Malawi (FR)

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Note de synthèse

Aperçu des politiques et pratiques existantes en matière de politiques de réinsertion des mères adolescentes au Malawi

F A W E
FAWE Forum for African Women Educa�onalists Forum des éducatrices africaines FAWE Malawi

Introduction

Le présent document de politique générale met en lumière les politiques et pratiques existantes en matière de réintégration scolaire pour les mères adolescentes au Malawi. Il s’inspire en partie des conclusions de l’étude nationale et du rapport de 2014 sur l’évaluation des progrès réalisés dans l’amélioration de l’accès des filles à l’éducation, et s’appuie sur celles-ci. Cette étude de 2014 s’est concentrée sur la politique de réadmission et d’autres politiques connexes au Malawi. Cependant, l’étude actuelle se penche sur les cadres institutionnels existants–y compris les lois, les politiques et les directives. Elle examine ensuite la fonctionnalité des cadres institutionnels existants. L’étude examine également les lacunes et les succès existants afin d’identifier les prochaines étapes pour les domaines politiques prioritaires. Sur la base de cette analyse, le document conclut en fournissant des recommandations qui devraient être prises en compte pour amener le paysage politique de la réinsertion scolaire des mères adolescentes au Malawi à se conformer aux normes et standards internationaux convenus dans le respect des droits éducatifs des mères adolescentes.

Selon le rapport de l’enquête démographique et de santé (EDS) de 2016, au Malawi, 29% des femmes et des jeunes filles âgées de 15 à 19 ans ont eu une naissance vivante ou sont enceintes, et 47% des jeunes filles se marient avant l’âge de 18 ans.1 Cela va à l’encontre de la politique gouvernementale, qui rend obligatoire la scolarisation de toute personne âgée de moins de 18 ans.2 L’éducation obligatoire pour les enfants de moins de 18 ans est censée dissuader les mariages d’enfants et prévenir les grossesses chez les adolescentes jusqu’à la fin de l’enseignement secondaire. En outre, le gouvernement a interdit les mariages d’enfants de moins de 18 ans. Si le gouvernement a fait de grands progrès dans le développement de l’éducation universelle, il reste encore beaucoup à faire pour que ces politiques aient l’effet escompté. Les mariages précoces et les grossesses d’adolescentes continuent d’affecter la rétention scolaire et le niveau d’éducation des filles.

Le contexte de la politique

Les directives révisées pour la mise en œuvre de la politique de réadmission visent à améliorer la rétention des filles dans les écoles primaires et secondaires. Le ministère des Sciences, de l’Éducation et de la Technologie (MoEST) a révisé la politique de réadmission en 2018 afin de simplifier sa mise en œuvre et de la confier aux écoles. L’objectif est d’accroître la scolarisation, la rétention et l’achèvement de la phase d’éducation de base. La politique garantit également l’existence de mécanismes de soutien spéciaux aux niveaux

familial et communautaire pour aider les parents adolescents. Elle fournit des conseils à toutes les parties prenantes du secteur de l’éducation sur la réadmission des filles qui tombent enceintes et des garçons responsables de la grossesse.

Les filles ne sont pas autorisées à rester à l’école mais sont censées retourner en classe un an après l’accouchement.

Cela n’est possible que si la rentrée scolaire tombe au début du premier trimestre du calendrier académique. Essentiellement, si les six mois tombent après ou avant le premier trimestre, la période de rentrée scolaire peut également être étendue à plus d’un an. Sur une note positive, la politique de réadmission reconnaît les défis auxquels sont confrontées les jeunes femmes qui cherchent à réintégrer le système, notamment la stigmatisation de la part des enseignants et des pairs, les problèmes d’alimentation du nourrisson et le manque de possibilités de garde d’enfants. Elle propose un certain nombre de mécanismes pour y remédier et attribue la responsabilité aux différents niveaux de gouvernement, aux écoles et aux familles de relever les défis identifiés. La réadmission reconnaît également l’importance d’une éducation sexuelle complète pour enrayer les grossesses chez les adolescentes, et demande que des efforts soient faits pour la fournir aux apprenants de manière appropriée.

Cela dit, dans une certaine mesure, la politique reste lourde sur le plan bureaucratique, puisqu’elle exige qu’une adolescente enceinte écrive une lettre pour se retirer de l’école, attende au moins un an avant de chercher à réintégrer l’école après avoir accouché, et fasse une nouvelle demande de réadmission. La mise en œuvre de cette politique a également posé des problèmes. Dans certaines régions, les enseignants et les groupes de mères l’ont adoptée et s’efforcent de faire en sorte que les mères adolescentes reprennent leurs études. Dans d’autres zones, cependant, sa mise en œuvre reste inégale et désordonnée, les enseignants et les administrateurs statuant sur les retours à l’école au cas par cas. Les jeunes pères, qui sont également censés être suspendus, sont rarement obligés de quitter l’école3. Sur une note plus positive, il n’est pas nécessaire d’obtenir un certificat du personnel médical pour vérifier l’aptitude des filles à retourner à l’école.

Il existe des facteurs contextuels et des obstacles qui entravent la mise en œuvre complète et efficace de la politique. Pour que la politique de réadmission ait l’effet escompté sur les mères adolescentes, ces obstacles devront être levés. Ces barrières comprennent :

1 Office national de la statistique (ONS) [Malawi] et ICF 2017. Enquête démographique et sanitaire du Malawi 2015-16. Zomba, Malawi, et Rockville, Maryland, États-Unis. NSO et ICF. pp.56-73.

2 Section 13 de la loi sur l’éducation, 2013

3 https://www.anthropology-news.org/index.php/2019/05/02/readmission-policy-and-state-ngo-funder-relations-in-malawi/

Lacunes et opportunités de changement Facteurs sociaux et culturels

Les grossesses d’adolescentes et les abandons scolaires s’inscrivent dans un réseau complexe de normes sociales et culturelles relatives au mariage qui façonnent la compréhension et les pratiques des parents et de la communauté au sens large. Ces normes font qu’il est socialement acceptable pour les parents d’envoyer leurs filles enceintes en mariage, quel que soit leur niveau d’éducation ou, pire encore, leur âge. La grossesse chez les adolescentes est perçue comme un indicateur de la maturité d’une fille ; elle signale qu’elle est mûre pour le mariage, même si elle n’a pas encore 18 ans.

Les attitudes accommodantes de la plupart des parents et des communautés à l’égard des mariages d’enfants militent contre la mise en œuvre efficace de la politique de réadmission. La plupart des communautés et des parents considèrent le mariage des adolescents comme souhaitable et comme une réussite. L’étude a établi que dans les foyers où de telles attitudes sont prédominantes, les adolescentes sont socialisées à croire et à attendre le mariage précoce comme une pratique acceptable. L’étude a également révélé que les parents et les adolescents qui ont de telles opinions ne connaissent pas la politique de réadmission. Les enseignants ont exprimé leur frustration à travailler contre ces pratiques culturelles fortement ancrées, et ils ont observé que les groupes de mères ne trouvent pas plus facile de convaincre les parents de renvoyer leurs enfants à l’école après l’accouchement. Souvent, ces mères adolescentes suivent la décision de leurs parents et se marient dès l’âge de 14 ans.

Les groupes de mères, les enseignants et les autres intervenants qui suivent physiquement les filles enceintes et les jeunes mères pour les convaincre de retourner à l’école se heurtent à une forte résistance des parents et sont parfois victimes d’insultes verbales. Les motivations pour ne pas vouloir renvoyer les filles à l’école sont souvent d’ordre économique. Les parents des mères adolescentes exigent souvent de l’argent à l’homme responsable de la grossesse. Certains parents voient dans la grossesse de leur fille une occasion de gagner de l’argent.

D’autres pratiques culturelles au Malawi renforcent l’attitude des parents et de la communauté envers les grossesses et les mariages d’enfants. Par exemple, lors de la collecte de données pour cette étude, les rites d’initiation sont apparus comme un facteur important de grossesses et de mariages précoces. Les enseignants ont particulièrement exprimé leur mécontentement à l’égard des cérémonies d’initiation car ils affirment que certains des sujets abordés lors de ces cérémonies ont un contenu adulte qui éveille la curiosité sexuelle des jeunes filles et garçons. Ces pratiques culturelles font croire aux enfants qu’ils sont des adultes et qu’ils sont

donc capables d’adopter un comportement d’adulte, y compris le sexe et le mariage.

Ces pratiques violent les lois existantes et la politique gouvernementale. Le fait de se marier, d’avoir des relations sexuelles avec un enfant de moins de 18 ans ou de le donner en mariage constitue un délit pénal. Ces dispositions légales claires ont peu d’impact dans la plupart des zones rurales où l’ignorance de cette loi est associée à sa faible application. La mise en œuvre de la politique de réadmission au sein de ces populations n’a pas été optimale. Le FAWEMA et d’autres organisations travaillant sur la grossesse des adolescentes et la réinsertion scolaire indiquent qu’ils intensifient les séances de sensibilisation dans les écoles peu après les cérémonies d’initiation. Les cérémonies d’initiation ont lieu principalement pendant les longues vacances d’été. Cette période coïncide également avec les pics les plus importants d’abandons scolaires.

Pression des pairs et pauvreté

La pression et l’influence des pairs chez les adolescents entraînent des abandons scolaires. À Lilongwe, par exemple, l’étude a établi que la pression des pairs contraint les filles des foyers socio-économiques les plus modestes à adopter un comportement sexuel risqué pour financer leur éducation. Lorsque l’incapacité des parents à fournir les ressources de base dont leurs filles ont besoin est aggravée par la pression des pairs et l’influence des autres filles, certaines d’entre elles ont recours à des relations sexuelles intergénérationnelles pour pouvoir acheter du matériel scolaire comme des livres, des uniformes et d’autres besoins scolaires. De plus, certains parents pauvres peuvent encourager leurs adolescentes à se marier pour des raisons purement économiques, afin d’augmenter les revenus du foyer.4 Les filles de ces foyers recherchent donc des hommes qui ont des moyens matériels et financiers.

À Mzimba, par exemple, de nombreux jeunes hommes travaillent comme travailleurs migrants en Afrique du Sud. Ces jeunes hommes attirent les adolescentes avec des objets matériels qu’ils ramènent chez eux. En conséquence, les filles finissent par être enceintes et abandonnent l’école. Lorsque d’autres adolescents voient le changement de statut économique des adolescents mariés, certains sont tentés de suivre le mouvement. Les enseignants et les groupes de mères trouvent particulièrement difficile de sauver les filles des mariages précoces et de les réintégrer à l’école. Dans certaines régions, on a constaté un succès considérable dans le retour des filles à l’école grâce aux interventions d’organisations comme l’UNICEF. 5 Une fille ciblée par l’UNICEF a indiqué qu’elle opérait en fait à partir du domicile de son mari. Bien qu’anecdotique, certaines personnes pensent que certaines filles sont incitées à retourner à l’école en raison de l’aide matérielle offerte par l’UNICEF plutôt que

4 Ministre du Genre, du Développement communautaire et du Bien-être social, ‘A Rapid Assessment Study of Teenage Pregnancies and Child Marriages During COVID-19 in Malawi’, pp.14.

5 L’UNICEF mène un projet de réintégration des filles dans les écoles dans six districts, ciblant cent filles dans chaque district.

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par une réelle volonté de poursuivre leur éducation. Malgré ces points de vue divergents, le facteur le plus important reste la facilitation du retour à l’école et le maintien du niveau d’éducation.

Il existe des exceptions à l’influence négative des pairs. Cette étude a documenté l’exemple de l’école primaire Bunda à Lilongwe, qui connaît un taux d’abandon scolaire plus faible que les autres écoles de Lilongwe Rural East. Les enseignants ont attribué cela au fait que l’école est située sur le campus de l’Université d’Agriculture et de Ressources Naturelles de Lilongwe.

Les étudiants de l’université se rendent souvent à l’école et offrent aux enfants un mentorat ou des discussions sur leur carrière. Il s’agit d’un engagement volontaire de la part des étudiants de l’université eux-mêmes.

Fourniture inadéquate de ressources d’apprentissage

Ces dernières années, le gouvernement et ses partenaires de développement ont augmenté la fourniture de ressources pédagogiques aux écoles et aux apprenants, y compris l’équipement des écoles. Cependant, ces dispositions n’ont pas répondu à la demande existante des écoles et des apprenants. Pour combler cette lacune, des organisations comme FAWEMA et l’UNICEF complètent ce rôle. Le FAWEMA, par le biais de son projet « Keeping Girls in School » (Garder les filles à l’école), a amélioré les taux de scolarisation et de rétention et réduit considérablement l’absentéisme dans les écoles. De même, dans les districts ou les écoles où l’UNICEF mène des interventions, le taux de scolarisation et de rétention des filles reste élevé. L’aide apportée par les organismes non étatiques souffre souvent d’un manque de durabilité et échoue souvent au niveau de l’institutionnalisation dans les politiques, la planification et les budgets gouvernementaux.

Manque de sensibilisation aux cadres politiques et législatifs pertinents

Les membres de la communauté ont une connaissance limitée des lois et politiques pertinentes qui régissent l’éducation au Malawi, y compris la politique de réadmission. Il en résulte une approche de laissez-faire de l’éducation des filles, en particulier dans les zones rurales. Cette étude a révélé un manque flagrant de sensibilisation des parents, aggravé par le faible niveau d’éducation de ces derniers. En général, les parents qui n’ont jamais fait d’études ou ceux qui en ont très peu n’apprécient pas la valeur de l’éducation. Il est peu probable qu’ils imposent la réinscription de leurs filles à l’école après l’accouchement. Cela devient un cercle vicieux qui nourrit et alimente l’analphabétisme et la pauvreté transgénérationnels dans ces régions.

L’ignorance par les parents des lois et des politiques gouvernementales ou leur apathie à l’égard de ces lois est

renforcée par la faible application de ces dernières par les agences gouvernementales de niveau inférieur chargées de la mise en œuvre des politiques et/ou de l’application des lois. Par exemple, le code pénal criminalise le mariage des enfants de moins de 18 ans, tandis que la loi de 2017 sur le VIH et le sida (prévention et gestion) comporte une liste de pratiques socioculturelles jugées nuisibles et donc interdites dans le pays. Certaines d’entre elles ont trait aux cérémonies d’initiation. L’application de ces lois et politiques pourrait garantir une mise en œuvre efficace de la politique de réadmission, mais la faiblesse de l’application signifie que cette tâche est souvent laissée aux enseignants et aux groupes de mères. En outre, l’absence d’un mécanisme de suivi tangible permettant de comptabiliser toutes les filles qui abandonnent l’école pour cause de grossesse aggrave encore le problème.

L’impact de la pandémie du COVID-19

Le COVID-19 a gravement perturbé l’éducation sur de multiples fronts. Avec la reprise de l’enseignement, les enfants ont dû apprendre en deux équipes alternées, les plus jeunes et les personnes handicapées trouvant difficile et risqué de parcourir les longues distances pour assister aux cours de l’après-midi. Cette pratique a été introduite pendant la saison agricole, lorsque la plupart des zones rurales sont généralement couvertes de végétation et de cultures comme le maïs. Cela a ajouté une couche de danger et d’insécurité pour les filles et les jeunes enfants. Dans l’est rural de Lilongwe, qui est sujet au banditisme, certains enfants choisissent de ne pas aller à l’école, en particulier les plus jeunes choisissent de ne pas aller à l’école, en particulier l’après-midi, car ils ont peur de rentrer chez eux tard le soir.6

Cette étude a établi que la vague d’abandons scolaires chez les filles a été considérablement aggravée par la pandémie de COVID-19. Un rapport d’évaluation rapide du ministère du Genre, du Développement communautaire et du Bien-être social7 a révélé que les cas de mariages d’enfants ont également augmenté dans tous les districts du pays au cours de l’année de la pandémie de COVID-19. Il existe des preuves d’une recrudescence des grossesses chez les adolescentes et des mariages d’enfants pendant la période de la pandémie.

Les preuves indiquent que Salima a enregistré une augmentation de 11,5% (la plus faible) tandis que Mangochi a enregistré une augmentation de 99% (la plus élevée). L’évaluation a également établi qu’il y avait une tendance à la hausse des grossesses chez les adolescentes au cours de la même période. Par exemple, les grossesses chez les adolescentes ont augmenté de 99% à Phalombe, l’un des districts ciblés par cette étude.

Le district de Blantyre est particulièrement intéressant car il enregistre qu’en une seule année (période COVID-19), un total de 3 728 enfants ont abandonné l’école et que sur ce chiffre, 2 064 étaient des filles, ce qui représente environ 55% du taux total d’abandon. Intuitivement, ces chiffres indiquent des mariages précoces et des grossesses précoces. Il est

6 Selon le PEA du TDC de Chiseka, le service de l’après-midi se termine à 16 heures.

7 Ministre du Genre, du Développement communautaire et du Bien-être social, ‘ibid. pp.3-13.

hautement improbable que tous ces abandons puissent être sauvés et réintégrés dans les écoles.

Le MoEST a autorisé les filles qui sont tombées enceintes pendant la longue pause du COVID-19 à passer leurs examens tout en étant enceintes. Cependant, sur le terrain, il a fallu l’intérêt et l’engagement personnels des enseignants pour faire appliquer la directive ministérielle. Les enseignants étaient particulièrement préoccupés par certains élèves qu’ils jugeaient intelligents et qui avaient le potentiel pour passer au niveau supérieur. Cependant, la plupart de ces filles ne sont jamais retournées à l’école, optant pour le mariage. Inévitablement, les effets de la pandémie de COVID-19 ont été délétères sur l’éducation des filles et nécessiteront des interventions durables à long terme pour réparer les dégâts.

Lacunes dans la mise en œuvre de la politique

Le cadre politique et législatif du Malawi en matière de réinsertion est progressif mais sa mise en œuvre reste aléatoire. La mise en œuvre effective semble incomber aux enseignants et aux PEA, qui sont conscients de son existence. Cependant, la plupart des écoles, notamment les écoles primaires rurales, ne disposent pas d’exemplaires de la politique. La sensibilisation dans les écoles est transmise de bouche à oreille par les CDT aux directeurs d’école. Même au niveau des CDT, certains PEA ont un exemplaire de la politique, d’autres non. Il semble également que les directives relatives à la version révisée de la politique n’aient été mises à disposition que l’année dernière.

Presque tous les documents politiques et législatifs sont facilement accessibles sur le site Web du MoEST. Cependant, pour la plupart des écoles rurales qui n’ont pas d’ordinateur ni d’accès à Internet, l’obtention de ces documents peut s’avérer difficile. La plupart des enseignants ne connaissent même pas l’existence du site web et des documents téléchargeables. La politique prévoit que les formulaires d’abandon et de réadmission des apprenants soient signés par l’apprenant, le chef d’établissement et les parents, mais ces formulaires ne sont pas disponibles dans les écoles, ni en ligne. Certaines écoles ont eu recours à la conception de leurs propres formulaires, tandis que d’autres sont restées fidèles à la vieille école qui consiste à écrire des lettres (rédigées par l’apprenant ou les parents) à la fois pour l’abandon de l’école et la réadmission.

La date de retour à l’école après l’accouchement est également appliquée de manière désordonnée. Les enseignants conviennent de la nécessité de libérer les filles enceintes dès qu’il est détecté qu’une fille est enceinte, mais diffèrent sur les procédures de réintégration. Cependant, la plupart des enseignants insistent pour que les filles soient réadmises au début du premier trimestre. Pour ce qui est de la durée du repos de maternité, les réponses varient de deux semaines à un an. Le FAWEMA a indiqué que la période est d’un an alors que la politique indique six mois.8 Enfin, un autre domaine critique dont la mise en œuvre doit encore être

synchronisée est la fourniture d’un soutien psychosocial et de conseils. Sur une note positive, l’idée de jumeler les filles qui reviennent avec des mentors est un moyen louable de réintégrer la fille dans l’école. Les enseignants sont également chargés de conseiller la jeune fille et l’ensemble de l’école afin d’éviter toute violence verbale à son encontre. Cependant, il n’existe pas de programme standard que les enseignants peuvent suivre pour s’assurer que les filles sont pleinement réintégrées dans les écoles. Certaines écoles ont indiqué que parfois, certaines filles continuent d’abandonner l’école après y être retournées, préférant se marier ou simplement rester à la maison. Le fait d’abandonner après avoir été réadmis est un signe clair de l’échec du changement de mentalité de l’enfant. L’approche désordonnée du conseil, telle qu’elle a été constatée au cours de l’étude, n’est manifestement pas un moyen efficace d’assurer une réintégration durable.

Recommandations

Sur la base des résultats de l’étude, les recommandations suivantes sont formulées

1. Il est nécessaire de sensibiliser largement à la politique de réadmission. Cette sensibilisation devrait idéalement être menée par une approche multipartite qui implique le gouvernement, la société civile, les écoles, les chefs religieux et les structures communautaires. Des messages simples, mais cohérents et constants, véhiculés dans un langage et des médias appropriés à travers le pays, sont nécessaires pour sensibiliser le public à la politique, à son contenu et aux conséquences de la non-adhésion. La politique de réadmission fait partie d’un cadre institutionnel lié à la loi sur la prévention et la gestion du VIH et du SIDA et au code pénal. La sensibilisation à la politique devrait être liée aux dispositions de la loi et du code.

2. Le gouvernement devrait instituer des mécanismes pour renforcer la mise en œuvre de la politique. Ces mécanismes devraient inclure le soutien aux fonctionnaires au niveau du district afin qu’ils soient en mesure de surveiller et d’appliquer efficacement la mise en œuvre de la politique. Lorsque cela est nécessaire et approprié, des règlements doivent être créés pour permettre l’application des politiques. Dans le cadre du renforcement de la mise en œuvre de la politique, un système solide de contrôle et de suivi doit être disponible pour vérifier que les écoles et les parents respectent la politique. Ces données de suivi devraient être examinées périodiquement à des fins de mise en œuvre de la politique, mais aussi d’apprentissage et de prise de décision.

3. Des efforts louables sont déployés par le gouvernement pour soutenir les apprenants avec des ressources d’apprentissage de base, pour former et recruter davantage d’enseignants et pour améliorer l’infrastructure des écoles. Cependant, le message qui

8 La période de six mois a été étendue à un an après consultation des parties prenantes, mais le document de politique n’a pas été modifié.

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ressort à la fois de l’examen des documents et des entretiens est que les dispositions prises jusqu’à présent restent largement insuffisantes. Le gouvernement devrait envisager d’augmenter son soutien au matériel d’apprentissage, en particulier dans les écoles qui accueillent principalement des enfants issus des couches sociales économiques inférieures.

4. Le gouvernement devrait envisager de développer et d’institutionnaliser un programme complet de conseil pour les adolescents (garçons et filles), les copains, les mentors et les autres groupes vulnérables à l’école. Le conseil aux jeunes mères allaitantes devrait se poursuivre même pendant leurs vacances de maternité afin de les préparer à leur retour à l’école.

5. Il est urgent de mettre en place un programme standardisé pour le mentorat, avec des directives claires sur la manière de procéder, ainsi qu’un programme de formation pour les enseignants et les élèves mentors. Dans un tel cadre, il est important d’institutionnaliser et de formaliser la relation copain/mentor avec un programme de conseil pertinent pour cette relation. Ce cadre devrait être étendu pour inclure les groupes de mères et les parents/soignants afin qu’un continuum de mentorat soit développé depuis le foyer jusqu’aux niveaux communautaire et scolaire.

6. Le gouvernement devrait adopter une approche décentralisée de la prise de décision qui permette aux districts et aux écoles d’adapter les programmes d’apprentissage à ce qui fonctionne dans les contextes locaux à la lumière de Covid-19. Une approche uniforme n’est pas adaptée à des dynamiques contextuellement variées face à la Covid-19.

7. Le ministère de l’éducation, de la science et de la technologie doit accorder une attention particulière aux ménages dirigés par des enfants afin d’éviter qu’ils n’abandonnent l’école par manque de soins et de conseils de la part de leurs parents. Les ménages dirigés par des enfants doivent être mis en relation avec des groupes de mères et ces derniers doivent être soutenus pour les mettre en relation avec des écoles et d’autres mécanismes de soutien social et économique.

8. Il est nécessaire que le gouvernement mette à disposition les formulaires de retrait et de réadmission dans les écoles. Ces formulaires devraient indiquer explicitement la date à laquelle une fille est censée revenir à l’école, ce qui facilitera le suivi. Enfin, le gouvernement doit envisager de supprimer l’exigence des formulaires de retrait et de réadmission comme condition de réadmission, et envisager en outre d’autoriser les adolescentes enceintes à poursuivre leur éducation jusqu’à ce qu’il devienne médicalement impossible de poursuivre leurs études.

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