capture les troubles du comportement
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les troubles du comportement
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les troubles du comportement la thérapie cognitive
la crise de boulimie
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les troubles du comportement alimentaire la crise de boulimie comment s’en sortir?
la crise d’angoisse
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les troubles anxieux la crise d’angoisse traitements
les tocs
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le trouble obsessionnel compulsif les obsessions la prise en charge
les troubles du comportement
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Les troubles du comportement sont des anomalies dans la façon d’agir et de réagir. Ils comprennent l’agitation, l’agressivité, l’inhibition, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), les phobies, les désordres alimentaires (anorexie, boulimie...), l’hyperactivité... Dans certains cas, les troubles du comportement peuvent être le signe d’une maladie, par exemple une tumeur au cerveau ou la maladie d’Alzheimer. Certains médicaments peuvent être utiles. Dans tous les cas, un suivi psychologique se révèle nécessaire. Nous pourrons sans doute tous manifester à un moment ou à un autre des troubles du comportement à un moment de notre vie. Pour certains, cela passe inaperçu et les troubles se résorbent rapidement. C’est le cas, par exemple, d’un trouble apparaissant après une rupture sentimentale mais que le sujet reconnaît comme telle et traite par lui-même. D’autres troubles du comportement nécessitent une psychothérapie, notamment une thérapie comportementale, et il ne faut pas négliger de prendre un avis médical lorsque l’on est touché par un trouble du comportement, ceci afin de retrouver une vie privée et une vie sociale normale et épanouie et de ne pas nuire à notre état de santé. Un trouble du comportement se rapporte à une « anomalie» dans nos habitudes. Nous faisons quelque chose différemment, à l’excès ou de façon compulsive. Nous avons une obsession qui nous fait répéter plusieurs fois le même geste ou nous avons une peur exagérée et inexpliquée de quelque chose. Les troubles du comportement les plus connus sont : Les TOC ou Troubles Obsessionnels Compulsifs : ils peuvent par exemple se manifester par le fait de se laver les mains dix ou trente fois dans la journée, de vérifier dix fois que l’on a bien fait les choses habituelles comme fermer sa porte d’entrée, etc. Les TCA ou Troubles des Conduites Alimentaires (ou des Comportements Alimentaires) : un individu a un comportement anormal avec la nourriture, comme manger en trop petit ou trop grande quantité comme l’anorexie et la boulimie. Les phobies ou peurs inexpliquées, peuvent réellement gâcher la vie d’une personne. Outre ces exemples de troubles du comportement très répandus, on trouve également l’hyperactivité ou les TDA (Troubles Déficitaires de l’Attention), etc.
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Un trouble du comportement se rapporte à une « anomalie » dans nos habitudes. Nous faisons quelque chose différemment, à l’excès ou de façon compulsive. Nous avons une obsession qui nous fait répéter plusieurs fois le même geste ou nous avons une peur exagérée et inexpliquée de quelque chose.
la genèse des troubles
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Interactions précoces, attachement, estime de soi Pour se sentir exister chaque être humain doit être assuré d’une estime de soi suffisante. Cette estime de soi naît, se construit et se maintient dans le rapport à autrui, dans l’estime de l’autre. Les modalités d’interactions précoces, la valeur donnée par l’entourage aux comportements et les modes de réponse qui en découlent, ont un rôle essentiel dans la construction et le maintien de l’estime de soi. Comme nous le rappelle la théorie de l’attachement (Bowlby), le nourrisson est aux prises avec deux besoins en apparence contradictoires : un besoin essentiel de proximité, associé très vite à un besoin d’explorer l’environnement. La possibilité d’accéder à une autonomie d’action mais aussi de pensée, adéquate en fonction de l’âge, et la construction de l’estime de soi, sont très liées au type d’attachement. Un attachement sécure se met en place lorsque le nourrisson expérimente qu’il peut compter sur son parent quand il a besoin d’être consolé ou réconforté. Ainsi se construit chez le nourrisson l’image d’un autre fiable, en même temps qu’une bonne image de lui-même. On trouve ici les prémices du lien entre estime de soi et estime de l’autre. La capacité de se séparer et d’explorer l’environnement sera facilitée par cette image de fiabilité. Un attachement insécure (angoissé ou ambivalent) se met en place lorsque le parent témoigne d’une certaine attention, mais manque de disponibilité, varie dans ses réponses sans justification compréhensible pour l’enfant, présente des attitudes imprévisibles. L’enfant n’est pas sûr de pouvoir toujours compter sur le parent ni de compter pour lui. Dans ce cas la capacité de se séparer et d’explorer l’environnement est problématique. Un attachement évitant se constitue lorsque le parent est agressif et méprisant de façon régulière. L’enfant est sûr de ne pas pouvoir compter sur le parent, ni de compter pour lui. Il tente de s’organiser pour survivre face au modèle de rapport de forces qui lui est offert, en évitant d’exprimer ses émotions et ses besoins. Des dysfonctionnements organiques (biologiques, génétiques, traumatiques...) peuvent jouer un rôle majeur dans la genèse de troubles du comportement. Ces dysfonctionnements rendent d’autant plus nécessaire un soutien adapté à la gestion des interactions. Emotions et troubles du comportement Toute relation est porteuse d’un risque de perte d’amour et d’un danger d’attaque de l’estime de soi, dans la mesure où elle mobilise la question de la différence (représentée par la différence des places, des points de vue, des besoins, des désirs ...). C’est à travers des conflits (externes et internes), qui génèrent des émotions, que l’enfant poursuit la construction de son estime de soi. Les émotions naissent dans le corps (Damasio). Elles peuvent se mentaliser et se traduire alors par des sentiments exprimés verbalement ou sous forme de comportements. Les émotions peuvent aussi se traduire directement par des comportements, sans passer par une mentalisation. Les comportements sont donc en relation avec des processus conscients et volontaires, mais aussi avec des processus involontaires et inconscients. Un attachement sécure ne protège pas de la confrontation à une angoisse d’abandon, y compris par le parent (ce que l’on peut traduire comme une perte de son estime), mais permet de disposer d’outils de réappropriation de l’estime de l’autre sans perte de l’estime de soi. Ce danger de confrontation n’est pas dans des conditions d’attachement sécure au premier plan mais peut apparaître du fait des circonstances. Après un temps de réaction plus ou moins long, laissant dans l’intervalle le champ libre à l’expression des émotions éprouvées, y compris sous forme de troubles du comportement, l’enfant (adolescent) peut trouver dans ses expériences antérieures un sentiment de sécurité suffisant pour faire face seul, solliciter de l’aide ou accepter celle qui lui est proposée. Dans l’attachement insécure, face à l’imprévisibilité du parent, l’enfant est lui-même en difficulté pour prévoir et anticiper. L’angoisse de séparation et les troubles du comportement qui l’accompagnent peuvent être décodés comme une tentative de maintenir avec ce parent un lien perçu comme essentiel à la construction et au soutien de l’estime de soi. Lors de confrontations ultérieures à une situation d’insécurité, les émotions génératrices d’angoisse d’abandon et d’attaque de l’estime de soi seront facilement activées et se traduiront entre autres par des troubles du comportement. L’enfant (adolescent) pourra accepter ou solliciter de l’aide mais le fera souvent de façon maladroite ou déconcertante. Dans l’attachement évitant les bases de l’estime de soi sont gravement perturbées par la difficulté ou l’impossibilité à accéder à l’estime de l’autre. Les relations ultérieures sont marquées à priori non seulement par la méfiance et la crainte d’être dominé mais par le désir de s’imposer à l’autre comme s’il s’agissait de la seule façon de s’assurer de sa valeur, de sa place et au-delà, de son existence même. L’enfant (puis l’adolescent et l’adulte) aura tendance à décrypter toute relation comme un rapport de force porteur d’un danger de disparition, et s’organisera pour y faire face, tentant de prendre le pouvoir dés que l’occasion se présente ou et en s’effaçant pour éviter la confrontation d’où la fréquence et la gravité des troubles du comportement. Ce terme renvoie à l’inconscient Freudien et au refoulement qui le constitue, mais aussi à des émotions qui n’ont jamais été mentalisées. Une proposition d’aide sera perçue comme un danger de prise de pouvoir et l’attention portée par un tiers sera suspectée de dissimuler d’autres objectifs que ceux énoncés. L’enfant (adolescent) pensant qu’il ne peut compter que sur lui-même refusera toute aide ou tentera de s’en libérer au plus vite. Le trouble du comportement pourra témoigner de la tentative d’éviter le danger (inhibition, fugue...), d’affirmer son pouvoir sur un plus faible (racket, viol...), de résister à ce qui est perçu
Pour se sentir exister chaque être humain doit être assuré d’une estime de soi suffisante.
Évaluation Une évaluation doit être réalisée à plusieurs niveaux : · Evaluation des symptômes · Evaluation de l’enfant (de l’adolescent) — Evaluation des symptômes On appréciera leurs modalités d’expression, leurs caractéristiques, leur multiplicité, leur durée, les manifestations qui les accompagnent, leurs modalités de déclenchement et de sédation, les conséquences qu’ils entraînent, leur évolution, leur répétition, leur persistance. — Evaluation de l’enfant (adolescent) L’échange verbal peut être difficile avec un adolescent qui a pris l’habitude de s’exprimer en priorité par des comportements. Sortir d’un rapport de forces et ne pas reproduire l’agressivité qui a pu s’établir avec l’entourage. L’écouter parler lui-même de ses troubles, mais aussi de lui, de ses intérêts, de ses difficultés, de ses relations, de son histoire. Ceci permettra d’évaluer son niveau développemental et sa souffrance psychique, parfois difficile à percevoir. — Evaluation des interactions avec l’entourage Evaluer la façon dont l’enfant et ses troubles sont considérés dans le milieu familial et social, en particulier scolaire et les modes de réaction des adultes face aux troubles. Essayer de se représenter la valeur de l’enfant pour ses parents, la sécurité dont ils sont porteurs pour lui, la liberté et les possibilités d’initiatives qu’ils lui offrent en fonction de son age. Les parents peuvent être dépassés et laisser faire, ils peuvent aussi réagir de façon agressive, en miroir. Cette agressivité peut être physique mais aussi psychologique, l’enfant n’est reconnu qu’à travers ses méfaits, son incompétence, son absence de valeur, son défaut de considération ou de reconnaissance pour les parents. Les parents peuvent présenter des attitudes successives contradictoires témoignant de leur désarroi mais aussi facteur de désarroi pour l’enfant. L’opposition des parents entre eux et leur non respect réciproque peuvent priver l’enfant de repères sécures. Des parents peuvent approuver les troubles du comportement de leur enfant quand ils sont dirigés vers l’extérieur, se montrant dans ces circonstances comme confondus avec lui. D’autres peuvent disparaître, lorsque sous prétexte de ne pas traumatiser l’enfant ils ne lui offrent pas de limites, le privant ainsi de repères et subissant sa tyrannie, ou lorsque sous prétexte d’autonomiser l’adolescent ils le laissent se débrouiller seul, favorisant l’installation d’un vécu d’abandon dont seuls témoignent les troubles du comportement. La rencontre avec les parents permet d’évaluer les relations dans le présent. Elle permet aussi de recueillir des éléments de l’histoire familiale susceptibles d’éclairer les modalités de leur construction. La rencontre avec les différents adultes, en particulier les enseignants, qui sont en relation proche avec l’enfant (adolescent), permet de découvrir leurs représentations de l’enfant et de ses difficultés mais aussi les compétences qu’ils ont pu repérer, les éléments de sécurité et d’estime sur lesquels on pourra éventuellement s’appuyer. — Evaluation de la valeur des troubles Les manifestations peuvent être un mode d’expression normal pour l’âge. Il est normal qu’un bébé pleure, ses difficultés alimentaires peuvent relever d’une expérimentation de formes nouvelles de relation mettant en question les capacités d’adaptation de l’adulte L’exploration par le jeune enfant s’accompagne normalement d’une certaine agressivité qui cesse spontanément dans la majorité des cas. Le mensonge contribue à l’individuation en aidant l’enfant à découvrir que l’adulte ne peut pas lire dans ses pensées. L’opposition est aussi normale à 18 mois qu’à 14 ans, elle a pour fonction d’affirmer son existence dans la différence. Le repli sur soi peut être un temps nécessaire de l’adolescence comme le désintérêt pour l’école ou l’intérêt excessif pour les marques, les consoles, l’ordinateur ou un chanteur ou le suivisme des modes (cheveux teints, piercing).
Incidence sur la qualité de vie Les troubles mentaux et du comportement perturbent profondément la vie des personnes touchées et de leur famille. Certes, le malheur et la souffrance ne se mesurent pas, mais on peut par exemple se faire une idée de l’impact de ces troubles grâce aux instruments servant à apprécier la qualité de la vie (Lehman et al., 1998). La méthode consiste à recueillir l’avis de l’intéressé sur plusieurs aspects de sa vie afin d’évaluer les conséquences néfastes des symptômes et des troubles (Orley et al., 1998). La qualité de vie des personnes atteintes de troubles mentaux a fait l’objet de plusieurs études d’où il ressort que le préju- dice est non seulement considérable, mais durable (UK700 Group, 1999). On a constaté que la qualité de vie reste médiocre, même après la guérison, sous l’effet de facteurs sociaux tels que les préjugés et la discrimination qui perdurent. Les résultats des études semblent indiquer aussi que les personnes souffrant de troubles graves et longtemps placées en ins- titution ont une qualité de vie inférieure à celle des malades qui vivent dans la commu- nauté. Une récente étude a clairement montré que la non-satisfaction des besoins sociaux et fonctionnels de base était le premier facteur prédictif d’une mauvaise qualité de vie chez les sujets atteints de troubles sévères (UK700 Group, 1999).
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comme une agression (un interdit de faire étant reçu comme un interdit d’exister, un regard comme une provocation). L’enfant (adolescent) peut aussi s’attaquer lui-même faute d’une estime adéquate (conduites à risque, tentative de suicide...) ou comme s’il témoignait ainsi d’une tentative de s’assurer d’un pouvoir (anorexie mentale...) Le comportement résiste là d’autant plus à un abord rationnel qu’il ne résulte pas d’une mentalisation. Le temps de l’adolescence est particulièrement propice à une réactivation des émotions qui n’ont pu trouver une expression adéquate au cours du développement. Il n’est donc pas surprenant que les troubles du comportement puissent s’y exprimer avec une fréquence certaine quel que soit par ailleurs le type d’attachement. Ces troubles semblent pouvoir se résoudre d’autant mieux que l’adolescent peut mobiliser un sentiment de sécurité et s’assurer de sa propre estime dans l’estime de l’autre c’est-à-dire qu’il est porteur d’un attachement sécure. En l’absence d’un sentiment de sécurité de base suffisant, c’est à la construction de ce sentiment dans les relations du présent que l’on devra s’atteler. Ce travail de soin est particulièrement difficile du fait d’une référence comme automatisée aux expériences relationnelles antérieures qui entraîne une résistance à toute relation d’aide.
A l’adolescence certaines dissimulations ont la même valeur que le mensonge de l’enfant, visant à séparer les territoires, à assurer l’adolescent de ses limites et à le protéger de l’empiétement de l’adulte. Ces difficultés se normaliseront d’autant mieux que l’enfant pourra trouver dans son entourage sécurité et limites sans dévalorisation ni agression.
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Pronostic — Facteurs de bon pronostic = les facteurs qui montrent que la communication peut être établie, que l’échange peut être perçu autrement qu’en rapport de forces, que l’estime de soi et l’estime de l’autre n’apparaissent pas comme incompatibles : - Possibilité pour l’enfant d’échanger avec un adulte sur l’inadéquation ou la dangerosité du comportement. - Possibilité d’autocritique. - Possibilité de manifester son angoisse ou sa dépression. - Possibilité à se projeter au moins partiellement dans l’avenir. - Existence d’intérêts stables. - Acceptation d’une aide. — Facteurs de gravité Ce sont les éléments qui doivent attirer l’attention sur le danger encouru. Les considérer comme des manifestations défensives et rechercher les éléments d’attachement insécure ou évitant que l’on peut repérer dans l’histoire. - Non reconnaissance par l’enfant du caractère inadapté ou dangereux du comportement. - Surestimation de sa valeur et de ses capacités. - Négation de tout problème ou son renvoi sur autrui. - Sentiment de persécution (qui n’apparaît pas fondé dans le présent). - Difficulté ou impossibilité à se projeter dans l’avenir. - Absence apparente d’angoisse. - Difficulté à communiquer avec les pairs. - Mauvaise socialisation. Les troubles du comportement peuvent appartenir à un tableau psychiatrique systématisé : psychose, autisme, syndrome borderline, déficience mentale, troubles anxieux, troubles de l’adaptation, névrose ou à un syndrome neurologique : épilepsie, confusion.... Ils devront alors être abordés dans cet ensemble. 
les thérapies comportementales et cognitives Les Thérapies Comportementales et Cognitives ou TCC actuelles, sont le fruit d’un siècle de recherches ayant donné lieu à de nombreux ouvrages et une abondante littérature. Les thérapies comportementales et cognitives se caractérisent par l’approche thérapeutique centrée sur les résultats. La plupart des thérapies sont qualifiées de thérapies brèves (de quelques semaines à deux ans) en opposition à d’autres techniques s’étalant sur des périodes beaucoup plus longues (jusqu’à 20 ans pour certaines approches). Les Thérapies Comportementales et Cognitives ne s’intéressent pas à l’histoire du patient, ni à son enfance. Elles se concentrent sur la résolution d’un problème précis. La thérapie comportementale et cognitive consiste à libérer le patient d’un comportement qui l’embarrasse dans sa vie quotidienne. En effet, les psychothérapies comportementales et cognitives permettent de mieux gérer et de mieux vaincre le stress, elles sont également très indiquées dans le cadre de l’assertivité, la confiance en soi et la résolution des problèmes de couple. Les pathologies soignées par les thérapies comportementales et cognitives sont nombreuses, telles que l’anxieté, les troubles anxieux, les phobies (agoraphobie, claustrophobie, phobie sociale), la dépression nerveuse, l’addiction et dépendance, les troubles des conduites alimentaires (TCA) ou les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sont pris en charge par différentes approches thérapeutiques. Les thérapies cognitives et comportementales, s’intéressent principalement aux fondements de ces pathologies et mettent en place des stratégies thérapeutiques adaptées à chaque pathologie ... Elles sont fondées sur l’apprentissage de nouveaux comportements, permettent d’élaborer de nouvelles pensées, après constat que les anciennes ne mènent à rien : il s’agit de réussir demain ce dont on se croit incapable aujourd’hui et que, de ce fait, on a raté hier. Les thérapies comportementales et cognitives se donnent un objectif précis : dans quelques mois, le patient doit être capable de sortir dans la rue, de monter dans un avion, de mieux communiquer, de s’affirmer, de parler normalement à ses parents ou à son chef, etc. Les thérapies comportementales et cognitives sont devenues depuis quelques années une aide incontournable face aux troubles du comportement et aux conduites addictives. Ces thérapies cognitives et comportementales brèves permettent de résoudre de nombreux problèmes qui peuvent nous gâcher la vie, et guérir d’un très grand nombre de troubles du comportement. Comment se déroule une séance thérapeutique ? Les séances de thérapies comportementales et cognitives sont effectuées par des psychothérapeutes ou des psychiatres ayant suivi une formation spécifique d’au moins trois ans. La durée de la thérapie peut varier selon l’évolution du trouble du comportement du patient. En général, les séances de thérapies comportementales et cognitives durent entre 45 minutes et une heure et sont réalisées avec le thérapeute de façon individuelle ou en groupe. Au cours de ces séances de thérapie, le thérapeute comportementaliste met en place des exercices progressifs de façon à ne pas confronter de façon brutale le patient à sa peur et son angoisse. En dehors des séances de thérapies comportementales et cognitives, le thérapeute peut prescrire un traitement médicamenteux pour soulager les troubles du comportement. Renseignez-vous auprès de la Fédération Française de Thérapies Comportementales et Cognitives (AFTCC) pour trouver un thérapeute comportementaliste.
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les thérapies comportementales et cognitives ne s’intéressent pas à l’histoire du patient, ni à son enfance. Elles se concentrent sur la résolution d’un problème précis.
Les troubles alimentaires — la crise de boulimie
Les troubles de l’alimentation
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Les troubles de l’alimentation, aussi appelés troubles des conduites alimentaires ou du comportement alimentaire (TCA), désignent des perturbations graves du comportement alimentaire. Le comportement est considéré comme « anormal » parce qu’il est différent des pratiques alimentaires habituelles mais surtout parce qu’il a des répercussions négatives sur la santé physique et mentale de l’individu. Les TCA touchent beaucoup plus de femmes que d’hommes, et débutent souvent à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Les troubles de l’alimentation les plus connus sont l’anorexie et la boulimie, mais il en existe d’autres. Comme tout trouble de la santé mentale, les troubles alimentaires sont difficiles à répertorier et à classer. La version la plus récente du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, le DSM-V, parue en 2014, propose une révision de la définition et des critères diagnostiques des troubles de l’alimentation. Par exemple, l’hyperphagie boulimique, qui est caractérisée par l’absorption d’une quantité disproportionnée de nourriture de façon compulsive, est désormais reconnue comme une entité à part entière. On distingue actuellement, selon le DSM-V : l’anorexie nerveuse (de type restrictif ou associée à une hyperphagie); la boulimie nerveuse; l’hyperphagie boulimique; l’alimentation sélective; le pica (ingestion de substances non comestibles) ; le mérycisme (phénomène de « rumination », c’est-à-dire de régurgitations et de remastication); d’autres TCA, spécifiés ou non. En Europe, une autre classification est également utilisée, la CIM-10. Les TCA y sont classés dans les syndromes comportementaux : Anorexie mentale; Anorexie mentale atypique; Boulimie; Boulimie atypique; Hyperphagie associée à d’autres perturbations physiologiques; Vomissements associés à d’autres perturbations psychologiques;
L’anorexie et la boulimie affectent plus les filles et les femmes que les garçons et les hommes. Les hommes représentent environ 10% des personnes affectées.
Conséquences psychologiques Anxiété Impulsivité Repli sur soi Perturbation du sommeil Pensées obsessionnelles Changements émotionnels Problèmes de concentration Préoccupations alimentaires Humeur dépressive, irritabilité Capacités intellectuelles détériorées
Les causes Les recherches de Steiger et Bruce, celles de Treasure et celles de Striegler-Moore montrent que les troubles de l’alimentation sont causés par une combinaison de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux. Concrètement, les gènes affecteraient l’humeur, le contrôle des comportements, les mécanismes de récompense, le métabolisme et l’appétit. Les facteurs environnementaux, comme un stress périnatal ou un événement traumatique durant l’enfance auraient aussi un impact. De même, l’état mental et nutritionnel de la personne ainsi que la pression sociale à faire des régimes joueraient un rôle. Les facteurs biologiques Ils incluent entre autres : l’hérédité, les antécédents familiaux de dépression, d’anxiété, de troubles de l’alimentation et les problèmes de poids. Plusieurs recherches ont permis de démontrer le rôle des facteurs génétiques dans les troubles de l’alimentation. En effet, ils sont clairement transmis à l’intérieur d’une famille, c’est-à-dire que l’hérédité y joue un rôle. Or, ces données ne peuvent prouver que le trouble de l’alimentation est transmis automatiquement de mère en fille, mais permettent de dire qu’il peut y avoir transmission de traits de tempérament ou d’une vulnérabilité à d’autres perturbations qui augmenteraient le risque de développer un tel trouble. Certaines anomalies au niveau des neurotransmetteurs régulant l’appétit et l’humeur, auraient une influence sur le développement des troubles alimentaires. Les chercheurs au Douglas réalisent actuellement des études de pointe sur la question. En plus de leurs recherches sur les neurotransmetteurs, les chercheurs du Groupe de recherche sur les troubles de l’alimentation s’intéressent aussi aux facteurs génétiques et à l’activité cérébrale des personnes atteintes de troubles de l’alimentation. Les facteurs sociaux On a toujours véhiculé un modèle idéal de beauté, mais avec les années, ce modèle est devenu de plus en plus mince, voire maigre. Les médias contribuent à véhiculer plusieurs clichés et normes qui font pression sur les femmes et les poussent souvent à suivre des régimes draconiens néfastes pour leur santé. Le culte de la minceur s’inscrit dans une stratégie de mise en marché de plusieurs billions de dollars. La femme doit paraître soumise : on valorise la femme-objet, fragile et dépendante. Bref, ces idéaux de minceur sont des outils marketing qui permettent de faire rouler une industrie prolifique. Les pressions sociales sont davantage liées aux différentes formes de boulimie, plutôt qu’à l’anorexie. En effet, c’est un trouble qui semble avoir augmenté sensiblement au cours des dernières années et qui serait plus localisé dans les sociétés industrialisées. L’anorexie en revanche est présente partout, sur tous les continents et depuis très longtemps; on y associe donc moins les facteurs sociaux comme cause. Les régimes Les médias diffusent énormément de publicité quant aux fameux régimes miracles et autres diètes infaillibles. En fait, dans le cas des personnes dont les prédispositions génétiques sont favorables aux troubles de l’alimentation, les régimes agiront souvent en tant que déclencheur du trouble. Le premier geste à poser est sans doute d’arrêter les régimes.Les régimes ont aussi un effet physique néfaste : un régime modéré de 3 semaines altère les fonctions cérébrales et réduit les substances qui contrôlent l’humeur, la pensée, et la satiété. L’influence familiale Le Academy of Eating Disorders (2010) admet que les facteurs familiaux peuvent jouer un rôle dans l’apparition et le maintien d’un trouble de l’alimentation, mais qu’ils ne sont en aucun cas la cause unique ni même principale du développement d’un trouble de l’alimentation. Les facteurs psychologiques Les troubles de l’alimentation cohabitent souvent avec des troubles affectifs, des troubles anxieux et des troubles du contrôle des impulsions. Parfois, les troubles de l’alimentation coexistent aussi avec des problèmes de contrôle du comportement, de l’émotivité négative, de l’autocritique ou du perfectionnisme mésadapté.
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Il y a toutefois des différences énormes entre les individus: Un tiers environ des personnes qui souffrent d’un trouble de l’alimentation sont franchement « dé-réglées »: elles sont impulsives et instables émotionnellement Un autre tiers sont « sur-réglées » : elles sont inhibées et en contrôle extrême de leurs émotions. Enfin le dernier tiers ne présente aucune psychopathologie. En d’autres termes, les troubles de l’alimentation touchent toutes sortes de personnes. Ces différences laissent croire que les troubles de l’alimentation résultent de différentes expositions à des risques divers, et plus important encore, que les traitements doivent être individualisés.
Les troubles de l’alimentation apparaissent généralement au cours de l’adolescence ou au débutde l’âge adulte et sont plus communs chez les jeunes des sociétés industrialisées. Toutefois, les troubles de l’alimentation, particulièrement l’anorexie, sont présents dans toutes sortes de cultures, même celles où le culte de la minceur est absent. L’anorexie et la boulimie affectent plus les filles et les femmes que les garçons et les hommes. Les hommes représentent environ 10% des personnes affectées. L’hyperphagie boulimique est mieux distribuée parmi les sexes et affecte 2 hommes pour 3 femmes environ. Elle touche les personnes plus âgées qui sont en moyenne dans la quarantaine. Comme dans les autres pays industrialisés, le taux des troubles de l’alimentation chez les femmes et les filles québécoises âgées de 13 à 30 ans est d’environ 3% (30 000 personnes). Ce chiffre peut tripler si on ajoute les formes partielles de ces troubles, qui ont néanmoins un impact significatif sur ceux qui en souffrent. Les experts s’entendent pour dire qu’il y a de plus en plus de personnes aux prises avec des troubles de l’alimentation. Si les statistiques permettent de dégager une incidence plus élevée chez les femmes occidentales d’âge scolaire, il est aussi vrai que nul n’est à l’abri des troubles de l’alimentation. Les troubles de l’alimentation surviennent même dans les pays en voie de développement, bien qu’ils soient plus présents dans les sociétés industrialisées. Ils touchent de façon égale toutes les classes socio-économiques En Amérique du nord, les différences raciales ou ethniques ont peu d’impact sur la prévalence des troubles de l’alimentation
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La boulimie La boulimie est un trouble des conduites alimentaires, caractérisé par un rapport pathologique à la nourriture, se manifestant par des ingestions excessives d’aliments, de façon répétitive et durable. Ces ingestions, appelées crises de boulimie, peuvent durer entre quelques minutes et plusieurs heures. Cette maladie est souvent apparentée à une forme d’addiction dans la mesure où l’individu entretiendra avec la nourriture un rapport similaire à celui que certaines personnes peuvent entretenir avec la drogue. La boulimie est une des formes les plus sévères des troubles alimentaires avec l’anorexie. La crise de boulimie se caractérise par une augmentation pathologique du besoin de nourriture sans nécessairement ressentir la faim. Elle est la plupart du temps suivie par un sentiment très fort de colère ou de dégoût de soi (notamment dans le cas d’une boulimie vomitive). L’individu boulimique peut avoir recours à certains actes en vue de stabiliser son poids, tels que la provocation du vomissement, l’utilisation inappropriée de laxatifs et/ou de diurétiques, la pratique excessive de sport et une restriction alimentaire très sévère. On associe souvent la boulimie aux vomissements bien qu’ils ne soient pas systématiques. Ces actes ont pour principal objectif de réduire au maximum la quantité de calories ingérées lors de la crise de boulimie. Bien que la personne boulimique croit réussir à éliminer toutes ces calories, ce n’est bien souvent pas le cas et, en général, les crises s’accompagnent d’une prise de poids plus ou moins importante. La boulimie est un trouble des conduites alimentaires, caractérisé par un rapport pathologique à la nourriture, se manifestant par des ingestions excessives d’aliments, de façon répétitive et durable. Ces ingestions, appelées crises de boulimie, peuvent durer entre quelques minutes et plusieurs heures. Cette maladie est souvent apparentée à une forme d’addiction dans la mesure où l’individu entretiendra avec la nourriture un rapport similaire à celui que certaines personnes peuvent entretenir avec la drogue.
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Ces ingestions, appelées crises de boulimie, peuvent durer entre quelques minutes et plusieurs heures. Cette maladie est souvent apparentée à une forme d’addiction dans la mesure où l’individu entretiendra avec la nourriture un rapport similaire à celui que certaines personnes peuvent entretenir avec la drogue.
Une souffrance jamais rassasiée La boulimie, comme l’anorexie, est un trouble du comportement alimentaire (TCA) qui touche essentiellement les femmes. Si celles qui souffrent d’anorexie tentent de construire leur force dans le rejet de la nourriture, les boulimiques, au contraire, compensent leurs souffrances et le vide en elles par les aliments. Une fois “remplies”, elles ne trouvent pourtant plus qu’un seul moyen de se libérer : vomir. Un cercle infernal dontil est très difficile de sortir sans aide. Anne-Laure Vaineau
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Contrairement à une idée reçue très répandue, les boulimiques ne sont pas grosses. Dans 6 à 7 cas sur 10, ce sont des femmes de poids normal. Mais la perception qu’elles ont de leur propre corps est altérée : elles se voient grosses, parfois même obèses. Les boulimiques calculent les calories, sont obsédées par leur balance: la peur de grossir est un facteur essentiel de leur trouble. Tout commence souvent par un simple régime. La jeune femme, âgée dans la plupart des cas entre 18 et 25 ans, se trouve un peu trop grosse. Elle souhaite perdre quelques kilos. Alors elle mange moins, élimine les aliments trop gras, trop sucrés. Mais la restriction est trop difficile, elle craque. Elle se jette sur une barre chocolatée, puis deux, puis trois. Plus forte a été la privation, plus violente est la crise. Et l’on comprend alors pourquoi un tiers des anorexiques, qui elles ont pratiquement cessé de s’alimenter, glissent un jour vers la boulimie. « Dans une sorte de sauve-qui-peut, elle se gave, explique Daniel Rigaud, nutritionniste spécialiste des TCA. Elle se remplit en même de temps de nourriture, d’effroi, de culpabilité, de honte, puis se soulage presque immédiatement, parce qu’il est tout à fait impensable de garder tout cela à l’intérieur. » Et elle vomit. Elle pense alors avoir trouvé une porte de sortie. Mais c’est un leurre, un piège. Celui de la boulimie. Un trouble qui touche 5 à 10 % des femmes de moins de 35 ans et dont 15 000 nouveaux cas sont détectés en France chaque année. Reconnaître la boulimie La manifestation la plus évidente de la boulimie est la crise alimentaire, ce besoin irrépressible de manger beaucoup et en un temps restreint. Sans aucune limite, sucré comme salé, et dans l’anarchie la plus totale. « La crise de boulimie n’est pas un repas, ajoute Daniel Rigaud. Pas le temps de cuisiner ni de mettre le couvert. Il faut se remplir, un point c’est tout. » C’est une pulsion, un besoin systématique et tyrannique. Tout comme le drogué face à la drogue ou l’alcoolique face à l’alcool, la boulimique agit de façon irraisonnée face à la nourriture. Elle perd le contrôle d’elle-même. Jusqu’à ce que son estomac et sa gorge endoloris l’empêchent d’avaler quoi que ce soit de plus. C’est alors que survient ce que l’on nomme « l’état de conscience ». La jeune femme doit alors cesser de manger, à regrets. Elle se retrouve face à son « champs de bataille ». Tout autour d’elle, des paquets de gâteaux vides, des boîtes de conserves, des emballages divers. Autant d’aliments prêts à l’emploi qu’elle a avalé les uns après les autres. Souvent, elle se met à pleurer, elle se dégoûte, se sent honteuse et coupable. Elle pense aux calories qu’elle vient d’ingurgiter, aux kilos qu’elle va prendre. Alors, elle se fait vomir. Se libérant ainsi physiquement et psychologiquement de la crise. Une sorte de remise à zéro des compteurs qui ne lui indique qu’une chose : elle pourra recommencer demain.Et c’est ce qu’elle va faire, jour après jour. Parfois même à raison de plusieurs crises dans une même journée. Pour être sûre d’avoir tout éliminé et dans un souci de perfection, elle va user, voire abuser, de laxatifs et de diurétiques. « Et comme dans l’anorexie mentale, note Daniel Rigaud, tout naturellement, l’hyperactivité physique aidera certaines malades à se rassurer face à la peur du poids à prendre. » Les signes d’alerte : Amaigrissement, douleurs récurrentes au ventre et à la gorge, irritabilité (notamment quand les sujets touchent au corps et à la nourriture), déshydratation (peau sèche, ongles et cheveux abîmés), fatigue, vertiges, dents abîmées par les acides gastriques. Placards qui se vident plus vite que d’habitude, paquets vides ou aliments dissimulés dans la chambre, argent qui disparaît.Les crises sont impressionnantes. Pourtant, il n’est pas rare que les proches mettent du temps avant de se rendre compte de quoi que ce soit. Garder le secret est un enjeu capital pour la malade. De peur que quelqu’un puisse venir entraver le seul remède qu’elle semble avoir trouvé à ses souffrances, elle met en place divers stratagèmes pour ne pas être démasquée.La manipulation et la dissimulation sont les composantes essentielles de la boulimie. Derrière un masque et un sourire trompeurs, la boulimique cache son mal-être et ses faiblesses. Elle connaît l’emploi du temps de ses proches sur le bout des doigts et s’arrange pour être toujours seule au moment des crises, enfermée à l’abri des regards. Dès que la crise est passée, elle en efface toutes les traces : paquets et boîtes vides, odeurs dans les toilettes…Impossible donc de confondre la boulimique et la simple gourmande. La première n’éprouve aucun plaisir à manger. Elle ne fait que se gaver. Son acte, violent, destructeur et incontrôlé, est seulement le moyen de défense qu’elle a trouvé contre cette sensation de vide qui s’empare d’elle. Comme dans la plupart des autres troubles du comportement alimentaire, elle manque de confiance, d’estime de soi et se sent faible. Elle rejette l’image féminine et souffre d’une peur très forte d’être jugée par autrui. Autant de signes qui montrent à quel point sa souffrance se trouve bien au-delà de son rapport à la nourriture.
Comprendre son origine Nombreux sont les spécialistes qui s’accordent pour dire que la boulimie est une dépendance à la nourriture comparable à celle dont souffrent les toxicomanes ou les alcooliques. Dans une démarche similaire, cette dépendance est bien souvent utilisée comme pansement. Elle a pour objectif de venir soulager une souffrance, d’apporter un certain réconfort, un temps pendant lequel on oublie tout le reste, pendant lequel plus rien n’a d’importance. Mais une différence de taille subsiste : contrairement à l’alcool et à la drogue, la nourriture est partout, disponible à foison, accessible à tous. Et surtout, elle est, paradoxalement, indispensable à la vie. Mais comment expliquer que certaines jeunes femmes sombrent dans la boulimie et d’autres non? Il est, aujourd’hui encore, impossible de savoir avec exactitude pourquoi certaines sont plus vulnérables que d’autres. Longtemps, des difficultés relationnelles entre les mères - ou les parents nourriciers - et leurs filles ont été incriminées. Mais l’on sait à présent que les troubles du comportement alimentaire relèvent tous d’un faisceau de causes multiples et croisées, où la génétique, la nutrition, le psychique, ou encore la société ont tous un rôle à jouer. La culpabilité des parents n’est donc plus systématisée. Néanmoins, leur implication reste parfois bien réelle, notamment dans le déclenchement de trouble. Car si ce dernier survient parfois à l’issue d’un régime, il peut aussi être encouragé par : - la pression d’une mère en proie à ses propres problèmes alimentaires. C’est notamment le cas des femmes orthorexiques, complètement obnubilées par le dogme de l’alimentation (manger sain, équilibré, léger…). - la remarque blessante d’un père (mais aussi d’un frère, d’un ami, d’un camarade d’école) sur le poids ou la silhouette de la jeune femme. - une rupture sentimentale, un traumatisme (sexuel dans de nombreux cas)… Quant à leur jeune âge et à leur sexe, il s’explique notamment par la grande fragilité des adolescentes, due en partie à la difficulté pour ces jeunes filles d’appréhender leurs nouvelles formes, de devenir une femme en même temps que ce corps qui se transforme de manière manifeste. Le tout sur fond de pression sociale, de culte du corps et de diktat de la minceur. La prise en charge thérapeutique Une fois alertés par l’attitude de leur fille ou de leur amie et conscients des dangers auxquels celle-ci s’expose, les parents et les proches des jeunes boulimiques sont souvent confrontés à une réelle difficulté : la convaincre de se faire soigner. Plus ils seront informés sur le trouble, plus ils seront à même de le comprendre et donc de venir en aide celle qui en a besoin. D’où l’intérêt de prendre les devants avant même d’en parler avec leur fille ou leur amie. Ensuite, ils pourront se tourner vers un spécialiste qui pourra les soutenir. Il est souvent nécessaire de forcer la malade à consulter, contre sa volonté. Car si les boulimiques peuvent sembler moins en danger sur le plan physique que certaines anorexiques au corps décharné, elles n’en souffrent pas moins de carences et parfois de pathologies (cardiaques, rénales…) qui les mettent en péril. Une hospitalisation est parfois même envisageable. La prise en charge passe ensuite par un travail axé sur trois approches : - nutritionnelle (retrouver et maintenir un poids normal, avoir des apports énergétiques normaux, renouer avec les aliments tabous…) - comportementale (se nourrir de façon apaisée, sans peur ni obsession, apprendre à exprimer ses émotions autrement qu’à travers la nourriture…) - psychologique (exploration des causes profondes du trouble, travail sur l’estime de soi, sur le regard d’autrui, les culpabilités…). Ce travail ne peut se faire qu’avec l’aide de praticiens spécialistes des troubles du comportement alimentaire, qu’ils soient nutritionnistes, diététiciens, psychiatres, psychologues… et le choix des approches est vaste : thérapies psychanalytiques, psychocorporelles, comportementales et cognitives, hypnose…En complément, les groupes d’entraide et de paroles ont fait leur preuve dans ce genre de troubles. Ils sont un lieu d’échange privilégié pour les malades, mais aussi pour celles qui s’en sont sorties et viennent témoigner de cette lueur d’espoir indispensable, celle de la guérison.
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Qu’est-ce qu’une crise de boulimie ?
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Les personnes boulimiques présentent des troubles alimentaires plus ou moins aigus. En règle générale, une personne est considérée comme boulimique lorsque, au cours des trois derniers mois, elle a manifesté au minimum deux crises par semaine. La boulimie est souvent liée à des troubles psychologiques. Le plus souvent, à des angoisses incontrôlées, à un sentiment de carence ou d’insécurité affective. En proie à des sentiments violents et désagréables, le malade, en situation de malaise, ingurgite de la nourriture en grande quantité et de façon compulsive afin de se procurer du réconfort. Peu à peu, il prend ce réflexe chaque fois qu’il est confronté à une difficulté et devient dépendant de la nourriture, q ui fait l’objet d’une sorte d’addiction. A chaque crise de boulimie, l’adolescent se jette donc frénétiquement sur la nourriture à sa portée pour manger goulûment et sans faim, jusqu’à s’en écœurer. Ces crises surviennent souvent en fin de journée, au moment où, après un pic d’activité et de stress, il se retrouve seul chez lui, face à lui-même. Elles peuvent durer de deux à cinq heures, selon l’intensité de la crise et la résistance de l’estomac, plus ou moins accoutumé à ces débordements. Les symptômes de la boulimie : La personne mange tout et n’importe quoi. Pour obéir à des pulsions, la personne ingurgite des quantités importantes de nourriture.La personne se fait vomir. Acte qui s’exerce seul, à l’abris du regard des autres. La personne avale souvent sans trop mâcher, ne déguste pas la nourriture et mange très vite.
L’accélération : L’expérience du chaos boulimique est celle de mettre en acte un désir si profond ancré en chacun de nous, que nous pouvons tous nous souvenir de l’avoir souvent éprouvé, celui d’engloutir pour faire tomber l’autre en nous et le garder. Mais passer du rêve et du fantasme à la réalité et à l’acte nous ferait tomber hors du monde. L’expérience chaotique fait persister dans la répétition des crises. La boulimie ce n’est pas qu’engloutir beaucoup, c’est le faire vite et, de plus en plus. L’impulsion boulimique ressemblerait à la bouche d’un gouffre d’où déferle le chaos. La crise, dans sa forme la plus intraitable, est celle qui cumule les deux figures : la bouche est la faille par laquelle tout s’engouffre – la boulimie-, et elle est la bouche du gouffre d’où déferle le chaos – vomissement ou purge. La crise de boulimie précipite, elle déferle puis irrémédiablement sans crier gare, engloutit dans le gouffre. On dit « engouffrer dans la bouche ». Mais on peut aussitôt transformer l’expression et parler de l’embouchure d’un gouffre. Les crises prennent l’allure d’un cataclysme naturel qui détruit tout sur son passage, de l’estime de soi à l’aisance corporelle, de l’émotion à la relation aux autres.La boulimie ressemble à une explosion. Pour commencer, elles ont appuyé sur le bouton qui amorce la bombe d’une explosion déracinante. Le temps, pas le temps ; appartient à la perturbation. Elle participe à son déclanchement c’est même la manière d’appuyer sur le bouton de la perturbation.
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70% des boulimiques sont des jeunes filles ou des femmes. 10% des femmes sont touchées à un moment ou un autre par des périodes alimentaires compulsives. 70% des boulimiques ont un poids normal («invisibilité» du trouble). 20% des boulimiques souffrent d’une autre dépendance. 7 à 19 % des étudiantes entre 18 et 22 ans sont atteintes de boulimie aux USA. 3 garçons pour 10 filles sont touchés par la boulimie. 18 ans correspond à l’âge moyen du démarrage de la boulimie; et 50 % dépriment de façon grave. Elle toucherait environ 3 à 4 % des personnes de sexe féminin, entre 15 et 35 ans. Ceci représenterait en France de l’ordre de 400.000 personnes. Une étude faite en Bourgogne part l’association suggère que la boulimie n’est pas plus fréquente dans la population des jeunes filles et jeunes femmes de 15 à 25 ans (4,8 %) que dans celle des 25-45 ans (4,2 %). A l’heure actuelle, si l’on en croit les statistiques, il y aurait en France environ : 1. 150.000 adolescentes atteintes d’anorexie mentale (moins de 25 ans), 2. 250.000 personnes adultes (20-45 ans), parmi lesquelles 50.000 adolescents anorexiques devenus boulimiques adultes et 60.000 adultes dont l’anorexie mentale a précédé la boulimie. Ces statistiques sont imprécises, car il n’existe de registre national. Sexe : la boulimie touche très majoritairement les femmes : 97 à 99 % des personnes qui en souffrent sont des femmes : il y a un homme pour 30 femmes, voire moins. Âge : il s’agit d’une maladie de la femme jeune. Mais le début est plus tardif que celui de l’anorexie : seuls 40 % des malades ont moins de 25 ans. La maladie touche plus de femmes de plus de 25 ans. Ceci s’explique par le fait que les deux tiers des malades développent d’abord une anorexie et que la boulimie vient compliquer chez elles l’anorexie. Conditions socio-économiques : Toutes les couches de la population sont touchées : milieux aisés, riches et bourgeois, comme milieux moins favorisés. En France, on voit des cas chez les personnes issues de l’immigration : Afrique du Nord (Maghreb), Vietnamiens, personnes des Antilles françaises. Quelques cas chez des personnes de race noire ont été décrits. La maladie touche des gens des villes comme de la campagne. Pays et « races » : Tous les pays sont touchés, ce qui n’était pas le cas il y a 20 ans. On décrit des cas dans le Sud-est asiatique, notamment au Japon, en Chine, en Inde, mais aussi en Amérique du Sud. La fréquence aux USA, en Australie et en Europe semble assez voisine de celle observée en France.
—La pré-crise. La personne se sent envahie par un sentiment diffus de malaise, de tension, d’angoisse. Elle ressent alors un besoin impératif de manger. Les tentatives de lutte contre ce sentiment sont le plus souvent vaines. Un sentiment de tension pénible. Une excitation préalable teintée d’angoisse et d’irritabilité. Un état de manque, de recherche de nourriture. —L’accès boulimique. Il s’agit d’une ingestion rapide et désordonnée d’une grande quantité d’aliments (plusieurs milliers de calories). On note une préférence pour des aliments sucrés, une nourriture très riche, évitée voire proscrite en dehors des crises. La personne se trouve dans un état second, manger se fait sans plaisir. Une perte de contrôle. Une absorption de milliers de calories en un temps très court. (aliments sucrés et salés) Une sensation de malaises corporels. (notamment abdominaux) Des vomissements provoqués ou automatiques. Après les vomissements, soulagements mais teinté de honte. —L’après crise Au bout d’un temps variable, la personne ressent un sentiment de douleur morale intense, une grande culpabilité, un écourement physique. Les vomissements éventuels qui suivent apportent un certain soulagement ; mais ils s’accompagnent d’une profonde honte et de remords. C’est le moment des résolutions, des promesses de ne pas recommencer la prochaine fois. En dehors de ces crises, les comportements alimentaires sont souvent perturbés : succession de régimes, une alimentation irrégulière et déséquilibrée (anorexie, restriction alimentaire).De la honte, culpabilité, et des regrets. Une volonté de stopper, mais une réelle difficulté d’arrêter car les crises sont devenues habituelles.
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Étude sur le comportement
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des personnes boulimiques La définition d’un comportement boulimique est la suivante : au moins deux fois par semaine, crises compulsives alimentaires associées à des comportements dont le but est d’éliminer la crise et ne pas grossir (vomissements provoqués > 90 % des cas). Les crises sont associées à un sentiment intense de perte de contrôle et à une pensée anorexique très forte. Ces crises sont décrites dans l’anorexie mentale de forme boulimique (AMB) et la boulimie à poids normal (B). Dans la compulsion alimentaire (C, bing eating disorder), les crises ne sont pas ponctuées de vomissements et la perte de contrôle est moins forte. On dit souvent que le comportement boulimique n’a rien à voir avec la faim et que ses composantes émotionnelles sont majeures : un état dépressif chez plus de la moitié des malades, une anxiété chez les ¾, un traumatisme dans 10 à 15 % des cas : violences physiques, harcèlement, dévalorisation, abus sexuels notamment. Mais il n’est pas exclu que les crises soient aussi en rapport avec des aspects sensoriels ou nutritionnels. Les médias ne cessent de stimuler nos sens, les supermarchés alimentaires qui sont partout aussi. De plus, de très nombreux malades ont des apports nutritionnels très en dessous de leurs besoins et sautent un, deux voire les trois repas. En thérapie cognitivo-comportementale (TCC), on évoque le rôle des facteurs inducteurs de crises, c’est-à-dire d’éléments qui favoriseraient ou déclencheraient les crises. Mais, très peu d’études sont disponibles à ce sujet. Notre objectif était double : Mettre au point un questionnaire sur les déclencheurs (inducteurs) de crises de boulimie et de compulsion, Le tester chez un grand nombre de malades anorexiques-boulimiques, boulimiques et compulsives. Malades et méthodes En 4 mois, 195 malades ayant des crises de boulimie ou de compulsion ont été incluses. 8 patientes ont refusé de participer à l’étude. Un homme a été exclu de l’analyse. Ont été au final étudiées : 65 AMB (35 % du total), 62 B (33 %) et 59 C (32 %) (total : 186). La moyenne d’âge était de 27,5 + 9,1 ans. Poids : Leur indice de masse corporelle (IMC) était très différent : bas pour les AMB (mais pas très bas) : 16,7 + 1,5 kg/m2 ; normal pour les B : 21,6 + 1,9 kg/m2 ; et IMC élevé pour les C : 33,2 + 8,3 kg/ m2. Le TCA évoluait sous la forme actuelle depuis 3,8 + 2,2 ans (>5 ans chez 68% des AMB, 58 % des B et 74 % des C). Intensité des crises : Les malades AMB et B faisaient 14,6 + 9,1 crises par semaine, toujours ponctuées de vomissements. La durée moyenne des crises était de 1 h 36 min/jour. Les malades compulsifs (C) ne faisaient que 9,4 + 8,2 crises/sem (P<0,05 vs AMB et B), d’une durée de 1 h 04/j (P<0,05). Dans 59 % des cas, les crises étaient « beaucoup plus volumineuses qu’un repas » et dans 27 % des cas « plus volumineuses qu’un repas ». Méthodologie La méthodologie a été la suivante. Six experts en TCA se sont réunis pour élaborer une 1ère version du questionnaire « START » : un médecin nutritionniste, 2 psychologues, un diététicien, une chercheuse en neurosciences et une ancienne malade. Ils ont échangé leur savoir sur les facteurs favorisant le déclenchement des crises en cas d’AMB, de boulimie et de compulsion. Une première liste de facteurs inducteurs a été établie. Pendant la 2ème heure, les experts ont identifié sept catégories de déclencheurs possibles : 1- liés à l’espace (« où ?»), 2- au moment (« quand dans la journée ?»), 3- au temps (« quand dans la semaine ?»), 4- au métabolisme (« relation avec faim, satiété… ?), 5- aux sens (olfaction, vision, gustation), 6- aux émotions (anxiété, dépression, flashs du passé…) et 7- aux pensées (ennui, joie, pression…). Pour chaque catégorie, 8 à 10 questions ont été écrites, puis corrigées, amandées, changées, remplacées, afin d’améliorer la compréhension de START. Cette version a été évaluée et critiquée par 12 malades : 4 AMB, 4 B et 4 C : pertinence, lisibilité, clarté. Elles devaient noter chaque critère de « zéro » à « trois » : 0=nulle, pas claire, 3=très bien. Au final, le questionnaire START comportait 24 questions. Cette version a été critiquée par 17 autres malades : 6 AMB, 5 B (une ne l’a pas fait) et 6 C. Après discussion, un consensus s’est fait sur la présentation
des réponses. Le modèle donnant des réponses graduées de « zéro » (« pas du tout vrai » ou « jamais ») à « trois » (« tout à fait vrai » ou « tout le temps ») a été choisi. Le temps de réponse a été de 5,61 + 0,76 min. Les malades répondaient par ailleurs à un questionnaire élaboré par l’équipe et utilisé en routine pour apprécier le caractère addictif du TCA. La reproductibilité a été testée (test-retest à 3 jours) chez les 17 malades : r=0,926. Les résultats sont donnés en moyennes et écarts standards ou en pourcentage de malades. Les 3 groupes : AMB, B et C ont été comparés par ANOVA, puis, deux à deux, par le test de Student ou le test de chi deux. Les pourcentages exprimés sont des pourcentages de malades et non des pourcentages du nombre total de crises. Résultats : Les facteurs inducteurs de crises dans la boulimie L’horaire dans la journée Le matin et à midi : Pour 16 % des malades, le matin au réveil ou/et à midi était un moment très propice aux crises. À l’heure du goûter ou le soir en rentrant : C’était un horaire privilégié chez 34 % (« à la nuit tombante »), 48 % des malades (goûter) et 65 % des malades (le soir en rentrant »). Le soir après dîner : « Le soir après dîner… » était un moment déclencheur de crises pour au total 44 % des malades. La nuit, au-delà de 22 h : Lkes crises se déclenchaient la nuit après 22 h chez 17 % (AMB), 27 % (B) et surtout chez 35 % des C (P<0,05 entre AMB et C). Globalement, les crises étaient programmées chez plus des deux tiers des malades. Mais, chez 15 % (AMB), 18 % (B) et 30 % (C) des malades, c’était « n’importe quand ». Donc, schématiquement : - Une malade sur six voit sa crise se déclencher le matin, à midi ou n’importe quand - Une malade sur trois quand la nuit tombe ou après 22h (night eating disorders) - Une malade sur deux au moment du goûter ou après diner - Deux malades sur trois en rentrant chez elles. Le lieu Chez soi : C’était le lieu privilégié par 96 % des malades Chez les parents : Une majorité de malades disaient ne pas pouvoir faire de crises chez leurs parents : 66 % des AMB, 75 % des B et C (P< 0,05 entre AMB et C). A l’inverse, 14 % des malades disaient que la crise se déclenchait « avant tout chez leurs parents ». Au travail : Faire une crise à son travail (ou au lycée, ou à l’université) était exclu (impossible) chez 78 % des AMB, 68 % des B et 58 % des C (P=0,07 entre AMB et C). Dans la rue : 5 % des malades reconnaissaient faire des crises « dans la rue en marchant ». Le lieu chez soi : « entrer dans la cuisine » déclenche ma crise pour 46 % des malades. Le contexte métabolique La faim : Globalement, 59 % des malades cochaient « vrai » ou « tout à fait vrai » à « Avoir faim déclenche ma crise » (26 % des B, 37 % des AMB et 44 % des C, B inférieur à AMB et C). A l’inverse, certaines malades répondaient que les crises survenaient « surtout quand elles n’avaient pas faim » : les B (27%) plus que les AMB et des C (16 et 17 %). Les aliments eux-mêmes Plus de trois quart des malades disaient que les aliments les plus forts déclencheurs étaient les aliments jugés par elles « caloriques » : 70 % des AMB, versus 81 % des B et 95 % des C. Les aliments jugés « appétissants » étaient de forts déclencheurs chez 58 % des malades. Les aliments « les plus forts inducteurs » étaient le pain et les biscuits (75 % des malades), les gâteaux (68 %), le chocolat (67 %), les sucreries (56 %), les féculents ou les laitages (45 %). Les pommes de terre frittes étaient de forts inducteurs de crises chez 56% des C, contre 27% et 23% des AMB et B (P<0,03). Mais un autre 10 % des malades notaient comme « le plus net inducteur de crises » la viande ou les fruits, voire même des légumes verts, rarement (18 % des malades AMB, vs 4 % des B et aucune C Les sensations liées aux aliments Préparation des repas : Entendre et/ou voir les autres préparer le repas n’était clairement inducteur de crises que chez 14 % d es malades.
des crises montrent le rôle joué par l’état métabolique : ce sont l es heures des repas en général. Ceci pourrait être travaillé en TCC. Les aspects sensoriels sont intéressants. Les sens (surtout la gustation) semblaient être de forts inducteurs. Fait crucial, les malades faisaient une très nette distinction entre les aliments consommés lors des crises et les autres : les premiers étaient deux à trois fois plus souvent forts inducteurs de crises que les aliments « non-crises ». Dans leurs 2 études, Waters et al, chez 15 malades boulimiques, ont trouvé que les crises étaient déclenchées quand les patientes étaient seules, plutôt le matin et quand elles mettaient en bouche certains aliments. Une pulsion suivie d’une crise était associé à une tension interne plus forte, une humeur plus sombre et une moindre faim qu’une pulsion non suivie d’une crise. Urdapilleta et al ont montré que leurs 17 malades AMB avaient une représentation plus négative des aliments que les 17 B et 14 AM restrictives et les 17 femmes sans TCA. En cas de TCA, les aliments-crises n’étaient pas pensés selon la diététique, mais selon des représentations imaginaires. Dans l’étude de Gorini et al, 20 malades (10 AM, 10 B) ont été exposées à de vrais aliments, à des aliments factices et à des photos d’aliments. Les aliments entraînaient plus d’émotions que les aliments factices et ceux-ci plus que les photos d’aliments. Ces aspects sensoriels et métaboliques pourraient être des facteurs à travailler de façon spécifique en TCC (un travail sur le goût), comme le suggèrent nos travaux. Le travail pourrait porter sur les aliments caloriques et appétissants, avec réintroduction sous contrôle, et analyse olfactive et gustative lors d’une mise en bouche. Le rôle des facteurs émotionnels n’était plus à démontrer. Ils étaient de forts inducteurs de crises chez une grande majorité de malades : les deux tiers environ pour la tristesse, l’humeur dépressive, le stress, le sentiment d’impuissance et l’ennui, et les trois quart environ des patientes pour l’anxiété, la solitude et le sentiment d’impuissance. Des souvenirs angoissants du passé (flashs) étaient déclencheurs chez les quatre cinquième des malades qui avaient subi un traumatisme physique, sexuel ou mental. Dans l’étude de Laessle et Schultz, qui portait chez 48 femmes obèses compulsives, le stress modifiait la taille des pulsions alimentaires et des quantités consommées au repas. Fait frappant, nous avons noté que, chez 12 % des patientes, aucun des 15 facteurs émotionnels négatifs du questionnaire START n’était coché comme inducteur de crises. Ceci confirme les résultats de Wasson. Dans le même sens, une excitation, une grande joie, une réussite sont également des inducteurs de crises chez 6 à 10 % des malades. Mirabel-Sarron et al ont montré que les cognitions vis-à-vis de l’intérêt des aliments pour notre corps étaient bien différentes en cas de TCA (50 AMB et 28 B) qu’en absence de TCA. Les cognitions étaient fortement liées à l’idée de crises. L’étude de Moreno et al, chez 135 malades TCA, suggère que le besoin de crises distinguait AMR et AMB ou B et que la boulimie est plus en rapport avec la perte de contrôle qu’avec la restriction cognitive. Comparaisons AMB, B et C : Il n’existait, aux travers des réponses à START que peu de différences. Tout au plus notait-on des différences entre AMB et B pour la faim, entre AMB d’une part et B et C d’autre part pour les crises avec des fruits et légumes (plus chez les AMB que dans les 2 autres groupes), pour l’angoisse (plus chez les AMB), ou les crises en réponse à l’ennui (moins chez les AMB) ainsi qu’en réponse aux aliments caloriques (moins chez les AMB que dans les 2 autres groupes). Le caractère addictif des crises alimentaires est nettement plus fort en cas de crises de boulimie (avec vomissement donc : AMB et B) qu’en cas de compulsion (pas de vomissements). Sur une note globale (de 0 à 10), les notes 9 et 10 étaient données par 61% des B, 40% des AMB et seulement 33% des C ; les notes 7-8 par 41 % des AMB, 31 % des B et 24 % des C.
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L’odeur des aliments en général ne semblait être un net déclencheur de crises que chez 10 % des patients et l’odeur des aliments des crises que chez 19 % des malades. (P<0,02). La vue des aliments en général était un facteur déclencheur de crises que dans 25 % des cas. En revanche, la vue des aliments-crises étaient un fort inducteur de crises dans 52 % des cas (NS entre groupes).La mise en bouche : c’était l’inducteur le plus puissant : un aliment-crise déclenchait la crise quand il était mis en bouche, même lors d’un repas dans 71 % des cas, alors que ce n’était q ue 26 % si l’aliment était étranger aux crises. Inducteurs sensoriels (olfaction, vision, gustation) selon qu’il s’agissait d’aliments consommés pendant les crises ou non. « Alim-crises » : aliments habituellement consommés lors des crises ; « non crise » : pour les aliments qui ne font pas partie des crises. La mise en bouche déclenche beaucoup plus souvent la crise que l’odeur ou la vue des aliments crises. La stimulation des sens par les aliments-crises est bien plus efficace que celle d’« aliments non-crises ». L’humeur La fatigue était un net adéclencheur chez 37 % des patientes. A l’inverse, l’« hypervigilance » et/ou « l’excitation » étaient de forts inducteurs chez 39 % des AMB, 31 % des B et 27 % des C (P<0,05 entre AMB et B, C). Anxiété, stress, dépression et émotions Les flashs du passé (sexuel ou non) étaient de forts inducteurs pour un tiers des malades. Le besoin d’apaiser la douleur était une raison « forte » aux crises chez 38 % des malades et « net » chez 23 % (NS entre groupes). L’impuissance et la solitude étaient de puissants inducteurs : « rien ne va » (66%) « impuissance » (69%) ou « solitude » (78% des malades). Les facteurs émotionnels qui étaient de forts déclencheurs de crises. A l’inverse, des facteurs positifs comme le « bien-être », « une joie », « une bonne nouvelle », « être heureuse » ou « avoir la pêche » pouvaient déclencher la crise chez 7 % des patientes. La crise était « comme un doudou » (un substitut affectif) pour 31 % des malades, moins souvent chez les AMB (20 %) que chez les B (32 %) et les C (43 %, P<0,05). Le caractère addictif Les aliments étaient décrits comme une « pensée obsédante » par 85 % des AMB, 94 % des B (NS) et seulement 51 % des C (P<0,01). Les questions « Je suis accro à la nourriture » et « La nourriture domine ma vie » étaient toutes deux cochées comme « tout à fait vrai » par 51 % des AMB et B et 29 % des C (P<0,01). Elles se sentaient « impuissantes face aux crises » dans 62 % (AMB), 41 % (B) et 37 % (C) des cas (P<0,03). Elles disaient pouvoir être agressives si on les empêchait de faire leur crise dans 36 % des cas. Le vol récurrent d’aliments était coché 14 % des patients (« Je ne peux pas du tout m’empêcher de voler de la nourriture »), sans différence entre groupes. Etre incapable de se soustraire aux vomissements des crises concernait 62 % des AMB, 89 % des B et seulement 4 % des C (P<0,05). La plupart des malades se sentaient honteuses, salies, nulles du fait de leurs crises dans respectivement 58 % (AMB), 45 % (B) et 43 % (C) des cas (P<0,04). Seules 12 % des malades avaient du plaisir aux crises. La note globale d’addiction aux crises (0=pas du tout accro, 10=vraiment très accro) : 8,56 + 1,2 pour les AMB, 8,42 + 1,5 pour les B et 6,74 + 1,1 pour les C (plus basse, P<0,01, entre AMB et B d’une part et C d’autre part). Discussion Notre étude montre que certains facteurs sont nettement plus inducteurs que d’autres : l’heure du retour chez soi ou celle du goûter ; le retour au domicile, l’entrée dans la cuisine, les moments de faim. Les aliments des crises sont surtout ceux qui sont interdits, parce que « grossissants » et « appétissants ».Ceci va bien avec la théorie de la restriction cognitive et de la désinhibition. Des sens jouent aussi un grand rôle (la perception sensorielle des aliments-crises), de même bien sûr que des facteurs émotionnels, même des émotions positives. Dans notre travail, le retour chez soi et l’heure du goûter sont de forts déclencheurs. Ceci renvoie sans doute à la fois à un besoin métabolique, culturel et de sécurité, ainsi qu’à une désinhibition (« chez moi, je peux »). La nécessité de s’isoler l’explique aussi (effet désinhibiteur). Les horaires préférentiels
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Les malades consultant pour crises alimentaires (crises boulimiques ou compulsives non vomitives) identifient comme fort inducteur de crises à la fois des facteurs métaboliques (la faim), sensoriels (la mise en bouche, la vue) et émotionnels. Il y a peu de différences entre anorexiques-boulimiques, boulimiques (à poids normal) et compulsives (non vomitives) de ce point de vue. En revanche, pour une raison obscure, les crises ponctuées de vomissements sont beaucoup plus addictives que les crises non vomitives.
Comment s’en sortir?
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Il est difficile de sortir de la boulimie sans accompagnement. La prescription de médicaments et la proposition d’entreprendre une psychothérapie peuvent alors être envisagées pour soigner la boulimie. Parfois une hospitalisation spécialisée peut s’avérer nécessaire. Prise en charge médicamenteuse Des médicaments pourront être prescrits afin de réduire les symptômes de la boulimie (baisse du nombre de crises) mais aussi pour traiter les troubles associées tels que l’anxiété et la dépression. Enfin, après une évaluation médicale portant sur les conséquences physiologiques des conduites de purges (troubles digestifs, rénaux, cardiaques, endocriniens, etc...) le médecin pourra prescrire des examens (analyses sanguines) et des médicaments pour traiter ces troubles. Les antidépresseurs peuvent aider à réduire les symptômes de la boulimie. La Food and Drug Administration recommande la prescription préférentielle de la fluoxétine (Prozac) dans le cadre de la boulimie. Cet antidépresseur fait partie de la classe d’antidépresseurs dont le fonctionnement est d’inhiber la recapture de la sérotonine (ISRS). Ce médicament agit en augmentant la quantité du neurotransmetteur qu’est la sérotonine dans les synapses (jonction entre deux neurones). La présence accrue de sérotonine facilite le passage de l’information nerveuse. Toutefois, selon les troubles présentés par son patient (autres troubles psychopathologiques associés), le médecin peut prescrire d’autres antidépresseurs ou médicaments (notamment certains anxiolytiques) pour traiter la boulimie. Accompagnement psychothérapique Les psychothérapies sont proposées pour la plupart, de manière individuelle ou en groupe, mais ont toutes pour objectifs : d’améliorer la perception et l’estime de soi de la personne boulimique et de travailler sur certains conflits. Les thérapies comportementales et cognitives (TCC) Elles sont très efficaces pour traiter les symptômes de la boulimie puisqu’il s’agit d’amener le patient à observer ses comportements pathologiques (ici, il s’agira des crises mais aussi des comportements de purge) puis à les modifier. Le but des TCC n’est pas de trouver les causes ou l’origine du trouble mais bien d’agir sur celui-ci. Le psychothérapeute intervient sur les processus mentaux (schémas de pensée) et les émotions qui régulent les comportements du patient et l’incitent à réévaluer les choix qui l’ont incité à céder à une crise.Le patient est très actif dans les TCC, il va devoir remplir de nombreuses grilles et questionnaires. Dans le cadre de la boulimie, en général une vingtaine de séances est nécessaire afin de questionner et modifier les pensées dysfonctionnelles du patient en lien avec l’alimentation, le poids et l’image corporelle, l’estime de soi, etc... La thérapie systémique familiale Cette thérapie est dite « systémique » parce qu’elle considère le groupe famille comme un système et un ensemble d’éléments interdépendants. En l’occurrence, la famille ne serait pas constituée d’éléments indépendants (parents/ enfants), mais d’entités qui influent les unes sur les autres. La thérapie systémique familiale étudie les modes de communication et les différentes interactions au sein de la famille pour tenter par la suite d’en améliorer les rapports internes. Lorsqu’un membre d’une famille est touché par une maladie comme la boulimie, les autres membres vont être affectés. Par exemple, les moments des repas peuvent être particulièrement compliqués à gérer pour la famille. Les actes et paroles des uns et des autres peuvent être aidants ou au contraire néfastes pour le malade. Il ne s’agit pas de culpabiliser les uns et les autres, ni de les rendre coupables de la boulimie mais de prendre en considération leurs souffrances et de faire avancer chacun dans le bon sens pour eux mais aussi pour le malade.
La psychothérapie psychodynamique Cette psychothérapie s’inspire de la psychanalyse. Elle est largement utilisée afin d’accompagner le patient dans la recherche des conflits (personnels, interpersonnels, conscients et inconscients, etc...) pouvant être à l’origine de l’apparition des troubles alimentaires. La psychothérapie interpersonnelle Cette thérapie courte, surtout utilisée pour traiter la dépression, a fait ses preuves pour accompagner les personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire. Durant la psychothérapie interpersonnelle, le sujet ne sera pas l’alimentation mais les difficultés interpersonnelles actuelles du patient qui ont forcément des conséquences sur son comportement alimentaire. La thérapie nutritionnelle Cette thérapie psycho-éducative est très importante et efficace en complément d’une psychothérapie. En effet, les bénéfices qu’elle peut apporter ne durent pas si elle est effectuée seule, la boulimie n’est bien souvent qu’un symptôme qui reflète un mal plus profond. Elle est utilisée auprès des personnes qui souffrent également d’autres troubles des conduites alimentaires. La thérapie nutritionnelle va permettre au patient à réapprendre à manger : reprendre une alimentation équilibrée, appréhender les aliments tabous (notamment sucrés, qui permettaient de provoquer les vomissements), manger à nouveau des sucres lents pour éviter les crises, se réhabituer aux repas assis à table, 4 par jour, en quantités raisonnables. Des informations en rapport avec le poids et l’alimentation seront apportées et expliquées comme par exemple la théorie du poids naturel. Avec cette thérapie, on essaye de modifier le rapport que le patient a avec l’alimentation. Enfin, cette méthode s’intéresse également aux comportements compensatoires de purge qu’avait pour habitude d’utiliser le patient. Elle vise donc également à lui permettre de perdre l’habitude d’utiliser des méthodes comme les laxatifs si tel était le cas en lui apportant des informations théoriques qui lui expliqueront l’inefficacité de tels comportements.
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ll est difficile de sortir de la boulimie sans accompagnement. La prescription de médicaments et la proposition d’entreprendre une psychothérapie peuvent alors être envisagéespour soigner la boulimie. Parfois une hospitalisation spécialisée peut s’avérer nécessaire.
les troubles anxieux — la crise d’angoisse
Les troubles anxieux Tout le monde éprouve de l’anxiété un jour ou l’autre. Ce sentiment peut survenir dans des situations perçues comme intimidantes telles qu’une présentation orale, un accident de voiture évité de justesse ou l’attente des résultats d’analyses médicales. En fait, un certain niveau d’anxiété peut être bénéfique. L’anxiété peut nous aider à faire face à une situation inquiétante, à étudier plus intensément pour un examen ou à accroître notre performance sportive. L’anxiété n’est pas nécessairement nuisible, et il est rare qu’elle dure très longtemps. Lorsque l’anxiété persiste au point d’interférer avec notre capacité de nous occuper des problèmes quotidiens et qu’elle perturbe notre vie, il pourrait alors s’agir d’un trouble anxieux. Il y a plusieurs types de troubles anxieux, notamment : les crises de panique ou le trouble panique (crise d’anxiété soudaine sans aucun avertissement) avec ou sans agoraphobie (éviter des situations précises comme des endroits ou des espaces publics où des foules se rassemblent d’où il pourrait leur être difficile de s’échapper);les phobies (divers types de réactions de peur intense déclenchées par des situations ou des objets particuliers : les araignées, les avions, les hauteurs);l’anxiété sociale ou phobie sociale (la peur d’une situation embarrassante en société); un trouble anxieux généralisé (un sentiment persistant d’anxiété généralisée). Les troubles anxieux s’accompagnent souvent d’autres affections telles la dépression, les troubles alimentaires ou les toxicomanies.Les troubles anxieux sont les désordres mentaux les plus courants. Environ 1 adulte sur 4 connaîtra un trouble anxieux à un moment quelconque de sa vie, et environ 1 personne sur 10 doit actuellement composer avec un trouble anxieux. Ces troubles touchent plus fréquemment les femmes que les hommes et les enfants. Beaucoup de personnes se méprennent sur la nature des troubles anxieux et pensent qu’elles réussiront à les surmonter par leurs propres moyens (c.-à-d. sans traitement). Cette stratégie ne réussit que rarement. Il existe heureusement de nombreux traitements qui peuvent les aider.
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Causes Bien que les chercheurs ne sachent pas exactement quelles sont les causes précises des troubles anxieux, ils savent que plusieurs facteurs sont à l’œuvre. Un trouble anxieux provient, tout comme les autres problèmes de santé mentale, de facteurs biologiques et psychologiques auxquels se combinent d’autres facteurs personnels. Notre manière de penser et d’agir lorsque nous sommes aux prises avec certaines situations peut jouer un rôle dans l’apparition de l’anxiété. Certaines personnes peuvent percevoir des situations comme plus dangereuses qu’elles ne le sont en réalité (par ex. la peur de prendre l’avion). D’autres ont vécu une mauvaise expérience et craignent qu’elle ne se reproduise (par ex. la morsure d’un chien). Les psychologues pensent que les expériences qui ont marqué l’enfance peuvent aussi jouer un rôle dans l’apparition de l’anxiété. Les chercheurs ont appris que certains déséquilibres dans la chimie du cerveau peuvent contribuer à l’apparition des troubles anxieux. Parmi les neurotransmetteurs (les messagers chimiques) du cerveau qui jouent un rôle dans l’anxiété figurent la sérotonine, la noradrénaline et l’acide gamma-aminobutyrique ou GABA. Les scientifiques ont par ailleurs remarqué que l’anxiété s’accompagne de modifications dans l’activité de certaines régions du cerveau. De nombreux troubles anxieux sont plus fréquents au sein de certaines familles et possèdent vraisemblablement une cause génétique. Il arrive que les symptômes de l’anxiété soient provoqués par certaines affections comme l’anémie et les troubles de la thyroïde. D’autres facteurs tels la caféine, l’alcool et certains médicaments peuvent aussi déclencher les symptômes de l’anxiété. Les troubles anxieux sont parfois provoqués par des événements traumatiques, comme l’agonie d’un être cher, une mort, la guerre et les catastrophes naturelles comme des ouragans ou des tremblements de terre Symptômes et Complications Beaucoup de symptômes de l’anxiété sont communs à tous les types de troubles anxieux. D’autres symptômes sont plus spécifiques de certains troubles anxieux en particulier. Voici une liste des symptômes les plus courants de chaque type de troubles anxieux : l’attaque de panique ou trouble panique se caractérise par l’apparition brusque et sans avertissement d’un sentiment d’anxiété. Il peut se manifester par une sensation d’oppression à la poitrine, des palpitations, de la transpiration, de l’essoufflement, un sentiment d’irréalité, des tremblements, des étourdissements, de la nausée, des bouffées de chaleur ou des frissons, l’impression de perdre le contrôle de soi, ou la peur de mourir. Les attaques de panique sont extrêmement courantes : elles touchent 10 % à 20 % de la population à un moment ou à un autre. Certaines personnes commencent par éviter les situations susceptibles de déclencher des attaques - c’est ce que l’on appelle l’attaque de panique avec agoraphobie. Les attaques durent habituellement 10 minutes ou moins, mais elles peuvent se prolonger. Le trouble panique, par contre, est beaucoup moins courant. Il se manifeste par des sentiments récurrents de terreur et de peur qui surviennent de façon imprévisible et en l’absence de toute cause évidente; les phobies sont des peurs déclenchées par quelque chose de spécifique comme un animal, les orages, les hauteurs ou la perspective de prendre l’avion. Elles s’accompagnent de transpiration, de tension musculaire et d’étourdissements. Les personnes qui en sont touchées prennent parfois des mesures extrêmes afin d’éviter la situation qu’elles craignent;l’anxiété sociale, ou phobie sociale, est un sentiment exagéré d’anxiété qui survient lorsqu’une personne craint de se trouver dans une situation embarrassante ou de faire l’objet de moqueries en société. Les situations qui peuvent déclencher l’anxiété sociale sont les discussions en petits groupes, les rendez-vous galants, les fêtes et les sports. Les symptômes courants de ce type d’anxiété sont le rougissement, la transpiration et la sécheresse de la bouche. Les personnes qui sont aux prises avec la phobie sociale évitent généralement les situations sociales qu’elles redoutent;le trouble d’anxiété généralisée se définit par un sentiment d’anxiété excessive et continuelle suscitée par une foule de choses et de situations (par ex. le travail, la situation financière, les enfants ou la santé). La peur n’est pas due à une cause spécifique. L’anxiété généralisée peut provoquer des symptômes d’une tension musculaire, des tremblements, de l’essoufflement, une accélération du rythme cardiaque, des étourdissements, une sécheresse de la bouche, des nausées, des troubles du sommeil et une baisse de la concentration. Les complications des troubles anxieux sont essentiellement liées à des sentiments d’inadéquation ou de dépression parce que ces personnes savent que leur comportement est irrationnel et qu’il perturbe leur vie. La dépression accompagne très fréquemment les troubles anxieux.
Alors, comment la reconnaître ? Comment la combattre ? L’attaque de panique est une des manifestations possibles des troubles anxieux. C’est une crise d’angoisse aiguë qui apparaît de façon brutale et qui dure de quelques minutes à quelques heures. La personne va ressentir une peur intense (de mourir, de devenir fou), une sensation de danger immédiat et des sensations physiques désagréables (palpitation, sueurs, tremblements, douleurs thoraciques, etc). Les symptômes physiques qui accompagnent l’attaque de panique vont être plus ou moins spectaculaires et vont alimenter et aggraver la peur ressentie par la personne qui a l’impression de perdre totalement le contrôle. Remarque : Il serait faux de dire que les difficultés respiratoires ou les problèmes de tétanie sont toujours synonymes de crise d’angoisse. De nombreuses maladies peuvent causer ce type de symptômes (l’asthme, par exemple), et, il est important de consulter son médecin dans tous les cas pour obtenir le bon diagnostic. Causes Les mécanismes de la crise d’angoisse ne sont pas très bien connus, mais ils font interagir de nombreux facteurs d’ordre biologique, psychologique, génétique, et cardio-respiratoire. Selon certaines théories, il s’agirait d’une réaction inappropriée ou excessive au stress. Ainsi, différentes situations de peur et d’angoisse (dont celle de ne plus pouvoir respirer) peuvent déclencher l’hyperventilation, qui peut elle-même engendrer certains symptômes, en particulier les vertiges, l’engourdissement des membres, les tremblements et les palpitations. À leur tour, ces symptômes aggravent la peur et l’anxiété. Il s’agit donc d’un cercle vicieux qui s’auto-entretient. Enfin, des recherches ont montré que l’administration de certaines substances (lactate de sodium, dioxyde d’azote,...) agissant sur la régulation de certains neurotransmetteurs déclencherait des attaques de panique. Dans l’approche psychanalytique, la névrose d’angoisse dont le trouble panique fait parti, trouverait son origine dans une accumulation d’excitation sexuelle. La pulsion sexuelle se transformerait en une tension nerveuse. Troubles associés Dans le cadre du trouble panique,on retrouve principalement des troubles psychopathologiques associés. Toutefois, il est difficile de savoir si c’est l’apparition du trouble panique qui va entraîner ces troubles où si la présence de ces troubles conduira la personne à développer un trouble panique.
D’après certaines études, les principaux troubles psychologiques associés au trouble panique, sont : la dépression la phobie sociale (anxiété induite par des situations sociales) un trouble de l’anxiété généralisé (TAG) les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) un trouble de stress post-traumatique (anxiété induite par un traumatisme) On peut estimer que 21 personnes sur 100 vivront un jour ou l’autre, au cours de leur vie, l’expérience d’une attaque de panique alors que seulement 1 personne sur 100 développera un trouble panique. Enfin, les attaques de panique surviennent le plus souvent chez des personnes jeunes (entre 15 et 45 ans) et elles sont plus fréquentes chez les femmes que chez les hommes. Évolution et complications possibles L’anxiété et les attaques de panique ne sont pas graves en tant que telles, mais elles peuvent être impressionnantes, voire traumatisantes, pour la personne atteinte et son entourage. Certaines personnes vont développer ce qu’on appelle une anxiété anticipatoire c’est à dire qu’entre deux crises d’attaque de panique, elles vont vivre dans la crainte de subir de nouveau une attaque de panique. Cette crainte de voir l’attaque de panique réapparaître n’importe où, n’importe quand peut entraîner une baisse importante de la qualité de vie de la personne. Certains troubles psychiatriques (agoraphobie, dépression) peuvent apparaître secondairement à la répétition des attaques de panique. La crainte d’être envahi par une nouvelle attaque dans un lieux public sans possibilité d’être secouru peut induire de nouvelles peurs comme la peur de sortir, d’être en présence d’inconnus ou de participer à des activités sociales ou professionnelles diverses. Enfin, chez certaines personnes, la fréquence des crises est très élevée (plusieurs par jour), on parle alors de trouble panique. Le risque de dépression, de pensées suicidaires, de passage à l’acte suicidaire, d’abus de drogues ou d’alcool est accru en cas d’attaques de panique fréquentes. Cependant, avec une prise en charge adéquate, il est possible de maîtriser cette angoisse et de réduire la fréquence des crises. Les principaux symptômes de l’attaque de panique sont à la fois psychiques, physiques et comportementaux. Souvent, les symptômes surviennent brutalement, atteignent une intensité maximale en quelques minutes et durent en moyenne une demi-heure. Les troubles physiques Ces troubles peuvent varier d’une personne à l’autre et d’une attaque de panique à l’autre. Ces sensations physiques désagréables vont augmenter l’angoisse et les peurs ressenties par la personne créant ainsi un véritable cercle vicieux. Dans tous les cas, il faut consulter son médecin qui est le seul à pouvoir distinguer ces troubles d’une affection somatique (asthme, troubles cardiaques, etc) qui peut comporter des symptômes anxieux.
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Le cœur qui se met à battre la chamade, les muscles qui tremblent, le corps qui se couvre de sueur, mal au cœur, mal au ventre… Ceux qui ont déjà éprouvé ce malaise reconnaissent bien les signes de la crise d’angoisse. Ceux qui l’éprouvent pour la première fois, en revanche, ont, tout simplement, l’impression de mourir.
Une crise d’angoisse, ce n’est pas une simple anxiété. L’anxiété est une réaction naturelle et normale face à un danger ou une situation de stress. La crise d’angoisse, elle, survient (apparemment) sans raison particulière. Elle se caractérise par un malaise généralisé, accompagné de symptômes somatiques : des tachycardies (le cœur qui s’accélère), des douleurs thoraciques, des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales, des sensations de vertige et d’étouffement. Mais, au-delà de tous ces signes qu’envoie le corps, il y a ce sentiment de dépersonnalisation. On a l’impression de devenir fou, le sentiment d’une mort imminente. C’est la crise de panique. Comme un animal affolé, on a envie de fuir ce corps effrayant, envie de fuir l’endroit où se déroule la crise, et envie de fuir le regard des autres. Le corps fait mal. Le corps souffre. L’âme aussi. Ces crises d’angoisse surviennent généralement chez des personnes fragiles psychiquement, qu’elles soient névrotiques ou psychotiques. C’est d’ailleurs, à peu près, le seul point commun entre les névrotiques et les psychotiques. Sauf que chez les névrotiques, l’angoisse se fixe sur un objet (c’est le cas des phobies, par exemple) pour donner un sens à une menace inconnue et incompréhensible ; alors que chez les psychotiques, c’est une manière de s’accrocher aux sensations (même désagréables du corps) pour ne pas être débordé, dissout, dans un monde hostile. On estime que 5% de la population souffre d’angoisse (et de crises d’angoisse).
Les principaux symptômes physiques sont :
des palpitations cardiaques// une augmentation du rythme cardiaque (tachycardie)//une gêne respiratoire avec une sensation d’étouffement// des douleurs ou une gêne dans la poitrine//des tremblements ou secousses musculaires//des malaises, étourdissements, vertiges// des démangeaisons//une vision floue// des sifflements ou bourdonnements dans les oreilles (acouphènes)//des douleurs dans le bas ventre//des nausées, des vomissements, des diarrhées// des sueurs, des frissons, des bouffées de chaleur
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Les troubles psychiques
Les troubles psychiques sont dominées par des pensées catastrophiques nourries par les symptômes physiques et la sensation de perte de contrôle ressentie par la personne. Parmi les peurs les plus fréquentes accompagnant l’attaque de panique, on peut citer : la peur de s’étouffer//la peur de s’évanouir//la peur d’avoir un malaise cardiaque//la peur de devenir fou//la peur de mourir
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Afin de lutter contre ces peurs, la personne va adopter des comportements différents. Certaines personnes vont fuir rapidement le lieu dans lequel elles se trouvent en tentant de dissimuler l’expérience éprouvante qu’elles sont en train de vivre. D’autres seront comme sidérées, incapables de bouger. Dans les formes les plus sévères d’attaque de panique, les personnes peuvent avoir des impressions de dépersonnalisation et/ou de déréalisation.
Les personnes les plus touchées par les attaques de paniques sont: les femmes (elles sont 1,5 à 2 fois plus touchées que les hommes)les jeunes (entre 15 et 20 ans) les personnes ayant des antécédents familiaux de troubles paniques, les personnes présentant une personnalité anxieuse les personnes souffrant de dépression et de troubles anxieux les personnes ayant des antécédents d’abus sexuels ou de maltraitance.
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Déroulement d’une crise Le début de la crise est souvent précédé d’une période où le degré d’anxiété augmente progressivement. Arrive alors le moment où la crise d’attaque de panique atteint son apogée et où les symptômes physiques et psychiques sont les plus intenses. La crise peut durer de quelques minutes à quelques heures (durée moyenne 30 minutes) durant lesquelles les symptômes régressent progressivement laissant place à une fatigue physique et psychique. La fréquence des attaques de panique varie de 1 ou 2 seulement dans toute la vie à plusieurs par jour et s’inscrivent alors dans un trouble panique voire un trouble d’anxiété généralisée Au cours de la vie, on peut estimer que 21 personnes sur 1009 vivront un jour ou l’autre l’expérience d’une attaque de panique alors que seulement 1 personne sur 100 développera un trouble panique.
Symptômes & Formes de crise
Les causes du trouble panique Même si les causes exactes du trouble paniquene sont pas clairement identifiées, il semble qu’il y ait des origines génétiques au problème et que l’on retrouve donc ce trouble chez plusieurs membres d’une même famille. Si quelqu’un de votre famille souffre de trouble panique, vous avez des prédispositions à développer vous aussi ce trouble. Il semble aussi que le phénomène soit lié à des périodes de transitions majeures de la vie comme devenir diplômé et entrer dans la vie active, se marier, ou avoir un enfant. Un stress sévère causé par la mort d’une personne proche, un divorce ou la perte de son emploi peuvent aussi déclencher des crises de panique.
La crise d’angoisse aiguë, dénommée attaque de panique dans les classifications actuelles, se rencontre fréquemment en psychiatrie, en médecine d’urgence et en médecine générale. Elle peut survenir dans de nombreux syndromes différents, sans réelle spécificité, comme dans les dépressions, certaines psychoses, des états d’intoxication, et surtout dans différents troubles anxieux et phobiques. Elle peut également survenir de manière isolée et ponctuelle, sans conséquence ni répétition. Mais les attaques de panique peuvent également constituer le signe central d’une pathologie sévère et chronique, dénommé trouble panique, qui est abordé dans le chapitre des troubles anxieux (module 3, question 41). L’objectif de l’examen d’un patient présentant, ou ayant présenté, une crise d’angoisse est donc de poser le diagnostic d’attaque de panique mais surtout de tenter d’en déterminer le contexte et dans certains cas la cause, afin de décider du traitement à court et long terme le plus adapté. Les attaques de panique correspondent à la survenue brutale d’une sensation de peur intense qui s’accompagne de symptômes psychiques, physiques et comportementaux. Le diagnostic repose avant tout sur le caractère paroxystique de ces manifestations, avec une intensité maximale atteinte en quelques secondes ou quelques minutes, et surtout sur l’impression de perte de contrôle totale que ressentent les patients qui y sont confrontés. Symptômes psychiques Les principaux symptômes psychiques sont la peur, l’angoisse, voire une réelle terreur ou panique. Ils peuvent s’accompagner, dans les formes sévères, d’une impression violente de dépersonnalisation (« je ne sais plus qui je suis, mon corps se transforme ») ou de déréalisation (l’environnement se modifie, dans ses formes ou ses couleurs par exemple). L’esprit est assiégé par des pensées catastrophiques : peur de s’évanouir, d’étouffer, d’avoir un accident cardiaque, et surtout de perdre le contrôle de soi (« devenir fou ») ou de mourir. La concentration sur une tache devient impossible, et la mémoire peut être fortement perturbée.
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Symptômes physiques et comportementaux Les signes physiques sont très polymorphes, les plus fréquents concernant la respiration (polypnée, dyspnée, sensation d’étouffement ou de blocage respiratoire) et le rythme cardiaque (palpitations, tachycardie), à côté de symptômes généraux : étourdissement, vertiges, sensation de dérobement des jambes, sueurs, bouffées de chaleur ou frissons, tremblements, secousses musculaires, douleurs ou gênes thoraciques ou abdominales, nausées, vomissement, diarrhée, impériosité mictionnelle, paresthésies. Certains signes peuvent être objectivés par l’examen clinique, comme une élévation de la tension artérielle systolo-diastolique, ainsi qu’une discrète augmentation de la température corporelle. Les signes physiques augmentent l’angoisse du patient, craignant un infarctus ou un autre accident fatal, ce qui ne fait que les augmenter en retour. L’hyperventilation est souvent à l’origine de nombreux autres symptômes (paresthésies, crispation, vertiges). Le comportement du patient peut être aussi très variable : agitation désordonnée, fuite immédiate d’un lieu considéré comme dangereux, ou au contraire inhibition plus ou moins marquée, jusqu’à la sidération totale. A la différence des crises conversives d’agitation hystérique, les crisesd’angoisse s’accompagnent peu de manifestations spectaculaires et théâtrales, les sujets anxieux ayant le plus souvent tendance à dissimuler autant que possible leur gêne aux yeux des autres. Évolution de la crise L’évolution de chaque crise d’angoisse dépend de son étiologie et du contexte dans lequel elle survient. Le plus souvent, l’intensité des symptômes augmente très rapidement au départ, atteint un maximum puis un plateau qui peut durer quelques minutes ou plus, puis le calme revient progressivement avec persistance pendant un certain temps d’une grande fatigue ou d’une grande émotivité (larmes, instabilité émotionnelle). La durée totale des crise peut varier de quelques minutes à une heure, voire un peu plus, avec une moyenne autour de 20 à 30 minutes. Formes particulières Certaines attaques de panique ne comportent qu’un ou que quelques signes physiques isolés, comme des palpitations, des douleurs abdominales ou des vertiges. Leur diagnostic est alors difficile, et les patients consultent souvent de nombreux spécialistes avant que l’origine anxieuse ne soit évoquée, alors que ces crises peuvent être très gênantes et se répéter souvent. Les crises dites de « spasmophilie » (ou de « tétanie »), terme utilisé uniquement en France, correspondent le plus souvent à des attaques de panique marquées par des manifestations respiratoires (hyperventilation), neuromusculaires (paresthésies, hypertonie) et comportementales. Elles ne correspondent en rien à un syndrome biologique spécifique, et ne doivent pas être traitées par magnésium, calcium ou vitamine D puisqu’il ne s’agit pas de réelles crises de tétanie, comme celles qui peuvent survenir chez des patients dénutris ou carencés. Les attaques de panique peuvent être de quatre types : 1/ complètement spontanées (sans facteur déclenchant et donc imprévisible), 2/ secondaires à des peurs préalables ou à un état psychologique particulier (anxiété phobique ou humeur dépressive par exemple), 3/ déclenchées par des événements traumatisants intenses, 4/ favorisées par une prise de toxiques ou par une maladie organique. Les crises spontanées, quand elles se répètent, peuvent correspondre au trouble panique et se compliquer d’agoraphobie. La plupart des crises secondaires surviennent chezdes patients phobiques
lors de la confrontation avec l’objet ou la situation redoutée (être enfermé pour un claustrophobe, devoir faire face à un public pour un phobique social, etc.). De nombreuses substances sont susceptibles d’induire des attaques de panique, et leur recherche doit être systématique en cas de contexte évocateur : alcool, cannabis, cocaïne, hallucinogènes (LSD), amphétamines (ecstasy), solvants volatils, théophylline, phencyclidine, produits anticholinergiques, dérivés nitrés, préparations thyroïdiennes, corticostéroïdes, oxyde et dioxyde de carbone. Des crises peuvent être également induites par le sevrage de certaines substances: alcool, opiacés, caféine, benzodiazépines, certains anti-hypertenseurs. Certaines pathologies somatiques aiguës peuvent comporter des symptômes anxieux, parfois au premier plan, ou mimer les symptômes habituels de l’anxiété : • cardio-vasculaires : angor, infarctus, poussée d’insuffisance cardiaque, hypertension artérielle, troubles du rythme ; • pulmonaires : asthme, embolie pulmonaire ; • neurologiques: épilepsie, notamment les crises temporales, crisesmigraineuses, maladie de Menière, accidents ischémiques transitoires, etc. • endocriniennes : hypoglycémie, phéochromocytome, hyperthyroïdie, syndrome de Cushing, hypoparathyroïdie, etc. • autres: hémorragies internes, pancréatite, porphyrie, vertiges labyrinthiques, réactions anaphylactiques, etc.
Signes de gravité En dehors des éventuels signes de gravité somatique qui peuvent être liés à la co-existence d’une pathologie organique, et qui doivent alors être pris en charge en urgence par une unité de réanimation par exemple, certains signes de gravité psychiatrique (très rares) doivent être repérés : risque de raptus suicidaire risque d’hétéro-agréssivité sidération anxieuse répétition des crises pathologie associée: abus d’alcool ’ ou de toxiques, troubles graves de la personnalité, épisode dépressif majeur, épisode délirant aigu, schizophrénie et autres psychoses chroniques. contexte une hospitalisation en milieu psychiatrique doit être envisagée, soit en hospitalisation libre si le patient reconnaît la nécessité des soins, est demandeur de soins et si son consentement est recevable ; soit en milieu psychiatrique spécialisé selon la loi du 27 juin 1990 (hospitalisation à la demande d’un tiers) si les troubles du patient rendent impossible son consentement aux soins. En cas de diagnostic avéré de trouble psychiatrique, et notamment de trouble anxieux chronique (trouble phobique, trouble panique, etc.), une prise en charge spécifique au long cours doit être mise en place. Elle combine en général un suivi psychiatrique régulier, une psychothérapie et en particulier une thérapie comportementale et cognitive, et un traitement médicamenteux préventif, le plus souvent un antidépresseur sérotoninergique
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Physiopathologie La physiopathologie des attaques de panique n’est pas univoque, et différents facteurs biologiques et psychologiques peuvent se combiner. Au plan psychologique, des réactions liées à des interprétations « catastrophistes » de sensations internes (palpitations évoquant une crise cardiaque, vertiges évoquant une attaque cérébrale, etc.) ou de conditions extérieures (lieu clos, impossibilité de sortir, stress intense, etc.) contribuent à une perte de contrôle des émotions et à un véritable état de panique. Il se met en place un véritable cercle vicieux s’auto-renforçant car la peur aggrave les signes physiques qui eux-mêmes amplifient l’angoisse. On sait par ailleurs qu’il existe des agents inducteurs biologiques permettant de déclencher des attaques de panique : le lactate de sodium, le dioxyde de carbone (CO2), la cholécystokinine (et notamment le tétrapeptide cholécystokinine (CCK4) ainsi que des dérivés qui stimulent les systèmes noradrénergiques ou sérotoninergiques. Par l’intermédiaire de l’action de ces agents inducteurs, des hypothèses physiopathologiques sont formulées: possibilité de l’existence d’une voie finale commune entre le CO2, le lactate, le CCK4 à travers le noyau du tractus solitaire qui module les fonctions cardiorespiratoires et existence probable de dysfonctionnements dans la régulation, de neurotransmetteurs t els que la noradrénaline, la sérotonine, le GABA et la cholécystokinine.
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Au plan psychologique, des réactions liées à des interprétations « catastrophistes » de sensations internes (palpitations évoquant une crise cardiaque, vertiges évoquant une attaque cérébrale, etc.) ou de conditions extérieures (lieu clos, impossibilité de sortir, stress intense, etc.) contribuent à une perte de contrôle des émotions et à un véritable état de panique. Il se met en place un véritable cercle vicieux s’auto-renforçant car la peur aggrave les signes physiques qui eux-mêmes amplifient l’angoisse.
Crise d’angoisse, qu’est-ce que ça cache ? Une crise d’angoisse ne vient jamais seule ! Elle est souvent le signe de troubles et désordres psychologiques plus importants. Et il est essentiel de découvrir ce qui se cache derrière ces accès de panique, afin de traiter sans se tromper de cible ! Tour d’horizon des différents maux qui accompagne cette anxiété maladive… Les crises d’angoisse sont très répandues. Mais souvent elles cachent d’autres maladies qu’il est indispensable de traiter. Des causes psychologiques Crise d’angoisse "Face à une crise d’angoisse, trois causes psychologiques doivent être évoquées", remarque le Dr Jean-François Borel-Ferrenq, psychiatre. D’une part, la crise d’angoisse peut être déclenchée par un "processus névrotique", c’est-à-dire par le conflit qu’engendre l’existence simultanée d’un désir et d’un interdit pour un même objet. D’autre part, elle peut avoir pour origine une phobie, correspondant à une peur maladive liée à un mauvais souvenir. Enfin, la crise d’angoisse est une des manifestations que l’on rencontre le plus fréquemment dans le processus dépressif. Dans ce cas, elle a essentiellement lieu le matin, et provient de la sensation qu’on ne sera pas à la hauteur pour effectuer les tâches qui vont nous être demandées dans la journée. Elle est donc en relation avec l’énergie que l’on possède. On retrouve également des crises d’angoisse dans les processus dits d’"usure psychique" (dépression d’usure ou anxiété généralisée), mais dans ces cas, elles apparaissent plutôt en fin de journée. Des maladies à l’origine de l’anxiété… Néanmoins, face à une crise d’angoisse, il est indispensable d’éliminer une pathologie organique à l’aide d’un examen clinique et biologique complet. En effet, certaines d’entre elles peuvent être accompagnées ou débuter par une crise d’angoisse. "La pathologie coronarienne et notamment la crise d’angor également appelée angine de poitrine est la plus fréquente de ces maladies", assure Jean-François BorelFerrenq. Celle-ci déclenche une douleur - typique (en particulier une douleur thoracique) ou non -, qui s’accompagne toujours d’un très fort sentiment d’anxiété. D’ailleurs les mots angoisse et angor ne possèdent-ils pas la même racine ? Angor désigne aussi bien « l’angine (angere : serrer) de poitrine » que l’angoisse (angustia : resserrement).
Entre le corps et la tête… Les phénomènes d’angoisse associent des évènements physiques et psychiques. Un exemple: « J’ai fait un malaise qui s’est accompagné de troubles corporels. Lorsque je me retrouve à un moment donné dans une situation qui sollicite ma « mémoire biologique », le rappel au malaise ou à la douleur déclenche une crise d’angoisse… Ce que l’on peut nommer une phobie de la répétition ayant une origine organique. Enfin, tous les phénomènes liés à l’affaiblissement des fonctions supérieures peuvent être à l’origine de crises d’angoisse. Il en va ainsi de l’installation d’un état démentiel, des phénomènes de confusion induits par des toxiques, etc. Dans tous les cas, il faut absolument consulter en cas de crises d’angoisse qui se répètent. Votre médecin saura déceler un trouble associé et vous aider à le surmonter, pour retrouver le calme.
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Fatigue et angoisse : gare à la maladie En règle générale, tous les phénomènes « coûteux en énergie » peuvent engendrer des manifestations d’angoisse, essentiellement au réveil, avec le même sentiment que l’on ne va pas arriver à « faire sa journée ». Parmi ces phénomènes, on peut citer les hépatites, les dérèglements thyroïdiens, la tétanie et, enfin, quasiment toutes les formes débutantes de cancers. Dans tous ces processus, la perception de la fatigue existe. Ainsi, des crises d’angoisse accompagnées d’une manifestation de fatigue peuvent orienter vers une pathologie organique.
Traitements Il peut être difficile de venir à bout des attaques de panique, mais il existe des traitements et des thérapies efficaces. Il faut parfois en essayer plusieurs ou les combiner, mais la grande majorité des personnes réussissent à réduire voire éliminer leurs crises d’anxiété aigües grâce à ces mesures. Thérapies L’efficacité de la psychothérapie pour traiter les troubles anxieux est bien établie. C’est même le traitement à privilégier dans de nombreux cas, avant de devoir recourir aux médicaments. Pour traiter les crises d’angoisse, la thérapie de choix est la thérapie cognitive et comportementale, ou TCC. Toutefois, Il peut être intéressant d’y associer un autre type de psychothérapies (thérapie analytique, systémique, etc) afin d’éviter que les symptômes ne se déplacent pour réapparaître sous d’autres formes. En pratique, les TCC se déroulent généralement sur 10 à 25 séances espacées d’une semaine, en individuel ou en groupe. Les séances de thérapie ont pour but d’informer sur l’état de panique et de modifier petit à petit les « fausses croyances », les erreurs d’interprétation et les comportements négatifs qui y sont associés, afin de les remplacer par des connaissances plus rationnelles et réalistes. Plusieurs techniques permettent d’apprendre à enrayer les crises, et à se calmer lorsqu’on sent l’anxiété monter. Des exercices simples doivent être effectués d’une semaine à l’autre pour pouvoir progresser. Précisons que les TCC sont utiles pour réduire les symptômes mais leur objectif n’est pas de définir l’origine, la cause de l’émergence de ces crises de panique. Dans les autres méthodes, l’affirmation de soi peut être efficace pour améliorer le contrôle des émotions et développer de nouveaux comportements adaptés pour réagir aux situations jugées comme angoissante. La psychothérapie analytique (psychanalyse) peut-être intéressante lorsqu’il y existe des éléments conflictuels sous-jacents liés à l’évolution psycho-affective de la personne.
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Médicaments Parmi les traitements pharmacologiques, plusieurs classes de médicaments ont fait leur preuve pour réduire la fréquence des crises d’angoisse aiguës. Les antidépresseurs sont les traitements de premier choix, suivis des anxiolytiques qui présentent toutefois plus de risque de dépendance et d’effets secondaires. Ces dernières sont donc réservées au traitement de la crise, quand elle se prolonge et qu’un traitement est nécessaire. En France, les deux types d’antidépresseurs recommandés5 pour traiter les troubles paniques sur le long terme sont : les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) dont le principe est d’augmenter la quantité de sérotonine dans les synapses (jonction entre deux neurones) en empêchant la recapture de cette dernière. On recommande en particulier la paroxétine, l’escitalopram et le citalopramles antidépresseurs tricycliques comme la clomipramine. Dans certains cas, la venlafaxine peut aussi être prescrite. Le traitement antidépresseur est d’abord prescrit pour 12 semaines, puis une évaluation est faite pour décider de la poursuite du traitement ou de sa modification.
Les séances de thérapie ont pour but d’informer sur l’état de panique et de modifier petit à petit les « fausses croyances », les erreurs d’interprétation et les comportements négatifs qui y sont associés, afin de les remplacer par des connaissances plus rationnelles et réalistes.
Le trouble panique s’accompagne d’une invalidité significative, d’un taux élevé d’idées suicidaires et tentatives de suicide, des taux élevés d’abus et de consommation de substances et de dépressions. La thérapie cognitivo-comportementale et la médication sont les traitements de premier recours. Psychothérapie La thérapie cognitivo-comportementale est le traitement le plus efficace pour le trouble panique. Les objectifs de la thérapie sont de diminuer la fréquence et la gravité des attaques de panique et de réduire l’anxiété d’anticipation, l’évitement phobique lié à la panique et l’incapacité fonctionnelle liée à l’anxiété. Avec la thérapie cognitivo-comportementale, la personne seule ou dans un groupe est graduellement exposé à la situation agoraphobique qu’il redoute excessivement. Si une crise de panique se déclenche, la personne apprend à reconnaître les manifestations d’une attaque de panique, à ne pas faire de mauvaises interprétations de ces manifestations et à demeurer dans la situation plutôt que de fuir. La personne apprend à réduire ses craintes et acquiert une meilleure emprise sur les situations. La thérapie vise à modifier les schémas de pensées des personnes en les aidants à analyser leurs sentiments et à distinguer les pensées réalistes et irréalistes.
Lecture suggérée : A. Marchand, A. Letarte : La peur d’avoir peur Guide de traitement du trouble panique avec agoraphobie, Éditions Alain Stanké, 2004
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Pharmacothérapie — Les antidépresseurs Ils sont efficaces pour la gravité de la panique, l’anxiété d’anticipation et dans l’évitement agoraphobique et des améliorations dans des mesures telles que l’invalidité et la qualité de vie. Les antidépresseurs sont aussi efficaces que la TCC dans le traitement des troubles dépressifs et de d’autres troubles anxieux qui accompagnent souvent la trouble panique. Les anxiolytiques, tels que les benzodiazépines. Si l’anxiété et l’agitation sont importantes. Ils doivent cependant être utilisés à court terme en raison de leurs effets secondaires et des risques d’accoutumance. Les anticonvulsants et les antipsychotiques Pour les personnes qui n’ont pas répondu aux premiers traitements et à la psychothérapie. La guérison peut prendre quelques mois, mais comme les personnes atteintes de trouble panique souffrent parfois de plus d’une maladie, le traitement peut prendre plus de temps et être plus complexe. Ainsi, un traitement fructueux tient compte de tous les problèmes connexes, fréquemment la dépression et/ou l’abus d’alcool ou de drogues. Approches complémentaires Les techniques de relaxation et la méditation : Les exercices respiratoires agissent rapidement sur l’anxiété et diminuent le degré global de stress après une pratique régulière de quelques semaines. Ils sont à la base des techniques de relaxation. L’important est une pratique régulière : idéalement deux fois par jour. Après un certain temps, le degré d’anxiété diminuera et le degré d’énergie augmentera. Les techniques de relaxation sont nombreuses et ont fait leurs preuves pour réduire le stress et l’anxiété en général. La méditation amène la personne à concentrer son esprit sur un mot, un son, unsymbole, une image ou sa propre respiration. Le but est de produire un profond état de relaxation et de tranquillité tout en stimulant l’esprit et le mental. Plusieurs types de méditation permettent de réduire le stress. Bibliothérapie ou auto-thérapie dirigée : La lecture permet de compléter efficacement la psychothérapie en favorisant une meilleure compréhension des causes, de la nature du trouble et du traitement de la maladie. Groupes de soutien et d’entraide : pour briser l’isolement des personnes atteintes, leur permettre d’échanger, de partager leur expérience et recevoir de l’information et du soutien
les troubles obsessionnels compulsifs
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Le trouble obsessionnel compulsif Le trouble obsessionnel compulsif (abrégé TOC) est un trouble mental caractérisé par l’apparition répétée de pensées intrusives - les obsessions - produisant de l’inconfort, de l’inquiétude, de l’appréhension et/ou de la peur ; et/ou de comportements répétés et ritualisés - les compulsions - pouvant avoir l’effet de diminuer l’anxiété ou de soulager une tension. Les obsessions et les compulsions sont souvent associées (mais pas toujours) et sont généralement reconnues comme irrationnelles par les personnes sujettes au TOC mais sont néanmoins irrépressibles et envahissantes, diminuant le temps disponible pour d’autres activités et menant parfois jusqu’à la mise en danger. Elles ne se fondent généralement pas sur des interprétations délirantes. Les symptômes peuvent s’exprimer de façon très variable d’un patient à l’autre (incluant phobie de la saleté, lavage des mains, vérifications répétées, obsessions sexuelles). Approximativement, entre un tiers et la moitié des adultes présentant un TOC rapportent que les premiers symptômes sont apparus dans l’enfance. Malgré ces comportements irrationnels, le TOC est parfois associé à une intelligence supérieure à la moyenne. D’après les critères du manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM-IV) et de la CIM-10, le TOC est considéré comme une entité psychopathologique qui remplace la névrose obsessionnelle. Le TOC est à distinguer du trouble de la personnalité obsessionnelle, aussi caractérisé par des obsessions, notamment de perfectionnisme et de désir de contrôle, et des compulsions mais dont le malade ne se plaint pas et qui n’est pas un handicap pour le sujet. Dans le DSM-V, le TOC ne fait plus partie des troubles anxieux.L’origine neurophysiologique du TOC reste mal comprise. Néanmoins, des altérations des ganglions de la base, du Cortex orbitofrontal ainsi que du Cortex cingulaire antérieur semblent être impliquées dans la physiopathologie de cette maladie. On sait aussi que la boucle neuronale de détection des erreurs est en suractivité. le circuit cérébral de la prise de décisions est également défaillant. Pouvant apparaître durant l’enfance ou à l’âge adulte avec une prévalence entre 1,54 et 2,5 %, le TOC est considéré comme le 4e trouble mental le plus fréquent. Il atteint aussi bien les hommes que les femmes. Il existe des formes familiale, et une prévalence plus grande chez les jumeaux homozygotes («vrais jumeaux») par rapport aux jumeaux dizygotes, faisant supposer une participation génétique. Une cause infectieuse, impliquant un mécanisme immunologique, est également évoquée (infection à streptocoques) bien qu’elle jouerait un faible rôle statistiquement. Les troubles obsessionnels compulsifs se manifestent sous plusieurs formes. Les symptômes peuvent être proches de ceux du syndrome dépressif avec trouble de la personnalité, anxiété et expression d’une phobie. Ils y sont par ailleurs fréquemment associés. Une dépendance à l’alcool est retrouvée dans un cinquième des cas. Les troubles débuteraient le plus souvent dans l’enfance entre huit et douze ans et entre la fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte. Les manifestations sont très variées, et s’expriment typiquement dans la mise en œuvre d’actions rituelles mais peuvent également se limiter à des obsessions et/ou des compulsions mentales. Les symptômes du trouble obsessionnel-compulsif incluent le lavage, trouble d’origine phobique qui pousse une personne à devoir nettoyer et à se laver en permanence, par peur de contamination, de souillure ou de salissure en tout genre. Il peut dans certains cas provenir d’hypocondrie ; la vérification, trouble qui consiste à vérifier plusieurs fois de suite un fait ou une action qui pourrait avoir un effet négatif. Par exemple, vérifier les robinets de gaz, les portes, la lumière plusieurs fois. Cependant, cela peut aussi concerner des choses sans conséquences immédiates telles que l’orthographe d’un texte ou le résultat d’une opération arithmétique. Il faut ajouter la phobie d’impulsion, trouble phobique des personnes ayant peur de passer à l’acte, de perdre le contrôle de soi ou de faire quelque chose contre leur gré sans s’en rendre compte. La personne lutte en permanence contre ses idées et doit s’assurer en permanence de ce qu’elle vient de faire (peur de tuer quelqu’un, d’être violent avec une personne de son entourage, du suicide et autres erreurs dommageables pour la personne ainsi que pour son entourage).
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Le trouble obsessionnel compulsif (abrégé TOC) est un trouble mental caractérisé par l’apparition répétée de pensées intrusives - les obsessions - produisant de l’inconfort, de l’inquiétude, de l’appréhension et/ ou de la peur ; et/ ou de comportements répétés et ritualisés -les compulsionspouvant avoir l’effet de diminuer l’anxiété ou de soulager une tension.
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Également, certains syndromes et autres types de troubles peuvent être perçus. Ils incluent le syndrome de lenteur primaire, syndrome rare qui entraîne une lenteur excessive dans la réalisation de certaines actions de la vie quotidienne. Essentiellement, car le patient s’assure par son extrême application qu’il ne peut entraîner de catastrophe, qu’il n’oublie rien ou qu’il agit parfaitement, selon l’obsession contre laquelle il tente de lutter ; la syllogomanie, durant laquelle un individu collecte plusieurs types d’objets et ayant de la difficulté à s’en débarrasser. Elles peuvent concerner une seule catégorie d’objet ou tous les objets sans différenciation. Cela s’appelle aussi le TOC des « amasseurs » ou des « collecteurs ». Aussi appelé le «trouble d’accumulation compulsive» ; les TOC d’ordre, obsession de la symétrie, l’ordre et le rangement. Parfois, le lavage compulsif ne provient pas d’une phobie et fait donc partie de cette catégorie. Les personnes se sentent obligés de tout ranger ; les compulsions cachées (ou compulsions cognitives), ces compulsions mentales caractérisent tous les TOC n’entraînant aucun rituel se manifestant par une action physique, « tout se passe dans la tête » (se répéter sans cesse des phrases (parfois sous forme de prières répétitives), se répéter sans cesse un ou plusieurs mots / nombres, calculer incessamment, additionner, retrancher... (voir Arithmomanie), pensées blasphématoires, images ou pensées perverses à propos de la sexualité et insultes mentales à l’égard de personne que l’on aime ou avec lesquelles on est en train de discuter). La rumination peut également être perçue chez le patient. Elle se caractérise par un ressassement permanent d’idées dans la tête. Elle se différencie de la compulsion cachée pure car elle concerne des idées plutôt que des choses abstraites, et peut être accompagnée de rituels. La personne sait au fond d’elle-même qu’elle n’adhère pas à ces idées, mais se contraint tout de même à s’interroger dessus. Ruminations les plus courantes : peur d’aller en prison, d’être homosexuel, d’être pédophile, d’être polygame ou polyandre, de ne plus aimer quelqu’un, d’agresser physiquement quelqu’un. Elle se caractérise également par des questionnements méta-physiques permanents (par exemple sur la mort, la mémoire, la paternité, etc.). Dans tous les cas, si une peur de passer à l’acte intervient, un cas de phobies d’impulsion peut être diagnostiqué. Les troubles obsessionnels compulsifs consistent en des idées obsédantes (obsessions) et/ou des actes répétitifs (compulsions). Obsessions : idéations, phobies (par exemple, une crainte excessive d’être souillé ou contaminé) ; Compulsions : rites conjuratoires, pensées magiques, actes que le sujet sait dans la plupart des cas absurdes mais auxquels il ne parvient pas à résister. Les compulsions peuvent avoir l’effet de soulager l’anxiété ou de relâcher la tension12. Ce sont souvent des exacerbations d’actes normaux (par exemple, des lavages longs et très fréquemment renouvelés, vérifier constamment que la porte est bien fermée). Les troubles obsessionnels compulsifs étaient anciennement appelés névrose obsessionnelle, mais le terme de névrose n’est plus utilisé comme entité psychopathologique, ni par l’OMS ni par l’Association Américaine de Psychiatrie (AAP) qui édite le DSM. L’occurrence d’un TOC est favorisée chez les personnalités obsessionnelles. Les premiers symptômes apparaissent en général à la fin de l’enfance ou pendant l’adolescence, parfois chez le jeune adulte. Le TOC peut entrainer une désocialisation avec risque de marginalisation et donc de déscolarisation chez les enfants et les adolescents ou de graves répercussions socio-professionnelles chez les adultes. Il est donc recommandé de consulter dès que les obsessions et rituels deviennent invalidants dans la réalisation des activités de la vie quotidienne.
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TOCs à la télévision La série télévisée Monk, met en scène Adrian Monk, un détective souffrant de troubles obsessionnels compulsifs. Ce trouble psychologique lui a coûté son poste de détective à la brigade criminelle de la police de San Francisco. Suite au meurtre de sa femme, Monk est traumatisé et il développe une centaine de phobies, notamment des microbes, du vide, de la foule et de nombreuses autres choses, ce qui ne facilite pas ses enquêtes. Dans la série télévisée Esprits criminels, l’épisode 2 de la saison 1, intitulé Par feu et par flammes (titre original : Compulsion), met en scène les agissements d’une jeune étudiante pyromane atteinte de TOC centrés sur le symbolisme du chiffre 3. Dans l’épisode 22 de la saison 2 intitulé Morts anonymes (tire original : Legacy), le jeune inspecteur de police qui vient demander de l’aide à l’équipe des profileurs est lui aussi atteint de TOC (tout doit être parfaitement rangé et symétrique), ainsi que le diagnostique lui-même l’agent spécial Aaron Hotchner. Dans la saison 3 de la série Scrubs apparaît, le temps de quelques épisodes, le docteur Kevin Casey. Ce médecin souffre de plusieurs TOCs. Il ressent le besoin de recommencer son entrée dans l’hôpital qu’il juge ratée. Il répète continuellement son nom quand il se concentre. Il a la phobie des microbes, se lave les mains pendant des heures après une intervention et lave ensuite le savon. Il refuse par ailleurs d’utiliser les toilettes de l’hôpital, préférant rentrer chez lui quand le besoin s’en fait sentir. Dans le téléfilm diffusé sur TF1, Le Monsieur d’en face, le personnage d’Yves Rénier est atteint de TOC. Il est surtout obsédé par le rangement et ne sort jamais de chez lui. Dans le cinquième épisode de la saison 5 de la série NCIS : Enquêtes spéciales intitulé La veuve noire, Nikki Jardine (Susan Kelechi Watson) souffre de légers troubles obsessionnels compulsifs. Elle a notamment peur de la contamination et doit tout laver ; de plus, elle ne supporte aucun contact direct avec une personne. Dans la série télévisée Glee, Emma Pilsbury, la psychologue scolaire, souffre de troubles obsessionnels compulsifs manifestés par un besoin récurrent de nettoyer bien que les objets ne soient pas visiblement sales. Dans la série télévisée Bones l’épisode 22 de la saison 5 "La Fuite en avant" concerne un amasseur agoraphobe. Dans la série télévisée The Big Bang Theory, le personnage de Sheldon Cooper présente certains symptômes de ce trouble, notamment sa manière de frapper à la porte, ou encore sa phobie des germes qui le pousse à prendre des précautions exagérées concernant sa propreté. Dans la série télévisée Girls, à la fin de la saison 2, le personnage d’Hannah souffre de TOC. Elle se met alors à tout compter jusqu’à 8 et son comportement devient alors presque dangereux lorsque, pour se purifier, elle s’enfonce un coton-tige dans l’oreille.
Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) font partie des troubles anxieux. Ils se caractérisent à la fois par des obsessions, qui sont des pensées envahissantes qui génèrent peurs et angoisses, et des compulsions, comme une envie irrépressible de réaliser des gestes répétitifs ou des actes mentaux comme compter ou réciter intérieurement une phrase. Les adultes qui souffrent de TOC sont conscients que leurs obsessions sont anormales et disproportionnées mais ils n’arrivent pas à les contrôler. Face à ces obsessions, et pour limiter l’angoisse, ils mettent en place un rituel et ont des comportements compulsifs. Ces comportements se traduisent par des actes concrets mais peuvent aussi être intérieurs (ruminations). Les rituels ont pour but de prévenir le danger et de diminuer l’anxiété.Les personnes atteintes de TOC ne peuvent pas se passer de ces comportements répétés bien qu’ils les trouvent là encore absurdes. L’évitement, qui consiste à tout faire pour ne pas se retrouver dans certaines situations connues pour déclencher des obsessions et des rituels, fait également partie des caractéristiques des TOC. Les TOC ne correspondent pas à une simple manie. Ce sont des actes répétés à l’extrême. La vie quotidienne des personnes atteintes est bouleversée. Les symptômes leur prennent en général plus d’une heure par jour. Environ 2,5%2 de la population souffriraient de troubles obsessionnels compulsifs. Toutefois, seulement 37 % des personnes atteintes de TOC verraient un médecin. La honte qu’elles ressentent vis-à-vis de leurs symptômes les empêcherait de consulter. Les TOC sont une pathologie psychiatrique fréquente qui concerne en général le sujet jeune. Diagnostic Il existe de nombreux tests ou questionnaires. L’échelle d’obsession-compulsion de Yale-Brown (Y-BOCS) est la plus répandue. Elle permet de mesurer la sévérité et l’intensité des TOC. Elle s’attarde sur la durée des obsessions, sur l’effort fourni par le patient pour lutter contre et sur la gêne et l’anxiété générées par les TOC. Elle donne un score global compris entre 0 et 40. Une évaluation de la dépression et de l’anxiété est souvent proposée en complément et une évaluation psychiatrique globale permet de détecter d’autres troubles psychiatriques associés aux TOC. Seul un spécialiste de la santé mentale peut poser un diagnostic de troubles obsessionnels compulsifs. Il est important que le diagnostic soit fait. Trop souvent, parce que cette maladie est « honteuse », les personnes atteintes rencontrent des difficultés à consulter. Pourtant des traitements existent et peuvent se révéler efficaces. Causes Les origines des troubles obsessionnels compulsifs sont méconnues. Ils seraient liés à de multiples facteurs : génétiques, neurophysiologiques, psychologiques ou encore immunitaires. Pour la part génétique, une étude montre qu’on retrouve 8 fois plus de troubles psychiatriques dans la famille rapprochée d’une personne souffrant de TOC que dans la population générale. Les études sur les jumeaux montrent que si l’un des deux jumeaux est atteint de TOC, l’autre a un risque plus élevé de l’être aussi. Certains neurotransmetteurs du cerveau, et notamment la sérotonine, sont pointés du doigt. La sérotonine est une substance qui assure le passage du message nerveux entre les neurones (au niveau des synapses). En cas de TOC, la quantité de sérotonine serait insuffisante. La substance ne joue plus son rôle, l’information circule moins bien.Un hyperfonctionnement de certaines structures cérébrales, notamment frontales et orbito-frontales, est également mis en cause. Concernant les facteurs psychologiques, une certaine vulnérabilité des patients liée à des troubles de la personnalité et/ou des événements à l’origine d’un stress est mise en avant. Les chercheurs cognitivistes évoquent par exemple une surestimation des dangers chez les personnes obsessionnelles ou encore une perturbation dans le traitement de l’information, perturbation provoquée par des croyances irrationnelles.
Les compulsions Ce sont des comportements ou des actes mentaux répétitifs (ou «rituels»). Le patient les exécute pour éviter ou réduire l’anxiété ou la souffrance générées par les obsessions. Selon la nature de ces dernières, les compulsions prennent une forme particulière (lavage des mains, vérifications, rangement suivant un ordre précis, comptage, prière, répétition silencieuse de certains mots, etc.) La personne atteinte se sent obligée d’accomplir ces rituels suivant des règles précises, de façon prédéfinie. Néanmoins, les compulsions ne procurent ni plaisir ni satisfaction : elles n’apportent qu’un soulagement temporaire, avant le retour des pensées anxiogènes. Sachez aussi qu’une personne atteinte de TOC sait que ses idées obsessionnelles sont produites par son esprit et ne sont donc pas imposées par l’extérieur ; reconnaît habituellement que ses actes et pensées sont excessifs, déraisonnables et absurdes. De ce fait, la plupart des patients cachent leur maladie à leur entourage, parce qu’ils ne savent pas de quoi ils souffrent, parce qu’ils ont honte ou craignent d’être «pris pour des fous» ;s’efforcent en vain de chasser leurs obsessions et de contrôler leurs compulsions, ou pensent que ces problèmes vont se régler d’eux-mêmes. En cas de TOC, les obsessions et les compulsions associées peuvent beaucoup varier d’un patient à l’autre. Toutefois, chez un même malade, elles sont toujours liées à un thème central (qui peut évoluer au fil du temps). On distingue ainsi plusieurs groupes de troubles. L’obsession de la saleté et la compulsion de lavage Ce TOC touche le plus souvent les femmes. La personne atteinte craint excessivement la saleté et la contamination par des germes (ex. : peur des virus, des bactéries), pour elle et ses proches. Il en résulte divers rituels de purification (ex. : lavages de mains 50 à 100 fois par jour, toilette de plusieurs heures, ménage répété avec plusieurs litres de désinfectant, etc.) Par ailleurs, l’obsession de la saleté donne lieu à l’évitement de certaines situations (serrage de main, contact avec des objets ou des lieux considérés comme sales, etc.) Le patient peut aussi imposer ces principes aux membres de sa famille. L’obsession de l’oubli ou de l’erreur, et la compulsion de vérification Ce trouble est plus fréquent chez les hommes. Il se manifeste par la peur obsédante d’avoir commis une erreur ou d’avoir été inattentif, avec des conséquences néfastes pour soi-même et pour autrui. Cette obsession engendre en particulier des rituels de vérification. Par exemple, la personne se lève plusieurs fois par nuit pour vérifier que le gaz est bien éteint, ou la porte bien fermée. Elle peut aussi rechercher des réassurances, par exemple demander des dizaines de fois si elle n’a vraiment écrasé personne avec sa voiture. Parfois, le patient surveille aussi ses propres mots ou pensées en permanence, parce qu’il s’imagine que certains d’entre eux pourraient causer une catastrophe. L’obsession de l’ordre et la compulsion de rangement La personne est obsédée par l’ordre, la symétrie et l’exactitude. Les rituels associés consistent à ranger les objets en permanence, à les disposer selon un agencement précis (ex. : par couleur), à plier du linge d’une certaine façon, à enfiler ses vêtements dans un certain ordre, etc. La peur obsessionnelle de jeter des objets utiles, et la compulsion d’accumulation Le patient redoute de se séparer d’un objet ou d’un papier dont il pourrait avoir besoin. De ce fait, il ne jette rien et accumule des choses sans valeur monétaire ni affective (ex. : détritus entassés dans la baignoire, dans l’évier, sur les meubles, etc.) L’obsession du corps et la compulsion de camouflage Ce TOC repose sur un souci exagéré d’une partie de son propre corps (ex. : impression obsédante d’avoir le nez déformé). La personne touchée se regarde sans cesse dans les miroirs. Elle passe aussi beaucoup de temps à camoufler son «défaut» par divers moyens (maquillage, vêtements, accessoires). Les obsessions liées à la transgression, et la compulsion de conjuration La personne est envahie de pensées répétitives de nature violente, sexuelle ou blasphématoire. Cela lui procure un sentiment d’horreur ou de dégoût. Parfois, ces réactions s’accompagnent d’une phobie d’impulsion : le patient craint de commettre un acte immoral (ex. : geste indécent en public) ou criminel (ex. : pousser quelqu’un sous une rame de métro). Dans ces formes de TOC, les compulsions ne sont pas systématiques. Lorsqu’elles existent, il s’agit de formules (prononciation de chiffres ou de mots particuliers), de prières ou de gestes ritualisés. Ces comportements servent à écarter les pensées obsédantes. La personne atteinte peut aussi chercher des réassurances auprès de son entourage (ex. : demander plus de 500 fois dans la journée si elle n’a pas commis tel ou tel acte).
Sachez enfin que certains comportements obsessionnels sont apparentés aux TOC à cause de leur impact sur la vie personnelle. On peut citer par exemple le besoin excessif de s’épiler les sourcils, ou celui de s’arracher des mèches de cheveux (trichotillomanie). Quels sont les symptômes des différents TOC ? Les rituels destinés à calmer l’anxiété peuvent prendre des formes diverses : rituels de vérification (s’assurer constamment que les serrures ou le gaz ont bien été fermés, les appareils ménagers débranchés, l’électricité éteinte) ; rituels de répétition (passer et repasser la porte, faire un geste de multiples fois, répéter un mot ou un chiffre) ; rituels d’ordre et de rangement ou rituels d’évitement (ne jamais prendre tel trajet, ne pas toucher tel objet). Les obsessions phobiques La personne a peur de la simple évocation d’un objet ou d’une situation, même si ceux-ci ne sont pas présents (à la différence des phobies). L’obsession de ce type la plus fréquente est la peur d’être sali, d’être infecté par des microbes ou d’être contaminé par des radiations, des déchets toxiques ou des produits ménagers. Ces obsessions sont accompagnées de rituels de lavage et de nettoyage excessifs : se laver les mains un grand nombre de fois dans la journée ou prendre des douches de façon répétitive, en respectant des règles qui peuvent paraître étranges, comme prendre et poser le savon douze fois avant de l’utiliser. Les obsessions d’erreur ou d’omission C’est par exemple la crainte permanente et obsédante d’avoir oublié de faire quelque chose, d’avoir mal fait son travail, d’avoir perdu un objet, d’avoir fait des fautes dans une lettre. Les pensées obsessives sont centrées sur la morale, la religion, une idée de ce qui est correct. Les obsessions d’impulsivité Les personnes ont peur de commettre un acte criminel, pervers, sacrilège ou absurde, ou bien de tuer de façon non intentionnelle, en renversant un piéton avec leur voiture par exemple. Les obsessions de collection Elles se traduisent par un besoin excessif d’accumuler des objets sans valeur ou totalement inutiles. Contrairement au collectionneur, cet entassement ne provoque aucun plaisir chez la personne atteinte de troubles obsessionnels compulsifs. Dans certains cas graves, le logement peut être totalement envahi par des immondices. Les obsessions d’ordre et de symétrie La personne malade pense qu’un événement grave peut arriver à l’un de ses proches ou à lui-même si certains objets ne sont pas parfaitement rangés ou positionnés selon un mode précis. Les personnes atteintes de troubles obsessionnels compulsifs (TOC) éprouvent le besoin d’évacuer leur anxiété en accomplissant des rituels ou des actions répétitives, pour empêcher que des phénomènes redoutés ne se produisent. Elles sont généralement conscientes de l’absurdité de leur comportement et en ressentent de la honte. Superstition, perfectionnisme ou obsession compulsive ? Lorsque nous observons les jeux des enfants, certains rituels nous reviennent en mémoire : « Si j’arrive au bout de la rue sans poser le pied sur les jointures du trottoir, j’aurai une bonne note à mon devoir. » Devenus adultes, nous n’avons pas toujours abandonné ces habitudes. Il nous arrive de mettre en place des rituels pour conjurer le sort : « Si je porte ce bijou, mon entretien d’embauche va bien se passer. » C’est notre part de superstition, qui n’a rien de pathologique tant qu’elle n’a pas de répercussions négatives sur notre vie quotidienne. Être perfectionniste, obsédé par l’organisation ou très exigeant ne signifie pas forcément être compulsif. Ces comportements servent souvent à améliorer l’image de soi et contribuent au succès professionnel. Il n’y a rien de pathologique dans le fait d’agir ainsi, à condition que le temps passé à accomplir ces actions soit raisonnable et que ces comportements n’entraînent ni angoisse, ni souffrance, ni dommages dans la vie sociale et affective. Qu’est-ce que le trouble obsessionnel compulsif ? Les troubles obsessionnels compulsifs, également appelés TOC, sont une forme de trouble anxieux. Les personnes souffrant de TOC sont obnubilées par des pensées angoissantes difficiles à ignorer, qui parasitent leur esprit et provoquent un fort sentiment de culpabilité. Nous avons tous parfois des idées inquiétantes, mais nous savons les rejeter comme étant déraisonnables. La personne atteinte de TOC interprète mal ces pensées envahissantes et les perçoit comme les signes annonciateurs d’un malheur imminent. Elle s’épuise à lutter contre ces idées noires, ainsi que l’anxiété et la culpabilité qu’elles provoquent : c’est l’obsession. Elle est consciente que ces idées qui jaillissent de manière répétée sont sans fondement et disproportionnées, mais ses tentatives de résistance déclenchent un niveau intolérable d’anxiété. Les obsessions les plus répandues ont trait à la saleté, à la peur de commettre des actes violents, à la crainte d’avoir wwwwdes comportements scandaleux.
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Les obsessions Il s’agit de pensées (idées, images) ou d’impulsions (besoins irrésistibles d’accomplir certains actes) envahissantes et récurrentes. Elles concernent des thèmes précis (saleté et contamination, sacrilège, sexualité, désordre, peur d’être responsable de catastrophes ou de la mort d’autrui). Ces obsessions surgissent dans l’esprit sans raison, contre la volonté du patient, de manière contraignante et intrusive. Pour la personne concernée, elles paraissent souvent douloureuses ou inappropriées. Elles peuvent même sembler très déplaisantes, inacceptables ou dégoûtantes. Au quotidien, ces symptômes génèrent angoisse et souffrance.
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Les obsessions concernent souvent des thèmes comme :
la peur de la contamination (55%)//les pensées agressives (50%)//le besoin de symétrie et d’exactitude (36%)// les peurs somatiques (34%)// les représentations sexuelles (32%)//les compulsions les plus fréquentes sont : la vérification (80%)// les rituels de lavage (46%)// les rituels de comptage (46%)
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Combien de personnes souffrent-elles de T.O.C. en France ? La fréquence de cette affection a été longtemps sous-estimée en raison de divers facteurs tels que l’absence de consultation spontanée (peur de paraître « fou »), l’aspect secret des symptômes, la comorbidité fréquente. On estime aujourd’hui qu’environ 2 à 3% de la population française (3,6% chez les adolescents) souffre de T.O.C., soit plus d’un million de personnes. Encore ce chiffre ne prend-il en compte que le nombre de cas diagnostiqués, mais beaucoup existent encore sans avoir reçu de diagnostic précis. 2 à 3% de la population souffre de TOC.
Les obsessions sont définies par: - des pensées, impulsions ou représentations récurrentes et persistantes qui a certains moments de l’affection sont ressenties comme intrusives et inappropriés et qui entrainent une anxiété ou une détresse importante -les pensées, impulsions ou représentations ne sont pas simplement des préoccupations excessives concernant les problèmes de la vie réelle. -le sujet fait des efforts pour ignorer ou réprimer ces pensées, impulsions ou représentations ou pour neutraliser celles-ci par d’autres pensées ou actions -le sujet reconnait que les pensées, impulsions ou représentations obsédentes proviennent de sa propre activité mentale ( elles ne sont pas imposées de l’extérieur comme dans les cas imposés) Les compulsions définies par des pensées et impulsions récurenntes se traduisent par des : -comportements répétitifs (p.ex lavage de main, ordonner, vérifier) ou actes mentaux (p.ex prier, compter, répéter des mots silencieusement) que le sujet se sent poussé à accomplir en réponse à une obsession ou celon certaines règles qui doivent être appliqués de manière inflexible -les comportents ou les actes mentaux sont déstinés à neutraliser ou à diminuer le sentiment de détresse ou à empêcher un évenement ou une situation redoutés; cepedant ces comportements ou ces actes mentaux sont soit sans relation réaliste avec ce qu’ils se proposent de neutraliser ou de prévenir, soit manifestement excessifs À un moment durant l’évolution du trouble le sujet a reconnu que les obsessions ou les compulsions étaient excessives ou irraisonnés Les obsessions et compulsions sont à l’origine de sentiments marqués de détresse, d’une perte de temps considérable (prenant plus d’une heure par jour) ou interfèreent de façon significatives avec les activités habituelles du sujet, son fonctionnement professionnel (ou scolaire) ou ses activités ou relations sociales habituelles. Si un autre trouble est aussi présent, le thème des obsessions ou des compulsions n’est pas limité à ce dernier (p.ex préoccupations liés à la nourriture quand il s’agint d’un trouble de consuites alimentaires au fait de s’arracher les cheveux en cas de Trichotillomanie; inquiétude conceranant l’apparence d’une dysmorphie corporelle; préoccupation à propos des drogues quand il s’agit d’un trouble lié à l’utilisation d’une substance; crainte d’avoir une maladie sévère en cas d’Hypochondrie; préoccupation à propos de besoins sexuels impulsifs ou de fantasmes en cas de Paraphilie; ou ruminations de culpabilité quand il s’agit d’un trouble dépressif majeur. La pertubation ne résulte pas des effets physiologiques directs d’une substance (p.ex une substance donnant lieu à abus, un médicament) ni d’une affection médicale générale.
Vers un nouveau mode de prise en charge des TOCs résistants Les traitements médicamenteux actuels ne sont pas satisfaisants pour deux raisons, ils ne ciblent pas des mécanismes spécifiques de la maladie et laissent de nombreux patients en échec thérapeutique. A ce titre, de nouvelles techniques font peu à peu leur chemin. La chirurgie lésionnelle est pratiquée au cas par cas chez les sujets les plus sévères. Elle consiste actuellement à léser légèrement une zone du cerveau impliquée dans le TOC à l’aide de rayons gamma, sans ouverture de la boîte crânienne. Le taux de réponse varie de 50 % à 67 % mais l’incertitude plane sur le choix des zones à cibler (1). En outre, ces lésions sont irréversibles et la technique est donc éthiquement discutable. Elle pourrait être rapidement abandonnée au profit de la stimulation cérébrale profonde ou la stimulation magnétique transcrânienne qui sont réversibles, et être réservée aux cas exceptionnels de patients justifiant une intervention et présentant une contre-indication à ces dernières techniques. Stimulation intracérébrale contre les TOC. Ensemble du crâne avec les noyaux caudés et deux électrodes implantées dans les noyaux subthalamiques. Stimulation intracérébrale contre les TOC. La stimulation cérébrale profonde est actuellement évaluée chez les patients les plus atteints. Elle a déjà fait ses preuves dans le traitement de la maladie de Parkinson ou encore de l’épilepsie et les complications sont relativement rares. Elle consiste à implanter des électrodes dans le cerveau et à envoyer de façon chronique des impulsions électriques permettant de moduler l’activité de certaines zones impliquées dans la production des comportements. Ces électrodes sont connectées à un neurostimulateur implanté sous la peau et les paramètres de stimulation (fréquence, voltage, durée d’impulsion) sont ajustés par le médecin à l’aide d’un programmateur externe. Une étude française parue en 2008 (3) montre qu’après trois mois de stimulation, deux tiers des patients répondent au traitement avec la disparition de plus d’un quart des symptômes et le retour à un fonctionnement global satisfaisant. Les auteurs ont par ailleurs constaté que certains dysfonctionnements étaient prédictifs de la réponse à ce traitement. Repérage de points anatomiques de référence sur la tête d’un sujet, en préparation d’une séance robotisée de stimulation magnétique transcrânienne (TMS). Il s’agit de réaliser une séance d’essai du robot prototype. Afin de mettre en correspondance la tête du sujet avec les images de son cerveau issues d’une IRM, un manipulateur repère à l’aide d’un stylet l’oreille droite du sujet. Le sujet porte des lunettes munies de capteurs permettant à une caméra de mesurer sa position en temps réel. La TMS est utilisée en psychiatrie, dans le traitement de la dépression ou de la schizophrénie. Elle consiste à stimuler des zones du cerveau par des impulsions magnétiques indolores, avec une sonde appliquée sur le cuir chevelu. Repérage de points anatomiques de référence sur la tête d’un sujet, en préparation d’une séance robotisée de stimulation magnétique transcrânienne (TMS). Trois études sont en cours en France pour identifier les meilleures cibles à stimuler, évaluer le bénéfice de cette technique versus placebo ou encore le coût de cette prise en charge par rapport aux coûts de la maladie. Il s’agit des études PRESTOC2, UNIBIL et STOC2. Cette dernière compare la stimulation du striatum ventral ou du noyau sous-thalamique chez une trentaine de patients. La stimulation magnétique transcrânienne est également en cours d’évaluation. Elle est moins invasive puisqu’elle ne nécessite pas l’implantation d’électrodes et repose sur l’application d’un champ magnétique dirigé vers certaines zones du cerveau impliquées dans la maladie.
Les autres champs de la recherche Mécanismes de la maladie La recherche se poursuit pour tenter de clarifier les dysfonctionnements à l’origine de la maladie. Des travaux ont récemment mis en avant l’implication probable de facteurs auto-immuns dans certaines formes précoces de la maladie. Des auto-anticorps seraient dirigés contre les ganglions de la base, siège de la motricité et du comportement, entraînant des dysfonctionnements neuronaux. Ce phénomène serait concomitant à des infections, par exemple à streptocoque chez l’enfant, qui dérégleraient le système immunitaire. Suivi des patients atteints de TOC Les experts cherchent par ailleurs à mieux connaître le devenir des patients atteints de troubles obsessionnels compulsifs, notamment grâce à des études de cohortes. Une étude longitudinale démarre ainsi dans quatre centres français dont l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Cette étude, dite RADAR, permettra de suivre 200 patients pendant trois ans afin de récupérer des données sur l’évolution de la maladie, les facteurs de risque, les comorbidités, les complications, les traitements mis en œuvre, etc.
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Cette technique est utilisée depuis plus de 10 ans dans la dépression et montre des résultats préliminaires positifs dans les TOC. Une étude est en cours chez 40 patients versus placebo pour une durée de trois ans.
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Charles Pull / Marie-Claire Pull-Erpelding J'AI PEUR Ensemble contre la peur édition Saint paul Colette Combe Comprendre et soigner la boulimie édition Dunod
http://psychotherapie.comprendrechoisir.com/comprendre/troubles-du-comportement http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=troubles_alimentation_douglas_pm http://www.psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Anorexie-Boulimie/Articles-et-Dossiers/La-boulimie-une-souffrance-jamais-rassasiee http://www.boulimie.com/sinformer/la-boulimie/les-crises-de-boulimie/ http://www.anorexie-et-boulimie.fr/articles-566-les-inducteurs-de-crises-dans-la-boulimie-et-les-compulsions-alimentaires.htm http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=attaque_de_panique_pm http://sante-medecine.commentcamarche.net/faq/17741-crise-d-angoisse-causes-symptomes-et-traitement http://www.douglas.qc.ca/info/troubles-anxieux http://www.deploie-tes-ailes.org/doc/panique.php http://www.psychologies.com/Moi/Problemes-psy/Troubles-Maladies-psy/Interviews/Les-TOC-une-maladie-que-l-on-peut-soigner http://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_obsessionnel_compulsif http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=toc_pm http://www.fondationdesmaladiesmentales.org/la-maladie-mentale.html?t=2&i=6
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DSM-IV
Fanny Hertz juin 2015
Les troubles du comportement sont des anomalies dans la façon d’agir et de réagir. Ils comprennent l’agitation, l’agressivité, l’inhibition, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), les phobies, les désordres alimentaires (anorexie, boulimie...), l’hyperactivité etc.Dans certains cas, les troubles du comportement peuvent être le signe d’une maladie, par exemple une tumeur au cerveau ou la maladie d’Alzheimer. Dans tous les cas, un suivi psychologique se révèle nécessaire. Nous pourrons sans doute tous manifester à un moment ou à un autre des troubles du comportement à un moment de notre vie. Pour certains, cela passe inaperçu et les troubles se résorbent rapidement. C’est le cas, par exemple, d’un trouble apparaissant après une rupture sentimentale mais que le sujet reconnaît comme telle et traite par lui-même. Un trouble du comportement se rapporte à une « anomalie» dans nos habitudes. Nous faisons quelque chose différemment, à l’excès ou de façon compulsive. Nous avons une obsession qui nous fait répéter plusieurs fois le même geste ou nous avons une peur exagérée et inexpliquée de quelque chose.