LA LETTRE DES ELUS SOCIALISTES ET REPUBLICAINS N°46

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Départements & Régions de France

N° 46 - 8 janvier 2012

Sommaire  Actu en bref - Jean-Louis Bianco dénonce les agences de notation - Les collectivités territoriales dans le viseur de l’UMP - Le Sénat donne la parole aux élus locaux

 Europe Europe et énergie : quel rôle pour l’échelon local ?

 Politique de la ville Les banlieues ignorées par le gouvernement

 L’élu de la semaine Philippe Chalumeau

2012 : on y est !

Q

ue ces dix années nous ont semblé longues ! Et le quinquennat qui se termine n’a été qu’une accélération dans la régression. Pour ce qui concerne les collectivités, nous avons beaucoup combattu la loi Raffarin du 13 août 2004, mais combien fut plus grand le recul de la loi du 16 décembre 2010 ! Nous avons protesté contre le plafonnement de la taxe professionnelle du gouvernement de Villepin, mais ce n’était rien par rapport à sa suppression signée Sarkozy ! Nous avons argumenté contre la rupture du pacte de croissance des dotations aux collectivités, mais nous découvrons aujourd’hui la diminution nette de ces dotations dans la Loi de finances ! La victoire de François Hollande en 2012 doit sonner la fin de ces dix années. La fin de cette ambiance de dégradation générale. Irrespect de la tradition républicaine. Succession incessante d’attaques contre des boucs émissaires, dont d’ailleurs les élus et les collectivités. Sape systématique de tous les remparts institués par le CNR contre la barbarie : sécurité sociale, services publics, protection de la jeunesse, liberté de la presse… Depuis 2007, à chaque occasion, les Français ont notifié leur refus de la politique de Nicolas Sarkozy, lors des municipales, des européennes, des régionales et des cantonales, lors des votations citoyennes pour le statut de la Poste, lors des fermetures de tribunaux ou d’hôpitaux, lors de la prétendue réforme des retraites… Par l’intermédiaire des grands électeurs, ce message a pris une ampleur historique avec la victoire de la gauche au Sénat. Après ces dix années, l’urgence n’est que plus forte de rétablir la justice et de redresser notre économie. Nos concitoyens, nos collectivités, notre pays ont aussi et surtout besoin de confiance et de stabilité. La gauche, avec François Hollande, a la capacité de répondre à cette double attente, de changement et de confiance. Les élus socialistes et républicains en font la démonstration quotidienne dans les collectivités qu’ils pilotent. Dans la campagne présidentielle, ils ont valeur d’exemple. En 2012, notre responsabilité est grande pour enfin mettre un terme à ces dix années. Marylise Lebranchu, Présidente de la FNESR

« Je crois pour demain comme hier à la victoire de la gauche, à condition qu’elle reste elle-même. Qu’elle n’oublie pas que sa famille, c’est toute la gauche. Hors du rassemblement des forces populaires, il n’y a pas de salut. » François Mitterrand

L’équipe de Communes de France vous souhaite une belle année 2012 La lettre électronique de Communes de France et de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains 8 bis, rue de Solférino - 75007 Paris • Téléphone 01 42 81 41 36 • Fax 01 48 74 00 78 • redaction@mde-communes-de-france.fr


ACTU &/ #3&' A CTU &/ #3&' ACTU &/ #3&' ACTU &/ #3&' Bianco refuse d’être notĂŠ par Fitch Le prĂŠsident du Conseil gĂŠnĂŠral des Alpes de Haute-Provence, Jean-Louis Bianco, a refusĂŠ une offre de notation de son dĂŠpartement par l’agence Fitch, pour ÂŤ s’opposer Ă la mise sous tutelle de sa collectivitĂŠ par les marchĂŠs Âť. Jean-Louis Bianco demande en mĂŞme temps ÂŤ que des dĂŠcisions soient prises le plus rapidement possible, pour interdire Ă ces agences de noter les États et les collectivitĂŠs nationales Âť. ÂŤ On ne peut tolĂŠrer plus longtemps  que  quelques  oďŹƒcines  portent  atteinte  à  la  souverainetĂŠ des États et alimentent des mouvements spĂŠculatifs  dont  les  citoyens  sont  en  dĂŠďŹ nitive  des  victimes Âť, ĂŠcrit l’ancien ministre et ancien secrĂŠtaire gĂŠnĂŠral de l’ÉlysĂŠe. Il ÂŤ souligne le manque de lĂŠgitimitĂŠ des agences qui font prĂŠvaloir l’intĂŠrĂŞt des marchĂŠs sur l’intĂŠrĂŞt gĂŠnĂŠral Âť et ÂŤ dĂŠnonce la place exorbitante qui leur est faite par les marchĂŠs et par certains responsables politiques Âť. Jean-Louis Bianco s’interroge ĂŠgalement ÂŤ sur leur indĂŠpendance et leurs compĂŠtences Âť, rappelant ÂŤ les apprĂŠciations erronĂŠes ou manipulations autour de la situation de la Grèce dont la note n’a jamais ĂŠtĂŠ dĂŠgradĂŠe jusqu’à sa faillite Âť. Le prĂŠsident du Conseil gĂŠnĂŠral de SaĂ´ne-et-Loire, Arnaud Montebourg, avait ĂŠgalement opposĂŠ une fin de non-recevoir Ă Fitch qui l’avait contactĂŠ pour lui proposer ses services en mettant en avant "l’intĂŠrĂŞt" d’une note pour le dĂŠpartement. ÂŤ La seule institution que  nous  considĂŠrons Â ďŹ able  et  capable  d’Êvaluer  nos  comptes publics est la chambre rĂŠgionale des comptes sous le contrĂ´le de la Cour des comptes Âť, avait rĂŠpondu Arnaud Montebourg.

Serge Larcher à la tête de la dÊlÊgation sÊnatoriale à l’outre-mer CrÊÊe en novembre 2011, la dÊlÊgation sÊnatoriale à l’outre-mer est chargÊe d’informer le SÊnat sur l’Êtat de la situation des collectivitÊs visÊes à l’article 72-3 de la Constitution et sur toute question relative à l’outremer. Elle veille à la prise en compte des caractÊristiques, des contraintes et des intÊrêts propres de ces collectivitÊs et au respect de leurs compÊtences. Elle est Êgalement chargÊe d’Êvaluer les politiques publiques intÊressant les collectivitÊs visÊes à l’article 72-3 et les conditions de leur application locale. ComposÊe de 42 sÊnateurs, dont les 21 sÊnateurs Êlus dans les collectivitÊs visÊes à l’article 72-3 membres de droit, la dÊlÊgation a Êlu Serge Larcher (Martinique) à sa prÊsidence. Au sein du bureau figurent notamment Claude Domeizel (Alpes-de-Haute-Provence), Catherine Tasca (Yvelines) et Michel Vergoz (La RÊunion).

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Les collectivitĂŠs territoriales Ă nouveau dans le viseur de l’UMP ÂŤ Le projet de l’UMP propose 30 milliards d’euros de dĂŠpenses nouvelles sur cinq ans, en prĂŠsentant un projet "Ă coĂťt zĂŠro". Comment ? En optant pour une solution que l’UMP a dĂŠjĂ maintes fois utilisĂŠe : faire rĂŠgler le chèque par les collectivitĂŠs territoriales. Lesquelles, pour mĂŠmoire, cet automne dĂŠjĂ , ont ĂŠtĂŠ "mises Ă contribution" par le gouvernement, pour la rĂŠduction de la dette publique. Cette fois, en cas de victoire de Nicolas Sarkozy en 2012, la facture serait beaucoup plus salĂŠe pour des collectivitĂŠs territoriales que la droite, dĂŠcidĂŠment, s’Êchine Ă ĂŠtouffer. Ainsi peut-on lire dans le projet de l’UMP que les dotations annuelles aux collectivitĂŠs baisseraient de 2 milliards en 2013, 4 Mds en 2014, 6 Mds en 2015, 8 Mds en 2016 et 10 Mds en 2017, soit, au total, 30 milliards sur 5 ans. Sous prĂŠtexte d’"ĂŠquitĂŠ" dans les efforts demandĂŠs pour la rĂŠduction de la dette publique, la droite propose donc d’amplifier scandaleusement "l’Êrosion continue des finances des collectivitĂŠs locales", pourtant fort justement pointĂŠe du doigt par l’alarmant rapport de l’Observatoire des finances locales. Les mauvais coups portĂŠs par le gouvernement aux collectivitĂŠs ont, en 2010, eu dĂŠjĂ des effets nĂŠfastes : affaissement très significatif (- 8,3 %) et gĂŠnĂŠralisĂŠ des investissements, hausse de la dette (+3,4 %), chute sans prĂŠcĂŠdent des subventions d’Êquipements accordĂŠes aux communes par les dĂŠpartements (-14,3 %) et par les rĂŠgions (-11,1 %), avec d’Êvidentes consĂŠquences sur les capacitĂŠs futures d’investissement des communes et des intercommunalitĂŠs. L’UMP n’en a cure : il faut en effet impĂŠrativement payer la facture de cinq ans de gestion inepte, dispendieuse et très injuste de l’État, ainsi que les cadeaux fiscaux aux privilĂŠgiĂŠs. Et comme les collectivitĂŠs territoriales ont le mauvais goĂťt d’être majoritairement dirigĂŠes par la gauche, elles figurent en première ligne du viseur libĂŠral de l’UMP. Au final, ce sont les citoyens qui endureraient la dĂŠgradation des services publics locaux, subiraient l’abandon de projets d’investissement, souffriraient de la rĂŠduction des aides au tissu social et aux activitĂŠs culturelles‌ Mais si l’UMP se prĂŠoccupait du sort des Français, cela fait cinq ans dĂŠjĂ que cela se saurait‌ Les mauvais coups prĂŠparĂŠs contre les services publics territoriaux sont une raison supplĂŠmentaire de vouloir le changement en 2012. Il est indispensable de reconstruire une relation de confiance entre l’État et les collectivitĂŠs locales. Cela passe nĂŠcessairement par l’abrogation de la loi ayant instaurĂŠ le conseiller territorial, la simplification et l’efficacitĂŠ de notre organisation sur le territoire Ă travers l’instauration des collectivitĂŠs chefs de file, le rĂŠtablissement de la clause gĂŠnĂŠrale de compĂŠtence sans laquelle aucun projet de terrain ou de dĂŠveloppement ĂŠconomique, social ou culturel n’est envisageable. Avec François Hollande, il y aura un contrat fort, un pacte de confiance durable au service des citoyens, entre l’État et les collectivitĂŠs garantissant Ă celles-ci une autonomie effective Âť. CommuniquĂŠ d’Élisabeth Guigou, secrĂŠtaire nationale du PS chargĂŠe de la rĂŠforme de l’État et des collectivitĂŠs territoriales, et Yves Krattinger, responsable du pĂ´le "territoires, services publics et ruralitĂŠ" dans l’Êquipe de campagne de François Hollande, 20 dĂŠcembre 2011.


ACTU &/ #3&' ACTU &/ #3&' ACTU &/ #3&' ACTU &/ #3&' Modifications des limites des rĂŠgions : l’ADF proteste Claudy Lebreton, le prĂŠsident de l’ADF, a dit regretter que l’AssemblĂŠe nationale ait modifiĂŠ fin dĂŠcembre les dispositions permettant Ă un dĂŠpartement de rejoindre une autre rĂŠgion que celle Ă laquelle il appartient. L’ADF n’est pas opposĂŠe Ă ce que des dĂŠpartements dĂŠcident de fusionner ou choisissent de "changer" de rĂŠgions. Pour autant, de telles dĂŠcisions ÂŤ sont loin d’être anodines et doivent relever du choix exprès de nos concitoyens Âť, explique le prĂŠsident du Conseil gĂŠnĂŠral des CĂ´tes-d’Armor. Dans ces conditions, l’ADF dĂŠplore que l’AssemblĂŠe nationale ait donnĂŠ droit Ă un amendement, portĂŠ notamment par les dĂŠputĂŠs Le Fur (UMP) et de Rugy (Verts), visant Ă retirer aux habitants de la rĂŠgion d’origine du dĂŠpartement qui aspire Ă ÂŤ changer de rĂŠgion Âť la possibilitĂŠ de s’exprimer par rĂŠfĂŠrendum sur l’Êvolution institutionnelle proposĂŠe. En outre, l’assouplissement des conditions requises pour l’organisation du rĂŠfĂŠrendum ne tient plus compte de la position des conseils rĂŠgionaux. Le prĂŠsident de l’ADF espère que le SĂŠnat pourra revoir ces dispositions dans le sens d’une plus grande dĂŠmocratie et en revenant au texte qui faisait consensus afin de garantir l’expression de tous les ĂŠlus et de toutes les populations concernĂŠs.

Le SĂŠnat donne la parole aux 550 000 ĂŠlus locaux Comme son prĂŠsident, Jean-Pierre Bel, s’y ĂŠtait engagĂŠ lors de son investiture, le SĂŠnat a lancĂŠ les ĂŠtats gĂŠnĂŠraux de la dĂŠmocratie territoriale afin de recueillir la parole des ĂŠlus, leurs attentes et leurs propositions pour l’avenir des territoires. Le comitĂŠ de pilotage de ces ĂŠtats gĂŠnĂŠraux, prĂŠsidĂŠ par Yves Krattinger (Haute-SaĂ´ne), est composĂŠ de sĂŠnateurs reprĂŠsentant la diversitĂŠ des sensibilitĂŠs politiques et des grandes associations pluralistes d’Êlus. Il a ĂŠlaborĂŠ un questionnaire Ă destination des 550 000 ĂŠlus locaux de France avec l’appui de la dĂŠlĂŠgation aux collectivitĂŠs locales. Ce questionnaire comporte une sĂŠrie de questions destinĂŠes Ă mieux connaĂŽtre les ĂŠlus ainsi que 44 questions destinĂŠes Ă recueillir leur sentiment gĂŠnĂŠral sur l’Êtat de la dĂŠmocratie territoriale, puis 37 autres Ă caractère plus technique. Enfin, 26 questions sont destinĂŠes spĂŠcifiquement aux ĂŠlus d’outre-mer. Les rĂŠponses sont anonymes. Les ĂŠlus ont jusqu’au 22 fĂŠvrier pour participer Ă cette consultation. Il faut compter environ 30 minutes pour rĂŠpondre aux 44 premières questions. Afin de faire avancer la dĂŠmocratie territoriale, n’hĂŠsitez pas Ă promouvoir ce questionnaire auprès d’autres ĂŠlus locaux. www.senat.fr/democratie-territoriale

Philippe Duron : ÂŤ Non Ă la dĂŠlation entre voisins ! Âť La dĂŠcision de Claude GuĂŠant, ministre de l’IntĂŠrieur, ÂŤ d’Êtendre le dispositif dit de "participation citoyenne" Ă quatre communes de l’agglomĂŠration de Caen que je prĂŠside m’inquiète profondĂŠment Âť, a rĂŠagi le dĂŠputĂŠ-maire de Caen, Philippe Duron, fin dĂŠcembre. ÂŤ  En  cette  pĂŠriode  de  diďŹƒcultĂŠs  Êconomiques, c’est encore une fois une vision de la sociĂŠtĂŠ fondĂŠe sur la peur de l’autre que le gouvernement nous propose alors que c’est de solidaritĂŠ dont nous avons besoin. Refusons cette sociĂŠtĂŠ de suspicion que le gouvernement encourage ! Le recrutement et l’indemnisation, par la police, d’habitants devant avoir une posture de vigilance accrue Ă l’Êgard des comportements et ĂŠvĂŠnements suspects et un "rÊexe  de  signalement"  est  un  signe  de  fragilitĂŠ  de  nos  services  publics  . Pour le dĂŠputĂŠ du Calvados, ÂŤ la police et la sĂŠcuritĂŠ sont des mĂŠtiers, ils ne peuvent ĂŞtre pratiquĂŠs par de simples citoyens, mĂŞme de bonne volontĂŠ mais sans formation. S’il est nĂŠcessaire de les consulter et de les associer Ă la politique de sĂŠcuritĂŠ, la dĂŠmocratie ne saurait tolĂŠrer qu’ils jouent un rĂ´le de potentiels "dĂŠlateurs". Très attachĂŠ Ă la sĂŠcuritĂŠ de mes concitoyens et attentif Ă leurs inquiĂŠtudes, j’attends du gouvernement et de son ministre de l’IntĂŠrieur le rĂŠtablissement d’une police  de  proximitĂŠ  eďŹƒcace,  rassurante  et  dotĂŠe  de  tous  les  moyens  nĂŠcessaires  à  son  action  , conclut le maire de Caen.

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FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

EUROPE

Europe et Ênergie : quel rôle pour l’Êchelon local ? RÊuni mi-dÊcembre à Bruxelles, le ComitÊ des rÊgions de l’Union europÊenne a accueilli favorablement la feuille de route sur l’Ênergie à l’horizon 2050 de la Commission europÊenne mais avertit que les prioritÊs doivent être rÊÊquilibrÊes

L

e ComitĂŠ des rĂŠgions estime qu’il faudra faire plus pour aider les collectivitĂŠs locales Ă jouer leur rĂ´le dans la rĂŠduction de la consommation d’Ênergie et la transition vers des sources d’Ênergie plus durables. Après un dĂŠbat long et animĂŠ lors de sa session de dĂŠcembre, le ComitĂŠ a rejetĂŠ les propositions visant Ă fixer des objectifs europĂŠens en matière de rĂŠnovation de bâtiments publics, arguant qu’une question aussi sensible devrait ĂŞtre laissĂŠe Ă l’apprĂŠciation de chaque État membre. L’UE s’est fixĂŠ l’objectif ambitieux de "dĂŠcarboner" son ĂŠconomie d’ici Ă 2050. Mais la Commission europĂŠenne juge que l’Europe n’atteindra pas son but si elle ne prend pas d’autres mesures. La feuille de route suggère plusieurs scĂŠnarios, chacun impliquant des changements majeurs qui devront ĂŞtre apportĂŠs si l’on veut que la "dĂŠcarbonisation" devienne rĂŠalitĂŠ, parmi lesquels un rĂ´le accru pour l’ÊlectricitĂŠ, une dĂŠcentralisation plus poussĂŠe des rĂŠseaux d’Ênergie, des ĂŠconomies d’Ênergies plus importantes, une nette hausse de l’utilisation des ĂŠnergies renouvelables et un rĂ´le significatif pour la capture et le stockage du carbone et l’Ênergie nuclĂŠaire.

Violation du principe de subsidiaritĂŠ Jean-Louis Joseph

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Jean-Louis Joseph, maire de La Bastidonne (Vaucluse), dont l’avis sur l’efficacitĂŠ ĂŠnergĂŠtique a ĂŠtĂŠ adoptĂŠ lors de la session plĂŠnière du CdR, se fĂŠlicite que la Commission ait rĂŠaffirmĂŠ que le premier outil de la stratĂŠgie ĂŠnergĂŠtique de l’UE est et doit demeurer l’efficacitĂŠ ĂŠnergĂŠtique et que le rĂ´le des organisations locales et des villes sera bien plus important dans les systèmes ĂŠnergĂŠtiques du futur, tout en soulignant le fossĂŠ entre cette dĂŠclaration et la rĂŠalitĂŠ sur le terrain ÂŤ L’analyse d’impact rĂŠalisĂŠe par la Commission europĂŠenne montre que nous sommes loin de pouvoir atteindre l’objectif de  20  % Â ďŹ xĂŠ  en  matière  d’eďŹƒcacitĂŠ  ÊnergĂŠtique pour 2020, ne fĂťt-ce qu’en raison du fait que les dĂŠcideurs de l’UE n’ont pas en-

tendu les appels Ă un soutien accru dans ce domaine. Dans l’avis que j’ai ĂŠlaborĂŠ en 2009 sur le thème "ĂŠnergie : examen stratĂŠgique et performance des bâtiments", j’ai critiquĂŠ le dĂŠsĂŠquilibre dans les investissements  entre  les  mesures  d’eďŹƒcacitĂŠ  ÊnergĂŠtique qui ont fait leur preuve et les technologies non testĂŠes, et il est dĂŠcevant de voir que la Commission croit toujours qu’il faille accorder la mĂŞme importance aux deux. Je suis toutefois satisfait que le CdR ait adoptĂŠ un appel visant Ă rendre contraignant  l’objectif  de  20  %  d’eďŹƒcacitĂŠ  ÊnergĂŠtique. Nous pourrions avancer plus rapidement si les bonnes incitations et les bons objectifs ĂŠtaient mis en place maintenant. C’est pourquoi j’ai soutenu les propositions de la Commission qui visaient Ă demander au secteur public, y compris aux collectivitĂŠs locales, de rĂŠnover 3 % de ses bâtiments tous les ans et d’acheter des produits, services et bâtiments Ă haute performance ĂŠnergĂŠtique, et je regrette que celles-ci aient ĂŠtĂŠ rejetĂŠes par le ComitĂŠ en plĂŠnière Âť. L’Êtablissement d’un objectif paneuropĂŠen de 3 % a en effet ĂŠtĂŠ repoussĂŠ au motif que cela pourrait paralyser inutilement les finances de nombreuses collectivitĂŠs territoriales et que ces propositions constituaient une violation potentielle du principe de subsidiaritĂŠ qui prĂŠvoit que les dĂŠcisions soient prises au niveau de gouvernement le plus appropriĂŠ. Jean-Louis Joseph a toutefois indiquĂŠ qu’encourager les pouvoirs publics Ă prendre des mesures par le biais de l’Êtablissement d’objectifs pouvait aussi produire des effets extrĂŞmement bĂŠnĂŠfiques. Les bâtiments consomment actuellement près de 40 % de toute l’Ênergie primaire et les ĂŠtudes suggèrent que la rĂŠnovation Ă grande ĂŠchelle du parc immobilier de l’UE d’ici 2050 pourrait crĂŠer plus d’un million d’emplois directs nouveaux au niveau local et gĂŠnĂŠrer un retour sur investissement non nĂŠgligeable. 


FOCUS ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°ďƒ°

POLITIQUE DE LA VILLE

Les banlieues ignorĂŠes par le gouvernement Avec la crise et les promesses non tenues de Nicolas Sarkozy, combinĂŠes Ă un recul des aides de l’État, la situation s’est notoirement aggravĂŠe dans les banlieues ces dernières annĂŠes. L’avenir de leurs populations constituera l’un des enjeux de l’Êlection prĂŠsidentielle

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apporteur pour avis du volet "ville" de la loi de finances 2012 au SĂŠnat, l’ex-maire de Clichy-sous-Bois Claude Dilain a constatĂŠ, depuis trois ans, une diminution du tiers des enveloppes du programme 147, dĂŠdiĂŠ Ă la politique de la ville. En 2012, les autorisations d’engagement passeront Ă 88,4 millions d’euros et les crĂŠdits de paiement Ă 75,91 millions, soit une baisse moyenne de plus de 13 % par rapport Ă l’annĂŠe dernière. Alors que les populations des banlieues sont les premières impactĂŠes par la crise et les hausses de prix, le gouvernement Fillon a donc choisi de poursuivre sa politique de dĂŠsengagement vis-Ă -vis des territoires urbains en difficultĂŠ. Le programme 147 ne reprĂŠsente toutefois que le quart des subsides disponibles. S’y rajoutent notamment des dĂŠpenses fiscales – Ă hauteur de 321 millions d’euros – dont 211 millions au titre des exonĂŠrations d’impĂ´ts sur le revenu et sur les bĂŠnĂŠfices consenties aux entreprises exerçant une activitĂŠ dans les zones franches urbaines. Ce qui n’empĂŞche pas le dĂŠcrochage des zones urbaines sensibles. La part des actifs y disposant d’un emploi est passĂŠe de 55,3 % en 1999 Ă 52,7 % en 2010 ; en outre, la hausse de l’inactivitĂŠ des femmes est patente (32,7 % contre 29,9 % sur les mĂŞmes pĂŠriodes). Tout aussi inquiĂŠtante est l’Êvolution du nombre d’Êlèves orientĂŠs dans des ĂŠtablissements du secondaire : moins 12 % depuis 1999.

AgrÊgat incohÊrent Dans ce contexte, les contrats urbains de cohÊsion sociale (cucs) devraient faire l’objet d’une attention renouvelÊe. Or, c’est le contraire. L’Agence nationale pour la cohÊsion sociale et l’ÊgalitÊ des chances (AcsÊ) qui finance l’essentiel des dÊpenses engagÊes dans les quartiers voit ses subsides diminuer. Entre 2011 et 2012, les crÊdits destinÊs à la santÊ reculent de 23,1 %, ceux de la culture de 35 %. De même, l’enveloppe "lien social, citoyennetÊ et participation à la vie publique" diminue de 21 %.

Cherchez l’erreur en cette annĂŠe ĂŠlectorale ! Conclusion de Claude Dilain : ÂŤ Comment, dans ces conditions, prĂŠtendre viser Ă ce que  ces  territoires  en  diďŹƒcultĂŠ  rattrapent  leur retard ? Âť Effectivement. Les exhortations du ministre Maurice Leroy risquent de tomber bien Ă plat, alors mĂŞme que la "consolidation" des contrats urbains de cohĂŠsion sociale est l’une des prioritĂŠs fixĂŠes aux prĂŠfets‌

Claude Dilain, sĂŠnateur de Seine-St-Denis Les conclusions de Claude Dilain pourraient Ă elles seules fournir l’Êbauche d’un programme de lĂŠgislature. ÂŤ Depuis 30 ans, la politique de la ville a changĂŠ plusieurs fois de mĂŠthodes et d’outil ; mais son bilan est, au mieux, en demi-teinte. Elle  n’a  pas  suďŹƒsamment  mobilisĂŠ  le  droit  commun des politiques publiques et elle a multipliĂŠ les dispositifs au point d’apparaĂŽtre comme un agrĂŠgat incohĂŠrent d’interventions Âť. Et celui-ci de recommander, en consĂŠquence, l’articulation ÂŤ plus courageuse de la pĂŠrĂŠquation et des projets de dĂŠveloppement territorial Âť. Jacques Marcel

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L’ÉLU DE LA SEMAINE 

PHILIPPE CHALUMEAU

Le docteur Chalumeau assure les soins pour tous

U À 48 ans, Philippe Chalumeau, médecin généraliste et conseiller municipal de Tours, peut s’enorgueillir d’avoir mené à bien un ambitieux projet de maison médicale de garde dans une structure assurant la permanence des soins le week-end. Portrait

ne jeunesse heureuse, un engagement sans faille. À 48 ans, Philippe Chalumeau vit sa passion à cent à l’heure. Ce fils de militaire a bourlingué de base en base, au gré des mutations de son père. Originaire du Berry, il a vécu à Rochefort, Bordeaux et Madagascar, avant de revenir dans sa région natale où il a mené de brillantes études secondaires suivies par un cursus universitaire, à la faculté de médecine de Tours. Sa dernière année, il l’a passée dans la capitale où il a soutenu, parallèlement à son diplôme de généraliste, un DESS d’économie et de gestion des systèmes de santé à la Sorbonne. Place ensuite à la politique. « Je me suis engagé en 1980 pour faire campagne en faveur de François Mitterrand, sans pour autant être encarté, précise-t-il. J’ai d’abord collé des affiches, avant d’adhérer à l’UNEF-­ ID et de militer syndicalement ». C’est en 1998 qu’il franchit le Rubicon pour intégrer la section de Chambray-les-Tours. Cinq ans plus tard, le revoici à Tours où il prend ses quartiers. Le maire, Jean Germain, l’invite alors à figurer sur sa liste. Ce qui lui vaut de s’investir dans la campagne, puis d’être désigné en 2009 conseiller municipal délégué aux affaires sociales et au sport, à la faveur d’un désistement.

Qualité et fiabilité Ce faisant, il pilote la mise en œuvre d’une maison médicale de garde qui verra le jour un an et demi plus tard. « L’absence d’accès aux soins, la suppression du caractère obligatoire des gardes, la féminisation de la profession combinées à la difficulté de mobiliser les médecins généralistes durant les week-ends, nous ont conduits à mener à bien ce projet, confie-t-il. Ma connaissance du milieu de SOS Médecins et mes nombreuses gardes m’ont beaucoup aidé ».

Tout n’a pourtant pas été facile. Ce n’est qu’au terme d’un long travail de gestation que Philippe Chalumeau est parvenu à ses fins. « J’ai créé un groupe de travail visant à faciliter la communication des différents acteurs du secteur, des médecins libéraux aux personnels de SOS Médecins, en passant par les représentants du conseil de l’ordre et du milieu hospitalier. Tout n’a pas été simple, mais l’idée de mutualiser nos efforts et d’assurer la pérennité du dispositif dans sa dimension municipale a emporté l’adhésion ». Située dans l’enceinte même de l’hôpital Bretonneau, cette structure a vu le jour en décembre 2010. « La population y trouve son compte, se félicite l’élu. Ce lieu pérenne, cofinancé par la Région Centre (25 000 €), la municipalité (5 000 €/an), le Conseil général d’Indre-­et-­Loire (5 000 €) et l’Agence régionale de santé (10 000 €), est aujourd’hui clairement identifié. Chacun peut y recevoir des soins non programmés, le week-end, sans avoir à patienter de longues heures aux urgences ». L’organisation est régie au gré de plages horaires de quatre heures : le samedi de 12 à 20 heures, le dimanche de 8 à 20 heures. « Pour être reçus, les patients doivent téléphoner au 15 où un médecin régulateur les oriente vers la maison médicale ou un autre lieu qui fixe un rendez-vous. Ce système assure la qualité et la fiabilité des prestations », assure Philippe Chalumeau. Lequel n’entend pas s’arrêter en si bon chemin. En témoigne la mise en place programmée d’un centre "portes ouvertes" de soins destiné aux plus démunis qui avance à grands pas. Le début d’une nouvelle aventure. Bruno Tranchant

Gérant - Directeur de la publication : Serge Bossini - Rédacteur en chef : Philippe Foussier - Conception réalisation : Brigitte Bossu Ont participé à ce numéro : Jacques Marcel - Bruno Tranchant - Photos : D.R


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