Ville et Nature - Interactions entre les différents environnements de l'Homme.

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VILLE ET NATURE Interactions entre les différents environnements de l’Homme. FAYOL Benoît - Licence 3 - 2013/2014 Rétrospective sur 3 ans d’enseignement en architecture.

Directeur d’étude : GASNIER Sheryne.


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Sommaire. 4 - Introduction générale. 6 8 14 22 29

1 . La Ville et la Nature, deux entités physiques. -

Introduction. A . Deux entités qui se sont opposées au fil du temps. B . La Ville dans la Nature. C . La Nature dans la Ville. Conclusion.

2 . Une relation Ville-Nature humaniste et écologiste. 30 - Introduction. 32 - A . Les usages comme volonté de transformation de la nature. 40 - B . La poésie comme base pour l’architecture. 52 - C . La ville-nature : objectif ou utopie ? 55 - Conclusion.

56 - Conclusion générale.

58 - Bibliographie et références personnelles.

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Introduction générale. Architecte est un métier de passion. Cette passion n’est pas toujours acquise. Pour certains, elle met du temps à naître, à se développer, à être reconnue. Mon parcours témoigne d’une telle patience. Depuis toujours très sensible aux questions environnementales, je me suis d’abord tourné vers leur côté scientifique (licence Science de la Vie et Génie Environnemental). Comprendre les processus de la nature me paraissait essentiel pour savoir comment agir dans notre environnement. J’étais à ce moment déjà très intéressé par la relation entre la ville et la nature : la place de la nature dans la ville, la place de ville dans la nature. Lors d’un stage dans un cabinet d’études environnementales et urbanisme, je me suis rendu compte que l’impact des travaux effectués après conception d’un projet est très limité. Très déçu, j’ai d’abord cherché des masters dans le domaine de la biologie appliquée à l’aménagement urbain. Mais tous ces diplômes restaient dans un cadre très scientifique, ne proposant que peu d’intervention avant conception. Avec mon expérience personnelle, il m’a semblé impossible de pouvoir faire valoir mes opinions en restant dans ce cadre. J’ai alors compris que le meilleur moyen de pouvoir traiter pleinement les questions environnementales qui me préoccupent est de les intégrer au processus de conception. Fort de cette réflexion, et refusant de voir mes idées et mon travail sans conséquences, je me suis réorienté vers des études d’architecture. J’avais alors une vision très réduite du métier d’architecte : seuls les aspects « technique » et « utilitaire » me venaient à l’esprit.

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Ma licence à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble m’a fait découvrir des domaines beaucoup plus larges : j’y ai découvert la diversité de l’architecture. Pour rester dans le sujet qui m’intéresse, la relation entre ville et nature, je dirais que j’ai élargie ma vision du problème au-delà de la dimension physique, en intégrant des notions de philosophie de l’architecture, de sociologie, et de « poétique » de la construction. Avec autant de domaines à intégrer, j’ai l’impression de m’être un peu éloigné de mes réflexions premières sur la relation ville-nature et les questions environnementales qui en découlent. C’est pour moi une motivation pour poursuivre mes études : réussir à considérer les questions environnementales autant dans la dimension physique (bioclimatisme, thermique/acoustique) que psychologique (rapport spirituel à la nature, philosophie) sans que cela soit un frein à la création, mais au contraire une invitation à l’expression de la poésie architecturale. Pour commencer, il s’agira d’analyser les rapports physiques entre ville et nature. Quels sont mes points de vue sur ces rapports ? Comment évoluent-ils ? Cette partie traite surtout de mes intérêts personnels d’un point de vue très concret, et de leurs applications dans mes différents projets. Dans un deuxième temps, j’expliciterai l’évolution de ma vision de l’architecture vers plus de poésie et de spiritualité, en grande partie grâce à l’apport des enseignements théoriques et pratiques de l’ENSAG.

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La Ville et la Nature, deux entités physiques.

La nature est le lieu que l’homme subit. Il est contraint par des forces qui lui sont bien supérieures, et veut s’en protéger La ville est le lieu que l’homme choisi. Il construit son environnement en fonction de ses besoins, ses envies. Par définition, tout oppose la ville et la nature. Pourtant, l’un ne va pas sans l’autre. La ville se place dans la nature. La nature n’est pas vraiment chassée de la ville. Quel est le lien entre les deux ? Pourquoi l’homme s’isole de la nature ? Pourquoi cherche-t-il ensuite à retrouver la nature ? Ce sont des questions qui m’ont confronté au métier d’architecte, au sens de mes actions. Les deux entités, ville et nature, représentent tous les lieux de vie de l’homme. Il est je pense important de savoir comment elles interagissent, comment l’homme les pense, les imagine, afin de savoir se placer dedans en tant qu’architecte.

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Illustration de l’opposition ville-nature. Photo personnelle - Citadelle de Vauban, Besançon.

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A . Deux entités qui se sont opposées au fil du temps.

Commençons par le plus important : pourquoi l’architecte construit ? L’homme ne se satisfait pas d’un simple abri, et cela a forcément une raison. La relation que l’homme entretient avec la nature est forcément très influente sur le milieu de vie qu’il va construire. Il faut être conscient de la nature qui nous entoure, et de la vision que l’on a d’elle. Nous avons pu voir en philosophie, notamment Cours théorique : L6H3 - Philosophie avec l’étude des textes de Heidegger, que l’Homme et architecture. va chercher à « justifier » son existence à travers son Mme C. Bonicco. 3ème année. habitat. Le vaste monde qui l’entoure ainsi que le hasard de son existence l’oppressent. Il trouve donc un refuge, une « double finitude », en s’appropriant un morceau de monde, en le modifiant de façon personnelle. La notion d’habiter revêt donc pour l’Homme une signification bien plus grande que simplement protéger. Cette théorie philosophique m’a permis de mieux comprendre pourquoi les hommes cherchent à construire, à se soustraire de leur milieu naturel. Mais cette pensée a ses limites : il me semble que même dans cette recherche d’émancipation par rapport à son milieu de vie initial, l’Homme reste attaché à ses racines : il veut garder un lien avec la nature. Prendre conscience de l’importance de ce lien, et de ce paradoxe : vivre dans un lieu sécurisé (s’extraire de la nature) et où il puisse s’épanouir (garder une relation avec cette même nature), est pour moi fondamental pour réussir à construire un environnement agréable pour l’homme, et durable dans le temps. 8


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Réinterprétation de l’appropriation du monde et de la recherche de double-finitude dans Fight Club (Chuck Palahniuk, 1996) mis en image par David Fincher (1999). Source images : http://cinema.critictoo.com/


Ayant longtemps vécu dans une petite ville, où la Expérience person: Déménacampagne était visible depuis la fenêtre de ma chambre, nelle gement dans une la relation entre la ville et la nature me paraissait grande ville. naturelle, accessible. Je ne comprenais pas pourquoi de plus en plus de personnes allaient « s’enfermer » dans les grandes villes, tout en se plaignant de leur bruit, leur pollution, … L’exemple des milliers de familles parisiennes formant des kilomètres de bouchon pour aller en campagne le week-end me faisait à la fois rigoler et me consternait. Cela me rappelait un roman de science-fiction de Philip K. Dick, où, dans un monde Lecture : Dick. P K., urbain sans nature, la motivation du personnage Les androïdes principal est de pouvoir s’acheter un vrai animal de rêvent-ils de moutons électriques?, compagnie. Puis j’ai eu la chance de visiter quelques grandes villes d’Europe (Paris, Londres, Bruxelles, Porto, Copenhague). Peu à peu j’ai compris l’attrait que pouvaient avoir les grandes villes (beaucoup plus de services, possibilité d’émancipation personnelle, …) et j’ai réalisé que l’urbanisation n’était pas prête de s’arrêter. Dans ces mégalopoles, la taille devient telle que le lien à la nature, au grand territoire, devient de plus en plus difficile. Depuis que je vis dans une ville plus importante, où ce lien avec la nature n’était plus aussi facile que dans mon enfance, j’ai commencé à comprendre les enjeux urbains actuels. Et seulement alors j’arrive à avoir un regard critique sur les différentes réflexions/actions qui sont menées pour retrouver ce lien entre ville et nature.

Paris, Champ libre, 1979, 248p.

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2 Comparaison entre une photo de New York (1) et de la vision d’artiste de «Los Angeles 2019»(2) dans Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques? (Philip K. Dick, 1979) mis en image dans Blade Runner (Ridley Scott, 1982). Sources images :1) http://www.yeda.fr/ - 2) http://thual.com/

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Ces différentes expériences m’ont amenées à reconsidérer l’architecture par rapport à la ville. D’une façon très personnelle, je me suis fait ma propre définition de l’architecture : un moyen pour toujours garder une relation entre la ville et la nature, à plusieurs échelles.

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B . La Ville dans la Nature.

La nature, en tant que « environnement naturel » de toute forme de vie, est le milieu dans lequel l’homme va intervenir pour bâtir ses villes. Elle n’est nulle part pareille, et impose des contraintes sans cesse différentes. Les sociétés humaines doivent prendre en compte cet environnement naturel et le grand territoire propre à son site d’implantation pour que la ville s’intègre intelligemment dans la nature. L’étude de l’histoire des villes est la base d’une réflexion plus large sur le positionnement et le rapport de la ville dans la nature. L’exemple, le plus marquant est celui des colonies romaines, toujours construites autour de 2 axes (cardo et decumanus) tracés selon les points cardinaux, ou des directions fortes propres au site. C’est une façon de rester connecté au territoire, et c’est une façon de s’y implanter. Par ce dispositif, on peut dire que les romains ont su justifier l’emplacement de leurs lieux de vie. Ils ne sont pas posés de façon arbitraire dans un site naturel. La façon de s’implanter dans le territoire, de le prendre en compte, est la première des relations entre ville et nature. Ce sont des décisions fortes qui vont conditionner la suite du développement de la ville. Cet exemple, bien que simple et très connu, m’a aidé à comprendre ce que voulait véritablement dire « se positionner dans le territoire ».

Cours théorique : L4H2 - Introduction à l’histoire de la ville. Mme C. Maumie. 2ème année.

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2 1 - Dessin de principe de la centuriation romaine. 2 - Plan de la citĂŠ romaine Thamugadi (AlgĂŠrie). Source images : http://historyofrchitecture.blogspot.fr/

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Une autre étude fut aussi très significative pour moi Cours théorique : : celle de la « cité industrielle » de Tony Garnier. L4H1 - La multiplicité des langages L’architecte anticipe les besoins de sa cité et positionne modernes de l’ architecture. ses bâtiments aux endroits les plus justes dans le territoire Mme S. Paviol. en fonction de cela. Son exercice est évidement facilité 2ème année. car il invente son territoire, mais de la démarche restent de très fortes intentions : exploitation des ressources locales, attention à l’échelle humaine, projection au grand territoire. Pour mettre cela en relation avec l’exemple des colonies romaines, la « cité industrielle » est bien plus proche des problèmes actuels. En effet les colonies ont souvent eu pour premier « critère » d’implantation la protection contre les guerres, ou contre les éléments naturels. De nos jours, les critères d’implantation pour une urbanisation sont surtout économiques : l’expansion est précisément celle des zones industrielles, commerciales, et résidentielles.

Page de droite : Dessins de Tony Garnier montrant la prise en compte de grandeurs d’échelles très différentes. Sources images : 1) http://www.ac-orleans-tours.fr/ - 2) http://www.mba-lyon.fr/ - 3) http://inside.bard.edu/

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Il semble que de nos jours, cette urbanisation ait Expérience personnelle : Traverser oublié l’homme, et son besoin de lien avec la nature. une ZAC à pied. Je me suis retrouvé contraint de traverser à pied une « zone d’aménagement concerté », ce qui dans la réalité correspond à un enchaînement de routes, voies rapides 2x2 voies, immenses hangars en tôle, … Tout le long du trajet, je ressens un sentiment d’insécurité (pas de passages piétons), de perte de repères (distance énorme) : de peur. Ici la nature, et même l’homme, sont niés au profit du flux, du trafic, de la vitesse. On ressent la même chose sur des zones pavillonnaires, les sites industriels, des grands ensembles … De la même façon, le voyage en train fut révélateur d’un Expérience personnelle : Voyage en malaise : le territoire est traversé, regardé de loin, depuis train. l’intérieur de son petit cocon, mais jamais vécu, intégré. La volonté de mobilité a permis aux villes d’être toujours mieux reliée, mais le territoire entre deux devient de plus en plus insignifiant.

Ce « refus de la nature » m’a frappé, et m’a fait penser à des projets de SuperStudio (le monument continu) ou encore Archigram (Walking City). Ces projets, ou plutôt contre-projets, avaient pour but de faire réagir la société sur la perte des relations entre ville et nature. Il est triste de constater que ces avertissements n’ont pas été entendus dans tous les domaines de l’aménagement urbain. 18


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1 - Gigantisme des amĂŠnagements pĂŠri-urbain. Source image : http://www.saintgillescroixdevie.fr/ 2 - Coupure entre le territoire et les modes de transport rapide. Source image : http://cg90.fr/

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L’enseignement du projet en 2ème année m’a aidé à mettre Mise en pratique : L3A - Projet en pratique toutes mes réflexions. 2ème année, Programme du 1er semestre : aménagement d’un 1er semestre. quartier résidentiel et d’espace public à partir d’un M P. Chedal-Anglay bâtiment-type analysé auparavant. Loin d’être un de mes exercices favoris, ce projet a néanmoins eu le mérite de me confronter à la difficulté de créer à l’échelle du quartier. Le travail à cette échelle a tendance à nous détacher de la taille de l’homme. On peut vite se laisser emporter et travailler sur des éléments complètement hors d’échelle pour l’usager. De plus, l’inscription dans le grand paysage donne une grande force au projet, mais même à cette échelle c’est loin d’être évident. L’analyse du site revêt une importance particulière, ainsi la capacité à cerner les éléments d’appuis pour le projet.

Page de droite : Planches de rendu final du projet de 1er semestre, 2ème année.

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C . La Nature dans la Ville.

Les relations entre la ville et la nature ne se limitent pas aux questions des grandes échelles. Les hommes vont chercher à intégrer de la nature dans ces constructions. L’exemple le plus parlant de la nature dans la ville est Cours théorique : L5H1 - Penser, l’aménagement de parc. Cela est extrêmement visible représenter la ville. dans l’organisation des villes américaines. Le parc est Mme C. Maumie. 3ème année. comme une « mini-forêt » qui va permettre aux citadins de retrouver un contact physique avec la nature, sans s’aventurer dans des terres lointaines et inconnues. Mais ce n’est pas pour autant un « vague espace vert ». C’est un élément à part entière dans l’organisation d’une ville. Sa position est pensée autant pour faciliter son accès aux citadins, que pour de créer des respirations dans la densité, regrouper des activités, apporter ombre et fraicheur en cas de forte chaleur, …

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Central Park, symbole de ÂŤla nature dans la villeÂť. Source image : http://sophienewyork.monipag.com/

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Les cours de paysagismes se sont révélés très particulier Cours théorique : pour moi. Avec ma formation de biologiste, je L5S3 - Paysage et espaces publics. m’attendais à un « cours-catalogue » répertoriant Mme A. Tardivon. 3ème année. différentes espèces végétales et leurs caractéristiques. L’étude d’aménagements paysagers et urbains m’a fait prendre conscience que les végétaux sont bien plus que « un morceau de nature », mais une véritable matière à construire, un générateur d’espace.

Exemple vécu en relation avec ces cours de paysage et espaces publics : La coulée Verte. Expérience personLa coulé verte est une grande piste cyclable qui relie nelle : Utilisation de la «Coulée Montbéliard (25) à Belfort (90) en traversant de verte» entre Belfort et Montbéliard. nombreuses petites villes (18 Km au total). En partant des usages (mobilité) et de l’économie (tourisme) le projet d’aménagement d’une grande piste cyclable va utiliser les parcs et espaces verts existants, créer des liens entre eux, aménager des espaces supplémentaires… Le résultat est double : le citadin a des espaces verts de qualité et mis en cohérence près de chez lui, et l’utilisateur de la coulée verte n’a pas de choc campagne/ville. J’ai cité plus haut l’exemple des TGV qui traverse le territoire sans s’en préoccuper, on a ici l’inverse. La coulée verte permet au territoire de traverser la ville, sans pour autant la nier. Beaucoup utilisé plus jeune, je me suis rendu compte de son importance, et de la qualité de son aménagement, seulement après avoir appris à reconnaître la qualité d’un espace. Le projet de 2nd semestre 2ème année m’a permis de 24


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1 -Les quais de Rhône. Exemple donné en cours d’aménagement paysager urbain où les végétaux servent à générer de l’espace et des usages. Source image : http://www.lyon-france.com/ 2 - Carte de la «coulée verte» de Belfort à Montbéliard. Source image : office de tourisme de franche-comté.


m’essayer à cette intégration de «nature dans la ville». Le programme était un équipement sportif et touristique au bord de l’Isère. Si ce n’était pas l’âme de mon projet, l’intégration de la nature dans un cadre de vie urbaine (voir péri-urbaine) me semblait être important pour apporter un certain bien être aux utilisateurs. Les contraintes apportées par le site et le programme m’ont forcé à faire quelques concessions quand à mes intentions initiales. 1er projet véritablement amenée de A à Z (des analyses du site aux techniques de mise en œuvre), ce fut pour moi un électrochoc me faisant mesurer la distance entre la théorie, les intentions, la volonté de « nature partout », et la faisabilité, le résultat, et la cohérence globale de l’architecture.

Mise en pratique : L4A - Projet 2ème année, 2nd semestre. M C. Migozzi.

Page de droite : Plan masse et maquette du projet final de 2nd semestre, 2ème année.

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Si je devais résumer rapidement cette partie, je dirais que l’humain va chercher une sorte de « domestication » de la nature dans son environnement artificiel qu’est la ville. Cette nouvelle nature, sélectionnée et organisée avec soin, a pour but d’apporter les avantages de la nature dans la ville, tout en évitant les inconvénients.

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Conclusion.

A travers ces différents exemples, je me suis rendu compte que la ville ne refusait pas la nature, mais l’intégrait d’une façon bien particulière. Il y a un rapport utilitaire très fort : la ville (et donc l’homme) utilise la nature comme un véritable matériau de construction. A différentes échelles la nature positionne la ville, crée l’espace, organise les usages. L’architecture est ce qui permet de mettre en contact l’homme dans sa ville avec la nature.

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2.

Une relation Ville-Nature humaniste et écologique.

Même après avoir vu que la nature était physiquement une des composantes principales de la ville, le lien entre les deux ne me semble pas vraiment complet. La nature a quelque chose de plus que les « bouts de nature » de la ville n’ont pas. La cohérence globale, la poésie de la nature vient de son unité, de la relation de tous ses éléments dans toutes leurs dimensions. Considérer la nature seulement par ses usages, ou seulement pour sa symbolique, c’est en perdre en une moitié. La dimension symbolique, ou spirituelle, poétique, de la nature ne m’était encore jamais venue à l’esprit.

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L’émerveillement et la poésie de la nature selon Hayao Miyazaki, dans Mon Voisin Totoro (1988). Source image : http://hayao-miyazaki.wifeo.com/

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A . Les usages comme volonté de transformation de la nature.

La nature et sa protection sont pour moi primordiales. Mais la nécessité de construire pour l’Homme ne me semblait pas compatible avec une conservation totale de cette même nature. Les usages, et le confort pour l’homme, nécessitent une intervention. Quelle est alors la limite entre le confort et la protection de la nature ? Avant d’arriver à l’école d’architecture, j’avais une logique très pragmatique concernant l’architecture : chacune des parties de mes projets ne pouvait être justifiée seulement par des critères fonctionnels. Sans usages, un élément devenait « gratuit » et donc « superflu ». De cette façon j’ai souvent eu l’impression de créer des « formes », avec certes des intentions d’espaces, mais sans en être convaincu moi-même. Autrement dit : j’avais l’impression que mes projets ne généraient pas l’espace que je vantais dans mon discourt. Certains cours et pratiques m’ont appris à créer des formes, utiliser des techniques, afin d’obtenir le résultat souhaité. Ils m’ont appris à justifier chacun des éléments de mes projets, même si ils ne sont pas directement support d’un usage.

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Dans la volonté de « protection environnementale », la Cours théoriques : question de l’énergie est celle qui revient le plus. Lors L2C3 - Bioclimatisme. de mes précédentes études, mes anciens enseignants M T. Jusselme. 1ère année. d’écologie nous avaient montré que l’intelligence situationnelle est bien plus efficace que la technologie L5C1 - Stratégies pour résoudre les problèmes énergétiques. thermiques et maîtrise énergétique Les deux cours présentés m’ont permis d’approfondir pour l’habitat. une pensée qui m’avait déjà marqué, et surtout de M N. Tixier 3ème année. l’appliquer à l’architecture. Sans pouvoir donner d’exemples précis, je dirais que j’ai appris les outils nécessaires pour justifier du bon fonctionnement d’un dispositif, pour choisir un système plutôt qu’un autre. Je citerai la course solaire et ses différentes inclinaisons, les bases de thermiques, d’ombrage, de surchauffe, d’inertie, … Autant d’éléments qui me permettent, en tant qu’architecte, de prendre position en faveur d’une architecture tournée vers une efficience de chaque construction. Après ces cours, il me semble impossible de penser un projet seulement comme « une forme » et traiter les conditions environnementales, thermiques, énergétiques en second lieu. Les deux doivent impérativement être liés pour aboutir à un résultat architecturalement cohérent, et énergétiquement responsable.

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Page extraite du dossier d’étude d’une maison, réalisé dans le cadre du cours «Stratégies thermiques et maîtrise énergétique pour l’habitat».

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Les questions énergétiques rejoignent les questions de la lumière. Tout le monde le sait : la lumière est très importance en architecture. Pourtant j’ai eu beaucoup de mal à « penser la lumière » dans un contexte théorique (j’entends par là : sans être dans les conditions physiques réelles). Je me disais toujours « je créer des ouvertures, mais en réalité je ne sais pas du tout comment la lumière va rentrer ». Cet enseignement, en couplant un exercice de conception basé uniquement sur la maitrise de la lumière, des expérimentations en milieu physique réel (héliodon, ciel artificiel) et une petite dose de théorie (calcul d’intensité lumineuse) me permit de mieux comprendre la notion « d’espace lumineux ».

Cours théorique : L3C2- Ambiances: la lumière naturelle en construction. M G. Chelkoff. 2ème année.

Expérience personnelle : Visite de le Chapelle NotreDame-du-Haut, Le Corbusier, 1955.

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image lumière sur surface photo chapelle de romchamp

Jeux de lumière de Le Corbusier. Photo personnelle - Chapelle Notre-dame-du-Haut, Ronchamp,

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Tous ces différents enseignements m’ont permis d’avoir des arguments pour justifier mes choix de positionnement d’une architecture face à la nature, dans la nature. C’est une approche très fonctionnaliste qui colle avec la vision de l’architecture que j’avais au début de ma licence. Sans renier ces usages, je me suis rendu compte que cet « ultra-fonctionnalisme » avait aussi ses inconvénients, notamment lorsque l’architecte veut créer une ambiance, amener de la poésie dans ses œuvres. Et c’est le même constat par rapport à la nature: elle n’était jamais source d’émerveillement, mais toujours considérée d’un point de vue physique : ensoleillement, thermique, énergétique, … Tous ces cours m’ont aussi permis de me détacher peu à peu de cette approche, en me montrant qu’à travers ses caractéristiques physiques, la nature est une source d’émerveillement.

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B . La poésie et l’émerveillement comme base pour l’architecture

Je ne peux pas vraiment dire comment ma pensée a évolué. Il y a surement plusieurs choses combinées, et non pas un élément déclencheur. Une chose est certaine : je me trompais sur ma vision de la nature. Habitué aux démarches scientifiques qui analysent et décomposent la nature, j’avais oublié l’essentiel : la nature est belle. La nature émerveille, interpelle, impressionne. Elle génère des émotions en nous, et c’est pour cela que l’homme a toujours voulu garder un contact avec elle. L’art n’est pas toujours quelque chose de facile à comprendre, et à apprécier. Si la pratique et l’étude de l’art me semblaient être un luxe dont l’importance est secondaire, il me semble maintenant important de connaître les courants artistiques. Le cours d’architecture et art visuel de 1ère année fut le premier cours sur l’art que j’ai suivi dans ma scolarité. A travers des exemples de performances, d’œuvres d’art, et l’explication de courants artistiques (pop-art, art contemporain, cubisme, ... ) j’ai pu comprendre l’interaction qu’il y a entre les artistes et les architectes. La volonté de l’art abstrait de se rapprocher de se concentrer sur les émotions à transmettre aux spectateurs, plutôt que sur la technique même, est maintenant pour moi une référence. En ouvrant un peu plus mon esprit, j’en viens à cette remarque : les grands penseurs, de quelques disciplines qu’ils soient, ont une influence sur les modes de vies, et donc sur l’architecture.

Cours théorique : L1H4 - Architecture et art visuel. Mme A. Faure. 1ère année.

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Illustration de l’art abstrait. Concentration sur les émotions véhiculées plus que sur la technique et la représentation. Image : The White Dot - Wassily Kandinsky, 1922.

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« Les 5 points d’une architecture moderne » de Le Cours théoriques : Corbusier. Un classique, que tout étudiant connaît. Et L1H1 - Penser l’architecture a partir pourtant, la profondeur de ces écrits ne m’a pas touché de l’étonnement. ère M P. Thepot. tout de suite. Etudié en 1 année (avec M. Thepot) 1ère année. ème et en 2 année (avec Mme. Paviol) il m’a fallu du temps pour comprendre qu’il n’était pas ici question L4H1 - La multides langages de constructions, mais bien d’ambiance, de sensations, plicité modernes de l’architecture. d’émotions. La lecture des livres Vers une architecture, Mme S. Paviol. et Urbanisme m’a beaucoup aidé à comprendre cela. 2ème année. Comprendre la « poésie » dont nous parle Le Corbusier, c’est intégrer les notions d’espaces, de symbolique, de nature, d’humanité. Autant de mot qui me paraissaient déconnectés les uns des autres auparavant. Dans son livre « le paysage » Michael Jakob nous parle Lecture : Jakob. M, de la nature perdue, du peintre qui tente de retrouver la Le Paysage, Paris, Infolio, 2008, beauté des paysages, de l’homme qui renoue un contact 192p. avec la nature. Je parlais précédemment de poésie dans la construction avec Le Corbusier, ici il s’agit de la poésie de la nature. L’affirmation du symbole, du lien spirituel avec la nature, et tout aussi important que le lien physique. Cette lecture m’a permis de me détacher du point de vue très physique sur la nature. J’ai compris que le lien à la nature n’était pas seulement physique. Une grande dimension spirituelle, ou intellectuelle, était absente de ma réflexion.

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Croquis d’explication des 5 points de l’architecture moderne, par Le Corbusier. Source images : Vers une architecture nouvelle, Le Corbusier, 1923.

Tableau à la gouache utiliser par Michael Jakob pour illustrer ses propos sur le lien symbolique et spirituel avec la nature. Image : L’étang, Albrecht Dürer; 1496.

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Le projet en 3ème année fut pour moi l’expérience la plus marquante de ces 3 ans de licence. Il m’a permis de tenter de mettre en pratique mes visions de l’architecture. De confronter ma pensée avec la réalité, et de la faire évoluer.

1er semestre : dans un contexte urbain, j’ai pu travailler ma vision de la place de la nature dans la ville. L’aménagement d’un espace public en cohérence avec l’existant n’est pas une chose simple. De plus, réussir à apporter de la poésie à cette échelle est un véritable défi. Les cours donnés en parallèle ont réellement été formateurs. Ce sont de formidables outils de conceptions qui m’ont permis d’argumenter avec forces des décisions de conception.

Mise en pratique : L5A - Projet 3ème année, er 1 semestre. M G. Marty.

Page de droite : Plan masse et photo de détail de maquette du projet final de 1er semestre, 3ème année.

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Au 2nd semestre, le projet c’est fait suivant une approche très différente : avec les « images poétiques ». Le projet est construit à partir de nos souvenirs, des ambiances que l’on en extrait, de notre propre imaginaire. On pourrait ici parler de « poésie pure ». Cette approche très spéciale a complètement remis en cause ma façon d’aborder le projet. En Intégrant tout ce qui m’a marqué dans les années précédentes, je trouvais là un outil pour insuffler de la sensibilité et de la personnalité dans l’exercice de conception. De plus, il m’a permis d’intégrer mes préoccupations environnementales dès la genèse du projet. C’est sur ce point une véritable réussite pour moi.

Mise en pratique : L6A - Projet 3ème année, 2nd semestre. M G. Marty.

Page de droite : Photomontage et schéma de principe bioclimatique du projet final de 2èmesemestre, 3ème année.

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Encore une fois, ce sont des textes de Heidegger qui Cours théorique : m’ont permis de trouver des réponses à certaines de mes L6H3 - Philosophie et architecture. questions. Après avoir explicité pourquoi les hommes Mme C. Bonicco. 3ème année. construisent, et ce qu’est « habiter », Heidegger nous donne les outils pour construire de vrai habitat : le quadriparti (relation au ciel, à la terre, aux mortels et au divin). Découvrir ceci me permit d’apporter de la réflexion dans mes projets. L’espace, les systèmes constructifs, les matériaux, en plus d’avoir une « utilité constructive » , sont réfléchis afin de contribuer au sens, à la symbolique, à l’ambiance. C’est une recherche de cohérence à la fois physique, spatiale, et symbolique, sensible. Cette réflexion, cette cohérence, me manquait quelquefois. Utiliser le quadriparti est pour moi comme une liste « minimas » : mon projet n’est pas fini si le quadriparti est rempli, en revanche je sais qu’il manque quelque chose s’il n’est pas rempli.

Page de droite : Mémorial des sorcière, de Peter Zumthor et Louise Bourgeois, Steineste (Norvège) Les travaux de Zumthor sont toujours fidèles au quadriparti de Heidegger et font preuve d’une application particulière pour induire la symbolique dans l’achitecture. Source images : http://www.dezeen.com/

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La prise de conscience de l’importance de la poésie qui transporte pour moi l’architecture à un niveau supérieur : c’est la combinaison de la science de construire et de l’art d’émerveiller. L’architecture devient une source de plaisir, de surprise pour les utilisateurs. De mon point de vue, cela est indissociable d’une forte relation avec la nature, son imaginaire, sa symbolique, mais aussi sa présence physique.

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Mise en relation de 2 logements sociaux: le premiers construit sans intentions de poésie (1), le deuxième construit en suivant une philosophie intégrant la poésie et la nature (2). Photo personnelles : 1) Quartier de «la novie», Valentigney - 2) Étoiles de Renaudie, St-Martin d’Hères.


C . La ville-nature : objectif ou utopie ?

Dans cette dernière partie, je ne parle pas d’expérience précise acquise dans telle ou telle condition. J’essaie plutôt de formuler ma pensée de l’architecture, de la relation ville-nature, après avoir obtenue une licence d’architecture. Tous les éléments présentés dans ce Expérience perrapport d’étude peuvent parfois sembler décousus. Je sonnelle : Visite ressens moi-même le besoin de les réunir, de les mettre des Salines Royales d’Arc-et-Senans. en relation entre eux, afin de synthétiser mes réflexions. Claude Nicolas Le paradoxe de l’homme est qu’il ressent le besoin de Ledoux, 1779. construire, de se protéger du monde naturel qui l’agresse, mais il souhaite tout de même garder un contact avec cette nature, belle et merveilleuse. L’architecture est alors un juste milieu entre ces deux opposés. Elle propose aux utilisateurs sécurité et contact avec la nature : elle satisfait les deux. Voilà ce que l’architecture est pour moi : le lien qu’a l’homme avec la nature. Le sujet qui m’intéresse est la relation entre la ville et la nature. La ville, en tant que lieu construit par l’homme, et le lieu de l’architecture. En reprenant ma propre définition de l’architecture, la ville doit par essence être en lien avec la nature. Cela semble assez paradoxale de nos jours Peut-on alors considérer que la ville est architecture ? Si l’on se concentre sur les vieilles villes d’Europe, ou même les colonies d’Amériques, oui. Les plans d’aménagement montrent des intentions de liaisons au grand territoire, les différents quartiers sont pensés avec des contacts à la nature, les éléments naturels forts (rivière, montagne, mer) ont toujours une place importante. 52


Plan complet de la Saline Royale d’Arc-et-Senans, utopie à moité réalisée de Claude Nicolas Ledoux.. Source images : http://www.pss-archi.eu/

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Mais dans l’urbanisation actuelle, quelle est la place laissée à la nature ? Si l’architecture est la création de lien entre l’homme et la nature, quelle est la place laissée à l’architecture ? Malheureusement, très réduite. Les enjeux écologiques étant enfin pris au sérieux, la protection de la nature fait de grands pas en avant. Les solutions « écoresponsables » s’immiscent timidement dans l’ère de l’hyper-technologie, en architecture comme dans d’autres domaines. Mais on peut regretter que cette prise de conscience ne regarde la nature que d’un point de vue « physique », « utilitaire ». Les architectes, et encore, pas tous, savent apporter la poésie dans leur œuvre. Ils se servent de la nature, et la révèle aux utilisateurs. Mais la dimension poétique de la nature ne parvient pas à grandir au-delà de l’échelle de l’édifice. La ville n’en tient plus compte. En grande partie les efforts des architectes sont, soit noyés dans une ville qui se coupe de la nature, soit construits en dehors de la ville. Il faut renouer ce lien spirituel entre ville et nature. Il ne faut plus que le citadin pense la nature forcément en dehors de la ville, mais les deux ensemble. Il faut que l’architecte et l’urbaniste réintroduisent l’émerveillement à l’échelle de la ville. Il ne faut plus se dire « protégeons la nature car elle nous est utile», mais « protégeons la nature car elle est belle ». A t-on les capacités de faire cela aujourd’hui ? Parler d’une symbiose vie-nature ramène toujours la conversation à « l’utopie ». On peut citer Claude Nicolas Ledoux, avec sa ville idéale des Salines Royales d’Arc et Senans, ou encore Bruno Taut et son livre « Architecture Alpine », tous restés à l’état d’utopie. L’économie actuelle pourraitelle accepter une telle démarche ? Les architectes sontils capables de transposer la qualité de leur travail sur de si grandes échelles ?

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Conclusion.

L’avancement de ma vision de l’architecture, à travers divers enseignements et expériences m’a fait passer d’un pur fonctionnalisme à la prise en compte d’un formalisme modéré afin d’apporter de la poésie dans mes projets. Les difficultés que je rencontre sont souvent dues aux différentes échelles d’intervention : réussir à avoir des principes cohérents et complémentaires de la plus grande à la plus petite échelle n’est pas simple, mais c’est je pense ce qui fait la force et la qualité d’une architecture.

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Conclusion générale. Dans un domaine comme l’architecture où la vision personnelle est la base des travaux, il est important de pouvoir explorer différents domaines afin de construire sa propre pensée architecturale, et non se laisser guider. Après avoir découvert de nombreuses façons de penser et construire, assisté à différents cours m’ayant permis de multiplier les points de vues, j’ai l’impression d’avoir beaucoup « accumulé », mais assez peu créé. Il était temps de distiller tout cela pour en retenir l’essentiel, ce qui m’intéresse le plus et que j’ai envie de continuer à approfondir : les fondations sur lesquelles je pourrai construire ma propre pensée architecturale. Si mes préoccupations et questionnements de bases sont restés relativement semblables depuis le début de mon parcourt, les réponses que j’envisage sont maintenant beaucoup plus vastes que ce que je pouvais formuler il y a quelques années. Ma formation scientifique m’a apporté une certaine rigueur de travail, mais bloquait ma création personnelle. Lors de mes premières réflexions, j’envisageais une création par la fonction qu’elle devait remplir, que ce soit pour les questions de matières, de techniques, d’usages, … Rien ne pouvait être envisagé sans justification technique, ou usuelle. Les relations ville-nature n’échappaient pas cet « hyper-fonctionnalisme rationnel », et n’étaient considérées que d’un point de vue que je qualifie de « physique » (ou « scientifique ») et quantifiable, tel que l’intégration de végétaux, l’impact environnemental, les notions de « développement durable ». Je ne renie pas ces aspects : ils restent importants pour moi, et ont d’ailleurs été l’objet de plusieurs cours théoriques qui m’ont permis de les développer (thermique des

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bâtiments, bioclimatisme, approche paysagère) et d’utiliser mes anciennes connaissances dans d’autres domaines/ circonstances. Mais je me suis rendu compte qu’il existait un deuxième point de vue que je n’avais jusqu’alors jamais envisagé : les relations « psychologiques » (ou « spirituelles ») de l’Homme à la ville, à la nature, et au lien de l’une à l’autre. Différents cours théoriques m’ont apportés des justifications sur l’architecture en général (philosophie de l’habitat, histoire de la ville), des nouvelles notions de « confort » ou « d’habiter » (sociologie, histoire de l’architecture) et une ouverture d’esprit sur l’art en général (art dans le sens « provoquer des émotions »). J’ai appris me détacher de mon « hyper-fonctionnalisme rationnel » pour le nuancer avec un certain « formalisme poétique ». C’est je pense une mentalité très importante pour être architecte aujourd’hui. Dans un monde de plus en plus normalisé, il n’est plus possible de s’épanouir en répondant de façon « stricte » à un concourt ou une demande. Le métier d’architecte est je pense en mutation : l’architecte doit être novateur, il doit être une force de proposition. Il doit connaître le domaine dans lequel il va intervenir, et être capable d’imaginer de nouveaux usages, de nouveaux espaces. Il doit surprendre. La considération et l’interaction des 2 points de vues (« physique » et « spirituel ») sont des moyens pour moi de générer une architecture à la fois pragmatique, vivable et novatrice, surprenante. Mes réflexions me poussent vers un travail qui se veut à grande échelle. Cela ne veut pas forcément dire faire uniquement des grands projets, mais plutôt savoir prendre en compte les enjeux liés au territoire (paysager, environnemental, vivant, dynamique) dans les projets. C’est pourquoi je m’intéresse au master « Aedification, grands territoires, villes », et formule ma demande pour l’intégrer l’an prochain. 57


Bibliographie et références personnelles. En rapport avec l’architecture . Livres : . Le Corbusier, Vers une Architecture, Paris, Flammarion, coll. « Champs art », 2012, 253p. [Paris, Editions G.Crès et Cie, 1923]. . Le Corbusier, Urbanisme, Paris, Flammarion, coll. « Champs art », 2011, 293p. [Paris, Crès G., coll. « L’Esprit nouveau », 1924]. . Kaufmann. E, De Ledoux a Le Cordusier, Paris, Edition de la Villette, 2002, 104p. [Vienne,1933]. . Bouchier. M, 10 Clefs pour s’ouvrir à l’architecture, Paris, Archibooks + sautereau éditeur, 2012, 231p. . Jakob. M, Le Paysage, Paris, Infolio édition, coll. « Archigraphy poche », 2008, 192p . Renaudie. J, La logique de la complexité, Paris, Carte Segrete, 1992, 315p. . Younes. C, Ville Contre Nature, Paris, Edition La Découverte, coll. « Armillaire », 1999, 288p. . Athens. J, Comics and the City, Urban Space in Print, Picture and Sequence, New York, Editions Jorn Athens& Arno Meteling, 2010. 58


Magazines : . Architecture à Vivre, Paris, Édition A Vivre, 2000 . EXE, Paris, Édition A Vivre, 2010 . EcologiK, Paris, Édition A Vivre, 2008 -

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Autres références qui m’ont marquées et inspirées. Livres : . Bradbury. R, Fahrenheit 451, Paris, Édition par Gallimard, coll. Folio, 2003, 236p. [Paris, Édition Denoël, 1955]. . Orwell. G, 1984, Paris, Édition Gallimard, 1950, 439p. . Lovecraft. H. P, son œuvre en générale. . Asimov. I, son œuvre en générale. . Dick. P. K, son œuvre en générale. Bande dessinées : . Miyazaki. H, son œuvre en général . Moore. A, son œuvre en général . Lehman. S (scénario), Créty. S (dessin), George. G (couleurs), Masqué, Paris, Delcourt, 2012, 4 tomes. Films : . Brazil,de Terry Gilliam, avec J. Pryce et R. De Niro, Britanique, 1985, Science-fiction/drame, 2h12min. . Fight club, de David Fincher, avec E. Norton, B. Pitt, H. Boham Carter, Américain/Allemand, Thriller/ drame, 2h15min. . Le Prestige, de Christophe Nolan, avec C. Bale, H. Jackman et M. Caine, Américain/Britanique, 2006, fantastique/drame, 2h08min. . La Ligne Rouge, de Terrence Malik, avec S. Pean, N. Caviezel et N. Nolte, Guerre Canadien/Américain, 1999, 2h50min. 60


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