par t i e2
Muztagh Pass Ski Tour 2017 expé à skis et pulka au Pakistan
Muztagh est un nom d’origine turcophone qui signifie « montagnes de glace ». Les Ouïghours de la haute Tartarie désignaient ainsi les montagnes du Karakoram qui délimitaient le sud de leur territoire. Deux cols glaciaires étaient connus pour être franchissables, les Muztagh Pass, ouest et est, « new and old », qui permettaient aux Ouïghours de relier les royaumes du Baltistan. Entre ces deux cols se situe le vaste bassin supérieur du glacier de Sarpo Laggo qui s'étend entre 5000 et 5700 m d’altitude, flanqué de sommets de 6000 et 7000 m. Le programme de cette aventure avec le guide français Pierre Neyret est de traverser ces deux cols aujourd'hui complètement délaissés, et de skier quelques points hauts dominant le bassin supérieur du glacier Sarpo Laggo, en terminant par la descente du Glacier du Baltoro et en passant au pied des mythiques Tours de Trango, Cathedral et Paju. Un itinéraire hors normes et une expérience unique que je vais essayer de vous faire revivre à travers cet album-photo.
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
ci-contre : Pierre Neyret a réussi à m'immortaliser au cours de ce que je considère être l'un des plus beaux moments de cette expé, sur une pente à plus de 40° et avec les séracs en arrière-plan. Même si le sourire est de rigueur, il vaut mieux être attentif, car nous ne sommes pas à l'abri de mettre le pied dans une crevasse.
J18 : La descente du East Muztagh Pass (5400 m - 5210 m) Le lendemain matin, le miracle s’est produit : le ciel est dégagé et ensoleillé. Pierre est donc soulagé. Mais pas question d’admirer le paysage, aussi grandiose fût-il. En effet, il ne faut pas oublier qu’il faut descendre douze alpinistes et autant de pulkas 250 m plus bas, ce qui risque de prendre au moins 8h – soit une éternité en termes météo. Laurent, Dominique, Fred et Pierre partent donc dès 8h avec leurs pulkas pour préparer les ateliers, pendant que les autres commencent à replier les tentes et à charger les pulkas. Exceptionnellement, nous avons chaussé les crampons et les skis sont attachés sur la pulka. A 9h30, c’est donc le départ en binômes vers la droite du col. Rapidement, on commence à voir l’énorme « trou » dans lequel nous allons plonger avec, au fond, le glacier de Muztagh et, au loin, celui du Baltoro que nous atteindrons dans deux jours. Le premier atelier – animé par Fred et Laurent – consiste à descendre en arrière sur 50 mètres dans une pente à 40°. Le système est assez simple : vous êtes attachés à la corde, avec juste derrière vous votre pulka, attachée par un mousqueton à 2 m environ. Ainsi, lorsque vous reculez vers le bas, la pulka vous suit (il faut quand même la guider). Au début, c'est amusant, mais au bout 50 mètres, la pente devient quasi verticale sur une trentaine de mètres de haut, ce qui fait que la pulka ressemble de plus en plus à une épée de Damoclès placée juste au-dessus de votre tête. Heureusement nous avons tous un peu l’habitude de la montagne et des rappels, et tout se passe bien. Au bas de cette pente – qui jouxte d’énormes séracs d’une dizaine de mètres de haut – chacun laisse sa pulka sur un parking provisoire. C’est là que Dominique nous attend pour le deuxième atelier : une simple descente le long d’une corde tendue au bout de laquelle se trouve Pierre, cent mètres plus loin en contrebas. Aucune difficulté, à condition de bien regarder où l’on met les crampons pour ne pas tomber dans une crevasse. Heureusement, les risques sont limités, dans la mesure où nous sommes encordés et sous la surveillance de Dom et Pierre. Une fois arrivés jusqu’à lui, il ne nous reste plus qu’à descendre, seuls, vers une corniche cinquante mètres en
contrebas. Il n’y a alors plus qu’à attendre le reste du groupe en s’allongeant tranquillement dans la neige surchauffée par un soleil de plomb (crème indice 50 à renouveler toutes les 30 minutes, sinon vous finissez en grillade !). Une fois les trois quarts du groupe sur cette corniche commence l’étape la plus compliquée : faire descendre en plusieurs étapes les douze pulkas jusqu’à nous, dans une pente à 40° et en évitant les séracs et les rochers qui affleurent. Dans un premier temps, Dom et Fred d’un côté, Pierre et Laurent de l’autre, font coulisser une première corde pour ramener la pulka qui y a été fixée avec des mousquetons. Ensuite, Pierre et Laurent effectuent une manip de corde qui permet de remettre la pulka face à la pente de 40 degrés, puis de la faire lentement descendre sur une cinquantaine de mètres. Jahangeer, qui se trouve au milieu de cette pente, réceptionne la pulka et la dépose sur une « gouttière » que nous avons creusée ensemble. C’est là que j’interviens en venant chercher la pulka et en la tirant sur vingt mètres, avant de la donner à Mathurin, qui la fait descendre jusqu’à la corniche, où un parking en escaliers a été aménagé. Une sacrée gageure qu’il faudra répéter douze fois au total, et le tout à 5300 m d’altitude ! Si les premières manips sont maladroites, nous allons finalement réussir à améliorer et accélérer le processus, malgré la fatigue et un soleil de plomb. Et, surtout, aucune casse ou perte à déplorer même si, au milieu du parcours, les pulkas basculent toutes sur les rochers qui rayent les skis. Il faut quand même noter ce « beau » moment de frayeur en début d’après-midi, lorsqu’un sérac de la taille d’un immeuble de cinq étages se détache de la paroi et s’effondre dans un bruit sourd contre le sol rocheux, avant de dévaler la pente et de partir en nuage d’eau cent mètres plus bas, au pied du col. Par chance, Jahangeer et moi, qui étions les plus exposés, avions entendu un énorme craquement avant-coureur, ce qui nous avait laissé le temps de nous plaquer face à la pente pour nous protéger de l’énorme rideau d’eau qui se précipitait sur nous. Moment intense donc, mais heureusement sans « casse ».
page de gauche : Fred part avec les cordes sur le dos pour préparer le premier atelier. En attendant, nous devons bien attacher les skis sur les pulkas, car la descente va être un peu compliquée. ci-dessus : Rémi dos à la pente, avec en arrière-plan l'imposante masse du Biale.
page de gauche : la seconde partie du premier atelier, avec une pente très prononcée. Mais la corde tient bon ;=) page de droite : avant le deuxième atelier, tout le monde laisse sa pulka dans un parking provisoire taillé dans le glacier. Impossible en effet de les conserver en raison de la trop forte déclivité de la pente. Nous passons donc en premier et nous ferons passer les pulkas séparément par un système de téléphérique assez osé, surtout à cette altitude.
page de gauche : une fois le groupe à l'abri sur une petite corniche, il faut désormais faire descendre les pulkas une par une par un système de téléphérique imaginé par Dom, Pierre et Laurent hier lors de la reco. La première étape consiste à faire coulisser la corde pour faire venir la pulka de Dominique, restée en haut, vers Pierre et Laurent. Une fois la pulka à sa hauteur, Pierre fait pivoter la charge pour la remettre dans la pente et la laisser glisser tant bien que mal en aval vers Jahangeer. page de droite : Une fois que Jahangeer a réceptionné la pulka, il ne lui reste plus qu'à la faire venir vers moi (d'où je prends ces photos), avant que Mathurin et Romain ne la descendent vers la corniche où est stationné le reste du groupe. Au total, le passage des douze pulkas prendra au moins deux heures (chacune fait entre 20-25 kg). page suivante : photo panoramique de l'énorme face du Biale Peak (6772 m), monstre de roche et de glace.
ci-contre : Laurent, tout sourire, pose à côté des pulkas qui sont stationnées avant la descente finale. On distingue à l'arrière-plan Dominique qui descend du point initial d'où ont été descendues les pulkas.Cette photo a été reprise dans la newsletter de décembre 2017 de l'agence de voyages Tamera.
Vers 15h30, toutes les pulkas sont stationnées à la corniche et Pierre nous rejoint enfin. Il ne reste alors plus que 300 m à parcourir dans une pente raide mais sans difficulté pour rejoindre le pied du col. Pierre fait le choix d’une manip simple où chacun descend encordé avec sa pulka. Le système est mis en place en dix minutes (la corde est arrimée autour d’un ski enfoncé dans la neige) et Fred joue les cobayes. Pas de danger. Les autres suivent un par un, à leur rythme. Mais comme le jour (et la température) déclinent rapidement, Laurent et Pierre décident d’accélérer le mouvement, et nous font partir par binôme. Je pars alors avec Dominique avec qui j’ai l’habitude. Mais dès le début, Laurent et Pierre ont accéléré la cadence et font dévaler les pulkas un peu trop vite pour Dom et moi. La descente est un véritable calvaire car il faut pouvoir descendre face à la pente de 40° dans plus de 30 cm de neige avec les crampons et redresser des pulkas qui pèsent leur putain de poids. En bas, je suis complètement cuit, mes poumons sont en feu, j’ai du mal à retrouver mon souffle. Pour couronner le tout, lorsque Dom m’aide à redresser ma pulka, mon crampon droit vient transpercer sa main. Aussitôt, elle enlève ses gants pour voir si elle n’a rien de grave. Mais heureusement, aucun os ni tendon n’a été touché. Mais ce n’est pas fini : quelques minutes plus tard, au moment où Dom m’aide à tirer la pulka vers le bas, la putain de manille qui tient le harnais pète d’un coup sec – exactement comme la première fois ! Là, franchement, je me dis que je suis maudit. Non seulement je suis exténué, j’ai le souffle court, et en plus le sort s’acharne sur moi. Je n’ai ni mangé ni bu depuis le départ ce matin et la descente m’a tué. Du coup, je craque littéralement et j’envoie balader la pauvre Dominique quand elle me demande d’avancer la pulka pour me mettre à l’abri. Heureusement, elle en a vu d’autres, et réussit à garder son calme tout en continuant de m’aider. Après cet épisode douloureux et où je m’en veux, j’essaie de reprendre mes esprits. Mais c’est dur, car les nerfs sont à vifs et la fatigue du voyage commence à se faire ressentir. Pendant les cent derniers mètres qui restent jusqu’au camp, je tire la pulka avec ce qui reste du harnais, avant de m’effondrer sur le sol. Mais pas le temps de me reposer, car Laurent est resté en arrière pour aider Pierre. J’aplatis donc seul le sol avec mes skis avec ce qui me reste de souffle, et je commence à monter la tente. Heureusement, Jahangeer me voit et vient m’aider. Comme d’habitude, il est notre Saint Bernard, celui qui ne vous abandonne pas dans les moments difficiles. Finalement, Laurent arrive une dizaine de minutes plus tard. Je suis fier de lui montrer que, pour une fois, j’ai réussi sans son aide, lui qui, depuis le début était là pour faire le boulot de deux (à cause de mon entorse du pouce).
page de gauche : une fois les pulkas stationnées et tout le groupe réuni au niveau de la corniche, nous pouvons démarrer la dernière phase de la descente, à savoir 300 m dans une pente raide mais sans réelle difficulté. Pierre fait le choix d'une manip simple où chacun va descendre encordé avec sa pulka. Le système est mis en place en dix minutes (la corde est arrimée autour d'un ski enfoncé dans la neige) et Fred joue les cobayes en descendant le premier (photo de gauche de la page de droite). Comme Fred n'a décelé aucun danger, nous pouvons descendre un par un, puis deux par deux, en prenant bien soin que notre pulka reste à côté de nous.
ci-contre : le East Muztagh Pass que nous avons descendu hier en dix heures est enfin visible dans son intégralité (j'ai indiqué en orange les traces sur la partie gauche du col). D'après Pierre, cela faisait onze ans que personne n'avait descendu ce col !
J19 : East Muztagh Pass – Lhungka (4150 m) Si la journée d’hier a été riche en émotions à tous points de vue, elle a aussi été exténuante, avec une descente qui aura duré près de dix heures. Du coup, Pierre a reporté le lever à l’arrivée du soleil, vers 7h30. Dehors, il fait bon et, surtout, le temps est une nouvelle fois magnifique. Le décor est également grandiose, avec au premier plan les 1700 m de parois du Biale Peak, et à sa droite l’effrayant glacier du Kruksum. Mais en réalité, nos regards se portent surtout sur le col d'hier. Du camp, ça ne parait pas si méchant, mais on se dit quand même qu’on a réussi un joli petit exploit. Après une séance bricolage (il a fallu trouver des manilles pour Dom et moi), c’est donc le départ à 9h pétantes. L’itinéraire des deux prochains jours est très simple : se laisser glisser le long du glacier de Muztagh sur une quinzaine de kilomètres pour rejoindre Lhungka, au pied du glacier du Baltoro, où nous rejoindrons les porteurs. Nous avons donc tout notre temps pour admirer un paysage impressionnant, avec de chaque côté des parois de glace et de grès de plus de mille mètres de haut des 7 Pagodes, du Biale et des contreforts monumentaux du Lobsang. Vers 11h, le groupe avance tranquillement lorsque le glacier commence à devenir très crevassé. Pierre essaie de prendre un peu de hauteur pour trouver le bon passage. Mais ça parait compliqué. Finalement, il décide de s’encorder, avec Frédéric, Dominique et…. moi ! Je suis très étonné de ce choix, car il aurait logiquement dû choisir Laurent. Je le prends donc comme une vraie marque de confiance de sa part, en restant toutefois lucide quant à mon utilité réelle. Je me contente donc de suivre Pierre et Fred, qui ont par endroits beaucoup de mal à trouver le bon chemin. On sent même à certains moments une véritable tension, car Pierre ne peut pas échouer aussi près du but. Comme diraient certains, on entendrait presque des aigles voler... En tout cas, dans ces moments un peu tendus le mieux que je puisse faire, c’est d’aider à porter ou à pousser la pulka de Fred et Pierre dans les passages un peu compliqués. Après cette phase un peu délicate, qui aura duré près de trois quart d’heure, le terrain redevient plus praticable, avec malgré tout de plus en plus de cailloux qui affleurent la glace (on voit d’ailleurs bien les traces de peinture rouge des pulkas qui passent dessus…). Mais rien de bien méchant en tout cas, puisque nous n’avons pas besoin de déchausser les skis ni à porter tout notre barda sur les 4 km initialement prévus par Pierre. Résultat : à 15h, nous arrivons tranquillement en skis au camp de Lhungka (3850 m)… avec une journée d’avance sur le calendrier ! C’est donc à la fois une bonne nouvelle, mais où se mêle aussi un peu de tristesse, car cela signifie aussi la fin de notre périple à skis…
UN COL FRÉQUENTE AVANT D’ETRE ENVAHI PAR LES GLACES
Entre le col de Shimshal à l’ouest et le col du Karakoram à l’est, les crêtes du Karakoram sont continuellement infranchissables sur une distance de 270 kilomètres. Sauf en un point, le Muztagh Pass, à 5 450 mètres. Nul se sait qui a découvert ce passage, mais les historiens supposent qu’il était déjà parcouru au IVe siècle. Unique «raccourci» entre les royaumes du Cachemire et les oasis du bassin du Tarim, il semble avoir été régulièrement fréquenté, avec des poneys, jusqu’à ce que les crues glaciaires du milieu du XIXe siècle ne le condamnent. Les explorateurs européens l’ont cherché... Sir Francis Younghusband sera le premier à le trouver en 1887, des Italiens seront les seconds en 1929, suivis par des Français en 1990, des Britanniques en 2004. Notre expédition de mai 2017 est donc la cinquième du genre. Cinq passages en un siècle et demi, on ne se bouscule pas sur le Muztagh Pass. (Pierre Neyret, Terre Sauvage, novembre 2017)
page de gauche : le départ du camp, avec quand même quelques photos devant ce col qui nous aura quand donné un peu de fil à retordre. Nous partons ensuite pour une longue descente du Glacier de Muztagh, dans des décors assez grandioses (mais qui auraient pû l'être encore plus si le soleil avait été au rendez-vous). page de droite : impossible de ne pas s'arrêter devant ce paysage impressionnant, avec de chaque côté des parois de grès en formes d'aiguilles de plusieurs centaines de mètres.
page de gauche : vers 11h, le groupe doit faire face à une glacier de plus en plus crevassé. Il nous faut donc redoubler de vigilance et tester le passage encordés (ici Pierre et Fred, les plus expérimentés). page de droite : une fois cet obstacle passé, la progression redevient beaucoup plus facile et sans danger, et ce, jusqu'au croisement avec le Glacier du Baltoro. C'est ici que s'arrête notre périple à skis et pulkas, avec une journée d'avance sur l'itinéraire initialement prévu par Pierre (il pensait qu'il n'y aurait pas assez de neige et que nous aurions du finir en faisant des allers et retours à pied dans la moraine).
J20 : repos à Lhungka (4150 m) Mercredi 3 mai. Enfin une nouvelle journée de repos bien méritée. Officiellement, c’est grasse matinée, mais comme les habitudes sont prises, tout le monde est plus ou moins debout vers 7h30. Dehors, il fait grand beau, ce qui met encore plus en beauté le paysage, et en particulier la longue langue glaciaire du Glacier du Baltoro, et la ribambelle de sommets de plus de 6000 m, comme le Mitre Peak, le Gondogoro et le… Liligo Peak (eh oui, le site Web de réservation de voyages n’est autre qu’un sommet pakistanais !). Mais le plus beau et le plus majestueux reste sans conteste le Masherbrum, un monstre de roche et de glace de 7821 m, pile face à nous. « Ça envoie du pâté » comme aime à le dire Pierre (photo ci-contre). Vu que nous n’avons qu’à attendre les porteurs qui arrivent demain et qu’il nous reste pas mal de bouffe, la journée est donc en grande partie rythmée par de longs repas ensemble. Le matin, c’est céréales à volonté et lyophs de compote pomme-cannelle. Le midi, orgie de noix de jambon, saucisson, tortellinis sauce au poivre, sans oublier les loukoums qui me restaient encore dans un fond de sac. Enfin, pour le dîner, apéro au foie gras, vin blanc et la Chartreuse que Fred avait conservé pour fêter son anniversaire. Entre les repas et les longues pauses, nous prenons quand même le temps de ranger nos affaires pour demain, car nous partirons très tôt. Au programme donc : nettoyage et démontage des pulkas, réparation des traîneaux, séchage et rangement des bottes de skis dans leurs étuis, décollage des peaux de phoques, etc. Certains en profitent aussi pour commencer à ranger leurs sacs et faire un brin de toilette, sous un ciel clément et un soleil très chaud.
ci-contre : la journée gagnée hier nous permet finalement de bénéficier d'un jour de repos. Cerise sur le gâteau : une vue dégagée et ensoleillée sur le Masherbrum (7821 m et 7806 m pour ses sommets Nord et Sud, au centre de la photo).
page de gauche : nous profitons de cette journée de repos ensoleillée pour faire sécher nos affaires, ranger nos bottes de skis et nos skis, replier les pulkas, etc. page de droite : le groupe profite de ces derniers moments seuls au monde pour se réunir et faire un peu le point. Mais à la française ! Avec de la noix de jambon, du saucisson, des pâtes, des loukoums...
partie 5
La longue marche
ci-contre : Mathurin fait une pause bien méritée. Face à lui la Tour d'Uli Biaho, et à ses pieds l'immense Glacier du Baltoro, que nous arpentons pendant une bonne journée et demie de marche jusqu'à Paju.
pages suivantes : les porteurs d'Askole, partis à 4h du mat de Roburtse, viennent à notre rencontre sur le camp. Le temps de peser les charges (toujours 25 kg max) et nous pouvons partir pour franchir le glacier jusqu'à notre première halte, le poste militaire d'Urdukas. Il nous reste ensuite quelques heures le long de la vallée d'ablation pour rejoindre le camp de Roburtse.
Jour 21 : Lhungka (4150 m) – Roburtse (3816 m) Jeudi 4 mai. Après deux jours de grand beau, le mauvais temps revient une nouvelle fois avec, au lever, près de 5 cm de neige sur les tentes et une visibilité qui ne dépasse pas une centaine de mètres. L’ambiance est donc un peu morose. Mais le moral va vite revenir lorsque, vers 8h15, nous voyons arriver vers nous les porteurs d’Askole, avec à leur tête Hassan. Ils ne sont désormais plus qu’une vingtaine, mais ils en ont sous le pied. En effet, ils ont mis à peine quatre heures pour remonter de Roburtse à Lhungka, pourtant distants de 15 km sur la carte.
Comme il est déjà midi, Pierre décide de faire la pausedéjeuner ici. Nous nous asseyons donc autour de la grande table de plastique du camp, le cul posé sur… des jerricans d’essence vide ! Face à nous l’alignement des tours de Païju, Uli Biaho, Trango, Cathedral et Lobsang. Ces cinq chaînons parallèles, orientés perpendiculairement au glacier du Baltoro, hérissés de dizaines d’aiguilles acérées, présentent tous une façade monumentale de 1800 m de haut et 2600 m de large, séparée les unes des autres par une gorge profonde et étroite. Un panorama presque surnaturel vu d’ici.
Après les traditionnelles (et longues) accolades dès leur arrivée, Pierre leur donne tous nos restes de nourriture, qu'ils se répartissent équitablement (céréales, gâteaux, féculents…). Puis c'est l'heure du pesage, avec Hassan qui répartit toutes nos charges en autant de tas de 25 kg que de porteurs. A charge pour eux ensuite de les acheminer, à leur rythme et comme ils l’entendent, jusqu’au prochain camp.
Après une longue pause d’une heure qui s’achève par une photo souvenir avec nos hôtes, nous reprenons notre route jusqu’à Roburtse, situé dix kilomètres en aval. Cette fois-ci, plus question de traîner par contre, car non seulement le temps se couvre rapidement, mais aussi parce que nous évoluons sur la vallée d’ablation, où les rochers peuvent tomber à tout moment. Encore faut-il arriver à suivre Pierre et Dominique, qui tracent comme des fous et sont souvent loin devant. Du coup, vu l’immensité du lieu, il n’est pas rare de devoir trouver nousmêmes le chemin à travers les pierriers. Heureusement, Jahangeer, qui connait bien l’endroit, nous sortira d’un ou deux mauvais faux pas.
Au début, nous essayons bien de les suivre au milieu de l’immense moraine que nous traversons. Mais au milieu de ces incessantes montées et descentes, c’est vite peine perdue, car ils connaissent l’itinéraire cent fois mieux que nous. En même temps, nous ne cherchons plus vraiment à faire la course, car nous savons qu’il reste encore plus de 70 km à faire en quatre jours pour rejoindre Askole. Après trois heures et demie de marche, nous atteignons la rive sud du Glacier, où est dressé au milieu de nulle part un mât surmonté d’un drapeau pakistanais. C’est ici, à 4100 m d’altitude, que se trouve la caserne d’Urdukas. Ou plutôt une sorte de camp de fortune constitué d’une cabane en pierres et de trois igloos de plastique blanc qui semblent tout droit sortis de la série de science-fiction Cosmos 1999. Pour la garder, pas plus de cinq ou six hommes, un peu désœuvrés, et qui sont donc ravis d’avoir un peu de compagnie. Il faut dire qu’en cette saison nous sommes un peu les seuls à passer ici, car les grandes expéditions qui vont au K2 ne sont attendues qu’à partir de juin.
Malgré le vent, les pentes raides et les rafales de neige, le groupe arrive sans encombre à Roburtse (3816 m) vers 15 h. Mais au compte-goutte et avec des courbatures qui commencent à se faire ressentir tellement l’itinéraire était casse pattes. Heureusement, la fatigue est vite masquée par le bonheur de retrouver – enfin – une vraie tente mess, des sièges en toile, de la nourriture chaude (soupe, spaghetti, légumes et fruits frais), sans oublier le Coca à volonté. Pendant ce tempslà, la neige commence à retomber à gros flocons.
DES MILITAIRES SUR LE BALTORO
La région est militarisée depuis 1984. D’un côté, les Indiens déployés sur le glacier de Siachen et les pakistanais occupent une poignée de camps échelonnés sur le Baltoro, dont Urdukas, jusqu’au Conway Saddle, à 6000 m , d’où ils surplombent les positions adverses. S’il n’y a plus de combats, chaque partie tient ses positions. Les hommes remplissent des missions de quatre mois, une fois dans leur carrière, avec primes et avantages professionnels à la clé. Ils viennent des plaines du Pendjab ou du Sind, du désert du Balouchistan ou du Waziristan, et montent progressivement d’un camp à l’autre pour s’acclimater jusqu’au quartier général, situé à 5000 m, au pied du Hidden Peak, ou Gasherbrum I (8080 m). Les camps à basse altitude sont ravitaillés à dos de mule, les plus hauts par hélicoptère. (Pierre Neyret, Montagnes du Monde, 2014)
pages courantes : Pierre et Dom sont loin devant, le plus souvent hors de vue, ce qui ne nous facilite pas la tâche pour nous repérer dans cet immense amas de roches. Dans certains cas, on peut quand même essayer de suivre le câble téléphonique qui monte jusqu'à Urdukas. Mais la technique la plus sûre consiste quand même à suivre Jahangeer !
ci-contre et pages suivantes : marcher dans la moraine est loin d'être une partie de plaisir, notamment aujourd'hui. Mais le spectacle en vaut quand même la peine, comme sur cette photo où l'on peut apercevoir les jolies zébrures sur la glace.
Jour 22 : Roburtse – Paju (3407 m) Nouveau réveil à 5 h et départ matinal à 7 h. La raison ? Près de 12 km de marche à faire le long de la rive gauche de la moraine, sujette à de possibles chutes de pierres, puis dans un terrain très accidenté. Par chance, il ne se passera rien. En revanche, le temps est une nouvelle fois maussade, avec notamment un épais brouillard dès le début qui recouvre tout le glacier au-dessus de 5000 mètres, nous empêchant de distinguer les photogéniques massifs de Trango, Cathedral et Lobsang. Après une heure de marche le long de la rive gauche, nous bifurquons à droite pour rentrer dans la moraine, avant de rejoindre l'autre rive, où un chemin bien taillé nous mène jusqu’à Paju (prononcer « paille-djou »), notre village étape. Pendant deux heures nous n’allons cesser de monter et descendre au rythme de ces montagnes de cailloux, de glace et de roches peu accueillants, qui ressemblent à une immense carrière de gravats. C’est surtout un immense labyrinthe où la seule façon de s’orienter est de repérer les cairns et les quelques gros blocs de pierre qui sortent un peu du lot. Et à ce petit jeu, c’est Jahangeer qui gagne presque haut la main. Finalement, au terme de deux heures de crapahut, rythmés par des changements de météo incessants (il pleut, il neige, il y a du vent, il fait beau…) nous redescendons de la moraine et retrouvons le chemin que nous cherchions. C’est l’heure de faire une longue pause avec, face à nous, la gigantesque langue terminale du glacier du Baltoro. Un véritable monstre froid constitué d’un empilement de milliers de tonnes de glace, de roche et de sable sur lequel on distingue à peine les porteurs. Un spectacle pas vraiment très beau, à cause du gris de la moraine, mais véritablement impressionnant. Nous arrivons vers midi à Paju (3407 m), minuscule hameau posé sur l'une des pentes du sommet éponyme et qui signifie « sel » ou « salé », en référence à la teneur en sel de l'eau qui coule de la montagne. Comme la pente est assez importante, nous ne nous installons pas à même le sol, mais sur des terrasses aménagées qui sont en fait le toit d’une maison en pierre et en bois ! Face à nous, au loin, les tours de Trango, Cathedral et Lobsang, qui vont se dévoiler en milieu d’aprèsmidi.
ci-contre : il faudra finalement attendre ce matin pour enfin voir dans leur quasi intégralité les tours de grès mythiques de Uli Biaho, Trango, Cathedral et Lobsang.
Jours 23 & 24 : Paju (3407 m) – Jula (3218 m) – Askole (3030 m) Samedi 6 mai. Pierre a fixé le départ pour 8 h, car il reste encore près de 20 km à parcourir pour rejoindre le camp de Jula (3218 m). Durant cette longue journée, le chemin alterne entre courtes montées et descentes, et longs plats en fond de vallée. Désormais, le paysage est moins grandiose que ce que nous avons connu jusqu’ici, mais au moins il fait très beau et le ciel est parfaitement dégagé. Trop peut-être d’ailleurs, car on grille littéralement.
Le lendemain, nous entamons notre dernier jour de marche à 8h, avec une nouvelle fois près de 20 km de marche qui sont la copie conforme de la première étape de l'aller. La seule différence, c'est que le temps est plutôt maussade, ce qui a au moins l'avantage d'éviter de crever de chaud comme hier. Au total, il ne nous faudra pas plus de 6 h de marche, avec une arrivée au camping d'Askole, dans une indifférence quasi générale, car les porteurs sont déjà rentrés chez eux.
Après une longue pause à Bardumal, nous entrons dans la grande vallée de Biaho Lungma, que nous avions emprunté à l’aller pour rejoindre le premier campement. Ici, le paysage redevient imposant, mais comme nous sommes fatigués et écrasés par la chaleur, nous n’y faisons même plus attention. Pour couronner le tout, la dernière heure est un véritable calvaire, car le sentier emprunte un lit de rivière asséché, sablonneux et jonché de gros galets, sur lequel il est difficile d’avancer avec nos chaussures de marche à semelles plates.
En fait, l'animation va démarrer vers 16h quand Hassan nous invite chez lui à boire un chai (thé) et manger quelques gâteaux. L’occasion aussi de faire un petit tour du village où les gens nous accueillent sympathiquement (mais attention à ne pas prendre de photos de jeunes filles ou de femmes).
A peine arrivés au camp, tous les binômes montent leur tente très vite pour se protéger du soleil et faire un petite somme, avant d’entamer le déjeuner de pâtes de 15 h. Un régal accompagné de verres de Coca, de soupe et de pêches au sirop, dont Rémi et moi nous raffolons. Mais le moment le plus sympa reste la fin d’après-midi, lorsque Rémi, Yves et moi installons nos chaises au pied d'un tuyau d'eau fraîche. S’ils pouvaient parler, nos pieds nous diraient encore merci !
Au retour au camping, le temps s'éclaircit enfin et nous commençons à voir une partie du village s'activer dans les champs, les hommes semant de l'orge ou du blé, pendant que les femmes retournent les semis et que deux tracteurs se chargent de labourer la terre. Une journée qui s'achève donc plus joyeusement qu'elle n'avait commencé.
page de gauche : la journée Paju-Jula est encore très longue et un peu casse pattes. Mais le paysage reste néanmoins très joli et en plus le soleil est au rendez-vous. En fin de journée, Yves et Rémi profitent du jet d'eau au camping pour faire dégonfler les pieds et les rafraîchir. Putain que ça fait du bien !
pages courantes : dernière journée (ou presque de marche) entre Jula et Askole. C'est presque comme aller au boulot, vu que nous avons déjà fait ce trajet à l'aller (et pour moi c'est même la quatrième fois en comptant Nobande Sobande en 2012). Il n'empêche : les pieds souffrent beaucoup et personne ne se fait prier pour enlever les chaussures une fois les tentes montées. pages suivantes : à peine arrivés, les porteurs d'Askole se remettent au travaux des champs, avec ici le labourage avec le tracteur commun avant de semer le blé. Mamat pose avec l'un de ses fils.
ci-contre : malgré les gros travaux de terrassement et de dégagement engagés par les habitants de la vallée, une partie de la piste reste coupée. Nous devons donc retraverser ce passage difficile à pied une dernière fois avant de reprendre les 4x4. Un baroud d'honneur en quelque sorte.
J25 : Askole (3030 m) – Skardu (2226 m) Aujourd’hui, direction Skardu, à 6 h de jeep d’ici. Enfin, ça c’est sur le papier, car le tronçon de quelques centaines de mètres que nous avions contourné par le bas à l’aller est toujours coupé. Nous devons donc charger toutes nos affaires dans un seul camion, qui ira jusqu’à ce goulet d’étranglement, avant de revenir nous chercher. Malgré quelques péripéties (…), tout se passe à peu près comme prévu et, vers 13h, nous repassons enfin de l’autre côté de la piste, où quatre véhicules nous attendent pour revenir sur Skardu par le même itinéraire qu’à l’aller. J’ai de la chance, car je me retrouve dans la jeep de Pierre, ce qui nous permet de faire un premier bilan à chaud de l’expé de cette année, et de discuter un peu de la prochaine, que j’aimerais beaucoup faire. Vers 16h, nous arrivons enfin à Skardu. Pas de grande surprise depuis notre départ puisque l’artère centrale est toujours aussi polluée et embouteillée. Nous en sommes presque déjà à regretter l’air pur et le silence de la montagne. En même temps, on ne va pas se plaindre, car nous allons enfin pouvoir dormir dans un vrai hôtel et un vrai lit pour la première fois depuis trois semaines. Par contre, pour se laver, il va falloir attendre un jour de plus, car il n’y a pas d’eau chaude à cause des nombreuses coupures électriques qui sont légion ici. Comme Pierre a prévu de tenter le vol pour demain matin, nous laissons donc tomber la douche et la sieste pour faire nos derniers achats en ville. En réalité il n’y a pas grand-chose, car la plupart des boutiques de souvenirs que nous avions vu il y a cinq ans ont fermé, faute d’alpinistes. Les courses se résument donc à acheter quelques babioles et un gâteau aux noix pour le diner. Fred, Yves et moi en profitons également pour passer chez le barbier, ce qui n’est pas du luxe après trois semaines en montagne. En même temps, ça vaut le coup, puisque pour 300 roupies (3 €), vous avez le droit à une coupe de cheveux et un rasage de près. Le plus amusant, c’est qu’en nous rendant au dîner, je m’aperçois que tout le monde a eu la même idée ! C’est en tout cas assez étonnant de voir tous ces visages presque métamorphosés et rajeunis, la palme revenant à Pierre, dont on a l’impression qu’il a gagné une dix ans !
page de gauche : malgré les gros travaux de terrassement et de dégagement engagés par les habitants de la vallée, une partie de la piste reste encore coupée et infranchissable en voiture. Nous devons donc retraverser ce passage difficile à pied une dernière fois avant de reprendre les 4x4. page de droite : après le passage difficile, nous retrouvons les jeeps commandées par notre agence locale, ATP. C'est parti pour la séance de montagnes russes qui se révèle toutefois très agréable. Et une sorte de dernier au-revoir à ces belles vallées. Ci-dessous, l'une des jeeps transportant des locaux et leur chargement...On sent que les roues souffrent !
épilogue
retour à Islamabad
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
ci-contre : dans l'avion qui nous ramène à Islamabad, nous avons encore la chance de survoler le Nanga Parbat, neuvième plus haut sommet du monde également surnommé "La Montagne Tueuse". C'est notamment ici qu'à eu lieu en janvier 2018 le sauvetage médiatisé de l'alpiniste française Elisabeth Revol et de son compagnon de cordée polonais Tomasz Mackiewicz (qui n'a malheureusement pas pû être secouru).
pages suivantes : les célèbres camions et bus pakistanais tous aussi colorés les uns que les autres. Un vrai régal pour les photographes qui provoquerait une crise cardiaque à un caméléon ! Mais franchement ça valait le coup de passer 2h pour voir ça.
Jours 26 à 28 : Skardu – Islamabad Lundi 8 mai, 10 h. Après le petit-déjeuner, chacun apporte ses affaires pour les monter dans le minibus qui nous emmène à l’aéroport. Pour ma part, je laisse ici mes skis, mes bâtons et mes bottes, non pas pour les offrir à Jahangeer, mais parce que ma décision est prise : je reviendrai l’année prochaine pour faire La Grande Traversée Shimshal-Askole. Une façon de boucler en beauté ce que j’appelle désormais ma « Trilogie Paki » (3 ans, 3 itinéraires), et de voir enfin Snow Lake, dont je rêve depuis désormais près de sept ans. Mais en attendant, direction l’aéroport pour notre première tentative de vol pour Islamabad. A l’entrée de ce petit bâtiment que nous saluons et quittons Hassan et Jahangeer, à qui je promets donc de revenir l’année prochaine. Puis ce sont les contrôles militaires et la longue attente en croisant les doigts pour que le ciel soit suffisamment clément. Et, une fois encore, la chance est au rendez-vous, car le vol décolle à l’heure prévue. La cerise sur le gâteau, c’est que nous pouvons filmer le survol du Nanga Parbat, complètement dégagé. Le vol atterrit comme prévu vers 15h avec, pour nous accueillir, Sami Ullah. Il sera notre guide pour les trois jours qui restent jusqu’à notre départ. Au programme : le transfert jusqu’à l’Envoy Hotel, puis la visite de la grande artère centrale de la ville au bout de laquelle sont construits le cœur administratif et politique du pays à savoir l'Aiwan-e-Sadr (la résidence présidentielle), le siège du gouvernement et le Parlement. La visite express (et pas vraiment trépidante) se termine par la Mosquée Faycal, la cinquième plus grande au monde puisqu’elle peut accueillir jusqu’à 75 000 personnes en comptant l’esplanade. La fin de journée est un peu plus sympa, car Aziz nous emmène sur l’une des collines nord de la ville, afin de voir le coucher de soleil sur Islamabad… en mangeant une glace à The Monal, resto hype pour les expats et la jeunesse dorée de la capitale. Le lendemain, la visite continue à une quarantaine de kilomètres à l’ouest d’Islamabad, à Taxila. C’est aux alentours de cette ville que se situe un important site archéologique bouddhiste et un musée qui dispose d’une belle collection d’art du Gandhara (gréco-bouddhique) datant des Ier au VIIe siècles.
Bon, pour tout dire, Laurent et moi avons un peu fait l’impasse sur ces lieux, aussi intéressants soient-ils. Et les explications en anglais ne facilitent pas non plus la découverte. En fait, Laurent et moi sommes surtout venus aujourd’hui voir autre chose : les camions et les bus pakistanais ! Mais qu’ontils de si intéressants ? Ils sont tous simplement hyper colorés et intégralement décorés, à l’extérieur comme à l’intérieur. Calandre, sièges, rétroviseurs, plafond, toit... tout y passe. Et plus c’est chargé et coloré et mieux c’est. Historiquement, ces décorations sont arrivées de l’Afghanistan, puis ont été adoptées au Pakistan et en Inde. Elles ont décliné en Afghanistan, mais sont toujours très vivantes chez les deux frères ennemis. Pour notre plus grand bonheur, bien entendu ! Pour le coup, nous avons beaucoup de chance, car nous tombons sur un camion fraîchement redécoré. Face à nous, une vraie œuvre d’art et une orgie de couleurs. Chaque détail est à tomber. Nous voyant mitrailler l’extérieur, le chauffeur nous invite à monter dans l’habitacle. Là aussi, c’est la débauche de couleurs avec des sièges chamarrés, des pampilles multicolores, un tableau de bord entièrement tuné. Cerise sur le gâteau : Sami négocie un tour en bus, ce qui fait que toute l’équipe se retrouve dans une discothèque ambulante avec musique à fond et lampes clignotantes au plafond ! Le kitsch dans toute sa splendeur, mais quel moment sympa ! Et ce n’est pas fini ! Après ce tour, nous arrivons devant l’un des garages qui répare, repeint et customise justement des camions. Nous restons ainsi près d’une heure à voir comment les anciens modèles sont désossés et refaits avec des structures en bois (oui, oui, en bois), comment les camions plus modernes sont décorés, eux, avec des stickers. Nous pouvons même nous approcher des petits ateliers où de jeunes garçons découpent avec dextérité des bandes autocollantes de différentes couleurs qui sont ensuite rassemblées pour créer des motifs complexes. Un vrai savoirfaire dont tous ces artisans sont très fiers. D’ailleurs, ils nous invitent à les prendre en photo. Sans oublier la traditionnelle photo de famille ensemble à la fin.
Sami nous gâte, car il nous laisse 1/2h supplémentaire pour arpenter les allées du garage mitoyen, où des peintres sont en train de créer de jolis motifs à la main. On peut ainsi voir des scènes de montagne avec des chalets, des animaux ou encore la Mosquée Faycal d’Islamabad. Certains chauffeurs font même peindre des parents ou des personnalités politiques. Tout n’est pas bien aligné ni vraiment à la bonne échelle dans certains cas, mais c’est tout de même vraiment sympa. Et de toute façon c’est ce qui fait le charme de ces camions qui ne ressemblent à nul autre. Pour notre dernier jour à Islamabad, c’est temps libre. Pendant que certains vont au musée, Laurent, Pierre et moi allons faire un tour juste à côté au Centaurus Mall, un centre commercial d’une centaine de boutiques ouvert en 2013. L’après-midi, direction Jinnah Super Market, qui n’a de supermarché que le nom, car il s’agit en fait d’une grande place autour de laquelle gravitent des dizaines d’échoppes qui vendent un peu de tout et (surtout) n’importe quoi. On y trouve quand même un bijoutier qui vend des pierres non montées, et Saeed Book Bank, la plus grande librairie d’Islamabad avec, entre autres, des dizaines de livres de montagne. C’est finalement dans l’un des restos de Jinnah que s’achève notre belle aventure, chez Khiva, restaurant qui sert de la cuisine ouzbek et afghane. Devant les brochettes et autres yaourts, nous nous remémorons tous ces moments passés ensemble depuis maintenant près d’un mois. Les plus difficiles reviennent forcément à l’esprit. Et ils sont nombreux : les chutes à skis, l’entorse du pouce, les longues heures de non sommeil et celles où l’on se demande ce qu’on vient faire ici, par -10°C ou pendant les tempêtes, les engueulades avec Laurent. Mais, comme toujours, les moments de bonheur l’emportent vite comme ces paysages à couper le souffle du Glacier du Baltoro ou le panorama sur le K2, la descente homérique du West Muztagh Pass (10h), les montées dans les espaces blancs et infinis… Sans oublier les aspects humains que j’aime beaucoup dans les expés de Pierre, les rigolades avec Laurent et Rémi et les moments d’entraide avec Fred, Dominique, Gilles et Romain (pour ne citer que ceux avec qui j’étais le plus proche). Finalement, au moment de prendre l’avion le lendemain, je n’ai plus qu’une hâte : revenir en 2018 pour la troisième partie de « ma » trilogie pakistanaise. Avec encore de belles histoires en perspective.
double-page et pages suivantes : nous allons passer au moins une bonne heure et demie à arpenter les différents garages, avec quelquefois de bonnes surprises, comme ce Caterpillar en train d'être repeint en rose ! Même si les ouvriers sont étonnés de notre visite, ils se prêtent assez facilement au jeu des photos, comme ici le patron de l'un des garages qui voulait sa photo avec notre groupe !
L'équipe
page de gauche, de haut en bas, de g. à d. : Yves, François, Rémy, Frédéric, Laurent, Gilles, Romain, Dominique et Mathurin. page de droite : photo de groupe prise avec les militaires au camp d'Urdukas avec, debout, de g. à d. : Laurent, Mathurin, Gilles, Rémy, Romain, Fred, François entouré de deux soldats et Pierre. A genoux : Yves, Dominique, moi et un militaire pakistanais.
Jahangeer et Pierre
à gauche : Jahangeer et Pierre devant le panorama du K2/ Muztagh Tower et Pierre en train de faire le pitre. à droite : photo prise à Urdukas. Probablement l'une de mes préférées (mélange de fatigue et de sérénité).
AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAA
Pierre Neyret. Celui qui se définit en premier comme guide de haute montagne UIAGM est bien plus que cela. D’abord, il connait presque comme sa poche les zones montagneuses du nord du Pakistan, qu’il arpente depuis 1993. Il a d’ailleurs co-écrit avec Géraldine Benestar un magnifique bouquin, Les Hautes Vallées du Pakistan, que j’ai acheté dès sa parution en 2005, sans me douter à ce moment-là que je voyagerais un jour avec lui. Pierre est aussi quelqu’un qui sait faire passer de l’émotion et qui aime la partager, aussi bien avec nous dans ses expéditions, que dans ses articles pour Montagnes Magazine ou Terre Sauvage. J’ai aussi souvent été bluffé par sa capacité à anticiper LA photo qui rendra au mieux la beauté du paysage ou le sourire d’un porteur. J’adore aussi Pierre pour son attitude humble et humaine, que ce soit face à la montagne, avec nous ou les locaux. Enfin, il est toujours
prêt à déconner, à sortir un bon mot (« putain, ça envoie du pâté ») ou à chanter du Renaud à 5500 m d’altitude… mais aussi prêt à vous engueuler si vous allez dans une zone crevassée ou si vous pliez un peu trop un arceau de tente…). Mais on l’aime comme ça ! Pierre le reconnait sans problème : ses expés n’auraient pas le même goût sans Jahangeer Shah, qui a été le premier (et le seul) à l’accompagner depuis le début de ses expés à ski et pulka (2003). Je ne m’avance pas trop en disant que Jahangeer n’est pas le skieur du siècle et qu’on a quelquefois un peu de mal à comprendre son anglais. Mais c’est un accompagnateur indispensable, toujours à l’arrière du groupe, gentil, courtois et toujours prêt à vous donner un coup de main, même s’il est luimême à la traîne.
Les porteurs d'Askole
page de gauche : Hassan, le fils du chef du village d'Askole, et quelques porteurs d'Askole. droite : Pierre face aux porteurs pour leur annoncer le montant de leur salaire et de leur pourboire.
Les porteurs d'Askole. Si nous sommes en autonomie totale pendant quinze jours, tout le matériel - ski, pulkas, affaires, bouffe - doit être acheminé sur la partie « terrestre », autrement dit le trek. C’est là qu’interviennent les porteurs, tous originaires du petit village isolé d’Askole, et qui nous ont accompagné sous le soleil, la pluie et la neige, sur les pistes de sable et de cailloux et dans les pierriers, le plus souvent avec des vêtements et des chaussures qui n'étaient pas fait pour. Et toujours avec le sourire malgré les 25 kg qu'ils avaient tous sur le dos ! Je n'oublie pas non plus Hassan, le dynamique et anglophone Hassan, le fils du chef du village. C’est lui qui veille à ce que chacun porte une charge équivalente et que tous les hommes du village puissent travailler (ce qui explique que les porteurs du retour ne sont pas ceux de l’aller).
L'itinéraire J1-2 : Paris – Islamabad – Skardu. Vol Turkish Airlines via Istanbul. Arrivée tôt le matin du J2, puis vol intérieur Pakistan Airlines (45 min) pour rejoindre Skardu, capitale du Gilgit-Baltistan. Préparation de la logistique de l’expédition et nuit à l’hôtel Mashabrum. J3-4 : Skardu – Askole (3030 m). 4h de jeep pour remonter la vallée de Shigar puis, à cause des éboulements, 1h30 de marche jusqu’à Apa Ali Gone et nuit en camping au K2 Hotel Inn. Le lendemain, 7h de marche dans la vallée de Braldu pour rejoindre Askole, dernier village habité de la vallée. Nuit au camping municipal. J5 : Askole – Gojongka Khumbo (3180 m). 19 km. 8h de marche. Départ du trek sur un chemin facile, dans la grande vallée de Braldu, passage au pied au pied du front du glacier de Biafo, puis bifurcation au nord, dans la vallée de la Dumurdo. Camp au bord de de la rivière. J6 : Gojongka Khumbo – Panmah (3510 m). 12 km. 6h de marche. Nous poursuivons dans la vallée de la Dumurdo, lieu de pâturage pour le cheptel de yaks et d’ovins d’Askole. Camp au pied du front glaciaire de Panmah. Dernier repas sous la tente mess. J7-8 : Panmah – Shintshakpabianla (4050 m). 11 km réalisés en une journée et demie de marche (5h + 4h) au cœur du Glacier de Panmah puis le long de la vallée d’ablation sous la neige et le brouillard pour rejoindre Shintshakpabianla, littéralement « le lieu où l’on trouve du bois sec et du sable ». C’est ici que nous laissons repartir les porteurs et continuons en skis et pulkas dans la moraine tortueuse. J8 à 13 : remontée du Glacier de Chiring jusqu’au West Muztagh Pass (5735 m). +1200 m 15 km. 4,5 jours pour remonter la pente du Chiring Glacier, avant d’obliquer à droite pour franchir les moraines frontales du glacier, au pied de la montagne de « Skinmang » (les grands ibex). De là, nous rejoignons la langue de glace centrale du glacier de Chiring qui descend à 4400 m. Ce dernier comporte dans sa première moitié des ondulations marquées, et une partie finale plus régulière. Au total, nous nous élevons de 1200 m, jusqu’au West Muztagh pass, l’un des plus hauts cols pulkables du Karakoram. J14 : jour de repos au West Muztagh Pass. C’est un col très large, offrant des vues somptueuses sur le haut bassin du glacier Sarpo Laggo dominé par des murailles de glaces. J15 : West Muztagh Pass – Sarpo Laggo Camp (5100 m). 5 km de descente puis 3 km de plat dans le large bassin supérieur du glacier de Sarpo Laggo. Nous montons notre camp à 5100 m, à la confluence de trois grands affluents du Sarpo Laggo : au nord le Karpo-go et Lekhtar qui descendent du sommet du Karpo Go, au sud le Karphogang qui mène au sommet du Thyor, et le col est du Muztagh.
page de droite : l'intégralité du parcours refait sous Google Earth à partir des traces GPS relevées par Laurent Boiveau. Le tracé vert indique le trek, celui en mauve le parcours à skis et pulka.
J16 : Sarpo Laggo Camp – East Muztagh Pass (5400 m). 6 km. +300 m. Nous plions le Sarpo Laggo camp et entrons sur le glacier de Karphogang pour gagner le East Muztagh pass. J17-18 : Repérage puis descente East Muztagh Ice Fall (5100 m). Journée sans les pulkas pour repérer et équiper la descente, qui fait 200 m de dénivelé et 300 m en développé d‘un glacier barré de crevasses et de barres de glaces. C’est le point clé de notre expédition. Ce dernier a été franchi, à skis avec pulkas, en 1990, en 2006. Il nous faudra 10h le lendemain pour descendre les douze alpinistes et autant de pulkas de 25 kg chacune. Camp sur le glacier de Muztagh, au pied de la paroi du Biale Peak. J19-20 : Muztagh Glacier Camp – Lhungka (4150 m). 12 km et 6h de marche. Nous descendons sous les parois du Biale Peak et Lobsang Spire, jusqu’au camp de Lhungka, qui se situe juste où nous rejoignons la trace sur le glacier du Baltoro. Journée de repos le lendemain qui permet aussi de ranger les affaires. J21 : Lhungka – Roburtse (3816 m). 10 km. 5h de marche. Les porteurs nous retrouvent à notre camp, et nous partons avec eux pour une très longue journée de marche. Pause à mi-chemin au camp militaire d’Urdukas (4168 m). J22 : Roburtse – Paju (3407 m). 16 km. 6h de marche. Dernier jour sur le glacier, dernier jour à contempler les tours de Trango, de Uli Biaho et les Paju peaks. Nous retrouvons la végétation à Paju. J23 : Paju – Jula (3218 m). 19 km. 7h de marche facile sur un bon chemin, à une altitude agréable, avec des températures clémentes. J24 : Jula – Askole (3030 m). 18 km. 7h de marche. Dernière journée de trek, sur un bon chemin, au-dessus de la rivière Braldu. Nuit au camping d’Askole. J25 : Retour sur Skardu avec 2h de marche (à cause des éboulements sur la piste) puis 6h de jeep. Bazar et barbier en fin d’après-midi. Nuit au Mashabrum Hotel. J26 : Skardu – Islamabad. Vol Pakistan Airlines pour Islamabad, arrivée vers 15h. J27-28 : Islamabad. Visite de la Mosquée Faisal, du site bouddhiste de Taxila et des garages de camions et bus pakistanais. J29 : Islamabad – Paris. Transfert tôt le matin à l’aéroport et vol Turkish Airlines pour Paris, via Istanbul.
Le matos Pour le trek Les affaires de la partie aller sont laissées aux porteurs à Shintshakpa bianla, qui nous les ramènent pour la seconde partie du trek entre Lhungka et Askole. • 1 paire de chaussures de trek montantes • 2 paires de chaussettes de marche • 1 pantalon de trek • 2 sous-vêtements (aller-retour) • 1 sac à dos 40 litres (les affaires sont soit portées par les porteurs, soit dans la pulka) Pour la haute montagne / expé Sur le glacier enneigé nous utilisons des pulkas (fournies par Pierre), avec une charge initiale par personne en début de parcours de 35 kg. Elles diminuent de 1 kg par jour en moyenne (consommation de nourriture et de carburant). Cette charge se répartit ainsi : affaires personnelles (10 kg par personne), matériel de groupe (tentes, réchauds, cordes, pelles, piolet), nourriture et carburant (16 kg) et la pulka (4 kg). Il est donc nécessaire de sélectionner au plus juste son équipement vestimentaire si l'on veut respecter cette échelle de poids. Inutile donc de prendre 2 tenues de ski, 15 sous-vêtements et 5 bouquins. En revanche, il vaut mieux ne pas oublier de prendre deux paires de lunettes de soleil, un briquet et suffisamment de batteries pour les appareils électroniques. • 3 paires de chaussettes chaudes (on transpire très vite dans les bottes de skis, il fait très froid le matin) • 1 paire de chaussettes légères (camp) • 1 paire de chaussons néoprène (pour évoluer dans la tente, possiblement en dehors pour ne pas avoir à remettre les bottes de skis) • 1 paire de sous gants en soie • 1 paire de gants polaire (Millet Everest 8000, température polaire certains matins) • 1 paire de gants en laine (restent chaud même s'ils sont mouillés) • 2 sous-vêtements techniques manches longues (Oddlo...) • 2 sous-vêtements techniques respirants (certains peuvent être portés une semaine sans sentir grâce à la laine de merinos) • 2 collants "thermique" • 1 veste polaire • 1 doudoune grand froid • 1 veste goretex
• 1 surpantalon Goretex pour la journée • 1 casquette avec visière et bords larges • 2 buff/grand foulard (pour protéger le cou et se protéger du soleil) • 1 masque tempête • 2 paires de lunettes de glacier (une de rechange) • 1 sac de couchage température de confort -10 °c (Valandré 900) • 1 drap de soie (permet de gagner 5°C) • 1 matelas gonflable thermarest (pour améliorer le confort du dos) • 1 couverture de survie (pour éviter l'humidité sol/duvet.) • 1 lampe frontale légère + 1 jeu de piles de rechange Matériel technique : • 1 paire de skis de randonnée + couteaux • 1 paire de peaux de phoque (+1 bloc de parafine) • 1 paire de chaussures de ski • 1 paire de bâtons de ski solides • 1 piolet léger • 1 paire de crampons (vérifier le chaussage sur les bottes de ski !) • 1 baudrier • 1 mousqueton à vis • 1 pelle à neige pour 2 participants • 1 ARVA (+ piles neuves) • 1 sonde pour 2 participants Hygiène / Pharmacie personnelle : Pour l'hygiène, pas besoin de prévoir de gros matériel, car on ne se lave pas ou peu pendant l'expé (eau trop froide dans les rivières, mais possibilité de faire fondre de la neige pour avoir de l'eau chaude et faire une toilette de chat en altitude, auquel cas un petit savon ou des lingettes sont suffisantes). Obligatoire en revanche de prendre un gel désinfectant avant chaque repas. • trousse de toilette minimale (brosse, dentifrice, lingettes et/ou gants sans eau, gel désinfectant mains) • serviette microfibre • papier toilette • Elastoplast/double peau
• 1 plaquette de pastilles micropure (pour la partie trek, aucun risque en altitude) • alcool de menthe (pour aténuer le mauvais goût du micropure) • antalgique • anti-inflammatoire (Lisopaïne) • un antibiotique ORL et intestinal (ROVAmycine) • Flagyl (pour le traitement des amibiases, uniquement sur ordonnance) • corticoïde style Solupred (sur ordonnance). • crème solaire (Avène 50+ minimum) • SENOPHILE (remplace le dermophyl indien) • autres : Fervex (fièvre), biseptine, pansements...) Alimentation Pierre fournit le réchaud et l'essence, nécessaires pour faire fondre la glace et donc préparer les repas et la boisson. Pierre donne également à chaque binôme deux sacs de 10 kg de bouffe comprenant des rations lyophilisées, des pâtes, des bolinos, une noix de jambon, des biscottes Wasa, du saucisson, des céréales, du thé, du sucre ainsi que des friandises (barres, bonbons...). Prévoir en revanche : • 1 gourde de 1 litre • 1 thermos • 1 couteau suisse • 1 bol/assiette • 2 cuillère/fourchette (au cas où l'une casse...) • 1 tasse • 1 briquet à pierre type gros BIC Divers • 2 paires de bouchons anti-bruit • divertissement : 1 livre de poche (à échanger avec les autres), lecteur MP3 avec écouteurs... • powerbank 15 000 mAh pour recharger les appareils électroniques.
à propos de cet album
Le texte final de cet album a été rédigé par fabrice durand entre octobre 2017 et février 2018, à partir de notes prises durant l’expédition. La plupart des éléments de contexte sont tirés du descriptif du voyage et des articles de Pierre Neyret, complétés par Wikipédia et les cartes/documents du Parc National du Karakoram (www.cknp.org). Pour en savoir plus sur les treks et les expés à ski et pulkas de Pierre Neyret (photos, articles), rendez-vous sur son site à l'adresse : www.Karakoram-ski-expeditions.com La quasi totalité des photos de cet album ont été prises durant le voyage par fabrice durand (appareils : Canon EOS 650D optique 18-125mm, compact Sony HX-90v). Photos légèrement retraitées avec le logiciel Picasa. Photos additionnelles : Pierre Neyret, François Schulz. La carte de l'itinéraire a été réalisée sous Google Earth Pro, sur la base des relevés GPS de Laurent Boiveau. Album monté avec le logiciel Bookwright (de blurb.com) et disponible en ligne sur issuu.com/fabricedurand Remerciements : Pierre Neyret, Laurent Boiveau, Jahangeer Shah et toute l'équipe (Dominique, Rémi, Fred, François, Gilles, Romain, Yves, Mathurin et François). Sans oublier nos amis du village d'Askole (Hassan, Mamat...) et Sami Ullah à Islamabad.
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