Requalifier l'architecture d'un tourisme alpin - Mémoire

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REQUALIFIER L’ARCHITECTURE D’UN TOURISME ALPIN



MÉMOIRE FANNY PARMENTIER SOUS LA DIRECTION DE PHILIPPE DEVILLERS HDR, PROFESSEUR, ENSA MONTPELLIER JURY PHILIPPE DEVILLERS, HDR, PROFESSEUR, ENSA MONTPELLIER MARION DEVILLERS, ARCHITECTE, MAITRE DE CONFÉRENCES, ENSA MONTPELLIER JOHANNA BATICLE, ARCHITECTE, MAITRE DE CONFÉRENCES ASSOCIÉ, ENSA TOULOUSE FRANÇOIS ROSELL, ARCHITECTE, MAITRE DE CONFÉRENCES, ENSA MONTPELLIER SOUTENANCE LUNDI 23 NOVEMBRE 2020 ECOLE NATIONALE SUPERIEURE D’ARCHITECTURE DE MONTPELLIER ANNÉE 2020 I 2021

REQUALIFIER L’ARCHITECTURE D’UN TOURISME ALPIN



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REMERCIEMENTS Je tiens à remercier Philippe Devillers, mon professeur de suivi dans l’élaboration de ce travail. Il m’a permis d’explorer cette thématique qui me tenait à cœur puis de la retranscrire à travers ce travail de rédaction. Son aide m’a été précieuse pour appréhender cette première expérimentation de la recherche en architecture et pour apprendre à développer et structurer une idée à travers la production écrite. Dans un second temps je remercie l’équipe du CAUE (Le Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de Savoie) qui m’a donné accès à de nombreuses ressources. L’accès aux ouvrages de leur bibliothèque a été la première source de documentation dans ce travail. De plus, travailler à leur côté m’a permis de découvrir les diverses actions et acteurs inscrits actuellement dans cette transition écologique en montagne. Ceci a permis d’agrémenter mon mémoire, mais aussi de forger la future architecte que je souhaite devenir. Je remercie également Sylvie Gotteland de la FACIM (Fondation pour l’Action Culturelle Internationale en Montagne) pour le partage de ses connaissances et de son intérêt au sujet. Nos échanges m’ont permis de me positionner dans cette recherche. J’ai pu exposer mes idées nouvelles, naïves et utopiques avec une personne curieuse et à l’écoute de mes idées. Sylvie m’a donné une critique alliant son statut de professionnelle et son statut d’usagère. Et pour finir, je remercie mes réflecteurs, Emmanuelle Etienne, mes amis et ma mère, qui ont pris le temps de lire au fur et à mesure des fragments de pensée, pas toujours bien orthographiés et structurés. Leurs retours m’ont permis de prendre du recul et d’affiner ce travail.


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« La montagne n’est pas un sujet d’étude comme les autres. La rela petites villes singulières et saisonnières qui ont poussé en altitud sur ce que nous sommes et sur ce que nous voulons devenir.»1

1  MESTRES Jean-Michel (2018), Dossier : Réinventer les stations de montagne, Urbanisme n°411, ed. SARL Publication d’Architecture et d’urbanisme, Paris, p..21.


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ation Ă la montagne et Ă ces de a beaucoup nous en dire Jean Michel Mestres (2018)


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PRÉAMBULE

C’est là que tout commence. Une passion, un frisson. Une conquête personnelle au cœur d’une terre de jeu insaisissable : la Montagne. On la regarde, on l’admire, on la désire. On la veut. On la veut, mais que pour nous. On la sait indispensable pour notre équilibre, mais on la sait meurtrie par notre présence. Soyons honnêtes. Elle s’en sortirait bien mieux sans nous. Si nous prétendons vouloir agir pour l’environnement, il nous suffit de partir. Les fleurs reprendront leur place dans les fissures des murs. Nous sommes en réalité dans un combat qui se soucie uniquement de la survie de l’espèce humaine… Et pourtant rien à faire. Je ne veux pas jeter l’éponge. Il y a un truc qui bat au fond de moi. Un truc qui me pousse toujours à mettre un pied devant l’autre, et une volonté d’arriver au sommet. Ça prendra le temps qu’il faudra. La marche sur l’arrête sera longue, parfois scabreuse, souvent vertigineuse. Il sera nécessaire de se hisser à quatre pattes parfois, pour voir ce qu’il se passe en-dessous des corniches. Un belle occasion de retrouver les plaisir de la quadrupédie où l’insouciance de l’enfant se croit consciente et mesurée parce qu’elle a quelques années de plus. Aujourd’hui, la décision a été prise. Réfléchie, je vous dirais bien que oui, mais franchement, je ne sais pas. On l’étudie sous tous ses angles. On essaie de penser à tout, mais il reste toujours un paramètre qu’on n’a pas pris en compte. Il est là tout l’enjeu. Mais quand on prend la décision de se jeter dedans, il faut être sûr de soi. C’est le grand saut. Il faut y aller. Il n’y a plus place pour la demi mesure lorsque l’on a basculé dans la pente. L’engagement est total. A cet instant, on n’a plus aucun contrôle. Le fameux « lâcher prise » prend tout son sens. Seule la montagne pourra choisir l’issue de cette aventure. On se laisse embarquer dans la frénésie des émotions. La jouissance de la glisse au bout des spatules. C’est le moment ultime. C’est le run qui nous titille l’esprit depuis des jours, des semaines, des mois. Ce run qui était inscrit dans notre esprit. Et c’est là, à cet instant, qu’il se joue. On l’a longtemps attendu, sagement, patiemment.


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Ce préambule fera certainement sourciller nombre de mes lecteurs. Mais c’était pour moi la manière la plus éloquente de vous introduire mon travail. Ce mémoire s’inscrit dans une ascension bien plus grande. Les étapes se gravissent petit à petit, sans avoir forcement une vue sur la suite de l’itinéraire. Mais dans ma tête, tout cela commence à être bien clair. Les aléas des conditions me feront certainement faire quelques détours, mais le choix du sommet à atteindre a été choisi. Je prépare mon ascension. Doucement. Mon année de césure était nécessaire. Le timing n’était jusqu’à maintenant, pas bon. Je manquais d’expérience et de connaissance. La montagne, ça s’apprend petit à petit. Il faut de l’entrainement avant de s’aventurer en altitude. Aujourd’hui, je crois que je suis prête. Je me suis aventurée sur divers chemin, à travers les Alpes suisses, autrichiennes et françaises. J’ai rempli mon sac à dos d’expériences, de rencontres et d’apprentissages. J’ai compris le fond de mes valeurs et le sens que je souhaite donner à ma pratique de l’architecture. Le temps du master m’a permis d’étudier plus précisément le sentier pour arriver à mes objectifs. Ce mémoire est un outil parmi les autres qui m’a aidé à préparer l’ascension de ma vie d’architecte. Il a mis le doigt sur l’un des point qui me ferait le plus peur. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle je n’envisageais pas de me rendre au départ de cette aventure qu’on appelle autrement dit « diplôme ». Oui, c’est bien lui qui me faisait peur ! Car de ce que j’avais compris du chemin qui filait derrière, ça ne me correspondait pas. Le bureau, la ville, l’immédiateté, le stress, la charrette, les rendus, la vie citadine ; toutes ces choses avaient chamboulé le fond de ma pensée. Et si c’est ça qui s’annonçait être le travail de l’après diplôme, je vous le dis honnêtement, je n’en voulais pas. J’ai donc étudié à travers ce mémoire, comment, à travers les décennies qui arrivent, les architectes, auprès desquels je souhaite bientôt m’asseoir, pourront accompagner les Hommes à vivre et travailler dans des conditions à mon sens moins surmenantes. Nombreux sont ceux qui tournent leurs questionnements sur la ville. Moi, j’ai préféré explorer ce renouveau au cœur du monde rural et surtout montagnard, car c’est celui que je connais le mieux.


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SOMMAIRE

REMERCIEMENTS 3 PRÉAMBULE 6 SOMMAIRE 9 DÉFINITIONS 12 INTRODUCTION 16

PARTIE 1: LE TERRITOIRE ALPIN

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1.1. UN TERRITOIRE BIORÉGIONAL : L’ARC ALPIN

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1.2. L’HISTORIQUE : DU TRADITIONNEL AU TOURISTIQUE

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1.3. L’INDUSTRIE DU TOURISME : LE SKI ALPIN

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1.1.1. Les frontières croisées des alpes françaises 1.1.2. Une situation relocalisée 1.1.3. La démographie du milieu

1.2.1. La découverte des Alpes 1.2.2. L’apparition du ski alpin (1877 - 1935) 1.2.3. La station d’altitude (1935 - 1977) 1.2.4. Une montagne de marketing (Depuis 1977)

1.3.1. Une économie saisonnière 1.3.2. Un territoire au service des domaines 1.3.3. Une région touristique en péril

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PARTIE 2 : UN HÉRITAGE : L’ARCHITECTURE TOURISTIQUE DES STATIONS DE SKI

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2.1. LA STATION DE VILLÉGIATURE EN VALLÉE

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2.2. GÉNÉRATION 1 : LA STATION DE SKI

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2.3. GÉNÉRATION 2 : LA STATION EX-NIHILO

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2.4. GÉNÉRATION 3 : LA STATION INTÉGRÉE

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2.1.1. Un tourisme d’élite : découverte et flânerie 2.1.2. Du village de villégiature à la ville de montagne 2.1.3. L’Hôtellerie : le premier habitat touristique renouvelé en permanence

2.2.1. Un tourisme pour l’Homme moderne 2.2.2. Le modèle du « Village suisse » généré par l’absence de gestion urbaine 2.2.3. Le « Chalet skieur » : l’habitat du tourisme en montagne 2.2.4. la première conquète de l’altitude

2.3.1.Un tourisme social 2.3.2. La station ex-nihilo 2.3.3. L’habitat social du tourisme d’altitude

2.4.1. Le tourisme pour tous : le tourisme de masse 2.4.2. Les stations intégrées : l’unité architecturale 2.4.3. Les immeubles d’habitats minimums et collectifs

2.5. GÉNÉRATION 4 : LA STATION NÉO-RÉGIONALE 2.5.1. Un tourisme nostalgique 2.5.2. Le «Faux vieux village» 2.5.3. L’architecture néo régionale

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PARTIE 3 : TERRITOIRE D’INNOVATION, LA MONTAGNE SE RÉINVENTE

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3.1. LA SOCIOLOGIE CONTEMPORAINE : MODE DE VIE EN MOUVEMENT 114 3.1.1. La mobilité du tourisme : une demande qui évolue 3.1.2. Un va-et-vient entre loisir et travail 3.1.3. Un tourisme quotidien entre mobilité, loisir et travail 3.1.4. Les néoruraux pour une sédentarisation partielle

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3.2. L’ARCHITECTURE POUR ACCOMPAGNER LE CHANGEMENT

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3.2.1. L’éducation à la perception d’un milieu : du visuel au sensoriel 3.2.2. Une architecture qui situe ses usagers dans leurs milieux 3.2.3. L’Architecture modulable : l’habitat contemporain, usages et usagers 3.2.4. L’architecture flexible : une cohabitation entre travail et loisir

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3.2. REQUALIFIER L’ARCHITECTURE EN RÉGÉNÉRANT SON HABITABILITÉ 142 3.3.1. La reconstruction de centralités dans le monde rural 3.3.2. La mise en réseau des centralités complémentaires du monde rural 3.3.3. Les stations Intégrées : une dynamique globale pour maintenir l’unité 3.3.4. Régénérer l’habitabilité des immeubles

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CONCLUSION 156 BIBLIOGRAPHIE 159 FIGURES 164 ANNEXES 169 RÉSUMÉ 197


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DÉFINITIONS Tourisme : Le tourisme est une pratique qui permet aux individus «la recréation par leur déplacement et l’habiter temporaire de lieux autres»1. D’après la commission statique de l’ONU, le tourisme englobe tous les voyages hors du domicile habituel pour une durée allant d’une nuit à un an et pour un motif quelconque (travail, vacance, santé, etc.). Le tourisme est une pratique, mais aussi une empreinte sur le territoire et dans les sociétés des destinations touristiques. Le tourisme prend forme à travers des entreprises, des lois, des touristes, des acteurs, des marchés, des institutions, des échanges, des relations non-marchandes, des images et des imaginaires. Massif des Alpes : Le massif alpin est la principale chaine de montagne en Europe. Il s’installe sur 8 pays : l’Allemagne, l’Autriche, la France, l’Italie le Liechtenstein, Monaco, la Slovénie et la Suisse. Son sommet culmine à 4 809m en haut du Mont Blanc. Sa configuration géographique offre donc un milieu bien particulier. Une biodiversité typique y est installée, les paysages y sont singuliers, et les changements climatiques sont visibles à l’œil nu. Archipel montagnard : L’arc alpin est souvent qualifié comme un archipel montagnard. À l’égal d’une île isolée par les eaux, le massif des Alpes est isolé par son altitude.

1  Géoconfuence (2017), Glossaire, Ressource de géographie pour les enseignants


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Étagement de la montagne : La montagne présente une discontinuité en fonction de son altitude. Ceci caractérise ces territoires. On observera des biodiversités différentes, des paysages variables et des conditions climatiques changeantes en fonction de l’altitude ainsi que de l’orientation du versant. Les milieux sont multiples et variés. Pastoralisme ou élevage pastoral : C’est la principale activité agricole sur le massif alpin. L’INSEE la caractérise par un « Système exclusif où les troupeaux pâturent sur de grandes étendues. Une des spécificités est la transhumance, qui consiste à la montée du bétail dans les alpages au printemps et une descente en plaine en automne.»2. Cette activité structure et entretient le paysage alpin. Biorégionalisme : « Peut-être utopique mais surtout engagé, le biorégionalisme cherche à privilégier les frontières naturelles au détriment des frontières administratives afin de renforcer des liens harmonieux entre nature et culture. On change ainsi d’échelle : du global au local, l’être humain n’est plus consommateur mais usager de son territoire. Le respect s’insuffle dans les pratiques. Le biorégionalisme propose de relocaliser les activités économiques, de renforcer l’autonomie en termes d’énergie et d’alimentation et d’instaurer des démocraties participatives. »3 Mathias Rollot, Architecte (2020) Biorégion : Elle symbolise le concept du Biorégionalisme sur le territoire. La biorégion permet de parler d’un espace en fonction des caractéristiques des frontières qui on été défini. Un espace peut alors appartenir à plusieurs biorégion selon si l’on parle du climat, de la géographie ou de la biodiversité. La biorégion préfère les limites inscrites par la nature plutôt que celle des politiques et des administrations. 2  INSEE Auvergne Rhône Alpes (2017), L’économie des zones de montagne, Dossier n°1, ed. INSEE Auvergne Rhône Alpes, Lyon 3  ROLLOT Mathias (2020), Le biorégionalisme ou repenser les territoires avec Mathias Rollot, Chacun sa Route par Élodie Font, France Inter


14 Urbanité : Terme employé et questionné lors de la Biennale de Paris4 en 1980 ayant pour titre : « A la recherche de l’urbanité : savoir faire la ville, savoir vivre la ville » et définit par : « Qualité d’une organisation urbaine illustrant l’identité d’une ville, sa mémoire, ses conflits, ses changements. Qualité d’un espace ou d’une architecture exprimant et laissant s’exprimer les projets et les comportements des différents acteurs sociaux. Qualité de pratiques sociales agissant sur l’espace et l’architecture. L’urbanité tend à mettre en relation l’homme et la ville à travers une culture et le «génie du lieu». L’homme et la ville peuvent être dotés d’urbanité. » Montagnité : Un concept employé par Jean Paul Brusson5 qui correspondrait, selon son étymologie, à ce qu’est l’urbanité à l’urbain. Suite au titre « L’urbanité : savoir faire la ville, savoir vivre la ville» utilisé par la Biennale de Paris en 19806, je qualifie la montagnité d’un « savoir faire la montagne » et d’un « savoir vivre la montagne ». Ceci intègre donc sa mémoire, sa culture, son histoire, son territoire, son agriculture, son climat, et l’ensemble des éléments qui qualifie les manières de vivre un territoire (savoir vivre) et qui influence ces constructions et son aménagement (savoir faire). Une notion que j’apprécie dans l’idée de « savoir faire la montagne et savoir vivre la montagne » est que l’on place l’usager comme réelle acteur de son territoire. Cette notion me semble importante en Architecture. Dans notre contexte de crise environnementale, il est important de prendre conscience que l’habitant est actif dans son habitat, et non passif. L’apprentissage des savoirs vivres un territoire et son architecture est indispensable. Urbanistique : L’adjectif «urbanistique » permet de se rapporter à l’urbanisme. Il est utilisé dans ce mémoire pour se référer aux réflexions et aux études de l’urbain dans un contexte plutôt rural. Les situations sont donc différentes de celle en ville, or certaines caractéristiques urbanistiques peuvent nous ramener aux théories urbaines. Habitabilité : Elle caractérise directement la qualité de l’habitat. L’habitabilité se défini à travers le volume, l’ambiance et les diverses caractéristiques propres à l’espace donné. Et elle fait également le lien avec ces usagers, qui eux seuls sont les juges de l’habitabilité d’un lieu. Chacun aura une perception et des attentes différentes pour qualifier un espace comme étant habitable. 4  Biennale de Paris (1980), A la recherche de l’urbanité savoir faire la ville, savoir vivre la ville, dossier de presse 5  BRUSSON, Jean Paul (1996). Architecture et qualité des lieux en montagne Cordon, Megève, Flaine Contribution de l’architecture à la définition du concept de montagnité, éd. Institut de géographie alpine, Grenoble, 209 p. 6  Biennale de Paris (1980), op. cit.


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INTRODUCTION «Lançons un cri d’alarme. Ne gâchons pas notre précieux patrimoine. Nous avons toutes les chances, mais aussi tous les risques. Il ne faudrait pas, en montagne comme en plaine, multiplier les occasions perdues.»1 Charlotte Perriand, Architecte (1966) En 1966, Charlotte Perriand pointait du doigt les enjeux et les risques des aménagements touristiques en montagne. Aujourd’hui le sujet est au cœur des débats. Entre l’Autriche, la France, l’Italie et la Suisse, le massif alpin abrite les destinations les plus fréquentées pour la pratique du ski. L’architecture de loisir a transformé les panoramas de ces régions et offre aujourd’hui un palmarès de questions sans réponse quant à leurs devenirs. Le tourisme est un phénomène fait pour les citadins, par les citadins. Les milieux locaux se plient aux normes urbaines mondiales et mettent en spectacle le folklore qui peut leur apporter profit. Un phénomène attrayant auparavant, mais voué à l’obsolescence dans notre contexte actuel.Tourisme de masse, village-vacance et flânerie contre-productive ne font plus rêver. Or « métro boulot dodo », vie de famille traditionnelle et surconsommation non plus. La société du XXIème siècle est en pleine mutation sociale, environnementale et économique. Le loisir change de destination, de temporalité, de valeur et de moyen. 1  PERRIAND Charlotte (1966), Prendre Conscience de nos responsabilités, Architecture d’aujourd’hui


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Comment réinventer l’architecture des loisirs héritée du XXème siècle dans les Alpes pour accompagner les changements sociétaux et les innovations sociales de demain en accord avec l’écosystème dans lequel nous vivons ? Aujourd’hui, déjà beaucoup d’aménagements touristiques pour les sports d’hiver sont tombés à l’abandon dans les Préalpes. Comment arrêter ce phénomène ? Comment envisager l’avenir avec une neige qui risque de disparaître et une société qui se transforme ? Ce mémoire a pour but de donner les clés à la compréhension du territoire des Alpes françaises. Nous tenterons de comprendre ce territoire touristique alpin dans sa globalité. Puis nous nous intéresserons au bâti du dernier siècle avec ses innovations constructives, architecturales et urbaines, souvent remarquables pour l’époque et encore aujourd’hui. Cependant, le système du tourisme des sports d’hiver s’épuise. Nous verrons donc ses limites et son impact sur le parc d’hébergement de montagne. Puis, nous ouvrirons les perspectives en étudiant diverses propositions d’évolution de l’habitat, du tourisme, du travail et de la mobilité.À partir d’observation et d’hypothèses sur les modes de vie, la programmation du territoire prendra un aspect nouveau. Les théories globales seront reformulées pour s’appliquer sur ces sites précis. Et suite à ça, des nouveaux axes de conception et de conversion de l’architecture du loisir de demain pourront s’écrire. C’est un grand pari à faire de prétendre voir le futur. Il est là le rôle de l’architecte.


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PARTIE 1: LE TERRITOIRE ALPIN

FIGURE 1 - Partir à la découverte d’un territoire d’altitude, 2019, Face nord de Bellecote, alt. 3150m.


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L’arc alpin accueille différents pays, cultures et politiques. Un espace interessant à étudier car il expose différentes manière d’appréhender un même territoire. Aujourd’hui, ses paysages témoignent des changements globaux de manière très marquée et visible. Ces derniers entrent au coeur de notre vie. Nous ne pouvons plus continuer de vivre au détriment de l’environnement. L’ensemble des acteurs de l’aménagement se penche sur ce sujet pour tenter de trouver des modes de vie durables. La rénovation du parc d’hébergement en montagne présente une grande complexité d’acteurs, d’enjeux, et de contraintes ; il ne suffira pas de mettre des panneaux photovoltaïques sur les toits. Les changements globaux pourront donc évoluer grâce à de nouveaux comportements sociaux. Ces changements ont besoin de temps pour émerger et se généraliser. Les régions montagneuses se prêtent bien à ces évolutions car ces acteurs y sont sensibles, et présentent un intérêt très direct à le faire évoluer. L’aspect touristique est un atout majeur pour participer à la sensibilisation du plus grand nombre. Ce massif montagnard a été une terre d’accueil pour de nombreuses expérimentations et innovations urbanistiques et architecturales. Les infrastructures de ces régions peuvent permettre aux voyageurs d’expérimenter d’autres modes de vie, pour ensuite, les installer chez eux. L’Architecture peut alors être porteuse du changement et de l’innovation sociale, environnementale et écnomique pour un développement durable et frugal. Jean Paul Brusson emploie le terme de Montagnité pour parler de cette architecture de montagne et de l’ensemble des éléments qui gravitent autour : l’urbanité, les modes de vie, la culture, l’histoire, les usagers, les traditions, etc. Elle porte les valeurs de la montagne aujourd’hui. Elle prend en compte l’héritage des décennies précédentes mais aussi l’évolution des usages, des usagers, et des besoins de la société actuelle. La montagnité inscrit les Hommes dans un Milieu par l’objet architectural et urbanistique. Elle inscrit une temporalité courte sur une temporalité longue. Les générations se succèdent, mais la Montagnité reste avec son ambiance et ses valeurs.


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1.1. UN TERRITOIRE BIORÉGIONAL : L’ARC ALPIN


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FIGURE 2 - Périmètre de la Convention Alpine, représentant un territoire de 190 700km2 à travers 8 pays.


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1.1.1. LES FRONTIÈRES CROISÉES DES ALPES FRANÇAISES L’arc alpin est en quelques sortes l’archipel montagnard de l’Europe. C’est un ensemble de sommets qui jaillissent de notre terre pour venir à la conquête de la lumière du pays d’en haut. Ces paysages ont depuis toujours fasciné les populations qui les arpentent. Le sublime est l’un des maitres mots de ses horizons. Son relief et son climat font de cette zone géographique un condensé de paysages variés et remarquables qui changent au gré des saisons. À ces paysages naturels se sont ajoutés les aménagements des sociétés humaines au fur et à mesures des siècles d’exploration et de découverte. L’arc alpin a longtemps été apprécié pour ces qualités paysagères. Or sa géographie et sa topographie restaient complexes à étudier. Aujourd’hui, la cartographie de ce territoire permet d’en comprendre la complexité. C’est dans les années 90 qu’apparait la Convention Alpine.1 C’est le premier traité international qui se base sur les limites d’une zone de montagne transnationale. Les frontières administratives s’estompent à la vue de la complexité globale du milieu. Cette convention regroupe donc l’union européenne et les 8 pays qui gouvernent ce territoire : l’Autriche, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Suisse, le Liechtenstein, la Slovénie et Monaco. [FIG. 2] L’ensemble des pays doivent faire face a des défis communs sur leurs territoires montagneux, englobant un ensemble d’écosystèmes sensibles, de multiples cultures et traditions, ainsi que des populations locales (14 millions d’habitants) et des visiteurs en permanence. Cette frontière met en avant la particularité du territoire et ses différentes face au reste de la France. Les Alpes françaises ont une renommé internationale. Elles représentent 20% du massif transnationale connu dans le monde entier. Or les alpes françaises, c’est aussi 7% du territoire français. Les directives nationales ne sont donc pas axées sur les particularités de ce milieu, mais sur un état général du pays avec l’ensemble de ces territoires (alpin, méditerranéen, atlantique, breton, etc). Cependant, l’État a fortement participé aux aménagements lors du siècle dernier. Pour comprendre les aménagements, la mobilité et la démographie de ce territoire, il faut comprendre le lien avec les gouvernances nationales. Les alpes françaises s’inscrivent au cœur de diverses frontières politiques, naturels, climatiques et géographiques qui se chevauchent. En parallèle, la Suisse et l’Autriche ont tout deux plus de la moitié de leur territoire national installé sur l’arc alpin (65%). Ce sont deux pays pour lesquels les problématiques du milieu montagnard sont au coeur de leurs politiques nationales. L’arc alpin présente donc plusieures manières d’être habiter et gouverner. La compréhension de la géographie, des paysages et de la biodiversité et de la démographie des Alpes françaises est plus simple en se rapprochant 1  Alpine Convention (2018), The Alps in 25 Maps, Permanent Secretariat of the Alpine Convention


26 des pays voisins. La documentation y est plus conséquente, et les études plus complètes. Par ailleurs, on ne peut pas oublier les frontières administratives.

1.1.2. UNE SITUATION RELOCALISÉE

Pour définir le territoire d’étude de ce mémoire, nous nous rapprochons du concept de biorégionalisme présenté par Mathias Rollot.2 Un terme encore émergeant en France, mais l’idée était déjà présente dans la Convention Alpine rédigée en 1991.3 Ce concept raconte la simple rencontre entre la culture et la nature. Ce n’est donc plus seulement habiter un appartement, mais c’est aussi habiter un milieu avec ses écosystèmes. Cette notion me semble très pertinente pour l’étude de l’architecture touristique des alpes française. Le milieu alpin est dans une situation avec un caractère fort, une présence monumentale et sublime, et une société française qui s’est emparée de ce lieu au cours du siècle dernier. L’architecture représente ce lien entre nature et culture et le matérialise. Mathias Rollot pense qu’il faut apprendre à voir, sentir, connaitre ces lieux pour apprendre à vivre avec. C’est plutôt une philosophie de vie. Une relocalisation. N’importe qui peut vivre partout, s’il est prêt à faire vivre ce lieu de manière saine. On cherche l’autonomie d’un milieu, mais pas son autarcie. On ne va pas à contre-sens de notre monde actuel, mais on lui redonne un lien avec les animaux, les plantes, les paysages, les populations et le milieu.4 L’arc alpin est un territoire bien particulier. Il est unique pour sa géographie, ses paysages, son climat, sa biodiversité mais aussi pour ses modes de vie, ses cultures, ses économies et sa démographie qui lui sont propres. Ce territoire montagneux regorge de diversité et de richesse, et les populations qui l’habitent, ont su s’adapter et évoluer en fonction. À l’origine, nous parlions de territoires ruraux plutôt reculés. Aujourd’hui, nous sommes sur une destination touristique des plus populaires. Une transition qui s’est effectuée en un siècle et qui a nourri ce territoire en complexité, en richesse et en questionnement. Sur un territoire qui se voulait rébarbatif et désertique, nous nous sommes installés. Aujourd’hui, une vie des plus singulières s’y déroule. Le rythme, la culture, le climat lui sont propres. Pour nommer ce phénomène, Jean Paul Bresson utilise le terme de « montagnité » qu’il définit grâce aux observations dans le champ voisin : « la Montagnité est pour la Montagne ce que l’Urbanité est pour l’Urbain » [FIG. 3]. Ceci intègre donc la mémoire, la culture, l’histoire, 2  ROLLOT Mathias (2020), op. cit. 3  Alpine Convention (2015), Demographic changes in the Alps, Permanent Secretariat of the Alpine Convention 4  ROLLOT Mathias (2020), op. cit.


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FIGURE 3 - Première Biennale d’architecture au centre Georges Pompidou Le terme de «urbanité» entre au coeur des attentions pour la conception dans l’urbain


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FIGURE 4 - Population, surface et densité dans les régions alpines de chaque pays


29 le territoire, l’agriculture, le climat, et l’ensemble des éléments qui qualifient les maniérés de vivre un territoire (savoir vivre) et qui influencent ses constructions et ses aménagements (savoir faire). Et c’est bien l’architecture qui matérialise cette montagnité, ce lien entre l’Homme et le Milieu. Autrement dit, la Montagnité, c’est notre Biorégion. C’est l’ensemble de ces choses des plus banales qui témoignent de la vie humaine, animale et végétale dans un site montagnard à travers les saisons. C’est là où les vaches arpentent les alpages, les glaciers ruissellent le long des vallées, la neige transforme les horizons, les cris ont un écho, les myrtilles garnissent les forêts, les barrages traversent les vallées, les habitants enfilent leurs grands manteaux, les touristes envahissent les routes, puis désertent les stations et les avalanches déferlent.

1.1.3. LA DÉMOGRAPHIE DU MILIEU Le territoire des alpes est bien entendu caractéristique pour son paysage et sa topographie. Or la population qui y vit présente aussi une démographie particulière. Celle-ci est fortement impactée par les modes de vie particulier du milieu montagnard touristique. Le rythme des saisons, le rythme du tourisme, le rythme des activités économiques, la notion du séjour y est très forte, qu’il y soit court, pour un weekend, ou long, pour une saison. On ne peut pas dire que l’on vit en montagne comme on vit en plaine ou en ville. La population en est fortement marquée. Cependant, c’est tout de même 14 millions d’habitant qui y vivent.5 [FIG. 4] L’arc alpin est le massif montagnard le plus peuplé dans le monde. Nous faisons donc face à des particularités uniques. L’aménagement du territoire doit donc s’adapter aux évolutions de notre société et suivre les tendances mondiales malgré son caractère reculé. Cependant le massif alpin reste un territoire avec une faible densité de population avec une moyenne de 75 hab/km2. En France et en Autriche, la densité tourne autour de 65hab/km2 face à des densités nationales avoisinant les 100hab/km2 ; en Italie et en Suisse, on tourne autour de 80hab/km2 face à des moyennes nationales supérieures à 200hab/km2. On voit rapidement de grandes variations de densité en fonction des reliefs. On trouve une concentration des populations au cœur des vallées et dans les Préalpes, par ailleurs les régions reculées ou/et hautes en altitude restent naturelles et peu urbanisées. Si l’on s’intéresse en particulier à la démographie des alpes françaises, on remarque plusieurs particularités. Premièrement, les alpes françaises ont la population la plus jeune sur l’ensemble du massif montagnard. Dans un second temps, on observe une réelle différence entre la 5  Alpine Convention (2015), op. cit., p. 17


30 population des alpes françaises du Nord plus jeune que celle des alpes françaises du sud. L’implantation démographique est également différente entre les alpes du sud qui présentent de nombreuses petites communes comparées aux Alpes du Nord qui sont plus denses autours des villes de Grenoble, de Chambéry et d’Annecy ainsi que dans les vallées, puis quasi absentes en montagne dûe à l’altitude.6 De plus, à l’échelle de la France, on observe depuis plusieurs années un réel exode urbain et une désertification des zones rurales.La région Rhône Alpes a été un pôle d’intérêt dans les mouvements de population. On y observe une population plutôt constante depuis 1876, qui s’est cependant concentrée autour des villes et dans certaines vallées. [FIG. 5] On y observe aussi quelques néoruraux qui s’installent de nouveau dans les régions alpines. [FIG. 6] L’intérêt pour ce territoire reste constant voir croissant pour la population française. 7

6  Alpine Convention (2015) op. cit., p. 25 7  TALANDIER Magali (2020), À quoi ressemblerait une France dont la population serait mieux répartie entre villes et campagne ?, Sud Ouest


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FIGURE 5 - Variation de densité à travers l’éxode rural de 1876 à 2017. La région Rhône Alpes n’a jamais été dersertée. Elle reste habitée malgrè que ses contrastes démographiques se soient intensifiés.

FIGURE 6 - Apparition de Néoruraux dans les campagnes françaises La région Rhône Alpes voit son nombre de néoruraux croitre au grè des années. Les territoires de montagne ne perdent pas en popularité auprès de la population française.


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1.2. L’HISTORIQUE : DU TRADITIONNEL AU TOURISTIQUE


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FIGURE 7 - Der Wanderer über dem Nebelmeer, Caspar David Friedrich (1818) (Le Voyageur contemplant une mer de nuages)

Le peintre illustre par son travail l’arrivée des premiers aventuriers en montagne. Ce tableau met en scène un homme, contemporain au mouvement Romantique, parti à la quête du sublime sur les sommets des Alpes.


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1.2.1. LA DÉCOUVERTE DES ALPES Territoires Reculés Les Alpes ont été pendant longtemps un territoire reculé et dangereux. Rares étaient les aventuriers s’y risquaient. Seules les populations du cru arpentaient alors ces paysages. Ils vivent, transforment et exploitent ce monde alpestre pour y installer leur économie agropastorale typique du milieu ainsi que leur art d’habiter. Ils laissent en héritage une architecture vernaculaire aux diverses richesses techniques, paysagères et appropriées à la géographie des lieux et à leurs usages. Les Romantiques en quête de Sublime C’est au XVIIIème siècle que certains pionniers de la montagne commencent à s’aventurer sur ces territoires remplis d’inconnus. Ils découvrent alors la richesse de ce territoire et vantent le « sublime » de l’arc alpin aux paysages changeants, aux saisons bouleversantes et aux risques omniprésents. La montagne suscite alors de l’intérêt chez les romantiques qui s’empressent de partir à la conquête de ces sentiments nouveaux. Artistes, peintres et écrivains retranscrivent alors leurs expériences sur leur feuille blanche comme Caspar David Friedrich qui immortalisa l’instant de contemplation d’un homme surplombant une mer de nuage en 1818 [FIG. 6]. Étape du « Grand tour » Parallèlement, la pratique du « Grand Tour » devient coutûme au cœur de la jeune aristocratie de l’époque. À travers ce grand voyage, les jeunes aristocrates, à l’origine anglo-saxons, suivis par les néerlandais puis les français, partent à la conquête de l’Europe pour parfaire leur éducation.8 Ces voyageurs arpentent les routes de l’Italie, de la Suisse, de la France et de l’Allemagne. Les Alpes n’étaient alors qu’un lieu de passage. Les cols deviennent une étape indispensable sur le trajet. C’est alors que certains aristocrates s’aventurent dans ces paysages alpestres et décident d’y rester séjourner. Le tourisme alpin apparaît. Apparition de l’Alpinisme L’arc alpin est alors sillonné par des voyageurs, des intellectuels, des savants, des peintres, poètes, écrivains, etc. Ils ouvrent la voix du tourisme alpin où évoluent aujourd’hui des milliers de visiteurs quotidiennement. Mais à l’époque, ce tourisme reste très élitiste. Par la suite, quelques voyageurs plus téméraires quittent « l’Alpe verte, boisée et habitée » pour aller conquérir « l’Alpe blanche, cosmique et déserte ». La pratique de l’alpinisme apparait et la montagne devient une terre d’ascension, de conquête, de contemplation et d’imaginaire. 8  LYON-CAEN Jean-François, MISSE Arnaud, SALOMON-PELEN Catherine, SOMM Chantal & l’équipe de recherche architecture paysage et montagne (2003), Montagnes territoires d’inventions, ed. école d’architecture de Grenoble, 88 p.


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1.2.2. L’APPARITION DU SKI ALPIN (1877 - 1935) Tourisme d’Élite Au XIXème siècle, les territoires alpestres accueillent une nouvelle économie, celle du tourisme d’élites, qui ne touche alors qu’une infime partie du territoire et de ses populations. L’architecture du loisir reste localisée sur les grands axes de traversée des Alpes. L’habitat vernaculaire de montagne et son art d’habiter traditionnel restent encore, à cette époque, indépendants de l’économie du tourisme sur l’ensemble des étages alpins. L’architecture et l’urbanisme restent liés au rythme de l’activité agro-pastorale traditionnelle de la région. Et le tourisme se caractérise par des séjours courts, au statut d’«étape» dans une itinérance à travers l’Europe. Accessibilité et Contemplation Lors la révolution industrielle, les équipements en montagne se modernisent. Les routes et les moyens de transport deviennent qualitatifs et se démocratisent. Les vallées et les cols des territoires alpins deviennent accessibles. S’installe alors, le long de ces routes, un tourisme de villégiature. Rapidement les bienfaits du séjour en montagne sont identifiés, les stations thermales et les casinos fleurissent. Les ensembles touristiques prennent de plus en plus d’importance dans l’économie. Les villages et les hameaux des vallées sont perturbés par l’apparition de formes architecturales et urbaines basées sur les codes de la ville et qui s’installent dans les centres bourgs. Certains téléphériques apparaissent également pour rendre accessibles les belvédères. La clientèle profitent des points de vue remarquables. Émergence des vacances sportives C’est dans l’année 20 que se popularise le ski alpin en France. Pratiqué jusqu’alors uniquement par l’armée, il est ensuite présenté au grand public lors de compétition. L’élite française et étrangère y voit un sport attrayant et plein de prestige C’est alors que les premiers « chalets skieurs » apparaissent dans les vallées. Ces habitats s’inspirent des grands volumes des fermes traditionnelles et doivent s’adapter aux usages d’une population citadine, sportive et en vacance. Megève est la station la plus marquée de cette époque. À travers les travaux de l’architecte Henry Jacques Le Même, les premières réflexions sur l’habitat touristique en montagne apparaissent. Le Domaine Skiable Le remonte pente apparait donc dans la modernité alpine. À la suite du téléphérique, le téléski permet aux skieurs de remonter simplement la pente, sans effort. L’appareil est assez simple et permet d’équiper rapidement les alpes françaises et de permettre à un nombre plus accru de vacancier de venir profiter du ski pendant la saison d’hiver [FIG. 8]. À cela s’ajoute une évolution des méthodes d’enseignement avec la création de l’École de Ski Français en 1935, du matériel de ski et de l’aménagement et du damage des pistes qui rend la pratique plus


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FIGURE 8 - Démocratiser les sports d’hiver : naissance du tourisme de masse, Photographie de P. Marzari (année 60)

Les infrastructures, l’accèssibilité et le matériel rendent la pratique du ski accessible au plus grand nombre. Le ski n’est plus uniquement réservé pour une élite.


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FIGURE 9 - Courchevel 1850. Le Jardin Alpin. Esquisse de Nogentil. Laurent Chappis, architecte-urbaniste (1951), encre sur calque.


39 facile et accessible. Émile Allais est le pionnier de cette époque, et symbolise à lui seul cette période à travers sa vie de champion, sa vie de moniteur et sa vie d’aménageur. Il s’applique à l’initiation de chacun pour fidéliser de futurs clients passionnés.

« Ils ont cru que j’allais leur tracer des pistes noires parce que j’étais champion. Au contraire, je pensais qu’il fallait intéresser tout le monde. Les débutants, ce sont nos futurs clients. »9 Émile Allais, skieur, moniteur et aménageur (2004)

1.2.3. LA STATION D’ALTITUDE (1935 - 1977) Station d’altitude - Première Génération Jusqu’alors, la station de sport d’hiver reste à proximité des petites villes existantes des vallées comme Megève, Chamonix, Saint Gervais. C’est en 1937, lors du cinquième congrès, tenu à Paris et consacré aux loisirs qu’émerge l’intérêt de créer des « zones de loisirs en haute montagne », installées à des altitudes avoisinant les 1850m.10 Architectes, urbanistes, ingénieurs et skieurs peuvent alors projeter leur idéaux de vie de « l’Homme moderne » au cœur de la « super station à la française » qui sera pensée comme une « cité nouvelle » qui s’installe où l’on fait du ski. Des projets d’équipement prennent donc forme aux alentours de village comme à Val d’Isère, à Chamrousse ou au col de Vars. L’apparition de ces aménagements offre aux populations locales de nouvelles perspectives pour l’avenir de leur vallée. Dans un contexte d’exode rural marqué dans les territoires montagnards, l’émergence du tourisme est une réelle opportunité pour les habitants souhaitant rester vivre chez eux.

« Surmenés par une vie urbaine dont les rythmes s’accélèrent chaque année les citadins des XIX et XXème siècles doivent retremper périodiquement leurs forces au contact de la nature. Antidotes des hôpitaux et des sanatoriums, des centres de détente naissent : en pleine nature alpine : Courchevel. »11 Atelier d’Architecture en Montagne 9  RÉVIL Philippe (2004), Les pionniers de l’or blanc, ed. Éditions Glénat, Grenoble, 224 p., p.15 10  CHALABI Maryannick, DESSERT Éric, LAPEYRE UZU Françoise, LYON-CAEN Jean François, SALOMON PELEN Catherine (2012), Stations de Sports d’Hiver Urbanisme et Architecture Rhône-Alpes, ed. Lieux Dits, Lyon, 272 p., p27 11  Atelier d’Architecture en Montagne (1955), Contribution à une architecture de Montagne, Études et Informations, Cahier mensuel du M.R.L. Mars 1955, N°3 , p43


40 Station Ex nihilo - Deuxième génération C’est en 1946 qu’apparait la première « station idéale » à Courchevel 1850 grâce à Laurent Chappis (1915-2013) et Denys Pradelle (1913-1999) [FIG. 9]. Située au cœur de la prairie auparavant inhabitée, la station ex nihilo devient un centre sportif hivernal incontournable dans le département. Le village « nouveau » émerge au fur et à mesure des années, toujours sous l’œil avisé de l’Atelier d’ Architecture pour en assurer la cohérence urbanistique et architecturale. Le bon sens est mis en avant : on s’installe sur les versants nord pour profiter d’une saison hivernale longue, les hébergements sont compacts, exposés au sud et remplis de technique contemporaine adaptée au milieu et à la neige. Courchevel 1850 est le premier village fait pour accueillir un public plus vaste et démocratiser réellement le ski alpin chez les français et pour la jeunesse. La station intégrée - Troisième génération L’intérêt pour les sports d’hiver ne cesse pas d’évoluer et d’attirer une clientèle toujours plus nombreuse. La station intégrée s’impose alors. L’État accompagne l’aménagement des départements alpins en participant aux équipements de voiries principalement. Des immeubles d’hébergement touristique fleurissent au cœur des Alpes. Leur intégration au paysage reste concentrée en un point donné pour laisser place au domaine skiable. [FIG. 10] Le logement se doit donc d’être « minimum ». L’habitat en montagne connait alors un réel changement et le studiocabine devient le standard de l’habitat montagnard. Les lignes des grands ensembles urbains s’installent dans les horizons alpins français, comme l’avait déjà expérimenté les sanatoriums quelques années auparavant, qui sont, pour beaucoup, abandonnés aujourd’hui. Ces stations intégrées sont au cœur des questions quant au devenir des régions montagnardes. Architecture située L’innovation en site vierge de montagne se voit également à travers de multiples projets d’architecture des plus remarquables. Des chalets expérimentent l’art de vivre en montagne, les équipements publics comme des salles de spectacle, des galeries commerciales, des lieux de cultes, des gares et tant d’autres apparaissent en montagne. Puis sur les chemins les plus reculés, les refuges s’inventent et se réinventent. Loin du tourisme du ski alpin, ces abris se modernisent et s’adaptent aux pratiques alpines qui évoluent sur l’ensemble du territoire grâce à l’utilisation d’éléments préfabriquées pouvant être acheminé par hélicoptère. L’art d’habiter en montagne se développe avec un large éventail d’expériences, d’acteurs et d’usagers. Au cours du XXème siècle, la montagne se transforme en tous points de son territoire. Rejet des stations intégrées Divers travaux et rénovations se réalisent dans les stations pour répondre aux nouvelles demandes des vacanciers. Aux Ménuires par exemple, on s’intéresse au renouveau des façades


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FIGURE 10 - Arc 1600. La Cascade, Atelier d’architecture en montagne, 1967.

L’AAM cherche à travers son architecture à intégrer une forte densité humaine au paysage et à la topographie du site. Les points de vues, les orientations et les circulations organisent les projets.


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FIGURE 11 - Élévation et détail des décors peints de la façade n°27 du Bourg Morel, Valmorel, M. Bezançon et Y. Videau (Année 60) p.12-12a.


43 en ajoutant dans la station divers « décors montagnards » qui camouflent la modernité de la station. Sur la station de la Plagne, les rénovations apparaissent au cœur des appartements. Des cloisons sont détruites et certains studios fusionnent pour offrir des appartements d’une trentaine de m2, répondant aux nouvelles demandes des propriétaires. Les intérieurs sont alors meublés et aménagés sur les normes internationales. Aux Arcs, la démarche est tout à fait différente. L’office du tourisme et l’AFAA (Association Française d’Action Artistique) travaillent sur la sensibilisation de leur public au patrimoine architecturale des Arcs réalisé par Charlotte Perriand et l’Atelier d’Architecture. L’existant est alors relativement bien conservé et entretenu. Roger Godino a suivi et managé l’ensemble des évolutions de la station. À son départ, une rupture s’est rapidement faite. De nouveaux grands ensembles sont sortis de terre, créant une rupture avec l’harmonie du site.

1.2.4. UNE MONTAGNE DE MARKETING (DEPUIS 1977) La station Village - Quatrième génération Dans le contexte des mouvements sociaux de Mai 68 et de la crise pétrolière de 1974, le modèle des stations intégrées est fortement remis en cause car il ne semble pas respectueux de l’environnement. Les projets d’équipement doivent alors répondre à une nouvelle dynamique d’urbanisation en continuité des villages existants. De nouvelles stations villages apparaissent. On travaille par imitation de l’architecture traditionnelle. [FIG. 11] C’est donc par une architecture de « décors » que les aménageurs de cette période répondent à l’imaginaire de la montagne attendu par les citadins qui viennent en vacance. Cette architecture basé sur l’imaginaire de «Heidi» et de «Belle et sébastien» reste une mise en scène pittoresque d’un faux vieux village. Ce néo régionalisme remporte un franc succès aux stations. Cette architecture du faux trompe autant les vacanciers que les populations locales qui cherchent également un retour à leurs traditions. Le lieu doit coller aux images qu’on accroche sur les panneaux publicitaires en ville. « Les publicitaires imaginent que les touristes plébiscitent « Heïdiland » car il incarnait l’image de la montagne préservée et accueillante. Il recueille également les suffrages des populations locales qui, traumatisées par le choc touristique », se replieraient sur leurs « racines ». Parce qu’il symboliserait le respect du passé, le style néo régionaliste les convainc. […] Les touristes veulent vivre comme s’ils étaient dans un village mais avec les conditions de confort et les codes sociaux de la ville ; les locaux voudraient vivre comme en ville sans perdre leur lien au passé. » 12 WOZNIAK Marie (2006) 12  WOZNIAK Marie (2006), L’architecture dans l’aventure des sports d’hiver, stations de tarentaise 1945-2000, ed. Imprimerie Nouvelle, Belley, 239 p., p.146


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Le village en continuité - un modèle suisse Dans cette dynamique de « retour aux traditions », un second mode d’aménagement apparait. C’est la construction en continuité des hameaux existants. Ce système construit donc au fur et à mesure des années des nouveaux lotissements. Un suivi urbanistique et architectural assidu est alors mis en place pour assurer une évolution harmonieuse du hameau. À l’image des villages suisses, l’espace naturel est grignoté par le village sans cesse en mutation. L’architecture reste uniforme dans son ensemble et présente de multiples variétés dans les détails, associant architecture traditionnelle et moderne. Ce système est plutôt séduisant pour les populations locales ainsi que pour la clientèle. Or ce système n’est pas viable dans le temps. Il n’est pas envisageable, comme en ville, de laisser cette expansion touristique grignoter les espaces naturels.13 Architecture du dépaysement Beaucoup critiquée par les architectes et les professionnels de l’aménagement, l’architecture Disneylandisée suscite de nombreux questionnements notamment vis à vis du succès généré chez les usagers. À Valmorel par exemple, on parle de faux vieux village. On est sur une architecture qui suit la mode. [FIG. 12] On répond à la demande contemporaine des vacances à la montagne. Aujourd’hui, les modes de vie se sont standardisés, à l’échelle de la France, mais aussi sur une échelle européenne voir internationale. Dans le tourisme, on répond simplement à ces standards au cœur de l’architecture. De fait, la destination ne devient qu’un simple décor environnant.14 L’architecture permet le dépaysement, en répondant au standard des vacances, et le décor ajoute une touche à la reconnaissance sociale sur les réseaux sociaux… [FIG. 13] Ce phénomène s’observe également au cœur des activités proposées dans les stations. Lors d’un stage dans une société des téléphériques d’un domaine skiable, j’ai appris qu’on ne parlait plus de ski mais d’expérience client. Ainsi, des infrastructures architecturales nouvelles apparaissent pour susciter l’émotion chez les visiteurs. C’est donc avec une architecture d’artifice et de «pas dans le vide» [FIG. 14] que l’on aménage les sommets de nos montagnes aujourd’hui. L’inaccessible devient accessible sans effort et sans danger.

13  CHALABI Maryannick, LYON-CAEN Jean François (2012), op. cit., p.73 14  WOZNIAK Marie (2006), op. cit.


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FIGURE 11 - Publicité pour les vitrages isolants Saint-Gobain (1970)

FIGURE 12 - Fil d’actualité Instagram du hashtag #lepasdanslevide (2020) FIGURE 13 - Brochure du Pas dans le Vide à l’Aiguille du Midi, Chamonix (2020)

Juxtaposer ces trois figures illustrent la manière dont l’imaginaire a orienté les aménagements en montagne. Sur la publicité de 1970, on présente une boite en verre, isolée de toutes contraintes climatiques et de tout danger. Aujourd’hui, le pas dans le vide à l’Aiguille du Midi propose une boite en verre, au dessus du vide, isolée de toutes contraintes climatiques et de tout danger.


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1.3. L’INDUSTRIE DU TOURISME : LE SKI ALPIN


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FIGURE 15 - Part des emplois en contrat à durée déterminée ou en interim dans l’emploi salarié, INSEE (2013)

On remarque une forte proportion (50%) de contrat court dans les régions de Savoie, Haute Savoie et Isère. Cette caractéristique est intimement liée à la présence de station en altitude.


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1.3.1. UNE ÉCONOMIE SAISONNIÈRE D’après les chiffres clés de l’observatoire du tourisme Savoie Mont Blanc15, la France tient sont rôle de leader international dans la pratique du ski depuis des décennies. Derrière les États Unis et l’Autriche, les montagnes françaises étaient sur la troisième marche du podium de fréquentation sur l’hiver 2019 avec 53.4 milions de journées skieur. A l’échelle mondiale, 3 stations de tarentaises se trouvent dans le top 10 : la Plagne (1ere), les Arcs (3ème) et Val Thorens (9ème). La beauté des paysages, la grandeur des domaines skiables avec leur qualité d’enneigement ainsi que « l’ambiance montagnarde » et touristique assurent ce succès hivernal. Chaque vallée et station présente alors un rapport au tourisme et à la fréquentation très différents. La Tarentaise par exemple, concentre plus de 30% de la fréquentation de la Savoie et de la Haute Savoie confondues. Pour la population française, les alpes du nord restent les plus demandées. Savoie, Haute Savoie, Isère et Hautes Alpes se partagent a elles seules 46% du marché des destinations montagne en hiver, et 4.6% en été. Une différence majeure et flagrante. À Val Thorens par exemple, c’est 98% du chiffree d’affaire qui est réalisé en hiver, pour 2% en été. Or le calme, les points de vue, la nature, la qualité de l’air et les multiples activités possibles en montagne lors de la saison estivale assurent un potentiel très riche pour l’avenir de ces régions. Ces destinations ont de plus une réputation à l’échelle internationale, avec une occupation étrangère avoisinant les 35% dans ces régions. Dans des stations comme Chamonix, c’est 50% de fréquentation, et 25% des propriétaires qui sont d’origine étrangère.16 Ces flux de vacanciers génèrent une offre d’emplois toujours en hausse lors des saisons touristiques. Les populations locales assurent donc une part du travail grâce au renfort des emplois « saisonniers ». En station ce sont plus de 50% des emplois qui sont à durée déterminée ou en intérim.17 [FIG. 15] Ceci est évident dans le domaine des loisirs et du sport, or on observe aussi des demandes croissantes dans d’autres domaines (transport, bien-être, commerce, art et spectacle, etc.). Ces emplois restent donc limités dans le temps, et la situation des saisonniers reste en mouvement permanent. Certains jonglent donc entre plusieurs emplois tout au long de l’année, en restant dans la région ou en partant sur les destinations touristiques estivales. Les régions touristiques doivent donc accueillir ces travailleurs dans leur parc d’hébergement en plus des vacanciers en pleine saison. Ces derniers constituent un chiffre élevé d’individus, qui partiront également lorsque la neige aura fondu. 15  Savoie Mont Blanc Tourisme (2020), Observatoire du tourisme Savoie Mont Blanc, Les chiffres clés, 2020, ed. Kalistene, Annecy 16  Savoie Mont Blanc Tourisme (2020), op. cit. 17  INSEE Auvergne Rhône Alpes (2017), op.cit.


50 En termes d’investissement touristique, les départements de Savoie et de la Haute Savoie tiennent la deuxième et la troisième place derrière Paris. C’est un territoire bien particulier à l’échelle nationale avec une économie qui lui est propre. Les investissements que génèrent ces régions de montagne se retrouvent principalement dans les résidences secondaires (1ere), les hôtels (2ème), les remontées mécaniques (3e) et les résidences de tourisme (4e). Le parc d’hébergement du tourisme en montagne représente donc a lui seul plus de 880 millions d’euros, soit 69% des investissements dans les départements de Savoie et de Haute Savoie.

1.3.2. UN TERRITOIRE AU SERVICE DES DOMAINES D’après une étude de l’INSEE18, dans les régions de montagne d’altitude, comme en Savoie, Haute Savoie, Isère et Hautes Alpes, on parle d’une mono économie centrée sur le tourisme des sports d’hiver. Le secteur tertiaire lié au tourisme a pris le monopôle face aux autres activités. Les régions orientent l’ensemble de leurs efforts dans l’expérience de la clientèle. Nous pourrions parler d’espace Servant/Servi. [FIG. 16] Un concept que l’on utilise souvent en architecture. Ici, c’est à l’échelle territoriale que l’on pourrait l’observer. Les secteurs de basse et moyenne altitude (cluse et vallée) sont marqués par les réseaux et les flux, pour l’acheminement des visiteurs et des produits. Tandis que les versants adrets servent à l’agriculture qui répond aux besoins des papilles des touristes. La vallée est également marquée par la présence de l’industrie du Bâtiment. Divers ateliers, artisans, et entreprises de BTP y sont installés pour répondre aux besoins générés à la fin de la fonte des neiges et durant l’ensemble de la saison estivale pour compléter et rénover les constructions des aménagements touristiques d’altitude. Ce secteur est aussi fortement marqué par la saisonnalité, face au climat hivernal qui empêchent la pratique de leur profession. Leurs présences restent minorées par le poids de l’activité du tourisme dans le secteur tertiaire sur l’année, or il présente une activité majeure au cours de la saison estivale. L’agriculture est une activité aussi particulière et avec une forme typique montagnarde. Mais dans les montagnes « touristiques », l’activité a perdu de son importance dans la part des emplois qu’elle occupe face au secteur tertiaire [FIG. 17]. Cependant, elle reste une activité traditionnelle et remarquable. L’activité pastorale participe pleinement à l’entretien des alpages et au maintien de l’identité agricole montagnarde. L’herbe devient la ressource principale et les troupeaux arpentent les paysages en fonctions du « cycle de l’herbe ». Les conditions climatiques et la difficulté à mécaniser les systèmes d’exploitation orientent donc l’agriculture 18  INSEE Auvergne Rhône Alpes (2017), op. cit.


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SERVANT

SERVI

AGRICULTURE TOURISME

ACCÈS INDUSTRIE BÂTIMENT

FIGURE 16 - Économie mono-orientée : espaces servants et espace servi

FIGURE 17 - Chalet d’alpage à l’abandon, Le Clou, Saint Foy Tarentaise La déperdition du secteur agricole apparait sur l’entretient des alpages avec des infrastuctures qui tombent en ruine. Les chutes de neige, chaque hiver, accelèrent leurs détériorations. Il est necessaire d’agir rapidement, sinon les structures ne seront plus ré-employables.


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ARCHIPEL DES ALPES À PARTIR DE 500m D’ALTITUDE Ech. 1:10 000 000

ARCHIPEL DES ALPES À PARTIR DE 1500m D’ALTITUDE Ech. 1:10 000 000

FIGURE 18 - Diagramme de la surface des Alpes enneigé en fonction du réchauffement climatique, plaçant une partie du territoire hors de la pratique du ski.

La montée des températures va rendre l’accès à la neige beaucoup plus rare. Seules les stations de hautes montagnes pourront encore vivre avec les sports d’hiver. Le reste du territoire alpin devra alors faire sans neige et sans ski.


53 dans une production de produits misant sur la qualité. Les productions restent petites et sont plutôt orientées pour une clientèle touristique. L’industrie est également présente dans les Alpes du Nord. La métallurgie est le domaine principal de la région. Le domaine de l’extraction et du travail du bois est également présent. La région présente quelques entreprises de productions spécifiques à la montagne et à ses activités avec la fabrication de ski (Dynastar à Sallanches, 74), de remontés mécaniques et d’engins de damage (Poma à Voreppe, 38). Le domaine de l’agro-alimentaire se répartit aussi à travers les territoires de montagne, plutôt orienté dans des petites productions misant sur la mise en valeur des produits traditionnels dans des circuits courts issus de l’agriculture montagnarde. Quelques industries agro-alimentaires sont également présentes aux alentours de villes et sur les plaines. Ces divers secteurs restent fortement touchés par le tourisme, qu’ils soient proches ou non de leurs activités professionnelles. On observe dans l’ensemble de ces domaines une forte présence de travailleurs qui restent pluriactifs, travaillant aux services du tourisme l’hiver et dans les autres domaines le reste de l’année. L’activité touristique générée au sommet des stations rayonne donc effectivement sur l’ensemble des différents étages de la montagne, de la plus haute à la plus basse altitude.

1.3.3. UNE RÉGION TOURISTIQUE EN PÉRIL L’été dernier, en août 2020, c’est 500 000m3 de glace du massif du mont Blanc qui menaçaient de se décrocher à la suite de fortes chaleurs, au dessus de la station de Courmayeur.19 Le tourisme en montagne est un des secteurs les plus instables face aux diverses crises environnementales que nous traversons. La montagne est un territoire où les menaces induites par les changements globaux sont rapidement apparentes. On parle de réalité augmentée car ces risques globaux sont là, présents chaque jour. Les glaciers fondent, les chutes de pierre et les effondrements se multiplient, les avalanches s’intensifient. Pour les domaines skiables, la diminution des chutes de neige réduit les périodes d’enneigement des domaines. La qualité des vacances au ski n’est plus assurée. La montée de l’isotherme zéro n’assure plus non plus les créneaux de froid nécessaires à la production de neige artificielle par les enneigeurs en dessous des 2100m d’altitude. [FIG. 18] C’est donc 80% des stations françaises qui sont mises en péril face à l’évolution des températures. L’impact direct qui apparait sur les domaines skiable rayonnera sur l’ensemble du territoire alentour, qui vit de cette économie touristique, que l’on avait nommé précédement l’espace servant. 19  Franceinfo (2020) Climat : un glacier du massif du mont-blanc sur le point de s’effondrer en Italie, Météo Climat, 7 Sept. 2020


54 De plus, depuis le début du XXIème, la montagne se trouve en concurrence avec une société du loisir qui se mondialise. De nombreuses destinations et activités viennent donc s’inscrire dans les plannings des citoyens. Les vacances à la montagne perdent leur monopole des vacances d’hiver face à la concurence des destinations proposées à l’international. Les transports aériens low cost permettent à une grande part de la population de voyager à travers le monde pour des budgets alléchants. Rapidement, le tourisme massif des sports d’hiver perd une part de sa clientèle, surtout chez les jeunes. Puis, s’ajoute à tout cela un parc d’hébergement locatif qui vieillit et qui ne correspond plus aux standards. De nouveaux ensembles sont alors construits pour répondre à cette nouvelle demande de logements plus attractifs pour assurer une fréquentation des skieurs indispensable aux domaines et aux régions. Laissant les centres des stations s’éteindre à petit feu. La course à la rentabilité favorise l’élévation de nouveaux bâtiments plutôt que la réhabilitation de l’existant qui se présente plus complexe et difficile à gérer. D’après Vincent Vlès, l’ensemble de ces difficultés auxquelles doivent faire face les régions montagnardes place 666 stations de l’arc alpin centrées sur la pratique du ski alpin devant une faillite évidente si la diversification de l’activité et de l’économie échoue sur les prochaines années.20 Le parc d’hébergement dans ces stations occupe une place considérable, pour citer quelques chiffres, au total, en montagne, on a 1 575 000 lits, sur le littoral, c’est plus du triple, soit 4 800 000 lits d’après les chiffres de Marie Wozniak. Sur le littoral seulement 40% de ce parc d’hébergement est encore sur le marché, en montagne, c’est tout juste la moitié, 50%. Les chiffres sont témoins de la situation assez alarmante dans laquelle se trouve le tourisme français et avec laquelle les gouvernances doivent essayer de rebondir : un travail d’envergure. La France entre dans ce XXIème siècle avec des aménagements touristiques à requalifier. Elle doit en tirer leurs qualités pour innover et réinventer ses territoires touristiques. La friche touristique est un avenir très facilement envisageable pour les aménagements du tourisme. Aujourd’hui, dans les préalpes de nombreux sanatoriums, centres de vacance, hôtels, gares des téléphériques sont aujourd’hui fermées, détruits ou à l’abandon. Il est donc nécessaire de réfléchir au devenir des stations pour éviter cette fin de la friche touristique. Cette réflexion se fait autant pour les gestionnaires de l’immobilier que pour ceux du domaine skiable. L’un ne fonctionne pas sans l’autre. Pour citer quelques exemples nous pouvons parler du Renouveau de Bourg saint Maurice, un village vacance social abandonné dans les années 2000. Sinon dans les Pyrénées, la station de Puigmal a fermé en 2013 son domaine. Il a récemment été racheté par Rossignol Group pour proposer une nouvelle station 4 saisons. 20  MESTRES Jean Michel (2018), op. cit., p.27


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« Aujourd’hui, la montagne est devenue un champ clos où s’affrontent des conceptions de vie, car elle offre des potentialités sans commune mesure avec cette exploitation immédiate dont le seul objectif est le profit. Elle devient, hélas, comme tous les sols, un prétexte à rentabilité ; la nature elle-même n’interresse que par ses qualités brutes (ensoleillement, pentes, visibilité) et devient agent économique : on entend l’exploiter tout en conservant, ou pour mieux conserver (que d’occasions d’aménagement ont été gachées, que de sites admirables ont été massacrés en vertu de ce merveilleux principe). Il semble que la montagne soit maintenant considérée comme une extension possible de la ville, terrain propice au développement de solutions primaires qui ont fait leurs preuves (mauvaises) ailleurs : solutions standards, habitat banalisé (pour lequel la désaffection viendra rapidement), conditions de vie identiques à celles en ville, même décor (sauf les lointains), même bruits, mêmes odeurs, même société, même voisinage. [...] La volonté de rentabilité immédiate, qui s’est substituée à une politique d’ensemble à long terme, risque demain de nous procurer de graves ennuis. Il n’est peut être pas trop tard pour s’interroger sur les fins (l’aménagement de la montagne pour qui, pour quoi...?) ; aussi doit-on le faire car il sera ensuite moins difficile d’étudier comment. »21 Charles Delfante (1970)

21  DELFANTECharles (1970), Dossier : Montagne, Urbanisme n°116, Paris, p.1


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« On est arrivé au paradoxe qu’on n’a plus rien à équiper alors qu’il reste des possibilités importantes en Italie ou en Autriche. Et le drame, c’est que cette architecture typique d’une époque a terriblement mal vieilli »1

Laurent Chappis, Architecte (2004)

1  RÉVIL Philippe (2004), op. cit., p.85


57 Nous ne sommes pas un territoire urbain, mais nous ne sommes pas un territoire rural non plus. Nous ne sommes pas villes, mais nous ne sommes pas non plus montagnes … nous sommes les alpes françaises, urbanisées, touristiques avec une dynamique unique. De nos jours, le territoire alpin français connait un aménagement bien particulier. Principalement installée lors du dernier siècle, son architecture est propre au tourisme. Nous ne pouvons pas l’étudier comme on le ferait dans les villes car ce n’est pas un milieu urbain. Or nous ne pouvons pas non plus l’étudier comme un milieu rural car le tourisme a bouleversé les activités, les mentalités et les usagers. «Évolution des modes de vie et architecture du loisir», «habiter les stations touristiques», «chez soi en vacances», «construire le tourisme sur le tourisme», «les nouveaux paysages des loisirs», «entre stations, montagnité alpine, résonnance entre territoire et modes de vie ?», «Quelle architecture pour un tourisme durable ? », «La station adaptable, insérer les rythmes touristiques», «loisirs productifs». Voici les thèmes d’Europan22, un concours d’idée en architecture et en urbanisme, reformulés pour entrer dans notre sujet. Et si nous adaptions les théories urbaines aux régions touristiques. Si nous effectuons autant d’analyses, de recherche et d’étude sur ces nouveaux lieux, nous pourrons leur trouver une évolution durable et adaptée. Le lien entre Ville et Montagne est très fort et doit être accepté pour permettre l’évolution des territoires montagnards. Il y a un lien très intime avec la ville. En effet, la majeure partie des visiteurs sont des citadins en vacances, c’est eux à l’origine qui ont créé la demande, et c’est aussi eux qui ont dessiné les plans de la plus grande échelle à la plus petite. Les territoires et leurs habitants se sont pliés au phénomène. Il est donc cohérent de s’appuyer sur des théories urbaines pour analyser ces endroits. Par ailleurs, il est aussi primordial de tenter de retrouver des liens avec le patrimoine local. Une manière simple et efficace pour retrouver un dépaysement sans traverser le monde. Un axe vers un tourisme local et durable. Le territoire alpin français fait partie du patrimoine régional français, mais aussi anglais. Les britaniques, n’ayant pas de montagne, se sont fortement appropriés les alpes françaises. Aujourd’hui, il est nécessaire de retrouver des dynamiques nouvelles sur ces milieux répondant autant aux demandes locales que touristiques. Cependant, la demande du consommateur ne peut être mise de coté, car c’est une région entière qui vit grâce au tourisme. Par ailleurs il est grand temps de pointer du doigt les vrais problèmes : l’empreinte carbone générée par les vacances est principalement induite par les transports et par les usages énergétiques des bâtiments. Il faut donc prendre les problèmes de face : arrêter de travailler pour contrer les phénomènes qui surgissent et plutôt les penser en amont pour travailler avec. 22  EUROPAN FRANCE (1989-2020), Thèmes, toutes les sessions.


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PARTIE 2 : UN HÉRITAGE : L’ARCHITECTURE TOURISTIQUE DES STATIONS DE SKI FIGURE 19 - Pêle-mêle de l’architecture en montagne, 2020, Avoriaz.


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« Il y aurait de quoi se lamenter sur les développements de la modernisation du monde […]. Nous n’avons pas d’autre choix que de comprendre les réalisations nouvelles qui nous entourent et de les affronter avec intelligence. » 23 Sanford Winter (2000) Aujourd’hui, nous héritons du travail de nos prédécesseurs. Un travail remarquable et témoin du contexte contemporain à la construction mais qui aujourd’hui demande à être renouvelé. C’est nous, les architectes du XXIème siècle qui devons questionner le devenir de ces hôtels, de ces chalets, de ces résidences, de ces stations et de l’ensemble du territoire de montagne. L’architecture du XXIème siècle doit penser le projet à partir du travail innovant de nos pairs. Nous devons penser à partir de l’existant, là est tout l’enjeu de l’architecture qui animera notre profession : rénover, réhabiliter, reconvertir, déconstruire, réemployer... Aujourd’hui les changements climatiques mettent tout le monde au pied du mur. L’architecture de montagne doit continuer à être une terre d’innovation, d’expérimentation, et de création. Pour parvenir à travailler à partir de bâtiments existants, il est important de comprendre leurs caractéristiques et leur processus de conception. L’architecture est créée pour accueillir la vie des Hommes et des sociétés. Il va de soi qu’elle doit s’adapter, évoluer et se transformer au gré des changements sociétaux. L’Homme passe. L’architecture reste. C’est le contage d’une histoire, l’héritage d’une époque, la trace de la vie. L’architecte est l’acteur du changement qui doit lier l’histoire passée au monde contemporain. Il doit lier une demande d’usage très locale et actuelle à un objet qui s’inscrit dans l’espace à plus long terme. 23  PICON LEFEBVRE Virginie (2019a), La fabrique du bonheur, ed. Parenthèses, Marseille, 256 p., p.22


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Il est important de bien comprendre également que l’impact de ces stations rayonne sur l’ensemble du territoire. L’objet urbain et architectural conçu par les aménageurs et uniquement dédié à la pratique du ski a permis au tourisme de s’approprier le territoire de manière très inégale. En effet, l’ensemble de ces projets d’envergure a été implanté en fonction du potentiel de la pratique du ski et de l’élaboration d’un domaine skiable à proximité. Il se trouve donc généralement sur l’ubac (versant orienté nord), peu exposé au soleil et propice à l’enneigement. Les vallées ont toujours été les axes de déplacement grâce à leur praticabilité le long desquelles les villes et villages s’implantaient. Et l’adret (versant « soleil », orienté sud) accueille l’activité agricole. Cette dernière n’a pas connu une croissance similaire à celle de la pratique du ski, les aménagements sur ces versants sont donc plus anciens, traditionnels, et liés à la vie de ces quelques exploitants. Le tourisme s’est donc implanté de manière très localisée, engendrant de grande inégalité d’infrastructure et de population sur le territoire alpin. Créant alors des zones surexploitées, face à des zones mieux préservées, bien que l’impact du tourisme sur l’environnement reste globale.

FIGURE 20 - Coupe Nord-Sud d’une vallée


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Nous allons maintenant nous pencher sur l’architecture et l’urbanisme du tourisme des vallées et des stations de sport d’hiver. Étudier un bâtiment, c’est comprendre le contexte socioéconomique dans lequel il a été conçu. C’est comprendre où étaient les enjeux principaux. Et ainsi, comprendre l’architecture présente aujourd’hui. Cette partie fait un état des lieux des différentes formes architecturales et urbaines qui constituent notre héritage. C’est un état des lieux, incluant l’ensemble des démarches avec leurs qualités et leurs défauts. Aux explications de leur conception, nous ajouterons les problématiques que ces endroits ont générées avec le temps. Les modes de vie, d’habiter et de voyager se sont emparés des lieux. Pour parvenir à des clés de lecture simples, claires et accessibles, la théorisation est nécessaire. Ce travail est une porte d’entrée pour les futurs acteurs du changement en montagne visant à comprendre ce contexte touristique, montagnard et saisonnier si particulier sur lequel nous nous installons. Une situation qui a donné au cours du siècle dernier l’opportunité de créer des formes architecturales et urbanistiques atypiques, exemplaires et controversées. Les études de cas se trouvent principalement sur les Alpes du Nord. Ces choix sont séléctionnées dans cette région car elle est emblêmatique de ce contexte de tourisme en haute montagne. Elle expose les interventions urbanistiques et architecturales des sports d’hiver et leur impact. On est sur un territoire de haute montagne avec des infrastructures à grande échelle qui doivent être rapidement repensées pour pouvoir accompagner les changements sociétaux et les innovations sociales dans ces territoires.


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2.1. LA STATION DE VILLÉGIATURE EN VALLÉE


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2.1.1. UN TOURISME D’ÉLITE : DÉCOUVERTE ET FLÂNERIE Les destinations de montagne connaissaient pour certaines le succès déjà en amont du ski grâce au passage du Grand Tour de l’aristocratie anglaise. On y venait pour l’alpinisme, le thermalisme et la villégiature estivale. Ainsi, certaines villes de montagne ont commencé à développer une capacité d’hébergement au cours du XIXème siècle pour la fréquentation de la haute société. Les vertus physiques et morales que génèrent la montagne sont alors convoitées par les citadins. Les grands hôtels et palaces fleurissent au cœur des villes de vallée comme à Interlaken, Zermatt et Saint Moritz en Suisse et à Chamonix pour citer un exemple français. De plus, au cours du XIXème siècle, à l’ère industrielle, le développement des lignes de chemin de fer rend alors ces destinations plus facilement accessibles depuis la ville, en témoigne la publicité des Trains Express datant du début du XXème siècle ci-contre [FIG. 21]. Les visiteurs viennent des classes aisées et bourgeoises et ont eu accès à une éducation où l’architecture à son importance. C’est à Johannes Badrutt que l’on doit le tourisme hivernal. Propriétaire du Kulm Hôtel St Moritz en Suisse, il suscite chez l’aristocratie anglaise un l’intérêt pour la saison d’hiver en montagne. Il développe les activités et modernise l’habitat touristique grâce aux dernières technologies. Les premiers séjours hivernaux apparaissent donc dans le Grison lors de la seconde moitié du XIXe siècle. St Moritz devient la destination n°1. Le curling, le skeleton, le bobsleigh, le patin à glace deviennent les activités hivernales. Le ski existe, mais n’a pas encore un grand succès à cause de sa pratique trop difficile. Les compétitions sportives et divers événement s’installent alors dans ces villes. La montagne devient citadine et l’économie du tourisme prime. Le développement de ces stations se fait donc au gré des initiatives de la communauté locale qui s’empare de ce nouveau marché du tourisme.24 En France, quelques villes suivent alors ce mouvement. Chamonix est l’exemple principal. Implantée sur l’axe permettant de rejoindre l’Italie, la ville haute savoyarde connait un franc succès. Palaces, hôtels, thermes, casinos et chalets divers et variés apparaissent. Sa renommée dépasse les frontières, notamment grâce à son point de départ pour l’ascension du Mont Blanc. Sa réputation pour l’alpinisme ne peut être détrônée et ses infrastructures permettent, grâce au train, d’attirer de plus en plus d’adeptes. Certains grands architectes contemporains, comme Eugène Viollet le Duc, viennent alors se pencher sur le sujet.

24  Kulm Hôtel St Moritz (2020), Geschichte Pioniergeist als tradition FIGURE 21 - Affiche des chemins de fer PLM vantant les sports d’hiver à Chamonix, vers 1900, par Tamagno


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2.1.2. DU VILLAGE DE VILLÉGIATURE À LA VILLE DE MONTAGNE L’urbanisme de ces villages hôteliers s’est donc organisé au fur et à mesure des initiatives des populations locales et des acquéreurs de terrain. Il n’y a pas eu de réflexion globale particulière. Dans la quête de repère et d’appropriation, les villages touristiques se dessinent conformément aux attentes de cette population citadine. Ainsi, autour du bourg existant [ FIG. 23], des hôtels particuliers [FIG. 24] fleurissent. Puis des constructions plus monumentales apparaissent : les Palaces et Grands Hôtels [FIG. 25]. Ils inscrivent dans le plan urbain leurs jardins et parcs qui structurent les paysages. Le centre bourg ancien est pris d’assaut par les attractions des visiteurs. Les commerces, contemporains aux Grands Magasins de Paris, ouvrent leurs portes. En parallèle, les chalets résidentiels [FIG. 26] s’installent le long des routes. Puis l’époque moderne marque le territoire avec l’apparition de quartiers aux formes des grands ensembles [FIG. 26]. Le plan urbain de ces stations met en avant l’histoire de la ville qui s’installe [FIG. 22].25 Il présente différents quartiers avec des organisations qui leurs sont propres en fonction de leur époque de construction. On peut mettre en avant que l’organisation était liée à deux critères : la desserte ferroviaire et la topographie qui sont d’ailleurs intimement liés. À l’époque et encore aujourd’hui, les axes de circulations ont tendance à orienter le développement des villes. Lors de la révolution industrielle, la liaison de train menant jusqu’au cœur de ces stations a permis le développement autour de leurs arrêts au cœur des vallées. Ces villes desservies ont donc été les seules terres d’accueil pour ces bâtisses bourgeoises, ces palaces luxueux et ces grands hôtels. Chamonix, Interlaken, St Moritz présentent un patrimoine bien particulier de l’habitat touristique daté du XIXème et du début du XXème siècle qui sont peu présentent sur l’ensemble du massif alpin. Ce développement que l’on pourrait comparer à celui d’une ville permet à ces villages de maintenir une vie à l’année avec des infrastructures adaptées été comme hiver. Ce shéma du tourisme de montagne présente de manière flagrante les univers parallèles et étanches des différentes classes sociales. Virginie Picon Lefebvre parle de Gated Commodities26 lors de son étude des Grands Magasins Parisiens. Or le terme pourrait également caractériser ces stations de villégiature réservée qu’à quelques privilégiés. Ce terme fait référence aux Gates Communities qui témoigne des limites franches entre les personnes ayant les moyens financiers, et les autres. Une élite étrangère se répartie les propriétés faisant monter en flèche les prix de l’immobilier. Les terrains, les loyers et les locations touristiques sont hors de prix. Les locaux ne peuvent plus accéder aux logements et partent. Les saisonniers se logent dans dans les quartiers « périurbains », éloignés du centre ville privatisé par la jetset touristique. 25  LYON-CAEN Jean-François, MISSE Arnaud, SALOMON-PELEN Catherine, SOMM Chantal (2003), op. cit. 26  PICON LEFEBVRE Virginie (2019a), op. cit., p.63


5 1 2 4

t: OIE

MONT BLANC

G 08

CHAMONIX 995m à 4 809m d’altitude 10 200 habitants 67 600 lits soit 15% de lit résident et 85% de lit touristique 5198500

3

5199000

69

1.

2.

gine : 1/500 tion : 1/5000

3.

2000000

4.

5.

2000500

n : 23/10/2020 ire de Paris)

s en projection : RGF93CC46

La Grande Rue

Les hôtels particuliers

Les palaces

Les chalets

alisé sur cet extrait est géré par le FIGURE 22 - Chamonix : étude du tissu urbain et identification des caractéristiques mpôts foncier suivant : E RRE DE COUBERTIN 74136 NEVILLE CEDEX 19 01 -fax 04 50 25 65 72 le@dgfip.finances.gouv.fr

FIGURE 23 -est La grande rue, par XIXème:siècle e plan vous délivré

FIGURE 25 - Le Majestic Palace, 2011

FIGURE 27 - L’architecture des grands ensembles

cadastre.gouv.fr stère de l'Action et des Comptes

FIGURE 24 - Un hôtel particulier

Les grands ensembles

FIGURE 26 - Un chalet individuel


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FIGURE 28 - Perspective du chalet de la côte (1872), Eugène Viollet le Duc PLAN R+1

PLAN RDC

PLAN R+1

FIGURE 29 - Plans du chalet de la côte (1872), Eugène Viollet le Duc

PLAN RDC

FIGURE 30 - Rénovation du pavillon de la patinoire du Kulm Hotel par les architectes de Foster + partners

FIGURE 31 - Architecture sobre et moderne du pavillon de la patinoire du Kulm Hotel par les architectes de Foster + partners


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2.1.3. L’HÔTELLERIE : LE PREMIER HABITAT TOURISTIQUE RENOUVELÉ EN PERMANENCE Les premiers habitats touristiques apparaissent sous la forme de petits hôtels. Ils ont généralement 3 étages, ils proviennent d’auberge rénovée, sinon ce sont des constructions neuves. Ce sont des bâtiments en maçonnerie avec un enduit au grain fin et avec une colorimétrie claire. Les ouvertures sont encadrées et donnent sur des balcons individuels. Leurs garde-corps sont en ferronnerie. Selon les budgets des hôtels, ils peuvent avoir des toitures avec des formes plus ou moins complexes.27 Des chalets à l’aspect plus traditionnels commencent à s’ouvrir au public. Eugène Viollet Le Duc (1814-1879), dessine le chalet de la côte en 1872 [FIG. 28]. Il y réfléchit un habitat pour le maitre de maison au rez de chaussée. Puis des habitats touristiques sur les deux étages. Ils peuvent être loués «à la chambre» ou «à l’étage», comme si c’était un petit appartement indépendant. Le rez de chaussée et l’arrière de la maison sont en maçonnerie, et accueillent les espaces techniques. Puis les moitiés sud des deux niveaux supérieurs sont en bois. On distingue alors les espaces servant des espaces servis du tourisme par la massivité des murs [FIG. 29]. Par la suite, l’habitat touristique devient beaucoup plus luxurieux. Les Grands Hôtels et les Palaces s’installent dans les centres-villes de montagne. Ils étaient à leur construction des témoins des hautes technologies. Le Kulm Hotel fut le premier établissement équipé de lumière électrique. Ils sont, bien entendu, accompagnés de leurs jardins et de leurs allées. Ce sont des bâtiments avec un sens : à l’avant, les chambres des clients avec une belle entrée de lumière et un panorama sur les montagnes alpines, et à l’arrière les espaces de service. Ces majestueuses constructions ont jusqu’à huit ou dix niveaux. Au fur et à mesure des années, les infrastructures et le parc immobilier de ces stations ont évolué avec le progrès et la demande. Certains architectes s’attelle à la modernisation des bâtiments existants. Le cabinet de Foster & Partners ont par exemple renouvelé le pavillon de la patinoire du Kulm Hotel avec une architecture en bois, sobre et élégante, située et intégrée [ FIG. 30 et 31]. Cependant, ce n’est pas le cas de l’ensemble des projets. Les Palaces ont pris diverses directions. À Chamonix, plusieurs de ces palaces ont été transformé et accueillent aujourd’hui le casino (Royal Palace), le musée alpin (Chamonix Palace) et le centre des congrés (Rez de chaussée du Majestic Palace). D’autres ont été achetés par des promoteurs, et divisés en appartements plus standards (Étages du Majestic Palace). Certains gardent leur fonction d’hébergement grâce à l’investissement de grand groupe touristique (Club Med, Folie douce dans le Savoy Palace). 27  MUGNIER Yves (2004), Architecture de la vallée Chamonix Mont-Blanc, Itinéraires d’Architectures modernes et contemporaines de Hautes-Savoie, ed. CAUE Haute Savoie, Annecy


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2.2. GÉNÉRATION 1 : LA STATION DE SKI


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2.2.1. UN TOURISME POUR L’HOMME MODERNE Les britaniques sont, comme à l’époque du Grand Tour, toujours très friands des destinations dans les Alpes. A la suite de la Première Guerre Mondiale, la Suisse reste la destination principale pour les sportifs qui souhaitent pratiquer la montagne en hiver. Or, la cohabitation ne fonctionne plus très bien avec les allemands. C’est la baronne Noémie Rothschild qui décide alors de parcourir les Alpes françaises pour y trouver un site similaire à celui de Saint Moritz et y développer une station de sport d’hiver. Les quelques aménagements déjà existant de Megève et la dynamique qui est en place pour l’évolution de la pratique du ski séduisent la baronne. Elle monte la Société française des Hôtels de Montagne en 1919 pour donner un nouvel essor au bourg. Le village est fréquenté par les têtes couronnées qui y font construire leurs chalets.28 En France, ce contexte d’après-guerre et de reconstruction fait émerger de nombreux questionnements quant à la conception de l’habitat. Une pensée moderne émerge basée sur l’aspect social de l’architecture. L’Homme Moderne est mis en avant avec ses activités, ses usages et ses modes de vie. L’Architecture accueille la vie. Certaines maisons particulières sont alors dessinées pour expérimenter ces nouveaux modes de vie. Pour citer les plus connues, la villa Savoye (1927) est construite par Le Corbusier ou encore la villa Noailles (1928) par Mallet-Stevens. En montagne, cette architecture moderne fait son apparition, avec un style différent.29 L’adaptation au site reste majeure dans la conception, mais une attention toute particulière est donnée aux pratiques de cet Homme Moderne, sa pratique des loisirs et son mode de vie. L’immersion en montagne permet aux architectes de jouer entre la modernité des modes de vie citadins et l’ambiance montagnarde omniprésente. Megève connait rapidement un franc succès. Les constructions neuves ne cessent de se multiplier. Les infrastructures et les attractions se modernisent et suivent la pointe de l’innovation. Le ski gagne en popularité, et sa pratique devient de plus en plus accessible aux citadins, bien qu’encore très élitiste. Le ski reste un sport noble. Les pratiquants du ski partent alors à la conquête d’alpage à plus haute altitude. Megève présente beaucoup de qualités mais à 1105m d’altitude, l’enneigement est limité. Deux sites principaux sont alors repérés : Val d’Isère et l’Alpe d’Huez à 1850m d’altitude. Les hameaux sont alors embarqués dans l’aventure des sports d’hiver. Les tempêtes de neige de Val d’Isère et sa qualité d’enneigement permettent à la station savoyarde d’obtenir rapidement une renommée internationale. 28  CHALABI Maryannick, DESSERT Éric, LAPEYRE UZU Françoise, LYON-CAEN Jean François, SALOMON PELEN Catherine (2012), op. cit., p. 70-75 29  WOZNIAK Marie (2006), op. cit., p13-19 FIGURE 32 - Publicité pour le fuseau conçu pour la pratique du ski, vers les années 40, par Aallard de Megève Émile Allais le porte lors des compétitions et en fait la promotion.


76 La présence d’un public anglais est très marquée. À l’avenant de la Baronne Noémie Rothschild, l’écossais Peter Lindsay sillonné le massif montagnard à la recherche d’un territoire propice à la pratique du ski. Il s’installe alors à Méribel et lance les premiers aménagements de la station dans les années 30. L’accessibilité à la montagne se développe. Les routes sont tracées, structurées et entretenues. Les remontes pentes commencent à gravir les reliefs alentours aux bourgs. Les plans d’aménagement des domaines skiables prennent forme. La montagne devient facilement accessible. Les écoles et les moniteurs favorisent la pratique du ski. Le matériel évolue [FIG. 32]. L’aventure des sports d’hiver est en marche tandis que l’agropastoralisme reste l’activité principale en été.

2.2.2. LE MODÈLE DU « VILLAGE SUISSE » GÉNÉRÉ PAR L’ABSENCE DE GESTION URBAINE Les premiers villages qui se développent grâce au ski alpin ont un développement urbanistique un peu anarchique. Les évolutions se font au gré des ventes du foncier. Il n’est pas anticipé ou accompagné. Les gouvernances se chargent plutôt d’investir dans les infrastructures pour assurer l’attractivité des lieux. Ils laissent l’habitat touristique s’implanter au bon vouloir des investisseurs. Les nouveaux propriétaires achète et construisent leur chalet. Les initiatives individuelles de projet de construction de petites tailles dessinent les premiers villages de montagne [FIG. 33]. Le développement urbain se fait lentement et s’étale pleinement sur le territoire. Les dessertes routières se multiplient alors et accompagnent l’évolution urbaine. La forme urbaine n’est qu’une conséquence de l’assemblage des initiatives individuelles de chaque acquéreur de terrain. Il n’y a pas de réflexion d’ensemble. Ces premiers villages alpins qui attirent les vacanciers se collent à l’image du « village suisse » comme le caractérise Marie Wozniak.30 Une forme urbaine qui se dessine alors autour de l’idéal imaginaire du « chalet suisse ». Un chalet individuel, isolé au cœur d’un vaste paysage alpin. Un imaginaire qui date du XVIIIe mais qui présente aujourd’hui encore beaucoup de succès. Il se qualifie comme « pittoresque et sublime ». Ce sont alors des constructions vouées pour être des résidences secondaires individuels. La clientèle provient des classes sociales aisées. L’urbanisme est donc issu de l’architecture. On pense les aménagements à leur petite échelle sans voir leur situation et leur impact à l’échelle du territoire. Et ceci s’est fait pendant une centaine d’année pour en arriver à la situation d’aujourd’hui. Le développement de ces stations suivant la forme du « village suisse » présentent de réels dysfonctionnements quant à la qualité urbanistique des lieux. À travers sa thèse, Fiona PIA31 met en 30  WOZNIAK Marie (2006), op. cit., p119-121 31  PIA Fiona (2016), Urbaniser les Alpes suisses. Stratégies de densification des villes en altitude, Thèse n°7167, École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL)


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MEGÈVE 5190500

1110m à 2500m d’altitude 3 800 habitants 42 000 lits soit 10% de lit résident et 90% de lit touristique

1 2

1981000

1981500

2.

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3. 1981000

La Grande Rue

4. 1981500

Le modèle du «Village suisse»

Le foncier

Les réseaux routiers

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FIGURE 33 - Megève : étude du tissu urbain et identification des caractéristiques du «Village Suisse»

5190500

1.

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1980500

Verbier vers 1930 (avant l’industrialisation du ski)

1981000

Verbier en 2014

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FIGURE 34 - Verbier plan masse et évolution 1980500

1981000


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FIGURE 35 - Plan et Coupe du chalet de la princesse Angèle de Bourbon, datés de 1928, par Henry Jacques Le Même

« Ne construis pas de façon pittoresque. Laisse cet effet aux murs, aux montagnes et au soleil. L’homme qui s’habille de façon pittoresque, n’est pas pittoresque, c’est un bouffon. Le paysan ne s’habille pas de façon pittoresque. Il l’est. Construis aussi bien que tu le peux. Mais pas mieux. Ne te donne pas des airs supérieurs. Ne inférieurs. Ne te mets pas intentionnellement à un niveau inférieur de celui que tu as acquis par ta naissance et par ton éducation. Même quand tu vas en montagne. […] Fais attention aux formes avec lesquelles construit le paysan. Car il s’agit du savoir ancestral légué par ses pères. Cherche toutefois à découvrir les raisons qui ont produit ces formes. Si les progrès techniques permettent de les améliorer, il faut toujours adopter ces améliorations. Le fléau a été remplacé par la batteuse. « La plaine exige une organisation verticale de la construction, la montagne une organisation horizontale. L’œuvre humaine ne doit pas entrer en compétition avec l’œuvre divine. […] Ne pense pas au toit, mais à la pluie et à la neige. […] Sois vrai ! La nature ne supporte que la vérité. Elle admet très bien les ponts à treillis de fer, mais repousse ceux avec des arcs gothiques, tourelles et créneaux. N’aie pas peur d’être blâmé comme non moderne. Changer la vieille manière de construire ne t’est permis que si cela signifie une amélioration, sinon garde la vieille manière. Car la vérité, fut-elle vieille de plusieurs siècles, est plus proche de nous que le mensonge qui chemine à côté de nous. » 32 Règles pour celui qui construit en montagne, LOOS Adolf, Architecte, 1913 32  LOOS Adolf (1913) Regeln für den, der in den Bergen baut, ed. Verlag herolg, Wien München., p.329-330

FIGURE 36 - La maison de campagne de Paul Khuner, vers 1930, à Kreuzberg, Autriche


79 avant les inconvénients de ce schéma. Verbier [FIG. 34] est un exemple très parlant des conséquences de cet imaginaire du chalet alpin traditionnel sur son territoire.Ce schéma fait toujours rêver mais engendre de nombreuses complications. L’artificialisation du paysage, l’étalement urbain, l’épuisement des ressources foncières, la surfréquentation des axes routiers, les pressions climatiques et le dépassement du nombre admissible de résidences secondaires montrent l’épuisement de ce système. Ces dynamiques arrivent aujourd’hui à saturation et il n’est plus envisageable de continuer comme ca.

2.2.3. LE « CHALET SKIEUR » : L’HABITAT DU TOURISME EN MONTAGNE Le chalet devient une référence de l’habitat touristique de montagne. Les architectes tentent de lier une forme architecturale traditionnelle de ces régions alpines avec des usages propres à leurs clientèles citadines. L’architecture qui en découle vient donc casser les codes habituels de l’architecture pittoresque pour proposer une architecture moderne de montagne. C’est alors qu’apparaissent les résidences secondaires consacrées au tourisme et aux sports de montagne. L’habitat se détache alors de l’architecture agricole. Il devient de plus petite taille et avec un plan plus libre. Henry Jacques Le Même (1897-1997) nomme ce nouvel habitat « le chalet skieur ». C’est un chalet qui s’élève en général sur trois niveaux. Le premier est fait en maçonnerie, il est en partie enterré dans la pente du terrain. Le troisième est couvert d’un bardage en bois. L’aspect architectural extérieur rappelle la forme traditionnelle des fermes alpines, or l’organisation spatiale intérieure répond aux usages contemporains des visiteurs citadins. Le rez de chaussée accueille une entrée avec un skiroom, servant pour s’équiper et stocker les affaires de ski. Au premier étage se trouvent la cuisine, la salle à manger puis le salon. Il est ouvert par des baies vitrées sur le grand balcon qui offre une prolongation de l’espace à l’extérieur. Le salon possède une double hauteur avec une coursive à l’étage qui dessert les chambres situées sous le toit à double pente. Le chalet de la Princesse Angèle de Bourbon est un exemple luxueux de cette nouvelle typologie d’habitat touristique [FIG. 35]. Ces architectures intègrent aussi l’aspect de la contemplation. Les chalets traditionnels ont tendance à se fermer pour se protéger. Tandis que le chalet skieur s’ouvre au paysage et offre divers cadrages pour contempler les paysages alpins. Il laisse la lumière naturelle entrer dans les espaces de vie. La maison de campagne de Paul Khuner à Kreuzberg en Autriche témoigne de cette attention particulière au cadrage [FIG. 36]. Son architecte, Adolf Loos, y dessine une Grande ouverture cadrée sur les pré alpes autrichiennes. Deux terrasses offrent également des espaces de flânerie devant les paysages sublimes.


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2.2.4. LA PREMIÈRE CONQUÈTE DE L’ALTITUDE Megève présente un franc succès, or ses capacités d’enneigement, reste limité à cause de son altitude. Les premières stations d’altitude apparaissent et ont une forme différente. Le traditionnel « chalet suisse » est présent, mais il n’est pas l’unique forme architecturale qui apparait. Les risques évidents et présents du territoire imposent rapidement à densifier les centre-bourgs. Or parfois l’on a cru pouvoir contrôler la nature. Les frontières actuelles de ces villages ont déjà dépassé les frontières du raisonnable. Le Plan de Prévention des Risques naturels prévisibles de Val d’Isère illustre très bien ces propos [FIG. 37]. Il témoigne des constructions déjà construites sur des zones à risque. Ce genre d’écart a déjà mené à des drames, notamment lors de la destruction de l’UCPA de Val d’Isère par une avalanche en 1970, faisant 39 morts.33 Le territoire alpin est un territoire à risques, mais dans un monde où tout devient accessible, nous avons tendance à l’oublier. L’augmentation du prix du foncier et de sa rareté pousse les gouvernances à braver les interdits au profit du progrès et du succès de leur station. Une réflexion urbaine devient alors rapidement essentielle pour répondre à l’accueil du tourisme des sports d’hiver dans ces territoires à risque, obligeant la densification. Déconstruction, réhabilitation et reconstruction font valser les centres des stations. Lorsque la société des téléphériques du domaine skiable décide de changer la trajectoire du téléphérique de Solaise, les deux gares, de départ et d’arrivée, sont alors à réhabiliter. La gare de départ, au cœur du village de Val d’Isère, a été transformée pour accueillir les bureaux de la société qui gère le domaine skiable de Val d’Isère. La gare d’arrivée, isolée au cœur des montagnes, a été transformée en un hôtel de luxe [FIG. 38, 39 et 40]. Ces deux projets présentent des caractères intéressant grâce aux lignes de l’ancienne gare que l’on retrouve dans les nouveaux projets. La grande ouverture par laquelle entraient les bennes auparavant est aujourd’hui une grande ouverture ouverte sur le paysage et qui permet de capter la lumière naturelle.

33  PERONNET Nicolas (2020), En image - Il y a 50 ans, 39 morts dans une avalanche à Val d’Isère, Société, France Bleu


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FIGURE 37 - Plan de Prévention des Risques Naturels, Volet «Risques Montagne», 2018, Val d’Isère

FIGURE 38 - Finalisation des travaux de

FIGURE 39 - L’entrée des télécabines re-

Figure 40 - La grande ouverture vitrée de

la rénovation, été 2019, Hôtel du Refuge

convertie en une grande ouverture vitrée,

l’entrée des télécabines depuis le restau-

de Solaise, Val d’Isère

2019, Le refuge de Solaise, Val d’Isère

rant, 2020, Le refuge de Solaise, Val d’Isère


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2.3. GÉNÉRATION 2 : LA STATION EX-NIHILO


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2.3.1.UN TOURISME SOCIAL Dans un contexte de crise politique dans les années 30, les partis politiques de gauche s’unissent pour créer le Front Populaire et répondre aux difficultés que traverse la République. Cette union leur permet de remporter les élections présidentielles de Mai 1936. À travers des grèves joyeuses et festives dans les usines, les ouvriers affichent leur adhésion aux idéaux du nouveau gouvernement. Les accords de Matignon sont alors signés le 7 Juin 1936. Une réforme qui marque un réel tournant pour le tourisme de montagne. Deux semaines de congés payés en émergent. Les ouvriers découvrent les vacances. La semaine de 40h est établie. Le temps libre apparait dans la semaine et dans l’année des travailleurs. L’ensemble des classes sociales découvre le loisir. À ceci s’ajoute une attention particulière à la jeunesse populaire française. L’intention est de donner aux jeunes l’accès au sport, au loisir et à la culture. La montagne est un territoire propice à ce contexte sociopolitique nouveau. Les Alpes se transforment en territoire d’innovation et d’expérimentation sociale et architecturale. Le département fait le constat que la Savoie a un potentiel conséquent pour l’exploitation du tourisme et des sports d’hiver. À la suite de la seconde guerre mondiale et à partir de fond départementaux et nationaux, les premiers projets d’exploitation à caractère sociaux apparaissent. La notion d’accessibilité entre au cœur des processus. Les sports d’hiver doivent être simple d’accès pour le plus grand nombre. C’est alors qu’apparaissent les premières réflexions d’ensemble. Urbanistes, architectes, ingénieurs, économistes, politiques et sportifs s’unissent et s’emparent de l’aménagement des montagnes alpines dans les années 40 avec la station de Courchevel 1850 [FIG. 41]. À la sortie de la guerre, le département de la Savoie et sa population locale s’investissent alors dans l’installation du tourisme des sports d’hiver. Son caractère s’affirme grâce à l’investissement de l’État dans l’aménagement. Deux stratégies majeures apparaissent. La première se tourne sur l’aspect social, soutenu par l’Etat, souhaitant offrir à la jeunesse française de trouver « joie et santé en montagne ». La seconde se tourne sur l’aspect de rentabilité, soutenu par les vacanciers aisés, elle mise sur l’afflux des étrangers pour contribuer aux besoins financiers de ces aménagements. La dualité entre social et rentabilité va être ambivalente tout au long de l’aménagement du tourisme en montagne, et ce encore aujourd’hui. La station de Courchevel témoigne donc bien de cette génération des stations d’altitude accompagnée à son origine par l’État français. Son caractère urbanistique ex nihilo « ski au pied » a suscité de nombreuses études d’architectes, d’urbanistes et d’ingénieurs. Sa FIGURE 41 - Affiche publicitaire «La station d’Emile Allais» (1955) Michel Boix-Vives , Courchevel


86 création engendre la formation de l’Atelier d’Architecture de Montagne (AAM), à l’initiative de Denys Pradelle, Laurent Chappis et Jean-Marc Legrand. Ce bureau suivra alors un ensemble d’aménagements du XXe siècle. Il apparait donc à ce moment une grande quantité de documentation sur la conception de ces espaces. Mettant de coté, dans les études du territoire, les aménagements moins documentés. La compréhension des Alpes française dans son ensemble se complique face aux différentes mises en lumière des projets et des informations que l’on peut obtenir.

2.3.2. LA STATION EX-NIHILO La station de Courchevel est la première station de sport d’hiver dessinée en France. Elle a été conçues avec comme but unique : la pratique du ski . Pour parvenir à ce but, on se détache de toutes les contraintes non-liées directement à la pratique du ski. Ainsi, on s’éloigne des habitations existantes pour s’installer au milieu des alpages [FIG. 42]. Seule la montagne est présente. Aucun objet architectural ou urbain n’existe. Ce caractère ex-nihilo offre la possibilité d’expérimenter autre chose. Courchevel devient un laboratoire d’étude de l’habitat en montagne. Un plan d’urbanisme est alors mis en place. Puis les constructions se feront au fur et à mesure des acquéreurs. Tout en respectant le plan initial, les lotissements apparaissent. Chaque emprise au sol a été décidée au préalable lors de la production du plan d’urbanisme. Ainsi, chaque construction possède des vues et capte le soleil sans nuire aux autres habitats environnants [FIG. 43]. Jean François Lyon Caen parle d’un village alpin d’un genre nouveau.34 L’objet architectural reste individuel, mais l’organisation est pensée dans son ensemble et fonctionne de manière collective. L’ensemble des pistes de ski se termine en entonnoir. Cette organisation est nommé « grenouillère ». Elle caractérise la fin du domaine skiable. Aujourd’hui, ceci s’appelle plus communément le « front de neige ». Il met en lien le domaine skiable avec les commerces, bars, restaurants et l’ensemble des activités après ski de la station. L’ensemble de Courchevel 1850 converge donc vers cette Grenouillère. Les lotissements sont répartis le long des pistes au dessus de cette grenouillère. Ainsi, on part du chalet « ski au pied ».

34  CHALABI Maryannick, DESSERT Éric, LAPEYRE UZU Françoise, LYON-CAEN Jean François, SALOMON PELEN Catherine (2012), op. cit.


1984500

1985000

3

COURCHEVEL 1 100m à 2 738m d’altitude 1 850 habitants 32 000 lits soit 6% de lit résident et 94% de lit touristique

4

DIRECTION GÉNÉRALE DES FINANCES PUBLIQUES ------------EXTRAIT DU PLAN CADASTRAL -------------

2. 1984500

3. Département : SAVOIE

4. 1985000

Commune : COURCHEVEL

4251500

1.

0

4252500

4252000

1

ECTION GÉNÉRALE DES NANCES PUBLIQUES ------------AIT DU PLAN CADASTRAL -------------

nt :

4252500

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Section : AC Feuille : 000 AC 01 Échelle d'origine : 1/1000 Échelle d'édition : 1/5000 Date d'édition : 23/10/2020 (fuseau horaire de Paris)

Structure du foncier

: VEL

C 0 AC 01

Coordonnées en projection : RGF93CC45

tissu residenciel

La grenouillière (ou le front de neige)

Le plan visualisé sur cet extrait est géré par le centre des impôts foncier suivant : CDIF de Moutiers 47, rue de Gascogne 73601 73601 MOUTIERS CEDEX tél. 04.79.22.85.30 -fax cdif.moutiers@dgfip.finances.gouv.fr

Les chalets ski au pied

Cet extrait de plan vous est délivré par :

FIGURE 42 - Courchevel 1850 : étude du tissu urbain et identification des caractéristiques de la première «Station Ex-nihilo»

rigine : 1/1000 dition : 1/5000

cadastre.gouv.fr ©2017 Ministère de l'Action et des Comptes publics

4252000

on : 23/10/2020 aire de Paris)

es en projection : RGF93CC45

ualisé sur cet extrait est géré par le impôts foncier suivant : outiers Gascogne 73601 UTIERS CEDEX 2.85.30 -fax rs@dgfip.finances.gouv.fr

de plan vous est délivré par :

cadastre.gouv.fr istère de l'Action et des Comptes

FIGURE 43 - Plan de situation et plan masse de l’organisation urbaine et parcellaire, en 1954, par l’Atelier d’Architecture en Montagne, Courchevel


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FIGURE 44 - Croquis du Chalet Familial pour Charles Roche, en 1954, par l’Atelier d’Architecture en Montagne, Courchevel

FIGURE 45 - Plans et coupes du Chalet Familial pour Charles Roche, en 1954, par l’Atelier d’Architecture en Montagne, Courchevel

FIGURE 46 - Un chalet avec les caractéristiques traditionelles du chalet tyrolien, 2020, Courchevel


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2.3.3. L’HABITAT SOCIAL DU TOURISME D’ALTITUDE C’est là l’origine de l’innovation dans l’art de bâtir en montagne. Laurent Chappis et ses associés travaillent sur une forme d’habitat qui s’adapte au besoin du citadin en altitude. Ils étudient des formes simplifiés et soustraites de tous surplus. On est sur un habitat fonctionnel, confortable pour le citadin et adapté au milieu [FIG. 44]. L’architecture est pensée en fonction du terrain et non en fonction des normes fixées dans l’imaginaire du chalet traditionnel. L’Atelier d’Architecture de Montagne poursuit les réflexions amorcées à Megève, toujours dans un logique individuelle. L’habitat de montagne choisi pour le site de Courchevel 1850 est donc un chalet situé dans un lotissement. Le toit est en mono pente. Ainsi, un seul coté du chalet est encombré par les chutes de neige du toit. Il reste possible de se déplacer le long des trois autres cotés. Cette mono pente offre une hauteur importante au sud. On y installe alors de grandes baies pour profiter du panorama et capter la chaleur naturelle. L’architecture doit être moderne et utiliser les systèmes nouveaux : toitures ventilées, vitrage isolant, bonne inertie de la structure du bâtiment, etc [FIG. 45]. Quelques résidences, hôtels et immeubles s’installent à l’aval du front de neige. Leur architecture suit les mêmes principes que celle du chalet d’un genre nouveau. Elle est alors adaptée à l’architecture de l’habitat touristique collectif. L’habitat touristique de Courchevel 1850, comme il a été pensé à l’origine du projet, est la première architecture sociale de montagne. C’est le premier habitat qui se détache de la demande bourgeoise. Uniquement les usages et les conditions du milieu sont pris en compte à la conception. L’habitat en montagne se démocratise. Lorsque Denys Pradelle et Laurent Chappis se penchent sur le sujet de Courchevel, l’intention première est de créer une architecture sociale pour rendre accessible les sports d’hiver. Avec le temps, la population qui fréquente la station aujourd’hui appartient aux classes de la haute société internationale. Courchevel devient une référence dans le milieu du ski, mais surtout dans le milieu du luxe. Les formes architecturales initiées par l’AAM ont disparu pour laisser place à des chalets privés luxueux aux aspects tyroliens [FIG. 46]. Les infrastructures se sont rapidement adaptées à un nouveau tourisme plus prestigieux. L’architecture de ces stations accueille ces vacanciers dans l’innovation et la pointe de la technologie. Ce tourisme d’élite impose un standing à suivre et devient propriétaire de la quasi totalité du foncier. La station sociale à l’origine ne devient accessible qu’aux nantis. Les propriétaires s’emparent du territoire avec leur résidence secondaire et privatise les terrains en générant des lits froids dans un contexte ou l’on doit tous cohabiter sur un timbre poste pour préserver ce qui reste de naturel.


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2.4. GÉNÉRATION 3 : LA STATION INTÉGRÉE


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2.4.1. LE TOURISME POUR TOUS : LE TOURISME DE MASSE A l’entrée des années 50, le pouvoir d’achat des français ne cesse d’augmenter. Les trente glorieuses continuent. L’État multiplie les investissements publics pour accompagner le développement de l’économie française. Les grands ensembles apparaissent en ville pour répondre à l’afflux des nouveaux citadins. En montagne, on entre dans l’ère du Tourisme de masse. On promet à la montagne une croissance exponentielle de 10% par an.35 Un marché saisi par les régions et accompagné par l’État. On caractérise alors le marché des Sports d’Hiver comme une réelle Industrie du Tourisme. Les projets se multiplient et fleurissent sur l’ensemble des alpages repérés pour accueillir le loisir des Français. Les promoteurs mènent les projets avec leurs équipes. Le mouvement est engendré par certains acteurs du territoire, passionnés de montagne et aux idées innovantes foisonnantes. Maurice Michaud, ingénieurs des Ponts et Chaussées, prend donc la direction de la commission interministérielle pour l’aménagement de la montagne en 1949.36 À la suite de la construction du nouveau modelé d’aménagement de la station de Courchevel 1850, Maurice Michaud pense devoir pousser les projets d’aménagement plus loin. Il transforme alors la demande : les stations d’altitude doivent avoir une densité amplement supérieure engendrant alors une forme et des standards d’immeuble et d’habitat complètement différents. Au même moment, de nombreuses constructions de barrage hydro-électriques ont vu le jour dans les cirques et les vallées alpines. Les chantiers se succèdent : Tignes en 1952, Roseland en 1962, Monteynard en 1962, etc. Ces infrastructures ont généré la création d’entreprises d’envergure de BTP. Les structures, les ouvriers, les équipes, les outils, les machines, les réseaux et l’ensemble du corps professionnel de la construction sont installées dans les vallées. Ils cherchent de nouveaux marchés à saisir. Ce sera donc celui des stations intégrées dans les années 60. Comme il l’a été initié à Courchevel, les stations intégrées sont situées ex nihilo et elles sont pensées à travers un seul projet d’ensemble. C’est un promoteur unique qui créé et exploite le domaine skiable, l’immobilier de la station et les infrastructures d’animation. La priorité est donnée au ski [FIG. 47]. Les domaines sont orientés au nord. Les stations s’installent sur les plateaux ensoleillés des versants nords. 35  CHALABI Maryannick, DESSERT Éric, LAPEYRE UZU Françoise, LYON-CAEN Jean François, SALOMON PELEN Catherine (2012) p. 41 36  PICON LEFEBRE Virginie (2019a), op. cit., p.139 FIGURE 47 - Affiche publicitaire «Les Arcs» pour des «Vacances extraordinaires» (1988) , Les Arcs


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2.4.2. LES STATIONS INTÉGRÉES : L’UNITÉ ARCHITECTURALE Les stations intégrées prennent une toute nouvelle forme architecturale et urbanistique. À l’inverse du Travail de l’Atelier d’Architecture de Montagne fait à Courchevel, les aménageurs des stations intégrés optent pour une architecture compacte et fonctionnelle. Le logement collectif devient donc le nouveau standart du logement en montagne. Les barres résidencielles s’installent donc en altitude. Elles sont pensées pour occuper le moins de place au sol, offrir un vue et de la luminosité à l’ensemble des appartements et privilégier l’espace public et naturel. Les logements sont donc minimums. Les immeubles sont conçus presque comme des quartiers [FIG. 50]. Il possède des logements, des commerces, des services et tout ce qui est nécessaire à la station pour fonctionner. Parfois un quartier résidentiel excentré apparait sur les plans masses [FIG. 51]. Il répond à la demande du chalet, tout en proposant une forme revisitée et en restant en cohérence avec l’aspect global de la station. [FIG. 48] L’ensemble des stations des années 60 décide de jouer avec les modes de déplacement.Leur inscription dans la pente leur permet de jouer avec les circulation verticale et horizontale.On en profite alors pour installer la voiture sur une strat différentes, à l’écart. Elle reste donc à l’extérieur de la station. Les vacances se font à pied, en ski et en téléphérique. A l’extérieur, les rues sont enneigées, piétonnières et commerçante [FIG. 49]. A l’intérieur, des galeries et des ascenseurs traversent les ensembles pour permettre les déplacements couverts entre les infrastructures et les commerces, très utiles lors des intempéries. Une vision avant gardiste pour l’époque. La conception intégrait donc dès son origine cette problématique de la voiture individuelle. On retrouve également dans l’ensemble des plans d’urbanisme de ces stations la notion de la « place ». Elle est abordée de différentes manières. Aux Arcs, elle reste assez classique dans les villages de 1600 et de 1800. Flaine utile le terme de Forum pour caractériser cet espace extérieur. Il fait le lien entre l’ensemble des animations de la station et est le support de multiples activités. A Avoriaz, la place n’est pas formellement caractérisée. Or un grand espace extérieur est disponible en plein centre, proche des commerces et des animations. L’école, la Patinoire et le Palais du Festival l’encadrent. Des jeux pour enfants, un skate park et des terrains de sport y sont installés. Habituellement, ces aménagements sont à l’extérieur des centres-villes, ici ils occupent la place centrale. Ça en dit beaucoup sur la dynamique qu’ont choisi les aménageurs du projet. Le dernier point que l’on observe sur ce plan masse sont ces bâtiments ajoutés en périphérie de la station. En effet certaines constructions sont apparues plus tard. Elles témoignent de la division des gouvernances des stations. En effet, ces nouvelles formes architecturales apparaissent à la suite de la division des gouvernances des stations. L’unique promoteur laisse


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4

LES ARCS 4273000

2

810m à 3 220m d’altitude 900 habitants 35 000 lits soit 2,5% de lit résident et 97,5% de lit touristique

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4272500

NÉRALE DES UBLIQUES ---N CADASTRAL ----

1.

2. 1996000

3.

4.

1996500

Station piétonne avec Empreinte urbaine les voitures en aval des grands ensembles

Quartier résidenciel excentré

Nouvelles constructions

FIGURE 48 - Arc 1600 : étude du tissu urbain et identification des caractéristiques de la station intégrée

: RGF93CC45

rait est géré par le uivant :

1

es.gouv.fr

FIGURE 49 - La place

FIGURE 51 - Les chalets pointus

délivré par :

ouv.fr n et des Comptes

FIGURE 50 - Les immeubles

FIGURE 52 - Le nouveau Club Med


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FIGURE 53 - Saison terminée, volets fermés


97 sa place à divers gestionnaires. La gestion du domaine skiable est alors détachée de la gestion du parc d’hébergement. Par soucis de rentabilité et de compétitivité entre les destinations de vacance, les politiques des villages laissent les investisseurs acheter et construire sur les terrains alentours. Aux Arcs, le domaine skiable est racheté par la Compagnie des Alpes. C’est alors qu’est engendré la création de nombreuses constructions qui dénotent avec la conception d’origine. Le domaine skiable maintenait la cohérence de la station village qui perd alors son unité. À Arc 1600, récement c’est le nouveau Club Med qui a été érigé [FIG. 52]. Son aspect dénote completement avec l’unité initée par l’AAM. Certains architectes caractérisent cette période de désintégration des stations intégrées.37 Ces nouvelles constructions apparaissent alors que les chiffres de fréquentation stagnent. Le début du XXIème siècle est alors marqué par une montagne en « surcapacité ». Le lit froid est le terme employé pour parler « des logements qui sont rarement occupés par leurs propriétaires, qui ne sont pas proposés à la location, ou, quand ils le sont, ne trouvent pas de locataires : en d’autres termes ce sont des appartements vides ». Pour être caractérisé de « lit froid », le taux d’occupation doit être inférieur à quatre semaines par an. Pour être caractérisé de « lit chaud », le taux d’occupation doit être supérieur à 12 semaines par an. Divers phénomènes sont à l’origine de ces problèmes d’occupation. Le premier provient de la volonté des propriétaires de ne pas louer leurs biens lorsqu’ils ne l’occupent pas. Le second vient de l’état vétuste des biens qui ne permet plus de les louer. Ceci créé alors une faille dans la capacité d’accueil des stations les tournant alors vers la construction de nouveaux ensembles touristiques sur les pourtours des stations, épuisant alors le foncier des communes pour y voir un schéma qui se répète. De plus, cette surcapacité engendre une ambiance de village fantôme dans les stations [FIG. 53]. Celle-ci était auparavent effective qu’aux intersaisons, or aujourd’hui, en hiver aussi, la station subit ces appartements sortis du parc locatif. Le taux de remplissage du parc d’hébergement des stations a un réel impact sur le chiffre d’affaires des sociétés des domaines skiables et des commerces et services locaux. Marie Wozniak mentionne l’annonce de la SEATM : il n’est plus nécessaire de créer des stations, mais il devient urgent de gérer l’existant, c’est là que vont apparaitre les stations de la 5e génération qui seront les stations de la réhabilitation.

2.4.3. LES IMMEUBLES D’HABITATS MINIMUMS ET COLLECTIFS Dans la continuité des sanatoriums réalisés auparavant, on opte pour une architecture avec une structure béton. On se détache alors complètement de l‘inspiration des anciens chalets. A Avoriaz, ils décident de jouer la carte du mimétisme géologique avec les falaises environnante. La structure béton prend des formes complexes. Elle est par la suite recouverte d’un parement 37  WOZNIAK Marie (2006), op. cit., p. 161


98 en bois [FIG. 54]. À Flaine, la forme architecturale s’inspire directement des grands ensembles qui apparaissent en ville. Le béton de la structure reste apparent [FIG. 55]. Aux Arcs, on opte pour une forme qui s’intègre dans le paysages, et qui n’est quasiment pas visible depuis le domaine skiable. Les lignes des bâtiments encadrent et soulignent les paysages. La structure est également recouverte d’un parement en bois [FIG. 56]. La notion de l’habitat touristique est alors remise en question. Il n’est plus un lieu de flânerie, mais un lieu de repos après le ski. Il est uniquement un lieu où l’on se repose car le reste du temps, on est à l’extérieur. L’Habitat touristique devient alors un habitat collectif. Les résidences sont complètement vitrées sur leurs façades Sud. Et des balcons agrandissent le séjour. Ces constructions sont contemporaines aux projets d’habitat collectif présent en ville comme celui de la Cité Radieuse conçu par Le Corbusier et son équipe à Marseille. L’industrialisation et la préfabrication des éléments de construction sont un avantage majeur en montagne. Il faut construire vite pour finir avant le retour de la neige. En haute montagne, l’hiver dure 5 mois. Les chantiers ne peuvent donc pas excéder 7 mois. Par soucis de rentabilité, les promoteurs imposent des surfaces de logement minimum. Les architectes relèvent le défi. Le studio cabine devient le nouveau standard des vacances des sports d’hiver. Il est compact et fonctionnel, dépouillé et luxueux, individuel et collectif [FIG. 57]. Charlotte Perriand porte à travers son travail aux Arcs une attention particulière au confort et au standard de l’agencement intérieur de l’appartement. Elle propose alors une cuisine ouverte sur le séjour pour favoriser les échanges entre les utilisateurs. Ses idées avant-gardistes sont alors expérimentées le temps d’une semaine de vacance par les diverses classes sociales. Les vacances au ski sont alors accessibles, on parle de tourisme pour tous, ou de tourisme de masse [FIG. 58]. Cependant, on retrouve toujours une différenciation sociale dans le statut du visiteur séjournant, de passage ou propriétaire. Le chalet pittoresque est complètement éloigné. À Avoriaz et aux Arcs, le statut du chalet individuel est tout de même repris formant des petits lotissements. Ces chalets répondent à la demande du l’habitat individuel et isolé, tout en ayant été réfléchi à l’échelle de la station. Il offre une idée nouvelle de la forme que peut avoir le chalet tant désiré par les citadins. Ils restent de petite taille et témoigne du contexte contemporain de l’habitat modern. Le plan est libre. Les niveaux s’entremêlent. La volumétrie est complètement nouvelle. La construction en bois est alors mise à l’honneur. Les charpentiers utilisent des poutres en bois lamellé collé. Une forme nouvelle pour l’époque qui offre aujourd’hui encore des prouesses architecturales remarquables. À Avoriaz, ce sont les Chalets Champignon du Dromonts. Aux Arcs, se sont les Chalets Pointus. L’organisation spatiale est faite en fonction des points de vue et des usages et en accord parfait avec l’architecture et l’urbanisme du reste de la station. L’unité est préservée.


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FIGURE 54 - Avoriaz

FIGURE 55 - Flaine

FIGURE 56 - Les Arcs

Gérard Brémond (fondateur de pierre

Les frères Boissonnas découvrent le site

Atelier d’Architecture en Montagne

& vacances) et trois jeunes architectes

et font appel à un architecte des Etats-

(Charlotte Perriand, Guy Rey-Millet,

(Jacques Labro, Jean Jacques Orzoni,

Unis : Marcel Breuer (ancien enseignant

Bernard Taillefer)

Jean Marc Roques)

du Bauhaus)

FIGURE 57 - Le studio minimum et fonctionnel pour une famille de 4

FIGURE 58 - Déclinaison du plan des studios-cabines aux Arcs, 2003, Catherine Salomon Pelen


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2.5. GÉNÉRATION 4 : LA STATION NÉO-RÉGIONALE


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2.5.1. UN TOURISME NOSTALGIQUE On se trouve aussi dans un contexte de Mai 68. La société remet en cause le progrès. Le succès de la période moderne arrive à sa fin. La demande cherche à retrouver « le village de montagne ». Le tourisme se base alors sur une demande touristique nostalgique et consommatrice. On cherche à vivre une expérience de dépaysement forte, et en peu de temps car les semaines de congés payés sont comptées, et seulement une ou deux semaines seront pour les vacances d’hiver. On ne souhaite plus voir d’architecture moderne et fonctionnelle. L’habitat collectif et social ne correspond pas aux attentes des vacances à la montagne. Mais «le chalet» individuel entre sur le devant de la scène.38 C’est dans cette démarche que s’inscrit donc la création de la station de Valmorel. L’architecte, Michel Bezançon, choisi alors d’avoir recours à une architecture de mimétisme. Il conçoit le village comme un grand théâtre où l’architecture est le décors néo régionaliste dans lequel vont venir jouer et performer les citadins en vacance. En 1967, apparait le « Plan Neige ». Il identifie clairement l’implication de l’État dans l’aménagement de la montagne française. Sa législation stoppe donc les stations ex nihilo. On doit alors construire en continuité des villages et hameaux existants. Or il est compliqué de réintégrer le modèle du vieux village au cœur des stations intégrées. Les circulations, l’organisation des commerces, le stationnement, l’architecture, les logements, le style et l’urbanisme sont trop éloignés du modèle recherché. Il est alors plus simple de construire de nouveaux quartiers en périphérie des villages. À partir de 1995, la demande de la clientèle devient l’unique préoccupation dans la conception. L’architecte devient commercial. Certains projets sont réhabilités, mais on s’implante majoritairement sur les terrains vierges pour s’abstraire des contraintes de faire avec l’existant. Le projet de Montchavin sera la deuxième expérimentation de Michel Bezançon dans sa production d’architecture néo régionale. Au cours des années 60, les mouvements sociaux transforment les attentes de la clientèle sur les vacances à la montagne. La nécessite de dépaysement est toujours nécessaire, mais elle ne se fait plus dans le futur mais bien dans le passé comme le mentionne Marie Wozniak.39 On souhaite retrouver les traditions montagnardes. L’architecture et l’urbanisme vienne servir l’image de référence que la population souhaite voir en montagne [FIG. 59].

38  WOZNIAK Marie (2006), op. cit., p.129-133 39  WOZNIAK Marie (2006), op. cit., p.65 FIGURE 59 - Affiche publicitaire pour l’inauguration de la station de «Valmorel» (1976) , Valmorel


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2.5.2. LE «FAUX VIEUX VILLAGE» Les villages s’organisent donc autour de la grenouillère, car la pratique du ski est encore à ce moment de la construction une priorité dans les usages. Cependant, On mise également sur le « à coté ». On retrouve les notions de hameaux, de ruelles et de passages. La déambulation, la flânerie, le shopping et la restauration entre au cœur du village. On trouve une proximité entre les bâtiments qui privilégie le vis à vis et les vues proches. Les volumétries s’enchevêtrent et se juxtaposent [FIG. 60]. On cherche à réaliser une architecture au style faux vieux villages tout en utilisant des modes de construction modernes et contemporains [FIG. 61]. Les structures sont en béton. Le bâtiment est lisse et pauvre en détails architecturaux. Ainsi, les architectes de l’époque, comme Michel Bezançon à Valmorel, ont recourt au décors peints pour donner les références attendues aux visiteurs dans la rue. On est sur de «bons vieux villages tout neufs » comme disait Auguste Perret !40

2.5.3. L’ARCHITECTURE NÉO RÉGIONALE L’architecture néo rurales a un toit à deux pans en lauzes. Les pierres sont utilisées en parement parfois. Les constructions sont sur trois ou quatre niveaux. Les décors peints et les trompes l’œil doivent donner de la profondeur et du détail aux façades. Les clichés de la montagne deviennent la source de référence principale. On puise alors dans les décors tyroliens, valdôtains, suisses, etc. Le cadrage sur le paysage n’est plus primordial. La pente des terrains oblige d’encastrer une partie des façades sud. L’ensoleillement est donc devenu secondaire. L’image perçue du village est plus importante. Les habitats suivent cependant les réflexions amorcées précédemment. L’usage est donc détaché de l’apparence. À l’image du village de Disneyland, les stations d’altitude sont réduites à des produits de marketing. L’architecture et l’habitat n’ont plus le maitre mot. L’architecture se plie à la demande des citadins. Les standards et les clichés rayonnent donc dans les nouvelles stations françaises pour répondre au public en quête de dépaysement et d’imaginaire authentique. Denys Pradelle parle donc d’une architecture « être et paraitre », qu’il compare à ces relations amicales. Un vrai ami nous séduit pour ce qu’il est, non pas pour ce qu’il parait être. C’est pareil pour l’architecture. Le Néo Régionalisme prône donc une architecture du paraitre, qui se contente d’être un emballage formel, sans rapport avec son contenu nouveau. Cette architecture du dépaysement se retrouve dans les différents territoires touristiques français. Il suivent et découlent de la société de consommation générée par le marketing. 40  PRADELLE Denys (2002), Urbanisme et architecture contemporaine en pays de neige, ed. Libris, Seyssinet-Pariset, 141 p., p.40


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2

VOLUMETRIE ET DECORS P 4257500

1

VALMOREL 1 400m à 2 550m d’altitude 760 habitants 9 600 lits soit 8% de lit résident et 92% de lit touristique 3

4257500

1969500

4257000

1969000

“L’achitectu en vacances

La rue du REZ-DE-CHAUSSEES ET COMMERCES

1

Les enseignes

2.

1969000

1969500

Bourg ne présente pas une architecture liné rappelle l’enchevêtrement et la juxtaposition des bâtim village. La volumétrie apporte donc à elle seule une gra

Afin de maintenir l’aspect architctural qui caractérise la rue du Bourg, les enseignes doivent prendre en compte la composition de la façade.

3.

4.

Nos conseils Privilégier et mettre en valeur les enseignes d’origines Aligner vos éléments sur une ligne existante au même niveau Une enseigne par baie maximum

Privilégier les enseignes peintes sur la façade ou en applique Les plaques de façades sont autorisées

4257000

Léttrages gravés, découpés, en reliefs, sablés ou peints

Le rétro éclairage est autorisé avec un décollement maximum de 5cm l’enseigne Enseigne

Ne pas multiplier les affichages. Les affichages en R+1 sont à proscrire Les plaques de façade ne peuvent pas être encadrés Les spots lumineux ne doivent pas être apparents

Le L’histoire faux bourg et sa grande rue

Les hameaux des stations

Ne pas masquer les décors qui caractérisent Valmorel

Nos conseils Enchevêtrement Les décors peints de ski Penser les traitements de manière homogène pour a des volumes le caractére de la rue 4256500

Les matériaux

Enseigne

bois naturel / métal mat / mixte bois-métal

Orienter les regards des visiteurs vers la perspective CAUE de la Savoie I Préconisations

et faux vers vieux le haut FIGURE 60 - Valmorel : étude du tissu urbain et identification des caractéristiques du village 1969000

1969500

4256500

1.

4257000

4256500

La volumétrie

FIGURE 61 - Vue d’ensemble du Bourg Morel de Valmorel (2020) Aquarelle

Esquisse de Bourgmorel à Valmorel vers 1975. Département de la Savoie, Archives départementales - Fonds Bezançon 17J565 1969500


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FIGURE 62 - Esquisse du Bourg Morel de Valmorel (1975)


107 Port Grimaud pourrait être le témoin de cette architecture post moderne sur le pourtour méditerranéen. On vend une image de village traditionnel que l’on construit artificiellement. Mais à l’inverse de Disney, ici le faux est perçu comme un vrai. « Les critiques s’accordent en général pour décrire ces lieux comme immoraux ou banals, dénonçant l’abêtissement de la classe moyenne qui les fréquente. » 41 Virginie Picon Lefebvre, Architecte, 2019 La démocratisation et la consommation de masse de la montagne et du ski alpin ont alors amené avec elle une architecture qui se perd entre la demande du visiteur et le territoire visité. Un dialogue compliqué avec des prises de pouvoir changeantes. À la suite de ces constructions, certains dénoncent le fait que les locaux doivent s’adapter aux urbains ; a logique voudrait l’inverse. Le visiteur s’installe alors, et le territoire s’adapte. L’architecture néo régionale est en quelques sortes la résultante d’une demande d’une architecture lisible par le goût populaire, peu ou pas sensible aux questions d’ordre architecturale. Les constructions divaguent alors autour de ces questions de décors imaginaires, puisant ces sources dans le chalet tyrolien, suisse ou valdôtain. On entre dans l’ère des parcs d’attraction. L’architecture postmoderne vient disneylandéifier le milieu montagnard. Marie Wozniak ne parle plus de vivre comme les locaux, mais de jouer au montagnard dans le décor qui correspond.42 Les éléments de construction perdent leur fonction et deviennent uniquement élément de décoration. L’architecture devient un décor pour les publicités et un fond cliché pour les selfies. Les utilisateurs s’emparent alors du lieu et de son mensonge. Il réemploi le même mécanisme et rajoute à leur tour leur décor de leur imaginaire. Aucune contrainte structurelle et aucune cohésion d’ensemble leur en empêchent. Les enseignes et de décors publicitaires s’installent dans l’espace public. Cependant, chez les nouvelles populations locales, ce faux vieux village est souvent bien perçu. Les nouvelles générations ne sont pas toujours capables de dater les périodes de construction et ne perçoivent pas forcement la place du marketing et du mensonge dans la construction. On développe un goût du faux [FIG. 62]. C’est un faux que l’on perçoit comme vrai et qui semble mieux que l’ancien. Les architectes semblent finalement être le seul public dérangé par cette architecture pastiche … Le CAUE de Savoie à réaliser le cahier de préconisation pour le centre bourg de Valmorel. Un travail difficile car ces stations présentent peu d’axe d’évolution. L’architecte doit il se prendre dans le jeu, et entretenir ce faux, ou doit il y remédier. 41  PICON LEFEBVRE Virginie (2019a), op. cit., p.12 42  WOZNIAK Marie (2006), op. cit., p.143


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A travers ces analyses, nous prenons pleinement conscience de l’importance de l’homme dans ces projets touristiques à travers l’ensemble des échelles, qu’elles soient territoriales, urbaines, architecturales et spatiales. Ce rapport entre ce qui est conçu, ce qui est vécu, et les conséquences que cela peut engendrer demande alors aux architectes de repenser en permanence les espace dans lesquels nous évoluons. Cependant, on observe aussi que les usagers parviennent très bien à s’adapter dans les bâtiments qu’ils ont à disposition. En réalité, c’est là que le rôle de l’architecte prend tout son sens. Heureusement qu’aujourd’hui, l’homme est flexible et s’adapte selon ce dont il dispose et ce dont il a besoin. Mais l’enjeu de l’architecture n’est pas là. Si je devais définir un rôle pour notre profession, il va bien plus loin que simplement accueillir les Hommes. Oui, ce n’est pas uniquement ça. L’architecture peut et doit être un levier au changement. L’architecture peut accompagner et transformer les habitudes d’une société à travers les espaces et les usages qu’elle met en place. C’est alors que le rôle de l’architecte devient indispensable. Il prend connaissance d’une situation globale pour ensuite accompagner les utilisateurs dans une dynamique de changement. L’analyse des projets et travaux existants témoigne de cette volonté d’accompagner l’Homme du XXème siècle chez les architectes qui nous ont précédés. Le territoire montagnard s’est montré propice à l’expérimentation et à l’innovation dans le contexte du siècle dernier. Ainsi les architectes, promoteurs, urbanistes et aménageurs se libéraient des contraintes d’un contexte bâti en venant s’installer sur les sites vierges d’altitude et ils concentraient alors leur attention sur les besoins des usagers. Or dans le monde du XXIème siècles les enjeux ont changé. La société, l’Homme et les architectes doivent aujourd’hui orienter leur énergie dans une démarche de « faire avec », de « réemploi » et une nécessité de « frugalité ». Ceci implique de repenser les ressources, qu’elles soient construites ou déconstruites. En montagne, aux vues du parc d’hébergements existant et de la quantité d’aménagement que cela représente, l’enjeu et de requalifier cette ressource et de lui redonner une qualité d’habitabilité. Nous avons à travers cette seconde partie de ce mémoire pris conscience de la ressource que nous avions à disposition. Il n’y a plus qu’à trouver comment travailler avec.


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PARTIE 3 : TERRITOIRE D’INNOVATION, LA MONTAGNE SE RÉINVENTE FIGURE 63 - Regarder la montagne à travers un nouveau cadre, 2020, Innsbruck, Autriche Projet : Saut à ski de Bergisel de Zaha Hadid (2002), Innsbruck, Autriche


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Dans le contexte du XXème siècle où l’éxode rural a boulversé la démographie du pays, le tourisme a été une réelle opportunité pour préserver certaines régions. En montagne par exemple, les populations qui souhaitaient rester sur place ont eu l’opportunité de le faire en semparant de cette nouvelle activité. Aujourd’hui, elle a pris de l’ampleur et est devenue omniprésente. Or cette dynamique tient à un fil, et peut chavirer rapidement, comme nous l’a démontré la dernière crise sanitaire. Les infrastructures existantes ont besoin d’un renouveau pour permettre d’assurer l’évolution de leur région. Ce parc d’hébergement se compose principalement d’habitat touristique. Un habitat consommable qui, à travers le « séjour », permet d’expérimenter un mode de vie différent pendant un temps limité. Pour répondre à une demande des citadins surmenés en besoin de dépaysement et de lâcher prise, l’habitat essaye de bouleverser les habitudes. Michel Foucault parle d’hétérotopie43 pour mentionner ce changement provisoire des règles et des normes sociales habituelles. L’habitat touristique a donc généré de nouvelles typologies mettant en avant d’autres rapports à l’espace. Au vue de la clientèle qui les fréquente, ces innovations peuvent alors rapidement s’expatrier dans d’autres régions voire d’autres pays. L’habitat touristique est un laboratoire et un transmetteur d’innovation sociale pour le secteur du logement. Son rapport très fort avec les citadins et son cadre remarquable a permis de proposer de nouvelles manières d’habiter à l’ensemble des vacanciers. Les architectes privilégient la vie à l’extérieur, développent le logement collectif, changent les schémas traditionnels de la vie de famille, etc. Les standards de la société contemporaine évoluent, accompagnés par cette architecture de tourisme. Aujourd’hui, les paramètres évoluent, les changements globaux demandent à chacun de penser différemment. Les sociétés, les habitudes et les territoires doivent s’adapter. En montagne, l’enjeu est de taille. Le retour en arrière et la décroissance sont des voies non envisageables. Vouloir stopper le tourisme sous-entend de réduire à néant la quasi totalité de l’économie de ces régions, et donc de laisser un nombre conséquent d’aménagements à l’abandon et de nombreuses familles sans revenu. Cependant, ce tourisme perd en popularité auprès de la jeunesse et donc du public de demain. Il est nécessaire de séduire ces nouvelles générations pour ne pas sortir du tracé et finir dans les filets. Le tourisme doit être, comme il l’a toujours été, une force de propositions et d’innovations pour la société de demain. Et c’est nous, les jeunes architectes et aménageurs qui devons procéder à ce ré-enchantement.

43  Géoconfuence (2017), op. cit., Hétérotopie, Glossaire.


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« Ce qui m’intéresse, c’est l’idée de progrès social, parce qu’en fait le propre des architectes, ce n’est pas simplement de construire des choses. N’importe qui peut construire. Mais c’est surtout de réfléchir à la manière dont l’architecture accompagne ou pas un éventuel progrès social, ou des modifications de l’organisation sociale.»44 PICON LEFEBRE Virginie, 2019 Je pense que les régions de montagne, comme celles des littoraux, sont en avance sur le changement. Dans les villes, la prise de conscience face aux changements climatiques et la puissance inconcevable de la nature a été oubliée lors des décennies précédentes. Aujourd’hui, elle revient en force, et nos médias ne parlent plus que de ça. Dans les territoires naturels, la présence et la force de la nature n’ont jamais pu être oubliés par les populations locales. Certes, le tourisme et ses aménagements ont permis de contourner certains risques et de l’ensemble des territoires accessible. Or les catastrophes naturelles restes toujours présentes, le risque est permanent. L’alpiniste et le navigateur ne peuvent pas faire un pas de travers. Les conséquences sont directes. La nature garde ses droits, et l’Homme ne peut que faire avec ou faire autrement. On s’adapte. Les populations locales ont toujours gardé de l’humilité face aux éléments, et je pense que ceci est leur force pour parvenir à accompagner la prise de conscience contemporaine du monde citadin. Aujourd’hui, cette montagne a encore un temps d’avance. Elle pense déjà à demain, alors qu’on prend tout juste conscience des conséquences du passé. Cependant, au cours des dernières décennies, nous nous sommes un peu éloignés des usagers de ces régions. Embarqués dans la frénésie du marketing, le tourisme de montagne s’est égaré. Certaines stations se sont reposées sur leurs acquis, sur le fonctionnement passé et leur standard passé. Aujourd’hui, elles ne correspondent plus à la société actuelle. D’autres se sont en permanence adaptées au produit que vendait la publicité. Elles se sont figées dans des architectures qui répondent à une mode très limitée dans le temps. Le parc d’hébergement devient, dans sa globalité, inadapté à la sociologie du tourisme actuel. Les territoires présentent une dynamique mono-orientée pour le secteur des sports d’hiver qui montre aujourd’hui des failles d’envergure. Or la plus-value de ces paysages et de ces ambiances reste malgré tout toujours appréciée.

44  PICON LEFEBVRE Virginie (2019b), Quelles architectures pour nos villes de vacances ?, L’INVITÉ(E) CULTURE par Benoît Bouscarel, France Culture, 9’40


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3.1. LA SOCIOLOGIE CONTEMPORAINE : MODE DE VIE EN MOUVEMENT


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1965-1980

1980-1995

1995-2012

FIGURE 64 - Les nouvelles générations et leurs caractéristiques

FIGURE 65 - La vraie vie du chantier, Story Instagram, 2020, Enak Gavaggio, skieur professionnel pour la série Rancho.

Le chantier et le travail avec son corps sont aujourd’hui souvent qualifiés comme étant la «vraie vie».


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3.1.1. LA MOBILITÉ DU TOURISME : UNE DEMANDE QUI ÉVOLUE Les vacances aux sports d’hiver sont une invention très récente. En réalité, elles ont à peine 100ans. Elles sont apparues dans un contexte bien particulier qui leur a permis d’avoir des accompagnements, autant sur le plan des gouvernances, des financements et de leur attractivité. Or depuis quelques décennies, ce contexte favorable a changé. Les changements climatiques sévissent. La montée en gamme s’empare du marché. Les classes de neige disparaissent. La clientèle vieillit. Les logements de vacances sociales ont déserté les montagnes. Et les nouvelles générations n’éprouvent plus de grand intérêt à venir séjourner en station. Au milieu de tous ces changements sociaux, environnementaux et économiques, nous allons tourner notre étude sur l’aspect social de ces bouleversements. Aujourd’hui, la montagne n’est plus à la mode auprès des 12-25 ans. Cette destination est bien souvent perçue comme étant trop chère, trop loin et bien trop ringarde. Face aux nouvelles destinations mondiales, aisément accessibles, la montagne est dépassée. Les équipes de Poprock45 ont effectué une étude sur les changements comportementaux face au tourisme de montagne des générations Y (1980-1995) et Z (1995-2012). [FIG. 64] Ces générations sont contemporaines à l’installation du digital dans le quotidien. Elles ont donc un nouveau rapport à la globalisation du monde, à l’installation du digital et de la standardisation mondiale. Face à l’emprise des plateformes digitales, les demandes envers le tourisme et les sports outdoors ont changé. L’accès à la connaissance, à la théorie et aux ressources multiples d’internet change l’appréhension du monde. Tout devient accessible. On a conscience du monde entier. On a conscience des richesses de chaque territoire. On a conscience de changements globaux à travers le monde. Cet accès à l’information en a transformé sa valeur. Étant tant accessible, elle n’est plus signe de richesse culturelle. La connaissance intellectuelle est remplacée par internet qui est rapide et complet. Les nouvelles générations sont donc en demande d’action. Elles ont besoin de connexion au « monde réel », à la « vraie vie », à ses temporalités et à son impact sur nos sens et nos sentiments. Le « monde réel » est un terme peut être maladroit, or c’est un terme que l’on entend souvent à l’école d’architecture lorsque les étudiants ont l’accès au bricolage, à la fabrication et au chantier. Un intérêt accru nait dans la pratique, dans l’expérience, dans l’aventure et le développement. Un besoin de « faire » apparait comme si c’était l’unique lien à la « vraie vie » [FIG. 65], comme si le reste était faux, comme si ce monde digital et intelectuel n’était finalement que des mensonges. Ce monde réel se retrouve donc dans les choses 45  Poprock (2018), Demain, tous dehors ? Les 15-25 ans t l’outdoor : usages et prospective


118 vécues car elles offrent une immersion complète. Elles offrent un contact avec les autres, des interactions au cœur d’une communauté. Elles relient souvent plusieurs domaines où les frontières sont poreuses pour swiper d’une action à une autre. Et puis elles ont un esthétisme. Elles font échos aux valeurs du XXIème siécle qui se tournent sur les questions du réemploi et des circuits courts. Ces nouveaux paramètres appuient l’intérêt que les aménageurs doivent porter en montagne. Le territoire alpin, cet immense terrain de jeu, est complètement propice à ces générations futures, leurs besoins et leurs modes de vie. Or le changement doit s’inscrire au milieu de millier de destinations internationales qui alimentent la concurrence. Il est donc difficile d’agir, en répondant de manière viable et frugale à l’évolution de ces territoires sans se faire avoir aux jeux des modes, des concurrences et de la rentabilité à court terme. Il est nécessaire de retrouver les valeurs de la montagne.

3.1.2. UN VA-ET-VIENT ENTRE LOISIR ET TRAVAIL Le tourisme est un loisir qui s’inscrit dans les vacances et le voyage ; il est intimement lié à la mobilité. Le loisir existe par opposition au travail ; il est ce qui n’est pas travail. La vie se caractérise donc par la succession de temps de loisir, et de temps de travail ; deux temps auparavant distinctement séparés. Mais aujourd’hui les modes de vie changent. Cette frontières oscille de plus en plus, elle devient poreuse, voir même transparente. Le temps du travail se mêle à celui du loisir. L’espace du loisir se mélange à celui du travail. [FIG. 66] Les valeurs du travail se combinent à celles du loisir. Les frontières disparaissent. Au cours du siècle dernier, le loisir s’est inséré dans la vie des français. Il a alors offert à chacun des temps exemptés de toutes contraintes. Ces temps de loisir sont aujourd’hui ancrés dans les modes de vie, dans le temps et dans nos sociétés. Auparavant, le travail représentait l’activité principale d’un individu. D’après Philippe Mazet46, la profession permettait d’identifier les statuts sociaux de chacun dans la société. Aujourd’hui, nous donnons beaucoup plus de sens au temps que l’on donne à la famille, aux loisirs et aux passions. Ce qui donne du sens à la vie s’éloigne du travail et prend place dans le loisir. L’importance que l’on donne à ce loisir prend place dans les choix que font les nouvelles générations. Cet indice transforme donc l’appréhension de la jeunesse quant à leur projection sur le territoire. On passe de projets professionnels qui nous attirent en ville à des projets de vie de famille et de loisir qui laissent divaguer les perspectives de vie sur l’ensemble du territoire.

46  MAZET Philippe (2019), Le loisir et la famille doivent-ils primer sur le travail, les podcast de l’ISP, Groupe ISP


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FIGURE 66 - Chronologie de l’installation du loisir dans le travail


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FIGURE 67 - Le travail en entreprise

FIGURE 68 - Le Télétravail

FIGURE 69 - Le télétravail dans le train

FIGURE 70 - Le télétravail en famille

FIGURE 71 - Le télétravail depuis New York

Extrait de film : L’auberge espagnole, Les poupées russes et Casse tête chinois. Les film d’aujourd’hui sont souvent témoin de ces changements de mode de vie, la trilogie de Cédric Klapisch donne un bon aperçu du contexte dans lequel nous vivons aujourd’hui.


121 Le travail n’a plus la place prioritaire qu’il occupait auparavant. Les entreprises ne sont donc plus aussi populaires qu’avant. Le travail au sein des grands groupes ne fait plus rêver [FIG. 67]. Certaines agences tentent alors d’innover en intégrant cette nouvelle priorité du loisir et du bien être. On voit donc apparaitre, au coeur des immeubles de bureaux, des salles de sports, de jeux, de cinéma. A cette transformation de cadre de l’entreprise s’ajoute donc une hausse de l’auto-entreprenariat. Les jeunes générations optent plus facilement pour le choix d’une carrière professionnelle d’indépendant. Ce nouveau statut installe donc le travail de ces jeunes travailleurs dans leur logement. L’habitat contemporain se voit transformé par l’arrivée du travail dans son séjour, dans sa cuisine, dans sa chambre voir dans son lit. Les limites entre travail et loisir sont alors complètement bousculées. [FIG. 68, 69, 70 et 71] Le sens de nos vies puise sa ressource dans le travail et le loisir. La volonté de se développer et d’évoluer n’est plus que professionnelle mais aussi personnelle. On cherche à donner du sens à l’ensemble de nos faits et gestes. Dans le tourisme, on observe une hausse du solidaire et du collectif. Le woofing qui consiste à être accueilli gratuitement en échange de main d’œuvre est en perpétuelle hausse. Les loisirs vont donc inscrire le travail et l’apprentissage dans des démarches de volontariat. Le travail s’échange contre un apprentissage, un sens à la vie et un accès au monde réel. On échange alors une expérience contre notre temps.47 L’argent est exclu du deal, mais le travail s’installe au centre du loisir. La porosité des frontières entre travail, vacances et loisirs devient alors totale. Puis à ceci s’ajoute le monde de Airbnb, qui intègre une activité touristique au coeur de l’habitat pour arrondir les fins de mois, voir plus parfois. Le tourisme et son loisir prennent place dans les typologies des logements, en laissant des seuils et des limites abstraites pour permettre la flexibilité de l’espace et de ces usages. L’habitat se doit donc d’accueillir de nombreux nouveaux modes de vie et d’habiter. Si ce déclic concerne surtout les logements principaux, il a du mal à apparaitre dans les résidences secondaires généralement préservées à l’identique pour assouvir un besoin nostalgique ou un rejet du changement de leur propriétaire. «Ce n’est pas pour partir en vacance, c’est aussi pour vivre de manière quotidienne le rythme et les expériences des vacances. Cet espèce d’appétit, plus occidentale encore, de ne plus séparer la vie du travail et la vie des vacances. Qui serait peut être une tendance de nos sociétés contemporaines qui ne veulent plus avoir de ruptures franches entre les différentes parties de l’année. » 48 PICON LEFEBRE Virginie, 2019 47  Poprock (2018), op. cit. 48  PICON LEFEBRE Virginie (2019b), op. cit., 12’40


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3.1.3. UN TOURISME QUOTIDIEN ENTRE MOBILITÉ, LOISIR ET TRAVAIL Aujourd’hui, on répond aux mails dans le tramway, et on se laisse distraire par les réseaux au bureau. L’arrivée de l’outil « portable », que ce soit un téléphone, un ordinateur ou une tablette, permet un accès quasi permanent au travail, comme au loisir. Ces deux entités, Travail et Loisir, jouent donc dans le même cadre, celui de l’écran. Un écran que l’on replie et que l’on glisse dans notre sac, prêt à partir n’importe où : le bureau sur le dos. A l’échelle urbaine, ceci génère de nouveaux programmes. En vogue en ce moment, les espaces de travail partagé, de co-working et les openspaces fleurissent partout dans les centres urbains. Baladez vous la semaine, en milieu d’après midi, vers 15h, en ville, vous serez marqué par l’omniprésence d’étudiants et de jeunes entrepreneurs dans les cafés, les brasseries, les restaurants, et les bars. L’auto-entreprenariat et l’individualisation des pratiques professionnelles orientent les travailleurs dans des espaces de partage et de rencontre pour répondre à leur besoin de relation et de contact social. Le bureau sort de son espace normé à quatre murs. À ceci s’ajoute l’évolution de la performance des réseaux de transport en commun. Cette évolution permet alors à ces jeunes travailleurs de profiter d’offre d’emploi sur un territoire très large, longeant les axes de dessertes des transports en commun. [FIG. 72] En exemple, je prendrai celui de l’École d’Architecture de Montpellier. Certains cours sont donnés par des professeurs venant de Paris, Lyon ou Bordeaux. Pour la population citadine ayant accès à un réseau dense de transport, les distances sont transformées, seul le temps de trajet et sa rentabilité sont pris en compte. Par rentabilité on entend que ca ne peut pas être deux ou trois heures de train pour flâner. Ces temps de transport sont dédiés au travail. Ils sont donc inclus dans le temps professionnel. Les usagers de ces pratiques peuvent donc se permettre de vivre dans une ville, et de travailler dans une autre sans problème, et le temps de trajet devient de plus en plus étirable au vu de la qualité de travail qu’il permet. La mobilité s’inscrit donc dans le quotidien des nouvelles générations. Le voyage low cost lui a donné en plus une échelle internationale, aujourd’hui contrebalancé au vu de son impact environnemental. Le voyage d’affaire se démocratise petit à petit dans le monde professionnel, et surtout dans le monde étudiant. A travers les stages, les Erasmus, les workshops, les étudiants ont de plus en plus d’opportunité de mêler leur travail à la mobilité, au voyage et à la découverte. Ils partent un mois, un semestre ou un an dans d’autres pays ou régions pour profiter d’un enseignement différent. Les filières artisanales ont elles aussi intégrées ces notions et dans notre contexte de retour à un ancrage territorial, elles vont rapidement revenir sur le devant de la scène. Ces filières ont depuis toujours utilisées la mobilité dans leur apprentissage. Menuisiers, horlogers, charpentiers, pâtissiers, forgerons, et j’en passe, partent alors sur les chemins du tour de France du compagnonnage. Ce système d’apprentissage peur


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1H

LILLE

2H NANTES

3H

3H

3H30

2H

LYON GRENOBLE

3H

BORDEAUX

MONTPELLIER MARSEILLE

FIGURE 72 - Facilité et rapidité des transport pour se rendre au travail depuis Paris


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FIGURE 73 - Carte du premier tour de France d’Agricol Perdiguier

PARIS

FREIBURG ALTENMARKT IM PONGAU FRIBOURG AVORIAZ BOURG ST MAURICE MONTEYNARD REFUGE DES DRAYERES MONTPELLIER NARBONNE

TOULON

SAN PERE PESCADOR CASALABRIVA DELTA DEL EBRE

FIGURE 74 - Les lieux où j’ai travaillé sur mon mémoire Aujourd’hui, les étudiantes travaillent avec leurs ordinateurs portables et peuvent s’installer n’importe où.


125 permet de se saisir d’une profession à travers les savoirs entretenus au sein de la communauté des Compagnons à travers la France entière, et au-delà des frontières [FIG. 73]. Le tourisme devient donc quotidien avec une temporalité et un rythme différents de ceux des « vacances » traditionnelles. Cependant, ces nouveaux modes de voyage répondent pleinement à la définition du tourisme qui d’après l’ONU, « englobe tout voyage hors du domicile habituel pour au moins une nuit et au plus un an, et pour lequel le motif du voyage n’importe pas : affaires, vacances, santé, ... »49. Le tourisme des nouvelles générations est donc basé sur des standards complètement différents de ceux contemporains aux constructions des stations. Il ne se limite plus à être trois semaines l’été et deux semaines l’hiver. L’architecture et l’urbanisme des vacances doivent donc suivre ces évolutions. Penser ces nouveaux modes de vie [FIG. 74] dans une nouvelle dimension spatiale, temporelle et psychologique pourrait permettre au station touristique de montagne, comme des littoraux, de se renouveler et d’accéder à un système économique, social et environnemental plus équilibré, viable et durable.

3.1.4. LES NÉORURAUX POUR UNE SÉDENTARISATION PARTIELLE La saison dernière, lors de l’arrivée de la crise du Covid 19 en France, on a vécu un réel accélérateur des tendances. Un épisode compliqué à vivre pour beaucoup, mais aussi un épisode très intéressant à étudier. D’après François Gauthier, président de la branche hôtel du GNI, le covid est une réelle opportunité de mettre tout le monde d’accord. Il compare cela à une avalanche où toutes les énergies s’unissent pour réparer les dégâts. En montagne, cette crise a fait perdre en moyenne 34% du chiffre d’affaire en Rhône Alpes, avec des chiffres qui monte jusque 38% sur le département de la Savoie, d’après Cedrik Stoïssich, directeur des opérations de marché à la caisse d’épargne Rhône Alpes.50 A cela s’ajoute les pronostics pour la saison d’hiver prochaine, où il annonce une perte de 20%. Ces chiffres mettent une fois encore en avant l’importance de transformer l’économie de ces régions qui, au fur et à mesure des années, s’ancre dans le secteur instable du tourisme. Cette crise du Covid 19 a cependant mis en valeur le potentiel toujours remarquable du cadre de vie que la montagne a à offrir. Dans de nombreux villages, on a pu observer au début du confinement, une arrivée flagrante des propriétaires de résidences secondaires. La mise en place accélérée du télétravail dans les bureaux citadins a permis d’installer de manière temporaire ce phénomène. Sur la Commune de Crest-Voland, en moyenne montagne savoyarde, Nadège Chomaz, urbaniste, rapporte que ce sont cinq foyers qui ont décidé, à la 49  Géoconfuence (2017), op. cit., Tourisme, Glossaire 50  Alpes Home (2020) Les assises de la relance en Montagne


126 suite du confinement, de s’installer dans ces résidences secondaires et on inscrit leurs enfants à l’école pour la rentrée 2020.51 C’est une réelle opportunités pour les villages de retrouver une population résidente à l’année. Auparavant, sédentariser de nouveaux habitants n’était pas envisageable car l’absence de travail à l’année ne permettait pas ce développement. Cependant, aujourd’hui, si un village est relié par les réseaux, alors il peut devenir un espace sattelite de l’« urbain » où l’on télétravaille. Certaines communes ont alors accompagné ces nouveaux usagers en leur donnant accès à des espaces de travail. Nous pourrions parler de co-working, mais ce mot est relié aujourd’hui à un imaginaire décalé de ce qui a été mis au point dans les petites communes où cet espace de travail consistait seulement à offrir un bureau avec quelques équipements tels que la wifi, un imprimante, un scanner. Dans les vallées et en moyenne montagne, ces transformations s’installent petit à petit. Les nouvelles technologies et la qualité des dessertes des grandes villes ancrent dans les mentalités la possibilité de vivre à distance de son lieu de travail. À l’heure d’aujourd’hui, le phénomène s’observe déjà en montagne pour une petite élite, française et britannique. La crise sanitaire a un peu plus démocratisé ce phénomène. Cependant, il n’y a pas de doute que les infrastructures ne suivent pas. Soyons honnêtes, travailler à distance n’est pas chose simple, et il est généralement nécessaire de se rendre sur son lieu de travail ponctuellement. La plus grosse lacune de ces régions en ce moment réside dans le fait qu’il n’est pas possible de se rendre rapidement et facilement en ville. [FIG. 75] Nous pourrions parler d’une sédentarisation partielle, mettant en avant l’importance des conditions d’accès aux métropoles et à leurs dessertes. La moyenne montagne à proximité des grandes villes comme aux alentours de Grenoble, de Chambéry ou d’Annecy se transforme de plus en plus en zone périurbaine. Pour les territoires plus reculés, la reconversion est plus compliquée, sauf s’ils sont touristiques. Reprenons l’ensemble des villages et stations que nous avons analysés dans la partie précédente. Ils sont reculés géographiquement, certes, mais les réseaux sont préexistants, et ils fonctionnent, or ils ne sont plus exploités, ou bien seulement quelques mois d’hiver. [FIG. 76] Ces régions doivent se battre pour relancer et parfaire les liaisons aux pôles urbains tout au long de l’année pour pouvoir exploiter cette voie d’avenir et sédentariser une nouvelle population. On parle donc de Néoruraux, qui par définition sont «les nouveaux habitants des communes rurales, originaires de communes urbaines, et qui s’installant dans un espace où ils n’ont pas

51  Alpes Home (2020), op. cit.


127

AVORIAZ

X

CHAMONIX

30

5H GRENOBLE

US

-B

LES ARCS

4H COURCHEVEL 3H30

ALPE D’HUEZ

FIGURE 75 - liaisons compliquées et longues par transports entre les pôles en montagne et la première ville de Grenoble

FIGURE 76 - Évolution à travers les années de lignes de trains de nuit en fonction.


128

UNE BREVE DESCRIPTION DE TON ESPACE DE TRAVAIL IDÉAL : 55 - La mer. - À la campagne avec thé et chocolat à volonté. - Pas toujours le même. - Changeant avec extérieur et intérieur. - Chez soi. - Qu’il change constament ou bien en lien avec la nature. - Agréable, des fenêtres, du calme, de la couleur, et une salle de sport à dispo ! - Un lieu calme avec une vue sympa. Pas un open-space. - Je suis pour un travail qui est libre d’un lieu spécifique, un travail qui permet de le faire de n’importe où. - Travail en route vers une nouvelle destination de vacance. - Vie de bureau et extérieur qui se mixent. - Tout sur mon ordinateur portable que j’enmène partout en voyageant sur différents projets. - Un endroit où il serait bon d’y travailler, proche de grand espace, ou bien proche de la nature pour décompresser lors des pauses et pour avoir un contexte agréable. - Sur un vélo et dans les montagnes. - Un laboratoire avec vue sur les montagnes, sur un lac ou la mer. 55  PARMENTIER Fanny (2020), Ton job de rêve, Questionnaire partagé sur les réseaux

FIGURE 77 - Bureau de télétravail de Amélie Gontharet, employée à l’ONU, dont les bureaux sont basés à New York. 2020, Aime la Plagne, Savoie, France.


129 d’attaches familiales»52. [FIG. 77] Or, amener une nouvelle population n’est pas sans conséquence pour ces régions. Marie Wozniak53 parle d’une crainte des locaux d’être « dépossédés » de leur territoire. Or les acteurs locaux mettent aussi en avant la problématique de la « fuite des cerveaux » lors des Assises de la Relance en Montagne à Méribel en Juillet 2020.54 Ces nouvelles sédentarisations pourraient permettre également aux populations locales de rester sur place. Une nouvelle définition s’ajoute donc au Néoruraux : les habitants des communes rurales, originaires de celles-ci, dont la profession demande à être basée en ville. Ils vivent et pratiquent leur métier à l’égal des citadins, mais depuis leur région d’origine, grâce à des méthodes de travail adaptées telles que le télétravail. Cette « urbanisation satellite » dans ces régions serait une force pour les populations locales car elle permettrait d’assurer une activité économique viable à l’année.

52  Géoconfuence (2017), op. cit., Néoruraux (néorural), Glossaire 53  WOZNIAK Marie (2006), op. cit., p.201 54  Alpes Home (2020) op. cit.


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3.2. L’ARCHITECTURE POUR ACCOMPAGNER LE CHANGEMENT


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FIGURE 78 - Montagne Ubiquiste, cadrage depuis la chambre, 2013, Refugi Lieptgas, Flimserstein, Suisse, par Nickisch Walder.


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3.2.1. L’ÉDUCATION À LA PERCEPTION D’UN MILIEU : DU VISUEL AU SENSORIEL Les nouvelles générations ont grandi dans un contexte et une société particulièrement dominés par la stimulation visuelle.56 Ceci nous amène jusqu’a la distorsion du réel où l’on se représente le monde uniquement à travers ce que l’on voit et ce que l’on croit voir. Notre éducation nous a formaté ainsi. C’est grâce à cela que le marketing à pu s’emparer pleinement de l’architecture et de sa conception. L’éducation se fait dans tous les domaines à travers des diapositives projetées, des livres et des films. Pour citer un exemple simple, prenons l’École d’Architecture. La majeure partie du temps de l’enseignement en licence se concentre dans des amphithéâtres et des ateliers au sein de l’école. Les architectes eux même sont éduqués à travers l’image et formés pour produire des images. L’« expérience » de l’ambiance est alors erronée par la vision instantanée et formatée de l’observateur. Or la perception, à l’égale de toutes les compétences, est quelque chose qui s’apprend, qui se développe et qui évolue. Et cette sensibilité mono-perçue par la vision est de plus en plus remise en question dans les jeunes générations nées, noyées dans cette culture de l’image. La conquête du réel est lancée. Les sentiments sont recherchés. L’ambiance du lieu ne se cantonne plus au format de la carte postale. La perception de l’objet architecturale sera alors propre à chacun. Eric Brun Sanglard57 en parle très bien à travers sa propre expérience d’architecte d’intérieur non-voyant. Pour lui, la montagne est une terre propice à cette éducation des sens et à la compréhension de la kinesthésie relevant de la sensibilité de la totalité du corps. L’odeur, l’ambiance et la luminosité ramènent l’Homme à une perception simple et vraie d’un site. Il y a une réelle opportunité à saisir dans l’architecture de montagne pour dessiner une architecture sensorielle, sans mode ni tendance. Une architecture dans laquelle chacun à sa propre perception avec son corps, ses mouvements, ses sens et son individualité. Le caractère ubiquiste de la montagne appuie la particularité du milieu d’après Antoine Barbeyer58. Elle a une présence, une ambiance, une énergie, une pression et un risque qui font que même à l’intérieur, on sait en permanence que l’on est à la montagne [FIG. 78]. L’architecture peut éduquer ses usagers à la perception de leurs propres sens. Elle peut générer une prise de conscience face à l’environnement, et face à l’impact de l’Homme sur les milieux dans lesquels il s’installe.Ainsi, l’architecture peut assurer la régénération et la vitalité du site. Aujourd’hui, la mission des professionnels de l’aménagement et de la construction va donc plus loin que simplement « habiter la montagne ». 56  DUARTE C., DE PAULA K., PINHEIRO E. (2012), Ambiance kinesthésiques et synesthésiques - Expérience d’un atelier de projet dans deux écoles d’architecture au Brésil. International Congress on Ambiances, Montréal 2012 57  Alpes Home (2020), op. cit. 58  Alpes Home (2020), op. cit.


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3.2.2. UNE ARCHITECTURE QUI SITUE SES USAGERS DANS LEURS MILIEUX L’expérience des vacances peut apporter une réelle opportunité d’éduquer les sociétés à vivre autrement. L’architecture et les modes de vie qu’elle propose peuvent prendre une place majeure dans celle-ci. Ils sont le moyen le plus évident pour révéler l’importance de l’usager sur un site. Elle peut alors pleinement être moteur dans la prise de conscience de la place de l’individu sur le territoire ainsi que de son rôle d’acteur, ici et maintenant. C’est ainsi que l’on pourra renforcer l’ « empowerment » de la population. Ceci correspond d’après Marie Helene Contal59 au renforcement de la capacité du « pouvoir faire » des citoyens et de la restitution de la gestion de leur habitat et leur lieu de vie. C’est alors en passant par ces usagers que l’on mettra en place un développement durable à tous les niveaux. Ainsi, on s’adaptera à l’hétérogénéité et au changement permanent de notre société et on l’orientera dans une démarche en adéquation avec l’urgence climatique. Ce concept peut être dur à croire, mais si l’on observe le champ voisin de la mode textile, c’est bien la prise de conscience des consommateurs qui a poussé les marques à changer leur mode de production. « L’idée centrale est de créer des espaces qui soient directement en lien avec les personnes qui les habitent. Je crois que les gens ont besoin d’avoir une prise sur ce qui les entoure, […] pour exercer leur responsabilité sur leur lieu de vie et sur l’environnement. »60 Gion A. Caminada, Architecte suisse (2013) Le cabinet suisse Nickisch Walder a, à travers son projet Refugi Lieptgas, expérimenté cette notion sensorielle de l’architecture.61 On se situe dans le canton du Grison en Suisse, sur le site de la spectaculaire falaise du Flimserstein, célèbre pour le plus gros effondrement géologique alpin survenu il y a 10 000 ans. Sur un site isolé en foret résiste le vestige d’une ancienne cabane agricole. Les architectes la caractérisent par un tas de bois avec un toit [FIG. 79]. Le projet architectural qui en résulte est un médiateur entre ses usagers et son milieu. La structure en béton isolée a directement été coulée dans la cabane, utilisant alors la construction bois comme coffrage [FIG. 80]. Le choix des matériaux répond à la contrainte climatique et structurelle de manière évidente. Sa mise en œuvre répond à la volonté de retranscrire une histoire, celle du milieu naturel et de sa brutalité, puis celle de la communauté humaine passée, et pour 59  CONTAL Marie-Hélène, REVEDIN Jana (2019), Sustainable Design, vers une nouvelle éthique pour l’architecture et la ville, éd. Les éditions alternatives, Paris, 160 p. 60  CURIEN Émeline (2013), Gion A. Caminada, S’approcher au plus près des choses, éd. Actes Sud, Arles, 224 p., p. 6 61  ROOS Anna (2017), Sensibilité suisse : la culture de l’architecture en Suisse, éd. DZA Druckerei zu Altenburg, Allemagne, 246 p., p. 90


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FIGURE 79 - Un tas de bois avec un toit, bâtiment existant, 2011, Flimserstein, Suisse.

FIGURE 80 - la trâce du passé, béton coffré dans l’existant, 2013, Refugi Lieptgas, Flimserstein, Suisse par Nickisch Walder.


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Habitats touristiques indépendants des habitats des résidents permanants

Habitats touristiques installés dans les habitats des résidents permanants FIGURE 81 - L’emprise de l’habitat touristique


137 finir, celle de la construction qui permet la réhabilitation de ce site, pour accueillir aujourd’hui un programme d’habitation. L’architecture devient porteuse de l’identité du lieu, et inscrit pleinement l’habitat et l’habitant dans son contexte. Il est perçu comme un refuge, dans ce territoire montagnard à risque. On s’abrite, on se protège dans cette masse. Quelques ouvertures offrent des cadrages qui renforcent l’ambiance. Au sous-sol, une ouverture met en relation directe les usagers avec les vestiges de l’effondrement alpin qui a marqué le territoire. La monumentalité du site entre alors dans l’intérieur douillet du refuge, tout en préservant son caractère protecteur et rassurant. La petite taille et la modestie de ce bâtiment permettent ici de relier l’Homme à son territoire.

3.2.3. L’ARCHITECTURE MODULABLE : L’HABITAT CONTEMPORAIN, USAGES ET USAGERS Dans les Alpes françaises, on a pu voir à travers le chapitre précédent que le tourisme s’est développé à travers un habitat touristique majoritairement indépendant de l’habitat des populations locales. Dans un premier lieu, le tourisme construit des chalets individuels, puis il est parti s’installer sur des sites complètement vierges. Or cette situation reste bien propre aux Alpes françaises. En Autriche par exemple, le développement s’est fait de manière bien différente. Le tourisme s’est installé au coeur des maisons des habitants. Ces derniers ont isolé une partie de leur habitat pour permettre d’y accueillir des visiteurs de manière autonome [FIG. 81]. Ainsi, lorsque l’on se promène à Altenmarkt im Pongau par exemple, on se balade toute l’année à travers des maisons habitées. En plein hiver, celles-cis auront la lumière à chaque étage, tandis qu’aux intersaisons, seulement leur rez de chaussée sera habité. La répartition du tourisme se superpose donc de manière plus homogène sur le territoire et dans l’économie. En effet, chaque foyer a sa profession classique, et les quelques locations touristiques leur offrent un complément de salaire. Ces appartements et ces chambres indépendantes offrent alors aux propriétaires un habitat touristique mais surtout un habitat modulable. Ceci permet alors d’adapter le logement au moment des changements familiaux. Ainsi, ces espaces indépendants pourront être habités par un enfant qui prend son indépendance, par des grands parents qui ne peuvent plus vivre en totale autonomie ou par des amis ou des vacanciers de passage. Cette souplesse permet alors de «vivre dans un même lieu mais chacun chez soi » comme le dit Monique Eleb.62 Pour elle, l’habitat contemporain se doit d’être modulable pour accueillir ses divers usagers et assurer leur vie ensemble. L’habitat doit alors permettre de partager des valeurs : la cohabitation, la solidarité, le respect et l’autonomie de chacun. 62  ELEB Monique (2017), L’habitat d’aujourd’hui et de demain : flexible, adaptable, réversible ? arquitectura n°16


138 Monique Eleb caractérise notre époque par une survalorisation de la mobilité, du nomadisme et des réseaux. Nous pouvons donc rapprocher ceci aux formes contemporaines du tourisme quotidien qui se démocratisent. Ces mouvements permanents favorisent l’individualisme et l’isolement. La cohabitation devient alors d’autant plus importante pour accompagner chacun dans les différentes étapes de la vie qu’elles soient seules ou non, et choisis ou non. Il est important de prendre en compte que ces changements d’habitude sont bien intégrés dans les modes de vie, et que les populations ont pleinement conscience des transformations de leurs habitudes. Or le rapport à l’innovation socio-spatiales de l’habitation est quant à elle très peu comprise par les populations. En France, ces dernières s’adaptent dans les logements standards bien qu’ils ne soient plus du tout adaptés. Pour illustrer cet habitat touristique modulable, nous pouvons prendre l’exemple de la maison de la famille Neumayer sur lequel j’ai accompagné les architectes de LP Architektur en Autriche. La maison se trouve dans un village à proximité des stations de ski. La maison est pensée à l’heure d’aujourd’hui pour la famille propriétaire. Or, au vu de la situation dans laquelle le site s’inscrit, les architectes pensent à inscrire cette maison dans une modularité socio-spatiale et temporelle pour permettre d’accompagner cette famille au gré des années. Ainsi, la maison est sur deux étages avec les espaces pour les enfants à l’étage, et la chambre parentale et le reste du logement au rez de chaussée [FIG. 82]. Ainsi, suite au départ des enfants, la maison familiale pourra se diviser en deux. Le R+1 pourra prendre son autonomie grâce à son entrée indépendante et permettra alors de transformer les chambres des enfants en chambres d’hôtes, ou alors, en un appartement indépendant pouvant accueillir un jeune couple. Les seuils et les limites, qui divisent ces différents espaces, deviennent alors une source d’innovation : elles doivent soit s’effacer, soit isoler les deux espaces qu’elles séparent [FIG. 83].

3.2.4. L’ARCHITECTURE FLEXIBLE : UNE COHABITATION ENTRE TRAVAIL ET LOISIR L’espace de travail ou le bureau apparaissent de plus en plus au coeur des logements. Qu’ils soient dans des espaces séparés, dans une chambre supplémentaire, qui s’adapte au fur et à mesure des besoins, ou bien au coeur de l’espace de vie. Ces espaces de travail se déforment de plus en plus au vu de la digitalisation croissante des outils de travail. Le concours organisé par Because Architecture Matters sur les espaces de travail est un témoin de ce besoin d’innovation dans l’espace de travail contemporain qu’il soit au bureau, à la maison ou en voyage. Le concours d’idée illustre donc cette recherche d’espace flexible grâce à l’architecture ou au mobilier.


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FIGURE 82 - Vivre ensemble séparément, deux portes d’entrée pour s’adapter, 2020, Eben im Pongau, Autriche, par LP Architektur

FIGURE 83 - Habitat en deux entités (bois et béton), 2020, Eben im Pongau, Autriche, par LP Architektur

EFH NEUMAYER; Eben.

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Perspekt


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FIGURE 84 - Collaborer au coeur du Neighborhub, 2020, Fribourg, Suisse.

FIGURE 85 - FIGURE 84 - Neighborhub, espace flexible et modulable, 2020, Fribourg, Suisse.


141 «En France, le secteur tertiaire représente aujourd’hui plus de 76 % des emplois, contre seulement 40% au début des années 1960. […] De nouveaux métiers apparaissent chaque jour, d’autres disparaissent. Les environnements et espaces dédiés au travail ne cessent d’évoluer, mais il en est un qui, depuis le siècle dernier, s’impose : le bureau. Qu’il soit grand ou petit, ouvert ou fermé, individuel ou partagé, qu’il soit en Flex-office ou tout droit sorti d’un film de Terry Gilliam, le bureau est notre quotidien. […] De leur côté les travailleurs, salariés comme indépendants, le veulent toujours plus ludique, plus accueillant, plus personnalisable. La frontière entre espaces de travail et espaces de vie est de plus en plus poreuse, et le bureau ressemble toujours plus à un chez-soi. »63 Introduction du Concours Workspace for Tomorrow (WfT ?!), Architecture et design competition, Because Architecture Matters (BAM), 2020 Le neighborhub est un projet qui a été fait dans le cadre de la compétition du Solar Décathlon de 2017. Il est créé à Fribourg, accompagné par le Smart Living Lab et diverses universités. Ce projet propose donc un espace de travail et de partage [FIG. 84]. Il peut acceuillir des formations, des workshop, des ateliers enfants, des petites conférences, etc. Mais il peut aussi être reconverti en logement [FIG. 85]. Ainsi, au cours de la journée, le Neighborhub peut proposer différents usages et s’adapter aux multiples besoin du moment. L’idée peut être intéressante pour les espaces touristiques. Ce programme permet de générer de l’activité et d’assurer les hébergements. Il favorise le partage et les échanges et assure le bon fonctionnement de la mobilité du travail. On pourrait parler d’une nouvelle forme pour le travail d’affaire. Une forme plus souple et accessible pour l’ensemble des professionnels.

63  Because Architecture Matters BAM, (2020), Concours Workspace for Tomorrow (WfT ?!), Architecture et design competition, 2020


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3.2. REQUALIFIER L’ARCHITECTURE EN RÉGÉNÉRANT SON HABITABILITÉ


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3.3.1. LA RECONSTRUCTION DE CENTRALITÉS DANS LE MONDE RURAL Face aux différents mouvements que l’on peut observer dans la sociologie contemporaine, de nombreux articles supposent qu’il serait intéressant de reconstruire le monde rural. Peut être que ceci n’est pas forcement pertinent sur l’ensemble du territoire français, mais dans les alpes, ceci semble primordial. Ceci permettrait de réhabiliter les infrastructures existantes. Aujourd’hui, c’est une démarche que l’on peut observer dans les Alpes suisses et autrichiennes. Si l’on se reporte donc à la biorégion délimitée par la convention alpine, cette notion de reconstruction du monde rural prend tout son sens. Se référer au monde rural ramène donc à une occupation du territoire plus éparse. Cependant, malgré la division de la population à travers les régions, il reste primordial de créer des centralités, de petite échelle, certes, mais indispensables pour l’organisation du territoire. Ces polarités pourront alors s’inscrire dans des réseaux, des échanges et ainsi générer une réelle complémentarité. Notre monde rural est aujourd’hui fortement inhabité, surtout dans les régions touristiques. Cependant, les constructions sont belles et biens présentes. Pour pouvoir construire la ville sur la ville, nous pouvons repenser ces espaces bâtis, pour leur redonner du sens et de la vitalité. L’architecte doit s’assurer qu’après son intervention, le site présente plus de vitalité qu’à son arrivée. Dans les zones rurales, il devient donc réellement nécessaire d’intervenir. La création de nouvelles centralités, du moins, leurs requalifications, va alors caractériser les spécificités du territoire de proximité pour lui donner une identité plus précise et valoriser sa place dans l’ensemble de la région. Comme nous mettrions en place les rôles de chacun dans l’équipe d’un collectif, ici nous le ferons à l’échelle du territoire. On peut voir dans certaines stations que quelques idées ont émergé dans cette dynamique. Cela reste cependant déterminé par la « demande touristique » et suit les modes. Une solution inadaptée pour un développement qui voudrait s’inscrire dans le temps. Il est donc nécessaire de prendre du recul et d’identifier les réelles caractéristiques du milieu. Dans le Vorarlberg, l’architecte Peter Zumthor a relevé ce défi, pour une région qui se spécialise dans le développement durable et la valorisation des savoir-faire locaux. À travers son projet de Weekraum, Peter Zumthor crée un espace pour accueillir à travers le temps et l’espace l’ensemble des activités autour du savoir faire artisanal de la région [FIG. 86]. Son architecture permet de faire cohabiter l’exposition, l’éducation et la découverte ; autrement dit les visiteurs, les professionnels et les apprentis. C’est encore une fois la flexibilité des seuils et des limites qui permettent la flexibilité de l’espace et son adaptabilité aux différents utilisateurs. L’architecte reconstruit alors le monde rural à travers ses habitants, ses jeunes générations et ses visiteurs


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FIGURE 86 - Un plan libre et flexible selon les besoins, 2013, Bregenzerwald, Autriche, par Peter Zumthor.

FIGURE 87 - Des seuils flexibles grâce aux déploiement des rideaux, 2013, Bregenzerwald, Autriche, par Peter Zumthor.


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FIGURE 88 - Requalifier l’existant pour lier histoire et modernité, 2018, Cressier, Suisse, par LVPH.

FIGURE 89 - Le village rural : entre espace privé et espace public, 2018, Cressier, Suisse, par LVPH.

FIGURE 90 - Générer une place communautaire, 2018, Cressier, Suisse, par LVPH.


147 et à travers leur savoir-faire, la passation des connaissances et l’exposition des productions. Le programme lie donc expositions, atelier et espace de vie et de partage dans un unique espace architectural flexible grâce à de grands rideaux noirs qui viennent diviser l’espace selon les besoins [FIG. 87]. Les régions rurales concernées par cette restructuration ont différentes formes, il y a celles accessibles depuis les centres urbains puis celles plus reculées. Les villages à proximité des villes sont très prisés et se sont transformés en village dortoir hors de prix et sans vie. Puis il y a ces villages des zones rurales, reculées et inhabitées, autrement dit sans vie également. «Le village est mort ! Longue vie au village !».64 C’est le titre d’un article de la revue «Détail» publiée en Septembre 2019. L’article met en avant que malgré les changements, la vie de village a encore beaucoup de succès. L’absence de travail a été l’origine de sa décadence, qui a réduit les villages à des espaces sans vie, des espaces morts. Mais là n’est pas le point final de la vie de village ! Quelques projets de « revitalisation » de centres ruraux, témoignent de ces succès, souvent engendrés par les communes qui souhaitent offrir un cadre de vie propice à l’accueil de nouveaux habitants. Le projet à Cressier, dans le canton de Fribourg en Suisse, dessiné par le cabinet d’architecture LVPH, fondé par les Architectes Lauren Vuilleumier et Paul Humbert, illustre cette revitalisation des zones rurales.65 Le projet réhabilite un ensemble de vieilles bâtisses, et lui redonne une réelle qualité de vie. L’intention est de permettre la cohabitation de plusieurs foyers et de différentes générations, au coeur de bâtiments anciens, chargés des histoires de la vie du village, tout en y ajoutant un touche architecturale contemporaine et actualisée pour accueillir une nouvelle population. Le projet transforme donc les habitats[FIG. 88], mais il s’intéresse également à l’ensemble de l’espace public [FIG. 89]. Ce dernier est repensé pour créer une place communautaire [FIG. 90]. Pour transformer les régions touristiques françaises, il peut être pertinent de s’inspirer de projet comme celui ci, qui renforce l’identité des villages, ruraux ou touristiques, face aux qualités de leur situation et qui leur offre aussi une nouvelle ouverture par l’accueil de nouveaux habitants actifs.

64  WESSELY Heide (2019), Das Dorf ist tot ! Es lebe das Dorf !, Detail, Zeitschrift für Architektur + Baudetail, n°9, Sept 2019, p. 22-31 65  SCHNELL Dieter (2018), Städtebau auf dem Dorf : Alt und Neu in Cressier FR von LVPH Architectes, Werk, bauen + wohnen, n°10, Oct 2018, p.17-22


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3.3.2. LA MISE EN RÉSEAU DES CENTRALITÉS COMPLÉMENTAIRES DU MONDE RURAL Créer de nouveaux pôles dans les territoires reculés, touristiques ou ruraux, demande donc d’offrir une connexion performante au monde citadin, national et aujourd’hui international. Celle ci passe par l’accessibilité des réseaux de déplacement mais aussi par l’accès aux services divers (santé, éducation, internet, téléphonie, etc). Pour Antoine Pin, directeur des opérations Protect Our Winter France, et Daniel Elkan, fondateur de Snowcarbon.com, il n’y a pas de doute que la mobilité douce, et plus précisément ferroviaire, est une source à mettre en avant pour la montagne. Pour eux, c’est l’unique réponse à la demande éco-friendly de la jeunesse française et britannique attentive à leur émission de Carbone et qui aime utiliser ces temps de trajet pour travailler, regarder un film ou passer du temps entre ami [FIG. 91]. Cette demande touristique assurera donc la rentabilité des infrastructures, qui pourront en parallèle servir aux populations locales dans leur vie quotidienne. Le monde rural peut alors se reconstruire autour de ces réseaux ferroviaires. La Suisse a jusqu’à aujourd’hui témoigné de l’efficacité de ce système ferrovière avec une majorité de la population qui se rend au travail par ce moyen de transport. Ainsi, la population peut plus facilement se répartir sur le territoire. Nous pouvons prendre le réseau des écoles d’architecture en exemple : Les Hautes Écoles Spécialisées (HES). Pour la section architecture, un pôle se trouve dans la ville de Fribourg, un autre à Burgdorf, et le dernier à Genève. Ces trois pôles ont chacun leur spécialité, et les étudiants sont libres de choisir leur cours sur les trois sites. Les dessertes ferroviaires assurent le bon fonctionnement de ce système. Ainsi, les étudiants peuvent profiter d’un enseignement spécialisé selon leurs intérêts. Le territoire en sort donc plus soudé et riche en connaissance et en partage.

« Lors de nos discussions avec les élus, nous leur avons souvent dit d’arrêter de la penser comme un petit village de montagne. Elle [la ville de Crans-Montana] a les atouts pour attirer de nouveaux habitants qui viendraient y travailler ou résideraient là à l’année, profitant de l’altitude et de la vue sur les montagnes. La ville doit ensuite résoudre les problèmes et ne pas les subir. Les problèmes de circulation se résolvent. Les grandes métropoles s’y essayent en prenant parfois des mesures radicales. Crans Montana devra avoir le même courage ».66 Fabrizio Raffaele et Lucien Barras (2018)

66  MESTRES Jean Michel (2018), p.58


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FIGURE 91 - Le voyage en train : un temps pour profiter, 2020, Daniel Elkan.


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FIGURE 92 - Architecture de la station intégrée : un caractère de Grand Ensemble, 2020, Flaine, France.


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3.3.3. LES STATIONS INTÉGRÉES : UNE DYNAMIQUE GLOBALE POUR MAINTENIR L’UNITÉ Reconstruire le monde rural semble envisageable dans les contextes classiques des villages. Cette reconstruction apparait au gré des interventions des propriétaires privés. Parfois, certaines communes parviennent à intervenir sur plusieurs bâtiments à la fois pour créer un projet architectural et urbain qui aide à dynamiser le lieu. Mais les changements s’installent plutôt de manière éparse chez les particuliers. De plus, cette nouvelle dynamique semble plus compliquée au sein des stations intégrées. L’architecture de ces bâtiments ne permet pas d’envisager la sédentarisation des usagers. Les appartements sont qualifiés de trop petits, pas suffisamment confortables et pas adaptés pour la vie du quotidien. Effectivement, ce n’est pas dans le but d’être habités à l’année qu’ils ont été conçus. Les communes ne parviennent donc pas à sortir leur territoire de l’économie « tout ski ». Et les politiques se trouvent démunis face à l’ampleur des aménagements qu’ils doivent gérer. La problématique avait été soulevée par certains maires lors des assises de la relance de la montagne à Méribel.67 Lors de la création de ces stations intégrées, l’état avait participé, pour accompagner les pionniers de l’époque. Aujourd’hui, la taille des aménagements demande des moyens trop conséquents (politiques, économiques, sociaux, etc) pour que les maires puissent envisager des politiques d’ensemble. Philippe Vouillon s’appuie sur la station de Crans Montana pour illustrer les difficultés qu’ont les gouvernances locales à se saisir de ces stations de tourisme de masse.68 Cette ville a environ 800 habitants et 40 000 lits. C’est la première station suisse en nombre de lit. Les politiques doivent quitter les logiques des petits villages dans lesquels ils ne s’inscrivent plus. Ils doivent entrer dans une politique urbaine, penser « ville » à la montagne. Les aménagements des stations intégrées doivent suivre des directives à la hauteur de leurs enjeux. Crans Montana a, depuis 2017, fusionné les quatre communes qui créent la ville. Depuis les politiques tentent de prendre réellement le problème dans sa globalité. Fabrizio Raffaele et Lucien Barras, convaincus du potentiel d’une ville à Crans Montana, tentent d’accompagner la gouvernance de la commune pour l’orienter vers le statut de ville de montagne, et ainsi parvenir à un développement plus durable et fiable. Au sein des stations intégrées françaises, s’ajoute aux questions de la dynamique de la ville, celles de l’esthétisme de leur unité. En effet, des stations comme Flaine, Avoriaz ou Les Arcs, sont des stations qui ont été conçues avec des partis pris urbanistiques et architecturaux très forts [FIG. 92]. Aujourd’hui, les bâtiments vieillissent. La remise en état de ceux-ci demanderait donc de mettre en place des projets globaux. Si nous prenons du recul et que nous allons regarder comment sont gérés, aujourd’hui, les Grands Ensembles des années 60 en ville, on peut trouver des parallèles intéressants. L’intention 67  Alpes home (2020), op. cit., p.15 68  MESTRES Jean Michel (2018), op. cit., p.58


152 première est mise sur la stratégie de ne pas démolir. Ce choix est clair pour ne nombreux architectes, les grands ensembles sont finalement une ressource comme une autre que l’on peut recycler.

3.3.4. RÉGÉNÉRER L’HABITABILITÉ DES IMMEUBLES La ville du XXIème siècle n’est plus celle industrialisée par la vision rationnelle fordiste. Aujourd’hui nous sommes plutôt sur une société qui veut rendre habitables les milieux existants. Les questions des ressources sont entrées au coeur des sujets et démolir n’est plus envisageable. Les architectes questionnent l’habitabilité de ces grands ensembles et non plus l’urbanisme. Ce qui devient urgent aujourd’hui, c’est de redonner de la qualité à ces lieux de vie pour que les usagers puissent les habiter, l’urbanisme et les espaces publics suivront par la suite. En station, cette logique semble très pertinente. A l’heure actuelle, les stations ont encore beaucoup de succès, et les espaces publics fonctionnent en saison. Pour assurer les ouvertures des commerces et des divers services le reste de l’année, il faudrait la certitude qu’il y aura des habitants. L’habitabilité du parc d’hébergement revient donc au coeur des perspectives pour l’habitat de montagne de demain. Pour améliorer l’Habitabilité69 de ces logements minimum que plus personne ne veut habiter, diverses stratégies peuvent être mises en place. Premièrement, certains architectes pensent à remodeler l’intérieur des résidences. Les structures et les planchers en béton offrent une liberté et une flexibilité des séparations entre les logements. Il devient alors envisageable de réunir, de percer de joindre divers logements. Ces immeubles pourraient donc proposer des programmes variés d’habitats avec des duplex, des T2, des T3, etc. Ce travail pourrait s’adapter aux nouveaux cadres de vie des usagers en famille, composées, décomposées ou recomposées, mais aussi aux colocations, aux maisons d’hôte, etc. L’habitabilité serait alors plus spécifique selon le logement, et donc plus appropriée en fonction des besoins des usagers. Dans un second temps, certains architectes pensent plutôt la réhabilitation de ces logements à travers leur extension. Le projet lauréat de Frédéric Druot, associé au bureau de Anne Lacaton & Jean-Philippe Vassal pour le concours de Paris Habitat en 2011 est un exemple très pertinent par leur vision de l’évolution de ces logements. Le bâtiment des années 62 voit donc l’ensemble des ces façades extérieures tomber au fur et à mesure [FIG. 93] pour être remplacées par des structures autoportantes qui agrandissent les appartement avec des terrasses, des salons et des espaces de vie [FIG. 94]. Les espaces sont alors généreusement agrandis, et la qualité du logement est aussi valorisée par un gain considérable de lumière et une qualité thermique [FIG. 95]. Le chantier est rapide et progressif, réduisant ainsi au maximum le dérangement auprès des habitants. Ce projet s’est mis en place grâce au détournement du budget de démolition en budget de réhabilitation. Il témoigne des possibilités qui s’offrent à nous architecte, si nous souhaitons proposer une nouvelle vision du monde de demain avec les moyens que nous avons à disposition. 69  CONTAL Marie-Hélène, REVEDIN Jana (2019), op. cit., p.44-69


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FIGURE 93 - Extension en façade, avant / après, 2016, Paris Habiter, Paris 17e, France, par Lacathon & Vassal, Druot et Hutin.

FIGURE 94 - Des espaces agrandis requalifiés, 2016, Paris Habiter, Paris 17e, France, par Lacathon & Vassal, Druot et Hutin.

FIGURE 95 - Installation des structures, avant / après, 2016, Paris Habiter, Paris 17e, France, par Lacathon & Vassal, Druot et Hutin.


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155 Aujourd’hui, les habitudes et les modes de vie de nos sociétés sont en perpétuelle évolution. Pour s’adapter au mieux aux nouveaux standards de demain, il est nécessaire de s’appuyer sur le contexte le plus actuel possible. Suite aux analyses des ressources baties qui composent notre héritage et des nouvelles mobilités qui rythment notre vie, on entrevoit de nouvelles perspectives pour l’avenir. Divers projets ont déjà accompagné et mis en forme ces évolutions. L’architecture prend son importance dans la transition des infrastructures touristiques de montagne. Dans ce contexte du XXIème siècle, l’échelle internationale résonne en permanence avec l’objet architectural, qui, lui, est situé à un endroit précis. L’architecture du XXIème siècle doit donc permettre à la mobilité perpétuelle de ses usagers de s’installer rapidement dans un lieu, un territoire mais aussi, et surtout, dans une communauté locale et dans leurs relations (sociales, économiques, commerciales, politiques, etc.). À travers les divers projets présentés au cours de cette dernière partie, on observe une redondance de l’intérêt des architectes pour ces questions d’intégration, de mise en commun, de cohabitation, de partage et de rencontre entre les différents usagers. L’architecture a donc un réel impact sur la forme des relations sociales qui apparaissent dans leurs espaces.70 L’habitabilité des espaces existants devient possible si nous leur redonnons une dynamique propice à l’éveil et l’épanouissement des nouvelles générations. Celles-ci prônent de nouvelles valeurs. «Vivre ensemble mais séparément», de Monique Eleb71, semble le terme le plus propice pour résumer nos observations. Il traduit la situation dans laquelle se trouvent les usagers des stations de ski d’aujourd’hui et les habitants potentiels qui pourraient les habiter demain. L’individu est considéré comme un être individuel au sein d’une communauté. Cet individualisme est de plus en plus marqué car chacun peut aujourd’hui prendre des chemins complètement différents à travers l’ensemble de ses choix de vie et des expériences qu’il vit. Cependant, il restera en permanence ancré au sein d’une ou plusieurs communautés, qu’elles soient réelles ou digitales. Le rapport au lieu de vie devient lui aussi de plus en plus important. Les populations d’aujourd’hui ont la possibilité de choisir leur lieu de vie. On s’installe quelque part par conviction et non plus car on en est originaire. L’architecture défini les formes et les limites du rapport de l’Homme avec les milieux (naturels, sociaux, etc.). L’habitat touristique est très intéressant car il a depuis toujours mis ces notions au cœur de sa conception : le rapport au site et le partage entre les usagers est depuis l’origine le fil conducteur des réflexions autour des lieux de vacances. C’est donc avec ces idées en tête que nous pouvons appréhender la conversion de cet habitat aujourd’hui vécu à la semaine, vers un habitat inscrit dans une temporalité plus flexible, allant du court séjour à l’occupation annuelle.

70  PARMENTIER Fanny (2019), Rencontre au sommet, suivi par Jonathan Parrat, Profile Search 1, HEIA FR 71  ELEB Monique (2017), op. cit.


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CONCLUSION À travers cette étude, nous avons pu prendre conscience des particularités du milieu alpin. Ce territoire présente de nombreuses caractéristiques qui lui sont propres et qui ont généré les infrastructures dont on hérite aujourd’hui. Cette région doit aujourd’hui faire face à des problématiques d’envergure quant à son devenir. Le milieu de l’architecture est au cœur de ces questionnements. Depuis l’origine de l’installation des Hommes dans ces paysages, l’architecture a accompagné la société dans ce milieu avec des formes diverses, qu’elles soient vernaculaires ou à la pointe des nouvelles technologies. Mais à l’heure d’aujourd’hui, à la suite de l’ensemble des changements sociaux, écologiques et environnementaux, il est devenu clairement nécessaire de repenser ce tissu fragmenté du territoire à travers une démarche globale de requalification des lieux par leur aspect architectural et urbanistique. L’analyse des comportements sociaux des nouvelles générations nous a permis d’entrevoir ce que les usagers de demain vont attendre de leurs lieux de vie. Ces questions ont mis en avant les multiples qualités séduisantes et adaptées de ces régions aux besoins des habitants de demain. Cependant, leur caractère ancien demande aujourd’hui de les repenser. Au cours des dernières décennies, de nombreuses innovations ont bouleversé les modes de vie des populations. La mobilité est entrée au cœur de la vie de chacun. L’architecture doit donc répondre à ces nouveaux aspects que la vie des usagers est en train de prendre. Ces territoires remarquables méritent une attention particulière pour définir comment les Hommes s’installent aujourd’hui dans ce milieu. Cette étude était précisément localisée, or les problématiques qui ont été soulevées et les réflexions qui ont été approfondies proposent un dénouement qui pourrait être transposé sur d’autres territoires.


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Cette recherche a commencé dans l’optique de trouver une réponse précise. L’innovation recherchée voulait à travers ces pages arriver à une solution avec une forme matérielle définie. Or cette étude nous permet surtout de prendre conscience que ces questions sont en perpétuelle évolution. Les professionnels qui s’y confrontent prendront le sujet à un moment précis, et feront avec le contexte dans lequel ils se trouvent. Le projet pourra par la suite prendre de nouvelles formes, de nouveaux usages et de nouvelles issues. Lorsque l’architecte livre le bâtiment, ce n’est en réalité que le début de l’histoire. L’architecture sera par la suite en mouvement permanent. Elle prendra part à l’ensemble des milieux dans lesquels elle s’implante, qu’ils soient naturels, sociaux, économiques ou autres. Puis ces milieux intègreront cette architecture. Ils la feront vivre en fonction de leurs besoins, de leurs changements et de leurs évolutions. Les architectes se succèdent donc et voient à travers leurs propres regards de nouvelles manières de s’emparer des espaces. Leur main se saisit du crayon pour traduire leur imaginaire. Ce trait est finalement propre à chacun. Et l’innovation sera donc toujours au cœur de ces dessins. Elle sera le résultat de l’assemblage de diverses connaissances et chacun d’entre nous les appréhendera d’une manière différente avec ses propres connaissances, sa propre sensibilité et ses propres intuitions. L’architecte doit élargir son champ de connaissance pour permettre de proposer une architecture qui offrira à chacun la possibilité de se l’approprier. L’innovation architecturale reste finalement simple et frugale. C’est donc à nous, les architectes d’aujourd’hui, de nous saisir du travail que nos pairs ont amorcé il y a quelques années. Ils ont inscrit les premières lignes de l’histoire, et nous devons raconter le prochain rebondissement pour donner aux futurs usagers l’envie de prendre la suite de ce récit. Aujourd’hui, l’histoire qui se passe dans les Alpes prépare un rebondissement. De nombreux acteurs se penchent sur le sujet à travers toutes les échelles et une grande diversité de domaines. Les professionnels de divers horizons s’unissent et commencent à écrire les prémisses du prochain chapitre. Notre contexte de mobilité et de mise en réseau nous permet donc d’entremêler les professionnels et leurs savoirs pour tenter de trouver une suite commune à cette histoire qui est celle des Alpes.


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165 Figure 18 : INSEE Auvergne Rhône Alpes (2017), L’économie des zones de montagne, Dossier n°1, p.12 Figure 19 : produit par l’auteur (2020) Photographie Figure 20 : produite par l’auteur (2020), Coupe schématique à partir des productions de SALOMON PELEN Catherine (2012) Figure 21 : Tamagno (vers 1900), Affiche des chemins de fer PLM vantant les sports d’hiver à Chamonix Figure 22 : produit par l’auteur (2020), Chamonix : Étude du tissu urbain et identification de ses caractéristiques, à partir du cadastre Figure 23 : Cuenot Sophie (2016), Chamonix à travers la carte postale ancienne, p.14 Figure 24 : Auteur inconnu (2020) Appartements Quartz-Montblanc, Booking.com Figure 25 : Vuillermoz David (2011) Centre des Congrès, Le majestés Palace, Chamonix, 2011, Atelier du Cyclope Figure 26 : Auteur inconnu (2020) Chalet Rock and Roll, Booking.com Figure 27 : Isono Yoshito (1997), Ecole Nationale de Ski et d’Alpinisme (ENSA) Figure 28 : LYON-CAEN Jean-François (2003), Perspective du chalet de la côte Figure 29 : LYON-CAEN Jean-François (2003), Plans du chalet de la côte Figure 30 : The Brandman Agency (2020), Photographie Kulm Eispavillon Figure 31 : Foster + Partners (2020), Photographie Kulm Eispavillon Figure 32 : Aallard de Megève (vers 1940), Publicité pour le pantalon sauteur Figure 33 : produit par l’auteur (2020), Megève : Étude du tissu urbain et identification de ses caractéristiques, à partir du cadastre Figure 34 : PIA Fiona (2016) plan schématique, p.15 Figure 35 : Le Même Henry Jacques (1928) Plan et Coupe du chalet de la princesse Angèle de Bourbon Figure 36 : Loos Haus (vers 1930), Photographie Figure 37 : Préfecture de la Savoie (2018) Plan de Prévention des Risques Naturels, Volet «Risques Montagne» de Val d’Isère Figure 38 : Amazingvaldisere (2019), Publication Instagram Figure 39 : Amazingvaldisere (2019), Publication Instagram Figure 40 : Florentin Natalie (2020), Publication Instagram Figure 41 : Boix-Vives Michel (1955) Affiche publicitaire Figure 42 : produit par l’auteur (2020), Courchevel 1850 : Étude du tissu urbain et identification de ses caractéristiques, à partir du cadastre Figure 43 : Atelier d’Architecture en Montagne (1954), Plan de situation Figure 44 : Atelier d’Architecture en Montagne (1954), Croquis Figure 45 : Atelier d’Architecture en Montagne (1954) Plans et Coupes Figure 46 : produit par l’auteur (2020), Photographie


166 Figure 47 : StudioArc1800 (2014) Brochure de publicité de 1988 Figure 48 : produit par l’auteur (2020), Arc 1600 : Étude du tissu urbain et identification de ses caractéristiques, à partir du cadastre Figure 49 : Région Rhône-Alpes, Inventaire général du patrimoine culturel, Dessert Eric (vers 2015), Photographie Figure 50 : Chambaud Mélissa (2019), Photographie Figure 51 : Chambaud Mélissa (2019), Photographie Figure 52 : Atelier Cap Architecture (2019), document graphique du concours : perspective Figure 53 : Bernard Victor (2018), Photographie Figure 54 : produit par l’auteur (2020), Photographie Figure 55 : produit par l’auteur (2020), Photographie Figure 56 : Bernard Victor (2019), Photographie Figure 57 : StudioArc1800 (2014), Perspective studio arc 2000 Figure 58 : Salomon Pelen Catherine (2003) Plans des déclinaisons des studios Figure 59 : Skivintage (2020), Affiche ancienne Figure 60 : produit par l’auteur (2020), Valmorel : Étude du tissu urbain et identification de ses caractéristiques, à partir du cadastre et de croquis produit par l’auteur Figure 61 : Leblanc Cathy (2020), Aquarelle Figure 62 : Videau Yves (1975), Esquisse Figure 63 : produit par l’auteur (2020) Photographie Figure 64 : produite par l’auteur (2020), Diagramme à partir des productions de Poprock Figure 65 : Gavaggio Enak (2020), Story instagram Figure 66 : produite par l’auteur (2020), Diagramme Figure 67 : Klapisch Cedric (2002), L’auberge espagnole, extrait de film Figure 68 : Klapisch Cedric (2002), L’auberge espagnole, extrait de film Figure 69 : Klapisch Cedric (2005), Les poupées russes, extrait de film Figure 70 : Klapisch Cedric (2013), Casse tête chinois, extrait de film Figure 71 : Klapisch Cedric (2013), Casse tête chinois, extrait de film Figure 72 : produite par l’auteur (2020), Diagramme Figure 73 : Infographie Jean-Michel Mathonière, D.R. (2013) Carte Figure 74 : produite par l’auteur (2020), Diagramme Figure 75 : produite par l’auteur (2020), Diagramme Figure 76 : produite par l’auteur (2020), Diagramme à partir de document publié par Antoine Pin sur Linkedin Figure 77 : Gontharet Amélie (2020), Photographie Figure 78 : Danuser Gaudenz (2013), Photographie Figure 79 : Nickisch Selina (2011), Photographie Figure 80 : Danuser Gaudenz (2013), Photographie


167 Figure 81 : produite par l’auteur (2020), Diagramme Figure 82 : produit par l’auteur lors d’un stage chez LP Architektur (2020) élévation Figure 83 : produit par l’auteur lors d’un stage chez LP Architektur (2020) Perspective Figure 84 : Neighborhub (2020) Photographie Figure 85 : Neighborhub (2017) Plan Figure 86 : Zumthor Peter (2013) Plan Figure 87 : Auteur inconnu sur Pinterest (2020) Photographie Figure 88 : LVPH (2018) Photographie Figure 89 : LVPH (2018) Coupe Figure 90 : LVPH (2018) Photographie Figure 91 : Elkan Daniel (2019) Photographie Figure 92 : produit par l’auteur (2020) Photographie Figure 93 : Ruault Philippe (2016) Photographie avant / après Figure 94 : Lacathon & Vassal - Druot - Hutin (2016) Axonométrie Figure 95 : Lacathon & Vassal - Druot - Hutin (2016) Coupe perspective


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ANNEXES


Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Globalement, la montagne n’est pas vue comme un refuge, contrairement à ce que l’on pourrait penser. Le modèle low cost est remis en cause, on ne veut plus voir, mais vivre. La distanciation sociale remet en question l’offre de la massivité. La montagne peut alors etre mise en avant grâce à son espace outdoor où la distanciation sociale y est normale, et où l’indoor y est minime.

Quelle nouvelle demande pour l’économie de la montagne ?

À travers cette crise du Covid, certaines tendances apparaissent majoritaires : • Digitalisation • Localisme • Environnement (Je sais (2018) -> Je sens (2019) -> j’ai vu (2020) la crise environnementale) L’enjeu qui se présente alors à nous est la réconciliation de la croissance et de l’environnement.

Quant à l’amplification des conflits sociaux, la stagnation des revenue et de la croissance du PIB par habitant va amplifier les phénomène d’exclusion et de frustration face au niveau et au diplôme de chacun. Aujourd’hui, les non qualifier sont exclu, et les qualifiés sont frustré car seul 60% des diplômés ont des jobs et des rémunérations à la hauteur de leur diplôme.

La tendance de la croissance en France, est de 1,1%. À moyen terme, avec cet crise sanitaire, on arrivera a 0,1% de croissance du PIB par habitant. On arrive sur une stagnation des revenues, et une amplification des conflits sociaux. En France on peut de moins en moins s’appuyer sur les ressources nationales car la dette public augmente.Or nous ne sommes pas les seuls, dans le monde et en Europe, les dettes publics augmentent. Pour nous comparer, nous nous endettons plus que l’Allemagne, et moins que l’Italie.

Le covid est un accélérateur des tendances que nous avions déjà amorcé avant.

Au près des PME, une prudence s’installent. Les projets sont rarement maintenus, certains sont décalés à l’année prochaine, d’autres sont annulés.

En avril, nous avions un arrêt quasi complet de la fréquentation des lieux de loisirs (-80% par rapport à d’habitude). Aujourd’hui, on se rapproche doucement du 0% en comparaison aux années précédentes.

On est dans une phase de récupération, aujourd’hui, elle se fait rapidement, mais les derniers pas seront compliqués. On est dans un moment particulier, deux systèmes économiques se chevauchent. On a un rebond de l’offre et de la demande, or un a un impact plus négatif, une perte de revenu nationale. Un ajustement qui va se faire vers le bas, on sortira moins haut que de la où l’on est rentré. On sortira plus faible, et plus lent du confinement.

Présentation de la situation économique immédiate en post confinement

Situation inédite, il faut croiser les regards et objectiver. Mais où en sommes nous ? Quelles sont les lignes du après ? Quelles sont les tendances de l’activité mondiale et française ?

DENIS FERRAND- économiste, journaliste à Les Échos, fondateur de Rexecode

RAPHAEL SANDRAZ 23 Juillet 2020 - on porte un regard sur ce qui est arrivé à notre monde, un inédit, une crise mondiale qui impact nos vies et nos économies.

INTRODUCTION : BILAN ÉCONOMIQUE DU SECTEUR À DATE ET PERSPECTIVES DE CROISSANCE À MOYEN TERME

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INTRODUCTION : BILAN ÉCONOMIQUE DU SECTEUR À DATE ET PERSPECTIVES DE CROISSANCE À MOYEN TERME

Chiffre clé : La part du PIB Tourisme dans le PIB Total : 7.4%. Nb d’emplois : 1,4 million, 7,5% emploi

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Le tourisme : un poids économique important En France et dans la région en particulier, nous accueillons des touristes venus du monde entier. Une clientèle qui n’est pas assuré dans cette crise sanitaire qui perturbe les mobilités. On peut espérer que les français dépenseront leur budget tourisme en France cette année, ce qui pourrait permettre de compenser.

Le tourisme est le domaine le plus touché, l’aéronautisme en second lieu. Deux domaines relativement liés. En Rhône Alpes, d’après les schémas de l’Insee, on a une perte de -34% de l’activité. Le département de la Savoie a été le plus touché avec une perte de -38% de son activité. Le poids du tourisme dans le département représente deux fois plus que la part moyenne nationale.

Environnement économique spécifique à notre région :

Suite à la crise du covid arrivait en France au mois de mars’ on observe différentes tendances en France : Dans les foyers, on remarque une épargne forcée lors du confinement, qui pourrait perdurer. Dans les entreprises, on fait face à une hausse des endettements. Cela engendre des plans de licenciement et des absences d’embauche. Pour répondre à cela, la loi de finance réactive a été mise en place.

Environnement économique :

CEDRIK STOÏSSICH - Directeur des Opérations de Marché à la Caisse d’Épargne Rhône Alpes.

INTRODUCTION : BILAN ÉCONOMIQUE DU SECTEUR À DATE ET PERSPECTIVES DE CROISSANCE À MOYEN TERME

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1. ALPES HOME 2020 : LES ASSISES DE LA RELANCE DE LA MONTAGNE PRISE DE NOTE


OUTSIDE : COMMERCIALISATION DES PRODUITS ET SERVICES, LES NOUVEAUX PARADIGMES

Aujourd’hui nous avons une rupture de la clientèle, étrangère, et française extrarégionale… Pouvons nous donc pas travailler plutôt pour les années 2030, voir 2040. Nous avons appris qu’il y avait des investissements pour la réhabilitation des classes neiges, des résidences pour jeunes, etc. Le projet Génération Montagne, pousse dans ce sens là. On y travaille a fond, c’est un travail de longue haleine.

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Nous avons effectué une etude sur les jeunes de 12 à 25 ans et leur rapport à la montagne. On observe que seulement 43% de ces jeunes partent à la montagne face à une moyenne de 66% sur tous les âges confondus.

Quatre mot pour cet hiver : incertain, flou, transition, optimisme Dans une vie, on a 4200 week end. Comment on les occupe ? Comment on les convainc de venir chez nous ?

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Chez Travelfactory, on a mis en place le Yoonly où l’on parle de l’expérience directement : semaine adrénaline, semaine activité insolite, hébergements innovants, patrimoine nature, événement festif.

Les attentes de jeunes pour leur voyages - L’accessibilité, ceci est une des clés pour amener la clientèle jeune. La station des arcs a cet avantage énorme d’être accessible directement en train. De plus, l’hébergement n’est pas accessible non plus. L’état de ceux cis n’est pas compréhensible face à la concurrence des grandes villes… Les jeunes ont besoin d’avoir l’impression de faire des bons plans ! En montagne, beaucoup d’élément de vacance deviennent anxiogènes (louer le matériel, skier, prendre les cours …). - Les cours séjours, en villes et à londres on peut y aller toute l’année en court séjour, et en montagne ? - La base d’exploration est très très riche : nature, adrénaline, fête, culinaire, unique. Or la mauvaise nouvelle, c’est que le ski reste ringard… La référence si on parle de ski, c’est les bronzés font du ski ! N’y aurait il donc pas un réel imaginaire à renouveler…

Qu’est ce qui est simple gratuit et accessible en montagne ? l’experience montagne n’est pas toujours disponible et accessible. Les jolies points de vue dans la station même sont souvent utilisé par des hôtels, des parking, etc. Il faut que la station même se suffise à elle même ! De plus, ces générations s’intéressent de plus en plus à l’impact écologique de leurs activités. Il faut être prêt et se préparer. Il faut agir, prouver et communiquer.

Mais attention, ça reste des vacances ! Le besoin de se reposer et de se relaxer reste indispensable. Qu’est ce qui est simple, qu’est ce qui est gratuit, qu’est ce qui est accessible ? Je « vis » la plage. C’est garanti, simple, gratuit. Londres c’est pareil, c’est simple, garanti, gratuit.

les attentes outdoor : - immersion - être dans la nature - vivre des aventures

Les attentes générales des vacances : - se connecter aux autres - accessibilité - esthétisme (la photo insta)

Suite à ça, nous avons essayer de comprendre nos concurrences, soit les grandes villes et la plage au soleil.

GRÉGOIRE CHADENET, DIRECTEUR BU MILLENNIALS - GROUPE TRAVELFACTORY (Tour opérator)

Conclusion

MODÉRATEUR : ANTHONY JULLIEN

OUTSIDE : COMMERCIALISATION DES PRODUITS ET SERVICES, LES NOUVEAUX PARADIGMES

MASTERCLASS : NOUS NE SOMMES PAS TOUS ÉGAUX FACE À CETTE CRISE

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Les nouveaux paradigmes (la casquette hôtelier) Italien, français et suisse se retrouve pour parler du tour du mont blanc. Aujourd’hui, c’est 55 000 personnes à contamines mont-joie, plus que le chemin de compostelle. L’été est plus gros que l’hiver. C’est une réponse collective du tour du mont blanc. C’est un super tour, il peut se commercialiser. On a pas attendu que ce soit parfait pour le lancer, aujourd’hui on chercher tous les jours a le faire progresser et à y intégrer des nouveaux services. C’est en Italie, à Cognes, que commence l’aventure. On achète un container de vélo électrique, puis des voitures électriques, etc. Ce mouvement a permi de déclencher des bourses à l’échelle du territoire … Il faut être autonome, indépendant, et réactif. Il faut montrer que ça vaut le coup et se rendre indispensable.

Il faut analyser pour prédire des comportements, il faut écouter et faire des choses très simples. La stratégie digitale adaptée pour la montagne. Il faut remobiliser la clientèle française grâce au digital et l’influence. Faire rencontrer la montagne et ces cibles. Travailler au coté des influenceurs. La gamification est aussi très importante, pour prôner l’efficacité des systèmes. réassurer, inspirer, convertir nos clients.

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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La digitalisation sur le terrain : La compagnie des alpes a fait appel a webedia dans le cadre d’une opération coup de poing pour promouvoir la montagne a toutes les saisons, a diverses cibles, etc. Une campagne c’est un challenge, une approche, des résultats.

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Le CGV assouplie - possibilité d’annulation à 1mois au paravent, puis, aujourd’hui il faut qu’on le fasse à la journée… Si on veut gagner de la clientèle en direct, il faut qu’on ait une offre à un jour. Ceci demande de travailler avec une trésorie à 0. Un enjeux très compliqué. La santé est devenue le besoin N°1. Et il faut pas attendre que ça passe, mais bien penser pour travailler avec car ça recommencera encore et encore ! Ski info, s’arrête. Cette crise va être une opportunité énorme. Aujourd’hui, il y a un vrai enjeu c’est de reprendre notre place. Il y a un réservoir de clientèle, américaine, mais aussi ailleurs. On peut être structuré et sanitairement responsable. Cette crise peut rebondir ! On a pas couler et aujourd’hui, on a des énormes forces.

Aujourd’hui, dans l’hôtellerie, on demande tellement de chose qu’on se rapproche du travail de l’industrie. L’industrie hôtelière doit intégrer la sous traitence pour intégrer l’ensemble des professionnels qui participent a l’industrie de l’hôtellerie. Aujourd’hui il faut répondre a des enjeux nouveaux. Maintenant, on veut louer un velo entre 6h et 6h15, ou alors tard le soir pour la sortie apres le travail…

En autriche, il résiste a toutes les crises, ils ont une grande force indépendante, c’est très familliale. En france, les grands groupes ont beaucoup moins de flexibilité. Ils ne peuvent pas ouvrir aujourd’hui. Syndicat, Sinorcat - tous les hôtels palace parisien et la cote sud, et la Fagite - les hôtels de megève, chamonix et plein d’autre. On est très touché par la crise, hors celles des grands groupe se présentent très différentes. Dans le sud, à Paris, partout, c’est particulier. Or en Rhône Alpes, la distanciation se fait naturellement. Il y a beaucoup de discussion avec l’état. En France, il y a toujours eu des crises sanitaires. Dans les tables rondes, on se rend compte que la ligne de crête est encore longue. Il faut pas croire que le sanitaire va s’arrêter. Il faut s’intéresser à ce problème la. Quel sera l’enjeux demain ? L’intérêt d’une société indépendante est primordiale.

Le budget se réduit, 1000€ / semaine commence a être le maximum. Il faut donc répondre aux nouveaux budgets de nos foyers et changer nos modèles. Plein de possibilités s’offrent à nous : augmenter le nombre de lit chaud a l’année, s’appuyer sur le digital, travailler par cible. La montagne est faite pour tous, mais ce n’est pas la même pour tous !

FRANCOIS GAUTHIER - président de la branche Hôtels du GNI, hôtelier aux Contamines Montjoie

En france, on a cronstruit 350 stations en moins de 50 ans ! Nous avons un caractère fort atypique. Mais allons voir un peu ailleurs ce qui l’en est. L’autriche est un exemple car elle est très avancée sur la partie servicielle, la chine arrive fort et veut aller loin … Il est nécessaire de capitaliser au maximum sur notre clientèle française, et qui peut s’ouvrir a l’internationale quand il en est possible avec ce covid.

OUTSIDE : COMMERCIALISATION DES PRODUITS ET SERVICES, LES NOUVEAUX PARADIGMES

LIONEL JOUBERT GAILLARD - Responsable du développement tourisme & travel france, webedia

OUTSIDE : COMMERCIALISATION DES PRODUITS ET SERVICES, LES NOUVEAUX PARADIGMES

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Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Question - Florine - aménagement Les tours opérateurs peuvent casser l’imagé et se tourner plus sur le tourisme de l’été.

Or nous habitons la, nous sommes présents et réactifs, nous sommes intéressés et motivés, nous avons la force d’être la, contrairement aux tour operator, ou a l’ensemble des agences de voyage, etc. Les crédits immobiliers arrivent a bout, les gens louent pour rembourser, or quand ça leur appartient, ils cherchent plus à louer...

Les codes vont changés. Il faut casser les codes. Nous sommes des grands dinosaures sur les locations de vacance. Airbnb nous a fait mis une grande claque. Le court séjour, nous avons eu du mal a le suivre. On s’y est mis, mais il a fallu expliquer cela aux propriétaires, aux femmes de ménage, aux commerçants … C’est bien de le faire, mais c’est pas simple à mettre en place ! Il faut éduquer l’ensemble des gens. Les cours séjours marchent. Or il faut aussi trouver des nouvelles manières de travailler pour répondre aux demandes, éduquer les commerçants, les socioprofessionnels …

GABRIEL MINGEON, - Directeur général délégué du GSI.

OUTSIDE : COMMERCIALISATION DES PRODUITS ET SERVICES, LES NOUVEAUX PARADIGMES

INSIDE : QUELLE EST LA VRAIE VALEUR DES VACANCES À LA MONTAGNE ?

INSIDE : QUELLE EST LA VRAIE VALEUR DES VACANCES À LA MONTAGNE ?

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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A la sortie de ce confinement, on a réellement vu la dynamique ! On a vu qu’on pouvait être souder pour trouver des solutions avec l’ensemble des socioprofessionnels.

Nous, les guide de montagne, on se demande comment vivre de notre passion ? Et comment continuer d’en vivre sur les années à venir. Nous avons effectué une vidéo qui préparait la sortie du confinement. On parle du prix, de l’adaptabilité, du niveau … On a également organisé des Webinar pour parler de la montagne avec des invités d’univers très différents, des PDG, des philosophes, des militants de l’environnement, etc. Aujourd’hui, l’alpinisme est reconnu comme patrimoine mondiale de l’UNESCO. La semaine dernière, nous étions a l’éducation nationale pour trouver des activités pour les jeunes générations. En montagne, on apprend des valeurs. Quelles sont les capacités d’attractivité en montagne l’été. On a plus de 60 activités possibles en montagne. Nous sommes au sommet de la pyramide de maslo. Il faut les moyens physiques et techniques pour y parvenir.

ÉRIC CHARAMEL - Guide et représentant du SNGM de l’Arrima et des AMM de la Vanoise

Dans le accompagnement de la transition en Isère, ce qui est compliqué c’est la gestion du temps, de switcher entre la gestion de la saison d’été actuelle, celle d’hiver qui arrive, et celle de l’évolution future. Pour cette dernière, divers thèmes apparaissent : Adaptation de l’offre au nouveaux consommateurs, adaptation au réchauffement, adaptation de la mobilité, et la data (collecte et partage des données).

Le capital nature de la Nature a été estimé à 50Mds € et sur ceci, nous avons installé nos stations.

L’Isère c’est quoi ? Un ensemble de marques de stations. Des petites stations, ou les grenoblois viennent apprendre à skier, puis des domaines plus conséquents. Mais rien n’est permanent, sauf le changement. La difficulté aujourd’hui, c’est qu’on a plein de bonne intention. Or il est difficile de sortir du sillon.

VINCENT DELAITRE - directeur de Isère Attractivité

[...]

La valeur immatérielle des vacances à la montagne c’est le besoin de déconnection, et de connexion à la nature. Les freins de ce potentiel énorme, ce sont le prix, la sur-fréquentation et la difficulté d’accès. Il faut préserver le mythe, l’imaginaire, cette valeur immatérielle que l’on a, en reconsidérant les limites spéciales et temporelles.

DAMIEN ZISSWILLER, chargé du développement atout France

MODÉRATEUR : ANTHONY JULLIEN

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INSIDE : QUELLE EST LA VRAIE VALEUR DES VACANCES À LA MONTAGNE ?

Réf - Festival - Femme d’aventure

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Jean loup Cartier - Président de l’association 82-4000 - www.824000.org Le PDG de pezzl et plein d’autre participe à nos échanges. Ils sont intéressés. On a un patrimoine grandiose à mettre en avant, des saisons magnifiques. Pensons à l’été indien, il y a moins de monde, c’est magnifique, or les stations sont vides, les commerces sont fermés, etc. Les services ne suivent pas. L’attrait est la, il existe, on a qu’à le rendre accessible.

Questions Comment pouvons nous avoir des déséquilibres x4 des prix entre l’hiver et l’été ? Sur un même hébergement, les différences sont trop grandes. N’est il pas une mauvaise chose auprès de la clientèle de ce rendre compte de ces variation des valeurs des appartements ?

Question - Damien - focus montagne L’abondance du trafic l’été n’est pas un frein pour les régions. On remarque que le vacancier s’attend d’avantage a avoir cette fréquentation massive avec les grains de sable plus qu’avec les flocons… du moins, ça le dérange moins.

OUTSIDE : QUEL EST NOTRE NOUVEAU RAPPORT À L’ESPACE

OUTSIDE : QUEL EST NOTRE NOUVEAU RAPPORT À L’ESPACE

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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HABITAT COOPÉRATIF L’habitat coopératif sort complètement du système spéculatif. On créé un nouveau système au cœur de la coopérative, de la coopération. Ces habitats commencent a émerger de plus en plus dans les centres urbains. Or ceci peut être envisageable au cœur des villages. De plus, ces habitats ont un fort impact social.

Le lit touristique demande de se sentir chez soi dans un ailleurs. Notre boulot est de trouver un sens a ces projets autre que simplement habiter la montagne. Le sens dépend de ce que les gens recherche en plus de ce que la montagne offre. Mais l’architecture peut offrir des expériences qui orienteront le visiteur dans une direction d’un statut d’acteur au changement.

ÉCO TOURISME Exemple de projet : Loreto Bay - Agua viva - Mexico Sur une territoire très touristique, l’éco tourisme ne peut pas être le même partout. Il doit se développer en fonction de la situation. Pour ce projet, le territoire avait été transformé et on avait détruit l’ensemble du lieu. Le projet a pris la place du centre régénérateur du lieu. Il a rapporté l’eau, il a permis à la biodiversité de se régénéré, l’écosystème naturel est devenu un attrait touristique intéressant.

On va commencer par un bref aperçu de l’architecture a travers l’histoire. L’architecture Vernaculaire : c’est 70% de notre planète aujourd’hui, on parle d’auto-construction, avec des typologies adaptées au milieu et avec des matériaux locaux et qui répond à une culture micro-locale. L’architecture bioclimatique : elle apparaît dans les années 60, on s’associe au climat (soleil, le vent, etc) pour s’en protéger et en tirer des bénéfices. On reste sur des processus naturels, pas encore à de la grande technologie. L’architecture écologique ou naturelle : on explore une nouvelle manières d’habiter avec des formes inédites qui étaient uniquement motivé par le plaisir d’habiter et par l’exploration de forme et d’espace. On explore des expériences de vie avec des notions d’intérieur / extérieur. L’architecture et le développement durable : ce sont des règles et des normes qui permettent de concevoir en s’assurant qu’on répond à certaines qualités. Aujourd’hui, ces normes ne cessent d’évoluer, les systèmes intègrent le digital. Et pour finir, on arrive au sustainable. Mais sommes nous vraiment arriver la. L’architecture régénératrice quitte donc ces normes pour explorer des systèmes, des collaborations qui sont dégénératives. On s’appuie sur la perma-culture. Une adaptabilité qui fleuri.

On a décidé de vous interpeler sur trois domaines : - l’éco tourisme - l’habitat coopératif et les éco quartier - habitat des nouveaux seniors trois domaines qui créer des nouveaux modèle sociaux et économiques.

Vers une architecture régénérative

CORINNE ET JEAN FRANCOIS MERMILLOD - Archidoers

La relation que nous avons avec la montagne, la vision que nous avons d’elle. Tout cela concerne les touristes mais aussi les habitants qui vont occuper cette montagne. L’occupation de la montagne est quelque chose d’ancestral.

Pendant deux jours et demie, on a échanger pour comprendre comment le tourisme a évolué, évolue et va évolué. Lors de cette crise, on observe une accélération du changement. Pour cette après midi, on a décidé d’aborder notre propre rapport à l’espace. Un rapport à l’espace qui au cours de ce confinement à redoubler d’intérêt.

MODÉRATEUR : FLORENCE FOMBONNE ROUVIER

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OUTSIDE : QUEL EST NOTRE NOUVEAU RAPPORT À L’ESPACE

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HABITAT DES NOUVEAUX SENIORS Cette génération qui a eu beaucoup de liberté dans les choix, on ne peut aujourd’hui pas accepter de faire des concessions sur leurs confort. Les seniors souhaitent vivre une réelle qualité de vie. Et cette vie la doit se trouver au cœur de la vie sociale.

Mais sommes nous réellement prêt à vivre cela. Sommes nous capable de vivre ensemble ? Aujourd’hui, l’individualisme a pris place dans notre société. La vie ensemble n’est pas si simple que ca.

OUTSIDE : QUEL EST NOTRE NOUVEAU RAPPORT À L’ESPACE

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est faire avec la voiture, mais courir dans l’autre sens. Il est nécessaire d’avoir une mutualisation et une bonne logistique.

Un point qui a été mis en avant ce matin, c’est aussi la présence de l’automne et du printemps. On a des mobilités très efficaces, presque plus que dans le centre ville, or c’est seulement 3 mois dans l’année. Le reste du temps, tout est plus compliqué. De plus, on a une circulation dense de véhicule du BTP…

Les systèmes de mobilité pour accéder dans les territoires de montagne sont très importants autant pour le tourisme que pour les habitants locaux, les personnes âges, les enfants etc. La première vulnérabilité de la montagne est sa difficulté de l’accès. Dans 20 ans, la voiture est condamnée. Le territoire montagnard est dépendant pleinement de la voiture. Un système pas viable. La voiture est un déplacement « privé » or en réalité c’est un déplacement « public » car il demande des aménagements conséquents, un apport en carburant, etc. Comment devons nous donc reconfigurer nos territoires pour parvenir à changer cette mobilité ?

L’habitat ici est dans un double contexte : l’espace (pente et vallée = la contrainte et l’opportunité) et la temporalité (saisons, années).

Une thèse a été faite sur le vieillissement des populations en montagne. Si on pense aux tetralyres, c’est une espece qui a permis de mettre en place un système pour la préserver. Ainsi toutes les autres espèces ont pu être préservées. Ici c’est pareil avec la population vieillissante. La montagne est un terrain intéressant à étudier car elle illustre de manière très expressive les difficultés climatiques que l’on traverse.

Maire d’une commune rurbaine qui appartient a Grenoble Alpes Métropole. Ce n’est effectivement pas une métropole comme les autres. On porte de l’intérêt pour l’accès aux services et aux mobilités pour les rendre plus durable. Durable c’est 4 piliers : sociale, économie, environnement, culture (contexte et façon de faire locale).

FLORENT CHOLAT - géographe, sociologue et urbaniste, maire de champagner

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OUTSIDE : QUEL EST NOTRE NOUVEAU RAPPORT À L’ESPACE

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Et en montagne, on a une odeur, on a des matériaux, on a un espace sensoriel… Il faut plus que jamais s’intégrer à la nature.

Avec ce que j’ai vécu, j’ai regardé ce que j’avais gagné et non pas ce que j’avais perdu ! Les difficultés m’ont donné des opportunités et de la créativité. Pour choisir un matériaux, je demande a mes clients de toucher, sentir, marcher dessus. Je mets mes clients en harmonie avec leur environnement. Je fais de l‘architecture sensorielle.

Bref, j’ai fini cette maison. Puis l’ensemble des gens qui venait dans cette maison me disait qu’on s’y sentait bien. Je l’ai vendu pour ce que je voulais. Et en faisant cette maison, j’ai refait ma maison intérieure, et j’ai battu le virus qui me détruisait. J’ai alors commencé à racheter des maisons, les refaire, puis les revendre. Je les vendais pour plus chère que je demandais. Des gens sont alors venus vers moi pour me demander de construire leur maison.

Mais avant tout j’ai du me resaisir de cette maison. Dans un premier temps, j’ai touché, les murs, les décorations etc. Mais aussi j’ai écouté les sons. J’ai écouté l’ensemble des sons de l’habitat, et puis l’écho, l’écho en dis beaucoup sur la taille, sur les matériaux, les textures. Puis je me suis intéressée a l’odorat, j’ai découvert l’ensemble des odeurs d’un habitat. J’ai découvert aussi l’énergie. Dans une pièce, je me sentais pas bien. Comme une pression qui poussait dans un mur. On y a fait une porte fenêtre, puis tout aller mieux. J’ai alors saisi l’espace avec mon corps, vous connaissez Leonard de Vinci, et l’Homme de Vitruve (un homme dans un carrée en croix). La hauteur, et la longueur entre nos deux mains est la même. J’ai alors commencé à mesurer ma maison avec ma taille. Puis il y avait aussi la couleur. J’ai découvert que les couleurs avaient vraiment un impact sur nous et sur les énergies. La couleur est là pour nous faire du bien. La couleur est bien spécifique à chacun. Il n’y a pas de couleur à l’année, pas de tendance, de mode. Il faut bien comprendre que les couleurs et les matériaux sont propres à chacun. Comme le parfum, nous n’avons pas tous les mêmes sensibilités à l’odeur.

Je suis architecte, architecte d’intérieur, et aveugle. Originaire de Chamonix, parti au Etat unis pour travailler dans le cinéma puis dans la pub. A 33 ans, je suis devenue aveugle, c’était un choc. Je construisais ma maison à Los Angeles. J’ai finis cette maison, et je l’ai vendu pour pouvoir revenir en France pour profiter des soins français.

ERIC BRUN SANGLARD - "Blind designer » designer et architecte d’intérieur

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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On en revient aussi a la digitalisation. Parce que si l’on parle de travail, il faut la fibre. Pendant le confinement, ils ont développé des espaces de coworking. Certains font donc le choix de s’installer ici.

A Crévolant, 5 foyers ont décidé de s’installer ici en résidence principale. Beaucoup de familles prennent conscience de la qualité du cadre de vie en montagne. On a un retour au vert qui émerge. Pour nos petites communes il est intéressant d’essayer de les capter. Les petites communes ont pour action principale d’essayer de capter et de sédentariser ses populations (jeunes).

A noël, on est 35 000 au moins. Mais le reste de l’année, on est 800. Les communes tentent de jouer les jeux. Des commerces sont restés ouverts malgré la fermeture des stations. Les communes ont mis à disposition leurs services pour accueillir au mieux cette population des résidences secondaires qui ont décidé de venir se confiner en montagne.

La résidence secondaire, c’est une population valorisable. On peut penser que ces Hommes doivent être mis dans les décisions aujourd’hui. La vie d’intersaison dans les stations est à saisir.

Les urbanistes ont un travail auprès des élus pour mettre en place les plu, ou les divers document d’urbanisme. L’homme doit être placé au centre.

NADÈGE CHOMAZ - Urbaniste

La sculpture next step : le pas de demain, quel est le pas a faire. En réalité, depuis 5 ans, on observe un changement. JMV resort c’est 4 agents, 27 salariés et des projets principalement dans le luxe. On créait des chalets adaptés aux lieux, des résidences de tourisme, des hôtels, les restaurants folie douce (des espaces a thèmes). Depuis quelques années, on travaille sur des projets architecturaux à l’échelle d’un quartier. A Tignes, un hôtel de 200 chambres, a la rosière, on est sur un esprit village. On s’intéresse au cœur de station, aux infrastructures, aux musées, etc. on pense au parcours skieur, on a des escalators partout, on a des tripodes. On fait évoluer le monde économique. Mais qu’est ce que peuvent devenir nos stations ? Le monde politique local n’a pas les compétences nécessaires pour avoir une vision urbanistique qui conduit, non pas à 5 ans, mais plutôt à 25 ans… En Autriche, les villes sont complètement différentes. Tous ce passe en haut. Mais la différence, c’est que si vous aller au ski en suisse ou en Autriche, vous arrivez en train. Vous traversez vous êtes a l’hôtel, et de l’autre coté, les stations … Or, en France, on ne sent pas encore que quelque chose d’autre va arriver …

JEAN MICHEL VILLOT - Architecte, JMV Architectes

Actuellement, on voit beaucoup d’ascenseur valéen. Il y a des collectifs qui se mettent en place. Il est important de prendre en compte que les habitants se sentent complètement dépossédé de tout ca …

Dans un premier temps, il y a les acteurs du territoire, on a des gens natifs qui vivent le changement environnemental au quotidien. Le deuxième point touche à l’hybridation : on parle du 0 artificialisation … Patrick Arnaud (serre chevalier) a développé des énergies renouvelables. Y a t’il des espaces « fablabs » des écosystèmes qui pourrait être générateur de projet. Nous allons vers des micro-modèles auprès de chaque station.

Aujourd’hui, beaucoup de choses se passent, beaucoup de projets, de titres, de labels, d’associations apparaissent. Des contrats de développement écologique sont co-construits.

CLAIRE FAESSEL-VIROLE

MODÉRATEUR : FLORENCE FOMBONNE ROUVIER

INSIDE : A QUOI DOIVENT RESSEMBLER NOS STATIONS DORÉNAVANT

INSIDE : A QUOI DOIVENT RESSEMBLER NOS STATIONS DORÉNAVANT

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Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Question - cluster montagne On a des questions sur les petites communes, avec des résidences conséquentes. Comment on pourrait envisager ça dans les stations, avec des logements cellules ? On dirait qu’on a plutôt une approche économique uniquement. Chaque station est différente, on doit avoir une étude différente pour chaque élu et chaque territoire. Pour les petites et moyennes stations, on a réellement une volonté de vie de village. Pour les plus grandes communes (la plagne tarentaise), on observe un habitat en vallée car on a des logements pas viable a l’année sur les stations. les copropriétés et les logements celules mettent en difficulté le parc d’hébergement des stations. quel montage juridique et économique pour réhabiter les lit froids ? on ne peut pas forcer un propriétaire d’appartement a le louer ou le vendre. Pour compléter, les personnes de atout france ont évalué les pistes en savoie et on regarde les limites des systèmes. En station, c’est compliqué, on s’attaque au proprio, au copro, aux élus … Un sujet encore rempli de questionnement !

Jusque là, nous parlions de la journée skieur. Mais qu’est ce que c’est aujourd’hui ? C’est l’érosion du parc d’hébergement, la mise en concurrence avec une clientèle étrangère, la diversification vers les activités hors ski. Pour le maintient de la population permanente, les communes et les collectivités doivent tendre vers des logements permanents et une complémentarité hiver/été.

JÉRÉMY PERUZZO - urbaniste chez espace et mutation

Mais a partir de combien d’habitants supplémentaires, on doit assurer des commerces ouverts. Pour les petites stations, il faut trouver une solution pour que tout le monde parviennent à cohabiter sur un timbre poste.

INSIDE : LES VACANCES À L’INTERIEUR, COMMENT FAIRE DE L’HABITAT UN ATOUT DISTINCTIF ?

On a une résidence secondaire avec une question d’un fort pouvoir d’achat. Or on doit expliquer à ces nouvelles populations qu’il ne sera plus possible de construire et de grignoter du territoire. Les populations qui viennent s’implanter dans nos régions se mettent alors en concurrence avec les populations locales qui éprouvent de plus en plus de difficulté a se loger dans nos régions.

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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MODÉRATEUR : FLORENCE FOMBONNE ROUVIER LORENE HERRERO Dans les montagnes françaises, nous avons beaucoup de typologie d’appartement de référence pour l’architecture et la qualité de vie. On évoque notament l’architecture de Charlotte Perriand aux Arcs, mais aussi les chalets de Chamonix. Dans l’ensemble de ces intérieurs, on retrouve des grands espace de partage, et des endroits plus isolés pour pouvoir trouver un peu d’intimité. PIERRE FRANÇOIS AMEVET – Architecte d’intérieur L’architecture d’intérieur, il y a un réel travail de l’image, oui, mais pas seulement, on travaille aussi la conception et surtout la mise en œuvre. ANTOINE BARBEYER – Architecte Dans l’habitat, on fait des vacances. Et quand on parle de Montagne, on parle d’ubiquiste. Car la montagne est partout. Elle dégage une énergie, une pression, unn présence psychologique par le risque, une ambiance, une odeur, même dans un intérieur on sait qu’on est à la montagne. Les vacances deviennent un jeu entre intérieur et extérieur. Aujouord’hui l’habitat est deshumanisé. Or l’architecte met cet Humain au centre. Ainsi, au lieu de contempler, vivons, créons des expériences. Au lieu de regarder la TV, favorisons l’échange. La cuisine peut etre un espace de travail, de cuisine et d’échange. La chambre est un lieu où se retrouve le couple, un lieu de séduction. En créant des espaces, il faut déclencher des expériences, créer du partage, créer des souvenirs. Peut importe que le voyage soit montagne ou balnéaire, c’est un moment où l’on se lache. Les vacances sont un moment pour vivre différemment, pour regarder différemment, pour manger et cuisiner différemment, pour faire l’amour différemment. Il faut répondre au client, mais il faut aussi provoquer autre chose. NATHALIE DE BREDA La résidence secondaire, c’est un moment où l’on se retrouve en famille. Chacun y a son histoire, ces gouts, se famille, etc. Et on fait en fonction de cela. On demande de plus en plus d’endroit pour travailler. Ce sont des vacances à l’interieur, où les gens veulent aussi travailler. De l’interieur, il faut pas oublier qu’on a un impact énorme sur l’exterieur. Le décorateur doit expliquer aux clients l’importance de ce qu’on fait pour protéger l’exterieur, soit nos montagnes, l’environnement, le climat. Références : Relai Château du Grand Cœur Restaurant les Cretes Hotel Eterlou Rénovation aux arcs (conservation et mise à jour)

INSIDE : LES VACANCES À L’INTERIEUR, COMMENT FAIRE DE L’HABITAT UN ATOUT DISTINCTIF ?

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Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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En cette période nous pouvons compter sur nos résidences secondaires. C’est en quelques sortes une « sécurité de fréquentation » pour nos régions. Le marché domestique va se mettre en avant. En France, l’été, c’est 40% des fréquentations. On ne va plus se battre sur le même marché. Mais il y a des opportunités et des marchés à saisir.

Aujourd’hui, notre clientèle c’est 65% de français, et 35% d’étranger. Avec une fréquentation anglaise importante de 15%. Avec la crise sanitaire et son impact sur les mobilités, il est clair qu’on peut envisager des difficultés pour 2021. Les enjeux du tourisme vont être très très forts. Il faut s’adapter et être réactif.

Est ce que nos terreaux locaux pourront suffir à notre maintient ? Pouvons nous compter sur le régionalisme ?

Aujourd’hui, ce qui est en jeu, c’est qu’on est sur une crise de la mobilité. Il faut avoir une très grande prudence, or il va y avoir des pics. Il faut être réactif, et capter les marchés et les opportunités au moment où elles apparaissent. (Denis Ferrand)

De plus, l’ambition n’est plus de construire le plus grand domaine skiable, mais elles se placent plutôt sur le volet environnemental. Il y a des opportunités à saisir.

Aujourd’hui, les acteurs sont sur un recul, ils attendent un recul de 20 à 25% pour l’hiver 2021. Les tours opérateurs sont en recul de leur réservation de 51%. Pour les anglais, c’est un recul de 70% car s’ajoute à la crise sanitaire, le brexit ainsi que la fermeture du tunnel sous la manche.

Avec tout cela, on doit réfléchir à des rapports, des avoirs, etc. Comment préparer l’activité sur la saison à venir ?

Les ministres ont été invités.

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Denis - 34000 - Savoie, Haute Savoie, Hautes Alpes - chiffre des gens partis - substance économique qui disparait - des vacanciers et des saisonniers. Oui il y a eu des arrivées, mais il y a surtout eu des départs. Est ce que c’est pas autre chose. On a un capital incroyable que l’on exploite qu’une faible partie de l’année.

Maire de Valloire - maire de l’association des maires de stations de montagne On ne met en avant que la montagne n’est pas un refuge, beaucoup de départ au début du confinement. Mais n’est ce pas simplement les gens qui sont rentrés chez eux un peu tardivement. Je suis sidérée qu’on n’ait toujours pas de Ministre du Tourisme en France. Un secteur qui fait marcher énormément l’économie française. Allécher l’Européen et la France op

Sur les départements de la Savoie, hautes Savoie et hautes alpes, en début de confinement, c’est un décompte de 34000 personnes qui quittent ces régions. C’est une substance économique qui disparaît.

Aucune crise n’est transposable à ce qu’on a aujourd’hui. Toutes les crises sont toujours originales. Or toutes les crises ont une réponse commune : réduire la capacité à générer de la croissance. On parle bien d’évolution de comportement. Une crise est une perte de revenue. (Denis Ferrand)

On parle de ramener les jeunes en montagne. On parle de digitalisation. On parle d’exemplarisation, de pratique éco-friendly. Plein de nouveaux enjeux et concepts qu’il sera nécessaire de saisir avec une bonne maîtrise pour ne pas finir par se faire montrer du doigt pour avoir suivi des phénomènes de « mode ». (Denis Ferrand)

Pour cet hiver 2020, la saison avait bien commencée. Nous étions en avance de réservation de quasi 1% par rapport à l’année 2019. Puis au 15 Mars tout s’arrête, pour finir une saison d’hiver à -20%. On avait cette année une avance générale par rapport à l’année 2019. On finit donc la saison avec 37 millions de nuitées Versus 47 millions l’année dernière. Le manque à gagner s’élève donc à 10 millions d’euros. Cette année on perd donc en moyenne 20% de notre retombé économique. Dans les grandes stations, on presente des valeurs supérieures au 20% national, tandis que dans les Pyrénées par exemple, on se trouve autour des 12%.

TEMPS DE QUESTIONS ET D’ÉCHANGES

G2A - 85 stations touristiques, enquêtes et études

INTRODUCTION : BILAN ÉCONOMIQUE DU SECTEUR À DATE ET PERSPECTIVES DE CROISSANCE À MOYEN TERME

GILLES REVIAL - Co-gérant de G2A Consulting

INTRODUCTION : BILAN ÉCONOMIQUE DU SECTEUR À DATE ET PERSPECTIVES DE CROISSANCE À MOYEN TERME

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OUTSIDE : L’IMAGE DE LA DESTINATION MONTAGNE REPOND-ELLE AUX NOUVELLES ASPIRATIONS ?

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Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Il y a un bref parallèle à faire avec la psychiatrie. Depuis quelques années, on observe une augmentation, et en 2021, les chiffres vont encore augmenter avec cette crise du covid, et ça va continuer. Aujourd’hui, toutes nos projections sont remises en question. Aujourd’hui, il va falloir fonctionner sur du présent, tout le temps. Être réactif et saisir les opportunités au jour le jour.

Quelle authenticité allez vous offrir aux clients qui viennent vous voir ? Quelle est notre offre ?

Mais qui vient aujourd’hui en montagne ? Le tourisme, l’aventurier, l’explorateur, etc. Le tourisme de masse. On doit arrêter de prendre l’avion pour rien. Aujourd’hui, on doit prévoir dans 10 ans. Aujourd’hui il y a cette notion d’authenticité absolue et la digitalisation. Plutôt une Naturalisation. Notre territoire national que l’on vient visiter. Le citadin veut visiter la campagne. En 15 ans, on a transformé des territoires entiers.

Ajourd’hui, on a un réel enjeu : s’adapter à demain dans un contexte chamboulé. On vit une situation de crise systémique unique aujourd’hui. Ce virus, c’est une crise environnementale. Et quand on aura résolu cette crise, on aura pas répondu à l’ensemble des problématiques d’avant. On ne doit pas rester en résilience. Aujourd’hui, on doit s’adapter et projeter les crises futures pour modifier nos comportements pour les éviter. Le tourisme est une bulle récente qui a environ 70 ans. On a une stabilité unique qui a stabilisé nos sociétés et nos régions. Mais c’est une bulle. Il faut prévoir et anticiper, projeter une adaptation du tourisme pour qu’on puisse continuer de visiter les montagnes.

CHRISTIAN CLOT - explorateur, chercheur écrivain suisse et français) fondateur de l’adaptation institute

Modérateur : Raphaël Sandraz

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Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Les concepts qui suivent sont donc « La détente et le bien être » (2), « les vacances éco-responsable » (3), « les vacances familiales » (4), « le fun » (5), puis « les sports intenses et la pleine nature » ( 6).

Nous avons essayé de comprendre quels sont les concepts les plus attractifs pour ces jeunes. Et le concept qui sort en premier est celui de « La petite ville à la montagne » (1). Et c’est évident, on a une clientèle essentiellement urbaine. Une clientèle qui n’a pas forcement envi de venir à la montagne, ce territoire dangeureux où il y a la pente, ce territoire complexe d’accès s’ils n’ont pas de voiture, etc … On recherche donc une petite ville où l’on peut faire l’ensemble de ce qu’on veut.

Nous avons essayer de comprendre qu’est ce qui attirait ces jeunes dans nos montagnes en hiver. Et le ski n’est plus l’unique intérêt. Aujourd’hui, on vient aussi pour la neige (55%), pour le paysage (55%), pour le cadre montagnard (48%), le calme, l’air pur, etc.

Il est clair que chez nos jeunes français, la montagne française suscite de l’intérêt. Pour les jeunes anglais aussi, la montagne française fait partie de la montagne « locale ». Ils n’en n’ont pas sur leur territoire, alors nos territoires montagneux deviennent aussi le leur.

Mais Atout France, c’est aussi l’anticipations du devenir des stations de montagne à l’horizon 2030 2035. À l’heure d’aujourd’hui, on voit que l’attractivité en montagne se perd en hiver, et gagne de l’intérêt en été. Nous avons effectué une étude auprès des jeunes, de 18 à 25 ans pour réussir à avoir une socio-vision de la demande. Elle sera publiée en Septembre, mais ça nous donne déjà aujourd’hui un petit aperçu.

Atout France essaye de réagir au mieux avec cette crise, que ce soit pour cette année ou pour les années à venir. À l’heure d’aujourd’hui, nous avons mis en place une campagne de publicité « cet été je visite la France ». Une réponse direct pour soutenir l’économie lié au tourisme de notre pays face aux difficultés sanitaires qui touche le monde entier.

JEAN BERTHIER - Délégué de Montagne Atout France, Opérateur de l’état

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Il en faut un petit peu pour tous les gouts, il faut s’adapter aux lieux et aux divers profils des clients. Si on arrive aujourd’hui à ouvrir aux intersaisons, c’est qu’on aura progressé. La digitalisation a un rôle très important pour la communication de la montagne au printemps et à l’automne.

On réfléchi beaucoup sur plan, de manière fondamentale mais aussi en volume. Avant tout, nous sommes aménageurs de « ressort » et de « smart ressort ». A Saint Ouin, on a un laboratoire où l’on construit des cellules et des unités de logements, des prototypes, pour parvenir à être juste. On a décliné l’ensemble des usages et des comportements de chacun pour parvenir a être le plus juste. On interroge nos clients pour modifier et adapter. C’est une co-construction avec les clients et le temps. La nouveauté du groupe est de penser à la requalification de l’existant. Aujourd’hui, on a racheté une résidence complète à Avoriaz pour la convertir au mouvement actuel.

D’après les pronostiques, on va perdre 20% sur l’hiver qui arrive. On n’aura pas le choix de trouver autre chose, pour cet hiver, mais pas que …Il faut y intègrer la réversibilité. On construit de l’immobilier pour une offre contemporaine. Mais on doit être prêt à s’adapter au fur et à mesure. Aujourd’hui, dans une même structure, on doit être capable de le concevoir avec une grande réversibilité. C’est comme cela qu’on a pensé les projets en cours à Aime 2000 et à Villard de Lans.

Comment s’en inspirer pour parvenir à intégrer le tourisme 4 saisons sur la montagne ?

Notre métier, c’est d’être aménageur de « village nouveau ». On le fait pas seul, on le fait avec tous les acteurs locaux. Les « village Nature » sont faits dans les régions où il n’y a pas grande chose à faire, des lieux où il y a très peu d’attractivité, contrairement à la montagne. Et on y invente une attractivité nouvelle, on y met en avant les qualités et les spécificités du lieu. Un projet qui présente une démarche intéressante pour comprendre comment exploiter un endroit à l’année. Par exemple, nous avons installé un village nature dans le Lot et Garonne. Nous nous sommes implantés sur un site vierge, où nous avons décidé de mettre en avant le concept de la « permaculture ». Nous avons donc impliqué un ensemble d’acteurs locaux dans la conception et la gestion du projet pour agrémenter l’expérience offerte à notre clientèle. Nous offrons donc un tourisme de proximité, qui répond à la demande de dépaysement du client urbain tout au long de l’année.

Comment le fait-on ?

La crise du covid est une opportunité à saisir, c’est un accélérateur de solution et d’innovation, un accélérateur de recherche et de réflexion. Pierre & Vacance est le leader européen de tourisme de proximité qui répond à une clientèle française majoritairement. Des projets qui répondent déjà aux problématiques mises en avant par la crise. Les « center parcs » et les « village nature » ont été conçus des l’origine dans l’optique de mettre le territoire français en avant pour une clientèle française. De plus, Pierre & Vacance construit et exploite. Nous ne laissons pas nos bâtiments derrière nous, et produisons donc uniquement des lits chauds. Aujourd’hui, en montagne, pierre & vacance c’est 86 Résidences.

Comment se réinventer ?

STEPHANE LERENDU - directeur général délégué, Pierre et Vacances développement Il travaille à paris et vit en Haute-Savoie.

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Maintenant, le souci, c’est qu’on perd le contact, le réseau. Il y a vraiment un apprentissage à faire sur la montagne. Pour répondre au besoin d’expérience : l’apprentissage. Pour les jeunes, venir en montagne, c’est écolo. Mais il se méfie des logos … Il faut aller vers l’intelligence et le bon sens du consommateur. Attention a l’authenticité folklorique. Il faut se démarquer du marketing basique. Et il faut qu’on arrête d’aménager et sur aménager la montagne, mais plutôt qu’on mette en avant notre patrimoine déjà existant.

La montagne : l’apprendre et la comprendre

Dans l’imaginaire, l’aventure c’est Kilian Jornet. Mais à chacun son aventure. Un inuit qui chasse, c’est son bureau. Un parisien qui va chasser avec l'inuit, c’est une aventure incroyable. Il faut arrêter de vendre un système tel qu’on veut qu’il soit. Chez les 18/25 ans, il y a une déèapétence au risque. On veut faire des activités a frissons, sans aucun risque. A chacun son aventure. Les émotions qu’on ressent orientent la décision. Quelle émotion on veut susciter aujourd’hui ? Quand on se balade dans un village, tout nous rapporte à l’hiver. Qu’est ce qui émerveille aujourd’hui ? (Christian Clot)

L’aventure c’est quoi ?

On peut se demandé si la montagne est vraiment à porter de mains, si elle est accessible à tous, si l’on peut vraiment profiter de tout ça. Mais oui, chacun a son aventure. Chacun a sa quête et son rêve. Chacun a sa vitesse, chacun a son objectif. Peu importe jusqu’où on va, et a quelle vitesse. Ce qui est important c’est d’y être. Il faut arrêter de s’intéresser qu’au sommet. Il faut aussi arrêter aujourd’hui de parler des urbains et des ruraux. Il y a des urbains qui partent moins mais qui font des trucs de fou, puis des montagnards qui vivent comme des urbains et qui ne vont jamais en altitude. La montagne doit devenir un territoire témoin et un terrain de responsabilisation.

L’accès à la Montagne

Dans les hautes Alpes, à l’origine des stations de ski, nous avions une grande frustration face à l’évolution de la Savoie et de la Hautes Savoie. Puis avec du recul, on s’est rendu compte qu’on était peut être allé trop loin. Mais la montagne reste encore un lieu un peu reculé. Avec les villages vacances, on fait rêver les gens. Mais ici, la montagne se suffit. Aujourd’hui, on doit amuser les gens, on met de la musique, on les assiste. Le public aujourd’hui a soif d’authenticité. Il faut prendre la montagne pour ce qu’elle est. Le printemps, l’automne, c’est la que la montagne est la plus belle. Par exemple, dans les Abruzzes en Italie, ils ont fait ce pari de protéger ce qu’ils avaient (loup, ours). Aujourd’hui, c’est une région très touristique. Il faut jouer sur l’intersaison. Ce qui nous tue, c’est que si l’on vient au mois de mai, il n’y a rien, pas de transport, pas de service, rien… Aujourd’hui, on peut encore vivre des trucs énormes en montagne. C’est à porté de mains et c’est gratuit.

La naturalisation de la Montagne

JEAN MICHEL BERTRAND - Réalisateur et scénariste de films (La Vallée des Loups - Marche avec les loups)

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Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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La Naturalité, est ce en continuité ou est ce une nouveauté ? A la base, les stations de ski que l’on a conçu, c’était des portes d’entrée à la montagne, on vous déroule le tapis rouge pour vous faciliter « le ski ». Emile Allais a inventé le service des pistes à Courchevel pour préparer le terrain et faciliter l’accès à la montagne. On créait des pistes, des chemins, des aménagements pour créer « une aventure ». Et aujourd’hui, c’est toujours une aventure. Et on n’en a pas mare de skier aux Gets, aux Menuires, aux Trois Vallées. On n’en a toujours pas mare de skier. Et aujourd’hui, on est sur un terrain urbanisé pour permettre l’accès à la montagne. Après, chacun son aventure sur le territoire alentour.

Définition du « tourisme de masse » : offrir ce que le touriste pense chercher. On vient chercher le cliché, et si on ne l’a pas, on est déçu. Et encore plus aujourd’hui avec le phénomène d’Instagram.

GUILLAUME DESMURS - Journaliste, rédacteur en chef, scénariste et écrivain

Souvent, les pubs montrent la station de ski mais aucune image de la montagne. Commençons par là : où est la montagne ? On a aujourd’hui l’aménagement de l’activité, or on a perdu complément le « savoir-vivre » de la montagne. On n’est nul part. « Le tourisme : c’est emmener des gens qui seraient mieux chez eux, dans des endroits qui les préféraient chez eux. » Le tourisme ne fait pas toute la montagne, or l’ensemble des décisions sont faites pour le « pognon » du tourisme des stations de ski. Aujourd’hui, on a des stations de ski avec une histoire, une architecture, une identité. On doit mettre ceci en avant et pas des passerelles dans le vide.

VINCENT NEIRINCK – co-directeur de Mountain Wilderness

Le propriétaire, il fait parti de ceux qui ont investi et développé la montagne. C’est le premier ambassadeur de nos territoires. Les propriétaires de résidence d’agrément ont acheté car ce sont des résidences dans des territoires naturels. Aux Arcs, on a 5 villages, c’est plus big is beautiful, c’est small is beautiful. Aujourd’hui, en montagne on trouve à la fois un espace de jeux merveilleux, avec un contemplatif, et un panel d’expérience physique tellement large.

ERIC ADAMKIEWICZ - maitre de conférence en management du sport et du développement

Le tourisme a permis aux habitants de rester habiter en montagne. Mais aujourd’hui, on pense totalement différemment l’aménagement. Si on obligeait l’occupation des appartements, on pourrait développer la montagne 4 saisons. On a une possibilité d’hébergement présente, mais inoccupée.

JEAN LUC BOCH - maire de la plagne, président de france montagne

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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JL - On doit trouver des termes communs. Les uns sans les autres on est incapable de faire changer la situation. C’est quand même grave qu’on ait à attendre une crise majeure pour pouvoir enfin travailler ensemble.

Guillaume - le problème c’est que les stations ne sont pas faites pour travailler ensemble …

Question - Camille - Montagne Riders C’est intéressant de ce demander « maintenant, on fait quoi ? », c’est intéressant de voir « ces fakes de la communication ». Mais maintenant, comment demain on co-construit ces stations avec l’ensemble de ces acteurs ? Aujourd’hui, on a beaucoup d’acteurs pour travailler la dessus.

Guillaume - Aujourd’hui, ici, on vit tous des stations de ski. Comment dans 20 30 40 50 ans vont encore vivre en montagne et vivre avec les stations de ski ? Aujourd’hui on a un système en place qui fonctionne, et on a envi de la faire perdurer. Le monde d’après, ce sera comme le monde d’avant, mais en pire. Ok, comment on fait avec ca ? La nature c’est notre fond de commerce, comment on peut faire avec ?

Eric - Il faut qu’on accepte ce qu’on a fait. On a fait des boulettes, c’est clair. Mais aujourd’hui, on doit faire avec si on veut que le système continu. Il faut qu’on s’adapte. En fonction des territoires, les évolutions sont forcément différentes. L’enjeu est le même : on est dans des espaces de nature remarquable, communiquez sur l’air pur. Aujourd’hui, l’intérêt pour l’architecture est remonté dans les intérêts. On s’intéresse à ce qu’on nous donne à voir.

Vincent - Le problème environnemental est un problème majeur sur l’ensemble de la montagne. Les refuges sont touchés aussi avec ces montagnes qui se cassent la gueule, etc. Les états généraux de la transition écologique de la montagne étudieront aussi ce sujet là. Venez pour en discuter.

JL – Et bien aider nous a préserver le train.

Vincent – On fait des SCOT, on essaie de travailler ensemble. Malgré tout, chacun veut être plus grand que son voisin. Or il n’y a pas de sous montagne. Elles sont toutes des montagnes spécifiques, et il faut jouer là dessus. Chacun a ses aménagements ou pas, Maurienne et Tarentaise. Tous ces endroits instagramables, on commence tout juste à les relocaliser. Vous n’aurez pas la même neige selon vous serez. Vous n’aurez pas les mêmes photos des pistes de neige partout. C’est fini les retouches Photoshop pour rajouter des montagnes sur les horizons des publicités. Il n’y a pas de sous montagne, il faut faire venir les gens pour ce qu’on a et ce qu’on est. Il y a une prise de conscience, oui. Or sur les SCOT, tout ce qui sort, c’est qu’on veut être plus grand que le voisin. Mais comment allons nous faire quand on aura plus les avions gratuits ? Comment on va faire si tout ça cesse …

JL - Mais pensez vous que l’hiver, on peut travailler ? On n’a pas le choix de s’adapter à l’activité et au milieu. On fait les chantiers quand on le peut. Maintenant, on évite les gros développements, et on essai de privilégier les petits aménagements, rénovations, etc. Aujourd’hui, on n’est pas des pires en temps que français, on est depuis des décennies, motivées. On est vertueux. On doit avec des événements, des séminaires, etc, on doit rendre l’attractivité à l’année. Mais malgré tout, on doit privilégier la nature qui nous entoure, sinon, on a plus rien.

Guillaume - en été, la station, ce sont des chantiers, ce sont des grues, des services des pistes dans tous les sens, etc. La station de ski l’été est un chantier pour préparer l’hiver.

JL - On vente les qualités de la montagne en été. Atout France a participé à cette campagne du territoire français pour les français.

Guillaume - Mais, on communique de la même façon depuis 60 ans …

Jean Luc - Ces structures doivent travailler ensemble pour mettre en avant nos massifs alpins avec une image ludique.

INSIDE : REVENIR À LA NATURALITÉ DES PRATIQUES SPORTIVES ET DE LOISIRS.

Modérateur : LAURENT SURBECK - Montagne TV

INSIDE : REVENIR À LA NATURALITÉ DES PRATIQUES SPORTIVES ET DE LOISIRS.

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Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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JL - On a des dizaines de stations très différentes, on doit la cultiver. La France a le plus de diversité. C’est là notre richesse.

Guillaume - Ça fait des années qu’on voit le modèle américain, autrichien, etc. Il y a des choses que l’on ne peut pas faire en France. En France, le vrai sujet, c’est la gouvernance, qui décide ?

Eric - On ne va pas au fond des choses, on regarde juste la fiche synthèse. Pourquoi les jeunes ne viennent pas ? C’est simple, c’est pas pratique, c’est cher … C’est pas un ministre qui nous faut. Jusqu’à maintenant on s’est reposé sur l’état qui, jusqu’à aujourd’hui, a servi en matière grise et en finance. C’est notre modèle que l’on doit changer … Le blaireau et le seul animal que l’on peut plumer. Mais aujourd’hui, on veut plus ça… Il faut qu’on analyse finement le jeune client. Le samedi, qui partirait dans cette salle ? On a tous pleinement conscience des problèmes que l’on a, mais l’on n’y répond pas.

Vincent - Il faut qu’on réfléchisse tous ensemble, quels sont nos atouts. Il y aura les ÉTATS GÉNÉRAUX assise de la relance en montagne. Il faut qu’on en face des territoires vivable et non pas seulement viable.

Francois - syndicat hôtelier - hôtelier aux Contamines-Montjoie Je ne suis pas venu aux assises pour voir la fin des Savoies. Mais pour avancer. Je peux voir plein de richesses différentes dans chaque région. Aujourd’hui, je ne suis pas venu pour voir le décès. Mais pour parler de ce qui marche. Regarder le projet de Crans Montana. Covid, c’est génial, c’est le seul qui met tout le monde d’accord. Comme une avalanche, ou on est tous d’accord pour réparer les dégâts. Dans le monde hôtelier, il y a des italiens très malins qui font des choses incroyables. Il rend son système vertical. Il faut faire venir les gens, avec des moyens modernes et écolo, et il faut faire pratiquer la montagne. Je voudrais voir ici des modèles qui fonctionnent. En 2004, Les contamines montjoie (le premier cluster français covid) et pourtant notre économie c’est 60% l’été et 40% l’hiver. Or on a le domaine le plus enneigé de France. On a pris le marché du tour du mont blanc, et aujourd’hui, on bosse tous, ça fonctionne, et on a piqué les marchés de personne.

Guillaume - le LAMA, c’est un laboratoire de recherche pour contribuer a l’évolution des modèles économiques. Il faut que ça reste des modèles économiques qui font vivre des vallées, des montagnes, etc. Comme depuis toujours, ça commence par une idée, et on réfléchi à comment on peut faire évoluer ces modèles économiques.

Laurent – Y a t’il des groupes de débat ?

Question - Maire de Valloire Pourquoi est on aujourd’hui ici à parler de ça ? En 1935, il y avait des petits agriculteurs qui vivaient ici. Qui on rencontrer des touristes, et qui leur on présentait le ski. En 1945 on créait l’association des maires. A Valloire, une grande partie de la population vit de ce qu’elle produit. Ils n’ont aucune aide. Il faut que l’on s’aide tous. Les associations écologiques qui aident la prise de conscience, on a besoin des politiques, etc. On peut pas perdre ça, sinon on devra tous descendre dans les mégalopoles, et là, ça ne sera pas triste.

Guillaume - Les pistes de randonnée, c’est super, si l’on ne peut pas ouvrir les domaines skiables, et bien on aura un boom du ski de randonnée. On a eu deux exemples ce matin, avec pierre et vacance et « l’expérience client ». C’est ça ! On doit étudier le parcours client de quand il part de chez lui. On parle de celui qui part de paris, qui galère sur la route qui dort a moutiers …

JL - Aujourd’hui, de plus en plus de gens viennent pour profiter du ski de randonnée.

Question - Emmanuel Davos - Magazine Montagne Expert Allons nous trouver de nouveaux modèles de développement pour chacun ?

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Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Il y a aussi Airbnb, c’est l’intégration de la pop locale dans l’économie du tourisme, une aide financière pour les foyers. Mais c’est aussi un retrait des habitants dans les centres villes pour les réserver au tourisme.

Il y a l’articulation des calendriers : c’est une opportunité pour l’espace dans le temps du tourisme. La fermeture des frontières et la limitation de la mobilité va cependant impacter les vacanciers. Certains se demande s’ils vont pouvoir partir de chez eux ? D’autre se demande s’ils auront la possibilité financière ? Serait-il pertinent d’étaler les vacances d’été dans le temps comme les autres.

Que faire : privilégier un tourisme élitiste ou contrôler et gérer la masse ?

Or on ne nait pas touriste, on l’apprend. Aujourd’hui, dans la mise en place de nouvelles normes, on peut se demander quel caractère valoriser. On doit donc aujourd’hui avoir une réflexion sur le temps du tourisme. Quels sont les enjeux du tourisme aujourd’hui, au temps du Covid 19 ?

Elias & Dunning questionnent les vacances et les loisirs. Dans une société ou les émotions sont sur-contrôlées et encadrées. Dans les vacances, on se rapporte à la libération des émotions. On veut « rien » faire. On va donc provoquer un « relâchement contrôlé des contrôles ». Le dépaysement doit donc être provoqué.

A quoi servent les vacances ? Quelles sont ses fonctions sociales ?

Le touriste se distingue des autres. L’idiot du voyage. Aujourd’hui, on veut plus de touristes, on veut des visiteurs. C’est un changement dans le discours et dans les pratiques. On recherche une distanciation sociale. La massification engendre une sur-fréquentation et un sur-tourisme. Apres avoir mené des politique actives, on arrive à une tourismophobie. Or, pendant deux mois, les destinations touristiques sont devenues des No man’s land avec le confinement.

Se différencier : La logique de différenciation

L’encadrement : premier mouvement des pratiques touristiques

Un enjeux à l’intérieur des usines. Mais aussi a l’extérieur avec un temps de travail et de hors travail. Aujourd’hui, cette notion est re-questionnée avec le travail. Des enjeux qu’il faut comprendre pour appréhender les enjeux et les aspirations du tourisme.

Le temps : construction sociale et politique.

Très tôt, on a des agents qui se chargent d’enrichir les objet du passé. Ces biens symboliques prennent de la valeur. En montagne, l’alpinisme prend part. Auparavant, on se concentre sur le tourisme estival.

Les recompositions sociales des temps :

Le tourisme représente qu’une partie du loisir. S’intéresser à la seule pratique du tourisme dépasse le seul moment de la pratique du tourisme. Nous devons commencer par se poser certaines questions. Pourquoi ce temps de vacance est devenu plus centrale dans nos temps de loisir ? Quelle est la place des montagnes dans tout ça ?

« Quand on a marché deux heures dans une montagne, on est plus intelligent » Coline Serreau

MODÉRATEUR : JUSTINE MURIDI

OUTSIDE : COMMENT REMOBILISER LA CLIENTÈLE NATIONALE ET DE PROXIMITÉ ?

OUTSIDE :COMMENT REMOBILISER LA CLIENTÈLE NATIONALE ET DE PROXIMITÉ ?

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Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Question pour Daniel : Le flixcam, c’est une partie de la scandinavie qui fait honte de prendre l’avion. Mais aussi qui met en avant le fait de prendre le train. Maintenant, on voit un nouvel aspect dans les motivations à prendre le train, car ils ne veulent plus prendre l’avion…

Une coopérative « Railcoop » est apparue. Elle a créé une ligne Bordeaux / Lyon. Le prochain sujet qu’ils pensent aborder, c’est de rendre accessible la montagne par train. Aujourd’hui, la concurrence à la SNCF apparait et il est primordiale de saisir l’opportunité ! On est une association, on peut s’unir pour porter des projets ! Aujourd’hui, beaucoup de subventions sont demandées pour les enneigeurs, pour beaucoup de choses. Aujourd’hui, on peut demander des subventions pour avoir plus de train… Les vacances doivent commencer sur le quai !

Le plus gros impact des stations de ski, c’est le transport ! C’est bel et bien l’acheminement des vacanciers en montagne… Le train est le meilleur moyen de se déplacer de manière éco responsable. POW a publié récemment une pub de 1987 à propos de l’acheminement des vacanciers avec leurs voitures sur le train. Une publication qui a eu un succès remarquable sur les réseaux. Aujourd’hui, pour agir, parler de la rénovation du logement, il est temps qu’on se mobilise ensemble pour trouver les subventions nécessaires pour pouvoir aider les propriétaires à la rénovation et à l’occupation de leurs logements. Or on oublie que 50% de l’émission de carbone faite par les stations provient uniquement de l’acheminement.

Aujourd’hui, on sait qu’on a réellement un enjeux climatique à prendre en compte. Mais comment pouvons nous faire pour continuer de vivre notre passion. Comment pouvons nous évoluer avec ces enjeux. Il faut prendre en compte que nous sommes des témoins et qu’on prend la parole. Le film Shetler est l’une de ces paroles, on peut être un athlète professionnel et montrer une carrière de proximité ainsi qu’une carrière éco responsable. Le ski bashing a été abordé ce matin sur quelques rotations hélicoptères sur une station qui avait besoin d’apport de neige pour finir la station. Mais ce qu’on dit c’est « l’impact de l’émission de carbone, c’est pas que nous. » Voila ce qui a été dit ce matin… Mais commençons par nous pointer du doigt nous même.

ANTOINE PIN - Directeur des Opérations Protect Our Winter (Pow)

La difficulté du tourisme par le train se trouve au niveau de l’organisation et des réservations. Cela suffît a décourager une partie des clients. Il y a beaucoup de solutions, des plus dures, d’autres plus simple. L’enjeu est donc simplement d’accompagner le voyageur de sa porte d’entrée jusqu’au cœur des montagnes françaises. L’aventure commence quand on passe le pas de sa porte.

Si l’eurostar est annulée, il faudra montrer aux anglais les alternatives possibles. Aujourd’hui, l’eurostar c’est pour aller en Savoie, mais aussi à Paris et en France en général… Par train, le voyage est long, mais il peut être très bien encadré et accompagné. Or il est nécessaire de comprendre que l’anglais ne peut s’en sortir seule pour booker son voyage. Il est rapidement nécessaire de passer par les tours opérators, ou les agences de voyage.

( Save the ski train - eurostar – pétition à signer )

Les occasions, les opportunités et les challenges pour ramener les vacanciers anglais en France. Nous savons pourquoi nous voulons déplacer les gens par le train. Il y a un réel marché par le train.

DANIEL ELKAN - Fondateur de Snowcarbon.com (amèner le tourisme anglais en France par train)

OUTSIDE :COMMENT REMOBILISER LA CLIENTÈLE NATIONALE ET DE PROXIMITÉ ?

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Montclar - maire de la station du sud Pour l’hélicoptère, c’était nous cette année, c’était trois rotations qui ont permis à une vallée entière de survivre. Demain, on a des investissements à faire, or ce n’est pas que nous qui décideront… C’est une commune de 414 habitants, on doit assurer l’ensemble de la vie de la vallée ! Sommes nous encore nous maitre de nos investissements ou sommes nous seulement dirigé par des pouvoirs toujours au dessus de nous (l’agglomération, la région, etc).Les entités au dessus vont toujours prendre les décisions pour nous. Ils sont trop éloignés de nos activités locales… nos investissements, nous n’en sommes plus décisionnaires…

JP - On est coincé entre un tourisme raisonnable (généralement élitiste), et un tourisme de masse. Quand on démocratise, on ne peut pas être exceptionnel…

Kaline - Est ce que les investissements doivent se tourner vers une nouvelle clientèle ? La festivité ?

JP - Il ne faut plus un développement quantitatif mais bien qualitatif… De nombreuses communes commencent à prendre conscience de cela… Une station qui a 30 000 lits, il ne faut pas se le cacher, ils ne sont jamais tous occupés … Il faut faire attention de ne pas perdre la vie sur notre territoire … Nous ne devons pas perdre nos démographies. Il faut privilégier des zones pour que les habitants qui veulent s’installer et vivre ici le puissent ! La vie de village est un charme extrêmement important dans l’attractivité de nos régions. On recherche du bien être… La montagne elle même, l’accueil des montagnards, le bien être, le sport, etc. En plus de ça, parfois il y a des équipements interessants, il faut en profiter. C’est pas normal cependant qu’on créé des Folie Douces pour faire de l’argent …

Kaline - un point de vue globale sur les investissements en stations ?

JP - Une question de volonté, d’organisation administrative … Il faut aussi convaincre les parents d’envoyer leurs enfants en classe de neige. Mais aussi, 80% des gens qui viennent à la montagne en hiver, c’est pour le ski. Nos pourcentages n’augmentent pas. On n’a pas une clientèle en hausse, ou en baisse… Il faut mettre en avant les petites stations pour qu’elles offrent des séjours de découverte de la montagne avec des prix accessibles. Si l’on n’initie pas les gens à la montagne, ils ne viennent pas ! Quand on vient a la montagne, avec une belle semaine, on créait des souvenir qui resteront et qui nous ramènerons, plus tard, une clientèle fidèle et prête à monter en gamme. Posons nous la question si dans quelques années nous aurons toujours nos vacanciers étrangers…

Kaline - La classe de neige est beaucoup mise en avant. On en retrouve aujourd’hui très peu. Qui s’occupe de ces financements ? Reste t’il encore beaucoup d’organismes prêts à accueillir à moindre prix des classes neiges, des classes montagnes ?

Il faut savoir que la station n’existe pas. Ce sont d’abord des communes. Ces communes qui investissent dans ces projets. Les communes, avec ce Covid doivent agir pour maintenant, et pour l’avenir. Les projets actuels continuent, ils étaient budgétés avant le covid. Donc les projets avancent. La marche forcée ne convient pas du tout au commune des stations de montagnes qui ont des gestions très différentes en vallées, et encore plus bas, en ville. A cela s’ajoute le manque d’investissement de l’état qui laisse chuter les classes neige et le renouvellement de la clientèle. Celles-ci sont seulement maintenues par quelques enseignants motivés ainsi que par certains hébergeurs passionnés. Il faut remercier les adultes qui se battent pour continuer d’amener les enfants à la montagne. De nombreuses associations se mettent également sur notre chemin pour ralentir ou arrêter de nombreux projets. A l’heure d’aujourd’hui, il est très difficile pour nos communes d’avancer avec tout ça.

JEAN PIERRE ROUGEAUX - maire de valoir et secrétaire général de l’ANMSM

MODÉRATAUR : KALINE OSAKI

INSIDE : INVESTISSEMENTS EN STATIONS, QUELLES PERSPECTIVES ?

QUELLE REPRISE DE LA CONSOMMATION ET PERSPECTIVES DE CROISSANCE À MOYEN TERME

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Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Nous avons mis en place un plan de ralance qui se fait sur 12 ans. Habituellement, c’est sur 3 ans, or en vue des trois années compliquées qui s’annoncent, nous nous adaptons. Nous devons voir plus loin, mais pas seulement, nous devons aussi répondre à l’enjeu majeur de notre actualité, le climat. La demande change de maniere évidente ces derniers temps à la recherche de projet plus écolo.

DAVID JEANCLER – Délégué des Savoies, BPI France

Il faut qu’on apprenne a faire avec ce qui est nouveau. Les entreprises doivent être innovante. Surtout les EPL (Etablissement public local) qui assure la gestion des domaines skiables et qui servent à investir et lever les dettes.

JERÔME REBISCOUL

Avant, il fallait uniquement faire du lit chaud. Aujourd’hui, nous sommes à l’écoute de nouvelle problématique. Nous avons, au cours des dernières années, monté en gamme. Il y a effectivement une demande différente maintenant. Une demande de bi voir tri saisonnalité. Or les quatre saisons, on en est encore loin. Il y a aussi une demande et une nécessité d’intégrer des pôles médicaux, des écoles, etc. On recherche une nouvelle population, qui a besoin de service pour pouvoir s’installer dans nos régions. Les investissements sur l’ensemble de la région impacteront de manière positive l’ensemble de nos domaines. Il faut essayer de faire différemment, l’immobilier présente en montagne une complexité différente qu’en ville. Il faut donc proposer, innover, essayer.

LUC VERGONJEANNE – Eiffage Immobilier

Aujourd’hui, de nouveaux financements sont devenus disponibles. Il faut savoir les saisir.

La digitalisation - le e commerce, aujourd’hui, toute l’offre des stations doit être présente en ligne. La vente à emporter, click and collect ! La mobilité douce - de plus en plus de vacancier n’accepterons plus de générer autant de carbone pour monter en station. Bientôt nous pourrons calculer le bilan carbone de nos vacances. Les stations doivent anticiper ceci pour éviter de perdre une partie de leurs clientèles. La solidarité - Nous avons ici en Savoie énormément d’entreprises qui vivent de vos investissements, il est important de faire savoir que l’on ne peut pas survivre sans soutient. Plus de deux tiers des équipements de montagne sont seulement sur Savoie, Haute Savoie, Isère. Savoie (40%). La résilience – Les stations bi-saisonnales vont mieux s’en sortir de cette crise. On remarque une résilience pour la multi saisonnalité car cela demande tout de même un investissement.

Attractivité, solidarité et résilience …

BRUNO GASTINNE, président de la CCI (chambre commerce et industrie)

JP - Le cadre administratif met des freins … La loi Notre - c’est la catastrophe … les maires de stations sont gérants d’entreprises, ce sont des gestions très différentes à celles de vallées, des villes !

QUELLE REPRISE DE LA CONSOMMATION ET PERSPECTIVES DE CROISSANCE À MOYEN TERME

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Mais cette crise a été un réel levier pour le management des sociétés. Ça a permis de redonner un proximité et une fierté chez tout le monde. Et ça fait du bien. À partir de Septembre, nous nous questionnerons pour savoir comment nous souhaitons travailler dorénavant.

La réelle difficulté, c’est qu’on travaille, mais le retour financier n’est pas réellement là. Mais aujourd’hui, je me questionne sur l’avenir. Est ce que ce genre d’évenement ne pourrait pas nous ramener nos jeunes diplomés en province ? Dans nos régions, toutes les gens partent en ville travaillait. Ca ne nous aide pas.

Aujourd’hui, on sort encore plus fort de cette crise avec de la coopération et de la solidarité. Si nous prenons par exemple décathlon, en effet, les salariés n’y sont pas très bien payé, or ils aiment ça, ils aiment se rendre au travail. Dans ces moments durs, les liens se renforce entre la directions, les enployés, les collaborateurs, les clients, etc.

A l’apres confinement, on a eu beaucoup de bon retour des équipes. On a vu des salariés épanouis. Cette crise nous a montré que nous pouvions avoir un accompagnement et un environnement solide. Nous avons mis en place divers nouveaux outils pour communiquer et travailler (réseaux sociaux, sms groupé, etc) qui ont très bien marché lors du confinement, et que l’on préserve aujourd’hui.

Appeler les collaborateurs, les aiders, discuters, projeter, fixer des dates pour tenter de comprendre où l’on va. Ces temps compliqués ont demandé aux directeurs des entreprises de nos régions beaucoup de courage pour passer à travers. Il fallait être sicère, expliquer ces peurs, ces inquiétudes. Il fallait en discuter, mais il fallait surtout mettre en avant que quoi qu’il en soit, les entreprises, patrons et salariés allaient passer à travers ensemble.

MODÉRATRICE : JUSTINE MURIDI

MASTERCLASS : NOUS NE SOMMES PAS TOUS ÉGAUX FACE À CETTE CRISE

MASTERCLASS : NOUS NE SOMMES PAS TOUS ÉGAUX FACE À CETTE CRISE

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Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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MASTERCLASS : NOUS NE SOMMES PAS TOUS ÉGAUX FACE À CETTE CRISE

Prise de note – Fanny Parmentier – CAUE de Savoie

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Question - Eric Charamel, directeur des guides de la Vanoise

Pourquoi n’avons nous pas une assurance du client sur le point sanitaire. Les conditions générales de vente sont modifiées par les professionnels, les restaurateurs, etc. Par ailleurs, personne d’autre ne se met à poil avec nous. Ref : Veritas’ à Avoriaz.

Question – François Gauthier - syndicat hôtelier

La rosière, c’est 50% de clientèle étrangère avec 30% d’anglais. Comment stimuler la demande aujourd’hui ? Le plan de communication est doublé par rapport à d’habitude. Il y a un Plan d’action Auvergne Rhône Alpes (disponible en ligne sur le site pro). Or ceci ne suffira pas, il est nécessaire que ces démarches rayonnes.

Question - Didier Charver - Directeur du service des pistes à la Rosière

On parle de manière écologique. Sommes nous futile ou polluant ? On prône le digital. Mais c’est bien pire que la question des mobilités aériennes. Ce sont beaucoup de contradictions et de grands discours. Il faut œuvrer pour une transparence et l’honnêteté. Il faut sortir de la caricature permanante.

27 % et en ce moment 40 à 50% des touristes viennent de la région. Le tourisme bienveillant qui prône le tourisme de proximité ne mettra pas a l’encart le tourisme national, ni le tourisme international. Le tourisme bienveillant. Le tourisme doit être totalement vertueux. Il y a plein d’effort fait, il y a beaucoup d’idée reçue, nous sommes sur la défensive. On réagit quand on pose la question. Aujourd’hui, il faut réagir avant la demande. Il faut expliquer, faire comprendre.

LIONEL FLASSEUR - directeur général, auvergne Rhône Alpes

Depuis la crise de 2008, la France a eu du mal à relancer sa production industrielle. En Allemagne, la croissance a mieux repris. L’anticipation sur les années à venir pense avoir une augmentation du taux de chômage. D’après les prévisions du FMI de juin 2020, on peut voir que cette crise touche bien l’ensemble du monde. Nous ne sommes pas les seuls.

CÉDRIK STOÏSSICH - Directeur des Opérations de Marché à la Caisse d’Epargne Rhône Alpes

LIONEL FLASSEUR -

JEAN VIARD -

BRUNO BOUNELL –

Retour sur le mois précédent Face à l’arreet brutal, il a fallu s’adapter, le temps fait son œuvre, or l’adaptation évolue encore chaque jour.

G. BOSI – journaliste D.L.

MODÉRATEUR : ANTHONY JULLIEN

QUELLE REPRISE DE LA CONSOMMATION ET PERSPECTIVES DE CROISSANCE À MOYEN TERME ?

MASTERCLASS : NOUS NE SOMMES PAS TOUS ÉGAUX FACE À CETTE CRISE

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2. TON JOB DE RÊVE QUESTIONNAIRE PARTAGÉ SUR LES RÉSEAUX J’ai effectué ce questionnaire pour me rendre compte si mes intuitions étaient censées ou non. J’ai pu voir à travers une centaine de réponse qu’un bon nombre de personne partage mes idées. Cependant, la diffusion de ce questionnaire s’est faite sur le réseau social Facebook. Je l’ai partagé sur différentes pages, or je pense que l’échantillonnage est resté dans un cercle de personne assez proche de moi. Je suis étudiante et originaire des stations de ski. Je pense qu’au moins un de ces caractéristiques se retrouve dans l’ensemble de personne ayant répondu à ceci. Cette étude m’a donc permis de m’encourager dans mes recherches, cependant, elle ne permet pas d’avoir des résultats assez objectifs et fiables. Je ne l’ai donc peu cité dans ce mémoire, cependant, il appuie tout de même les propos que j’ai mis en avant.

© Parmentier Fanny (2020)


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3. CONCOURS WORKSPACE FOR TOMOROW BECAUSE ARCHITECTURE MATTERS M

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Le montainHub est un projet issu d’une problématisation fine de notre société sur son territoire. C’est un projet situé en France qui ré-enchante nos quotidiens, nos patrimoines, nos cultures et nos économies sur la totalité de nos régions. L’aire du « travail portable » On observe de plus en plus de digitals Nomads dans les capitales, de télétravailleurs dans les campagnes et de travailleur-arpenteurs sur les sites touristiques. Un exode urbain vers un retour au grand air. La société française entre dans une nouvelle aire de mobilité et de liberté professionnelle.

L’alliance entre Travail et Tourisme

Au XX siècle, les stations touristiques apparaissent pour répondre à l’apparition des congés payés. Aujourd’hui, le MountainHub répond à l’apparition du Télétravail dans nos quotidiens. Ce projet s’inscrit dans une démarche locale pour un tourisme de proximité et de longue durée, profitant aux habitants ainsi qu’aux voyageurs. e

Générateur de rencontre

Sa forme architecturale est minimale. Le Mountainhub peut loger 4 personnes et accueillir des activités publics. Inspirées des refuges d’altitude et de l’hétérotopie du tourisme, ses courtes distances favorisent la rencontre. La cohabitation et la participation brisent la solitude de notre société qui s’individualise de plus en plus. Rayonnement : 32m2 pour un territoire Sa petite dimension permet de s’implanter partout et rapidement. Par son programme, il génère un point d’énergie (hub) et sensibilise les visiteurs et les acteurs de la région au changement. Ainsi, il rayonne sur le quartier, le village, la station, la ville puis le territoire. On expérimente une première solution à la reconversion du tourisme.

Pour un tourisme français

Le MountainHub est destiné pour s’installer dans les Alpes. Il met en avant les traditions et l’authenticité de cette région. Or son concept peut se reproduire partout. Un Hub Méditerranéen, un Hub Breton et un Hub Corse donneront une diversité d’offre sur notre territoire français, riche en patrimoine et en diversité. Le MountainHub est un projet engagé pour des valeurs innovantes et responsables. Il met un coup de projecteur sur la basse saison des régions touristiques qui offrent calme et convivialité pour le travailleur. Une nouvelle mobilité peut prendre place : liant Travail et Tourisme. Demain, le bureau c’est : workshop à la mer en février, séminaire chez les bretons en septembre et télétravail à la montagne en juin.

W O R K S PA C E S F O R

T O M O R R O W

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BAM BECAUSE ARCHITECTURE MATTERS - REPEAT LES INFLUENCEURS

© Parmentier Fanny (2020)


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4. ÉVOLUTION DE L’EMPRISE D’AIRBNB SUR LA VILLE DE SAN FRANCISCO ENTRE 2008 ET 2011

Figure 1 : Implantation de Airbnb dans San Francisco en 2008

Figure 2 : Implantation de Airbnb dans San Francisco en 2011

© Stamen Design LLC (2020) diagrammes


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RÉSUMÉ Dans notre contexte, il devient primordial de repenser nos modes de conception et de fabrication de l’architecture. Nous devons faire avec les ressources à disposition. Et l’architecture existante est la première matière dont les architectes doivent se saisir. Ce mémoire s’intéresse aux Alpes française. Il permet de comprendre le territoire alpin français et donne les clés de compréhension de l’architecture existante. À partir de ces analyses, il devient envisageable d’essayer de requalifier les infrastructures existantes, et de réinventer les modes de vie qu’elles abritent. Pour entrer dans un système plus pérenne, les architectes doivent se familiariser avec les mobilités contemporaines. Ce travail propose de s’intéresser aux usagers et à leurs modes de vie et de voyage pour ainsi projeter des dénouements envisageables pour les stations des sports d’hiver.


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Mémoire Parmentier Fanny 2020 REQUALIFIER L’ARCHITECTURE DU TOURISME ALPIN fans97@orange.fr +33 6 03 04 60 81




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