’oublient pas d’aller faire un tour à l’orphelinat de l’association des Enfants du K2, qu’ils soutiennent et supportent depuis plusieurs années déjà.
189
190
Nous croisons les doigts, car la jeep juste devant nous contient toutes nos affaires. J'aime particulièrement ce passage, que je surnomme la porte du lion, en référence à la forme du rocher que l'on voit au deuxième-plan.
191
192
Avant de rejoindre la vallée de Shigar, nous passons le pont pour aller en face. C'est ici que la falaise est hérissée de trous qui sont autant de mines où quelques types essaient de trouver tourmalines, rubis et autres pierres précieuses qui seront revendues à Skardu.
193
ci-contre : vue sur l'Indus, qui se faufile dans l'immense vallée de Skardu.
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAA
Jours 27 à 29 : Skardu - Chilas - Islamabad Idéalement, nous pouvons relier Islamabad en 45 minutes de vol. Manque de chance, le temps ne semble pas de la partie et vu la chance que nous avons cette année… Pierre décide donc de rentrer sur la capitale par la route. Étonnamment, le groupe ne semble pas déçu, alors que nous allons probablement nous taper au moins 500 km de minibus sur des routes pas terribles. Pour l’avoir fait dans les deux sens lors de l’expé de 2012, autant dire que c’est très long, même si cet itinéraire permet de découvrir le nord du pays, en passant des hautes montagnes du Karakoram aux basses vallées verdoyantes d’Islamabad. Nous partons donc tranquillement vers 10h, en longeant l’immense vallée de Skardu jusqu’au pont de Kachora. A partir de là, nous entrons dans les gorges de l’Indus que nous allons parcourir sur 150 km jusqu’à Jaglot, où se trouve la bifurcation avec la KKH. C’est clairement la plus belle partie du voyage, avec des à-pics vertigineux, des paysages somptueux et des oasis de verdure au milieu de la montagne. Le seul petit problème, c’est que depuis quelques mois, la S-1, fait l’objet d’importants travaux d’élargissement de la piste, avec l’explosion de pans entiers de falaises. Résultat : nous sommes stoppés tous les 10 km, le temps que les pelleteuses déblaient la chaussée. Mais je n’ai pas à me plaindre car je peux en profiter pour photographier les camions pakistanais, richement parés et décorés, que j’aime tant. Nous discutons aussi sans problème avec les locaux, qui se demandent bien ce que des occidentaux viennent faire ici ! En tout cas, l’ambiance est très sympa et détendue, loin des clichés qu’ont souvent les occidentaux du Pakistan (et des pays arabes). Finalement, nous allons mettre près de 10 h pour rejoindre Jaglot, auxquels s’ajouteront deux heures supplémentaires pour rejoindre Chilas, désormais accompagnés d’un militaire armé. Ce marathon redémarre dès le lendemain à 7h, histoire d’arriver le plus tôt possible à Islamabad. Avec bien entendu les impondérables dès le début : un nouveau chauffeur qui 194
conduit lentement et une demi-heure d’arrêt pour laisser photos et empreintes au poste frontière de Chilas. Ensuite, c’est parti presque d’un trait pour rejoindre Dasu (pause chai et chapati), puis Besham (déjeuner à 15h30), en longeant les rivées escarpées mais très jolies de l’Indus, dans un univers qui reste minéral et montagneux, mais de plus en plus verdoyant. Après notre départ de Besham, alors qu’il est 16h, nous allons encore rouler cinq heures pour rejoindre Abbottabad, célèbre dans le monde entier pour avoir été le dernier refuge d’Ousama Ben Laden. Puis nous filons direct, dans le noir le plus complet jusqu’à Islamabad, où nous arrivons à l’hôtel Hillview, dans le centre-ville, à 1h30 du matin. Soit au total près de 19h de trajet entrecoupés de seulement quatre ou cinq pauses ! Et là on se dit que l’avion c’est quand même sympa… Le lendemain (enfin nous sommes déjà le lendemain...), Pierre nous laisse faire grasse matinée, avec un petit déjeuner à 9h30, suivi d’une journée quasi libre pour aller chez le barbier, flâner et faire les derniers achats dans Jinnah Super Market, sorte d’esplanade entourée de magasins et de restaurants, dans l’un des blocs sans charme de la capitale pakistanaise. En fin d’après-midi, nous avons droit à la visite incontournable de la grande mosquée Fayçal, un peu plus bondée qu’à l’habitude en raison du premier jour de jeûne du Ramadan 2018. Finalement, la journée s’achève, comme en 2017, par un dîner tous ensemble au Khiva, un restaurant de spécialités ouzbèques et afghanes situé à une centaine de mètres de l’hôtel. L’occasion de nous remémorer les bons souvenirs de cette expé qui, si elle avait plutôt mal commencé, se révèle être autant pour Pierre que pour nous un très bon cru, tant au niveau des paysages que de l’entente au niveau des participants. La seule chose dont on a envie à ce moment-là, c’est de repartir le plus vite possible. Et avec Pierre bien entendu ;=)
195
Nous quittons rapidement la vallée de Skardu pour longer l'Indus jusqu'à Jaglot. Un trajet qui va nous prendre dix heures à cause des travaux en cours. Mais là aussi quel spectacle à la fois pour les paysages et pour le contact avec les Pakistanais, qui se demandent bien ce que des Européens peuvent venir faire ici !
196
197
La Karakoram Highway (KKH pour les initiés) vaut aussi le coup d’œil pour ses camions colorés, probablement les plus beaux au monde. Ce sont de véritables œuvres d'art sur roues, symboles de statut social et source infinie de fierté pour leurs propriétaires (qui n'hésitent pas à nous inviter à bord pour être photographiés). Il n'est d'ailleurs pas rare que les conducteurs dépensent plus d'argent pour décorer leur véhicule que pour entretenir leur foyer et leur famille (Barbara Delière, Trek magazine mars 2019)
198
199
photos de gauche : alors que nous avons quitté les habitants d'Askole qui semaient leurs camps, aux alentours d'Islamabad, c'est déjà l'heure de la récolte ! au centre : l'un des centres commerciaux emblématiques de la capitale à droite : le groupe se rend à la Grande Mosquée Fayçal d'Islamabad, un peu plus bondée qu’à l’habitude en raison du premier jour de jeûne du Ramadan 2018
200
201
L'équipe
202
Jahangeer et Pierre
Pierre Neyret. Celui qui se présente dans ses descriptifs comme guide de haute montagne UIAGM est bien plus que cela. D’abord, il connaît presque comme sa poche les zones montagneuses du nord du Pakistan, qu’il arpente depuis 1993. Il a d’ailleurs coécrit avec Géraldine Benestar un magnifique bouquin, Les Hautes Vallées du Pakistan, que j’ai acheté dès sa parution en 2005, sans me douter à ce moment-là que je voyagerais un jour avec lui. Pierre est aussi quelqu’un qui sait faire passer de l’émotion et qui aime la partager, aussi bien avec nous dans ses expéditions, que dans ses articles pour Montagnes Magazine ou Terre Sauvage. J’ai aussi souvent été bluffé par sa capacité à anticiper LA photo qui rendra au mieux la beauté du paysage ou le sourire d’un porteur. J’adore aussi Pierre pour son attitude humble et humaine, que ce soit face à la montagne, avec nous ou les locaux. Enfin, il est toujours prêt à déconner, à sortir un bon mot (« putain, ça envoie du pâté ») ou à chanter du Renaud à 5000 m d’altitude… mais aussi prêt à vous engueuler si vous allez dans une zone crevassée ou si vous pliez un peu trop un arceau de tente…). Mais on l’aime comme ça ! Pierre le reconnaît sans problème : ses expés n’auraient pas le même goût sans Jahangeer Shah, qui a été le premier (et le seul) à l’accompagner depuis le début de ses expés à ski et pulka (2003). Je ne m’avance pas trop en disant que Jahangeer n’est pas le skieur du siècle et qu’on a quelquefois un peu de mal à comprendre son anglais. Mais c’est un accompagnateur indispensable, toujours à l’arrière du groupe, gentil, courtois et toujours prêt à vous donner un coup de main, même s’il est lui-même à la traîne.
page de gauche : Suzanne, Laurent, Denis, Rémi et Aimée, Philippe, Bertrand, Géraldine et Fred. En dessous, la photo de l'équipe au milieu des porteurs d'Askole. A la droite de Jahangeer, Hassan, le fils du chef de village, toujours prêt à rendre service. page de droite : Pierre et Jahangeer
203
L'itinéraire J.1-2 : Paris - Islamabad - Karimabad. Vol Turkish Airlines via Istanbul. Arrivée tôt le matin du J2, puis vol intérieur Pakistan Airlines (50 min) pour rejoindre Gilgit, puis 2h de jeep jusqu’à Karimabad. Nuit à l’hôtel Baltit Fort Inn. J.3 : Visite de Karimabad (2500 m). Visite de la capitale du royaume de Hunza et du Fort de Baltit. Balade d’1h pour monter le long des canaux d’irrigation jusqu’à Eagle’s Nest (déjeuner) puis longue descente jusqu’à l’hôtel, en passant par le Fort d’Altit. Nuit à l‘hôtel. J.4-6 : Karimabad - Shimshal (3100 m) - Karimabad. Départ 11h30 en jeep pour remonter la vallée de Hunza. Passage près du lac d’Attabad et pause déjeuner au Sarai Silk Hotel face aux aiguilles de Passu. Nous empruntons ensuite la piste de 40 km qui se faufile dans d’impressionnants défilés jusqu’à Shimshal (3h). Balades d’acclimatation. Nuits en lodge. Retour par la même piste à Karimabad (nuit à l’hôtel Embassy). J.7 : Karimabad - Hispar (3160 m). 35 km de piste en 4x4 (4h) pour rejoindre le village le plus reculé de l’ancien royaume de Nagar. Première nuit en camp (tente mess et équipe de cuisiniers). J.8-9 : Hispar - Bitanmal (3820 m) – Ulum Burun Bun (4000 m). Deux jours de trek sur la rive droite du glacier d’Hispar, avec traversée de plusieurs affluents. 16 km/7h de marche + 6 km/3h de marche. Nuits en tente. J.10 : Ulum Burum Bun - Hispar Camp 1 (4170 m). Le matin, les porteurs nous accompagnent jusqu’au centre du glacier avant de s’en retourner à Hispar. Nous préparons les pulkas et partons à skis pour camper sous les pentes du Wedge Peak (5550 m). 2 km à pied (2h) + 6.5 km à skis (2h30). J.11-14 : Hispar Camp 1-2-3-4 (4650 m). Nous remontons le glacier d’Hispar en cherchant les meilleurs passages au sein de grandes ondulations. 4 camps sur le glacier. Nous montons jusqu’au pied des pentes crevassées du col + 1 jour de repos le J.14 à cause du mauvais temps. 25 km au total (6 +10 + 9 km). J.15-16 : Montée du col d’Hispar (5151 m). Dernière matinée de repos avant la montée au milieu des séracs jusqu’au milieu de la pente (2km, 3h). Le lendemain, 1h30 de montée pour atteindre le sous-col, puis 3h de traversée le long d’une vaste vallée d’altitude presque plane jusqu’au col d’Hispar, sous la neige et le vent (total de 4,5 km). J.17-20 : Snow Camp (5151 m). Trois jours et demi de neige quasi ininterrompus qui nous obligent à rester sur place, sans pouvoir bouger (visibilité zéro, 1m20 de neige sur les tentes). L’après-midi du 204
page de droite : l'intégralité du parcours refait sous Google Earth à partir des traces GPS relevées par Laurent Boiveau. Le tracé vert indique le trek, celui en mauve le parcours à skis et pulka.
jour 20, le ciel se dégage complètement, nous permettant de faire une sortie vers le Workman Dome (2h de ski A/R). J.21 : Snow Camp - Belvédère (5500 m) - Solu Camp (4700 m). Temps ensoleillé. Montée au col qui se situe sous le Workman Peak, sur un belvédère qui domine Snow Lake et les bassins du Sim Gang et du Lupke Lawo, sans oublier en arrière-plan l’Ogre (7285 m) et au loin le K2 (8611 m). Redescente au camp, démontage des tentes, puis 3h30 de descente au milieu des séracs du Workman Peak jusqu’à la confluence du glacier de Biafo. Camp au pied des Tours de Solu. 7,5 km A/R pour aller au belvédère + 5,3 km de descente jusqu’à Solu Camp. J22 : Solu Camp - Uzun Brakk Camp (4400 m). Nous quittons Snow Lake et descendons sur le glacier de Biafo, au milieu d’un défilé de parois de granit, pour installer le camp face à la tour du Uzun Brakk (6 082 m). 12 km. 8h de ski (8h-16h) avec pauses. J23 : Uzun Brakk Camp - Baintha Camp (4120 m). Nous descendons jusqu’à l’embouchure du glacier de Baintha. Nous nous installons face aux tours du Latok et du cirque sud du Baintha Brakk en vue. 12 km. 2h30 de ski (8h-10h30) avec pauses. J24 : Baintha Camp - Mango (3900 m). Depuis Baintha, nous descendons le glacier jusqu'à la fin de la neige. Les mauvaises conditions de neige font que nous nous arrêtons au-dessus de Mango. 10 km. 10 km. 4 h de ski (7h30-11h30) avec pauses. J25 : Mango - Askole (3050 m). Les porteurs d’Askole nous retrouvent tôt le matin. Nous descendons avec eux la fin du glacier couvert de pierres, et rejoignons la plaine de Braldu que nous suivons jusqu'à Askole. Nuit en tente au camping du village. 23 km. 9h de marche (8h-17h) avec pauses. J26 : Askole - Skardu (2230 m). 6h de jeep (hors contrôles…) pour rejoindre la capitale du Gilgit-Baltistan. 115 km. Nuit à l’hôtel PTDC face à l’Indus. J27-28 : Skardu - Chilas (1265 m) – Islamabad (500 m). Deux grosses journées de minibus à travers les piémonts himalayens jusqu’à la capitale du pays. Hôtel à Chilas (Shanghri-la) et Islamabad (Hillview). 260 km (12h) + 460 km de route (17h). J-29 : Islamabad. Visite de Jinnah Super Market (courses, librairie, souvenirs…) et de la Mosquée Fayçal. J30 : Islamabad - Paris. Transfert tôt le matin au nouvel aéroport et vol Turkish Airlines pour Paris via Istanbul.
205
partie Hispar
206
partie Biafo
207
Le matos Pour le trek
Affaires classiques, avec toutefois une contrainte : nous ne pouvons pas redonner d’affaires aux porteurs à la fin du premier trek, car nous ne les retrouvons qu’à Askole, après la dernière étape de marche. Il faut donc tout porter pendant l’expé : • 1 paire de chaussures de trek montantes • 2 paires de chaussettes de marche • 1 pantalon de trek • 2 sous-vêtements respirants • 1 sac à dos 40 litres (pour les affaires du jour)
Pour la haute montagne / expé
Sur le glacier enneigé nous utilisons des pulkas (fournies par Pierre), avec une charge initiale par personne en début de parcours de 35 kg. Elles diminuent de 1 kg par jour en moyenne (consommation de nourriture et de carburant). Cette charge se répartit ainsi : affaires personnelles (10 kg par personne), matériel de groupe (tentes, réchauds, cordes, pelles, piolet), nourriture et carburant (16 kg) et la pulka (4 kg). Il est donc nécessaire de sélectionner au plus juste son équipement vestimentaire si l'on veut respecter cette échelle de poids. Inutile donc de prendre 2 tenues de ski, 15 sous-vêtements et 5 bouquins. En revanche, il vaut mieux ne pas oublier de prendre deux paires de lunettes de soleil et deux briquets. • 3 paires de chaussettes chaudes (on transpire très vite dans les bottes de skis, il fait très froid le matin) • 1 paire de chaussettes légères (camp) • 1 paire de chaussons néoprène hauts (pour évoluer dans la tente, possiblement en dehors pour ne pas avoir à remettre les bottes de skis) • 1 paire de sous gants en soie
208
• 1 paire de gants polaire (Millet Everest 8000, température polaire certains matins) • 1 paire de gants en laine (restent chaud même s'ils sont mouillés) • 2 sous-vêtements techniques manches longues (Oddlo...) • 2 sous-vêtements techniques respirants (certains peuvent être portés une semaine sans sentir grâce à la laine de mérinos, testé et approuvé !) • 2 collants "thermique" • 1 veste polaire • 1 doudoune grand froid • 1 veste goretex • 1 surpantalon Goretex pour la journée • 1 casquette avec visière et bords larges pour éviter d’être brûlé par le soleil • 2 buff/grand foulard (pour protéger le cou et se protéger du soleil) • 1 masque tempête • 2 paires de lunettes de glacier (une de rechange en cas de casse) • 1 sac de couchage température de confort -10 °C (Valandré 900) • 1 drap de soie (permet de gagner +5°C) • 1 matelas gonflable thermarest (pour améliorer le confort du dos) • 1 couverture de survie (pour éviter l'humidité sol/duvet) • 1 lampe frontale légère + 1 jeu de piles de rechange
Matériel technique :
• 1 paire de skis de randonnée + couteaux • 1 paire de peaux de phoque (+1 bloc de parafine) • 1 paire de chaussures de ski • 1 paire de bâtons de ski solides
• 1 baudrier (pour s’encorder dans les passages difficiles) • 1 mousqueton à vis • 1 pelle à neige pour 2 participants • 1 DVA (Détecteur de Victimes d’Avalanches) + piles neuves • 1 sonde pour 2 participants
Hygiène / Pharmacie personnelle :
Pour l'hygiène, pas besoin de prévoir de gros matériel, car on ne se lave pas ou peu pendant l'expé (eau trop froide dans les rivières, mais possibilité de faire fondre de la neige pour avoir de l'eau tiède et faire une toilette de chat en altitude, auquel cas un petit savon ou des lingettes sont suffisantes). Obligatoire en revanche de prendre un gel désinfectant avant chaque repas. • trousse de toilette minimale (brosse, dentifrice, gants sans eau, gel désinfectant mains) • serviette microfibre • papier toilette • Elastoplast/double peau (hyper important pour éviter les ampoules, car il fait très chaud dans les chaussons de chaussures de ski) • Compeed (pour soigner les ampoules) • pastilles micropure (pour la partie trek, zéro risque en altitude) • antalgique • anti-inflammatoire (Lisopaïne) • un antibiotique ORL et intestinal (ROVAmycine) • Flagyl (pour le traitement des amibiases, uniquement sur ordonnance) • corticoïde style Solupred (sur ordonnance). • crème solaire (Avène 50+ minimum) • SENOPHILE (remplace le dermophyl indien) • autres : Fervex (fièvre), biseptine, pansements...
Alimentation
Pierre fournit le réchaud et l'essence, nécessaires pour faire fondre la neige et donc préparer les repas et la boisson. Pierre donne également à chaque binôme deux sacs de 10 kg de bouffe comprenant des rations lyophilisées, des pâtes, une noix de jambon, des biscottes Wasa, du saucisson, des céréales, du thé, du sucre ainsi que des friandises (barres, bonbons...). Prévoir en revanche : • 1 gourde de 1 litre • 1 thermos • 1 couteau • 1 bol/assiette • 2 cuillère/fourchette (au cas où l'une casse...) • 1 tasse (pliante ou non) • 1 briquet à pierre type gros BIC
Divers
• 2 paires de bouchons anti-bruit • 1 livre de poche (à échanger avec les autres) • 1 lecteur MP3 avec écouteurs. • 1 powerbank 15 000 mAh ou panneau solaire pour recharger les appareils électroniques
209
à propos de cet album
Le texte de cet album a été rédigé par fabrice durand entre octobre et décembre 2018, à partir de notes prises durant l’expédition, et complétées par le récit de Vincent Dumas (qui a fait la première traversée avec Pierre en 2003, https://bit.ly/2B1DnHe). La plupart des éléments de contexte sont tirés du descriptif du voyage et des articles de Pierre Neyret, complétés par Wikipédia et les cartes/ documents du Parc National du Karakoram (www.cknp.org). Pour en savoir plus sur les treks et les expés à ski et pulkas de Pierre Neyret, rendez-vous sur son site Web : www.Karakoram-ski-expéditions.com Quasiment toutes les photos de cet album ont été prises durant le voyage par fabrice durand (appareils : Canon EOS 700D obj.18-135 mm, Panasonic GX8, obj 20-60). Photos légèrement retraitées avec le logiciel Picasa. La carte de l'itinéraire a été réalisée sous Google Earth Pro, sur la base des relevés GPS de Laurent Boiveau. Album monté avec le logiciel Bookwright (de blurb.com) et disponible en ligne sur www.issuu.com/fabricedurand Remerciements : Pierre Neyret, Laurent Boiveau, Jahangeer Shah et le reste de l’équipe (Fred, Géraldine, Rémi, Aimée, Philippe…). Sans oublier nos amis du village d’Askole (Hassan, Mamath) et Sami Ullah à Islamabad. 210