Le français dans le monde 374

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REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS

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N° 374 MARS-AVRIL 2011

// MÉTIER //

Le français, langue d’hĂŠritage aux États-Unis L’institut Wenzao Ă TaĂŻwan, campus numĂŠrique

magnĂŠtophone numĂŠrique

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// ÉPOQUE //

SoďŹ ane Hadjadj, le renouveau de l’Êdition en AlgĂŠrie // MÉMO //

FIPF

www.fdlm.org

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ISSN 0015-9395 ISBN 978-2-090-37065-2

Un ĂŠcrivain pour la postĂŠritĂŠ

MARS-AVRIL 2011 â– DOSSIER Irène NĂŠmirovsky : un ĂŠcrivain pour la postĂŠritĂŠ

ressource multimĂŠdia

Irène NÊmirovsky

N°374

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Extrait du manuel numĂŠrique LIGNE DIRECTE niveau 1 - sĂŠquence 1

// DOSSIER //

D’Haïti, la croisÊe romanesque de deux destins africains



SOMMAIRE-BAT_SOMMAIRE.B.A.T 16/02/11 16:15 Page1

numéro 374

Sommaire ÉPOQUE 2. Contribution À vos plumes ! Le français dans le monde a 50 ans

6. Portrait Sofiane Hadjadj : éditeur à Alger, éditeur engagé

8. Regard « Le multiculturalisme se paie très cher »

10. Tendance La générosité au secours de la solidarité

11. Sport Filmer le foot, c’est raconter une histoire…

12. Économie La grande distribution refait surface

14. Évènement La gastronomie française, nouveau trésor de l’humanité

Métier / expérience

Quand le français sort de la classe pour entrer au 36 musée...

Les fiches pédagogiques à télécharger

fiches pédagogiques à télécharger sur : www.fdlm.org

Graphe : « Femmes »

Économie : La grande distribution refait surface

Une journée dans la vie de… : René, bénévole aux Restos

Clés : La notion d’autonomie

Nouvelle : Aminata Sow Fall, « La fête gâchée »

Tests et jeux

Dossier

Irène Némirovsky Un écrivain pour la postérité Biographie Origine : russe / Langue : française ....50 Réception Récit d’une renaissance littéraire ....52 Édition Des manuscrits à l’histoire très romanesque ...........................54 Analyse Des romans d'analyse teintés de mélancolie slave ......................................56

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16. Une journée dans la vie de… Le français dans le monde sur Internet : http://www.fdlm.org

René, bénévole aux Restos, la main sur le cœur

MÉTIER 20. L’actu 32. Reportage 22. Focus Le français sur objectif universitaire, un programme et un chantier

Opération Colibri : le succès des échanges éducatifs franco-japonais

MÉMO 60. À écouter 62. À lire

34. Innovation 24. Mot à mot

66. À voir

Dites-moi Professeur…

L’institut Wenzao, au cœur des nouvelles technologies

26. Clés

36. Expérience

INTERLUDES 4. Graphe « Femmes »

La notion d’autonomie

Quand le français sort de la classe pour entrer au musée...

18. Poésie Randonnée

« J’ai appris à travailler sans moyen, sans méthode »

38. Enquête

44. Nouvelle Aminata Sow Fall, « La fête gâchée »

30. Savoir-faire

40. Initiatives

Apprendre en action : une affaire de mode

Aux États-Unis, le français trouve un nouveau public

28. Zoom Nouvelle orthographe : une évolution silencieuse

Couverture : Denise Epstein - Imec

56. BD Martin Vidberg, « La récré» 68. Jeux Brise de printemps, etc.

Le français dans le monde, revue de la Fédération internationale des Professeurs de français - www.fipf.org, éditée par CLE International – 9 bis, rue Abel Hovelacque – 75 013 Paris Tél. : 33 (0) 1 72 36 30 67 – Fax. 33 (0) 1 45 87 43 18 – Service abonnements : 33 (0) 1 40 94 22 22 – Fax. 33 (0) 1 40 94 22 32 – Directeur de la publication Jean-Pierre Cuq (FIPF) Directeur de la rédaction Jacques Pécheur (ministère de l’Éducation nationale – FIPF) Secrétaire général de la rédaction Sébastien Langevin Relecture/correction Marie-Lou Morin Relations commerciales Sophie Ferrand Conception graphique Miz’enpage - www.mizenpage.com – Commission paritaire : 0412T81661. 50e année. Comité de rédaction Dominique Abry, Isabelle Gruca, Valérie Drake, Pascale de Schuyter Hualpa, Chantal Parpette, Jacques Pécheur, Florence Pellegrini, Nathalie Spanghero-Gaillard. Conseil d’orientation sous la présidence d’honneur de M. Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie : Jean-Pierre Cuq (FIPF), Pascale de Schuyter Hualpa (Alliance française), Raymond Gevaert (FIPF), Michèle Jacobs-Hermès (TV5), Xavier North (DGLFLF), Soungalo Ouedraogo (OIF), Florentine Petit (MEN), Jean-Paul Rebaud (MAEE), Madeleine Rolle-Boumlic (FIPF), Vicky Sommet (RFI), Jean-Luc Wollensack (CLE International).

Le français dans le monde //n° 374 //mars-avril 2011

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50e anniversaire // contribution

À vos plumes ! Le français dans le monde a 50 ans Le français dans le monde lieu de mémoire, lieu de votre mémoire

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n juin 2011, Le français dans le monde fêtera sa cinquantième année de parution. Pour certains d’entre vous qui sont fidèles à la revue depuis le premier numéro, c’est cinquante ans de votre histoire que raconte cette complicité entretenue numéro après numéro. Pour les plus nombreux, c’est un moment de leur histoire professionnelle. Pour d’autres encore, ça aura été une brève rencontre peut-être fortuite, parfois déterminante. Bref, il y a eu dans la vie professionnelle de nombre d’entre vous des moments « français dans le monde »… Nous voudrions à l’occasion de ce numéro anniversaire tisser ces cinquante ans de mémoire individuelle et collective. Faire le grand récit de cette solidarité qui relie chaque lecteur, quelles que soient sa condition d’enseignement et sa situation d’enseignant. Pour fêter ensemble cet anniversaire, à vous maintenant de prendre la plume et de nous apporter votre témoignage sur un moment de votre histoire commune avec la revue. Parce que Le français dans le mondeest véritablement un lieu de mémoire, au sens où l’entend l’historien Pierre Nora : un lieu d’élection où s’est incarnée la mémoire collective de tous ceux qui ont eu et qui ont à cœur d’enseigner le français, où s’est manifestée de manière continue la volonté de promouvoir une langue chargée autant d’universalité que de diversité, où s’est construit au fil du temps ce « lien », réclamé, dès l’origine « entre tous ceux qui enseignent le français dans le monde et dont beaucoup – dans leur activité professionnelle – se sentent isolés ».

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Envoyez vos textes : n par courrier électronique objet « Le français dans le monde a 50 ans » à : fdlm@fdlm.org n par voie postale, à l’adresse suivante Le français dans le monde « Le français dans le monde a 50 ans » 9 bis rue Abel Hovelacque 75013 Paris


Abonné(e), créez en quatre clics votre espace en ligne sur www.fdlm.org Pour profiter des fiches pédagogiques, des documents sonores et de leur transcription ainsi que des suppléments en ligne, ne perdez pas une minute pour créer votre Espace abonné sur le site du Français dans le monde.

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Nouveau : les blogs d’experts du Français dans le monde Venez dialoguer, échanger, partager avec nos experts sur les blogs du www.fdlm.org. Une autre manière de suivre l’actualité du domaine grâce aux éclairages de spécialistes du français langue étrangère.

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Louis-Jean Calvet anime le blog Langues françaises : chaque mois, il reçoit des linguistes du monde entier qui viennent rendre compte des faits de langue dans leurs pays.

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nom de votre ville, tel que mentionné sur les courriers du Français dans le monde.

Jean Duverger commente chaque mois l’actualité de l’enseignement bilingue sur son blog : comptes rendus de colloque, lectures, réflexions par le président fondateur de l’Association pour le Développement de l’Enseignement bi/plurilingue (Adeb).

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Le français dans le monde // n°374 // mars-avril 2011

Les enseignants de l’Alliance française Paris Île-de-France prodiguent des conseils sur le blog dédié aux nouveaux enseignants, partagent leurs expériences sur le blog consacré à l’enseignement aux enfants et aux adolescents, explorent les dernières innovations pédagogiques sur le blog du multimédia, lancent des débats, avec le concours de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris sur le Français sur objectifs spécifiques.n

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interlude //

« On ne naît pas femme : on le devient. » Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe

« L'avenir de l'homme est la femme Elle est la couleur de son Âme Elle est sa rumeur et son bruit Et sans Elle, il n'est qu'un blasphème. » Louis Aragon, Le Fou d'Elsa

Femmes « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime, Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même, Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. » Paul Verlaine, Poèmes saturniens, « Mon rêve familier »

© Marcus Lund/cultura/Corbis

« La seule chose qu'on puisse tenir pour certaine quand une femme vous dit : “Je serai prête dans cinq minutes”, c'est qu'elle parle français. » La fiche pédagogique à télécharger sur : www.fdlm.org

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« Dieu n'a pas fait d'aliments bleus. Il a voulu réserver l'azur pour le firmament et les yeux de certaines femmes. » Alphonse Allais

Pierre Dac

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« Je suis contre les femmes, tout contre. » Sacha Guitry

« [...] ce nom que toutes les femmes pourraient donner à leur mari : le loin-près. Ni jamais là ni jamais ailleurs. Ni vraiment absent ni vraiment présent. » Christian Bobin, Le Très-Bas

« L'admission des femmes à l'égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation, et elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain. »

« On a toujours assez vécu, quand on a eu le temps d'acquérir l'amour des femmes et l'estime des hommes. » Pierre Choderlos de Laclos, Les Liaisons dangereuses

« Il faut deux mois pour qu'une femme connaisse son homme et deux vies pour qu'un homme connaisse sa femme. » Lewis Trondheim, Pour de vrai

Stendhal, De l’amour Le français dans le monde // n°374 // mars-avril 2011

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époque // portrait

© Ferrante Ferranti

Dans un pays où le livre reste souvent difficile d’accès, publier a valeur d’engagement.

Dans les années 2000, « l’Algérie se reconstruisait, tout comme le réseau de distribution de livres. Dans ce pays, la lecture et le livre sont un combat ».

Sofiane Hadjadj :

éditeur à Alger, éditeur engagé Par Nicolas Dambre

L

À l’occasion de leurs 10 ans, les Éditions Barzakh sortaient un recueil de nouvelles et de photos sur Alger.

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’entre-deux, c’est ce que signifie le nom de sa maison, les Éditions Barzakh. « C’est un terme issu du Coran, qui désigne l’isthme, les limbes, un non-lieu où errent les âmes. La littérature est un entre-deux, un territoire d’ambiguïté, un lieu complexe de l’imaginaire », explique Sofiane Hadjadj. Cet homme élégant au regard pénétrant et sa compagne, Selma Hellal, ont en commun une passion : la littérature. Ensemble, en 2000, ils créent à Alger les Éditions Barzakh. Et pourtant ce n’est pas par la littérature que Sofiane

Hadjadj est entré dans la vie active, mais par l’architecture. Il aurait préféré faire de la philosophie ou des sciences humaines, mais ses parents ne le voyaient pas d’un très bon œil. L’architecture, avec sa dimension créative, lui semble alors un bon « entre-deux ». Né à Alger en 1970, petit dernier d’une fratrie de cinq frères et sœurs, Sofiane Hadjadj commence vers l’âge de 10 ans à se passionner pour les romans de Charles Dickens, Alexandre Dumas ou Marc Twain. Au lycée, ce sont Kafka et Dostoïevski qui le touchent, parce qu’ils font écho à la situation de l’Al-

Sofiane Hadjadj en six dates : 1970 : naissance à Alger. 1989 : études d’architecture en France. 2000 : création des Éditions Barzakh à Alger. 2002 : première coédition avec les Éditions de l’Aube, puis les Éditions du Bec en l’air et Actes Sud. 2010 : grand prix de la Fondation néerlandaise Prince Claus. 2011 : publication en France, chez Actes Sud, du premier roman de la jeune auteure Kaouther Adimi.

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© Jean-François Rollinger / ANA

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« Il y a un réel désir d’expression, un bouillonnement social que l’on trouve en Tunisie, en Égypte ou ici. Les auteurs traduisent toujours l’état d’une société [...]. Lorsque l’on exerce le métier d’éditeur, c’est forcément un engagement politique dans des pays comme les nôtres, où l’autocensure prend le pas sur la censure... » gérie d’alors, à son régime bureaucratique et totalitaire. Le baccalauréat obtenu à Alger, le jeune homme part alors en France en 1989 effectuer des études d’architecture qu’il termine en 1997. À Paris, Sofiane rencontre Selma, étudiante en sciences politiques. Un projet un peu fou Entre deux époques, celle de la décolonisation et celle de l’ouverture actuelle de l’Algérie au reste du monde, Sofiane Hadjadj fait partie de ce qu’il appelle la « génération sacrifiée », celle des Algériens de son âge. Entre deux rives de la Méditerranée, devenu architecte, Sofiane Hadjadj continue à être aussi partagé entre son métier et la littérature qui occupe le reste de son temps. Revenu à Alger, il organise alors des rencontres dans une librairie voisine de son

cabinet, crée avec un ami une revue artistique et littéraire. Selma, elle, est journaliste. C’est la fin des années 1990, la fin d’une période sombre en Algérie. La situation de l’édition dans le pays est alors désolante, quelques gros éditeurs publient des ouvrages essentiellement pratiques. La littérature algérienne existe surtout hors d’Algérie, avec de grands auteurs publiés en France, au Liban ou en Syrie. Certains de ces auteurs se sont exilés, sous peine d’être assassinés par les islamistes. Quand Sofiane et Selma décident de créer les Éditions Barzakh, ils gardent leur métier respectif. Leur argent et celui de la famille ou d’amis financent ce projet un peu fou. « Nous étions complètement inconscients, sans expérience dans le domaine de l’édition, ce qui nous a fait perdre beaucoup de temps.

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L’Algérie se reconstruisait, tout comme le réseau de distribution de livres. Dans ce pays, la lecture et le livre sont un combat. Ce sont pour nous une passion au sens plein : un engagement. » Avec la fin du terrorisme et l’afflux de la manne financière du pétrole, la situation économique algérienne s’améliore : l’État met alors en place un programme d’aide à l’édition. Les nouveaux auteurs sont de plus en plus nombreux, des maisons d’éditions se créent. « Il y a un réel désir d’expression, un bouillonnement social que l’on trouve en Tunisie, en Égypte ou ici. Les auteurs traduisent toujours l’état d’une société, comme l’expliquaient Deleuze et Guattari dans Kafka. Pour une littérature mineure, un ouvrage qui m’a profondément marqué lorsque j’étudiais à Paris. Quand on exerce le métier d’éditeur, c’est forcément un engagement politique dans des pays comme les nôtres, où l’autocensure prend le pas sur la censure. Il y a un triangle interdit : politique, religion et sexe, mais ce sont des lignes rouges avec lesquelles les créateurs jouent. » Le choix de l’indépendance Entre deux langues, l’arabe et le français, les Éditions Barzakh ont publié depuis une dizaine d’années une centaine de livres dont les deux tiers en français. Le catalogue de la jeune maison d’édition entremêle littérature classique ou plus expérimentale, rééditions et nouveautés, écrivains consacrés et jeunes auteurs (Hajar Bali, Sid Ahmed Semiane…) et réserve une place de choix à une poésie arabe d’une grande vitalité. Le souhait de Selma Hellal et de

Sofiane Hadjadj est de créer un patrimoine littéraire, ici, en Algérie, et d’y faire émerger de nouvelles voix. « Nous avons racheté les droits éditoriaux de certains auteurs publiés en France ou au Liban, comme par exemple Rachid Boudjedra. Désormais, nous demandons aux auteurs algériens qui publient à l’étranger de réserver leurs droits pour l’Algérie, pour que nous n’ayons pas à acheter des droits à un éditeur étranger pour un auteur algérien. C’est une des conditions de notre indépendance », observe Sofiane Hadjadj, qui développe par ailleurs des coéditions, en particulier avec Actes Sud. Malheureusement, le livre reste cher pour la plupart des Algériens, l’offre est peu diversifiée et le pays compte seulement 30 librairies pour 35 millions d’habitants. Le Salon international du livre d’Alger – avec ses 700 000 visiteurs – est donc le rendez-vous incontournable de l’édition, qui s’ajoute aux nombreux évènements organisés dans des salons plus modestes ou dans des universités. Une bonne vente se situe entre 4 000 et 5 000 exemplaires. Depuis 2008, le couple se consacre entièrement aux Éditions Barzakh, vivant d’un seul salaire, avec quatre employés. Quand ils ne sont pas au milieu des livres, nos deux éditeurs consacrent une bonne partie de leur temps libre à leur seconde passion : le cinéma américain des années 1930. « Nous sommes fascinés par ces comédies sociales de Capra, Cukor ou Wilder, nées après la crise de 1929 et la fin de la prohibition. Elles expriment une joie de vivre qui nous manque aujourd’hui. » n

Le livre reste cher pour la plupart des Algériens, l’offre est peu diversifiée et le pays compte seulement 30 librairies pour 35 millions d’habitants.

© Marc Garanger / Epicureans

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époque // regard

Comment gérer la diversité ? Les réflexions de Philippe d’Iribarne au croisement de l’ethnologie, de la sociologie et de la philosophie politique… © Shutterstock

« Le multiculturalism e Avec Philippe d’Iribarne Comment est née l’idée de ce livre sur Les Immigrés de la République ? Philippe d’Iribarne : J’ai été très surpris par la violence du débat sur « l’identité nationale » qui a agité la France en 2009. Il a montré les tensions entre deux conceptions de la vie en société : d’une part, le principe d’une société de citoyens, fondée sur l’égalité républicaine et la non-discrimination, qui remonte à la Révolution française ; d’autre part, une attention forte portée à ce qu’est chacun – sa famille, son parcours, ses origines… Ces deux vi-

© H.Triay

Philippe d’Iribarne, directeur de recherche au CNRS à Paris et auteur de L’Étrangeté française (2006), vient de publier Les Immigrés de la République.

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sions coexistent parfois au sein d’un même individu, avec un hiatus entre l’idéal et le comportement. Ces deux conceptions se retrouvent dans la question de l’immigration… Ph. d’I. : Pendant longtemps a prévalu l’idée d’une assimilation des immigrés. La France était convaincue que ses valeurs étaient universelles : elle était la patrie des droits de l’homme. L’assimilation se trouvait justifiée : elle signifiait accéder à l’universel. Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, la chute du nazisme, la décolonisation et le recul de l’influence française, le principe du respect des cultures a pris le pas sur l’assimilation. Il s’agit d’assumer la diversité, et de la gérer, dans une société qui se veut multiculturelle1. On a donc abandonné l’idée d’une assimilation ? Ph. d’I. : L’assimilation est devenue

idéologiquement inacceptable en France, mais elle demeure encore dans les faits : l’interdiction de la burqa ou des signes religieux à l’école relève de cette logique. La France est loin du modèle multiculturel anglo-saxon : elle est attachée à la non-ségrégation, elle défend le principe de la solidarité et de la mixité sociale et refuse les classifications ethniques. Ce qui n’empêche pas d’autres classifications, notamment toute une hiérarchie sociale, qui est, elle, totalement assumée. Ce modèle français n’est-il pas en panne ? Ph. d’I. : L’intégration des vagues d’immigration italienne, polonaise, espagnole s’était faite progressivement. En tout cas avec la deuxième génération. À l’heure actuelle, les enfants ou petits-enfants d’immigrés de pays du Sud sont moins bien intégrés que leurs parents ! Ils connais-

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Erratum

compte rendu

« Toute société a besoin d’un socle commun » En France, la législation permet de modifier un nom pour qu’il sonne plus français. Mais l’inverse n’est pas vrai : impossible pour ceux qui le souhaiteraient de reprendre le nom de famille de leurs parents ou grands-parents, francisé après la Seconde Guerre mondiale pour effacer une consonance juive ! Pour Philippe d’Iribarne, l’exemple est révélateur des contradictions de la société française qui, malgré ses idéaux universalistes, cherche à créer un univers de noms familiers, destiné à faciliter l’intégration. L’intégration est pourtant en panne à l’heure actuelle. Entre un

idéal affiché de société multiculturelle et un attachement dans les faits à l’assimilation, la France a du mal à gérer sa diversité. À travers l’analyse notamment des discours politiques et des médias, l’auteur des Immigrés de la République s’intéresse au fossé qui s’est creusé entre intégration politique d’un côté et manque d’intégration dans le corps social de l’autre. Pour lui, le vrai multiculturalisme est une utopie, semblable à celle de la société sans classes voulue par Marx : toute société a besoin d’un socle commun. À commencer par une langue partagée par tous. n

Dans la conclusion de l’entretien avec Antonio Casilli, paru dans cette même rubrique dans le n°373 du Français dans le monde, il fallait lire : « D’un autre côté, le web change effectivement les comportements. [Certes,] les Tea Parties américaines, rassemblées par le biais des réseaux sociaux, sans qu’elles aient de chef de file reconnu [sont un exemple des dérives populistes de ces usages. Mais les expériences citoyennes des dernières années, tels les collectifs de militants du web en Europe et en Asie,] ont donné aux hommes politiques de belles leçons de démocratie participative. » n

m e se paie très cher » sent un taux de chômage élevé, une délinquance plus forte. L’intégration dans le corps politique – la nationalité française avec les droits et les devoirs qui l’accompagnent – ne signifie pas l’intégration dans le corps social. Pour vous, le multiculturalisme n’est pas une solution à la gestion de la diversité. Ph. d’I. : Le multiculturalisme se paie très cher. Par la ségrégation et les inégalités, comme on le voit en Grande-Bretagne ou aux États-Unis. En Europe du Nord, où ont été mises en place des politiques intermédiaires entre le modèle anglo-saxon et le modèle français, le vote populiste xénophobe fleurit, notamment aux Pays-Bas et en Suède. En France, le multiculturalisme n’a pas non plus que des défenseurs : Fleur Pellerin, la présidente d’origine coréenne du Club XXIe siècle, se veut exclusivement française ; l’imam de Bor-

deaux, Tareq Oubrou, recommande lui aussi une forte intégration… Voyez-vous une issue à l’impasse actuelle ? Ph. d’I. : On assiste à un début d’interrogation. La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme, par exemple, ne paraît pas insensible à un questionnement sur le multiculturalisme.Les choses commencent à bouger.n 1. Société qui fait coexister plusieurs cultures.

Propos recueillis par Alice Tillier

Le français dans le monde // n°374 // mars-avril 2011

extrait « Pour des générations d’immigrés, l’allégeance à la société française, à son histoire, à ses valeurs, est pour l’essentiel allée de soi. […] S’assimiler, c’était faire oublier que l’on était différent en se comportant comme un “vrai Français”, pas seulement en étant respectueux des lois de la République, mais en adoptant les manières d’être qui prévalaient au sein de la société […] Mais les temps ont changé. Nombre de descendants d’immigrés venus du Sud ne suivent pas les traces de leurs prédécesseurs. Les uns ne se sentent guère français, d’aucune façon. D’au-

tres, tout en affirmant haut et fort leur état de citoyen français, donc leur allégeance au corps politique, sont prêts à affronter le corps social et entendent bien le faire plier, face à leurs exigences de reconnaissance, au nom du respect de leurs droits. […] L’idée d’une intégration gommant les différences, d’une “assimilation”, est maintenant repoussée, jugée contraire au respect de l’autre. » Philippe d’Iribarne, Les Immigrés de la République. Impasses du multiculturalisme, Seuil, coll. La couleur des idées, 2010, p. 85-87.

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époque // tendance

© Vincent Isore / Apercu Presse

L’édition 2010 a récolté plus de 84 millions d’euros de promesses de dons.

Du Téléthon à la Journée de la gentillesse, les sollicitations caritatives révèlent un nouveau comportement social des Français.

La générosité au secours de la solidarité Par Jacques Pécheur

M

ontant total des dons déclarés par les Français en 2009 : 1,7 milliard d’euros ; contribution moyenne par foyer fiscal : 335 euros. Certes, ce ne sont pas les chiffres du Royaume-Uni ou des États-Unis, mais la générosité publique a connu en France en l’espace d’une quarantaine d’années une progression spectaculaire. Et ce, dans un pays qui faisait jusqu’alors plutôt confiance à la fonction de redistribution de son État-providence. Mais voilà, l’État-providence manque de moyens et ne peut plus palier à tout. Alors l’exclusion, la précarité, la pauvreté sont devenues affaire de générosité. Une générosité aussi bien sollicitée par les associations qui s’occupent de précarité comme Les Restos du cœur, de santé publique comme le célèbre Téléthon ou de pandémie comme le Sidaction ; par l’émotion télévisuelle suscitée par les

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grandes catastrophes, que celles-ci touchent les Français de près (le tremblement de terre à Haïti) ou de loin (le tsunami en Asie du Sud-Est) ; ou encore par les grandes ONG comme Médecins du monde ou les associations incontestables comme le Secours populaire, le Secours catholique et surtout la fondation Emmaüs, attachée à la figure la plus emblématique et la plus populaire de France, l’abbé Pierre. Une question d’empathie Quant au spectre des motivations, disons qu’il est large : le désir de s’occuper des autres, la motivation première des 14 millions de bénévoles que regroupe en France l’ensemble du monde associatif, ou les douloureuses épreuves infligées par les drames personnels, les maladies de proches conduisent à entrer dans les mouvements associatifs. Sur toutes ces motivations, le psychanalyste Serge Tisseron a mis un nom : l’empathie. Dans un ouvrage récent, L’Empathie au cœur du jeu

Donner en ligne Le don en ligne représente aujourd’hui 1,8 % de l’ensemble des dons des particuliers : un chiffre modeste, même s’il a une bonne image et est considéré comme un bon outil de collecte. C’est surtout dans les situations d’urgence que les particuliers ont recours au don en ligne : 60 % des dons recueillis pour le tremblement de terre à Haïti ont été faits via Internet. De nouvelles formes de collecte apparaissent comme celles portées par le site Aiderdonner.com qui permet à chaque internaute d’organiser une collecte de fonds, d’abord auprès de ses proches, pour une cause qui lui est chère.

social (Albin Michel), il définit l’empathie comme « la capacité à s’acclimater au paysage intérieur de l’autre, à accepter de comprendre les choses – au moins partiellement – de son point de vue ». Mais cette générosité peut aussi avoir d’autres motivations, notamment chez les grands mécènes, qui contribuent tout de même pour près de la moitié (45,5 %) à l’ensemble des dons déclarés par les Français. À côté de l’intérêt fiscal, le don est souvent envisagé par les grands mécènes comme un tribut, une contrepartie à la réussite sociale. Mais une contrepartie qui génère des attitudes ambivalentes : soit que ces mécènes laissent agir les associations, soit au contraire qu’ils s’engagent et ciblent des projets particuliers. Si l’on en croit les chercheurs du Laboratoire d’Anthropologie des Institutions et des Organisations (Laios), c’est, semble-t-il, affaire autant de génération que de réussite sociale. Ce qui est sûr, c’est que ça reste une affaire de discrétion. ■

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© BPI / Panoramic

époque //sport « On est là pour magnifier ce qui se passe, tout en conservant un aspect objectif. »

Filmer le foot,

© Léo Ridet

Depuis le début des années 2000, la réalisation française pour filmer un match de football est reconnue pour son savoirfaire. Enquête.

c’est raconter une histoire… Par Pierre Godfrin

O

nze juillet 2010 en Afrique du Sud. Dans la régie du stade de Johannesburg, le Français François-Charles Bideaux a le privilège de réaliser pour la télévision la finale de la Coupe du Monde entre l’Espagne et les PaysBas. Sur les sept équipes de réalisation du Mondial sud-africain, trois étaient françaises. Selon Dominick Brette, qui réalise des matchs de football depuis sept ans, cette prééminence du modèle français s’explique principalement par un savoir-faire certain, mais également par la toute-puissance de HBS, la société suisse productrice des trois dernières Coupes du Monde et des matchs de la ligue 1 française depuis l’été 2008. Si la façon de filmer les matchs de ligue 1 est reconnue pour sa qualité, c’est en grande partie grâce à un cahier des charges, appelé « process », qui ne laisse rien au hasard : « La manière de filmer en France se rapproche

de celle des pays majeurs comme l’Angleterre ou l’Espagne, mais le “process” édicté par HBS rend notre travail uniforme. Tous les réalisateurs ont le même nombre de caméras positionnées au même endroit. Seuls quelques détails dans la façon de mettre en images changent », affirme Dominick Brette. Mettre l’accent sur l’émotion La création de Canal+ en 1984 a en tout cas été l’élément déclencheur de l’émergence de l’école française, affirmée ensuite par la qualité de la réalisation du Mondial 1998 en France. Au point que la réalisation italienne apparaisse aujourd’hui désuète : « Concrètement, c’était ce qu’on faisait il y a dix ans. Il n’y a aucune structure dans la mise en images. » Pourtant la façon de réaliser un match ne diffère pas fondamentalement d’un pays à un autre, mais quelques disparités subsistent : « Par exemple, en Angleterre, la manière de travailler est un peu différente car elle est liée à la configuration des stades et à l’essence même du jeu britannique [beaucoup

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de va-et-vient avec un jeu très direct]. Ils sont donc plus sur du plan large avec des groupes de joueurs. » Cependant, la finalité est la même partout en Europe : « On est là pour raconter une histoire et magnifier ce qui se passe, tout en conservant un aspect objectif. » En effet, la manière actuelle de filmer les matchs de football met l’accent sur l’émotion. Le téléspecta-

« Pendant un match, le dialogue se fait avec des mots simples, voire des regards, et la moindre erreur est rédhibitoire », confirme Dominick Brette pour qui la pire crainte est de manquer un but en direct. Ce qui ne lui est encore jamais arrivé… ■

Le match est une musique. Les joueurs écrivent la partition et le réalisateur est en face d’un piano avec des touches devant lui. teur doit se sentir au centre de l’action et le réalisateur se mue alors en véritable chef d’orchestre pour diriger son équipe : « Le match est une musique. Les joueurs écrivent la partition et le réalisateur est en face d’un piano avec des touches devant lui. Le but est l’alchimie technique et humaine », s’emballe celui qui réalise aussi du handball.

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© Maugendre / Andia.fr

© Philippe Turpin / Belpress / Andia

époque // économie

70 % des ventes du groupe Carrefour en Europe s’effectuaient dans les hypermarchés en 1970. Aujourd’hui, c’est seulement 30 %.

Les consommateurs ne disposent pas des mêmes moyens que la génération précédente.

La grande distribution

refait surface

Par Marie-Christine Simonet

L

a consommation de masse est en pleine mutation. Restructurations logistiques, vente par Internet, apparition de produits « ethniques »… Il faut innover dans tous les domaines. Pour les grandes enseignes, c’est ça ou mourir. Deux chiffres pour comprendre le défi auquel doivent répondre les grandes surfaces : en 1970, les ventes dans les hypermarchés représentaient 70 % des ventes totales du groupe Carrefour en Europe. Actuellement, à peine 30 %. Même s’ils tombent de haut, les « hypers » ne manquent pas pour autant de ressort. Certains ont même une capacité de rebond assez étonnante, telle la société japonaise Aeon, fondée il n’y a pas moins de deux cent cinquante ans et qui fait toujours surface. Sur un marché nippon sclérosé (vieillissement de la population et déclin démographique), Aeon n’a cessé

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de se réinventer en créant de nouveaux formats, en développant sa marque distributeur et en se déployant à l’international. Le changement de mentalité des consommateurs En Europe, il a fallu faire de même, tant le comportement des consommateurs a changé. Ils ne disposent pas des mêmes moyens, ni des mêmes envies, que la génération précédente. Le recul de leur pouvoir d’achat s’est traduit par celui des dépenses alimentaires, qui est passé du premier au troisième poste de dépenses . Et ce, dans un contexte de multiplication des enseignes et des hard-discounters, qui permettent d’acheter plus pour moins cher. Afin de « ferrer » le client et de le dissuader de se disperser ailleurs, il a fallu innover et inventer : centres commerciaux avec l’hypermarché au cœur du dispositif, outils de fidélisation tels que des cartes de fidélité ou même des

Ces « magasins dans le magasin » ont pour but de fournir une offre plurielle et non plus un espace uniforme de consommation qui finit par déprimer les clients.

cartes de paiement délivrées par l’enseigne, services de voyages organisés, de vente de billets de spectacles, de cinéma… Trait de génie, les « hypers » ont lancé leurs propres marques – elles représentent près de 30 % de part de marché désormais –, alternatives crédibles et d’un meilleur rapport qualité-prix que les marques nationales. Autre secteur en plein essor, celui des produits alimentaires halal, longtemps relégués au fond des magasins. Un marché de niche ? Il pèse près de 5 milliards d’euros ! Les marques, internationales (comme Nestlé) ou de distributeur (Casino), ont investi ce segment en proposant une multitude de références. Les « hypers » Carrefour rangent le bazar À l’été 2010, le directeur général de Carrefour Lars Olofsson a inauguré près de Lyon un Carrefour Planet, un nouveau type d’hypermarché assez décoiffant, il faut bien le dire. Estimant

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en bref La Fédération de l’E-commerce et de la Vente à Distance (Fevad) indique que le commerce en ligne a progressé de 24 % en France en 2010. Le nombre d’acheteurs en ligne a progressé de 12 % pour atteindre 27,3 millions de personnes et pour des dépenses qui ont atteint 31 milliards d’euros.

© Vincent Isore/Apercu

Les marques de distributeur représentent 30% de part de marché.

© Florence Levillain / Signatures

Les hypers ont dû se réinventer : création de leur propre marque, développement des produits halal et bio…

que « le concept “tout sous le même toit”, l'esprit bazar, appartiennent au passé », il entend positionner son groupe « plutôt comme un multi-spécialiste que comme un généraliste ». Qu’on en juge : le rayon fruits et légumes s’adjoint d’un sushi bar et d’un fumoir à saumon, le bio est développé, une conseillère maquillage officie au rayon beauté, les mamans profitent des conseils d’un nutritionniste pour bébé… De tout – garderie d'enfants, cours de cuisine, séances de massage… on en oublie – pour (presque) toutes les bourses. Et, merveille des merveilles, le chariot se dote d’un GPS. Le consommateur tourne dans les rayons sans s’y perdre grâce à son chariot parlant. Ces « magasins dans le magasin » ont pour but de fournir une offre plurielle et non plus un espace uniforme de consommation qui finit par déprimer les clients. Une sensibilité nouvelle au développement durable La grande distribution a saisi un autre moyen pour redorer son blason : le développement durable. Elle y était d’ailleurs fortement incitée par les instances de l’Union européenne. C’est ainsi que l’on a vu fleurir les écolabels, que les emballages ont été réduits, les produits bio multipliés (y compris dans les hard discount), que la consommation énergétique des grandes surfaces a reculé… Dans le domaine de la santé, les

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© Lahcène Abib / Signatures

contrôles sanitaires se sont développés (la grande distribution a été sévèrement mise en cause dans plusieurs crises alimentaires, notamment la

La conquête du consommateur passe aussi par Internet. Sur les sites des hypers, le client peut créer son espace personnel, effectuer des courses en ligne et être livré à domicile. maladie de la vache folle). Enfin, la conquête du consommateur passe aussi par Internet et le téléphone mobile. De plus en plus d’enseignes disposent à la fois de magasins physiques et d’un site Internet. Le client peut créer son espace personnel, s’abonner à une newsletter, souscrire à une carte de fidélité, obtenir des bons de réduction, effectuer des courses en ligne et être livré à domicile. Et lors de son passage en caisse, il peut régler via son portable. Ces mutations sont irréversibles. Les entreprises sont présentes sur les cinq continents, le marché se déploie à une échelle globale. Les grandes mutations sociales, environnementales, sanitaires font désormais partie intégrante des politiques commerciales de développement. ■

La fiche pédagogique à télécharger sur : www.fdlm.org

La Banque mondiale va accorder un prêt de 250 millions de dollars et un don de 35 millions de dollars pour aider les pauvres touchés par les conflits contre les islamistes radicaux près de la frontière afghane. Cousus d’ampoules ou libérant du parfum, les tissus techniques ont généré en 2010 un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros en France. Le secteur emploie ainsi 20 000 personnes dans 380 entreprises. Le ministre saoudien du pétrole a affirmé que les pays de l'Opep pourraient augmenter leur production en 2011, « mais à des niveaux moindres que les années précédentes », afin de « répondre à la demande mondiale en hausse ».

Un rapport publié par le ministère chinois de la Protection de l’environnement indique que la dégradation de l’environnement par les industries a fait perdre à la Chine l’équivalent de 145 milliards d’euros, soit 3,9 % de son produit intérieur brut (PIB).

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époque // évènement

Le repas gastronomique des Français est désormais inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco. De quelle gastronomie s’agit-il ? Est-elle menacée ? Par Nicolas Dambre

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© Jacques Gavard

l est 9 heures à Paris. Dans son bureau des ChampsÉlysées, Pierre Gagnaire est au téléphone avec le chef de son restaurant de Séoul, en Corée. Crabe, navet, homard, patate douce, foie gras… Il lui précise le menu qu’il veut voir proposé dans l’un de ses 12 restaurants répartis sur la planète. Tel un chef d’État, évoquant sa politique étrangère à l’un de ses ambassadeurs, le cuisinier étoilé ne laisse rien au hasard, avec une idée très précise de chaque menu, de chaque plat. Ses restaurants de Tokyo, Dubai ou Las Vegas sont autant de représentants de la gastronomie française. Mais les chefs étoilés par le Guide

La gastronomie française, nouv e Michelin* représentent-ils la gastronomie française ? Hors de France, ils incarnent pour beaucoup une certaine conception de la cuisine, sophistiquée, imaginative, mais parfois un peu élitiste. Pierre Gagnaire avoue : « Je n’aime pas trop le terme de gastronomie, avec sa connotation bourgeoise, mais je n’ai pas d’autre mot… Évidemment, notre métier engage de l’énergie, des produits de très grande qualité, beaucoup de personnel, de la mise en scène : tout cela a un coût. Nous naviguons toujours

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entre l’aspect commercial et l’aspect créatif. Mais nos restaurants restent des lieux démocratiques, comme les théâtres ou les salles de concert. » Passerelles entre cuisine Ces chefs sont les héritiers des cuisiniers des cours royales, lieux de surenchère dans des produits toujours plus prestigieux pour une noblesse étalant des goûts de plus en plus raffinés afin de se différencier socialement. L’historien britannique Stephen Mennell analyse ainsi la

sophistication de la cuisine française comme une survivance de l’Ancien Régime*. Les étoiles, délivrées par le Guide Michelin, font subsister ce système hiérarchique. Avec des menus de 100 à 300 euros, la « grande cuisine » de ces chefs n’est souvent pas accessible au commun des mortels. Également chef étoilé, Guy Savoy se défend : « Si nous en sommes arrivés là, c’est bien parce qu’il existe une gastronomie populaire. Un peu comme dans le sport, tout le monde commence avec les mêmes Le français dans le monde // n°374 // mars-avril 2011


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française, la transmettent et la réinventent.

bases. Et parmi tous ces amateurs, on trouvera les sportifs de haut niveau. » Il y aurait donc un socle commun et des passerelles entre la « grande cuisine » et celle de tous les jours. Pierre Gagnaire ajoute : « À travers ce que nous faisons, nous défendons aussi un art de vivre avec ses codes,

Une Cité de la gastronomie ? Jean-Robert Pitte, ancien président de la Sorbonne, défend le « repas gastronomique des Français » depuis 2007 pour qu’il soit finalement inscrit en novembre 2010 par l’Unesco au patrimoine immatériel de l’humanité. Il analyse : « La gastronomie est un concept trop large pour l’Unesco, nous avons donc présenté le repas gastronomique des Français, qui est plus celui des fêtes, avec son décorum, ses plats, ses vins, ainsi que l’art de la conversation autour du repas. Cela nous semble être un élément fondamental de l’identité des Français. Ce sont des savoir-faire : de

Hors de France, les chefs étoilés incarnent pour beaucoup une certaine conception de la cuisine, sophistiquée, imaginative, mais parfois un peu élitiste.

Lexique

Lucía Iglesias Kuntz, de l’Unesco. L’inscription par l’Unesco engage désormais la France à appliquer des mesures de sauvegarde et de mise en valeur de ce patrimoine. Cela passe notamment par le projet de la Cité de la gastronomie, défendu par la mission de Jean-Robert Pitte, « qui ne serait pas un musée mais la vitrine d’un patrimoine vivant ».

Guide Michelin : annuaire gastronomique de référence qui recense et note les restaurants et les hôtels, créé au début du XXe siècle. Ancien Régime : nom donné à la période de l’histoire de France allant de la fin de la Renaissance à la Révolution française.

Récupération commerciale Chef du restaurant berlinois Maremoto, Cristiano Rienzner est un adepte de la cuisine moléculaire*, il est circonspect quant à cette reconnaissance internationale : « Pour moi, la cuisine chinoise devance la cuisine française : elle existe depuis 3 000 ans,

Cuisine moléculaire : elle vise à utiliser ce que font chimiquement les ingrédients ensemble pour que les processus soient mieux maîtrisés. Piano : grand fourneau professionnel d’un restaurant.

navet au colombo, par Pierre Gagnaire.

❷ Guy Savoy entouré de son équipe. ❸ Pierre Gagnaire au piano*.

© Jacques Gavard

❶ Canard laqué, poivron rouge, feuille de datte,

© Laurence Mouton

© Laurence Mouton

v eau trésor de l’humanité ses rituels… qui peuvent être appliqués dans le quotidien par une jolie nappe ou un effort de présentation d’un plat.Certains légumes oubliés, les céréales, l’huile d’olive, le design, la mise en scène de la table sont remis en avant par le monde de la cuisine. Nous donnons envie aux gens. Ceux qui ne viennent pas dans nos restaurants achètent par exemple des livres de cuisine ou regardent des émissions télévisées, l’on n’a jamais autant parlé de cuisine en France ! » Ces chefs, ambassadeurs de la cuisine

production, de choix, de mise en œuvre et de présentation. » En novembre dernier, à côté du repas gastronomique, ont été par exemple inscrits le flamenco espagnol, l’acupuncture chinoise ou la fauconnerie. « Les États peuvent proposer une fois par an des éléments pour les inscrire sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Un comité intergouvernemental, formé de représentants de 24 pays, examine les candidatures au regard de cinq grands critères », précise

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utilise une impressionnante variété d’épices, elle est très diversifiée selon les régions de Chine. La caractéristique première de la cuisine française, c’est la tradition, que les chefs doivent perpétuer de toute urgence. La gastronomie est menacée par les fast-foods et les plats préparés, c’est la chose la plus triste qui soit ! » Gilles Fumey, enseignant-chercheur autour des cultures alimentaires, estime dans son ouvrage Les Radis d’Ouzbékistan que « le plaisir que les Européens, les Chinois et les popula-

tions du Moyen-Orient mettent dans leur assiette est une construction sociale que reprennent à leur compte les responsables de marketing en tentant de le privatiser : “ se faire plaisir”, tel serait le nouveau diktat. Rien de moins certain si le plaisir est d’abord quelque chose qui se partage. » Guy Savoy demeure néanmoins optimiste : « Il suffit de faire un tour sur les marchés de France ou de constater l’intérêt des Français pour la cuisine. Et les fast-foods aussi participent à la diversité culinaire ! » n

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époque // une journée dans la vie de… (1/6) © Sarah Nuyten

© Sarah Nuyten

9 h 15

8 heures

Les bénévoles arrivent au centre de distribution de Liévin pour charger les produits.

René vérifie les stocks de son « Resto », hébergé dans une salle municipale.

René, bénévole aux Restos

La main sur le cœur La commune de Lens, dans le Pas-deCalais, est l’une des villes les plus pauvres de France. Chaque semaine, des bénévoles des Restaurants du cœur y distribuent des paniers de nourriture aux plus démunis. René Bailliez, ancien chauffeur-livreur à la retraite, dirige l’un de ces « Restos ».

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Par Sarah Nuyten

lest à peine 8 heures.

Dans le nord de la France, la ville de Lens s’éveille. René Bailliez, 58 ans, arrive place Saint-Léonard, déjà fringant. À ses côtés, son épouse MarieJeanne. Un tour de clé, et les voilà entrés dans la salle municipale aux murs rose saumon, le quartier général des Restos du cœur de Lens. « Café ? », lance René, un grand sourire aux lèvres. Un sourire qui, de toute la jour-

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née, ne désertera pas le visage de cet homme à l’air débonnaire. Durant la demi-heure suivante, les bénévoles arrivent au comptegouttes. Christiane, Marie-Thérèse, Stéphane, Martine, Patricia, Vany… Ils sont 18 à s’occuper de l’antenne de la place Saint-Léonard. On bouge les tables, on s’affaire dans le gardemanger, on examine les stocks… Lorsqu’un camion arrive : « Allez les hommes, on va chercher les provisions, s’exclame René, le café, ce sera après. »

9h15. Stéphane, Claude, Guillaume et René arrivent au centre de distribution de Liévin. Les garçons s’occupent de charger le camion des Restos. René, lui, rejoint le petit bout de femme qui l’attend tout sourire : « Alors, on va pouvoir donner des bébés aujourd’hui ? » lui demande-t-il, assortissant sa question de quatre bises. « Oh que oui ! » lui répond MarieThérèse, dite « Madame Bébé ». Cette

bénévole de 77 ans gère les couches, le lait maternisé, les pyjamas, et autres indispensables de l’enfant de 0 à 2 ans, distribués une fois par mois. « Bébés », produits frais, puis légumes : René fait le tour du dépôt.

10h30. « Ah, enfin ! » De retour place Saint-Léonard, le camion vidé, René s’assied autour de la grande table, une tasse de café-chicoré entre les mains. Patricia, une des bénévoles, vient le trouver : « J’ai deux dames là. Regarde, ça, c’est leurs revenus… » Ensemble, Patricia et René examinent le dossier, tandis que dans l’entrée, une jeune femme blonde, longiligne, attend son tour, l’air ailleurs. Le mardi matin, c’est le jour des admissions. Ce centre lensois compte 303 bénéficiaires et, chaque semaine, trois nouveaux inscrits en moyenne.

11 heures. « Oh là, il y a du boulot

LES RESTOS EN CHIFFRES 830 000 personnes accueillies. 58 000 bénévoles. 103 millions de repas distribués. 2 056 centres et annexes dans toute la France. 30 000 bébés de moins de douze mois aidés. 530 000 donateurs, pour 65 000 000 € de dons et legs.

avec les chicons ! », s’exclame René. Le français dans le monde // n°374 // mars-avril 2011


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© Sarah Nuyten

© Sarah Nuyten

13 h 30

15 h 30 Les gens continuent à arriver pour bénéficier d’un panier complet. Au total, 130 personnes viendront ce jour-là.

Une demi-douzaine de bénévoles s’activent autour de caisses d’endives. Le don d’une grande surface, qu’il faut minutieusement trier pour ne conserver que les légumes les plus frais. Jusqu’à midi, les petites mains sont à l’œuvre. René va et vient, il supervise tout : « On fait notre inventaire pour savoir ce que l’on va pouvoir distribuer aux gens », explique-t-il. « Et les spaghettis, ils sont où ? » Lancée début décembre, la campagne de distribution dure un peu plus de quatre mois. Aujourd’hui, les bénéficiaires lensois auront droit à un panier complet : produits laitiers, madeleines, carottes, haricots, pommes, côtelettes ou poisson…

© Sarah Nuyten

Pendant la distribution, René a toujours un chocolat pour les enfants.

Une fois par mois, des produits pour les nourrissons, récoltés par Marie-Thérèse, sont distribués aux familles.

pouce, René profite d’un moment d’accalmie pour avancer dans les dossiers. Dehors, les bénéficiaires sont déjà nombreux à patienter. Un dernier petit café, et c’est parti pour la distribution. René va ouvrir la porte : « Allez, entrez ! On ne va pas vous manger ! » René rejoint sa table de produits bébés. Sandrine, la trentaine, est une des premières à être servies.

Au fil des tables, ses sacs se remplissent. La jeune femme est venue avec deux de ses enfants. Laurent, 14 ans, suit sa mère en silence, un sac à la main ; Yohan, 4 ans et une bouille d’ange, ouvre grand le sien. Sandrine vient ici chaque mardi depuis cinq ans : « Ça aide vraiment bien. » Chez elle l’attendent son mari et leurs trois autres fils. « Il a quel âge, votre bébé ? » demande René. La jeune maman repartira avec du lait deuxième âge, des petits pots, des couches… « Et toi, mon bonhomme, tu veux une pièce en chocolat ? » Le retraité s’accroupit, tend une boîte au blondinet. Après Yohan, la petite Leïla, 2 ans, aura elle aussi droit à son chocolat. Et ils ne seront pas les seuls. René le sait, « ils aiment bien ça, les gosses ».

« Et toi, mon bonhomme, tu veux une pièce en chocolat ? » Le retraité s’accroupit, tend une boîte au blondinet.

15h30. Pendant plus de deux heures, les gens et les Caddie colorés défilent. Parfois, la misère est visible. Bien souvent, elle est insoupçonnable. Certains bénéficiaires ont le visage fermé, mais la plupart d’entre eux sourient, apprivoisés par la cha-

13h30. Après un déjeuner sur le

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« Aujourd’hui, on n’a plus le droit, ni d’avoir faim ni d’avoir froid » Les Restaurants du cœur ont été fondés en 1985 par Coluche, humoriste et comédien français. Cette association loi de 1901, reconnue d'utilité publique, devait être éphémère : elle avait pour objectif de lutter contre la pauvreté sous toutes ses formes et d'aider les personnes les plus démunies, notamment par l'accès à des repas gratuits. Vingt-cinq ans plus tard, Les Restos du cœur existent toujours et ont servi plus d’un milliard de repas depuis leur création. Aujourd’hui, la pauvreté a pris un autre visage : travailleurs pauvres, retraités disposant d’une pension insuffisante, jeunes chômeurs… L’action des Restos, toujours principalement soutenue par les dons, a été étendue : elle vise désormais à aider les plus démunis à se réinsérer socialement et de manière durable.n

leur de l’accueil, ou peut-être, aussi, à force d’habitude. De temps en temps, les bises claquent. « Avec le temps, il y en a qu’on finit par très bien connaître », justifie René. Vers 16h30, tout le monde a été servi. Ou presque. Dans l’équipe, trois sont à la fois bénévole et bénéficiaires. Elles font le tour des denrées, comme 130 personnes avant elles ce mardi-là.

18 heures. La salle rose saumon est propre et rangée. Peu à peu, les bénévoles repartent. René, lui, est loin d’avoir terminé sa journée. « J’ai encore deux heures de paperasse devant moi, explique-t-il.Mais ce sera à la maison ! » Être responsable d’un Resto, une tâche trop lourde ? « J’aime bien ça. Je me suis engagé, quoi », dit-il simplement. Avant d’ajouter, avec un clin d’œil : « Il y en a une qui râle de me voir si occupé… » Derrière lui, MarieJeanne sourit. Lorsqu’il referme la porte de la petite salle municipale, le soleil est déjà couché. Et la place SaintLéonard est à nouveau déserte.n

La fiche pédagogique à télécharger sur : www.fdlm.org

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