COUVERTURE 377.V3 BAT_COUV.TR.DOS.B.A.T 05/08/11 15:18 Page1
REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS
Méthode de FLE pour adolescents
lefrançais le monde
le français dans le monde
Défis, jeux, missions, numérique, connectez les ados à l’univers du français avec
LIGNE DIRECTE
dans
N° 377 SEPTEMBRE-OCTOBRE 2011
// MÉTIER //
Argentine : l’intégration linguistique au lycée Apprendre le français en Afghanistan
// DOSSIER //
Révolutions numériques
N 2011
E PARUS
valable jusqu’au 31/12/2011
WWW.PACKNUM.DIDIERFLE.COM
ISSN 0015-9395 ISBN 978-2-090-37068-3
9 782090 370683
www.fdlm.org
FIPF
-
• Téléchargez gratuitement les guides pédagogiques à parution. • Feuilletez, écoutez des extraits. • Accédez à « L’essentiel du projet pédagogique ».
N°377
WWW.DIDIERFLE.COM/LIGNE-DIRECTE/
OFFRE DÉCOUVERTE Utilisation gratuite d’un pack numérique pendant 4 mois !
13 €
Pour chaque niveau : - Livre de l’élève + CD audio inclus - Cahier d’exercices + CD-rom d’exercices interactifs - Guide pédagogique
DOSSIER Révolutions numériques : faut-il encore apprendre ?
- Pack numérique 1 licence : 1 clé USB avec tous les supports de la méthode, des outils multimédia et des activités pour TBI.
Faut-il encore apprendre ?
SEPTEMBRE-OCTOBRE 2011
AUX 3 NIVE
// ÉPOQUE //
// MÉMO //
Le cinéphilo d’Ollivier Pourriol S.B.W. Toulonnais et All Black
Haïti et les mots d’après : Dany Laferrière, Rodney Saint-Éloi, Yanick Lahens…
l’adosphère in cl us
Dos 5 mm
io
1
2 Mét hod e
nç ais Mét hod e de fra
1
A1.A2
2
de français
CD aud
Mé th od e de franç ais
Adosphère, un
ensemble péd
agogique com Pour l’élève plet : - Un livre de l’élè ve avec CD aud - Un cahier d’ac io tivités avec CDR intégré om intégré Pour le profes seur - Un guide péd agogique - Deux CD aud io classe (forma t non compre - Un manuel num ssé) érique classe - Un lexique mu enr ltilingue télécha ichi rgeables sur le site www.hach ettefle.fr
è o s h Ad p re Adosphère 1
9 782011 557155
M ét horde ç a is de f an
M ét ho d e de fra nça is
A1.A2
A1
2
La nouve lle métho de de franç ais p o u r a d o le s c e n ts > Des thématiques actuelles animées par un réseau d’ados > Une démarche actionnelle :
chaque leçon aboutit à une tâche à réaliser en interaction > L’apprentissage du français dans une perspective interdisciplinaire
Retrouvez des informations et tous nos ouvrages sur :
Pub_Adosphere_230x270mm_05.indd 1
27/06/11 13:54
SOMMAIRE-BAT_SOMMAIRE.B.A.T 08/08/11 10:17 Page1
Le français dans le monde sur Internet : http://www.fdlm.org
numéro 377
Sommaire ÉPOQUE 4. Portrait
Métier / Reportage
Les fiches pédagogiques à télécharger
Rencontres francoindiennes autour de la danse et du théâtre
● Tendance : Tout bio or not too bio ? ● Économie : Nouvelles initiatives
pour l’économie numérique ● Une journée dans la vie de…
Sabrina, épicière ● Poésie : « Quatrième de
Nicolas Fraissinet « Je suis venu à la chanson grâce au cinéma »
couverture » ●
Clés : La notion de geste
● Témoignage : Éduquer contre
6. Tendance
34
Tout bio or not too bio ?
fiches pédagogiques à télécharger sur : www.fdlm.org
le racisme, le témoignage de Liliam Thuram ●
Tests et jeux
7. Sport Toulonnais un jour, All Black toujours
8. Économie Nouvelles initiatives pour l’économie numérique
10. Regard Le développement durable 25 ans après
12. Rencontre L’écran philosophal d’Ollivier Pourriol
13. Festival Sons et images du monde en Arles
Dossier
Révolutions numériques Faut-il encore apprendre ? « Notre façon d’appréhender le savoir doit évoluer » .......................50 Des enseignants français qui innovent .............................................52 Former les enseignants à la didactique de l’Internet........................ 54 Web 2.0 c’est à dire… .......................................................................55 Lille et Bombay : des réseaux pour mieux apprendre et enseigner ..56
14. Une journée dans la vie de…
30. Témoignage
Sabrina, épicière
Éduquer contre le racisme, le témoignage de Lilian Thuram
MÉMO 60. À écouter
32. Expérience
62. À lire
MÉTIER 18. L’actu FIPF : Il fait toujours beau quelque part Marseille, l’Institut Français rencontre le réseau
48
Faire de la phonétique sans s’en rendre compte
66. À voir 34. Reportage
20. Focus Le TBI fait partie de la classe numérique globale
Rencontres franco-indiennes autour de la danse et du théâtre
22. Mot à mot
36. Entretien
Dites-moi Professeur
Bernard Cerquiglini Le français à l’université, avant-garde de la Francophonie
INTERLUDES 2. Graphe Séduire
24. Clés La notion de geste
Vincent Delerm : « Quatrième de couverture »
38. Innovation Pédagogie en kit pour l’audiovisuel en classe
26. Zoom Je m’appelle Samir et je suis élève au lycée Esteqlal en 9e 1
16. Poésie
44. Nouvelle Brigitte Aubert : « Tendres Duos »
40. Enquête L’intégration linguistique, une spécificité du lycée Jean-Mermoz
58. BD
42. Ressources
70. Jeux
Disques durs virtuels
C’est la rentrée !
ARichard : « Abidjan»
28. Savoir-faire
Couverture : Shutterstock
Pour une évaluation efficace de la communication orale
Le français dans le monde, revue de la Fédération internationale des Professeurs de français - www.fipf.org, éditée par CLE International – 9 bis, rue Abel Hovelacque – 75 013 Paris Tél. : 33 (0) 1 72 36 30 67 – Fax. 33 (0) 1 45 87 43 18 – Service abonnements : 33 (0) 1 40 94 22 22 – Fax. 33 (0) 1 40 94 22 32 – Directeur de la publication Jean-Pierre Cuq (FIPF) Directeur de la rédaction Jacques Pécheur (ministère de l’Éducation nationale – FIPF) Secrétaire général de la rédaction Sébastien Langevin Relecture/correction Marie Chadefaux Relations commerciales Sophie Ferrand Conception graphique miz’enpage - www.mizenpage.com – Commission paritaire : 0412T81661. 51e année. Comité de rédaction Dominique Abry, Isabelle Gruca, Valérie Drake, Pascale de Schuyter Hualpa, Chantal Parpette, Jacques Pécheur, Florence Pellegrini, Nathalie Spanghero-Gaillard. Conseil d’orientation sous la présidence d’honneur de M. Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie : Jean-Pierre Cuq (FIPF), Pascale de Schuyter Hualpa (Alliance française), Raymond Gevaert (FIPF), Michèle Jacobs-Hermès (TV5), Xavier North (DGLFLF), Soungalo Ouedraogo (OIF), Nadine Prost (MEN), Jean-Paul Rebaud (MAEE), Madeleine Rolle-Boumlic (FIPF), Vicky Sommet (RFI), Jean-Luc Wollensack (CLE International).
Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011
1
dossier //
Révolutions numé Faut-il encore Podcast Blogue Terme issu de la contraction de « Web » et « Log », le blogue est un journal en ligne qui permet à son animateur d'échanger ses points de vue avec ses lecteurs. Ainsi, chaque nouvel article peut faire l’objet de nombreux commentaires postés par les visiteurs du site Issu de la contraction de blog et biosphère, le terme « blogosphère » désigne l’ensemble de la communauté qui anime des blogs.
48
Issu de la contraction de « Ipod » et « Broadcast » (diffusion), le podcasting est un moyen de diffusion de fichiers sonores sur Internet. Des sites permettent à des utilisateurs de publier leurs fichiers audio et vidéo et de les mettre à disposition du public.
Tags
Twitter est un outil de réseau social et de microblogage qui permet à l’utilisateur d’envoyer gratuitement des messages de 140 caractères maximum, appelés « tweets » (« gazouillis »).
Wiki Réseau social Le concept de réseau social en français définit des communautés d'utilisateurs qui se sont regroupés en fonction de centres d'intérêts communs. Cela touche les domaines les plus divers : loisirs, passions, vie professionnelle... Facebook est le réseau social le plus utilisé.
Terme s’inspirant de l'hawaïen « wikiwiki », signifiant « vite ». Un wiki est un outil de gestion de site web qui permet aux utilisateurs de publier et de modifier facilement du contenu. Créée en 2001, l'encyclopédie libre Wikipédia est toujours le wiki le plus utilisé au monde.
Les tags (« étiquettes » en français) représentent l’un des éléments les plus caractéristiques des sites rentrant dans la sphère du Web 2.0. En effet, la plupart des contenus postés sont repérés et identifiés par ces fameux tags qui sont proposés par le producteur de contenu. Ces tags (ou « mots-clés ») sont ensuite censés faciliter l'identification et la recherche de contenu dans les bases de données.
Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011
riques apprendre ? L
es révolutions en cours touchent aux fondements même de notre rapport aux savoirs, au savoir. Les outils que nous fournissent les technologies de l’information sont des démultiplicateurs d’intelligences, de nouveaux chemins d’accès à la connaissance, de réelles autoroutes de l’information. Rien de plus simple que de créer une boîte de courrier électronique, un compte sur Facebook ou sur Twitter, puis de les utiliser au quotidien. Le
Toutes les images de ce dossier sont © Electronic Arts. Elles sont tirées des Sims, jeux vidéo de simulation de vie.
plus difficile sera certainement de s’en passer, une fois les habitudes électroniques prises. Ce train en marche, chaque enseignant de chaque discipline se devra de le prendre, tôt ou tard. Car bien entendu, demain, il faudra encore apprendre, donc toujours enseigner. Mais peut-être plus la même chose, et certainement pas de la même façon. Plus que jamais, il faudra maîtriser l’outil de base, le plus complexe et le plus efficace : la langue. n
Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011
49
dossier // Entretien
Dans son livre au titre en forme de provocation, Olivier Charbonnier s’interroge sur les questions fondamentales du rapport au savoir et des bouleversements de l’enseignement qui découlent des révolutions numériques. Explication de texte.
« Notre façon d’appréh Propos recueillis par Sébastien Langevin
Olivier Charbonnier est cofondateur de D-Sides, directeur général d’Interface (Études, Conseils et Formation) et président de Consultants Sans Frontières. Il est le coauteur, avec Sandra Enlart, de Faut-il encore apprendre ? (Dunod, 2010).
50
Le rapport au savoir s’est-il tellement modifié que l’on puisse vraiment se demander s’il est encore utile de continuer à acquérir des connaissances ? Olivier Charbonnier : Trois grands mouvements sont en train de se mettre en place. Tout d’abord, la délégation : notre façon d’apprendre était basée sur la rareté du savoir. Désormais, avec Internet, tous les savoirs du monde ou presque sont disponibles en trois clics, si l’on sait où et comment chercher. Le rapport entre mémoire et savoirs est en train d’évoluer : au Danemark, certaines épreuves de l’équivalent du bac se déroulent déjà avec Internet… Ensuite, la transformation du savoir : au fur et à mesure qu’on le sollicite, le savoir évolue, est perçu comme instable. On est loin de la représentation sacralisée que l’on avait il y a peu encore. Enfin, la fragmentation du savoir. Nous sommes habitués à un savoir organisé et bien structuré, alors que de plus en plus nous allons être confrontés à un savoir qui va nous arriver par petits bouts, sans forcément de cohérence. Pourquoi est-il selon vous indispensable de réfléchir à la meilleure manière de maîtriser Internet et plus généralement les cultures
« Pour gagner dans un jeu vidéo, il faut mettre en place une stratégie du traitement de l’information et de la prise de décision : il peut paraître opportun de réinvestir ça dans le champ pédagogique. » numériques dans l’enseignement ? O. C. : Le savoir est en train d’évoluer, notre façon de l’appréhender doit également évoluer. Le risque étant que nous pouvons atteindre la surcharge mentale. Nous devons transférer notre effort, alléger cet exercice de mémoire traditionnel. Les enjeux ? Nous devons faire la part des choses entre ce qu’il faudrait conserver « en mémoire » et ce que l’on peut gagner en terme de rapport au savoir. L’école a intérêt à nous accompagner dans ce type de besoins. Tous les enseignants, de toutes les disciplines, sont-ils voués à devenir des « éducateurs du traitement de l’info », comme vous l’écrivez ? O. C. : Tous les enseignants ont intérêt à intégrer la question du traitement de l’information dans leur enseignement. En histoire, en mathématiques ou en musique, les enseignants devront faire la part des Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011
compte rendu
Vous pouvez répéter la question ? À la croisée du Web 2.0 et des neurosciences, les auteurs de ce livre au titre iconoclaste se livrent à une projection qui pourrait être salvatrice : comment intégrer dans notre quotidien les nouveaux flux d’information créés par les Technologies de l’information et de la communication (TIC). Devons-nous seulement subir cette « violence » qui bombarde nos rétines et nos cerveaux, du matin au soir et du soir au matin, d’images animées et désordonnées ? Pouvons-nous tirer partie de ces révolutions numériques pour au contraire forger de nouveaux outils intellectuels qui feront de
nous ce que nous sommes déjà : des êtres qui sans cesse apprennent, apprennent, et apprennent encore, partout et tout le temps. Car communiquer c’est apprendre, jouer c’est apprendre, échanger c’est apprendre. Le bilan posé, Sandrine Enlard et Olivier Charbonnier en tirent les conséquences, et donnent même des pistes concrètes pour se préparer à ce qu’ils appellent la « société cognitive ». Ultime provocation, l’ouvrage se clôt sur un dernier chapitre aux fausses allures de cauchemar de science-fiction : « Accompagner les mutants ». Un cauchemar ? Non, un rêve. S.L. n
ender le savoir doit évoluer » choses entre ce qui devra être en mémoire et le savoir « délégué ». Les enseignants pourront dans un même temps réfléchir aux capacités dégagées par les sciences cognitives, comme la polarisation, l’ouverture ou la flexibilité mentale. Détourner jeux vidéo et réseaux sociaux pour les utiliser à des fins d’apprentissage peut
Extrait « Constater qu’Internet a changé nos vies (dans une certaine mesure) n’est pas bien nouveau. Ce qui nous intéresse ici, c’est de savoir si ce bouleversement a un impact sur nos façons d’apprendre. Parce qu’apprendre est intimement lié à notre accès à l’information, alors Internet devient un évènement majeur. Parce qu’apprendre exige de s’inscrire dans des processus de socialisation, alors les réseaux sociaux qui se sont multipliés avec Internet ne peuvent que nous interpeller. Enfin, parce qu’apprendre et agir sont les deux faces d’un même objet, alors la numérisation exponentielle de nos univers professionnels doit être appréhendée avec la plus grande attention. […] Avec 1,5 milliard de personnes aujourd’hui connectées dans le monde, dont 70 % n’ont pas 30 ans, le nombre d’internautes a été multiplié par
sembler complexe à des professeurs qui ne sont pas totalement familiers de ces « outils culturels »… O. C. : Il y a en effet une double difficulté. La complexité apparente due à un manque de familiarité d’une part, et, surtout, d’autre part, la résistance légitime quand on a construit toute son expérience professionnelle sur la rareté des savoirs. Un enseignant va devoir être capable d’avoir recours à Wikipédia en classe, il va devoir « avouer » : « Je n’ai pas
trois depuis l’an 2000. Surtout, les pays les plus riches de la planète ont été rattrapés par les autres de façon saisissante : en 2008, les internautes chinois dépassaient les Nord-Américains (respectivement 253 millions contre 220 millions, chiffre à relativiser par un taux de pénétration de 70 % aux États-Unis contre à peine 20 % en Chine). Au cours de la même période (2000-2008), le nombre d’internautes a crû de 1176% au Moyen-Orient, 1030% en Afrique, 659% en Amérique Latine-Caraïbes et 265 % en Europe. Internet est la grande révolution, celle qui a tout changé et dont on a pas fini de mesurer les conséquences. » Sandra Enlart & Olivier Charbonnier, Faut-il encore apprendre ?, Dunod, coll. « Tendances psy », 2010, p. 13-14.
Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011
tous les savoirs du monde » à ses étudiants… Les jeux vidéos ou les réseaux sociaux doivent être utilisés, détournés, pour servir d’attracteurs certes, mais des attracteurs qui viennent renforcer une vraie capacité pédagogique. Ainsi, pour parvenir à gagner dans un jeu vidéo, il faut mettre en place toute une stratégie du traitement de l’information et de la prise de décision, notamment : il peut paraître opportun de réinvestir ça dans le champ pédagogique. Vous sous-entendez que maîtriser la langue, une langue, fait partie des préalables aux « savoirs de base » indispensables à acquérir. Les professeurs de langue ont-ils un rôle particulier à jouer dans cette « révolution numérique » de l’enseignement ? O. C. : Les « savoirs fondamentaux » seraient le socle commun de savoirs dont nous avons besoin pour interagir avec quelqu’un. Bien entendu, la maîtrise d’une langue commune fait partie de ce socle. Audelà, cela pose la question de l’utilisation des réseaux sociaux dans l’apprentissage de la langue. On s’approche là de l’autoformation. Cela implique une certaine forme de libération par rapport au caractère sacré de la langue. On peut s’en inquiéter, mais intégrer l’aspect « en évolution » est certainement un point positif pour apprendre une langue. n
51
dossier // Reportage
Des enseignants français
qui innovent…
Quand les nouvelles technologies et particulièrement les outils du Web 2.0 se font porteurs d’innovations pédagogiques. Reportage.
Par Jacques Pécheur
‹‹M
ettez cent enseignants innovants dans un lieu hospitalier, favorisez les échanges, confrontez dans un cadre amical les idées et les projets et vous obtenez ce que l’école a de meilleur : le souci de donner accès aux apprentissages et de former des futurs citoyens responsables et épanouis », commente sur son blogue Monique Royer à l’issue du Quatrième forum des enseignants innovants. Un Forum qui, pour François Jarraud, le rédacteur en chef du site Internet Le café pédagogique, a surtout pour objectif de « mettre en réseau » les enseignants et de les « regonfler ». Au bout du Forum, pas moins de cent projets d’une très grande diversité où les nouvelles technologies occupent certes une place de choix, mais où la transmission de la connaissance reste tout de même au cœur de chaque démarche et de chaque projet. Apprendre à lire avec Twitter C’est le cas du projet de Jean-Roch Masson, « Apprendre à lire avec Twitter ». Pourquoi Twitter ? Parce que, commente ce professeur des écoles à Dunkerque, « 140 caractères par message, c’est une longueur idéale ». Et parce que « mon objectif
52
est que les enfants triturent le code pour en tirer du sens ». Et c’est ce qui se passe : les élèves envoient et reçoivent des messages sur le compte Twitter de leur classe. Mais JeanRoch Masson se veut rassurant ; il ne s’agit pas de « faire passer l’outil avant l’apprentissage » : les tweets sont d’abord écrits sur un cahier individuel avant d’être écrits au clavier, et l’intéressé veille à l’orthographe. Classique et innovant en somme. D’ailleurs notre professeur des écoles a de solides références qui le placent au-dessus de tout soupçon et de toute querelle sur les méthodes de lecture. Travailler avec Twitter, c’est réinventer la célèbre imprime-
Un moment unique de rencontres Le Forum de l’innovation est un moment unique où les associations professionnelles se rencontrent. Organisé par le Café pédagogique, le Forum, qui a rassemblé à Lyon les 20 et 21 mai 2011 une centaine de participants et sélectionné plus de 90 projets, est réalisé avec 17 associations d’enseignants ou complémentaires de l’École. Il a bénéficié du soutien du ministère de l’Éducation nationale, de la région Rhône-Alpes, de l’Ifé, du Syntec et de Microsoft.
rie scolaire du grand pédagogue Célestin Freinet avec l’objectif de faire écrire. Avec cependant deux grandes différences : l’instantanéité de la réception des messages et leur visibilité. Reste que « l’élève n’écrit plus pour l’enseignant mais pour être vraiment lu et avoir une réponse ». Ce qui n’empêche pas Jean-Roch Masson d’être extrêmement attentif aux règles : droit, usage, politesse, orthographe… et d’en imposer une en particulier, le travail en binôme, qui favorise une logique d’entraide. Utiliser un monde virtuel C’est aussi du côté des nouvelles technologies que Jean-Paul Moiraud, professeur de gestion, est allé chercher les outils de son projet : « Utiliser un monde virtuel dans un dispositif d’apprentissage ». Un projet qui s’adresse à des étudiants qui suivent un cursus de créateur de mode et préparent un diplôme supérieur d’arts appliqués. « Difficile de faire venir physiquement des créateurs de mode suroccupés pour participer aux enseignements », explique Jean-Paul Moiraud, d’où l’idée de « recourir à un univers virtuel où chaque personne apparaît sous les traits d’un avatar évoluant dans un environnement de synthèse ». Mais attention, on n’est pas dans Second Life, c’est à dire dans une société parallèle entièrement reconstituée.
Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011
tout est faux, personne n’est présent physiquement, tout est vrai aussi puisque tous sont, à distance, présents et que le vrai conférencier répond aux questions de vraies étudiantes. On a affaire là un mode d’enseignement qui, sur le plan mondial, commence à émerger : c’est à Jean-Paul Moiraud qu’on doit en 2009, son introduction en France où depuis il a conquis d’autres établissements. De là à croire que le numérique va remplacer les professeurs ou qu’il va permettre de faire des économies, ce professeur pourtant innovant n’y croit pas : « Ce type de dispositif réclame une grande maîtrise technique qui ne va pas de soi, une grosse préparation et, dans l’idéal, des fonctions annexes à celles de l’enseignant. »
Travailler avec Twitter, c’est réinventer la célèbre imprimerie scolaire du grand pédagogue Célestin Freinet avec l’objectif de faire écrire.
Grâce à une application en ligne, Assemblive, notre professeur de gestion organise une fois par mois, une conférence virtuelle où tous les participants, comprenez leurs avatars, s’installent sur des sièges virtuels dans un auditorium virtuel pour écouter le professionnel invité. Si
Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011
Bubul, de la pâte à modeler à Internet Passage aussi par un espace projectif pour Monique Argoualc’h, mais cette fois avec la création de films d’animation. Une expérience qu’elle conduit depuis 2008 en compagnie de Bubul, petit bonhomme en pâte polymère à qui l’on doit d’avoir redonné le goût d’apprendre à des adolescents en passe de rompre avec le système scolaire. Ces élèves du collège Rive-Droite de Brest (Bretagne) sont en effet en grande difficulté : « Ces jeunes, explique Monique Argoualc’h, ont une relation conflictuelle avec l’école, mais ce qui ressort surtout au premier contact, c’est leur déficit d’estime de soi. » C’est donc il y a trois ans, que cette enseignante a commencé à mettre en contact les élèves qu’elle encadre avec des élèves de classe maternelle. Et de cette rencontre est né Bubul, un brun naïf mais un personnage très coloré et facétieux qui a pour
Bubul créé, il a fallu l’animer et là, les choses sérieuses ont commencé : création de décors, conception de la bandeson, écriture des dialogues, tournage… Les adolescents ont pris part à toutes les étapes qui ont fait de Bubul, personnage, un film d’animation de neuf minutes. mission de prévenir les accidents domestiques. Bubul créé, il a fallu l’animer et là, les choses sérieuses ont commencé : création de décors, conception de la bande-son, écriture des dialogues, tournage… Les adolescents ont pris part à toutes les étapes qui ont fait de Bubul, personnage, un film d’animation de neuf minutes. « Un film, un DVD, c’est une trace matérielle, tangible de leurs efforts. C’est valorisant. » Sans doute pas aussi valorisant que les applaudissements des parents et que l’écho dans la presse locale. Entre-temps, Bubul est devenu l’interlocuteur des adolescents sur Twitter au point de leur faire ouvrir leur cartable à la maison. Pour Monique Argoualc’h, « une vraie victoire ! ». Le Web 2.0 et les nouvelles technologies (Twitter, tablettes numériques, mondes virtuels…) s’affirment bien comme porteuses d’innovations pédagogiques. Des innovations qui témoignent d’une école ouverte où comme l’écrit Monique Royer : « Des mots que l’on aime à entendre ont repris leur place et leur signification : innovation, communauté, motivation, apprendre, découvrir, élève, et tant d’autres encore comme enfance ou s’amuser. » n
53
dossier // analyse
DidacTIClang, une expérience modulaire de formation aux TICE.
Former les enseignants à la didactique de l’Internet Par Brigitte Cord-Maunoury
F
ormer à la didactique du FLE, c’est l’objectif du projet DidacTIClang, un projet européen attaché au programme Comenius, et disponible sur Internet à l’adresse suivante : www.didacticlang.eu /fr/index.htm. Quatre modules pour une formation DidacTIClang propose une formation de professeurs de langue à une didactique de l’Internet et entend promouvoir l’utilisation des TICE (Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) dans l’enseignement-apprentissage des langues étrangères. Il s’attache à motiver les enseignants et les formateurs de formateurs à en faire le meilleur usage dans la pratique. Cette didactique de l’Internet vise à rendre l’enseignant plus performant et plus autonome. Le programme de formation articule présentiel et phase à distance autour de quatre modules. Un premier module consacré à l’utilisation des ressources Internet non didactisées pour apprendre-enseigner les langues. Le deuxième module est centré, lui, sur l’évaluation et l’utilisation des ressources didactisées sur la Toile : il les considère du point de vue de l’ergonomie, du design didactique, du soutien pédagogique, des aides qu’elles offrent ou des possibilités de feedback qu’elles incluent. Le troisième s’intéresse quant à lui à l’utilisation des outils de communication et de collaboration à savoir les tchats, forums, weblogs ou wikis. Quant au quatrième et dernier module, il agrège des
54
modules pour concevoir et développer des unités d’apprentissage interactives : Text Toys, HotPotatoes, Lulu’s Games, Swarthmore ou MatchMakers. Pendant la phase en présentiel, les participants découvrent les bases de la méthodologie DidacTIClang, travaillent sur des exemples concrets et ont l’occasion de produire leurs propres matériaux d’enseignement. La phase à distance permet de faire l’expérience directe des outils de communication et de collaboration afin de permettre la réflexion sur cette pratique et la mise en place d’une méthodologie individuelle. De nouveaux défis pour les enseignants DidacTIClang entend donc promouvoir l’utilisation d’Internet dans l’enseignement et favoriser l’enseignement-apprentissage des langues en préparant les enseignants aux défis des nouveaux modes de formation. Lors de la conception de ce site, il nous est ap-
paru important de former les enseignants à l’utilisation des TICE. Pour ce faire, il paraît opportun de prendre le temps de définir les TICE pour que l’enseignant soit bien au clair avec ce dont on parle. Ne pas confondre par exemple Internet et DVD. Et sous cette appellation DVD, distinguer ceux que l’on nomme tutoriels qui sont des logiciels assez guidés, censés «remplacer » l’enseignant. Quant aux DVD grand public qui n’ont à la base aucune vocation pédagogique, ils peuvent être utiles dans le processus d’enseignement-apprentissage du FLE, car ils permettent bien souvent de faire découvrir aux apprenants la culture française. De même les sites Internet grand public offrent la possibilité à l’étudiant de faire le lien entre langue et culture. En ce sens, ils rejoignent ce qui constituait l’une des lignes de force de ce projet, à savoir qu’en comprenant la culture d’un pays, on avait moins de difficulté à en apprendre la langue. n
Quand le Web 2.0 entre dans la classe… Faire entrer les enseignants dans le monde du Web 2.0 et les former à son utilisation, cet ouvrage propose donc une mise en perspective et une partie résolument pratique. Une mise en perspective qui doit per-
mettre aux enseignants de situer la didactique du FLE dans le contexte de ces pratiques. Sont examinés les spécificités du Web 2.0, les usages que les étudiants internautes font d’Internet, la place qu’occupe aujourd’hui le Web 2.0 dans les institutions éducatives. Ce qui intéressera au premier chef le lecteur, c’est bien sûr le lien entre le Web 2.0 et apprentissage et la manière dont le Web 2.0 peut faire évoluer aussi bien les pratiques des enseignants que celles des étudiants ; comment le Web 2.0
offre la possibilité de mettre en œuvre de nouvelles façons d’apprendre les langues. La seconde partie est tournée vers la pratique et se présente sous forme de fiches qui vont du transfert de tâches de la vie réelle sur le Web 2.0 (participer à un forum, réagir, jouer, enrichir une encyclopédie en ligne) dans des pratiques de classe à la participation à des réseaux d’apprenants de langues. n J.P. Christian Ollivier, Laurent Puren, Le Web 2.0 en classe de langue, Maison des langues.
Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011
Facebook, six ans déjà, Twitter, quatre ans : en année Internet, la préhistoire. Le Web 2.0, caractérisé par ses réseaux interactifs et ses outils collaboratifs, est ancien, son utilisation dans l’enseignementapprentissage du FLE aussi, mais certainement pas dépassée. Rapide chronologie des trois dynasties du Web.
Web 2.0 c’est à dire... Web 1.0 ? C’est la recherche d’informations, l’archive en lecture seule. On le visite régulièrement, selon ses besoins. Pourquoi le FLE l’aime toujours ? Parce que c’est le web du cueilleur, sur lequel on glane : on écoute RFI en ligne, on télécharge TV5. C’est le Web des annuaires FLE et des sites Internet de profs. C’est celui où on va à la pêche aux idées et au matériel à exploiter en classe. Web 2.0 ? Ce que l’on trouve sur le 2.0, c’est ce qu’on y a mis, nous. C’est le Web interactif du partage et de la collaboration. Celui où on n’a pas besoin d’avoir un copain informaticien pour
Par Hélène Girard, responsable du département de français langue étrangère, Université technologique Pétronas, Malaisie. Membre du Conseil d'administration de l'ASDIFLE (Association pour la diffusion du français langue étrangère).
faire son site parce qu’on peut ouvrir son blog « fou-de-fle » en deux minutes chrono sans aucune connaissance informatique, depuis lequel on va marquer les pages et taguer d’autres blogueurs FLE dans un esprit d’échange d’idées permanent. Surtout, c’est le Web des réseaux sociaux. On le visite tous les jours, souvent plusieurs fois par jour. Pourquoi le FLE l’aime encore plus ? Le Web 2.0, c’est le Web FLE ! Tant la nature du Web 2.0 offre d’opportunités dans le cadre de l’approche actionnelle recommandée par le CECRL. C’est une interface pluriforme entre enseignants, entre enseignants et apprenants, entre apprenants, de contenus éphémères, collaboratifs, virtuels et réels, instantanés. Web 3.0 ? C’est le Web sémantique qui se dessine dès maintenant avec le rassemblement des nuages de moins en moins épars du Web 2.0. Intelligent et omniscient, il analyse nos (tonnes de) données personnelles pour nous connaître et nous servir d’assistant personnel. On y est branché 24 heures sur 24, via son smartphone.
Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011
Est-ce que le FLE va l’aimer ? Beaucoup plus axé sur l’individu et sur la consommation, l’aspect 3.0 du Web risque peu de détrôner le 2.0 comme outil privilégié dans l’enseignement-apprentissage du FLE. Quels outils ? Un Web n’en efface pas un autre, et on devrait plutôt parler d’outils 1.0, 2.0 ou 3.0. Les outils 2.0 qui rendent le Web 2.0 populaire auprès des enseignants de FLE sont principalement : - Les sites Internet communautaires collaboratifs (comme les wikis) ; - Les réseaux sociaux (comme Facebook) ;
APPLICATION IPHONE « 7 JOURS SUR LA PLANÈTE » Cette application propose d’apprendre chaque semaine une trentaine de mots liés à l’actualité. Elle est destinée à tous ceux qui bougent… Le vocabulaire à apprendre, de façon ludique ou plus systématique avec des flashcards, est extrait des trois reportages du dossier pédagogique « 7 jours sur la planète » .
- Les audio et vidéo diffusions (comme YouTube pour la vidéo) ; - Les blogues, micro-blogging, nano blogging (comme les blogues de fdlm.org ou Twitter pour le microblogging). Ce qui caractérise tous ces outils ? Le partage, l’interactivité, la collaboration, la mutualisation et dans leurs applications une balance réussie entre authenticité et contrôle. Ces outils sont encore nouveaux mais déjà anciens. Les années 2010 et 2011 sont marquées par encore des innovations, toujours des débats et déjà la prise de recul par rapport au Web 2.0. dans l’enseignement des langues. n
L’utilisateur peut mémoriser les 3000 mots disponibles en jouant avec eux (anagrammes, quiz, mots mêlés, mots à corriger et dictées…) avant de les découvrir dans leur contexte en visionnant les reportages tirés de l’émission ou en écoutant leur version audio (transcription + son). Chaque mot est oralisé, avec sa traduction en anglais et sa définition en français.
Pour télécharger l’application sur iTunes : www.tv5monde.com/appli7jours Version gratuite allégée et version complète (3,99 €)
55
dossier // Compte rendu
Lille et Bombay
Des réseaux sociaux pour mieux
Développer la compétence écrite, favoriser le dialogue interculturel, ouvrir le cours de français sur des échanges internationaux : les réseaux sociaux issus du Web 2.0 se révèlent être de précieux outils d’apprentissage. Donc d’enseignement. Compte rendu de deux expériences réussies.
David Cordina est directeur pédagogique de l’Alliance française de Bombay. Il anime les deux réseaux sociaux Foreigners in Lille et Mumbaikar in French.
56
Par David Cordina
‹‹P
lus j’enseigne, mieux j’apprends. Plus j’apprends, mieux j’enseigne. » Ce couple vertueux entre l’apprentissage et l’enseignement est capital pour la réussite numérique des deux sites Internet présentés ici : Foreigners in Lille et Mumbaikar in French. Ces deux réseaux sociaux, outils de Web 2.0, sont des exemples de créations e-pédagogiques de communautés apprenantes. Avril 2008 : Foreigners in Lille En 2008, le département Français Langue Étrangère de l’Université Lille 1 a ouvert à tous ses étudiants étrangers un réseau social dédié à l’apprentissage de la langue. Ce site basé sur l’outil Ning se présente sous la forme de réseaux communautaires (tels que les sites Facebook ou Orkut) consultables sur ordinateur ou télé-
Libres échanges Mumbaikar in French s’ouvre au monde avec des échanges en cours avec le Mexique, la Colombie et la France. Foreigners in Lille peut accueillir facilement des échanges ou des correspondances (appelées aussi e-tandems) avec l’Université de León en Espagne, d’An Najah de Naplouse en Palestine ou encore avec le lycée P. Doriole de La Rochelle, pour un projet qui a été récompensé à Berlin et à Cape Town en 2010 par le Forum d’innovation pédagogique organisé par Microsoft.
En savoir plus : http://foreignerinlille.ning.com http://afmumbai.ning.com
phone de nouvelle génération. À leur inscription, les étudiants étrangers complètent leur page personnelle et écrivent généralement leur premier billet de blogue sur leurs origines : des villes de Chine aux capitales européennes en passant par les grandes métropoles d’Amérique du Sud, Foreigners in Lille prend souvent l’allure d’un grand atlas collectif. Les quelque 1 700 étudiants deviennent par l’écriture de leur blogue des « reporters » francophones témoignant de leur vie d’étudiant expatrié à Lille. Toute sortie est un prétexte : les visites de musées de la région, le carnaval de Dunkerque, les sorties en Belgique, la visite du vieux Lille. Le premier plat que je cuisine, une rencontre avec un voisin, des surprises interculturelles sur les rites de politesse français (les bises, par exemple) sont des thèmes fréquents des blogues… Sous l’impulsion des enseignants, les usagers de Foreigners in Lille discutent de nombreux sujets : de la place
Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011
tences de langue écrite – celles décrites dans les niveaux A2, B1, B2, C1 et C2 du Cadre européen commun de référence pour les langues – dans une perspective actionnelle en situation authentique de communication. Par l’écriture des blogues et des contributions aux forums, les sites génèrent de nombreux articles, discussions ou commentaires. En deux ans, Foreigners in Lille a ainsi accueilli plus de 8 000 textes. Le taux d’activité et les temps de visite élevés révèlent une réelle intégration de l’outil dans les activités d’apprentissage des étudiants. Il écrivent des essais, présentent leurs exposés, participent à des discussions argumentatives, publient des comptes rendus en rapport aux cours (suite à une demande d’un enseignant) ou suite à une envie personnelle (valorisation de l’ap-
apprendre et enseigner des jeunes ou des femmes dans la société, du racisme ou de l’ethnocentrisme… Les conflits ou les polémiques surgissent parfois : « la consommation des drogues » chez les jeunes a révélé des différences culturelles pour appréhender ce problème. « Le football », « le chauvinisme », « l’homosexualité » ont glissé
Les objectifs généraux pédagogiques des réseaux sociaux dédiés sont, avant tout, de développer les compétences de langue écrite. vers des discussions où chaque intervenant a dû clarifier fermement ses positions. École de langue française, de citoyenneté et de relativisme culturel, Foreigners in Lille encourage la modération et l’écoute de l’autre. Et du point de vue linguistique, la polémique a des avantages : l’écriture ar-
gumentative et la perspective actionnelle prennent ici tout leur sens : les efforts déployés pour convaincre le lecteur améliorent les capacités linguistiques des étudiants. Aux enseignants, de modérer. Basé sur les mêmes principes, le réseau social de l’Alliance française de Bombay s’est ouvert en septembre 2010 avec une communauté indienne francophone de plus de 650 étudiants. La ligne éditoriale et les sujets proposés par les étudiants se tournent davantage vers l’identité de Mumbaikar (un habitant de Mumbai, autrement appelé Bombay) francophone et l’attrait pour la langue et la culture française. « Mon lieu préféré à Mumbai », « Les fêtes indiennes Holi », « Pourquoi le français ? » sont les discussions les plus développées.
prentissage informel). Composé d’un enseignant animateur principal et d’une dizaine d’enseignants tuteurs, l’équipe enseignante anime les réseaux. En effet, toutes les contributions d’apprenants ne se génèrent pas de façon spontanée. Il
faut, de la part des enseignants, proposer des objectifs communs, des projets, des tâches qui dépassent la simple inscription au site. Les textes proviennent le plus souvent d’activités menées en classe mais, du fait de leur médiatisation, les interactions avec les autres étudiants sont possibles. Aux enseignants d’encourager l’acte d’écriture, de surcroît en langue étrangère, puis, dans un deuxième temps, d’apporter un tutorat correctif. Celui-ci joue un très grand rôle et des estampilles de couleur permettent une meilleure visibilité du texte en correction. Derrière l’écriture, l’interculurel Les tâches de production écrite proposées dans les cours incitent les étudiants à publier leurs propres textes personnels. Une approche informelle de l’apprentissage de la langue via les pairs se met en place ici. Comme pour une compétition sportive ou lors d’un concert d’une école de musique, les étudiants affichent devant tout le monde leurs compétences et apprennent des erreurs des autres. Enfin, ces réseaux sociaux permettent de créer des communautés interculturelles d’apprentissage autour de la langue française. Derrière l’écriture, le dialogue interculturel est également visé. Les forums et leurs thèmes aident à une meilleure compréhension mutuelle des cultures. n
De multiples intérêts pédagogiques Les objectifs généraux pédagogiques des réseaux sociaux dédiés sont, avant tout, de développer les compé-
Le français dans le monde // n° 377 // septembre-octobre 2011
57