3 semaines dans l'Ouest américain (1/2)

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VERSI ONONLI NE

PREMI EREPARTI E



trois semaines dans l’Ouest américain grande boucle en voiture à travers les plus beaux paysages : Yellowstone, Grand Teton, Arches, Antelope Canyon, Bryce et Zion, Las Vegas, la Vallée de la Mort, Yosemite et San Francisco Récit et Photos : Fabrice DURAND

OCTOBRE 2011 (parution : mai 2014)



première étape

Salt Lake City, Yellowstone et Grand Teton Jeudi 22 septembre 2011, 17h. Après plus de 7 300 km parcourus et 10h de vol sans escale depuis Paris, notre Boeing 737 arrive enfin à Salt Lake City. Après une courte attente à la douane, nous récupérons nos bagages et filons récupérer notre voiture de location. En dix minutes à peine, nous arrivons dans le centre-ville de Salt Lake City. La capitale de l’Utah a été fondée en 1847 par une poignée de pionniers, membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, autrement dit les Mormons, qui la considèrent comme leur capitale religieuse. Ces derniers considèrent aussi l’Utah comme leur patrie, appelée Deseret (« l’abeille à miel », un symbole que l’on retrouve sur la plupart des panneaux de signalisation). Dans la mesure où la ville est assez petite (moins de 180 000 habitants), nous ne resterons ici qu’une nuit, à l’hôtel Little America, situé à quelques centaines de mètres de Temple Square, le cœur religieux et touristique de la ville. C’est là que sont érigés les grands lieux saints des Mormons : Le Tabernacle (1867), l’Assembly Hall (1880) et le Temple (1893, photo). C’est dans ce fameux périmètre que l’on trouve les fameuses troupes de jeunes filles qui abordent les touristes pour leur faire visiter les lieux... et les éveiller à leur religion. Nous quittons donc ce décor de carton-pâte assez vite, et retournons à pied jusqu’à notre hôtel, au milieu d’une ville étonnamment déserte et hérissée de parkings à moitié vides. Le seul signe d’animation est aux abords de quelques bâtiments modernes qui rappellent que Salt Lake City a été la capitale des Jeux Olympiques d’hiver en 2002. Nous achevons donc notre première journée sur un sentiment étrange et en nous disant que nous avons bien fait de ne réserver qu’une nuit ici. Vendredi 23 septembre. Aujourd’hui, mon itinéraire Google Maps indique 6 h de route pour faire les 550 km qui nous séparent de Yellowstone. Départ donc à 7h45 pour éviter les bouchons et arriver tôt pour pouvoir nous reposer. Nous parcourons une bonne centaine de kilomètres en longeant le Grand Lac Salé jusqu’à Honeyville. C’est là, au bord de l’Interstate-15, que nous prenons notre premier petit-déj américain, dans un Arby’s quasi désert aux sièges en cuir déglingués et où le café a le goût du jus de chaussettes. Mais peu importe, car c’est pour nous le signe que le voyage a vraiment débuté. 250 km et 3h de route plus plus (doublon) tard (12h30), nous arrivons à Idaho Falls, où nous faisons quelques courses au Wallmart avant d’aller pique-niquer sur une table en bordure de la Snake River. Nous repartons vers 13h30. Sur près de 80 km, nous roulons au milieu d’immenses champs verts circulaires, dont la forme vient de la méthode d’irrigation à pivot central, où les buses tournent autour d'un pivot. 500 km pile après Salt Lake City, nous passons la frontière entre l’Idaho et le Montana. Nous nous arrêtons une quinzaine de kilomètres plus loin, à West Yellowstone, faire un tour dans ce bourg sans âme aux rues quadrillées truffées de boutiques et de restos à touristes. C’est à la sortie que nous arrivons devant le poste d’entrée du parc de Yellowstone. C’est là que nous achetons le National Park Pass, un badge un peu cher (80$), mais qui permettra aussi d’accéder à tous les autres parcs nationaux pendant un an.



Yellowstone Le parc de Yellowstone a été fondé en 1872, ce qui en fait le plus ancien parc national américain et du monde. Il occupe près de 9000 km2, soit autant que la Corse (8700 km2). Sa beauté et sa renommée viennent autant de sa beauté sauvage (forêts, bisons…) que de sa particularité géologique. En effet, le parc repose sur les laves refroidies d’un gigantesque volcan qui a explosé il y plus de 630 000 ans, mais dont le magma en fusion reste encore très actif. D’où les nombreux phénomènes géothermiques qui font la réputation du parc : sources d’eau chaude, geysers (Yellowstone compte 60% de ceux recensés dans le monde) et lacs d’acide. On se rend bien compte de ce phénomène dès l’entrée du parc, car sur les 50 kilomètres qui nous séparent encore de notre hôtel, on passe très rapidement des forêts de pins à un véritable no man’s land où se mêlent arbres calcinés, sol aux couleurs délavées par le souffre et fumerolles qui sortent de terre. Déjà un bel avant-goût de ce qui nous attend demain. Après 7h de trajet, nous arrivons enfin à Old Faithful, vaste espace aménagé autour du Geyser éponyme (« Le Vieux Loyal » en français). Celui-ci doit son nom à la régularité de ses éruptions, qui sont prévisibles à dix minutes près, et qui se produisent en moyenne toutes les 30 à 55 minutes. Mais avant d’aller le voir, nous rejoignons notre « cabin » au Old Faithful Lodge, un modeste cabanon en bois un peu exiguë, mais très coquet et confortable pour une nuit. Après une courte pause, nous filons au pied du « Vieux Loyal », cerclé par une promenade en planches où des dizaines de gens attendent, assis, la prochaine éruption. A l’heure dite, le spectacle commence : pendant trois minutes, le géant va cracher des jets d’eau brulante qui atteignent entre 30 et 50 mètres, sous les « ooooh » et les « aaaah » des enfants et de leurs parents. Le show fini, nous faisons le tour du campement pour chercher un resto. Mais comme tout est plein ou cher, nous nous rabattons sur la grande cafétéria où la bouffe est abordable. Extinction des feux à 21h.

Le Vieux Loyal, dont les éruptions sont prévisibles à 10 minutes près


Le Old Faithful Inn, célèbre pour son hall de 25 mètres et sa cheminée en pierre de 500 tonnes (ci-contre)


ballade dans les geysers Samedi 24 septembre. Pour ce premier week-end, nous nous rendons au Old FaithFul Inn, un grand chalet en bois construit en 1904 célèbre pour son hall de 25m de haut et sa monumentale cheminée en pierre de 500 tonnes. Malgré son côté rustique, cet hôtel est très huppé (400$ la chambre), mais nous avons réussi à réserver une table dans la grande salle pour y prendre un continental breakfast avec œufs brouillés, bacon, French toasts et pancakes au sirop d’érable. Pas léger, mais nous avons besoin de forces pour la marche qui nous attend. En effet, ce matin marche tranquille dans Upper Geyser Basin, un lieu magique où se concentrent près de 75 geysers et 600 sources d’eau chaude sur 4 km de long et 1,5 km de large. Nous démarrons notre balade par Geyser Hill, où tout un réseau de pontons en bois surélevés nous permet d’approcher au plus près de ces phénomènes naturels aux doux noms de Anemone, Plume ou encore Le Solitaire. Mais la plus belle zone se situe un peu plus haut, avec une dizaine de geysers étalés sur un peu plus d’un kilomètre, et en particulier Spasmodic Geyser, Grand Geyser ou Giant Geyser, qui crachent des fumerolles presque sans discontinuer, le tout avec un bruit un peu inquiétant. On se croirait presque sur une autre planète ou dans les Forges du Diable ! Mais le clou du spectacle se situe 500 mètres plus loin avec le célèbre Morning Glory. Ici, ni fumée ni jet d’eau, mais une énorme cavité percée à la surface de la terre dans laquelle se trouve une mare d’eau claire, filtrée par la roche, qui donne des couleurs variant du bleu turquoise au vert émeraude. Son nom lui a d’ailleurs été donné en 1883 à cause de sa ressemblance avec la fleur éponyme, la Morning Glory (la Belle-de-jour en français). Mais, au fil des ans, les touristes n’ont cessé d’y jeter des pièces détritus, bouchant progressivement la cavité et empêchant la circulation d’eau chaude. Les campagnes de nettoyage n’ont pas pu inverser la tendance. Toutefois, une eau moins tempérée a permis de faire prospérer de nouvelles bactéries, qui donnent aujourd’hui de jolies couleurs orange et jaune à cette source.



Le célèbre Morning Glory. Son nom lui vient de sa ressemblance avec la fleur éponyme (belle-de-jour en français)


Fountain Paint Pot L’après-midi, nous reprenons la voiture pour aller découvrir Lower Geyser Basin, à une quinzaine de kilomètres au nord d’Old Faithful. Notre premier arrêt est pour Firehole Lake Drive, où l’on peut voir de jolies sources chaudes à l’eau d’un bleu turquoise magnifique. Surprise Pool est clairement la plus belle d’entre-elles, d’autant que l’eau bout quasiment en continu à sa surface. Hot Lake vaut également le détour, à cause de ses teintes orangées (bactéries thermophiles) et des dépôts blancs de travertin (réaction entre l’eau chargée en dioxyde de carbone et le calcium). Nous passons ensuite de l’autre côté de la route pour atteindre Fountain Paint Pot. Hormis le spectacle étonnant des arbres pétrifiés, nous venons surtout apercevoir les fameux mud pots, ces mares remplies d’une boue stagnante et brûlante dont les bulles explosent un peu comme un plat qui mijote. C’est assez étonnant à regarder, mais en général on ne reste pas longtemps, à cause du gaz acide et pestilentiel qui s’en dégage. Après un détour jusqu’aux geysers perdus au milieu du plateau aux allures lunaires, nous nous dirigeons en voiture jusqu’au Midway Geyser Basin, l’un des endroits les plus courus du parc. Et pour cause ! En effet, c’est là, sur une butte, que se cache le Grand Prismatic, une énorme source d’eau chaude (70°C) de plus de 110 m de circonférence et de 37 m de profondeur, qui en fait la plus grande des États-Unis et la troisième au monde. Mais sa célébrité vient surtout de ses sublimes couleurs bleu, vert, jaune, orange et ocre immortalisées par la célèbre photo prise du ciel par le National Geographic (voir le cliché en pages suivantes). Il faut d’ailleurs savoir que les couleurs varient selon les saisons, à cause de la température de l’eau et de la chlorophylle (en été, les couleurs des bactéries virent à l’orange et au rouge, au vert en hiver). Comme pour le Morning Glory, ces sublimes couleurs viennent des organismes thermophiles bruns, jaunes, verts et bleus qui vivent dans cette cavité remplie de souffre et d’oxydes de fer. Un spectacle époustouflant auquel s’ajoute celui des vapeurs provenant de la réaction entre l’air et les 2 000 litres d’eau…



le Grand Prismatic … brûlante rejetée chaque minute du fond de la cavité. Toutefois, le spectacle n’est pas total, car les pontons de bois sur lesquels nous marchons ne sont qu’à quelques centimètres du sol et ne permettent donc pas d’avoir un recul suffisant. L’astuce consiste donc à reprendre sa voiture et à se garer sur un parking 2 km plus au sud, à marcher une bonne dizaine de minutes, puis à grimper sur une butte qui permet de surplomber la zone. Une petite balade un peu éprouvante à la fin (le sol poussiéreux glisse pas mal) mais qui vaut vraiment le coup. En effet, on peut non seulement mieux se rendre compte des reflets émeraude bordés de vert, de marron et de jaune, mais aussi avoir une vue à plus de 100 km. photo ci-contre: près du Prismatic Spring se trouve un autre bassin thermal géant, Excelsior Geyser. Beaucoup plus actif et bouillonnant, il contient une haute teneur en soufre. Il s'agit en fait d'un large pan de terre, de glaise et d'argile qui s'est effondré sur lui-même après une explosion de nappe aquifère surchauffée. ci-dessous : pontons de bois disposés sur la surface du Grand Prismatic.


Le Grand Prismatic vu depuis la colline situĂŠe juste en face. Le meilleur moyen de se rendre compte des reflets ĂŠmeraude bordĂŠs de verte, de marron et de jaune.




les bisons de Yellowstone Pour finir cette journée de visite, nous revenons en voiture à Old Faithful. C’est là, au milieu de la forêt, que nous apercevons une longue file de voiture et une demidouzaine de Park Rangers. On pense à un accident, mais il s’agit en fait de mesures de sécurité, car des bisons viennent de s’approcher du talus, avant de repartir dans les broussailles. L’occasion est trop belle pour rater ce moment. Du coup, nous garons la voiture et allons dans la lande les observer de plus près, mais à pas feutrés. De notre observatoire situé au bord de la rivière, nous pouvons observer tous leurs mouvements, sans les déranger, mais en gardant une bonne distance de 30 mètres. Il faut dire que même s’ils ne sont pas carnivores, ils peuvent attaquer les humains, en cas de provocation ou de sentiment de danger. En tout cas, nous ne regrettons pas de nous être arrêtés, car il semble assez rare de pouvoir les prendre d’aussi prêts. Après avoir fait un détour par les geysers et hot springs du Black Sand Basin, nous rentrons tranquillement à la cabin. Il est 16h. Le temps de prendre une douche et de nous reposer, avant d’aller dîner à l’Obsidian, avec au menu un énorme burger d’élan, du saumon frais d’Alaska, et une bonne bière !



Norris Geyser Basin Dimanche 25 septembre. Vu que nous nous sommes levés à 7h et qu’il n’y a que 80 km de route aujourd’hui, mon père et moi décidons de faire une dernière balade dans le parc. Objectif : Observation Point, sorte de point de vue en hauteur qui donne une vue panoramique sur Old Faithful et les geysers fumants au loin. Nous redescendons par la partie supérieure de Geyser Hill que nous n’avions pas faite hier, avant de revenir à notre cabin. Il est 10h. Le temps de faire un rapide check-out, et nous voilà partis pour Norris Geyser Basin, à 50 km plus au nord. Après avoir vu plus d’une centaine de geysers et de hot springs hier, on se demande bien ce qu’on peut découvrir de nouveau ou de plus beau ici. Mais la description du Guide du Routard nous incite quand même à y aller, car on nous prédit un « endroit fabuleux et captivant (..) où l’on se croirait n’importe où sauf sur la planète Terre ». Nous prenons aussi avec nous la brochure du parc, vendue 50 cents, et qui décrit bien tous les phénomènes et les chemins à faire. Nous commençons donc par le sentier du Back Basin, où nous tombons sur Emerald Spring, une source chaude aux eaux vert-jaune-bleu. Nous passons ensuite devant Steamboat Geyser, considéré comme le plus grand geyser actif au monde (il peut cracher jusqu’à 120m de haut). Encore faut-il qu’il se réveille, car il peut y avoir jusqu’à 50 ans entre deux éruptions ! Après une belle descente aménagée sur des pilotis de bois, nous arrivons sur une boucle avec plusieurs sources et geysers. Mais rien de très nouveau ou plus joli qu’hier. C’est en fait au moment de retourner vers le musée, au milieu des arbres, que nous voyons sur notre gauche en contrebas, une grande cuvette plate et blanche qui ressemble au descriptif du Routard : Porcelain Basin avec son décor lunaire et ses bassins d’un bleu étonnant. Nous profitons du sentier en bois sur pilotis de 800 m de long pour s’approcher au plus près du sol. En effet, c’est le meilleur endroit pour voir les fameux thermophiles, ces organismes qui vivent à la chaleur. Les plus nombreux sont verts à cause de la présence de chlorophylle (cf. photo), mais on en trouve aussi des jaunes (souffre) et des rouge-marrons (fer). En fait, les couleurs diffèrent selon la saison et la chaleur de l’eau. Après plus d’une heure et demie de visite, nous remontons faire un tour au chalet en bois du Visitor Center. Puis nous reprenons la voiture pour aller pique-niquer tranquillement au bord de la Gibbon River, avant de faire les 30 derniers kilomètres jusqu’à Mammoth Hot Springs. Comme il n’est que 14h, la chambre n’est pas encore prête. Nous nous attaquons donc aux célèbres terrasses qui font la réputation de l’endroit.



Mammoth Hot Springs Juste avant le village, nous bifurquons sur une étroite route qui nous amène sur un parking au pied des Upper Terraces. C’est d’ici qu’on a le meilleur point de vue sur Main Terrace, une grande esplanade de travertin, formée pendant plusieurs milliers d’années par les eaux chaudes du Yellowstone ayant coulé et déposé du carbonate de calcium. Lorsque les eaux se refroidissent, elles déposent le carbonate, qui avec le temps finit par créer des vasques caractéristiques. Des traces d'oxyde de fer passent par le même phénomène, expliquant la magnifique coloration rougeâtre de certaines terrasses. Ici aussi, des caillebotis en bois sont aménagés sur les terrasses, ce qui permet d’aller observer à quelques centimètres les organismes thermophiles. Le plus étonnant, c’est de pouvoir photographier les troncs d’arbres solitaires au milieu des bassins ainsi que les petites branches de sapin qui, lentement, se pétrifient au contact de l’eau chaude et du calcium. Mais le plus beau est à venir, lorsque les passerelles débouchent au pied de Canary Spring, une cascade où deux millions de litres d’eau chaude quotidiens viennent se déverser dans des dizaines de vasques blanches. Un lieu qui rappelle beaucoup les bassins de Pamukkale en Turquie. Nous remontons ensuite au parking pour finir notre balade au milieu des Upper Terraces, beaucoup moins intéressantes car l’eau chaude n’y circule plus. A 16h, nous rejoignons Mammoth Hot Springs, situé à moins d’un kilomètre des terrasses, et son grand hôtel. C’est là que nous allons dormir ce soir, dans ce qui ressemble à un lieu un peu guindé et suranné où rien n’aurait changé depuis les années cinquante (à commencer par la baignoire en fonte). Mais au moins l’endroit est propre et la chambre très confortable. Après la douche, nous reprenons la voiture pour aller à Gardiner (10km). Ce village, situé dans le Montana, est surtout connu pour son énorme porte en pierres qui marque l’entrée nord du parc et qui est dédiée à Teddy Roosevelt, le président américain qui a fait devenir Yellowstone le premier parc américain en 1872.


ci-dessus : le Mammoth Hot Springs Hotel. Ci-dessous : l’entrée nord du parc avec la fameuse porte en pierres dédiée à Teddy Roosevelt






Mammoth Hot Springs Au retour, petite frayeur lorsque, au détour d’un virage, nous apercevons au tout dernier moment un énorme élan (moose) assez impressionnant (2m minimum !). En nous retournant, nous le voyons passer nonchalamment sur la route… et on se dit alors qu’on l’a échappé belle ! C’est aussi ça Yellowstone : un lieu à la fois très touristique mais qui conserve un côté sauvage. D’ailleurs, juste avant d’aller manger, nous apercevrons un wapiti (elk), en train de brouter paisiblement la pelouse à côté de l’hôtel (il en existe près de 15 000 qui circulent en liberté dans le parc). Mais vu l’endroit, les Park Rangers sont à proximité et avertissent les conducteurs d’avoir une conduite lente et prudente pour éviter tout accident. Après le repas, petite balade à Mammoth, qui se résume en fait à son hôtel, son Visitor Center, un dining rooom et un ensemble de maisons en bois et pierre qui faisaient autrefois partie d’une caserne. En effet, c’est ici que l’armée construisit Fort Yellowstone, quartier général de la cavalerie entre 1886 et 1918 (jusqu’à 300 soldats en 1910). Mais les baraquements sont aujourd’hui habités par les familles des National Park Rangers. Lundi 26 septembre. Comme nous avons moins de 200 km de route jusqu’à Grand Teton, nous retournons une dernière fois nous balader dans les terrasses de Mammoth Hot Springs, avec une jolie boucle de 800 m autour des Lower Terraces. Nous empruntons une nouvelle fois des passerelles en bois qui nous amènent au pied de Minerva Terrace, dont les superbes vasques de travertin se sont formées dans les années 1990, mais où l’activité thermale est désormais nulle (cela dépend des années). Le lieu n’en demeure pas moins intéressant à voir car les terrasses sont restées d’un blanc quasi surnaturel (ce qui n’est pas le cas de Mound Terrace où le travertin vire lentement au gris). Les passerelles de bois font elles aussi partie intégrante de la beauté du lieu. Quand on regarde les photos, on sent qu’elles s’intègrent très bien dans le décor. Elles font presque penser à un long serpent nonchalant qui cherche à se frayer un passage au milieu des terrasses, ou même la structure d’un grand roller coaster de bois qui va de gauche à droite, qui monte et descend au gré du relief accidenté. C’est d’ailleurs après une bonne volée de marches que nous arrivons jusqu’à un promontoire situé à deux pas du parking où nous nous hommes garés hier. D’ici, on voit bien Main Terrace juste à nos pieds. Mais ce qui frappe le plus, c’est la métamorphose du lieu entre hier et aujourd’hui, car ce matin, des nuages de vapeur se dégagent du sol et lui donnent un aspect encore plus féérique et photogénique Après cette balade (il est 9h30), nous reprenons la voiture au parking en direction de Tower Roosevelt. Après la bifurcation, la route devient plus encaissée et laisse apercevoir



Le grand canyon de Yellowstone ...à gauche les premières falaises jaunes, dont les célèbres Bleached Cliffs (qu'on peut traduire par falaises décolorées). Après un arrêt à Tower Fall, où se trouve une belle cascade de 40 mètres de haut, nous continuons sur une route très sauvage où nous nous arrêtons justement quelques minutes pour prendre en photo un troupeau de daims (mule deers) en liberté. Mais la rencontre la plus étonnante a lieu dans la montée vers le Mont Washburn, où nous croisons un bison nonchalant égaré (mais pas apeuré) en plein milieu de la route. Nous ralentissons donc pour ne pas l’écraser, en n’oubliant pas de prendre une vidéo de cette rencontre plutôt étonnante. Vers 11h, nous arrivons enfin au grand canyon de Yellowstone, censé être le point d’orgue de la journée. Seulement, le lieu est caché par une épaisse forêt de sapins qui laisse à peine distinguer la beauté des lieux, hormis une énorme cascade. Nous décidons donc d’aller voir cette dernière de plus près, au lieu-dit « Brink of the Lower Falls », par un chemin goudronné et en lacets assez facile. En route, nous entendons puis voyons en face à 600 mètres devant nous les Upper Falls, qui font près de 30 mètres de haut… mais ce n’est rien à côté de ce qui nous attend un peu plus bas. En effet, après une douzaine de lacets, nous arrivons enfin sur une plate-forme posée au pied des Upper Falls qui font, elles, un saut de plus de 100 mètres dans le vide, le tout dans un grondement impressionnant. De ce nid d’aigle, on voit aussi très bien le canyon, profond selon les endroits entre 240 et 360 mètres. Tout en bas coule la rivière Yellowstone, qui serpente au milieu de falaises abruptes de grès jaune qui donnent leur nom à la rivière et au parc (yellow stone signifie « pierre jaune »). En réalité, en se penchant vers le bas, on distingue aussi d’autres couleurs ocre, rouge et marron, résultat de l’écoulement de l’eau chaude sur les roches volcaniques. Nous remontons et allons quelques centaines de mètres plus loin en aval, pour aller à Lookout Point. Ici, le chemin goudronné commence tranquillement dans les falaises, avant de passer sur une longue passerelle et des escaliers en bois qui paraissent comme posées sur des arêtes fragiles. Mieux vaut donc ne pas trop avoir le vertige, mais la vue en vaut franchement la peine. Après ces jolies balades, direction Canyon Village et son General Store, à quelques centaines de mètres seulement. Nous en profitons non seulement pour faire quelques provisions pour le déjeuner, mais aussi pour acheter des t-shirts et magnets souvenirs de ce parc que nous quittons ce soir, mais qui restera longtemps gravé dans esprits et nos cœurs. Nous sommes loin de regretter les quatre jours passés ici.


photo du haut : la passerelle en bois juste posée sur le sol et qui permet d’aller jusqu’à Lookout Point pour avoir une vue d’ensemble des Lower Falls (100 m de chute). photos du bas : vue des Lower Falls et de la plate-forme depuis le parking (gauche), et vue du canyon depuis Brink of the Lower Falls (droite). page suivante : vue des Lower Falls depuis Artist Point.



Les Lower Yellowstone Falls vues depuis Artist Point. On voit nettement la couelur jaune des roches qui donnent leur nom au parc (Yellow stone, pierre jaune)


Uncle Tom’s Trail et ses 328 marches métalliques, dont une partie accrochée à la falaise… et le vide en dessous !


Uncle Tom’s trail En début d’après-midi, nous passons sur la rive sud du Canyon, au lieu-dit Artist Point. C’est ici que viennent la plupart des touristes, car il n’y a qu’une cinquantaine de mètres à marcher pour arriver sur ce belvédère d’où la vue sur les chutes inférieures est l’une des plus belles du parc. Un vrai décor de carte postale qui paraît presque irréel lorsqu’on regarde ces photos, car le bleu sombre de la rivière contraste nettement avec le jaune éclatant des falaises. Après cette pause photo, mon père et moi décidons de prolonger un peu plus ces instants de bonheur en empruntant le sentier de l’oncle Tom (Uncle Tom’s Trail), en référence à Tom Richardson qui, au début du XXè siècle, emmenait les visiteurs au pied des Lower falls par un chemin de 528 marches et des échelles de cordes. Aujourd’hui, le trail ne compte plus que 328 marches sur des passerelles métalliques très sécurisées. Mais il vaut quand même mieux être un peu entraîné et ne pas souffrir du vertige, car les passerelles sont fixées au-dessus du vide, sur les flancs de la falaise (cf. photo). Vers 15h, fin du spectacle, car il nous reste encore 120 km de route à parcourir. Mais Yellowstone réserve toujours quelques surprises, comme ce troupeau de bisons croisé dans les grandes plaines du lac Yellowstone ou encore Mud Volcano avec ses mares et ses geysers de boue, le tout dans une atmosphère nauséabonde qui ne laisse personne insensible ("It is worth the stink" comme l’a si joliment dit une touriste croisée là-bas). Au final, il nous faut près de 2h pour arriver au parc du Grand Teton, et une de plus pour trouver le Signal Mountain Lodge, où nous resterons deux nuits. Bien qu’il soit perdu au milieu de nulle part, l’hôtel est le plus cher du voyage, à 200 euros la nuit, non seulement parce qu’il y a peu d’hôtels, mais aussi parce que c’est le dernier ouvert dans la région à cette époque. Mais cela valait le coup, car nous avons un grand chalet fait de rondins de bois pour nous seuls, avec un grand lit et des couettes. Sans oublier la terrasse avec rocking chair pour admirer le coucher de soleil sur la montagne… Que demander de mieux ?

Les Lower Falls et juste au-dessus la plateforme du Brink of the Lower Falls


photos ci-dessus : Mud Volcano et Sulfur Caldron avec leurs mares de boues et leurs vapeurs pestilentielles. Dragon’s Mouth Spring (source de la bouche du dragon) est la plus étonnante et troublante, car elle bouillonne dans une caverne, provoquant ainsi des sons d’outre-tombe. photos ci-contre : troupeau de bisons dans les grandes plaines du lac Yellowstone. La plupart des touristes s’arrêtent quelques minutes pour prendre leur photo, mais on voit aussi des passionnés de photos qui attendent des heures avec des télé objectifs pour prendre LA photo.



Grand Teton Mardi 27 septembre. Comme d’habitude, nous nous levons vers 7h. Au moment de mettre le nez dehors, deux surprises nous attendent : le givre qui recouvre les vitres des voitures et des daims sauvages qui sont à quelques mètres de nous en train de manger des lichens. Le paysage, lui, est quasiment invisible, à cause d’un brouillard assez épais. Du coup, nous prenons tout notre temps pour prendre le petit-déj (l’hôtel offre le café gratuit à l’accueil comme souvent aux États-Unis) et en savoir un peu plus sur le parc et comment nous allons occuper cette journée de balade. D’après le Guide du Routard, le parc a été fondé en 1929. Il doit son nom pittoresque à des trappeurs québécois venus ici au XIXe siècle qui, en voyant les trois plus hauts sommets de la chaîne, ont pensé à des tétons féminins. Depuis, le nom est resté, tout comme Gros Ventre River et Nez Percé Peak. Mais le parc, qui fait près de 85 km de long sur 15 km de large, regorge aussi de nombreux lacs formés par d’anciens glaciers, de nombreux animaux sauvages (canards, castors…) et 320 km de sentiers. A 9h, le paysage est toujours dans la brume, mais nous décidons quand même de partir vers le Jenny Lake, où il est possible de marcher au pied des sommets de Teton Range, dont le sommet culmine à 4197 m. Comme le montre la photo, le lac s’est formé grâce à la fonte du glacier provenant de la chaîne juste au-dessus. Mais, arrivés au pied du lac, petite déception, car le Visitor Center et l’épicerie viennent de fermer. Heureusement, le shuttle boat est encore en activité jusqu’à la fin de la semaine. Du coup, nous prenons un aller simple à 7$ pour rejoindre l’autre rive. Cinq minutes plus tard, nous sommes au débarcadère, où nous suivons les autres touristes qui font tous la même balade jusqu’à Hidden Falls, une cascade à niveaux cachée dans la forêt (1/2h de marche, 0,5 mile). Vu l’heure, nous poursuivons jusqu’à Inspiration Point (0,4 mile). Rapidement, le chemin abandonne la forêt pour emprunter un passage taillé dans la falaise, avant de déboucher sur un espace dégagé qui offre un panorama sur le lac et les prairies, et au premier plan des arbres aux branches et aux racines tout droites sorties d’un film de Tim Burton. Comme nous le suggérait le Guide du Routard, nous revenons au parking en longeant les rives du lac. C’est un peu long (2,5 miles), mais cela en vaut la peine car le chemin serpente au milieu d’une végétation automnale qui laisse éclater les couleurs rouge, jaune et vertes magnifiques. Au bout d’une heure et demie, nous rejoignons enfin la voiture pour manger un morceau. Durant le chemin retour, le paysage est enfin dégagé laisse apparaître toute la chaîne du Teton Range, d’où les nombreuses voitures arrêtées le long de la route pour prendre des photos.




Grand Teton Mais le lieu le plus extraordinaire pour prendre une photo du Grand Teton est sans contestation sur la route 191, 4 km après le croisement avec la route 26, au lieu-dit Oxbow Bend. L’endroit est assez facile à trouver, car on y trouve toujours une dizaine de voitures garées et des touristes en train de prendre LA photo, avec le coude de la Snake River et les berges marécageuses au premier plan, puis les arbres aux reflets cuivrés sans oublier, à l’arrière-plan, la chaîne du Grand Teton. Un vrai décor de carte postale ! (regardez donc en page suivante). Vers 16h, nous arrivons vers un autre endroit connu du parc, Colter Bay, du nom du premier homme blanc à avoir visité la région, le trappeur et mountain man John Colter, vers 1807. L’endroit, situé au pied du Jackson Lake, est très prisé des familles pour ses balades courtes en pleine forêt et la possibilité de voir des animaux sauvages qui pullulent ici. Vu le peu de temps qui reste avant la tombée de la nuit, nous prenons un sentier qui passe au bord du lac et fait ensuite une boucle autour du marécage du Héron (Heron Pond) et revient par le lac du cygne (Swan Lake). A cette époque et à cette heure, nous nous sentons un peu seuls dans la forêt, même si nous croisons quand même un petit groupe accompagné d’un Park Ranger. Nous aurions d’ailleurs pu opter nous aussi pour cette solution, car il faut savoir que tous les parcs nationaux américains proposent des visites guidées avec les rangers, gratuitement (il suffit juste de s’enregistrer au Visitor Center le matin même). Une bonne option qui en plus permet de poser toutes les questions que l’on veut et probablement de voir les meilleurs endroits. Le soir, nous rentrons tranquillement dans notre "cabin", où il commence à faire frisquet. Ce soir, ce sera repas au resto juste à côté, comme hier soir, avec une bonne bière et une truite de l’Idaho et un coucher de soleil sur le Teton Range. Une belle manière en tout cas de clore cette semaine idyllique dans les parcs du Wyoming et avant une longue liaison de deux jours en voiture pour rejoindre les parcs de l’Utah…





deuxième étape

Les parcs de l’Utah : Arches, Monument Valley, Antelope Canyon, Bryce, Zion… Mercredi 28 septembre. Cela fait à peine une semaine que nous sommes arrivés et nous avons déjà pu voir des geysers, des lacs d’acide, des bisons, des canyons et des sommets enneigés. Autant d’exemples qui résument à eux seuls la promesse d’un voyage dans l’Ouest américain : des paysages uniques et différents quasiment chaque jour ! Et encore, nous n’avons encore rien vu, puisque pour cette deuxième étape, nous rejoignons Las Vegas en passant par les grands parcs de l’Utah dont les noms font rêver les voyageurs : Arches, Monument Valley, Bryce ou Zion. Seulement, qui dit paysage grandioses, dit aussi longues distances. Et là, ce sont presque 850 km de route qui nous attendent pour rejoindre Moab, dans l'Utah. Selon Google Maps, il faut environ 9h35 de route avec une longue portion d’autoroute et sans s’arrêter, soit l’équivalent d’un Lille-Marseille. L’agence Backroads, qui nous a aidé à préparer le voyage, nous a donc plutôt conseillé de faire le trajet en deux jours en passant par les petites routes pour mieux profiter des paysages qui vont progressivement changer. Nous voici donc partis sur la I-191 pour une première journée de 500 km de route jusqu’à Vernal (Utah), situé à 200 km à vol d’oiseau à l’est de Salt Lake City. Cela nous laisse donc le temps de prendre une dernière photo à Oxbow Bend, puis de faire un arrêt à Jackson Hole pour faire des provisions. Au bout de 200 km, le paysage de montagnes laisse la place à de vastes étendues plates et désertiques jusqu’à Farson, entouré de dizaines d’immenses champs circulaires. Vu qu’il est midi, nous en profitons donc pour nous arrêter pique-niquer à l'ombre dans le hameau suivant, au nom prédestiné d’Eden ! Nous repartons vers 13h et arrivons à Vernal vers 16h30, où nous trouvons rapidement le Best Western Dinosaur Inn, sur la rue principale. Le motel est « sans relief », un peu à l’image de cette ville moyenne dont l’existence semble rythmée par sa proximité avec Dinosaur National Monument, situé à une dizaine de kilomètres à l’ouest. Après un rapide tour de la rue principale, nous filons en voiture au Wallmart pour faire des provisions pour les prochains jours. En sortant, nous passons au Pizza Hut pour commander deux Mega Pepperoni que nous mangerons dans la chambre ce soir, arrosées d’un bon vin californien acheté le matin même, histoire de fêter notre première semaine de vacances et les 1000 premiers miles parcourus en voiture (1609 km). Jeudi 29 septembre. Nous partons assez tôt (8h20) pour avaler les 330 km de route qui nous séparent de Moab, non seulement pour arriver tôt et aller voir les Arches, mais aussi pour éviter la chaleur qui va devenir croissante à partir de maintenant. Nous respectons l’horaire et le trajet indiqué par Google Maps, via Rangely. Seule exception : nous préférons quitter l’autoroute I70 et prendre la sortie 214 pour prendre la Scenic Byway 128. Au début, nous sommes un peu hésitants, car on se sent un peu seuls sur cette route désertique et qui, en plus, passe dans un village fantôme. Mieux vaut ne pas crever un pneu ici ! Puis, changement de programme une vingtaine de kilomètres après, car la route vient retrouver le lit du fleuve Colorado et ses quelques oasis de verdure. Petit à petit, la route s’engage dans des canyons plus grands et plus hauts, jusqu’à une grande clairière où nous décidons de nous arrêter, car il y a de l’ombre, de l’eau, des chipmunks (photo) sans oublier en toile de fond les Fisher Towers, des pitons de couleur rouge ocre de près de 500 m de haut.


Delicate Arch Nous repartons vers 13h sur une route toujours plus sinueuse, avec des falaises de grès rouge de plus en plus belles et impressionnantes. Puis, d’un seul coup, le canyon s’ouvre et laisse découvrir une vaste plaine : nous voici arrivés à Moab. Comme il n’est que 14h, la chambre au River Canyon Lodge n’est pas encore prête. Nous en profitons donc pour faire une balade dans le centre-ville très animé, grâce aux touristes qui sont encore nombreux à visiter les deux grands parcs alentours, Canyonlands et Arches, que nous avons déjà visités pendant deux jours en 2009. Mais pas question de venir juste pour les magasins : mon père et moi reprenons la voiture pour aller voir l’un de mes sites préférés, Delicate Arch, situé dans le parc des Arches, à 30 km de route Moab. Vers 16h30, nous arrivons juste à temps au Wolfe Ranch parking déjà quasiment plein. En effet, le coucher de soleil sur Delicate Arch est très prisé, et ce, malgré les 2,5 km de chemin à faire en plein cagnard (ne pas oublier de prendre de l’eau). Au début le chemin est plat, puis se redresse rapidement, mais sur une grande plaque rocheuse, ce qui fait qu’on peut faire de grand zigzags pour atténuer la pente ! Puis, le sentier redevient plat et s’engage au milieu de rochers et de buissons, ce qui oblige soit à bien repérer les cairns posés au sol… ou à suivre les touristes juste devant. Au bout d’une demi-heure, on ne voit toujours rien, mais on sent que le but est proche. C’est alors que l’on voit les touristes passer un grand bloc rougeâtre, auquel on accède par une volée de marches taillées dans la pierre. Le plus étonnant, c’est que lorsqu’on est à leur place, on voit que ce chemin a été taillé dans la roche. Mais la magie du lieu fait qu’on imagine qu’un géant a fait glisser le rocher pour laisser une dalle juste assez grande pour laisser entrer des humains dans son monde merveilleux. Et puis, au bout du chemin, qui surplombe un joli canyon, le rocher laisse soudain apparaître le spectacle que nous attendions : Delicate Arch, monumental bijou de pierre posé sur la roche orangée, au pied d’un magnifique amphithéâtre qui le met en valeur. L’endroit et le moment sont inoubliables, tout comme ce fût le cas lors de ma première visite en 2009. Au bout d’une demi-heure de photos et de contemplation, nous laissons les hordes de touristes attendre le coucher de soleil pour redescendre et nous déplacer jusqu’à un second parking. En seulement dix minutes de marche, nous atteignons Upper Delicate Arch Viewpoint, sorte de promontoire d’où l'on peut voir la merveille du parc depuis un autre angle plus vertigineux. Nous repartons juste avant le coucher du soleil (19h) pour prendre une photo de Balanced Rock, un rocher suspendu en équilibre fragile. Puis nous regagnons Moab. Le soir, nous allons dîner dans notre « cantine », la Moab Brewery, un grand resto-hangar décoré d’articles de sports, où l’on mange bien pour pas cher en buvant leur bière maison, le tout servi par une jolie blonde américaine sympa…





autour de Moab Faute de temps, nous ne restons qu’un après-midi à Moab. Mais il est possible, sur deux jours, de tenter une première découverte des deux grands parcs, Canyonlands et Arches, comme nous l’avions fait en septembre 2009. Canyonlands, c’est une énorme étendue naturelle rocheuse de 850 km2 qui se situe au cœur du plateau du Colorado. Impossible donc de tout voir en si peu de temps, même s’il est possible d’aller dans un lieu en particulier pour avoir un aperçu de l’immensité du parc : Island in the Sky. Le plus simple consiste à venir par la route 191, au nord de Moab, et de prendre à gauche au km17, pour prendre la 313. De là, il reste encore 35 km pour arriver à l’entrée du parc, où se trouve le Visitor Center (récupérez le guide gratuit en français). Depuis le parking, on peut traverser la route pour voir un premier panorama avec en contrebas les méandres du fleuve Colorado et les 4x4 qui y descendent via une route en lacets qui épouse joliment le relief. Juste après le parking, la route passe sur une étroite bande de terre d’une centaine de mètres (The Neck) avec le vide de chaque côté, avant de s’élargir à nouveau sur un vaste plateau : Island in the Sky (l’île dans le ciel). En fait, les Indiens et les cowboys se servaient de cette particularité pour y parquer leurs troupeaux. Huit kilomètres plus loin, on aperçoit un petit parking. Il suffit alors de prendre le chemin qui en sort et qui conduit en dix minutes à la célèbre Mesa Arch, qui est à Canyonlands ce que Delicate Arch est à Arches. Sa particularité est d’être dans l’axe du soleil au lever du soleil, celui-ci étant visible par l’intérieur de l’arche… mais à condition de se lever tôt ! Toutefois, même en plein après-midi l’arche vaut le détour, car on peut prendre de belles photos avec les montagnes La Sal en arrière-plan et le canyon en contrebas. Il faut faire une dizaine de kilomètres supplémentaires en voiture pour arriver sur un parking qui marque la fin de la route, puis marcher cinq minutes pour arriver à Grand ViewPoint, au bord de la falaise. Ici, le paysage est à couper le souffle, car on est sur une « mesa » avec, 600 mètres plus bas, les rivières Colorado et Green qui s’étirent à travers des canyons jusqu’à l’horizon, distant de plus de 150 km ! En fait, la vue est tellement impressionnante et grandiose qu’il est presque impossible d’en prendre une photo qui arrivera à rendre la beauté et la profondeur du panorama. Au retour, on peut bifurquer à un moment sur la droite pour aller à Dead Horse Point. L’endroit est très connu, car c’est un promontoire qui permet d’avoir une vue sur l’un des plus beaux méandres du fleuve Colorado, et accessoirement le lieu de tournage de la scène finale du film Thelma et Louise. Petit détail : l’entrée coûte 10$.


Faute de temps, nous ne sommes allés cette année à Arches que pour voir Delicate Arch. Pourtant, il existe près de 2000 arches naturelles disséminées sur les 300 km2 de superficie du parc. Lorsque nous sommes venus en 2009, nous avions alors gardé une journée complète pour voir les plus belles, en alternant voiture et marche. Notre journée commence vers 8h30, avec le passage par le Visitor Center pour mieux comprendre la géologie des lieux et récupérer le guide et la carte en français. Comme il fait très chaud l’après-midi et qu’il y a peu d’ombre, nous décidons donc de marcher le matin, en allant tout au nord du parc, dans le Jardin du Diable (Devil’s Garden), où l’on trouve la plus grande concentration d’arches du parc. En outre, le chemin d’accès est facile et serpente sur et au milieu de grande écailles de grès couleur saumon, ce qui lui donne un côté sportif. Ici, on peut y voir de vieilles arches et d’autres en formation. Mais la vraie attraction, c’est Landscape Arch, qui est la plus grande arche naturelle du monde, avec 89 m de long à 32 m au-dessus du sol. On la reconnaît aussi à sa forme très effilée, puisqu’à l’endroit le plus mince, elle ne fait que 1,8 m d’épaisseur ! Compter en gros une demi-heure de marche facile depuis le parking. Après une marche de deux heures aller/retour jusqu’à Double O Arch, nous revenons au parking pour manger un morceau sur une table et à l’ombre. Puis nous repartons 15 km vers le sud sur la même route qu’à l’aller pour rejoindre « Windows Section ». C’est là que se trouvent de belles arches monumentales, comme North Window et South Window, deux arches voisines qui ressemblent à une paire de lunettes géante. Mais ma préférée reste Double Arch qui me fait penser à une sorte de cathédrale de pierre (elle a servi de décor pour l’introduction du film Indiana Jones et la dernière Croisade). Après une bonne heure de marche facile mais au soleil, nous reprenons la voiture pour nous diriger 6 km plus au nord vers le Wolfe Ranch parking et faire la montée jusqu’à Delicate Arch. Juste avant le coucher du soleil, nous nous arrêtons à l’entrée de Windows Section pour y faire notre dernière photo, celle de Balanced Arch, rocher suspendu en équilibre fragile assez étonnant. Il faut d’ailleurs tourner un peu autour pour avoir le meilleur angle de vue qui donnera cette impression. Fin de la journée en repassant vers Park Avenue, sorte de chemin entre de hautes murailles qui font penser à la grande avenue éponyme de New York (qu’on peut faire à pied en une demi-heure).


Monument Valley Vendredi 30 septembre. Vu que notre prochaine étape n’est qu’à 200 km (2h de route), nous prenons tranquillement notre petit déjeuner en chambre, après être allé chercher le café servi gratuitement à l’accueil (comme la plupart du temps dans les motels aux EtatsUnis). À 9h, le coffre est déjà rempli et nous partons enfin quand, soudain, deux hommes s’approchent de nous en pointant du doigt l’avant de notre véhicule et en criant ‘flat tire’. Moment d’étonnement, avant de comprendre très rapidement que le pneu avant droit est à plat. Quelle poisse. Heureusement, la réceptionniste de l’hôtel nous indique Chip’s, un garagiste situé à seulement 300 m de là, de l’autre côté de la route. Une vraie chance, car une heure plus tard le pneu est déjà regonflé, et pour à peine 20$. Nous partons donc seulement vers 10h30, mais heureusement, cela roule bien, et nous nous arrêtons donc au bout d’1h30 à Blanding, trou paumé au milieu de nulle part, pour un bon pique nique d’une heure. Nous repartons pour une dernière heure de route jusqu’à Mexican Hat, joli village posé au bord de la rivière, qui tire son nom d’un curieux rocher plat et circulaire qui évoque un sombrero mexicain posé en équilibre sur un piton rocheux. Notre motel, le San Juan Inn Trading Post, posé au bord de la rivière éponyme, se trouve quelques kilomètres plus loin, mais comme il est trop tôt pour le check-in, nous décidons de le dépasser pour faire les 30 km qui nous séparent de Monument Valley. Nous connaissons bien la route pour l’avoir déjà empruntée en 2009, mais l’émotion reste la même quand, dix kilomètres avant l’arrivée, on voit enfin ce décor mythique de carte postale avec cette longue route longiligne qui semble vouloir aller transpercer les buttes qui apparaissent au loin. Mais la vraie émotion, c’est lorsque l’on arrive sur la grande esplanade de la réserve avec en face de soir Merrick Butte et West & East Mitten. D’ailleurs, la plupart des gens restent ici pour admirer ce décor emblématique de l’ouest américain et de sa mythologie, avant de faire un tour dans la boutique d’artisanat. Mais le vrai intérêt du lieu, c’est d’emprunter la « Valley Drive » de 17 miles qui serpente au milieu de ce paysage étonnant et photogénique, pour aller au plus près des mesas (quand elles sont plus larges que hautes) et des butts (quand elles sont plus hautes que larges). Officiellement, cette piste sablonneuse est ouverte à tous, mais faut-il encore avoir un plancher assez haut, au risque de rester coincé, comme cela avait failli nous arriver en 2009. A l’époque, mon père et moi avions préféré louer un 4x4 avec chauffeur Navajo. Mais à 100$ par personne, le tour de manège coûte un peu cher ! Du coup, nous sympathisons avec un couple de belges flamands francophones et emprunter un pick-up tout terrain avec une visite à 70$ par personne pour 2 heures et demi de trajet.



Monument Valley Cela revient encore cher, mais au moins le pick-up s’arrête assez souvent et on peut aller sur des portions que les touristes ne peuvent pas emprunter. Nous faisons ainsi une longue halte à John Ford’s Point, lieu mythique s’il en est où l’on peut prendre un cavalier sur une avancée rocheuse avec en arrière-plan les pitons rocheux ocre-rouge. On se croirait dans un western où ne manquent plus que John Wayne et des hordes d’indiens… Le reste du trajet est assez sympa, avec un passage par la butte de l’éléphant, puis celle du chameau, Eye of the Wind ou encore Mocasin Arch où nous croisons un père et ses deux filles qui font le circuit à cheval... Un rêve pour certains que je connais… De retour au parking, c’est la mauvaise surprise, car le pneu avant droit s’est de nouveau dégonflé. Mon père arrive toutefois à mettre la galette de secours (le donut), ce qui nous permet au moins de rentrer au motel. Sur les 30 km de route, nous allons à vitesse réduite et dans une ambiance un peu lourde, car il nous reste encore 4 jours avant de rendre le véhicule. Arrivés à l’hôtel, je prends enfin contact avec Avis, qui doivent « voir ce qu’ils peuvent faire ». Pendant le dîner, l’atmosphère reste donc plutôt lourde. Mais nous en saurons plus demain.



Page, Antelope Canyon Samedi 1er octobre. Comme hier, nous avons à peine deux heures et demie de trajet pour rejoindre Page, en Arizona, une petite ville plutôt quelconque mais qui se situe à proximité de l’un des lieux que j’attends le plus dans ce voyage, Antelope Canyon. Pourtant, le cœur n’y est pas, car Avis nous demande d’aller justement à Page pour pouvoir régler le problème ! Le gérant du San Juan Inn, compréhensif, essaiera bien d’échanger notre pneu contre un des siens, mais nous trouvons finalement la parade en regonflant le nôtre à la station Shell juste au-dessus. Heureusement, le trajet de 230 km se passe sans encombre, certes à une vitesse un peu réduite, mais ça passe. Et à 11h30, nous arrivons à Page, où nous faisons un détour par le Wallmart, avant d’aller déjeuner dans l’un des parcs ombragés du centre-ville, comme il y a deux ans. Vers 13h30, toujours pas de nouvelle de Hertz. Nous profitons donc d’un plein d’essence pour regonfler une nouvelle fois le pneu. Puis nous faisons deux miles pour rejoindre la célébrité de la ville, le Glen Canyon Dam, qui retient les eaux du Colorado dans le lac Powell depuis 1957. Comme nous avons une bonne heure avant le check-in, nous en profitons pour aller visiter ses entrailles avec un petit groupe guidé par un jeune guide Navajo. Ce qui impressionne le plus ici, c’est non seulement la hauteur du barrage (216m de haut, le quatrième des États-Unis), mais aussi l’épaisseur du béton (10m dans la partie haute et 100 m à sa base) et les énormes turbines, que l’on peut voir à travers une vitre et sur une esplanade (photos). Mais ce qui impressionne le plus, c’est le pont métallique qui enjambe les falaises juste après le barrage. Sensations garanties, surtout quand un camion passe et fait vibrer tout le pont… Vers 15h30, nous nous dirigeons enfin vers Antelope Canyon, situé à seulement 5 km au sud-est de la ville, sur la route 98, en plein désert. Cet endroit fabuleux est en fait constitué de deux sites distincts, Lower Antelope et Upper Antelope, deux « slot canyons » de 2m de large maximum et de 300m de long environ chacun dont les parois ont été sculptées au fil des années par les eaux des orages éclairs. D’ailleurs, Antelope Canyon se dit « tsé bighánílíní dóó Hazdistazí » en Navajo, ce qui signifie « le lieu où l'eau coule à travers les rochers ». La beauté des lieux tient aussi et avant tout à une phénomène naturel assez étonnant : lorsque l’on s’y rend vers midi, les rayons du Soleil viennent percuter les parois à la verticale et éclairer le sable du sol. Mais c’est aussi le meilleur moment pour prendre des photos spectaculaires où la roche prend une extraordinaire teinte orangée. Un moment superbe et inoubliable que nous avons pu admirer en 2009 à Upper Antelope Canyon, mais qui a l’inconvénient d’attirer beaucoup trop de touristes et de photographes (qui payent plus cher la visite de midi pour pouvoir poser tranquillement leur trépied).




Lower Antelope Canyon Vu l’heure tardive, nous retournons aujourd’hui dans Lower Antelope Canyon, que nous avions découvert il y a deux ans, et que nous aimons aussi beaucoup, car elle est moins courue que sa grande sœur (donc moins chère) et comprend une part d’aventure. En effet, la visite se confond ici avec un amusant parcours du combattant, car il faut emprunter au total une bonne dizaine d’échelles métalliques pour descendre puis remonter à l’air libre. Contrairement à notre première visite, nous ne sommes pas libres, mais partons à une dizaine avec un guide Navajo, qui nous explique un peu la géologie des lieux, sa beauté, mais aussi sa dangerosité. En effet, on peut voir à nos pieds une petite plaque commémorative avec le nom de onze touristes, dont sept français, qui sont morts noyés ici le 12 août 1997 à cause d’une inondation provoquée par un orage éclair (les célèbres flash floods). Un phénomène assez impressionnant que nous avions pu observer avec un copain avec qui j’étais venu ici en septembre 2002. A l’époque, un violent orage de grêle s’était abattu juste avant Page, provoquant l’apparition d’un torrent qui a coupé la route sur près de 50 m de long. On imagine donc bien l’effet dévastateur lorsque l’eau dévale une rivière désertique et s’engouffre dans Antelope Canyon ! Les présentations faites, nous arrivons enfin a pied d’une grande cicatrice, qui ressemble à une sorte de coup de sabre donné dans le grès rouge. C’est là que se situe l’entrée du canyon, où l’on s’engage par une faille d’à peine 60 cm de large, avant de débouler sur un système d’échelles métalliques qui vous amène une trentaine de mètres plus bas. Ici, le Soleil perce juste ce qu’il faut pour découvrir les majestueuses parois de grès rouge (le sandstone) dont les parois, étonnamment sculptées, rappellent des toiles qui flotteraient au vent, voire même d’étranges vagues minérales. Si l’heure n’est pas idéale pour ce genre de photos, on peut toutefois compter sur les guides Navajo, qui connaissent tous les recoins, ainsi que les positions exactes à adopter et les modes à utiliser pour l’appareil afin de prendre de superbes photos comme celles ici à droite où l’on voit les couleurs orangées, jaunes et même violettes. Sans oublier cette photo où, en utilisant le flash, le décor devient comme un négatif. Véritablement incroyable ! Pour le reste du parcours, on se plaque tantôt contre la roche pour traverser un étroit défilé, avant de dégringoler de palier en palier sur les échelles jusqu’aux salles les plus joliment sculptées par les pluies diluviennes. Même la fin du parcours est étonnante, car on utilise un nouveau système d’escaliers à moitié caché dans la roche, avant de retrouver le soleil puis de revenir par le dessus jusqu’à la cabane du parking. Le plus étonnant, c’est de se dire qu’on a passé plus d’une heure sans s’ennuyer dans un espace à peine long de 400 m !




Bryce Canyon Dimanche 2 octobre. Excédé par l’incompétence du loueur de voitures, je les ai rappelé hier soir en leur passant un bon petit savon (en anglais). Résultat : Hertz nous autorise finalement à changer le pneu et prendra en charge le coût de la réparation (il faut dire que la pointe qui a dégonflé le pneu depuis Moab était en fait là depuis le départ de Salt Lake City). Nous voici donc ce dimanche matin à 9h devant le Lube&Tire Express du Wallmart. 1h30 plus tard, le problème est enfin réglé et nous pouvons nous diriger sereinement vers Bryce Canyon pour la suite du voyage, sans trop de retard sur notre planning initial. Avant cela, nous faisons un crochet pour voir un autre lieu incontournable de la région, Horseshoe Bend. Située à 6 km au sud de Page, « la hanse du fer à cheval » est le nom d’un méandre du fleuve Colorado qui s’enroule autour d’un gros piton rocheux et que l’on peut observer depuis une impressionnante falaise (sans protection de sécurité). Un paysage assez grandiose, qui plus est renforcé par les nuances de rose de la pierre et les dégradés de vert des algues en contrebas. Autant dire que les quinze minutes de marche dans le sable et sous le soleil en valent vraiment la peine. Il faut aussi se munir d’un objectif grand angle, sinon impossible de prendre la photo en une seule prise ! Après cet intermède, retour à la voiture pour une première portion de 120 km sur la route 89, jusqu’à Kanab, où nous déjeunons. Redémarrage 1h plus tard pour 100 km plein nord, dans un décor de plaines et de champs. Après Panguitch, nous bifurquons à droite sur la Highway 12, où nous traversons le Red Canyon, un ensemble de roches rouges érodées qui donnent déjà un avant-goût de Bryce. Nous arrivons vers 15h au Ruby’s Inn, un motel de 400 chambres posé au milieu de nulle part et sans charme, mais pas trop cher (90€ la nuit) et aux chambres spacieuses (le lit de mes parents fait 3 m de large !!!). Vers 16h30, nous reprenons la voiture pour aller dans le parc, situé 4 km plus bas. Au début, la route qui serpente au milieu d’une forêt clairsemée de pins n’a rien d’extraordinaire. Mais, arrivés au parking de Sunset Point et après 3 minutes de marche, nous parvenons enfin au bord de la falaise. Et là, la vue de carte postale à couper le souffle, avec un immense amphithéâtre constitué de milliers de cheminées de fées multicolores. En réalité, Bryce n’est pas un canyon, mais un plateau calcaire qui s’est formé il y a plusieurs millions d’années et dont les bords se sont érodés au fil du temps pour former des avancées de plus en plus étroites. Avec l’eau et le gel, ces murs ont commencé à se perforer aux points les plus faibles pour créer des arches qui, avec le temps, se sont agrandies avant de se briser pour ne laisser que de grands piliers, les fameux hoodoos, ou cheminées de fées. La coloration est, elle, due à l’érosion des minéraux : les oranges, rouges et roses du fer, le violet du manganèse, les parties blanches étant du calcaire.





Queen’s Garden Trail Vu l’heure, nous pourrions nous contenter de reprendre la voiture et aller par la route jusqu’au bout du parc (25 km) et revenir en admirant les différents points de vue. Mais l’endroit est décidément trop beau pour rater le coucher de soleil qui arrive dans une heure et demie. Du coup, mon père et moi décidons de faire l’incontournable Queen’s Garden Trail, un sentier de 2,9 km, qui descend tranquillement jusqu’en bas de l’impressionnant amphithéâtre, en serpentant au milieu des hoodoos et autres blocs tenant parfois en équilibre. Un parcours assez photogénique donc, et qui en plus passe à travers de petits tunnels creusés directement dans la roche rouge. En bas, le paysage change. Ainsi, on y voit des genévriers, pins et armoises vertes qui viennent ainsi en contrepoint de la gamme des ocres des formations minérales. Au bout de 45 min de marche, nous décidons de remonter par le Navajo Loop Trail. Ici, les espaces sont moins dégagés, voire sombres dans certains endroits, car nous passons entre de hauts blocs rocheux qui forment un inquiétant dédale oppressant et silencieux où arrivent malgré tout à pousser d’impressionnants pins. Au bout de ce labyrinthe, le chemin commence à zigzaguer et les parois s’écartent progressivement pour laisser place à la vraie difficulté du parcours, Wall Street (la « rue du Mur »), qui fait probablement allusion au dénivelé assez impressionnant à faire sur une aussi courte distance. Heureusement, les concepteurs du sentier ont créé de nombreux virages et une pente assez douce pour limiter l’effort. Mais il faut quand même compter quinze minutes de marche et une bonne suée pour rejoindre Sunset Point. D’ici le panorama est aussi joli qu’à Sunrise Point, mais avec en plus la vue sur Thor’s Hammer, un grand hoodoo coiffé d’un rocher qui fait penser au marteau de Thor. La journée s’achève par une bonne douche et surtout un bon repas à l’incontournable buffet (bondé) du Ruby’s Inn. Au menu : crudités, poulet, meat loaf, maïs, patates, pignons de pins, gâteau au chocolat, cookies et glace, le tout à volonté et pour seulement 25$ par personne !



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