F A W E
FAWE
Table des matières
Introduction
3
Remerciements
5
Liste des tableaux et des graphiques
9
Liste des abréviations et des acronymes
12
Vue d’ensemble
14
Enseignement primaire : le lien entre les genres de l’élève et l’enseignant et les résultats scolaires 1. Genre et acquisitions scolaires en Afrique francophone : étude sur les performances des élèves dans le cycle primaire
18 20
2. Disparités entre les genres dans les résultats scolaires de 14 pays africains : données tirées des projets
du SACMEQ
41
3. Relation entre la qualité de l’enseignant et les résultats scolaires des filles dans les écoles primaires africaines :
données probantes du projet SACMEQ II
51
Du secondaire au supérieur : les disparités entre les genres en matière d’accès, de 66 participation et d’achèvement 4. Renforcer la recherche sur le genre pour améliorer l'éducation des filles et des femmes au Lesotho,
6. Disparités entre les genres dans les enseignements secondaire et supérieur au Zimbabwe
68 80 101
Enseignement supérieur : les stratégies de réussite académique et les perspectives de carrières des diplômées
116
en particulier dans les sciences, les mathématiques et la technologie
5. Causes des disparités entre les genres dans les enseignements secondaire et supérieur au Swaziland
7. Les étudiantes dans les établissements d'enseignement supérieur en Ethiopie : difficultés et stratégies 8. Disparités de genre dans l’enseignement supérieur au Sénégal : défis et perspectives d’avenir
118 133
154
2
pour les surmonter
Conclusion et recommandations de politiques
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R enf o rcer la rec h erc h e s u r le genre en A friq u e
Introduction Renforcer la recherche sur le genre en éducation en Afrique La Déclaration universelle des droits de l’homme ratifiée par les Nations unies en 1948 a élevé l’éducation au rang de droit humain fondamental. Tous les pays d’Afrique subsaharienne l’ont ratifiée comme ils l’ont fait pour l’agenda de l’Education pour Tous (EPT) en 1990 et la Déclaration du Forum mondial sur l’éducation (FME) organisé en 2000 à Dakar au Sénégal. Les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont un autre instrument pour aborder l’offre d’éducation à tous les niveaux pour éliminer toutes les disparités entre les genres d’ici 2005 et réaliser l’égalité des genres d’ici 2015. Cependant, malgré le dévouement et l’engagement de la communauté internationale pour aborder les questions liées au genre dans l’éducation à tous les niveaux, les disparités entre les genres sont un rappel constant de l’échec des objectifs et des cibles définis par les conférences, les conventions et les déclarations internationales ratifiées par de nombreux pays africains. Hormis dans quelques pays, l’utilisation de la recherche basée sur des faits pour l’intégration et l’institutionnalisation des questions de genre en Afrique subsaharienne demeure un défi important 1. Les politiques qui affaiblissent la recherche susceptible de produire des données fiables et actualisées sur le genre dans l’éducation en Afrique contribuent à négliger les droits fondamentaux des filles et à faire peu de cas des approches et des stratégies soutenant les droits des filles et des femmes à l’éducation. La faiblesse des interventions basées sur faits ciblant des questions spécifiques aux femmes conduit à un cercle vicieux dans lequel de nombreuses communautés d’Afrique subsaharienne continuent de produire et des femmes faiblement instruites qui engendrent à leur tour des filles faiblement instruites2. FAWE reconnaît la nécessité d’investir dans le développement de la recherche pour renforcer ses travaux de plaidoyer et de démonstration en matière de politiques et de pratiques éducatives. Le lien entre recherche et application est primordial. FAWE s’est par conséquent engagé à utiliser la recherche basée sur des faits non seulement pour démontrer aux responsables et aux décideurs politiques qu’ignorer les besoins éducatifs des femmes a un coût élevé, mais aussi pour instaurer un dialogue constructif avec les gouvernements, les responsables politiques et les instances régionales afin d’influer sur l’adoption d’approches et de stratégies pouvant aider à corriger ces effets négatifs En collaboration avec des chercheuses venant de toute l’Afrique et avec le soutien de l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (Norad), FAWE a lancé une initiative qui cherche à contribuer à la production de nouveaux paradigmes de recherche pouvant éclairer à la fois les politiques et les pratiques éducatives. Nous désirons saisir cette occasion pour remercier le Norad de son soutien financier. L’initiative de recherche cherche à offrir une plateforme destinée aux chercheurs universitaires visant à élargir leur engagement et leur influence sur les politiques et les pratiques éducatives à travers la recherche collaborative sur le genre. Elle cherche aussi à soutenir la recherche menée sur et par les femmes africaines pour éclairer le plaidoyer axé vers l’amélioration de l’éducation des filles. A travers ce programme de recherche appliquée, les objectifs du FAWE sont les suivants : •
1 2
produire des données qualitatives et quantitatives fiables et actualisées sur le genre dans l’éducation en Afrique pour éclairer les politiques et les pratiques en Afrique subsaharienne ;
CHEGE F.N., SIFUNA D.N. (2006), Girls’ and women’s education in Kenya: Gender perspectives and trends, Nairobi, UNESCO. ABAGI, G. (2006). Schooling, Education and Underdevelopment in Africa: The Paradox of Western oriented Education in Africa, Nairobi, Romix Services Press
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INTRODUCTION
•
soutenir les initiatives de plaidoyer basées sur les faits en coordonnant la publication des travaux produits par les chercheuses du réseau en vue de mobiliser les parties prenantes à la sensibilisation des responsables politiques et des praticiens sur la base des conclusions de la recherche.
Dans le but de développer un réseau de chercheuses sur le genre sur le continent, FAWE s’est adressé à toutes les chercheuses contribuant déjà au domaine de la recherche sur le genre en Afrique pour mettre leur expertise au service de cette initiative. Un groupe de base de chercheuses très expérimentées venant des cinq institutions régionales ou nationales suivantes a été constitué pour contribuer aux études contenues dans ce volume : •
l’association pour le renforcement de l’Enseignement supérieur des femmes en Afrique (ASHEWA) au Zimbabwe;
•
le Consortium de l’Afrique australe et orientale pour le pilotage de la qualité de l’éducation (SACMEQ) en collaboration avec l’Université de Witwatersrand à Johannesburg en Afrique du Sud ;
•
le Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN de l’Université Cheikh Anta Diop à Dakar au Sénégal ;
•
l’Institut d’études sur le genre à Addis Abeba en Ethiopie ;
•
le Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la Conférence des ministres de l’Education des pays ayant le français en partage (PASEC/CONFEMEN) au Sénégal.
Ces partenaires ont mené des recherches sur la relation entre le genre, notamment celui des enseignants/ administrateurs, et les résultats dans les écoles primaires d’un échantillon de pays francophones et anglophones3, sur les barrières à la participation féminine liées au genre dans les enseignements secondaire et supérieur au Lesotho, au Swaziland et au Zimbabwe, sur les schémas d’admission et de réussite des étudiantes dans l’enseignement supérieur en Ethiopie et sur l’impact économique résultant de l’orientation des filles vers les filières courtes dans les universités sénégalaises. Les équipes composées par les partenaires de recherche du FAWE ont inclus au moins deux chercheuses mentorées qui étaient dirigées par une chercheuse principale et formées, si nécessaire, à l’analyse des données, à la rédaction des rapports et à la présentation des résultats. La composante du mentorat contribuera à renforcer les capacités de recherche des femmes africaines sur le genre dans l’éducation en Afrique et encouragera davantage de femmes à s’intéresser à ce domaine de recherche. Le FAWE est fier de présenter les conclusions qui ont émergé de la première phase de la recherche. Ces découvertes importantes valident notre travail de plaidoyer ciblant la discrimination exercée à l’égard des femmes qui étudient à tous les niveaux de l’éducation et sous toutes ses formes, physique et sociale. Les études révèlent qu’un nombre important de filles qui entrent dans les établissements d’enseignement primaire, secondaire et supérieur ne parviennent pas à achever leurs études. Un nombre assez important d’entre elles échouent et sont renvoyées en raison des différents types de problèmes qu’elles rencontrent. L’environnement éducatif de nombreux pays africains n’est tout simplement pas adapté ni sensible au genre. Ces conclusions renforcent l’urgence de consolider la recherche sur le genre dans l’éducation en Afrique, afin de produire de nouvelles preuves spécifiques éclairant les politiques et les pratiques. Un second volume de documents de recherche sera publié en 2012 pour continuer à stimuler la réflexion, le dialogue et l’action en faveur de l’égalité des genres dans l’éducation en Afrique subsaharienne.
Oley Dibba-Wadda Directrice exécutive 3
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Le PASEC et SAQMEC ont utilisé des données statistiques existantes pour effectuer leurs analyses
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Remerciements Mme Etwin Madungwe, chercheuse mentorée, Zimbabwe
FAWE tient à remercier les personnes suivantes pour leur contribution et leur soutien précieux à son initiative de recherche en général et à cette publication en particulier.
Etwin Madungwe sert le ministère de l’Education du Zimbabwe depuis plusieurs années. Elle a été enseignante dans l’enseignement secondaire pendant 14 ans et est actuellement formatrice d’enseignant. Elle est également directrice du département ChiShona au Morgan Zintec College et poursuit des études en vue d’un doctorat au département des langues africaines de l’UNISA.
Appui et conseils financiers Dr Anne Wetlesen, conseiller principal, département Education et Recherche, Norad Anne Wetlesen a joué un rôle décisif dans la facilitation et la rédaction de l’accord de financement conclu entre le FAWE et Norad et elle a donné des conseils sur la procédure. Norad soutient les travaux du FAWE par le biais d’un étroit partenariat financier depuis 1993.
Mme Julia Pulane Lefoka et Dr Thuli J. Nhlengetfwa, ont été les chercheuses principales de l’équipe ASHEWA, respectivement pour le Lesotho et le Swaziland. Ms Ketsiwe Dlamini, Ms Sisana Simelane and Ms Futhi Nhlengetfwa were all members of the Swaziland team as research mentees. Mme Elizabeth Chikwiri a été l’une des chercheuses mentorées de l’équipe du Zimbabwe.
Equipes de recherche Association pour le renforcement de l’enseignement supérieur des femmes en Afrique (ASHEWA)
Institut d’études sur le genre, Université d’Addis Abeba, Ethiopie
Dr Fay Chung, chef d’équipe Fay Chung est l’une des membres fondatrices du FAWE. Elle a exercé de nombreuses fonctions dans le secteur éducatif. Elle a notamment été directrice de la planification de l’éducation au Zimbabwe, directrice de la division Education de l’UNICEF à New York et directrice de l’Institut international de l’UNESCO pour le renforcement des capacités en Afrique. Elle est actuellement conseillère technique principale du ministre de l’Education de Namibie.
Dr Emebet Mulugeta, chercheuse principale Emebet Mulugeta est professeure associée à l’Institut d’études sur le genre et à l’Institut de psychologie de l’Université d’Addis Abeba où elle enseigne à la fois le genre et la psychologie. Ses domaines de recherche incluent le genre, le développement de l’enfant et l’éducation. Elle est membre du conseil de plusieurs organisations régionales et nationales de la société civile comme le FAWE et le Forum for Social Studies.
Dr Margaret Rukuni, chercheuse principale, Zimbabwe
Mme Rokia Aidahis, chercheuse mentorée Rokia Aidahis Aberra est maître de conférence à l’Institut d’études sur le genre de l’Université d’Addis Abeba. Elle est aussi la coordonnatrice régionale de l’Institut régional du projet Genre, Diversité, Paix et Droits qui est un projet collaboratif entre l’Université Ahfad pour les femmes du Soudan, l’Université Mekerere en Ouganda et l’Université d’Addis Abeba en Ethiopie.
Margaret Rukuni est une chercheuse et une militante en faveur du genre à l’Université des femmes en Afrique (WUA) et à l’UNIFEM. Elle a travaillé à la Zimbabwe Open University en tant que chercheuse, directrice de la recherche institutionnelle, présidente p.i. des sciences sociales, chargée du développement des programmes et spécialiste de l’orientation. Elle a aussi été maître de conférence à l’Université du Zimbabwe.
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REMERCIEMENTS
Mme Aynalem Megersa Gemechu, chercheuse mentorée Aynalem Megersa Gemechu est maître de conférence à l’Institut d’études sur le genre à l’Université d’Addis Abeba en Ethiopie. Elle prépare actuellement un doctorat d’études en subsistance rurale et développement à l’Université d’Addis Abeba. Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’IFAN, Université Cheikh Anta Diop, Sénégal Dr Fatou Sarr, chercheuse principale Dr Fatou Sarr est une chercheuse à l’Université IFANCheikh Anta Diop au Sénégal. Elle est la fondatrice et la directrice du Laboratoire Genre et Recherche scientifique de l’université qui apporte un appui financier et technique aux étudiantes chercheuses. Elle est membre du Comité exécutif du FAWE. Mme Lala Diagne, Mme Nogaye Gueye et M. Kader Mane ont été les chercheurs mentorés de l’équipe du Laboratoire Genre. Ils sont basés au Sénégal. Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la Conférence des ministres de l’Education des pays ayant le français en partage (PASEC/CONFEMEN) Mme Vanessa Sy, chercheuse principale Vanessa Sy est analyste des systèmes éducatifs au sein du PASEC. Elle a mené les évaluations des systèmes éducatifs primaires du Congo, de la Côte d’Ivoire et très prochainement du Cameroun. Elle a pu mener différentes études sur la qualité de l’enseignement primaire au Bénin, sur la qualité de l’éducation selon le genre en Afrique francophone et sur l’éducation à la citoyenneté en contexte canadien. Actuellement, Mme Sy travaille sur l’évaluation des pratiques enseignantes en classe dans les évaluations internationales. Mme Sophia Sagna Diouf, chercheuse mentorée Riche d’une expérience de sept années dans le métier du développement, tout particulièrement dans l’éducation et de la formation, Sophia Sagna Diouf a travaillé ces trois dernières années sur la problématique du genre. En 2009-2010, elle a réalisé successivement deux études sur les thématiques du genre et de l’éducation pour le compte de la CONFEMEN et du FAWE ainsi que
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pour l’UA-CIEFFA. En 2011, elle co-signe un rapport pour le Bureau international du travail - Sénégal qui vise à une meilleure prise en compte de la question du genre dans la politique nationale de lutte contre le VIH/sida dans le monde du travail. Consortium de l’Afrique australe et orientale pour le pilotage de la qualité de l’éducation (SACMEQ)/ Université de Witwatersrand Dr Demus Makuwa, directeur p. i., Centre de coordination du SACMEQ Demus Makuwa a occupé le poste de planificateur principal de l’éducation à la direction de la Planification et du développement du ministère de l’Education de Namibie. Il a travaillé en tant que professeur de lycée, maître de conférence et directeur d’une école communautaire. Ses domaines de recherche incluent l’analyse des politiques éducatives et les études sur l’efficacité scolaire. Il a joué un rôle clé pour faciliter le partenariat de recherche entre le FAWE et l’Université de Witwatersrand dans le cadre de ce projet. Dr Tia Linda Zuze, chef de l’équipe de recherche Tia Linda Zuze a été maître de conférence principal à l’Université de Witwatersrand entre 2009 et 2010. Auparavant, elle a travaillé comme chercheuse résidente et conseillère technique pour l’Institut international de la planification de l’éducation de l’UNESCO. Elle continue de jouer un rôle consultatif auprès des départements régionaux de l’éducation. Mme Esme Chipo Kadzamira, chercheuse principale Esme Chipo Kadzamira est chargée de recherche au Centre pour la recherche et la formation en éducation de l’Université du Malawi. Elle a mené des recherches sur l’analyse des politiques éducatives, l’éducation des filles, le genre et l’éducation et les résultats et la réussite scolaires. Elle prépare un doctorat à la division des études sur le leadership et les politiques du secteur éducatif de l’Université Witwatersrand. Sa thèse porte sur les facteurs d’achèvement du cycle primaire au Malawi. Mme Monica Kiwanuka, chercheuse mentorée Monica Kiwanuka prépare un doctorat au Centre africain pour les migrations et la société à l’Université
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Equipe de revue par les pairs
de Witwatersrand à Johannesburg en Afrique du Sud. Son travail porte sur la migration, la violence liée au genre et l’offre de services ciblant les femmes immigrées victimes d’abus sexuels en Afrique du Sud. Elle a travaillé au sein d’organisations humanitaires en Ouganda dans les domaines du développement communautaire, de l’intégration du genre et de la coordination de l’éducation. Elle a également participé à des programmes sur la violence liée au genre dans les camps de réfugiés, les communautés d’accueil et les zones de retour.
Dr N'Dri Thérèse Assié-Lumumba, Professeure, Centre d’étude et de recherche africaines, Université de Cornell N'Dri Thérèse Assié-Lumumba est membre de l’Académie mondiale de l’art et des sciences, chercheuse associée à l’Université de Cocody, co-fondatrice et directrice associée du Centre panafricain d’études et de recherches en relations internationales et en éducation pour le développement (CEPARRED), chercheuse associée à l’Institut pour la Loi sur l’enseignement supérieur et la gouvernance de l’Université de Houston au Texas. Elle a beaucoup publié sur les femmes et l’enseignement supérieur en Afrique.
Mme Motseng Maema, chercheuse mentorée Motseng Maema est analyste de programme à l’unité de Planification du ministère de l’Education et la Formation du Lesotho. Ses responsabilités comprennent la mise à jour du Système d’information géographique du Lesotho à l’aide des données du recensement scolaire. Elle a travaillé auparavant au ministère de la Planification et de la Statistique. Elle a été impliquée dans tous les aspects du projet SACMEQ II et a co-rédigé le rapport SACMEQ II du Lesotho.
Dr Barbara Ceptus, chercheuse postdoctorale de FAWE 2009/2010 Barbara Ceptus a coordonné la phase I de l’initiative de recherche et a soutenu les travaux des équipes de recherche qui ont contribué à ce volume. Elle a l’expérience de la recherche, de l’enseignement, du renforcement communautaire et élabore des programmes portant sur l’inscription des étudiants sous-représentés dans l’enseignement supérieur. Elle est chargée de cours au Centre Washington de l’Université de Californie et est actuellement directrice adjointe du bureau d’Education multi-ethnique au Collège Park de l’Université du Maryland.
Mme Lusanda Ngcaweni, chercheuse mentorée Lusanda Ngcaweni est une rédactrice/réviseuse indépendante et une chercheuse. Elle s’intéresse particulièrement aux questions affectant les femmes et les filles des zones rurales et aimerait changer la façon dont les questions concernant le genre sont traitées dans les médias. Son projet de recherche le plus récent implique des entretiens avec des femmes de zones rurales qui ont des projets d’entreprise pour pourvoir aux besoins de leur famille.
Dr Barrel Gueye-Abeidi, chercheuse postdoctorale de FAWE 2010/2011 Barrel Gueye-Abeidi est professeure adjointe en éducation à l’Université East Stroudsburg en Pennsylvanie. Ses domaines de recherche sont le genre et l’éducation, l’éducation multiculturelle, internationale et à la diversité, la recherche qualitative et les fondements socioculturels de l’éducation.
Mme Lesego Ramose, chercheuse mentorée Lesego Ramose travaille à la direction de la Recherche, de la Coordination, du Suivi et de l’Evaluation du département national sud-africain de l’Education. Ses domaines de recherche portent actuellement sur la province du Gauteng en Afrique du Sud et incluent les thèmes sur les schémas migratoires et le comportement sexuel des femmes âgées de 15 à 29 ans.
Dr Chi-Chi Undie, associée, Population Council Chi-Chi Undie est une associée des Services de santé reproductive et du Programme de recherche du Population Council. Elle a travaillé comme chercheuse scientifique associée au Centre de recherche sur la population africaine et la santé où elle a été l’enquêtrice principale pour différents projets de recherche sur la santé sexuelle et reproductive.
Mme Toziba Masalila a été l’une des chercheuses mentorées de l’équipe. Elle travaille au ministère de l’Education du Botswana.
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REMERCIEMENTS
Dr Ayo A. Coly, Dr Solange Bandiaky et Dr Moses Oketch ont aussi été membres de l’équipe de revue par les pairs. Equipe éditoriale Mme Irmin Durand, chargée de la communication, de la recherche et du plaidoyer du FAWE Irmin Durand est responsable du développement et de la coordination de la communication et des activités de recherche du FAWE. Elle a servi de point focal pour la mise en place de l’initiative de recherche et est la rédactrice en chef des Cahiers de recherche du FAWE. Elle a travaillé à l’UNESCO-IIPE, dans l’édition et comme journaliste.
Elle a rédigé la section « Vue d’ensemble » avec la contribution d’Irmin Durand. Elle a travaillé comme enseignante de français, chargée de l’élaboration de curricula et inspectrice scolaire chargée de l’enseignement du français au Kenya. Elle a aidé à créer une organisation communautaire qui parraine aujourd’hui plus 30 enfants handicapés pour l’éducation, la thérapie et la chirurgie. Mme Nathalie Montagu, réviseuse, français Nathalie Montagu a assuré la révision de la version française de ce volume ainsi qu’une partie de la traduction. Elle est traductrice indépendante (anglaisjaponais-français) spécialisée dans l’éducation et le développement. Elle a travaillé pour des programmes de l’UNESCO et la BAD comme l’ADEA et le GT-COMED ainsi que pour des ONG comme le FAWE.
Mme Miriam Jones, réviseuse, anglais Miriam Jones a assuré la révision de la version anglaise de ce volume. Elle a travaillé à l’Institut international de planification de l’éducation de l’UNESCO, notamment sur sa collection phare « Les principes de la planification de l’éducation » et sur les rapports du Groupe de travail international sur l’éducation entre autres. Elle a aussi été impliquée dans les publications de l’UNESCO sur l’eau et la paix, la bioéthique et les droits de l’homme. M. David Leye, traducteur, français-anglais David Leye a effectué la traduction en anglais des documents de recherche soumis par les équipes de recherche du Laboratoire Genre/IFAN et de PASEC/ CONFEMEN. Il dirige DCL Services, une société de traduction et d’interprétation basée à Dakar au Sénégal. Il a travaillé comme traducteur pendant 13 ans et comme interprète de conférence. Il s’intéresse particulièrement aux questions liées au développement, aux nouvelles technologies et aux arts visuels.
Mme Claire Ulrich, traductrice, anglais-français Claire Ulrich a effectué la traduction en français des documents de recherche soumis par les équipes de recherche d’ASHEWA, de l’IGS et de l’Université de Witwatersrand/SACMEQ. Elle est journaliste, réviseuse, traductrice et enseignante pour des ONG basées à Paris en France. Elle plaide actuellement en faveur de l’alphabétisation numérique en Afrique francophone et de la préparation aux urgences et aux catastrophes naturelles à l’aide des nouvelles technologies. Photographie Toutes les images de cette publication ont été reproduites avec l’aimable autorisation de Nancy Wong pour le FAWE. Maquette, mise en page et impression Capital Colours Creative Design Ltd.,
Mme Lynne Mansure, rédactrice et réviseuse Lynne Mansure a travaillé comme réviseuse et conseillère des documents de recherche de ce volume.
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Nairobi, Kenya
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Liste des tableaux et des graphiques Tableaux Tableau 1.1 Répartition des filles dans les échantillons pour la 2ème et la 5ème année. Tableau 1.2 Récapitulatif de l’échantillon de l’enquête qualitative
23 25
Tableau 1.3 Scores de fin d’année en français des élèves de 2ème année selon les évaluations PASEC VII, VIII et IX.
26
26
27
Tableau 1.6 Scores de fin d’année en mathématiques des élèves de 5ème année selon les évaluations PASEC VII et VIII
27
Tableau 1.7 Occurrences des effets de certains facteurs sur les acquis en français et en mathématiques des filles et des garçons dans onze pays d’Afrique en 2ème année du cycle primaire
30
Tableau 1.8 Occurrences des effets de certains facteurs sur les acquis en français et en mathématiques des filles et des garçons dans onze pays d’Afrique en 5ème année du cycle primaire
31
Tableau 1.9 Fréquence des redoublements selon la classe évaluée et selon le genre de l’élève
32
Tableau 1.10 % d’élèves (garçons et filles) effectuant des travaux extra scolaires en 5ème année (dans les neuf pays d’Afrique étudiés)
32
Tableau 1.11 % d’élèves de 5 année effectuant des travaux extra scolaires en milieu urbain et rural (dans les neuf pays d’Afrique étudiés)
32
Tableau 1.12 Récapitulatif des facteurs influents et de leurs effets selon le genre de l’élève
36
Tableau 1.13 Répartition des chefs de classe camerounais observés en fonction des tâches qu’ils assurent et de leur genre
37
Tableau 1.14 Répartition des chefs de classe sénégalais observés en fonction des tâches qu’ils assurent et de leur genre
37
Tableau 1.15 Coefficients de corrélation, SACMEQ II
47
Tableau 1.16 Caractéristiques des élèves, SACMEQ II
49
Tableau 1.17 Comparaison des moyennes obtenues en lecture et en mathématiques selon le lieu de résidence des filles les plus pauvres, SACMEQ II
49
Tableau 1.18 Profil des enseignants de lecture et de mathématiques de niveau 6
56
Tableau 1.19 Pourcentage total des femmes enseignant au niveau 6 par rapport au nombre total des enseignants de niveau 6 selon la matière et la situation géographique
56
Tableau 1.20 Comparaison des résultats en lecture et en mathématiques des enseignants de niveau 6 selon le genre de l’enseignant, SACMEQ II
59
Tableau 1.21 Comparaison des scores moyens en lecture et en mathématiques des enseignants selon le genre et la situation géographique, SACMEQ II
60
Tableau 2.1
104
Tableau 1.4 Scores de fin d’année en mathématiques des élèves de 2 évaluations PASEC VII et VIII.
ème
Tableau 1.5 Scores de fin d’année en français des élèves de 5 PASEC VII, VIII et IX.
ème
année selon les
année selon les évaluations
ème
Inscriptions dans les universités, les instituts de technologie et les instituts de formation des enseignants au Zimbabwe en 2009
Tableau 2.2 Université du Zimbabwe – Nombre d’étudiants inscrits par sexe et faculté en 2006
105
Tableau 2.3 Répartition des étudiantes par faculté à l’Université NUST en 2006
109
Tableau 2.4 Les étudiantes en faculté de production industrielle de l’Université NUST en 2007
110
Tableau 3.1 Inscriptions dans le premier cycle de l’enseignement supérieur des établissements publics et privés (2003/2004-2007/2008)
119
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L iste des tablea u x et des grap h iq u es
Tableau 3.2
Admission et obtention du diplôme dans les établissements d'enseignement supérieur au cours de 5 années
123
Tableau 3.3
Nombre d'étudiantes interrogées par université
124
Tableau 3.4
Distribution des répondantes par âge
124
Tableau 3.5
Structures de l’étude
Tableau 3.6
Effectif des filles et des garçons dans le 1 cycle de l’enseignement supérieur en 2008
139
Tableau 3.7
Répartition des étudiants dans les différentes universités publiques
141
Tableau 3.8
Répartition des étudiants selon le sexe et le cycle à l’UGB en 2008
144
Tableau 3.9
Représentation des filles dans les différentes filières à Ziguinchor en 2008
144
137 er
Tableau 3.10 Représentation des filles dans les différentes filières au CUR Bambey en 2008
145
Tableau 3.11 Représentation des filles dans les différentes filières à Université de Thiès en 2008
145
Tableau 3.12 Répartition des étudiants dans les écoles nationales de formation professionnelle
enquêtées en 2008
148
Graphiques Graphique 1.1 : Relations entre le score en français et en mathématiques par genre (5ème année)
28
Graphique 1.2 : Répartition des élèves par niveaux de connaissance en fin de 5ème année du primaire pour l’ensemble des onze pays de l’étude
29
Graphique 1.3 : Résultats des examens relatifs à la lecture ventilés par genre
44
Graphique 1.4 : SACMEQ II – Différences selon les matières
46
Graphique 1.5 : Différences des statuts socio-économiques des élèves dans les pays du SACMEQ
10
46
Graphique 1.6 : Résultats scolaires et statuts socio-économiques
47
Graphique 1.7: Qualifications académiques des enseignants de niveau 6 selon la situation géographique et le genre
57
Graphique 1.8: Qualifications professionnelles des enseignants de niveau 6 selon la situation géographique et le genre
58
Graphique 1.9: Expérience professionnelle des enseignants de niveau 6 selon la situation géographique et le genre
58
Graphique 1.10: Résultats des filles en fonction de la compétence de l’enseignant
61
Graphique 1.11: Résultats des filles en fonction de la qualification académique des femmes enseignantes
62
Graphique 1.12: Résultats des filles en mathématiques en fonction des qualifications professionnelles de l’enseignant
62
Graphique 1.13: Relation entre l’expérience de l’enseignement et les performances des filles
63
Graphique 1.14: Qualité de l’enseignant et résultats en mathématiques selon le genre dans les écoles primaires au Kenya, SACMEQ II
63
Graphique 2.1 : Résultats en mathématiques des étudiants du NCN
91
Graphique 2.2 : Résultats en sciences des étudiants du NCN
91
Graphique 2.3 : Résultats en géographie des étudiants du SCOT
92
Graphique 2.4 : Résultats en comptabilité des étudiants du SCOT
92
Graphique 2.5 : Résultats en physique des étudiants du NCN
93
Graphique 2.6 : Les recommandations des étudiant de l’école d’infirmières de Nazarene pour améliorer les mathématiques et les statistiques
93
Graphique 2.7 : Problèmes des étudiants entrainant l’abandon au SCOT
93
Graphique 2.8 : Les étudiants du SCOT suggèrent d’améliorer les mathématiques et les statistiques
94
Graphique 2.9 : Age des étudiants du SCOT
94
Graphique 2.10 : Statut matrimoniale des étudiants interrogés au SCOT
94
Graphique 2.11 : Etudiants interrogés au SCOT répartis par genre
95
Graphique 2.12 : Problèmes des étudiants du NCN affectant leurs progrès
95
Graphique 2.13 : Lieu de résidence des étudiants du SCOT
95
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R enf o rcer la rec h erc h e s u r le genre en A friq u e
Graphique 2.14 : Qui paie les frais de scolarité des étudiants du SCOT?
96
Graphique 2.15 : Résultats en mathématiques des étudiants du SCOT
96
Graphique 2.16 : Résultats en anglais des étudiants du SCOT
96
Graphique2.17 : Statut matrimonial des étudiants interrogés au NCN
97
Graphique 2.18 : Ventilation par âge des étudiants interrogés au NCN
97
Graphique 2.19 : Ventilation par sexe des étudiants interrogés au NCN
97
Graphique 2.20 : Qualifications les plus élevées des filles à NCN
98
Graphique 2.21 : Qualifications les plus élevées des garçons au NCN
98
Graphique 2.22 : Critères du choix de l'école secondaire
98
Graphique 2.23 : Abandon de l'école au décès d'un parent
99
Graphique 2.24 : Cas de viols rapportés
99
Graphique 2.25 : Nombre d’heures consacrées aux tâches ménagères par jour
100
Graphique 2.26 : Règlement des frais de scolarité
100
Graphique 3.1 : Difficultés sociales rencontrées par les étudiantes
126
Graphique 3.2 : Analyse longitudinale de l’effectif des inscrits au baccalauréat de 2001 à 2009
139
Graphique 3.3 : Effectif des bacheliers selon la série et le sexe en 2007
140
Graphique 3.4 : Répartition des étudiants par secteur
140
Graphique 3.5 : Répartition des effectifs dans les universités
141
Graphique 3.6 : Répartition des filles par filière au 1 cycle à l’UCAD en 2008
141
er
Graphique 3.7 : Répartition des étudiants selon le sexe par filière, au 3
ème
cycle à l’UCAD en 2008
142
Graphique 3.8 : Répartition des étudiants selon le sexe et le cycle à UGB en 2008
143
Graphique 3.9 : Effectif des étudiants du privé par filière en 2008
146
Graphique 3.10 : Répartition des filles par filière dans le 1 cycle en 2008
146
er
Graphique 3.11 : Répartition des filles par filière au 3
ème
cycle en 2008
147
Graphique 3.12 : Répartition des étudiants selon le sexe et la filière dans les écoles de formation professionnelle 2008 148 Graphique 3.13 : Evolution des écoles privées d'enseignement supérieur
149
Les cahiers de recherche du FAWE Vol. 1 • 2010
11
Liste des abreviations et des acronymes ADEA
Association pour le développement de l’éducation en Afrique
ANSD
Agence nationale de statistique et de la démographie
ASHEWA
Association pour le renforcement de l’enseignement supérieur des femmes en Afrique
BAD
Banque africaine de développement
CEPARRED
Centre panafricain d’études et de recherches en relations internationales et en éducation pour le développement
CONFEMEN
Conférence des ministres de l’Education des pays ayant le français en partage
DANIDA
Agence danoise pour le développement international
DPRE
Direction de la planification et de la réforme de l’éducation
EPT
Education pour Tous
FAWE
Forum des éducatrices africaines
FME
Forum mondial sur l’éducation
GT-COMED
Groupe de travail sur la communication pour l'education et le développement
IFAN
Institut fondamental d’Afrique noire
IGS
Institut d’études sur le genre
IIPE
Institut international de planification de l’éducation
IMOA
Initiative de mise en œuvre accélérée de l’EPT ou Initiative Fast Track
IPS
Indice de parité entre les sexes
Labo Genre
Laboratoire Genre et Recherche scientifique
ME
Ministère de l’Education
MESAC
Ministère de l’Education, des Sports, des Arts et de la Culture
MESP
Ministère de l’Enseignement supérieur et professionnel
NCC
Centre national des curricula
NCN
Ecole d’infirmières de Nazarene
NUST Université nationale des sciences et de technologie OEV Orphelins et enfants vulnérables OMD Objectifs du Millénaire pour le développement ONG Organisation non gouvernementales
12
PASEC
Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN
PDEF
Programme décennal de l’éducation et de la formation
PDSE
Programme de développement du secteur de l’éducation
REM
Ratio maître-élèves
ROCARE
Réseau Ouest et Centre africain de recherche en éducation
SADC
Communauté de développement d’Afrique australe
SACMEQ
Consortium de l’Afrique australe et orientale pour le pilotage de la qualité de l’éducation
SCOT
Collège technologique du Swaziland
SHAPE
Schools HIV and AIDS Programme
Sida
Syndrome d’immunodéficience acquis
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R enf o rcer la rec h erc h e s u r le genre en A friq u e
TBS
Taux brut de scolarisation
UA-CIEFFA
Centre international pour l'education des filles et des femmes en Afrique de l'Union Africaine
UCAD Université Cheikh Anta Diop UGB Université Gaston Berger de St. Louis UNESCO Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture UNICEF
Fonds des Nations unies pour l’enfance
UNISA Université de l’Afrique du Sud UNISWA Université du Swaziland VIH
Virus d’immunodéficience humaine
WITS Université de Witwatersrand WUA Université des femmes en Afrique
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Vue d’ensemble Les disparités existant entre les genres en matière d’accès, de rétention et de performances au sein du secteur éducatif d’Afrique subsaharienne nous rappellent que la majorité des pays africains n’ont pas atteint les cibles définies par les conférences, les conventions et les déclarations internationales, en particulier le deuxième Objectif du Millénaire pour le développement, qui visait la parité en matière de scolarisation dans l’enseignement de base. Aujourd’hui, plus de la moitié des enfants déscolarisés sont des filles et plus de deux tiers de la population analphabète sont des femmes . Il est nécessaire de mener des actions de plaidoyer continues pour s’assurer que les filles et les femmes bénéficient des mêmes opportunités que leurs homologues masculins pour apprendre et être des membres actifs et productifs des sociétés. Faute d’interventions basées sur des faits qui ciblent les questions spécifiques aux femmes, le cercle vicieux des stéréotypes de genre compromettant la participation des filles et des femmes à l’éducation continuera. Cependant, la recherche sur le genre en éducation en Afrique est très limitée. Cela constitue des défis importants en ce qui concerne l’utilisation des résultats de la recherche pour intégrer et institutionnaliser les questions relatives au genre dans les politiques et les pratiques éducatives. La majorité des universités africaines luttent toujours dans le domaine de la recherche sur le genre, tandis que les gouvernements africains sont confrontés aux défis pratiques liés à l’adoption d’approches adaptées au genre dans l’éducation. Reconnaissant la nécessité d’actions de plaidoyer en faveur du genre dans l’éducation basées sur des faits, la FAWE a créé une initiative de recherche sur le thème « Renforcer la recherche sur le genre afin d’améliorer l’éducation des filles et des femmes en Afrique. Lancée en 2009, l’initiative vise à améliorer l’éducation des femmes à travers l’intégration du genre dans les politiques et les pratiques éducatives à l’aide des résultats de la recherche sur le genre menée sur et par des chercheuses africaines. L’une des composantes
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clés de l’initiative de recherche est le développement d’un réseau de chercheuses expérimentées en Afrique qui sont position de définir collectivement l’agenda sur le genre et l’éducation. Le FAWE a ainsi noué des partenariats avec les chercheuses de cinq institutions nationales et régionales qui ont entrepris les études qui composent ce volume. Les travaux conduits dans le cadre de cette initiative sont résumés ci-dessous. Le genre et les résultats scolaires dans l’enseignement primaire Le PASEC/CONFEMEN (Programme d’analyse des systèmes éducatifs de la CONFEMEN) a mené une recherche sur la relation entre le genre des enseignants/ administrateurs et les résultats des filles en lecture et en mathématiques dans les écoles primaires d’Afrique occidentale et centrale francophones. L’étude du PASEC/CONFEMEN a découvert qu’il existe des écarts entre les résultats d’apprentissage des filles et ceux des garçons et que ces écarts s’élargissent tout au long de leur scolarité. Au niveau 2, les résultats des garçons et des filles aux épreuves de français et de mathématiques ne différaient pas de manière significative : les résultats des garçons étaient meilleurs que ceux des filles seulement au Burkina Faso et au Cameroun. Cependant, au niveau 5, les filles ont obtenu des scores plus bas que les garçons en mathématiques dans sept des onze pays étudiés. De plus, les observations faites en classe et les entretiens avec les enseignants, les administrateurs, les élèves et les parents ont montré que les écoles participent à la reproduction des stéréotypes de genre de deux manières importantes : en confiant des rôles traditionnels aux garçons et aux filles et par la structure de « pouvoir » des écoles dans lesquelles la majorité des directeurs d’établissement sont des hommes et la plupart des enseignantes sont concentrées dans les niveaux d’éducation les plus bas. La recherche suggère que l’école est un « instrument de maintien de l’ordre social » et ces conclusions démontrent la nécessité d’une composante de genre forte dans la formation initiale et continue des enseignants. Il faut également accorder davantage d’attention aux questions de genre dans
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UNESCO 2011. Rapport mondial de suivi sur l’Éducation pour tous 2011 – La crise cachée : les conflits armés et l’éducation. Paris.
2
UNESCO-BREDA, Quality Education for All in Africa: UNESCO's response, Dakar, 2010
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R enf o rcer la rec h erc h e s u r le genre en A friq u e
de l’école. Cependant, dans certains pays, aucune différence n’a été constatée dans les performances des filles qui avaient une enseignante ayant des qualifications élevées et celles dont l’enseignante avait de faibles qualifications. Cela soulève la question de savoir si les enseignants qualifiés améliorent forcément les performances de leurs élèves. Une recherche plus approfondie est nécessaire pour trouver la réponse à cette question et à d’autres.
les travaux de recherche à travers des comparaisons basées sur le genre des élèves, des enseignants et des directeurs. L’Université de Witwatersrand à Johannesburg en Afrique du Sud, en collaboration avec le SACMEQ, a mené deux études sur les données collectées dans les écoles primaires de l’Afrique australe et orientale. La première étude visait à évaluer le genre et la qualité de l’éducation, tandis que la seconde portait centrée sur la relation entre la qualité de l’enseignant et les performances scolaires des filles.
Les disparités entre les genres en matière d’accès, de participation et d’achèvement dans l’enseignement secondaire ASHEWA a mené une étude en trois volets sur les disparités entre les genres dans les enseignements secondaire et supérieur au Lesotho, au Swaziland et au Zimbabwe. Au Lesotho et au Zimbabwe, l’étude a accordé une importance particulière aux sciences, aux mathématiques et à la technologie. Bien que la recherche d’ASHEWA dans les trois pays se soit davantage intéressée à l’enseignement supérieur, elle a néanmoins produit des preuves claires du désavantage affectant les filles dans les écoles secondaires, en particulier dans le domaine des sciences, des mathématiques et de la technologie et du taux élevé d’abandon pour cause de grossesse.
L’étude SACMEQ/Université de Witwatersrand a découvert que les filles étaient en retard sur les garçons dans les tests de lecture dans sept des pays enquêtés pendant la phase SACMEQ I de collecte des données, à l’exception du Zimbabwe où les filles réussissaient légèrement mieux que les garçons et de l’île Maurice où les filles réussissaient beaucoup mieux que les garçons. Pendant la phase SACMEQ II de collecte des données, les scores aux tests de lecture et de mathématiques ont été évalués. Les filles ont mieux réussi aux tests de lecture dans huit des quatorze pays étudiés, tandis que les garçons ont surpassé les filles en mathématiques dans neuf des quatorze pays. Dans deux tiers des pays, les scores des filles en mathématiques étaient plus bas que leurs scores en lecture. De manière générale cependant, tous les pays n’ont pas révélé un désavantage lié au genre dans le cycle primaire et quelques schémas ont émergé en termes de groupes géographiques et de pays aux histoires similaires. Cela suggère que les questions d’équité de genre et de scolarisation sont localisées et qu’il faut examiner le contexte unique de chaque pays.
Dans l’enseignement secondaire au Lesotho, seuls 35 pour cent des enfants en âge d’aller à l’école secondaire étaient inscrits, mais les filles représentaient plus de la moitié (56 pour cent) des élèves de l’enseignement secondaire. Néanmoins, les biais de genre affectent toujours gravement l’expérience d’apprentissage des filles, en particulier en sciences et en mathématiques et aussi bien dans les écoles mixtes que dans les écoles de filles. Au Lesotho, les filles ont trouvé que les sciences étaient les matières les plus difficiles et ont fait observer que les femmes qui choisissaient d’étudier les sciences à l’université réussissaient rarement. La faible estime de soi des filles les empêchait d’apprécier les matières scientifiques. Les parents ont été critiqués pour contribuer au sentiment de leurs filles qui se sentent menacées par les mathématiques. Les étudiants de sexe masculin pensaient que les filles n’avaient aucun intérêt, peu de compétences et une confiance en elle insuffisante en sciences et en mathématiques. L’étude a recommandé des cours de remise à niveau et des activités après la classe entre autres stratégies pour aider les élèves filles à réussir dans ces matières.
En ce qui concerne la qualité de l’enseignant et les performances des filles, l’étude de sept pays a montré que les enseignantes constituent moins de la moitié des enseignants de niveau 6 en lecture et en mathématiques. En général, une proportion plus élevée d’enseignantes que d’enseignants a suivi l’enseignement secondaire ou supérieur selon la situation géographique de l’école, mais les découvertes révèlent que contrairement à la croyance générale, ce sont les hommes qui dominent dans l’enseignement primaire. Ils ont aussi des compétences dans les matières relativement plus élevées en mathématiques et en lecture que leurs homologues féminines selon la situation géographique
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V u e d ’ ensemble
Au Swaziland où les filles représentent 50 pour cent des inscrits dans l’enseignement secondaire, on a constaté que le nombre limité d’établissements d’enseignement supérieur décourage l’esprit d’apprentissage dans l’enseignement secondaire et que de nombreux jeunes quittant l’école aspirent à entrer dans l’armée et dans la police plutôt que de se battre pour obtenir les quelques places disponibles dans l’enseignement supérieur. En outre, on constate le taux élevé d’abandon des orphelins, des filles enceintes et des autres enfants en situation vulnérable. Le rapport de recherche sur le Swaziland appelle à prendre des mesures pour répondre à la situation critique de ces enfants et permettre aux filles enceintes de poursuivre leurs études. Bien que le Zimbabwe ait incorporé le Protocole de la SADC sur le genre dans l’éducation qui cible l’égalité de l’accès et de la rétention à tous les niveaux de l’éducation, y compris dans les enseignements professionnel et non formel, des disparités importantes entre les genres existent dans le deuxième cycle de l’enseignement secondaire. Les filles représentaient presque 50 pour cent des inscrits du premier cycle de l’enseignement secondaire en 2009, mais seuls 42 pour cent de ceux du deuxième cycle de l’enseignement secondaire, ce qui suggère un taux de déperdition significatif avant les deux années finales de l’enseignement secondaire et la transition vers l’enseignement supérieur. Les écoles secondaires échantillonnées n’avaient pas de politique ou de système de quotas pour les filles. De plus, les enseignants des écoles secondaires n’avaient pas connaissance des politiques de discrimination positive pour accroître l’accès dans l’enseignement supérieur des filles et, par conséquent, ne conseillaient pas les élèves filles sur la façon de bénéficier de ces politiques, aggravant encore les problèmes de transition. Tout comme au Swaziland, le taux d’abandon scolaire dû aux grossesses au Zimbabwe est significatif. 71 pour cent des étudiants de l’échantillon connaissaient au moins une fille qui avait arrêté l’école à cause d’une grossesse, mais 17 pour cent seulement connaissaient une mère en âge d’être scolarisée retourner à l’école après avoir accouché. Cela indique que la santé sexuelle et reproductive ne reçoit pas suffisamment d’attention dans les écoles secondaires. La recherche suggère qu’une approche adoptant une perspective familiale et communautaire pourrait avoir un impact positif.
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Les stratégies en faveur de l’équité et de la réussite académique dans l’enseignement supérieur Outre les recherches menées par ASHEWA sur l’enseignement supérieur, l’IGS de l’Université d’Addis Abeba a mené une étude sur les schémas d’admission et de réussite des étudiantes dans l’enseignement supérieur en Ethiopie. Au Sénégal, le Laboratoire Genre et Recherche Scientifique de l’Université Cheikh Anta Diop a examiné l’impact économique résultant de l’orientation des filles vers les filières courtes dans les universités nationales. Des évolutions positives dans l’enseignement supérieur ont émergé de toutes ces études. Au Lesotho, en 2003, les femmes représentaient 61 pour cent des étudiants de l’enseignement supérieur. Au Swaziland, les femmes représentent 49 pour cent des étudiants inscrits à l’Université du Swaziland, tandis qu’au Zimbabwe, l’Université des femmes en Afrique (WUA) a réussi à accroître l’inscription des femmes à 85 % de l’ensemble des inscrits. En Ethiopie, le gouvernement a mis en place un programme de discrimination positive grâce auquel les femmes sont admises dans l’enseignement supérieur avec une note moyenne plus basse que celles requises des étudiants de sexe masculin. Cela a accru le taux de scolarisation des femmes dans les établissements d’enseignement supérieur éthiopiens. L’étude du Laboratoire Genre a révélé une tendance intéressante selon laquelle les établissements d’enseignement supérieur privés au Sénégal répondent aux besoins spécifiques des femmes, attirant ainsi un grand nombre de femmes. Malgré ces tendances positives, un certain nombre de problèmes subsistent. En ce qui concerne les politiques de genre, dans la plupart des cas, les établissements d’enseignement qui ont fait l’objet de la recherche n’avaient pas de politique de genre clairement définie et les chercheurs ont recommandé de formuler et de mettre en œuvre ce type de politique et d’informer les étudiantes de leur existence. Des bureaux Genre doivent être créés ou renforcés quand ils existent. D’une manière générale, les femmes continuent d’être sous-représentées en sciences et en technologie au niveau de l’enseignement supérieur. Au Lesotho, alors que les femmes représentent la majorité des inscrits dans les facultés de sciences de l’éducation, de lettres et des arts et de la santé et du bien-être, elles sont minoritaires en sciences et en agriculture.
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établissements prépare vraiment les diplômées à entrer sur le marché du travail.
Le pourcentage des femmes inscrites en sciences à l’Université du Swaziland est de 30 pour cent et de 4 seulement pour cent en ingénierie automobile. Au Zimbabwe, les femmes représentent un pourcentage plus faible dans toutes les facultés. Les pourcentages les plus faibles sont en agriculture (28,8 pour cent), en études vétérinaires (26 pour cent), en sciences (25,3 pour cent), en commerce (23,2 pour cent) et en ingénierie (6,2 pour cent). Des études plus approfondies sont nécessaires pour déterminer les raisons de la sous-représentation des femmes en sciences et en technologie.
S’engager dans le dialogue pour influencer les politiques Les documents de recherche rassemblés dans ce volume ne représentent que la première phase de l’initiative de recherche du FAWE. Au fil du temps, la somme des recherches produites par les partenaires de recherche du FAWE soutiendra les efforts du FAWE pour :
L’Ethiopie est un cas intéressant. Malgré le programme de discrimination positive, les femmes continuent de souffrir de différents problèmes, notamment le harcèlement sexuel, et de nombreuses bénéficiaires de la discrimination positive n’achèvent pas leurs études en raison de leur faible niveau académique et de problèmes sociaux. Cela démontre qu’il ne suffit pas de mettre un programme de discrimination positive en place pour garantir l’équité. En d’autres termes, toute politique de discrimination positive doit être accompagnée d’une stratégie de mise en œuvre pour épauler les bénéficiaires.
•
Le dialogue constructif avec les responsables et les décideurs politiques sur les inégalités actuelles entre les genres qui empêchent les filles et les femmes d’exercer leur droit à l’éducation ;
•
Démontrer aux responsables nationaux et communautaires le coût élevé encouru par les sociétés qui ignorent les besoins éducatifs des femmes et ;
•
Sensibiliser les gouvernements, les responsables politiques et les instances régionales pour influer sur les approches et les stratégies pouvant aider à corriger les effets négatifs de ces inégalités.
Les membres du FAWE sont composés de femmes qui sont ministres et vice-ministres de l’Education, vicerectrices et vice-rectrices adjointes, responsables politiques de haut niveau, éducatrices et chercheuses éminentes. Elles peuvent aider à faire avancer les résultats et les recommandations formulées dans ces études et dans d’autres d’un pas supplémentaire en plaidant pour leur traduction en mesures concrètes à tous les niveaux de l’éducation en Afrique subsaharienne. De telles mesures sont cruciales si l’Afrique veut répondre aux défis de développement du vingt et unième siècle.
L’étude du Laboratoire Genre sur le Sénégal fait écho aux nombreux problèmes existant dans les établissements d’enseignement supérieur africains. Les universités publiques admettent un nombre croissant d’étudiants sans augmentation correspondante de leurs équipements. En outre, ces universités ne prennent généralement pas en compte les besoins spécifiques des femmes. D’un autre côté, les établissements privés offrent un exemple de pratiques éducatives que les universités publiques devraient suivre. Ces établissements ont diversifié leurs curricula et proposent des horaires de cours flexibles aux femmes qui travaillent et qui sont mariées. Cependant, les frais facturés sont trop élevés pour la majorité des femmes. Une recherche plus approfondie est nécessaire pour déterminer si l’enseignement offert par ces
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Enseignement primaire :
le lien entre les genres de l’élève et de l’enseignant et les résultats scolaires
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Le lien entre les genres de l’élève et de l’enseignant et les résultats scolaires Dans plusieurs pays d’Afrique, une proportion élevée d’enfants en dernière année d’école primaire n’a pas acquis le niveau de compétence de base lui permettant de savoir lire, écrire et compter correctement. Pour les filles, le désavantage dont elles souffrent en matière d’accès à l’enseignement primaire est tout aussi évident au regard de leurs résultats scolaires. En mathématique, par exemple, leurs performances sont inférieures à celles des garçons, même dans les sociétés les plus avancées du continent.
recueillies à partir d’évaluations nationales au niveau de l’enseignement primaire dans un certain nombre de pays francophones et anglophones. Leurs analyses quantitatives ont souligné les différences dans les scores moyens obtenus aux épreuves de lecture et de mathématiques entre les filles et les garçons, qui sont en défaveur des filles, ainsi que les facteurs influant sur les différentiels, qui sont plus marqués à mesure que les enfants progressent dans le cycle primaire. L’approche qualitative de PASEC/CONFEMEN a exploré les considérations sociales créant des différences entre les filles et les garçons et pouvant influencer les résultats d’apprentissage des élèves. L’Université de Witwatersrand/SACMEQ a étudié les effets du milieu socio-économique des élèves sur l’équité en matière de genre à l’école et a exploré la relation entre le genre de l’enseignant, la connaissance de la matière enseignée et le rôle joué par ces facteurs dans les disparités entre les genres en matière de résultats.
Quelle est la relation entre le genre d’un élève et sa réussite scolaire ? Quels sont les facteurs contribuant aux écarts entre les acquisitions scolaires des filles et celles des garçons ? Quelle est la relation entre le genre de l’enseignant et ses connaissances ? Existe-t-il un lien entre la présence d’enseignantes compétentes dans un établissement d’enseignement et la performance des filles ? Existe-t-il un schéma de ces relations et de ces facteurs dans les pays africains ?
Les conclusions des deux équipes de recherche plaident en faveur d’une plus grande sensibilisation au genre dans la formation des enseignants et d’une intégration plus étroite des perspectives locales dans la formulation des politiques nationales d’éducation.
Les études menées par PASEC/CONFEMEN et l’Université de Witwatersrand/les équipes de recherche du SACMEQ se sont concentrées sur la qualité de l’apprentissage et les désavantages des filles. Les deux équipes ont analysé les données
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Du secondaire au supérieur : 66
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les disparités entreles genres en matière d’accès, de participation et d’achèvement
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Les disparités entre les genres en matière d’accès, de participation et d’achèvement Au Lesotho, au Swaziland et au Zimbabwe, la participation des filles et des femmes dans les matières liées aux sciences, aux mathématiques et à la technologie sont gravement compromises tant dans l’enseignement secondaire que dans l’enseignement supérieur. Le taux de déperdition significatif des filles dans l’enseignement secondaire gêne leur accès à l’enseignement supérieur. Bien que le taux d’abandon des femmes dans l’enseignement supérieur ne soit pas aussi élevé que dans l’enseignement secondaire, de nombreuses femmes ignorent les mesures en faveur de l’égalité des genres existant dans les établissements d’enseignement supérieur et les universités qui pourraient contribuer à la réussite de leur participation et de leur achèvement ainsi qu’à leur sécurité et à leur bien-être.
les capacités des filles et des femmes à réussir à poursuivre et achever leurs études, en particulier en sciences, en mathématiques et en technologie. Au Lesotho, malgré le pourcentage plus élevé de filles et de femmes inscrites dans les enseignements secondaire et supérieur que de garçons et d’hommes, il existe de nombreux préjugés dans la société concernant les matières et les filières censées convenir aux filles et aux femmes. Au Swaziland également, une proportion élevée de filles et de femmes sont inscrites dans l’enseignement post-primaire, mais l’étude d’ASHEWA a constaté que le manque de politique de genre claire au sein des établissements d’enseignement contribuait au faible taux d’inscription des femmes dans les matières comme les sciences et les mathématiques où les hommes sont prédominants. Au Zimbabwe, bien que les femmes représentent 45 pour cent de l’ensemble des inscrits dans les universités, les établissements d’enseignement supérieur et les instituts de formation des enseignants, et bien que le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle dispose de politiques de genre explicites, seuls 27 % des étudiants de l’université nationale de science et de technologie sont des femmes.
Quelles sont les politiques de genre mise en place pour permettre aux filles de poursuivre leurs études de manière effective au-delà de l’enseignement primaire? Pourquoi les filles et les femmes sont-elles moins susceptibles de choisir les sciences, les mathématiques et la technologie à l’école secondaire et à l’université? Quels sont les processus sociaux en œuvre dans les établissements d’enseignement pouvant favoriser la participation des filles et des femmes dans l’éducation?
Ces disparités suggèrent qu’il est critique d’améliorer la qualité de l’enseignement et de l’apprentissage des sciences, des mathématiques et de la technologie à tous les niveaux de l’éducation, y compris par le développement continu des compétences des enseignants.
A travers une série de questionnaires, de discussions de groupe thématiques et d’entretiens, ASHEWA a cherché à réunir des preuves sur les facteurs affectant
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Enseignement supérieur : 116
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les stratégies de réussite académique et les perspectives de carrière des diplômées
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Les stratégies de réussite académique et les perspectives de carrière des diplômées par l’Institut d’études sur le genre de l’université a mis en évidence les problèmes, incluant le harcèlement, la violence, les stéréotypes de genre, qui contribuent à l’échec académique des femmes. Toutefois, les femmes ont mis au point des stratégies pour surmonter ces défis et assurer leur réussite académique et leur bienêtre.
L’accès à l’éducation et l’achèvement à tous les niveaux sont le premier défi que les pays en voie de développement doivent relever s’ils veulent réaliser leurs objectifs de développement. En conséquence, les pays d’Afrique subsaharienne ont pris des mesures pour s’assurer que les jeunes femmes disposent d’opportunités éducatives égales au niveau de l’enseignement post-secondaire. Cependant, les étudiantes sont confrontées à des défis qui compromettent leur réussite académique, leur bien-être et leurs perspectives de carrière.
Au Sénégal où les femmes représentent environ 35 pour cent des inscrits dans l’enseignement supérieur, la demande d’enseignement post-secondaire est bien plus grande que les capacités d’accueil des établissements. Le Laboratoire Genre et Recherche Scientifique de l’Université Cheikh Anta Diop au Sénégal a découvert que le développement rapide d’établissements d’enseignement supérieur privés a ouvert des possibilités académiques aux femmes. Le pourcentage élevé des femmes inscrites dans ces établissements baisse toutefois de manière importante après la première année d’étude et la recherche menée par le Laboratoire Genre signale un certain nombre de domaines dans lesquels l’enseignement du secteur privé n’est pas favorable aux étudiantes.
Les universités publiques peuvent-elles prendre en charge le nombre croissant de jeunes femmes qui ont à présent accès à l’enseignement supérieur ? Quels sont les schémas d’admission et les taux de réussite des femmes dans l’enseignement supérieur ? Quels sont les facteurs qui contribuent à l’échec académique des femmes et quelles stratégies utilisent-elles pour s’assurer de réussir leurs études universitaires ? Quelles sont leurs perspectives professionnelles lorsqu’elles sont diplômées de l’enseignement supérieur ? En Ethiopie, les femmes représentent 24 pour cent de l’ensemble des inscrits de l’enseignement supérieur ; nombre d’entre elles bénéficient de la politique de discrimination positive du gouvernement qui soutient l’admission des femmes. Cependant, rien qu’à l’Université d’Addis Abeba, 9 pour cent des femmes ont été renvoyées pour cause d’échec académique à la fin du deuxième semestre de l’année 2007/2008 par rapport à 4 pour cent d’étudiants de sexe masculin. L’étude menée
Les études indiquent que les politiques visant à accroître les inscriptions des femmes dans l’enseignement postsecondaire doivent être accompagnées de mesures qui soutiennent les femmes à bien achever leurs études et à acquérir des compétences pertinentes aux contextes des marchés du travail.
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Conclusions et recommandations de politiques et de pratiques Les filles à l’école primaire en Afrique sont confrontées à des défis qui les empêchent d’acquérir les compétences en lecture et calcul dont elles ont besoin pour un enseignement primaire valide. La faiblesse de leurs bases les poursuivent dans l’enseignement secondaire ou nombre d’entre elles se débattent en particulier avec les sciences et les mathématiques, ce qui diminue ainsi leurs chances de continuer ces matières au niveau postsecondaire et de parvenir à entreprendre des carrières dans des domaines scientifiques et technologiques. Les filles qui ont achevé avec succès le cycle secondaire ne vont pas toutes dans l’enseignement supérieur. Celles qui le font rencontrent des difficultés liées à leurs performances académiques, à l’achèvement ainsi qu’à des problèmes sociaux liés au biais sur le genre, au harcèlement et même à la violence. Une fois que ces jeunes femmes ont terminé leurs études, elles rencontrent une autre série de défis sur le marché du travail. Bien que la lecture du paragraphe ci-dessus ne soit pas gaie, la recherche rassemblée dans ce volume a identifié des résultats positifs en matière d’éducation des filles et des femmes ces dernières années et a proposé un certain nombre de recommandations en matière de politiques et de pratiques éducatives qui peuvent s’ajouter aux tendances encourageantes si des efforts concertés sont faits pour les adopter. Enseignement primaire – améliorer les résultats scolaires des filles Les résultats d’apprentissage des filles peuvent être améliorés par la mise en œuvre de politiques garantissant la parité entre les genres, non seulement dans le recrutement des enseignants et des directeurs d’établissement, mais aussi dans les rôles qui leur sont attribués aux différents niveaux du système éducatif. A l’extérieur de l’unité familiale, le premier modèle que les enfants rencontrent et qui les influence est l’enseignant. Il est par conséquent crucial d’établir un équilibre entre les enseignants féminins et masculins tout au long de l’enseignement primaire. Les directrices ont tendance à influer sur l’équilibre entre les genres dans le corps enseignant en encourageant les enseignantes à enseigner à des niveaux plus élevés où elles sont
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actuellement sous-représentées. Les ministères de l’Education doivent aussi être encouragés à accroître le nombre de femmes enseignant dans les zones rurales, afin que les filles des zones rurales puissent bénéficier des mêmes conditions et opportunités que celles des zones urbaines. À l’heure actuelle, on trouve une proportion plus importante d’enseignantes qualifiées dans les écoles urbaines. Les attitudes et les pratiques des enseignants contribuent à créer ou à corriger les inégalités entre les genres dans les écoles. Les enseignants ont tendance à influencer les résultats scolaires des élèves en jugeant les capacités des enfants sur la base de stéréotypes de genre et en leur confiant des tâches qui reflètent implicitement les rôles que la société attribue aux hommes et aux femmes. Les programmes de formation des enseignants doivent intégrer les questions de genre et sensibiliser à la question de la création des inégalités à l’école afin de rendre les pratiques pédagogiques plus adaptées au genre. Le modèle pédagogique adapté au genre de FAWE peut devenir une composante précieuse de la formation initiale et continue des enseignants. Cependant, en ce qui concerne à la fois la relocation des enseignants en zones rurales et les interventions de développement professionnel pour tous les enseignants, il faut accorder une attention particulière aux conditions de micro-apprentissage au niveau de l’école susceptibles d’avoir un impact direct sur les performances des filles. Les situations difficiles, comme les écoles qui manquent de ressources, la taille importante des classes et le manque de soutien des enseignants, peuvent rendre impossible à des enseignants compétents d’avoir un impact. Ignorer les contextes dans lesquels les enseignants travaillent et le contexte social plus large d’éducation des filles risque de ralentir le rythme des progrès. Une autre approche pour améliorer les résultats d’apprentissage des filles recommandée par les études est de renforcer les programmes d’alphabétisation, en particulier des mères, et d’encourager la création d’association de mères. Plus les parents sont alphabétisés, plus grandes sont les chances de leurs
R enf o rcer la rec h erc h e s u r le genre en A friq u e
enfants d’aller à l’école et de réussir leurs études. Pour les filles en particulier, les mères alphabétisées jouent un rôle important pour contribuer à leur réussite académique.
des tutoriels ainsi qu’un temps de consultation pour aider les étudiantes à améliorer leur compréhension des concepts clés, à les tester au travers d’applications pratiques et à améliorer leur confiance en elles, leur indépendance et leurs performances académiques.
Enseignement secondaire – créer un environnement propice à l’apprentissage pour les filles en sciences, en mathématiques et en technologie
Enseignement supérieur – promouvoir l’équité et soutenir la réussite académique des femmes Les politiques de discrimination positive ont créé des opportunités pour permettre à davantage de femmes d’accéder à l’enseignement supérieur, cependant ces femmes ne reçoivent pas toujours le soutien dont elles ont besoin pour réaliser de solides performances académiques. La mise en œuvre réussie des politiques de discrimination positive pourrait inclure des stratégies pour garantir la réussite académique de ces étudiantes, notamment la formation à la méthodologie, les services tutoriels et le conseil.
Les performances des filles en sciences, en mathématiques et en technologie peuvent être renforcées si des politiques de genre axées sur l’établissement de l’égalité dans ces matières sont institutionnalisées au sein des structures d’apprentissage tant au niveau de l’enseignement secondaire que de l’enseignement supérieur. Bien trop souvent, ni le personnel, ni les étudiants ne connaissent les politiques de genre ou les stratégies d’intégration du genre existant au sein de leur établissement.
Les politiques de genre adoptées par les autorités éducatives doivent être effectivement mises en œuvre par les universités, les établissements d’enseignement supérieur et les autres centres d’apprentissage si l’on veut que l’égalité entre les genres dans l’enseignement supérieur devienne une réalité. Les mesures visant à sensibiliser les décideurs, les personnels enseignants et administratifs et les autres parties prenantes clés de l’enseignement supérieur et à renforcer leurs capacités à intégrer les politiques de genre sont essentielles. Elles pourraient inclure des campagnes de plaidoyer sur les politiques de genre et des études basées sur des données désagrégées par sexe qui souligneront les tendances éducatives à partir de la perspective du genre. Les campagnes de sensibilisation sur les questions relatives au genre dans l’enseignement supérieur doivent également cibler les étudiants et leurs parents.
Il est crucial de renforcer les capacités des enseignants du primaire à comprendre et à enseigner les sciences et les mathématiques au niveau de leur formation initiale pour améliorer les performances au niveau de l’enseignement post-primaire. Le désavantage des filles en mathématiques s’aggrave tout au long du cycle primaire et de faibles bases en sciences et en mathématiques affectent au final leurs performances dans ces matières au niveau de l’enseignement secondaire. De plus, afin d’améliorer la méthodologie d’enseignement et les résultats d’apprentissage dans les écoles secondaires, le corps enseignant ne doit pas seulement être formé dans la matière concernée, mais aussi en pédagogie. Les curricula doivent aussi être adaptés aux contextes dans lesquels les élèves vivent et apprennent. Nouer des partenariats entre les écoles secondaires et les universités est un moyen précieux de renforcer les bases des étudiants en sciences, en mathématiques et en technologie et de corriger les attitudes négatives. Les écoles secondaires peuvent aider à stimuler la participation des étudiantes au niveau de l’enseignement supérieur en identifiant celles capables de bien réussir et en offrant des encouragements, comme des prix, à celles qui réussissent bien. Les établissements d’apprentissage doivent aussi offrir des programmes connexes, des cours de remise à niveau et
Une politique clairement définie sur le harcèlement sexuel doit aussi être institutionnalisée dans les centres d’enseignement supérieur et appliquée avec rigueur. La violence et le harcèlement sexuel sont de graves défis à la participation des étudiantes aux activités académiques, extra-curriculaires et sociales. De plus, les politiques éducatives doivent faciliter la réadmission des femmes qui ont eu des enfants dans leur cycle d’études.
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C onclusions et recommandations de politi q ues et de prati q ues
Les services de soutien aux étudiantes sont essentiels au sein des établissements d’apprentissage, y compris pour les femmes qui se déplacent des zones rurales aux zones urbaines pour poursuivre leurs études. Les bureaux Genre, les clubs de femmes, les garderies pour les étudiantes qui ont de jeunes enfants, les services de santé sexuelle et reproductive et de droits, le conseil et l’orientation professionnelle peuvent tous contribuer à construire un environnement d’apprentissage plus sûr et plus propice aux étudiantes. Les services auprès desquels les étudiantes peuvent rapporter les cas de violence, d’abus sexuels, de harcèlement et les autres questions qui les préoccupent sont tout
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aussi importants. De plus, les infrastructures et les équipements incluant l’hébergement et les installations sanitaires doivent être sensibles au genre et offrir des conditions de vie sûres et saines pour les femmes sur les campus. Les recommandations formulées ci-dessus forment la base du dialogue et de l’engagement à tous les niveaux des systèmes éducatifs d’Afrique subsaharienne. On espère que des actions de plaidoyer nourries basées sur ces recommandations influeront sur les parties prenantes de l’éducation pour agir de manière plus sensible au genre sur le continent.
L’égalité entre les genres en éducation est la première préoccupation de la Déclaration mondiale sur l’Education pour Tous. Au-delà de la parité en matière d’accès, des questions très pertinentes se posent sur la qualité et la pertinence de l’éducation ainsi que sur les résultats scolaires. Les femmes et les filles sont désavantagées en termes de résultats d’apprentissage et de chances de réussir dans la vie. C’est le défi que doivent relever les pays africains s’ils veulent atteindre leurs objectifs de développement. Ce premier volume des documents de recherche du FAWE pose un certain nombre de questions visant à stimuler la réflexion, le dialogue et l’action pour corriger ce désavantage. Quelle est la relation entre le genre de l’élève et la réussite scolaire ? Quels sont les facteurs qui contribuent à l’écart entre les résultats scolaires des filles et ceux des garçons ? Quelle est la relation entre le genre de l’enseignant et ses connaissances ? Existe-t-il un lien entre la présence d’enseignantes compétentes dans les établissements d’enseignement et les performances des filles ? Existe-t-il un schéma de ces relations et ces facteurs dans les pays africains ? Pourquoi les filles sont-elles moins susceptibles de choisir les sciences, les mathématiques et la technologie au niveau des enseignements secondaire et supérieur ? Quels sont les processus sociaux au sein des établissements d’enseignement susceptibles de favoriser la participation des filles et des femmes dans l’éducation ? Quelles stratégies les femmes utilisent-elles pour s’assurer de réussir leurs études universitaires ? Et quelles sont leurs perspectives de carrière une fois qu’elles sont diplômées de l’enseignement supérieur ? L’initiative de recherche du FAWE au titre de laquelle ces études ont été menées a été mise en place comme un moyen de renforcer la recherche sur le genre en vue d’améliorer l’éducation des filles et des femmes en Afrique. Elle cherche à définir l’agenda du genre et de l’éducation en Afrique subsaharienne et à instaurer un dialogue constructif avec les gouvernements, les responsables politiques et les autres instances régionales sur les approches et les stratégies appropriées à adopter dans le domaine des droits des femmes à l’éducation. Le FAWE espère que les questions soulevées dans ce volume et les résultats qui en ont émergé influeront sur les responsables et les décideurs politiques, afin qu’ils agissent résolument pour corriger les inégalités entre les genres qui empêchent les femmes et les filles de profiter de leur droit à l’éducation et leur participation active au développement social et économique de l’Afrique.
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