Namibia (FR)

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Note de synthèse

Aperçu des politiques et pratiques existantes en matière de politiques de réinsertion des

F A W E FAWE Forum for African Women Educa�onalists Forum des éducatrices africaines
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© Photo Credits: FAWE Malawi

Cette note d’orientation met en lumière les politiques et pratiques existantes en matière de réinsertion scolaire des mères adolescentes en Namibie. Elle s’inspire des recherches et des rapports nationaux sur les politiques de réinsertion scolaire des mères adolescentes en Namibie. Elle examine les cadres institutionnels existants, notamment les lois, les politiques et les directives. It then examines the functionality of existing institutional frameworks. Elle examine ensuite la fonctionnalité des cadres institutionnels existants. Sur la base de cette analyse, le document conclut en fournissant des recommandations qui devraient être prises en compte pour que le paysage politique de la réinsertion scolaire des mères adolescentes en Namibie soit conforme aux normes et standards internationaux convenus en matière de respect des droits des mères adolescentes à l’éducation.

Contexte politique des politiques de réinsertion scolaire des mères adolescentes

La politique du secteur de l’éducation pour la prévention et la gestion des grossesses d’apprenants de 20091 de la Namibie vise à améliorer la prévention et la gestion des grossesses d’apprenants, à diminuer le nombre de grossesses d’apprenants et à augmenter le nombre d’apprenantsparents qui terminent leur scolarité. Cette politique constitue donc une reconnaissance explicite du droit des filles à l’éducation, y compris des filles qui tombent enceintes avant d’avoir terminé leurs études. En outre, la politique exige que les professionnels de la santé et les conseillers scolaires dans les écoles soient autorisés à dispenser des formations et à organiser des séances régulières de partage d’informations sur des sujets liés à la santé génésique ; l’enseignement d’une éducation sexuelle complète à tous les apprenants à partir de la quatrième année ou à un âge approprié ; et l’orientation des apprenantes enceintes vers les travailleurs sociaux du ministère chargé de la protection de l’enfance, en particulier les orphelins et les enfants vulnérables, afin qu’elles puissent obtenir des informations pertinentes sur la garde des enfants et les obligations légales.

La politique exige que les apprenantes enceintes fournissent un certificat médical d’un prestataire de soins de santé attestant qu’elles peuvent poursuivre leur scolarité en toute sécurité si elles souhaitent rester à l’école au-delà de 26 semaines (6 mois) de grossesse. Si l’apprenante enceinte ne donne pas les informations requises par l’école et ne donne pas d’explication raisonnable, elle peut se voir accorder un congé jusqu’à son accouchement. La politique exige des directeurs d’école qu’ils préservent la stricte confidentialité de toute information médicale fournie par l’apprenante afin de protéger le droit de l’apprenante à la vie privée. La jeune

fille peut choisir de poursuivre son éducation à l’école jusqu’à 4 semaines avant la date prévue de son accouchement, tel que certifié par un prestataire de soins de santé, ou prendre un congé à partir d’une date antérieure si cela est conseillé par un prestataire de soins de santé pour des raisons médicales, ou si elle se sent incapable ou non désireuse de continuer à fréquenter l’école à n’importe quel stade de la grossesse.

La politique prévoit que la jeune fille peut poursuivre ses études après l’accouchement. L’apprenante peut choisir de retourner à l’école dès qu’elle peut fournir les documents exigés, ou elle peut choisir de prendre un congé plus long, d’une durée maximale d’une année civile, à partir de la date à laquelle elle a quitté l’école en raison de sa grossesse. Elle pourra prendre un congé un peu plus longuement pendant que l’école lui reserve sa place. Afin de s’assurer que sa place à l’école est réservée pendant son congé, l’apprenant et sa famille doivent maintenir une communication claire avec l’école concernant la date à laquelle il a l’intention de revenir. La politique fixe plusieurs conditions à remplir avant qu’une mère adolescente puisse être réadmise. Tout d’abord, un travailleur social (ou le directeur si aucun travailleur social n’est disponible) doit être convaincu que le nourrisson sera pris en charge par un adulte responsable. Deuxièmement, un prestataire de soins de santé doit fournir une déclaration précisant que l’apprenante-mère est dans un état de santé et de bien-être convenable. Troisièmement, l’apprenante-mère et ses parents, le gardien principal ou le tuteur doivent fournir une déclaration signée expliquant comment le nourrisson sera pris en charge et s’engager à maintenir une communication ouverte avec l’école. Ces réglementations peuvent être potentiellement limitatives et, bien que l’intention soit de garantir la sécurité et le bien-être de la mère adolescente et de son nouveau-né, les exigences imposent des conditions inutiles à la jeune fille.

Les entretiens avec les informateurs clés et les entretiens approfondis ont révélé que les écoles autorisent les apprenantes enceintes à poursuivre leur scolarité. Lorsqu’on découvre qu’une apprenante est enceinte, elle est immédiatement orientée vers les enseignants en compétences de vie, qui lui prodiguent des conseils, notamment en ce qui concerne la durée pendant laquelle elle peut continuer à suivre les cours, jusqu’à 8 mois, et rentrer chez elle un mois avant l’accouchement. Les entretiens ont également confirmé que les mères apprenantes sont autorisées à retourner à l’école trois à quatre semaines après l’accouchement avec une lettre de soutien d’un agent social, qui évalue et confirme que la mère apprenante et le bébé sont en bonne santé et que la mère adolescente est apte à retourner à l’école, à condition que quelqu’un soit identifié pour s’occuper du nourisson.

1 http://www.moe.gov.na/files/downloads/99b_Learner%20Pregnancy%20policy%20final%202010-10-18.pdf

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Introduction
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Grossesse chez les

situation et les principaux facteurs de motivation

La prévalence des grossesses chez les adolescentes en Namibie s’élève à 19 % (UNFPA, 2018). Plus d’un quart (26%) et environ un tiers (33,3%) des adolescentes âgées de 15 à 19 ans ayant commencé à avoir des enfants à l’âge de 18 et 19 ans, respectivement. Les données sur les grossesses chez les adolescentes en Namibie, issues du système d’information sur la santé du ministère de la Santé et des Services sociaux, montrent qu’il y a des filles de moins de 15 ans qui se sont rendues pour la première fois dans les services de soins prénatals. Bien que ce chiffre soit inférieur à celui des jeunes filles âgées de 15 à 19 ans, les grossesses chez les adolescentes restent un sujet de préoccupation majeur dans le pays. Les données mettent en évidence le fait qu’entre janvier 2018 et octobre 2021, un total de 51 829 adolescentes enceintes ont payé leur première visite à la CPN pour des services prénataux, dont 1 879 (4%) avaient moins de 15 ans. Cependant, il a également été révélé lors des entretiens avec l’une des enseignantes, au moment de l’entretien, en juin 2021, qu’elle avait une adolescente enceinte de 12 ans en 7e année qui suivait toujours les cours alors qu’elle devait accoucher dans un mois, c’est-à-dire en juillet 2021.

La fécondité des adolescentes contribue grandement à la fois à la décélération du taux de réduction de la fécondité et au décrochage scolaire. Cette étude a trouvé des preuves anecdotiques que le nombre de grossesses chez les adolescentes pourrait avoir augmenté au cours de l’année écoulée, sur la base des rapports des médias sur les grossesses chez les apprenants pendant le confinementoccasionné par la Covid-19. À titre d’illustration, un enseignant interrogé dans le cadre de cette étude a indiqué qu’au cours de la seule année 2020, 29 filles sur environ 200 (15 %) sont tombées enceintes dans leur école, qui compte au total 459 apprenants. En outre, 6 filles de la même école étaient déjà tombées enceintes en mars 2021.

En Namibie, la prévalence des grossesses adolescentes est la plus élevée dans les régions du nord du pays, à Omusati, Ohangwena, les 2 Kavango (est et ouest) et le Zambèze. Ce sont les régions les plus pauvres du pays (NPC,2018). On croit, par exemple, que les filles sont initiées à 14 ans, lorsqu’elles ont leurs premières règles, et les initiateurs sont, dans la plupart des cas, les tantes, qui font comprendre aux filles que cette initiation représente le passage de l’enfance à la féminité, et que l’un des aspects de cette dernière est que la fille peut maintenant “satisfaire les hommes sexuellement”. Cette situation est contraire aux normes des droits de l’homme, aux lois nationales et même au programme d’enseignement des compétences nécessaires à la vie

2 The Namibian Newspaper du 19 novembre 2020.

courante, qui considèrent toute personne âgée de moins de 18 ans comme un enfant. L’initiation des filles à la sexualité précoce est potentiellement déroutante et les laisse se demander si elles doivent se considérer comme des “enfants” ou comme des “femmes”. La pression des pairs joue également un rôle dans la perpétuation de ce vice.

La pauvreté est l’une des principales causes des grossesses chez les adolescentes. Les orphelins et les enfants vulnérables font partie de la majorité des apprenantes enceintes. La plupart d’entre elles sont engrossées par des hommes plus âgés travaillant comme infirmièrs, gendarmes et certains enseignants de différentes écoles. Le fait de ne pas tenir ces hommes pour responsables et redevables de la fécondation des jeunes filles alimente l’impunité. En outre, pratiquement aucun programme ne s’adresse aux hommes, y compris au niveau des ménages–où l’on rappelle constamment à la fille de “faire attention à ne pas tomber enceinte” alors que le garçon ne bénéficie pas de la même éducation.

L’éducation de base en Namibie se caractérise par des taux élevés d’abandon scolaire et de redoublement, les grossesses précoces étant les principaux facteurs contribuant à l’abandon de l’école par les apprenants. Rien qu’entre 2017 et 2018, environ 3500 apprenantes sont tombées enceintes, et plus de 2000 d’entre elles ont abandonné l’école pendant la même période. Certains rapports indiquent qu’après le confinement en temps de Covid-19 en 2020, 3 300 écolières sont tombées enceintes dans tout le pays2. Cette étude a révélé que l’augmentation drastique du nombre de grossesses chez les adolescentes pendant le confinement pourrait être attribuée à la pénurie de contraceptifs dans les hôpitaux publics à l’époque, l’approvisionnement ayant été signalé comme un défi. Cette conclusion est corroborée par un article paru dans le journal namibien du 19 mai 2020 intitulé “Contraception disaster hits Namibia”(la pénurie des contraceptifs s’abat sur la Namibie). Le faible approvisionnement en contraceptifs s’étendait également à la pilule que les femmes et les jeunes filles prennent quotidiennement.

Le document sur la politique nationale en matière d’égalité des sexes (2010) montre que le nombre de filles qui abandonnent l’école reste élevé, ce qui menace la rétention et les taux d’achèvement des études des filles aux niveaux primaire supérieur et secondaire. Les grossesses précoces seraient la principale cause d’abandon scolaire chez les filles, avec un taux de 23,9 % dans la région de Kavango et de 21 % dans la région d’Ohangwena. Les mariages précoces aggravent et exacerbent les taux d’abandon scolaire des femmes.

La sensibilisation à la politique de réinsertion des femmes enceintes s’est faite par le biais d’ateliers avec les écoles, y compris les directeurs. Si les responsables de l’école sont au

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adolescentes–la
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courant de cette loi, la plupart des élèves l’ignorent. C’est regrettable, car le manque de sensibilisation des enfants s’étend généralement au manque de sensibilisation des parents et, par extension, aux membres ayant été peu ou mal scolarisés de la communauté en général. L’effet net est que la plupart des gens ne respecteront probablement pas cette loi et retireront leurs filles de l’école ou ne les réinscriront tout simplement pas à l’école après l’accouchement.

Il existe deux points de vue extrêmes sur la question de la politique relative à la grossesse chez les apprenants, à savoir les libéraux qui soutiennent pleinement cette politique et les conservateurs qui estiment que c’est un péché de tomber enceinte en raison de leurs croyances religieuses et qu’il est donc erroné de permettre aux filles enceintes de retourner à l’école car on pense qu’ elles vont influencer les autres. Ces derniers risquent de ne pas mettre en œuvre la politique dans leurs écoles respectives et de chasser les apprenantes enceintes de l’école. Les enfants des zones urbaines dont les parents ont le privilège de connaître la politique peuvent exiger que les dispositions de la politique soient mises en œuvre, tandis que ceux des zones rurales peuvent être désavantagés car ils ne disposent pas de l’information, d’où la nécessité d’une éducation et d’une diffusion étendues de cette politique.

Les lignes directrices et les dispositions de la politique sont théoriquement complètes et suffisantes pour faciliter le retour des écolières enceintes dans les écoles, si elles sont mises en œuvre efficacement. Une personne interrogée dans le cadre de cette étude a fait remarquer que “bien que le ministère de l’éducation, des arts et de la culture collecte chaque semestre les statistiques sur les apprenantes enceintes auprès des écoles, aucun suivi n’est effectué sur les données brutes collectées avant qu’elles ne soient analysées pour assurer un suivi auprès des écoles”. Ce point de vue illustre de nombreux autres doutes quant à l’engagement du gouvernement à faire appliquer les directives de la politique sur la grossesse chez les apprenants. Certes, cette politique est progressive: elle définit les rôles et les responsabilités des différentes parties prenantes impliquées dans la prévention et la gestion de la grossesse chez les apprenants, par exemple le rôle du directeur ou du chef d’établissement, notamment en termes de responsabilité finale dans la mise en œuvre de la politique.

Lacunes dans l’application des politiques

Parmi les lacunes en matière d’application de la politique, on peut citer:

1. Mauvaise interprétation de la politique de prévention et de gestion de la grossesse chez les apprenants.

2. Ignorance de la politique par certains responsables de la mise en œuvre.

3. Mauvais suivi dû à un cadre de suivi et d’évaluation inadéquat par les ministères de tutelle.

4. Diffusion peu élaborée de l’information aux responsables de la mise en œuvre, y compris la direction des écoles et les directeurs.

Recommandations

1. La politique relative à la grossesse chez les apprenants devrait être appliquée de manière plus systématique et plus stricte, que ce soit dans les zones urbaines ou rurales. Les organisations de la société civile doivent collaborer avec le gouvernement dans les régions où les taux de grossesse chez les adolescentes sont élevés, afin de s’attaquer aux causes de la grossesse chez les adolescentes. La participation de la communauté et l’entrée par des ouvertures culturellement appropriées doivent être explorées, accompagnées de l’identification et du soutien des champions locaux du changement dont l’influence peut créer un renversement de ces tendances.

2. La violation des lois sur les droits de l’enfant doit faire l’objet d’une application stricte. Lorsque des adultes sont responsables de la grossesse, ils doivent être poursuivis, à la fois à des fins de dissuasion et de répression.

3. Il est nécessaire de lancer des campagnes de sensibilisation de la communauté pour s’attaquer à certaines normes et pratiques culturelles néfastes et négatives qui entravent les performances et les progrès éducatifs des mères adolescentes, comme les initiations et les mariages forcés ou arrangés. Cela pourrait se faire avec les parties prenantes concernées du secteur de l’éducation, y compris les églises et les autorités traditionnelles.

4. Les organisations de la société civile, les responsables locaux de la mise en œuvre des politiques et les autres parties prenantes doivent s’efforcer de trouver des mesures préventives adaptées aux jeunes, qui soient dirigées et défendues par les jeunes eux-mêmes.

5. L’évaluation de la mise en œuvre de la politique devrait examiner les raisons pour lesquelles l’orientation préventive de la politique ne donne pas les résultats escomptés en matière de réduction du nombre de grossesses chez les adolescentes au fil des ans.

6. Il est nécessaire de se concentrer davantage sur des mesures préventives holistiques et ciblées, adaptées aux jeunes, par le biais de la sensibilisation, notamment aux questions de santé sexuelle et reproductive, y compris à l’importance des contraceptifs.

7. Le ministère de l’éducation devrait former toutes les parties prenantes à la politique et lancer des campagnes de sensibilisation pour faire prendre conscience des attitudes négatives à l’égard de la grossesse des adolescentes à toutes les différentes parties prenantes ; et

8. Il est nécessaire de lancer des campagnes de sensibilisation de la communauté pour s’attaquer à certaines normes et pratiques culturelles néfastes et négatives qui entravent les performances et les progrès éducatifs des mères adolescentes, comme les initiations et les mariages d’enfants forcés/arrangés. Cela pourrait être fait avec et par les parties prenantes pertinentes du secteur de l’éducation, y compris les églises et les autorités traditionnelles.

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