n°34 12 janvier 2015
CRITIQUE
INTERVIEW
ARTICLE La solitude
AGENDA
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Critique Olafur Eliasson « Contact » La Fondation Louis Vuitton accueille pour sa première exposition l’œuvre spectaculaire d Eliasson. C’est un parcours qui invite le visiteur à se perdre.
Jolanthe Kugler L’exposition « Que la lumière soit ! » propose à la fondation EDF une histoire culturelle du design et de la lumière artificielle. Jolanthe Kugler retrace l’évolution de l’éclairage électrique.
Peinture : Edward Hopper, Edvard Munch Littérature : Maupassant, Victor Hugo Poésie : Baudelaire, Apollinaire Théâtre : Jean Cocteau
Introspection vous tient au courant de tous les événements. Toutes les expostions, conférences, pièces de théâtre, films à voir à Paris, dans toute la France mais aussi dans le reste du monde.
À voir Paris
David Maljkovic 20 oct - 11 janvier Palais de Tokyo
Le Maroc contemporain 14 nov - 11 janvier Institut du monde arabe
Monet 18 sept - 18 janvier Musée Marmottan
François Truffaut jusqu’au 25 janvier Cinémathèque française
Niki de Saint Phalle 17 sept - 2 février Grand Palais
7 ans de réflexion 18 nov - 22 février Musée d’Orsay
La Double Inconstance 29 nov - 1er mars Salle Richelieu
Modernités de 1905 à 1970 23 oct - 26 janvier Centre Pompidou
Hokusai 1er oct - 18 janvier Grand Palais Edward Hopper Automate, 1927
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La solitude
« L’art c’est l’apothéose de la solitude » La solitude à travers les arts De Beaudelaire à Hopper, en passant par Maupassant et Cocteau ; nombreuses sont les œuvres traitant de la solitude. La solitude (du latin solus signifiant « seul ») est l’état, ponctuel ou durable, d’un individu seul qui n’est engagé dans aucun rapport avec autrui. La solitude n’a pas le même sens selon qu’elle est choisie ou subie. Ainsi, l’état d’isolement ou d’éloignement vis-à-vis d’autrui peut avoir des effets bénéfiques sur l’individu, mais aussi néfastes. La solitude a également été décrite comme une souffrance sociale — un mécanisme psychologique alertant un individu d’un isolement non désiré et le motivant à chercher une connexion sociale. Cependant, un individu peut choisir intentionnellement la solitude dans le but de s’isoler de son entourage, notamment.
« La solitude est l’éclipse des liens avec autrui ; l’isolement en est la privation. » La solitude à l’ère de l’hyperconnectivté « Il faut admettre que nous vivons sur terre à une époque extraordinaire. Nous avons la possibilité d’entretenir des relations avec des personnes vivant n’importe où sur la planète. Les satellites gravitant autour du globe diffusent des messages de personne à
personne à travers les continents et les diverses communautés, nous reliant presque instantanément à n’importe qui, n’importe où. Nos téléphones cellulaires nous permettent de contacter sur-lechamp notre famille, nos collègues de travail, nos amis, où que nous soyons. Les ordinateurs, y compris ceux qui peuvent maintenant trouver place dans nos poches, nous relient directement à Internet. » Comment aurions-nous pu prévoir que tout en baignant dans cette mer de liens et de raccordements technologiques, subsisteraient dans nos sociétés un si grand nombre de personnes souffrant de la solitude ? À une époque unique où existent toutes les formes de communications, dans un monde hyper branché, nous faisons l’expérience de la pauvreté des relations humaines. Bien que nous ayons le pouvoir de sauter dans un avion ou une voiture pour visiter des amis éloignés, nous ignorons souvent le nom de nos voisins ou même à quoi ils ressemblent. Une étude récente du Search Institute of America a montré que 60% des jeunes ne connaissent personne dans le voisinage à qui ils pourraient demander de l’aide en cas de besoin. Alors même que le monde semble rétrécir, il nous semble plutôt qu’une distance accrue et une absence de relation avec autrui constituent le fond de la vie moderne. Les psychologues observent des taux record de dépression et d’angoisse. Certains chercheurs parlent d’une épidémie de solitude. Contrairement à la plupart des
Jean Cocteau maladies, cette épidémie se transmet par l’absence de contacts humains. Il nous arrive à tous de nous sentir seuls et angoissés, mais si la situation perdure, elle se transforme en isolement. Isolés, nous devenons vulnérables d’une foule de manières. Notre santé est atteinte, nos choix diminués, l’information dont nous disposons, limitée. Au-delà des conséquences empiriques, il faut penser à ce que signifie spirituellement une absence de rapports avec autrui et de compassion à leur égard. La relation avec autrui est souvent ce qu’il y a de meilleur dans notre humanité. La plupart d’entre nous ne pourraient imaginer une vie sans rires partagés, sans la chaleur du regard d’un être aimé, le contact d’une main amicale. Ce sont nos capacités de prendre soin les uns des autres qui nous permettent de créer des choses belles. Elles rappellent notre vraie nature et nous fournissent de l’espoir et un but. À une époque unique où existent toutes les formes de communications, dans un monde hyper branché, nous faisons l’expérience de la pauvreté des relations humaines. Ce sont nos capacités de prendre soin les uns des autres, de collaborer, qui nous permettent de créer de belles choses. Bien que nous ayons le pouvoir de sauter dans un avion pour visiter des amis éloignés, nous ignorons souvent le nom de nos voisins ou même à quoi ils ressemblent. VICKIE CAMMACK, « Le réseau de la compassion », L’Agora, vol 10 no 2, automne 2003
La voix humaine
Par Marc Paquien, metteur en scène/ Une pièce écrite pour la Comédie-Française. Un texte envahi par le silence. La Voix humaine de Jean Cocteau est une pièce que l’on voit finalement peu dans sa version théâtrale. En effet, ce texte, écrit en 1927, est devenu le livret de l’opéra du même nom composé par Francis Poulenc, et a été porté à l’écran par Roberto Rossellini. Ces deux œuvres ont sans doute un peu masqué l’étrange beauté, et la singulière modernité de la première version… Une modernité dans la manière même d’entrevoir l’espace littéraire. Car le texte, rempli de blancs, de trous, est parsemé de pointillés. Ces pointillés renvoient à la voix de « l’autre », celle de l’homme qu’on n’entend pas, mais qui parle dans ce téléphone, à l’autre bout de la ligne. Une modernité dans la manière même d’entrevoir l’espace littéraire. La Voix humaine est un texte envahi par le silence. Il s’agit évidemment d’une partition musicale, opératique. Cette « femme qui sombre en chantant » n’est pas sans nous rappeler la Winnie de Samuel Beckett qui sera créée trente ans plus tard. Ce procédé d’inversion, qui met le silence, l’absence, au centre de l’œvre, est sidérant. La Voix humaine a été créée en 1930, à la ComédieFrançaise, par la grande actrice Berthe Bovy. J’imagine la force de cette proposition, cette femme seule en scène, dans le contexte théâtral de l’époque. Aujourd’hui c’est Martine Chevallier qui fait entendre ce chant d’amour. Et je veux rendre hommage à la grande actrice qu’elle est, elle aussi. Et je veux rendre hommage à la grande actrice qu’elle est, elle aussi. J’ai été très frappé par une photo de Berthe Bovy, allongée sur le lit, suivant littéralement la didascalie de Cocteau « la scène est une chambre de meurtre ». La Voix humaine a été créée en 1930, à la Comédie-Française, par la grande actrice Berthe Bovy. J’imagine la force de cette proposition, cette femme seule en scène, dans le contexte théâtral de l’époque. Et je veux rendre hommage à la grande actrice qu’elle est, elle aussi.
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n°34 12 janvier 2015 CRITIQUE & INTERVIEW
Critique
Interview
8 Avenue du Mahatma Gandhi, 75116 Paris 01 40 69 96 00
Issu de ces avancées technologiques, le monde de l’art lumineux connaît aujourd’hui un profond bouleversement. L’exposition retrace cette évolution en s’appuyant sur des exemples issus de nombreuses disciplines, l’art, le design et l’architecture en particulier.
Olafur Eliasson «Contact »
Horaires hors vacances scolaires : lundi, mercredi et jeudi de midi à 19h, vendredi de midi à 23h, samedi et dimanche de 11h à 20h. Pendant les vacances (du 20 décembre au 4 janvier) : tous les jours de 10h à 20h, nocturne le vendredi jusqu’à 23h.
La Fondation Louis Vuitton accueille pour sa première exposition l'œuvre spectaculaire d'Olafur Eliasson. « Contact » est un parcours labyrinthique qui invite le visiteur à se perdre et à jouer dans le bâtiment de Frank Gehry jusqu'au 15 février. Plongée au cœur d'un trou noir profond, éblouissants néons et jeux d’ombres, captivants effets d’optiques géants avec miroirs, le spectacle est total. À l'occasion du lancement de sa première grande exposition à la Fondation Louis Vuitton, France 2 revient sur le parcours de l'artiste danois Olafur Eliasson. Ses labyrinthes, ses jeux de miroirs, ses couleurs lumineuses l'ont rendu célèbre. À travers « Contact », l'artiste de 47 ans fasciné par la lumière et les reflets a voulu désorienter le visiteur. « Au fond de notre œil, l'image est inversée. C'est notre cerveau qui rétablit les choses. La gravité, la réalité, tout cela est relatif », explique-t-il au micro de France 2. Du grand spectacle. Pour sa première exposition d’ampleur, la Fondation Louis Vuitton a mis les petits plats dans les grands – ou plutôt, quelques microplanètes dans l’immense vaisseau d’art contemporain de Frank Gehry, qui trône sur le bois de Boulogne depuis le mois d’octobre. Après avoir amené le soleil à Londres (« The Weather Project »), après avoir installé une cascade sous le pont de Brooklyn, un arc-en-ciel artificiel sur le toit du musée d’art contemporain d’Aarhus (Danemark) et des blocs de glace de la banquise au beau milieu de Copenhague, Olafur Eliasson vient jouer les manie-tout à Paris. Jeux d’ombre et de lumières, miroirs déroutants, effets d’optique, distorsion de l’espace : « Contact » crée le vertige en jouant habilement avec la lumière naturelle, les éclairages artificiels et la démesure architecturale de la Fondation. Franchir le pas de cette exposition sensorielle, c’est accepter de se perdre quelques instants. Comme un météorite livré aux caprices de l’espace, nous voilà propulsés sur des territoires inconnus, vierges, qui nous renvoient volontiers à notre insignifiance avant de projeter, au détour d’un spot aveuglant, l’ombre gigantesque de nous-mêmes. De pièce en pièce, Eliasson nous déboussole, nous fait avancer à tâtons, amplifie les espaces, suspend le temps. Et soudain : la réalité, le monde extérieur. C’est là, dans les douves du bâtiment (le « grotto »), que l’artiste danois d’origine islandaise déploie peut-être l’œuvre la plus intéressante de cette promenade chancelante : une longue allée de miroirs et de panneaux jaunes, sur lesquels les complexes enchevêtrements de l’architecture de Frank Gehry se reflètent et se réfractent. Moins évidente que dans certaines œuvres qui l’ont rendu célèbre, la réflexion écolo qui anime l’ensemble de la production d’Eliasson transparaît au loin de ce parcours balisé de chocs sensitifs. En poussant les visiteurs « à se considérer comme des astéroïdes » en apesanteur et à interroger leur rapport au monde qui les entoure, celui qui lutte activement pour une consommation énergétique raisonnée et plus égalitaire (notamment avec son entreprise d’énergie solaire, Little Sun) aspire encore une fois à une forme de prise de conscience collective. « L’exposition porte sur l’interdépendance entre toutes choses. […] Par exemple, la lutte contre le dérèglement climatique est fortement altérée par notre incapacité à nous sentir connectés à une chose aussi vaste et globale que le climat. » L’impact escompté n’aura pas forcément lieu. En dilatant ainsi notre environnement tangible, l’exposition ne nous donne pas forcément les clés pour aller au bout de sa réflexion. Mais l’ambition reste louable : les lubies monumentales d’Eliasson ne relèvent pas que d’un gigantisme tape-à-l’œil, elles nous bousculent aussi car elles sont porteuses de sens. Alors même si le sens en question peut sembler opaque, même si la destination finale ressemble à un point d’interrogation, on aura au moins pris plaisir à s’égarer. Tania Brimson
« Le contact peut se trouver dans un bonjour, un sourire, le fait de sentir la main de quelqu’un d’autre dans la votre Etre en contact, c’est être lié aux choses positives de la vie avec les choses difficiles de la vie. Le contact n’est pas une image, ce n’est pas une représentation ; il s’agit de votre capacité a lier connaissance, à vous connecter à autrui et peutetre même vous mettre a la place de quelqu’un d’autre. Pour moi, le contact c’est la première étape vers l’inclusion. » Olafur Eliasson
La solitude
Jolanthe Kugler
Que la lumière soit ! rassemble environ 250 œuvres, dont de nombreuses pièces majeures de la collection de luminaires du Vitra Design Museum encore jamais présentées au public, et notamment des œuvres de Wilhelm Wagenfeld, Achille Castiglioni, Gino Sarfatti et Maurer. Le cœur de l’exposition se compose de projets d’artistes et designers contemporains, tels qu’Olafur Eliasson, Troika, Chris Fraser, Front Design ... qui illustrent les nouvelles possibilités conceptuelles de la lumière.
L'exposition «Que la lumière soit ! » propose à la fondation EDF une histoire culturelle du design et de la lumière artificielle. La commissaire Jolanthe Kugler retrace l'évolution de l'éclairage électrique et présente les pièces majeures de la collection de luminaires du Vitra Design Museum qui n'ont jamais été montrées au public. Quelle a été la genèse de cette exposition ? Jolanthe Kugler : L'idée de cette exposition
est née de l'activité même du Vitra Design Museum (Weil am Rhein) qui possède une collection importante de meubles du xxe siècle, mais qui a surtout commencé à collectionner des luminaires voici environ
c'est‑à‑dire le changement actuel dans le monde de la technologie, les propositions des designers à ces transformations profondes, les interprétations formelles et artistiques en réponse à ces nouvelles perspectives, tout comme les grands défis que nous lance cette nouvelle technologie, cette lumière digitale et électronique, contrôlable comme jamais avant. Que peut-on comprendre de l'évolution du design des lampes au cours des 100 dernières années ? J.K. :Nous avons essayé de faire un choix
Joseph Beuys Capri Batterie, 1985
dix ans. Cette dernière initiative est due à Raymond Fehlbaum — le frère de Rolf Fehlbaum, Président directeur général de la Vitra Design Stiftung — qui a cédé sa collection de luminaires et que Rolf Fehlbaum a complétée. Dans l'exposition « Que la lumière soit ! », nous l'avons resituée dans un contexte culturel et historique. Le monde de la lumière étant en pleine mutation, il n'était pas possible de nous limiter aux liminaires classiques, d'où cette exposition qui propose une histoire culturelle du design et de la lumière artificielle.
qui marque les différentes étapes de l'évolution des moyens d'éclairage aussi bien au niveau technologique, que dans le choix des matériaux utilisés ou dans les aspects esthétiques. Chaque époque produit des objets reflétant les idées artistiques, politiques de la société du moment. Les lampes des années 1960, par exemple, sont essentiellement réalisées avec des plastics colorés, le propylène ayant largement été utilisé pour les éléments de mobilier. Et la lampe n'est plus seulement un moyen d'éclairage, mais devient une sculpture à l'intérieur d'un espace privé. Avec la Hanging Lamp (1922) de Gerrit
Comment avez-vous construit et découpé cette exposition afin de raconter cette histoire de la lumière ? J. K : Une première partie analyse
l'importance de la lumière électrique lors du siècle passé, la manière dont elle a transformé nos vies, nos conditions de travail, notre quotidien, mais aussi nos villes. Ensuite, le parcours nous introduit dans une présentation historique du design à travers une sélection d'environ 50 luminaires, les plus emblématiques qui permettent de raconter l'évolution des techniques, des matériaux mais aussi le développement social et industriel. La troisième partie traite des qualités synesthésiques de la lumière associées à la couleur, à l'espace et au mouvement. Nous réunissons une sélection de films, documents, photographies et objets qui illustrent l'utilisation de la lumière dans le monde de l'art et du spectacle durant le siècle dernier. Nous commençons avec le Palais de l'électricité conçu pour l'Exposition universelle de 1900 à Paris, un des premiers grands spectacles possibles grâce à la lumière électrique, mais où on voit encore qu'au tournant du siècle, personne n'avait véritablement idée de la forme que pouvait prendre cette lumière électrique. On a alors utilisé des symboles familiers: l'image classique d'une déesse qui, au lieu d'être illuminée d'un rayon de lumière venant du ciel — donc de Dieu —, porte une ampoule sur la tête, avec une batterie dans l'autre main. La lumière électrique a alors déjà commencé à bouleverser le monde, mais il n'y a pas encore un langage approprié pour le décrire. Les choses auront évolué pour le Poème électronique de Le Corbusier, Iannis Xenakis et Edgar Varèse créé pour le Pavillon Philips pour l'Exposition internationale de Bruxelles en 1958. La dernière partie est entièrement dédiée à ce que l'on a appelé « la lumière de demain »,
« L’art c’est l’apothéose de la solitude » Introspection analyse de la solitude à travers différents arts. Tel que le théâtre avec La voix humaine de Jean Cocteau, la littérature et la poésie avec Les contemplations de Victor Hugo, La solitude de Beaudelaire, Solitude de Maupassant, ou encore L’ivresse de la solitude moderne avec Apollinaire. Mais n’oublions pas la peinture, où des chefs d’œuvre ont été réalisé portant sur ce thème tel que La mélancolie ou le cri d’Edvard Munch, mais aussi Morning sun d’Edward Hopper.
Les êtres humains sont d’abord et avant tout des êtres sociaux, nous sommes donc définis en grande partie par nos rapports avec les autres. Nous en avons besoin, non seulement pour notre subsistance et pour leur compagnie, mais également pour donner un sens à notre vie. La grande philosophe et mystique française Simone Weil a écrit que «l’intelligence est éclairée par l’amour ». Weil avait un regard profond sur la condition humaine, et elle employait le mot intelligence dans son sens le plus large, renvoyant à notre essence et à ce qui nous rend possibles. L’amour que nous donnons (et recevons) a une incidence directe sur notre bien-être, il éclaire notre identité, nourrit notre empathie et notre esprit. Nous existons dans le contexte de nos relations avec d’autres personnes. Les rapports de compassion sont comme les chauds rayons du soleil qui permettent aux fleurs de s’épanouir. L’affiliation et les relations humaines sont le terreau d’une saine identité, à partir de laquelle l’individu se développe. Car nous nous définissons en fonction de la manière dont les autres nous perçoivent. Notre valeur s’affirme si nous faisons partie d’un réseau social fondé sur l’entraide mutuelle. Nous avons alors la chance de laisser tomber nos masques et nos armures, pour apprendre à nous connaître nous-mêmes dans nos relations les plus intimes avec les autres. »
Jean Cocteau La voix humaine
Par Marc Paquien, metteur en scène Une pièce écrite pour la Comédie-Française. Un texte envahi par le silence. Un personnage sans nom
déjà moins, les mots d’amour passent désormais par ce fil qui La figure de la femme est omniprésente dans l’œuvre de s’enroule et étrangle. On est sans cesse coupé, espionné par Cocteau. On connaît ses amitiés avec Francine Weisweiller, d’autres voix, par des oreilles intruses. Marie-Laure de Noailles ou encore Edith Piaf. On peut voir une Passer d’un monde à l’autre espèce de gémellité, quelque chose de l’ordre de «l’âme sœur » Dans La Voix humaine, le monde d’en bas ne peut plus dans ces personnages souvent blessés, tourmentés. Il est communiquer avec le monde d’en haut, le monde des morts frappant de voir à quel point Cocteau connaissait l’âme avec celui des vivants. Les didascalies de l’auteur sont d’ailleurs féminine. La femme qui parle à son amant dans La Voix humaine ne porte pas de nom, comme si significatives : une chambre de mort, un l’écrivain avait voulu se glisser dans ce téléphone, et le trou du souffleur qui personnage. Car ce n’est qu’une voix qui nous renvoie à la symbolique du passage s’élève. Une voix à laquelle l’actrice des enfers à la terre, du théâtre au réel… Martine Chevallier rendra toute sa Pour réfléchir à l’espace scénique, avec le dimension musicale. On a l’impression scénographe Gérard Didier, je me suis d’entendre une aria, ou le chant ultime bien sûr confronté à l’univers esthétique d’une grande figure d’opéra. En tout cas de Cocteau. Orphée, par exemple, est un un chant de mort. Cocteau a sans doute film fascinant sur l’entre-deux monde, beaucoup rêvé autour de cette idée, en cet espace où l’on ne fait plus partie des composant une variation sur la passion et vivants, sans être tout à fait mort… On le mensonge, le renoncement et le retrouve dans cette œuvre, comme dans désespoir. Je pense aussi souvent à La Voix humaine, les thèmes de Colette, celle de La Naissance du jour, ou l’incommunicabilité, de l’amour perdu. bien au personnage de Léa dans Chéri, et Le noir et blanc, si saisissant dans le film, à l’idée d’un amour né pour disparaître, nous a beaucoup inspiré. Tout comme tôt ou tard. Un autre élément de la pièce l’image du miroir dans lequel on plonge m’interpelle : le téléphone, le fil qui relie pour passer dans l’autre monde. Nous est ici le seul lien entre la femme et avons imaginé un espace abstrait, une l’homme. Cet accessoire est capital et chambre comme suspendue, un sol en Jean Cocteau La voix humaine raconte aussi quelque chose de très pente noir pareil à un miroir dans lequel mise en scène Marc Paquien intéressant sur les années 1930. On s’écrit la femme se reflète et se noie…
La solitude c’est la souffrance rappelée par de mauvais souvenirs Studio Rossi Molinari, C2, 1969
Rietveld, la lumière cesse d'être vue comme un point lumineux autonome au plafond et commence à dessiner l'espace pour devenir une structure spatiale lumineuse. George Carwardine a inventé lui le ressort pour tenir en équilibre la lampe de travail et nous a donné, avec la lampe Anglepoise (1927), le prototype pour toutes les lampes de bureau. Celles de Serge Mouille sont fragiles et élégantes, comme la Cocotte. Avec sa Tizio (1972), Richard Sapper intègre les halogènes dans l'espace domestique alors qu'ils ont été initialement pensés pour les voitures et l'industrie. Les lampes du groupe Memphis et d'Ettore Sottsass produites dans les années 1980 illustrent. Quelle a été la genèse de cette exposition ? J.K : L’idée de cette exposition est née de
l’activité même du Vitra Design Museum (Weil am Rhein) qui possède une collection importante de meubles du xxe siècle, mais qui a surtout commencé à collectionner des luminaires voici environ dix ans. Cette dernière initiative est due à Raymond Fehlbaum — le frère de Rolf Fehlbaum, Président directeur général de la Vitra Design Stiftung — qui a cédé sa collection de luminaires et que Rolf Fehlbaum a complétée. Dans l’exposition «Que la lumière soit ! », nous l’avons resituée dans un contexte culturel et historique.
Stéphanie Pioda
Victor Hugo
Les contemplations Les Contemplations est un recueil de poésie de Victor Hugo, publié en 1856. Il est composé de 158 poèmes rassemblés en six livres.
« L’enfer est tout entier dans ce mot : solitude. » Autrefois, quand septembre en larmes revenait, Je partais, je quittais tout ce qui me connaît, Je m’évadais ; Paris s’effaçait ; rien, personne ! J’allais, je n’étais plus qu’une ombre qui frissonne, Je fuyais, seul, sans voir, sans penser, sans parler, Sachant bien que j’irais où je devais aller ; Hélas ! je n’aurais pu même dire : Je souffre ! Et, comme subissant l’attraction d’un gouffre, Que le chemin fût beau, pluvieux, froid, mauvais, J’ignorais, je marchais devant moi, j’arrivais. O souvenirs ! ô forme horrible des collines ! Et, pendant que la mère et la sœur, orphelines, Pleuraient dans la maison, je cherchais le lieu noir Avec l’avidité morne du désespoir ; Puis j’allais au champ triste à côté de l’église ; Tête nue, à pas lents, les cheveux dans la bise, L’œil aux cieux, j’approchais ; l’accablement soutient Les arbres murmuraient : C’est le père qui vient ! Les ronces écartaient leurs branches desséchées ; Je marchais à travers les humbles croix penchées, Disant je ne sais quels doux et funèbres mots ; Et je m’agenouillais au milieu des rameaux Sur la pierre qu’on voit blanche dans la verdure. Pourquoi donc dormais-tu d’une façon si dure, Que tu n’entendais pas lorsque je t’appelais ? A celle qui est restée en France (extrait), Les contemplations , Victor Hugo.
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n°34 12 janvier 2015 Article La solitude
Analyse du texte
Ce texte intitulé « les contemplations » est un extrait du livre intitulé A celle qui est restée en France de Victor Hugo. Ce texte parle d’une personne qui se rend dans un cimetière. Les thèmes principaux sont la souffrance rappelée par de mauvais souvenirs. Le narrateur raconte un passage de sa vie ; chaque année il se rendait au cimetière pour voir une personne qui lui à l’air proche. Il évoque une solitude « physique » ; nous pouvons relever tout un champs lexical du départ, de la fuite « je partais », « je quittais tout », « j’allais », « je fuyais seul », « j’irais où je devais aller ». Mais il retrace aussi sa tristesse par un champ lexical d’une solitude « morale » : « sans voir, sans penser, sans parler », « j’ignorais, je marchais devant moi ». Il fuit en quelque sorte un monde pour se plonger dans un autre. Il quitte la ville et se rend dans un lieu paisible. Il décrit tout ce qu’il voit, la nature qui l’entoure. Il personnifie tout le contexte : « septembre en larmes », « je n’étais plus qu’une ombre qui frissonne », « les arbres murmuraient ». L’utilisation de ces images montre un paysage aussi triste que le narrateur ; c’est justement le fait qu’il soit malheureux de devoir se rendre au cimetière qui le pousse à imaginer un monde dans le même état d’esprit que lui, au moment où il le traverse. Le narrateur ne dit pas explicitement qu’il se rend au cimetière. Il utilise des termes qui y font référence ; par exemple « le lieu noir », « au champ triste à côté de l’église », « humbles croix penchées », « la pierre qu’on voit blanche dans la verdure ». Il décrit le lieu d’une telle manière que l’on peut très bien comprendre que c’est un cimetière mais en même temps, c’est comme s’il ne voulait pas vraiment dire où il allait, comme s’il ne voulait pas avouer ou déclarer qu’un de ses proches était décédé. Cette personne paraît être la fille du narrateur. Nous pouvons le remarquer grâce aux expressions « pendant que la mère et la sœur, orphelines » et « C’est le père qui vient ! ». Tout cet extrait est basé sur le récit de ce qu’éprouve le narrateur en se rendant au cimetière, comme si finalement il s’adressait aux lecteurs mais dans les deux derniers vers, il s’adresse directement à sa fille même s’il sait pertinemment qu’elle ne l’entend pas et qu’elle ne lui répondra pas : « Pourquoi donc dormais-tu d’une
Jean-Baptiste Camille Corot Lac Piediluco, 1826
façon si dure, que tu n’entendais pas lorsque je t’appelais ? » C’est un peu comme si, après avoir écrit ce poème en souvenirs de ces « rendez-vous » annuels, la fille du narrateur se trouvait devant lui et il lui posait la question personnellement. Ce texte illustre notre thème choisi (la solitude) car ce poème retrace le souvenir d’un père qui allait voir sa fille au cimetière, chaque année. Il s’y rendait seul, s’imaginant un monde autour de lui. Nous pouvons le classer dans « la solitude volontaire » car malgré qu’il n’ai pas voulu la mort de sa propre fille, le narrateur accepte en quelque sorte la situation, après avoir pris du recul. En conclusion nous pouvons dire que quelque soit la forme de solitude présente dans ces neufs textes, que ce soit la solitude volontaire, c’est à dire lorsque l’individu s’isole du monde par lui même ou bien la solitude forcée, lorsque l’individu est contraint à rester seul par une personne ou par un groupe de personnes, le moyen de s’épanouir dans cette solitude est le même. En effet les personnages utilise le rêve pour s’échapper un instant de leur vie dans le cas de la solitude forcée ou bien se sert des rêves pour s’éloigner volontairement du monde.Nous pouvons le classer dans « la solitude volontaire » car le narrateur accepte en quelque sorte la situation, après avoir pris du recul. Candie Alet, analyse du texte «Les contemplations » de Victor Hugo.
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n°34 12 janvier 2015 ARTICLE La solitude
La solitude est la clé du bonheur Baudelaire La solitude
Petits poèmes en prose, parfois désigné par son sous-titre Le Spleen de Paris, est un recueil de poèmes en prose posthume de Charles Baudelaire, établi par Charles Asselineau et Théodore de Banville. Petits Poèmes en prose est une œuvre posthume écrite par Baudelaire et publiée en 1869, deux ans après sa mort. Atravers « La Solitude », poème faisant partie de ce recueil, Baudelaire nous expose sa manière de concevoir la vie en société. Ses idées sont tout à fait explicites.
La solitude est aussi synonyme d’angoisse Apollinaire
L’ivresse de la solitude moderne C’est par un long poème fleuve de 155 vers dépourvus de ponctuation que Guillaume Apollinaire a fait le choix d’ouvrir son recueil le plus célèbre, « Alcools ».
Démon : ce sont les entités qui viennent tenter). En déroulant un long fil dont rien ne semble pouvoir Arrêtons nous sur le mot « merveilleusement » : fondé sur interrompre le rythme en accélération constante, le poète mirabilis, signifiant "étonnant", il joue sur le sens moderne et parvient à dépeindre avec exactitude le vaste déclin du montre la fascination du poète. Baudelaire concède monde moderne, en n’ayant recours qu’à des images précises, dédaigneusement que la solitude puisse être néfaste aux âmes anecdotiques et individuelles, qui ne parlent que pour ellesfaibles. L’âme a horreur du vide, elle dupe donc des passions mêmes – et qui pourtant convoquent des vérités universelles. solitaires. « Chimères » a ici un sens péjoratif. La solitude est donc réservée « À la fin tu es las de ce monde ancien « Pour lui l’homme est fait pour vivre Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin aux âmes fortes. Dans ce deuxième paragraphe on trouve de seul, la solitude est donc la clé Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine nombreux rythmes binaires. La solitude est également Ici même les automobiles ont l’air d’être anciennes » condamnée par les antique (cf. Sénèque Lettre à Lucilius : il du bonheur. » Le poème s’ouvre sur une description métaphorique d’un Paris s’agit d’interdire la solitude aux âmes égarées). Mais Baudelaire en proie à l’ennui, à l’enlisement et à la stagnation dans un ne surestime pas ses forces (cf. Baudelaire de Sartre : celui-ci Ses pensées sont contraires à la civilisation et à de nombreux passé auquel même la révolution industrielle ne parvient pas à l’accuse de mauvaise foi, disant qu’il aurait voulu son malheur, autres auteurs connus comme Diderot et d’Alembert. Il écrit mettre un terme. Les longues marches d’Apollinaire à travers la naïveté dans ses déplorations : Baudelaire ne supportait pas alors en prose afin de montrer sonopposition aux règles établies, l’ampleur de sa liberté, la solitude lui fait horreur). Baudelaire capitale lui en ont donné une vision précise et en ont fait un ce qui est tout à fait moderne pour l’époque. Baudelaire établit grand familier des aubes solitaires où, suspendue entre le prône toutes les formes de retenue : dandysme, stoïcisme, alors dans ce poème une vraie force persuasive. Nous allons sommeil et le lent éveil des machines, le vide et l’immobilité froideur aristocratique. Mais son dédain ne se mêle-t-il pas donc analyser son argumentation. Dans unpremier temps, nous triomphent. Loin d’y trouver la moindre source d’inspiration ou d’une secrète envie ? Il souligne la vanité et le faux sublime des étudierons le traitement qu’il réserve à son adversaire et à ses d’y reconnaître l’empreinte du charme de la ville à la manière discours de chaire. arguments puis la logique qu’il utilise pour défendre son point de Léon-Paul Fargue dans « Le Piéton de Paris », Apollinaire se Le gazetier appartient lui aussi à la race des bavards. Evocation de vue. lamente de l’engourdissement terrifiant qu’il y décèle. Lorsque du tribunal révolutionnaire avec « il ne décrète pas Il s’agit d’un texte plutôt polémique, avec deaucoup d’ironie, Paris s’anime, le spectacle n’est guère plus propre à la rêverie, et d’accusation ». Dans le quatrième paragraphe ils dénoncent les notamment dans l’allusion aux Pères de l’Eglise. Baudelaire jette hommes volubiles, ils sont comme certains perroquets. L’éclat c’est la solitude moderne de l’homme perdu dans la masse qui une violence froide dans ce texte qui n’est pas du tout une s’élève : des voix est suggéré par la succession des trois [a] dans « races « Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule confession. Il y a une certaine subjectivité masquée quand jacassières ». Effet de chiasme avec « du haut d’une chaire / du Baudelaire feint de s’emporter contre le gazetier. haut de l’échafaud ». « Supplice suprême » semble être associé ici Des troupeaux d’autobus mugissants près de toi roulent L’angoisse de l’amour te serre le gosier Un gazetier était un auteur d’articles dans une gazette (cf. avec plaisir suprême.Est-ce une allusion à Joseph de Maistre ? Comme si tu ne devais jamais plus être aimé » Théophraste Renaudot). Appelé ainsi car à l’origine en Italie Partisan de la peine de mort qui purge le condamné de sa faute. C’est là l’obsession perpétuelle du poète qui s’exprime : le désignait des petits journaux qu’on achetait avec une « gazetta », Mais attention, Baudelaire n’est pas un adversaire de la peine de petite pièce de monnaie. mort comme le furent Hugo ou Lamartine.« Volupté » est un mot délitement de la communauté humaine, évoquée par de tendres souvenirs d’un autre monde, celui de l’enfance, dans le Gazetier a des connotations péjoratives (Baudelaire en profite cher à Baudelaire. On note la discrétion de l’auteur qui voile sa tumulte indistinct de la vie collective à marche forcée. pour régler ses comptes avec la presse). Idem pour les confidence sous l’anonymat. Il témoigne du mépris aux bavard Opposant la première personne, submergée de honte, le connotations de « philanthrope » un équivalent laïque de celui intempestifs. tutoiement, par lequel il s’adresse des reproches, et le qui pratique la charité (cf. les sociétés philanthropiques qui Le paragraphe suivant s’ouvre sur un mécontentement sourd, vouvoiement, dans lequel il introduit la distance et l’étrangeté donnent bonne conscience aux possédants). Ils veulent (cf. allitérations en [m]). Le gazetier fait la morale au poète sur d’un homme qui ne se reconnaît plus, et qui ne reconnaît plus contribuer à la régulation de la société et pensent que la solitude un ton apostolique mais le poète réagit avec vivacité, ton son monde, il désarticule la narration d’un récit où chaque est mauvaise, rejoignant en cela la Bible. Dans leur volonté agressivement ironique : dénonce l’envie mesquine qui ronge épisode surgit sans autre lien avec ceux qui le précèdent que la d’édifier, ils adoptent un ton prêcheur. C’est dans le désert que son interlocuteur. Baudelaire se crée des jouissance secrètes poursuite du remords. Pressentant l’accélération du monde et le le diable vient tenter Jésus (cf. ici les majuscules à Esprit, dans la solitude. Il fait ensuite référence aux auteurs classiques vertige cosmopolite où les cultures, à force de se mélanger, et cite les moralistes (La Bruyère, cf. finissent par se confondre et se vider de leur sens, Apollinaire chapitre « De l’homme »). s’accuse alors de n’avoir pas su séparer le bon grain de l’ivraie, L’homme ramené à lui-même ne peut et d’avoir négligé l’essentiel : supporter son néant. « Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages Baudelaire entend résister au jargon de Avant de t’apercevoir du mensonge et de l’âge son temps (aversion pour les idées Tu as souffert de l’amour à vingt et à trente ans républicaines).Ce texte, malgré quelques images frappantes, apparaît plutôt comme J’ai vécu comme un fou et j’ai perdu mon temps » L’homme moderne qu’il est devenu est incapable de se regarder un texte polémiste. Baudelaire y laisse droit dans les yeux sans prendre peur et cherche à se fuir par voir son goût profond de la solitude (qui tous moyens. Sur sa route, il croise la horde de migrants, très remonte à l’enfance ? cf. note page 217 dans Mon cœur mis à nu). Les attaques du pauvres et très chrétiens, qui s’entassent dans l’enceinte de la gare Saint-Lazare, en fuite eux aussi, d’une autre nature, mais moralistes trouvent un prolongement tout aussi misérables dans leur lente descente aux enfers. Dans dans des références politiques : aversion sa chute, Apollinaire ne cesse de déplorer son incapacité à pour l’idée de progrès où il ne voit aimer les femmes, mais surtout à aimer Dieu, par honte. qu’hérésie et utopie. Magnétisme Le monde moderne ne laisse plus de place à Dieu, remplacé par qu’exercent cependant les foules sur lui, les machines et la foi qu’entretiennent les hommes en celles-ci. cf. dans « Les foules » p45-46, « bain de Si le poète la rejette, c’est parce qu’il comprend qu’il est multitude ». impossible d’être un bon chrétien dans le monde tel qu’il est devenu, à moins de s’y sacrifier tout entier – ce dont il a conscience d’être incapable, reconnaissant lucidement sa vanité, sans pour autant y absoudre sa culpabilité dont il souffre. Dans ce monde frénétique, où le quotidien humain est rythmé par le travail, les sirènes, les sonneries et le battement des souliers sur le pavé des rues, le pape ne se distingue plus par sa piété ou sa Gustav Courbet Portrait de Charles Baudelaire, 1848 dévotion, mais par sa modernité – ce dont se désole Apollinaire. Dans la déploration subtile d’une Église prostituée à la modernité et incapable de Il me disait aussi, — le second, — que la solitude était prêcher l’amour de Dieu, condamnant les hommes mauvaise pour l’homme, et il me citait, je crois, des paroles à le trouver seuls, on retrouve le grand thème des Pères de l’Église. II est vrai que l’esprit de meurtre et de abordé par les auteurs catholiques de l’entre-deuxlubricité s’enflamme merveilleusement dans les solitudes ; siècles. le démon fréquente les lieux arides. Mais Apollinaire n’est pas frappé d’un désespoir Mais cette séduisante solitude n’est dangereuse que pour aussi violent que Bloy ni d’un pessimisme aussi ces âmes oisives et divagantes qui ne sont pas gouvernées profond que Huysmans. Continuant viscéralement par une importante pensée active, Elle ne fut pas mauvaise d’attiser le feu de la vie qui brûle en lui, il conserve Guillaume Apollinaire pour Robinson Crusoë ; elle le rendit religieux, brave, pour son salut un remède absolu, qui le consume industrieux ; elle le purifia, elle lui enseigna jusqu’où peut autant qu’il l’anime, et dont il donnera le nom à son aller la force de l’individu. recueil : l’alcool. Charles Baudelaire Extrait de «La solitude », Spleen de Paris
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n°34 12 janvier 2015 Article La solitude
Edvard Munch
La mélancolie
Né en Norvège. De son enfance, Edvard Munch retiendra surtout la maladie et la mort qui endeuillèrent sa famille, puisqu’il est à peine âgé de cinq ans lorsque sa mère et sa sœur décèdent des suites de la tuberculose. Ces décès lui donneront le goût des représentations morbides. Munch étudie une année à l’école technique avant de se consacrer très sérieusement à l’art. Il étudie les anciens maîtres, suit le cours de dessin de nu à l’école royale de dessin et obtient pendant un temps la correction du plus grand naturaliste norvégien de l’époque. Puis grâce à une bourse d’Etat, Munch voyagera beaucoup : Bruxelles, Italie, Suisse et France, mais c’est surtout en Allemagne où il se fera connaître lors d’une exposition en 1892. Son œuvre « le cri » fut exposée et fit scandale mais grâce à elle, il acquiert une certaine popularité. Il travailla pour des mécènes allemands et français (commandes d’illustrations d’ouvrages, des portraits, des décorations…).Toute sa vie d’artiste sera vouée à l’expérimentation de techniques. Peut être considéré comme le pionnier de l’expressionnisme dans la peinture moderne.
Munch qui a peint près de 1700 toiles au cours de sa carrière et exécuta quantité de dessins, d’études et de gravures se distingua très tôt, dès 1880 en s’opposant par son style à toutes les conventions liées aux artistes et aux influences de son époque.
Ce tableau est considéré comme l’une des premières œuvres symbolistes de Munch et comme le premier tableau symboliste norvégien. Ce motif repris plusieurs fois en peinture et par l’estampe, fut inspiré à Munch par le désespoir amoureux de son ami le critique Jappe Nilssen. Le paysage dans lequel le personnage prend place n’est absolument pas réaliste comme le montrent les formes étranges au premier plan à gauche du personnage, formes qui symbolisent plus qu’elles ne représentent des rochers. Ce paysage marin, sombre et tortueux est un reflet de l’état d’âme, mélancolique, du personnage. La couleur est audacieuse, arbitraire et disposée en aplats cloisonnés. Les formes sont simplifiées et stylisées, dominées par les grandes lignes courbes. « Symbolisme - la nature est formée par l’état d’âme de l’observateur » écrit Munch. C’est bien la vision de l’âme qui intéresse Munch, et non celle des yeux. Les mêmes motifs sont obsessionnellement repris dans la peinture puis, à partir de 1896 dans la gravure pour leur conférer plus d’angoisse ou de joie, d’exaltation ou de désespoir. Munch dit lui-même : « La Fresque de la vie a été pensée comme une série cohérente de tableaux, qui doivent donner un aperçu de la vie. Toute la fresque est traversée par la ligne diffuse du rivage, au-delà de laquelle déferle la mer toujours en mouvement ; les diverses formes de la vie se déploient sous le couvert des grands arbres, avec leurs soucis et leurs joies. J’ai ressenti cette fresque comme un poème de vie, d’amour, de mort... Les tableaux avec les rivages et les arbres, ce sont toujours les mêmes couleurs qui réapparaissent ici, la nuit d’été donne l’accord, les arbres et la mer donnent des lignes verticales et horizontales qui se répètent sur toutes les toiles, le rivage et les personnages donnent le ton de la vie qui foisonne à son gré -, des couleurs puissantes répandent à travers toutes les toiles l’écho du même accord... » Les tableaux avec les rivages et les arbres, ce sont toujours les mêmes couleurs qui réapparaissent ici, Ce paysage marin, sombre et tortueux est un reflet de l’état d’âme, mélancolique, du personnage. La couleur est audacieuse, arbitraire et disposée en aplats cloisonnés. Les formes sont simplifiées et stylisées, dominées par les grandes lignes courbes. Ce paysage marin, sombre et tortueux est un reflet de l’état d’âme, mélancolique, du personnage
L’expressionnisme est un courant artistique apparu au début du xxe siècle, en Europe du Nord, particulièrement en Allemagne. L’expressionnisme a touché de multiples domaines artistiques : la peinture, l’architecture, la littérature, le théâtre, le cinéma, la musique, la danse, etc. L’expressionnisme fut condamné par le régime nazi qui le considérait comme un « art dégénéré ». C’est un mouvement qui naît après la Seconde guerre mondiale, en Europe du Nord. Il représente la réalité de façon déformée et subjective pour susciter une réaction emotionnelle
La côte norvégienne servait de révélateur aux états d’âme de Munch. Sur ce paysage qui évoque la palette et le style de Félix Vallotton, un homme (un ami ou le peintre luimême) est livré à la solitude. Le tableau s’intitule « Mélancolie ». Edvard Munch La melancolie
Le cri Les œuvres de Munch les plus connues sont celles des années 1890, notamment Le cri. Ce tableau impressionniste est une peinture à l’huile et à la pastel. Il fut réalisé par Edvard Munch en 1893 et est actuellement exposé au musée De Munch (Oslo).
« Cette œuvre suscite une certaine angoisse vis à vis des spectateurs et les laisse quelque peu sur leur fin. » Premièrement, ce tableau transmet un certain vertige au spectateur au vue de sa composition. En effet, à gauche est représenté un point de fuite et à droite, une ligne verticale. Pour ce qui est du ciel et du fjord, les courbes sont plutôt sinueuses, en forme de vague et donnent une certaine imprécision et un effet d’étourdissement. Ce vertige est aussi dû aux couleurs qui diffèrent totalement. Comme le montre le tableau, Munch a voulu marquer un certain contraste entre la couleur rouge feu du ciel et le bleu plutôt foncé du fjord. Il établit un deuxième contraste entre le ciel rougeâtre et le ponton où figure le personnage afin de le renforcer convenablement. Deuxièmement, le personnage central semble être assez important. Il semble être morte comme nous le prouve son physique
point de fuite situé à gauche et une grosse cadavérique: absence Suite à ce tableau, bande verticale le long du tableau à droite. capillaire, yeux nous pouvons donc On peut donc déduire le sens de lecture de creux, peau blanche, faire une droite vers la gauche. Le spectateur est sa maigreur, cette comparaison avec inclus dans le tableau en se trouvant devant façon de flotter dans un tableau de Van le personnage central ce qui nous donne les airs, Gogh (1853-1890) d’ondulations. intitulé Autoportrait l’impression de vivre la scène. Ce personnage a la en bonze (1887). En bouche ouverte et est effet, les courbes en en train de crier forme de vagues, la « Le spectateur ne peut (d’où le nom de cette ressemblance échapper au vertige peinture) tout en se frappante avec le bouchant les oreilles, des courbes. » personnage central peut-être pour ne du Cri et son regard pas s’entendre crier assez triste, comme On peut distinguer plusieurs parties ou pour ne pas s’il se forcé à distinctes sur ce tableau. entendre le cri de la regarder en face, sa En premier la partie inférieure gauche du nature... La position bouche qui fait la tableau. C’est elle qui donne le point de de ce personnage moue, sa faible fuite grâce à la barrière et au sol du pont qui dans ce tableau absence capillaire, Edvard Munch Le cri sont peint de façon rectiligne. Au niveau du provoque une son teint blafard et point de fuite on aperçoit deux ombres certaine impression son apparence malade recèle un certain mal être chez Van représentant des personnes qui semblent de faire parti du tableau, le lecteur est dans Gogh. L’artiste a associé une note dans un de s’éloigner du personnage central un face à face avec cet homme. (représentant l’artiste d’après la note Enfin, les deux personnages au bout du point ses journaux a propos de cette œuvre: associée à l’œuvre). On retrouve dans cette de fuite semblent fuir le personnage central. « J’étais en train de marcher le long de la route avec deux amis - le soleil se partie des couleurs rougeâtres assez sombre. Ils n’acceptent probablement pas ce cri et couchait - soudain le ciel devint rouge Ensuite le ciel contrairement à la partie chercher à ignorer son angoisse et son sang – j’ai fait une pause, me sentant précédente est extrêmement sinueux les malheur. Au bout du compte, Munch a épuisé, et me suis appuyé contre la courbes sont horizontales et en le regardant décidé de représenter ce qu’il ressentait à grille - il y avait du sang et des langues on comprend aisément l’expression propos de sa maladie (hémorragie du vitré) de feu au-dessus du fjord bleu-noir et « langues de feu » que l’artiste a employé. de cette manière. Le fait que ce tableau n’est de la ville - mes amis ont continué à Enfin la partie centrale de l’œuvre qui aucune source claire, distinctive, et qu’il n’y marcher, et je suis resté là tremblant illustre le fjord, le précipice situé à droite et ait que du flou représente sa vision d’anxiété - et j’ai entendu un cri infini les montagnes au fond. Celle ci comme la Ce cri représente quand à lui la peur de la déchirer la Nature ». partie précédente est extrêmement sinueuse maladie, de la mort (d’où le personnage C’est une composition qui appartient au mais ici les courbes sont verticales et nous central), de la solitude (avec les deux domaine de l’art figuratif . Elle possède un donnent une impression de vertige. personnages qui s’éloignent).
En dehors d’une œuvre emblématique et essentielle, Le Cri, tableau peint en 1893, Edvard Munch (1863-1944) reste peu connu du grand public. La notoriété mondiale de ce tableau jusqu’à aujourd’hui a eu pour effet d’occulter la dimension réelle, l’intérêt et l’influence de l’artiste dans l’art moderne. Cette œuvre est typique de l’expressionnisme qui traduit l’acte par lequel l’homme se délivre de ses terreurs. Munch parvient à nous montrer son angoisse. L’expressionisme tente de décrire les tensions intérieures de l’homme ou sa difficulté à vivre. Les expressionnistes peignent leurs émotions face au monde. Cette œuvre est typique de l’expressionnisme qui traduit l’acte par lequel l’homme se délivre de ses terreurs.
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n°34 12 janvier 2015 ARTICLE La solitude
La solitude, énigme de l’existence
La solitude est un poids que chacun subit fatalement
Edward Hopper
Guy de Maupassant Solitude
Edward Hopper, né le 22 juillet 1882 à Nyack dans l’État de New York et mort le 15 mai 1967 à New York, est un peintre et graveur américain. Exerçant essentiellement son art à New York, où il avait son atelier, il est considéré comme l’un des représentants du naturalisme ou de la scène américaine, parce qu’il peignait la vie quotidienne des classes moyennes. Au début de sa carrière, il a représenté des scènes parisiennes avant de se consacrer aux paysages américains et de devenir un témoin attentif des mutations sociales aux États-Unis. Il produisit beaucoup d’huiles sur toile, mais travailla également l’affiche, la gravure (eau-forte) et l’aquarelle. Une grande partie de l’œuvre de Hopper exprime la nostalgie d’une Amérique passée, ainsi que le conflit entre nature et monde moderne. Ses personnages sont le plus souvent esseulés et mélancoliques.
« Edward Hopper est le peintre de la solitude, de l’aliénation et de la mélancolie. » Edward Hopper est le peintre d’une Amérique profonde qui s’interroge sur les mutations du monde moderne et sur les angoisses profondes des hommes de son époque. Il nous représente les images de la solitude et de l’absence, du silence et l’attente, comme autant d’énigmes de l’existence et du désir, du temps et de la mort. Ses œuvres sont probablement parmi les représentations les plus fortes de l’angoisse humaine dans l’art contemporain. C’ est un peintre réaliste, mais énigmatique dans la simplicité de son inspiration. Son œuvre figurative rassemble avec évidence une force et une profondeur intérieure qui projette au delà de l’ immédiate objectivité, et conduit le spectateur à s’interroger sur la réalité, sa réalité, la réalité du monde, et l’illusion de la réalité. Il est également très marqué par l’ impressionnisme français, auquel il fait référence comme Pissarro, Renoir, mais aussi Sisley, qui resteront longtemps comme les repères d’une sorte d’inspiration souterraine permanente dans son œuvre. Son intérêt pour la culture française l’aménera d’ailleurs à faire plusieurs séjours à Paris entre 1906 et 1910. Dès 1906, d’ailleurs il est fasciné par la physionomie et l’ambiance de la ville : « Les rues y sont très anciennes, encaissées, et les façades qui s’inclinent en arrière à partir de la base du premier étage confèrent une physionomie massive et très imposante aux maisons. Les débits de boisson et les boutiques de rez-de-chaussée sont de couleur rouge ou vert sombre, ce qui tranche violemment sur le reste de la façade. Sur les toits se dressent des centaines de cheminées avec leur mitre qui donnent un aspect particulier à l’horizon. les toits
sont tous à la Mansard, couverts d’ardoise grise ou de zinc.. par souvent, telle cette ouvreuse de cinéma plongée dans ses pensées temps couvert, ce même gris-bleu en toute chose ... » (lettre à sa dans « New York Movie » en 1939. sœur du 29 novembre 2006). Il s’intéresse aussi dans son atelier à l’architecture des maisons, de Cela l’aménera à peindre en 1907 des œuvres telles que « Le la ville, puis aux rendus de la lumière dans les intérieurs clos et aux Louvre et la Seine », « Boulevard St Michel », « Pont du Carroussel caractères des personnages qu’il représente souvent seuls comme dans le brouillard », « Notre Dame » et de nombreux autres enfermés dans le silence et la solitude. tableaux sur Paris, probablement aussi sous l’influence d’Albert Une œuvre telle que « Morning Sun » en 1952 constitue un des Marquet, dont il découvre la peinture dans une exposition à la exemples les plus marquants de l’évolution de la peinture Galerie Druet. Une œuvre telle que « Morning Sun » en 1952 d’Hopper. constitue un des exemples les plus marquants de l’évolution de la Cette femme de « Morning Sun », est une femme qui a vieilli, peinture d’Hopper. assise sur son lit, face à sa fenêtre ouverte sur les toits de la ville et Il est intéressé par le mode de vie des parisiens qu’il représente au soleil levant. Edward Hopper y représente à la fois la profonde dans de nombreux dessins, mais aussi par les femmes françaises solitude, l’attente, le regard porté sur le passé, et une certaine qu’il considère comme de redoutables séductrices, et auxquelles il obssession charnelle de la mort. ne manquera pas de penser dans des œuvres de maturité, telles Ces thèmes sont plus récurrents dans ces années d’après guerre: « Summertime » en 1923, ou « Night Windows » en 1928 . les regards, les gestes suspendus, les silences, les rêveries dans des De retour aux Etats-Unis, en 1908 il est contraint de gagner sa vie univers dépouillés gagnent son œuvre. Connu pour ses profonds comme illustrateur, mais parvient à participer à une exposition où silences lorsqu’on un journaliste l’interrogeait, Edward Hopper il présente trois toiles et un dessin réalisés en France, mais sans avait souvent coutume de répondre: succès. Il revient brièvement en France, dont il apprécie tant la langue et la culture puis visite l’Espagne avant de revenir à New « Si vous pouviez le dire avec York en mai 1910. Là, il continue à peindre ses souvenirs de Paris et présente dans des mots, il n’y aurait aucune des expositions des œuvres inspirées par la France mêlées aux tableaux qu’il peint de New York ou de la campagne américaine, raison de le peindre. » avant d’épouser en juillet 1924, Joséphine Verstille Nivison, « Jo », qui partage son amour pour la culture française. La fin de l’année 1924 marque une rupture dans l’œuvre d’Hopper, dans le sens où il décide de rompre avec cette nostalgie de la France et de peindre en observation directe la vie américaine. Il dit qu’aujourd’hui ou dans un proche avenir, il faudra bien retirer l’art américain à sa mère française. A partir de là, c’est à une peinture strictement de sujets américains qu’il s’attèle. Les œuvres peintes en extérieur deviennent rares, et les scènes d’actions en suspens de la vie américaine se multiplient. Depuis son appartement de Greenwich Village qu’il habitera toute sa vie, il saisit les toits new-yorkais avec leurs citernes, comme dans « Roofs » en 1926, les façades de briques rouges dans « Early Sunday Morning », en 1930, les intérieurs de chambres d’hôtel dénudées dans « Night Windows » en 1928 ou encore les stations d’essence désertes, comme dans « Gas » en 1940. Il devient le peintre de la vie et de la réalité au quotidien, avec des compositions où Berenice Abbott Edward Hopper dans son studio 1948 des personnages énigmatiques et solitaires, prennent place de plus en plus
Morning Sun Cette huile profondément nostalgique, venue du Columbus Museum of Art d'Ohio, a, elle aussi, été précédée d'un dessin annoté qui détaille presque la température du corps. Les yeux noircis comme des orbites creuses qui regardent le ciel à travers la fenêtre accentuent le vide existentiel, la solitude éternelle et l'effet de vanité.
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A l’occasion de la rétrospective consacrée à Edward Hopper au Grand Palais, L’Express a demandé à six écrivains d’écrire une nouvelle sur un des tableaux du peintre américain. Dominique Sylvain (Le Roi lézard) a choisi de raconter l’histoire d’Eleonore, la femme à la fenêtre de Morning Sun (1952), dans Ciel élastique. L’automne, rouge comme l’immeuble d’en face. Le soleil l’insulte. Dans une semaine, elle aura 55 ans. Le ciel est une mer élastique, elle, un siphon d’évier. Le bonheur a coulé, ne sont restés que les débris, les calcifications du passé. Depuis hier, elle n’a plus d’adresse. L’hôtel domine la ville, c’est ce qu’elle voulait. Prendre de la hauteur, saisir une bribe de
n°34 12 janvier 2015 ARTICLE La solitude
sens, si possible, mais ça ne fonctionne pas. Le monde s’élargit. Tout s’éloigne, lenteur de big bang. Eléonore. Elle n’a plus qu’un prénom, puisque Gabriel va lui reprendre son nom. Ils entrent dans les statistiques avec ces millions de couples qui implosent. Vitesse de big crunch. Sa gorge est douloureuse, contractée. La caméra mentale longe les parois de l’œsophage et comptabilise les dégâts. Stries rougeâtres. Parois effritées. Elle s’est vue ce matin. Gueule boursouflée de noyée, lèvres atrophiées, masque de vieille. Et cette impossibilité à penser clairement. De petits serpents noirs luisants glissent entre ses tempes. Ils ont toujours été là, mais elle leur refusait le droit de danser. Le ciel lui a collé le cul au drap. Ils sont engagés dans une compétition, à celui qui baissera les yeux le premier. Chaleur. Elle voudrait bouger, échapper à la tentation des nuages. La fenêtre est soudée, et alors ? Monte sur le toit, Eléonore. Tu as déjà fait le premier pas en laissant frayer les serpents, encore un effort et tu seras soulagée. Mais les nuages sont des cons. Elle sait. Très bien. Qu’elle peut chercher encore une raison. Une possibilité. Elle peut appeler sa mère, n’aura pas
« Edward Hopper n’a peint, pas amour pour son épouse, aucune autre femme qu’elle dans ses tableaux. »
besoin d’expliquer beaucoup. Les parents sont divorcés eux aussi. Sa mère ne s’est jamais remariée et son haleine a l’odeur de l’amertume. Eléonore l’imagine au jardin. Chapeau de paille, mains calleuses et sa façon d’engueuler les pucerons. Elle parle seule, souvent, dit que c’est très sain. Les nuages se marrent. Elle peut appeler Mary. Toujours prête à renverser mille seaux de bonté. Mary et sa vie merdique. Amants occasionnels et d’occasion, jobs sans intérêt, regrets comprimés d’enfant jamais né. Les gros bides des nuages tressautent tellement ils se marrent. Elle entend Gabriel. « Eléonore, dans le fond, tu ne penses qu’à toi. C’est faux... Ça va te paraître très con, mais je suis resté pour les enfants. Et maintenant, ils sont partis. C’était fini depuis longtemps mais là, c’est fini pour
Guy de Maupassant, écrivain réaliste du XIXème siècle, est l’auteur d’une nouvelle intitulée « Solitude » dans laquelle il exprime sa conception de la solitude. D’après lui, celle-ci est un poids que chacun subit fatalement tout au long de sa vie. De ceci découle l’idée que toute action a pour unique but la fuite de cette solitude. Ainsi l’écrivain énonce-t-il :
« Notre grand tourment dans l’existence vient de ce que nous sommes éternellement seuls, et tous nos efforts, tous nos actes ne tendent qu’à fuir cette solitude. » C’ était après un dîner d’hommes. On avait été fort gai. Un d’eux, un vieil ami, me dit : - Veux-tu remonter à pied l’avenue des Champs-Élysées ? Et nous voilà partis, suivant à pas lents la longue promenade, sous les arbres à peine vêtus de feuilles encore. Aucun bruit, que cette rumeur confuse et continue que fait Paris. Un vent frais nous passait sur le visage, et la légion des étoiles semait sur le ciel noir une poudre d’or. Mon compagnon me dit : - Je ne sais pourquoi, je respire mieux ici, la nuit, que partout ailleurs. Il me semble que ma pensée s’y élargit. J’ai, par moments, ces espèces de lueurs dans l’esprit qui font croire, pendant une seconde, qu’on va découvrir le divin secret des choses. Puis la fenêtre se referme. C’est fini. De temps en temps, nous voyions glisser deux ombres le long des massifs ; nous passions devant un banc où deux êtres, assis côte à côte, ne faisaient qu’une tache noire. Mon voisin murmura : - Pauvres gens ! Ce n’est pas du dégoût qu’ils m’inspirent, mais une immense pitié. Parmi tous les mystères de la vie humaine, il en est un que j’ai pénétré : notre grand tourment dans l’existence vient de ce que nous sommes éternellement seuls, et tous nos efforts, tous nos actes ne tendent qu’à fuir cette solitude. Ceux-là, ces amoureux des bancs en plein air, cherchent, comme nous, comme toutes les créatures, à faire cesser leur isolement, rien que pendant une minute au moins ; mais ils demeurent, ils demeureront toujours seuls ; et nous aussi. On s’en aperçoit plus ou moins, voilà tout. Depuis quelque temps j’endure cet abominable supplice d’avoir compris, d’avoir découvert l’affreuse solitude où je vis, et je sais que rien ne peut la faire cesser, rien, entends-tu ! Quoi que nous tentions, quoi que nous fassions, quels que
soient l’élan de nos cœurs, l’appel de nos lèvres et l’étreinte de nos bras, nous sommes toujours seuls. Je t’ai entraîné ce soir, à cette promenade, pour ne pas rentrer chez moi, parce que je souffre horriblement, maintenant, de la solitude de mon logement. A quoi cela me servira-t-il ? Je te parle, tu m’écoutes, et nous sommes seuls tous deux, côte à côte, mais seuls. Me comprends-tu ? Bienheureux les simples d’esprit, dit l’Écriture. Ils ont l’illusion du bonheur. Ils ne sentent pas, ceux-là, notre misère solitaire, ils n’errent pas, comme moi, dans la vie, sans autre contact que celui des coudes, sans autre joie que l’égoïste satisfaction de comprendre, de voir, de deviner et de souffrir sans fin de la connaissance de notre éternel isolement. Tu me trouves un peu fou, n’est-ce pas ? Écoute-moi. Depuis que j’ai senti la solitude de mon être, il me semble que je m’enfonce, chaque jour davantage, dans un souterrain sombre, dont je ne trouve pas les bords, dont je ne connais pas la fin, et qui n’a point de bout, peut-être ! J’y vais sans personne avec moi, sans personne autour de moi, sans personne de vivant faisant cette même route ténébreuse. Ce souterrain, c’est la vie. Parfois j’entends des bruits, des voix, des cris... je m’avance à tâtons vers ces rumeurs confuses. Mais je ne sais jamais au juste d’où elles partent ; je ne rencontre jamais personne, je ne trouve jamais une autre main dans ce noir qui m’entoure. Me comprends-tu ? Quelques hommes ont parfois deviné cette souffrance atroce. Musset s’est écrié : Qui vient ? Qui m’appelle ? Personne. Je suis seul. - C’est l’heure qui sonne. O solitude ! - O pauvreté ! Mais, chez lui, ce n’était là qu’un doute passager, et non pas une certitude définitive, comme chez moi. Il était poète ; il peuplait la vie de fantômes, de rêves. Il n’était jamais vraiment seul. Moi, je suis seul ! Gustave Flaubert, un des grands malheureux de ce monde, parce qu’il était un des grands lucides, n’écrivait-il pas à une amie cette phrase désespérante : « Nous sommes tous dans un désert. Personne ne comprend personne. » Non, personne ne comprend personne, quoi qu’on pense, quoi qu’on dise, quoi qu’on tente. La terre sait-elle ce qui se passe dans ces étoiles que voilà, jetées comme une graine de feu à travers l’espace, si loin que nous apercevons seulement la clarté de quelques-unes, alors que l’innombrable armée des autres est perdue dans l’infini, si proches qu’elles forment peut-être un tout, comme les molécules d’un corps ? Eh bien, l’homme ne sait pas davantage ce qui se passe dans un autre homme. Nous sommes plus loin l’un de l’autre que ces astres, plus isolés surtout, parce que la pensée est insondable. Sais-tu quelque chose de plus affreux que ce constant frôlement des êtres que nous ne pouvons pénétrer ! Nous nous aimons
les uns les autres comme si nous étions enchaînés, tout près, les bras tendus, sans parvenir à nous joindre. Un torturant besoin d’union nous travaille, mais tous nos efforts restent stériles, nos abandons inutiles, nos confidences infructueuses, nos étreintes impuissantes, nos caresses vaines. Quand nous voulons nous mêler, nos élans de l’un vers l’autre ne font que nous heurter l’un à l’autre. Et moi, j’ai beau vouloir me donner tout entier, ouvrir toutes les portes de mon âme, je ne parviens point à me livrer. Je garde au fond, tout au fond, ce lieu secret du Moi où personne ne pénètre. Personne ne peut le découvrir, y entrer, parce que personne ne me ressemble, parce que personne ne comprend personne. Me comprends-tu, au moins, en ce moment, toi ? Non, tu me juges fou ! tu m’examines, tu te gardes de moi ! Tu te demandes : « Qu’est-ce qu’il a, ce soir ? » Mais si tu parviens à saisir un jour, à bien deviner mon horrible et subtile souffrance, viens-t’en me dire seulement : Je t’ai compris ! et tu me rendras heureux, une seconde, peut-être. Ce sont les femmes qui me font encore le mieux apercevoir ma solitude. Misère ! Misère ! Comme j’ai souffert par elles, parce qu’elles m’ont donné souvent, plus que les hommes, l’illusion de n’être pas seul ! Quand on entre dans l’Amour, il semble qu’on s’élargit. Une félicité surhumaine vous envahit. Sais-tu pourquoi ? Sais-tu d’où vient cette sensation d’immense bonheur ? C’est uniquement parce qu’on s’imagine n’être plus seul. L’isolement, l’abandon de l’être humain paraît cesser. Quelle erreur ! Plus tourmentée encore que nous par cet éternel besoin d’amour qui ronge notre cœur solitaire, la femme est le grand mensonge du Rêve. Tu connais ces heures délicieuses passées face à face avec cet être à longs cheveux,
aux traits charmeurs et dont le regard nous affole. Quel délire égare notre esprit ! Quelle illusion nous emporte ! Elle et moi, nous n’allons plus faire qu’un, tout à l’heure, semble-t-il ? Mais ce tout à l’heure n’arrive jamais, et, après des semaines d’attente, d’espérance et de joie trompeuse, je me retrouve tout à coup, un jour, plus seul que je ne l’avais encore été. Après chaque baiser, après chaque étreinte, l’isolement s’agrandit. Et comme il est navrant, épouvantable. Un poète, M. Sully Prudhomme, n’a-t-il pas écrit : Les caresses ne sont que d’inquiets transports, Infructueux essais du pauvre amour qui tente L’impossible union des âmes par les corps...
Et puis, adieu. C’est fini. C’est à peine si on reconnaît cette femme qui a été tout pour nous pendant un moment de la vie, et dont nous n’avons jamais connu la pensée intime et banale sans doute ! Aux heures mêmes où il semblait que, dans un accord mystérieux des êtres, dans un complet emmêlement des désirs et de toutes les aspirations, on était descendu jusqu’au profond de son âme, un mot, un seul mot, parfois, nous révélait notre erreur, nous montrait, comme un éclair dans la nuit, le trou noir entre nous. Et pourtant, ce qu’il y a encore de meilleur au monde, c’est de passer un soir auprès d’une femme qu’on aime, sans parler, heureux presque complètement par la seule sensation de sa présence. Ne demandons pas plus, car jamais deux êtres ne se mêlent.Que m’importent les opinions, les querelles, les plaisirs, les croyances ! Ne pouvant rien partager avec personne, je me suis désintéressé de tout. Nous avions remonté la longue avenue jusqu’à l’Arc de triomphe de l’Étoile, puis nous étions redescendus jusqu’à la place de la Concorde, car il avait énoncé tout cela lentement, en ajoutant encore beaucoup d’autres choses dont je ne me souviens plus. Il s’arrêta et, brusquement, tendant le bras vers le haut obélisque de granit, debout sur le pavé de Paris et qui perdait, au milieu des étoiles, son long profil égyptien, monument exilé, portant au flanc l’histoire de son pays écrite en signes étranges, mon ami s’écria : - Tiens, nous sommes tous comme cette pierre. Puis il me quitta sans ajouter un mot. Était-il gris ? Était-il fou ? Était-il sage ? Je ne le sais encore. Parfois il me semble qu’il avait raison ; parfois il Guy de Maupassant me semble qu’il avait perdu l’esprit.
Lié à Gustave Flaubert et à Émile Zola, Guy de Maupassant a marqué la littérature française par ses six romans, dont Une vie en 1883, Bel-Ami en 1885, Pierre et Jean en 1887-1888, et surtout par ses nouvelles (parfois intitulées contes) comme Boule de suif en 1880, les Contes de la bécasse (1883) ou Le Horla (1887). Solitude est une nouvelle de Guy de Maupassant, parue en 1884. Solitude est initialement publiée dans Le Gaulois du 31 mars 1884, avant d’être reprise, l’année suivante, dans le recueil Monsieur Parent.
Edward Hopper Morning Sun,1952
de bon. » A condition de ne pas leur envoyer un drone. Pour eux, elle ne se laissera pas embobiner par les nuages. Sa peau est brûlante. Ses yeux vont fumer et les poches gorgées de larmes fondront. Les serpents se fatiguent. Ils vont se regrouper en une boule compacte, facile à ranger. Peut-être. On frappe. La porte s’entrouvre. L’employée de l’hôtel s’excuse. Peut-elle faire le ménage ?
La solitude, qu’elle soit volontaire lorsque l’individu s’isole du monde par
lui même, ou bien forcée lorsque l’individu est contraint à rester seul par une personne ou par un groupe de personnes, le moyen de s’épanouir dans cette solitude est le même. La solitude est l’éclipse des liens avec autrui , l’isolement en est la privation
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n°34 12 janvier 2015 agenda
agenda expositions Paris L’âge d’or du paysage hollandais 10 octobre - 16 janvier École nationale supérieure des beaux-arts
La fabrique du romantisme. Charles Nodier et les voyages pittoresques 11 octobre - 18 janvier Musée de la Vie Romantique
Hokusai 1 er octobre - 18 janvier
Grand Palais, Galeries nationales
Impression, soleil levant. L’histoire vraie du chef-d’œuvre de Claude Monet 18 septembre -18 janvier Musée Marmottan
Secrets d’ébène. Le cabinet de l’Odyssée du château de Fontainebleau 18 octobre - 26 janvier Musée national du château de Fontainebleau
L’âge d’or du portrait Chefs-d’œuvre des collections du musée du Louvre 23 octobre - 26 janvier Musée des Beaux-Arts Quimper
Séraphine de Senlis, de l’ombre à la lumière 26 juin - 26 janvier Musée d’Art et d’Archéologie de Senlis
Deux regards de photographes sur la Grande Guerre : Charles Goujaud – Edouard Baron 15 mai - 31 janvier Photothèque Augustin Boutique-Grard Douai
Le pouvoir de l’image durant la Grande Guerre 8 novembre - 1er février
Musée Jacquemart-André
Vu du front, représenter la Grande Guerre 15 octobre - 25 janvier Musée de l’Armée
Roman Vishniac. De Berlin à New York, 1920-1975 17 septembre - 25 janvier Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme
Le Misanthrope de Molière 17 décembre - 23 mars Salle Richelieu
L’Autre, avant-premières de Françoise Gillard et Claire Richard 23 janvier -24 janvier Le Centquatre
conférence Paris
Courtauld Gallery Londres - ROYAUME-UNI
Jack of Diamonds 18 septembre - 18 janvier Courtauld Gallery Londres - ROYAUME-UNI
Inspiration japonaise. Monet, Gauguin, van Gogh.. 27 septembre - 18 janvier Folkwang Museum Essen - ALLEMAGNE
Josef Dobrowsky 17 septembre - 18 janvier Osterreichische Galerie Belvedere Vienne - AUTRICHE
Amédée de la Patellière 24 octobre - 25 janvier Marseille Eternelle 15 mai -25 janvier
Musée Regards de Provence Marseille
L’âge d’or du portrait et du paysage anglais. Chefs-d’œuvre des collections du musée du Louvre 23 octobre - 26 janvier Musée des Beaux-Arts Quimper
Séraphine de Senlis, de l’ombre à la lumière 26 juin - 26 janvier Musée d’Art et d’Archéologie de Senlis
Deux regards de photographe s sur la Grande Guerre : Charles Goujaud – Edouard Baron 15 mai - 31 janvier Photothèque Augustin Boutique-Grard Douai
CINÉMa Le Hobbit : la Bataille des Cinq Armées De Peter Jackson Avec Martin Freeman, Richard Armitage Film - Action
Charles Denet (1853-1939), A posteriori 24 octobre - 15 janvier
Rencontres américaines : portraits anglo-américains à l’époque de la Révolution 28 septembre - 18 janvier
Musée d’ArtHistoire et Archéologie, Évreux
High Museum of Art Atlanta - ÉTATS-UNIS
Avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche Film - Drame
Legion of Honor San Francisco - ÉTATS-UNIS
AvecIbrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Abel Jafriplus Film -Drame
Toulouse-Lautrec – Maurice Joyant, l’ami, le collectionneur 25 octobre - 15 janvier Musée Toulouse-Lautrec Albi
Houghton Hall : Portrait d’un château anglais 18 octobre - 18 janvier
Edouard Béliard (1832-1912) 17 octobre - 18 janvier
Peinture de Sienne. Ars narrandi dans l’Europe gothique 10 septembre - 18 janvier
Musée intercommunal d’Etampes Étampes
Bozar, Palais des Beaux-Arts Bruxelles - BELGIQUE
Benjamin Rabier, il n’y a pas QUE la Vache qui rit ! 11 octobre - 18 janvier Musée de l’Illustration jeunesse Moulins
Grèce des origines, entre rêve et archéologie 4 octobre - 19 janvier Musée d’Archéologie national Saint-Germain-en-Laye
La French De Cédric Jimenez
Timbuktu De Abderrahmane Sissako
Giselle De Toa Fraser
Avec Gillian Murphy, Qi Huan Film - Opera
Gustave Courbet 7 septembre - 18 janvier Fondation Beyeler Bâle - SUISSE
THÉÂTRE Paris
Sésostris III pharaon de légende 9 octobre - 25 janvier
Tartuffe de Molière 20 septembre - 16 février
Palais des Beaux-Arts Lille
Salle Richelieu
Musée des Beaux-Arts Nantes
Salle Richelieu
La Famille Bélier De Eric Lartigau
Musée Regards de Provence Marseille
Théâtre du Vieux-Colombier
Avec Louane Emera, Karin Viard, François Damiens Eric Elmosnino Comédie dramatique
Amédée de la Patellière 24 octobre - 25 janvier Marseille Eternelle 15 mai - 25 janvier
Un chapeau de paille d’Italie d’Eugène Labiche 8 octobre - 14 janvier Oblomov d’Ivan Alexandrovitch Gontcharov 9 janvier - 25 janvier
Avec Martin Freeman, Richard Armitage Film - Action
La Famille Bélier De Eric Lartigau
Avec Louane Emera, Karin Viard, François Damiensplus Comédie dramatique
Timbuktu De Abderrahmane Sissako
AvecIbrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Film -Drame
Musée d’Archéologie national Saint-Germain-en-Laye
Musée des Beaux-Arts Nantes
Egon Schiele. Le nu radical 23 octobre - 18 janvier
Le Hobbit De Peter Jackson
Grèce des origines, entre rêve et archéologie 4 octobre -19 janvier
Cathédrales : romantisme, impressionnisme, modernité 26 septembre - 16 janvier
Centre Pompidou
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Salle Richelieu
Palais des Beaux-Arts Lille
Modernités plurielles de 1905 à 1970 23 octobre - 26 janvier
France
Avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche Film - Drame
Un chapeau de paille d’Italie d’Eugène Labiche 8 octobre - 14 janvier
International
National Gallery Londres - ROYAUME-UNI
Le Pérugin, maître de Raphaël 12 septembre - 19 janvier
Salle Richelieu
Sésostris III pharaon de légende 9 octobre - 25 janvier
Rembrandt : les dernières œuvres 15 octobre - 18 janvier
Musée du Louvre
La French De Cédric Jimenez
Musée départemental de Flandres Cassel
Wallraf-Richartz-Museum Cologne - ALLEMAGNE
Le Maroc médiéval. Un empire de l’Afrique à l’Espagne 16 octobre - 19 janvier
Tartuffe de Molière 20 septembre - 16 février
La French De Cédric Jimenez Avec Jean Dujardin, Gilles Lellouche Film - Drame
du 19 janvier 2015
La frustration « La frustration fait bouger le monde » La frustration à travers les arts Croyez vous que frustration est égale à inspiration ? Souvent je me demande si m’exposer volontairement à des situations frustrantes où je me sens impuissant et vulnérable face à ma propre misère et paresse m’aide à trouver des idées d’œuvre. La situation devient loufoque quant on observe le phénomène : Un individu désirant avoir des bonnes idées créatrices s’autofrustrerais pour ainsi trouver des idées pour régler sa frustration autogénérée. Bien sûr je prend pour acquis plusieurs problématiques ici : est-ce que la frustration engendre de la créativité ? si oui, est-ce que la créativité ainsi engendré est la solution offerte par le cerveau pour réduire la tension de la frustration ? et finalement, est-il possible de s’autofrustrer ?
« Est-ce que la création artistique devient une manière de résoudre la frustration ? » La frustration est une réponse émotionnelle à l’opposition. Liée à la colère et la déception, elle survient lors d’une résistance perçue par la volonté d’un individu. Plus l’obstruction et la volonté de l’individu sont grandes, plus grande sera la frustration. Les causes de la frustration peuvent être internes ou externes. Chez un individu, la frustration peut surgir lors d’un objectif personnel et désirs fixés, de conduites ou besoins instinctifs, ou durant une lutte contre certains handicaps, tels que le manque de confiance ou la peur des situations sociales. Le conflit émotionnel peut également être une source interne de frustration ; lorsque le but d’un individu interfère dans le but d’un autre individu, cela peut créer une dissonance cognitive. Les causes externes de frustration impliquent des conditions environnementales comme une route barrée ou des tâches difficile à accomplir. Durant la frustration, certains individus peuvent exposer un comportement passifagressif, compliquant ainsi la manière dont la frustration est parvenue à eux. Pour l’individu faisant l’expérience d’une frustration, l’émotion est souvent attribuée aux facteurs externes qui sont au-delà de son contrôle. Bien que la frustration moyenne, suite aux facteurs internes (ex. paresse, manque d’effort), soit souvent une force positive (de motivation), elle est perçue comme un problème « incontrôlé » qui implique une frustration pathologique plus sévère. Un individu souffrant de frustration pathologique se sentira souvent impuissant à changer une situation dans laquelle il est impliqué, conduisant à une frustration plus grande, ou, si c’est incontrôlable, une très grande colère. Durant la frustration, certains individus peuvent exposer un comportement passif-agressif, compliquant ainsi la manière dont la frustration est parvenue à eux. Une réponse plus directe et plus connue est une propension à l’agression1. La frustration peut être le résultat d’un blocage de motivation. Un individu peut réagir de différentes manières. Il peut tenter d’éviter la frustration en tentant de résoudre les problèmes en les surmontant. La frustration est une réponse émotionnelle à l’opposition. Liée à la colère et la déception, elle survient lors d’une résistance perçue par la volonté d’un individu. Plus l’obstruction et la volonté de l’individu sont grandes, plus grande sera la frustration. Les causes de la frustration peuvent être internes ou externes. Chez un individu, la frustration peut surgir lors d’un objectif personnel et désirs fixés, de conduites ou besoins instinctifs, ou durant une lutte contre certains handicaps, tels que le manque de confiance ou la peur des situations sociales. La frustration est une réponse émotionnelle à l’opposition.