le français dans le monde 375

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REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS

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N° 375 MAI-JUIN 2011

// MÉTIER //

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En Chine, vaincre la crainte de parler des étudiants Le français, tremplin pour un Brésil en marche

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// DOSSIER //

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FIPF

www.fdlm.org

13 €

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ISSN 0015-9395 ISBN 978-2-090-37066-9

N°375

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Diane Kruger, actrice polyglotte, entre Paris et Hollywood

// MÉMO //

Mahamat-Saleh Haroun, un homme qui filme le Tchad


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numéro 375

Sommaire

Métier / Zoom

Les fiches pédagogiques à télécharger

2. Le français dans le monde a 50 ans ÉPOQUE 8. Portrait Diane Kruger, actrice curieuse de tout et des autres

10. Tendance Un macaron sinon rien

11. Sport Le Flash, plus que du football américain

12. Économie La France réorganise sa filière nucléaire

14. Regard « Internet est le royaume des autodidactes »

16. Évènement Stéphane Hessel au miroir de la presse

17. Exposition Gallimard, une mythologie centenaire

Économie : La France réorganise sa filière nucléaire ● Poésie : Les saisons ont passé ● Une journée dans la vie de… : Adeline, Sage-femme ● Clés : La notion de compétence ● Reportage : Le monde à tour de plats ● Dossier : La plus grande fiches pédagogiques ferme de France tient salon à télécharger sur : ● BD : Les devoirs à la maison www.fdlm.org ● Tests et jeux ●

Du bon usage des dictionnaires en classe

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Dossier

Nouvelles ruralités. Habiter les champs, cultiver les villes La plus grande ferme de France tient Salon..........52 Les nouveaux combats de l’agriculture................54 Une vie après la ville .......................................56 Du producteur des champs aux « consom’acteurs » des villes......................................................58

50

18. Une journée dans la vie de… Adeline, sage-femme

Le français dans le monde sur Internet : http://www.fdlm.org

MÉTIER 22. L’actu Le billet du président de la FIPF

34. Expérience

24. Focus

Le professeur à la caméra au service de l’apprentissage

Dégager un modèle cohérent de formation des enseignants

36. Gastronomie

MÉMO 62. À voir 64. À lire

Le monde à tour de plats

68. À écouter

38. Innovation VizaFLE : l’ère des profs 2.0

INTERLUDES 6. Graphe « Jeunesse »

40. Enquête

20. Poésie Amina Saïd : « Les saisons ont passé »

26. Mot à mot Dites-moi Professeur…

28. Clés La notion de compétence

Le français, tremplin pour un Brésil en marche

Couverture : Raphaël Trapet/Aleph/ Picturetank

30. Initiatives

46. Nouvelle Christian Jacq : « Le dernier singe »

Le Delf pro : une réponse au développement de la mobilité professionnelle

42. Savoir-faire En finir avec la crainte de parler

60. BD Martin Vidberg : Les devoirs à la maison

32. Zoom

44. Ressources

70. Jeux À quoi tu joues ?

Du bon usage des dictionnaires en classe

« Julie a écrit sur ton mur »

Le français dans le monde, revue de la Fédération internationale des Professeurs de français - www.fipf.org, éditée par CLE International – 9 bis, rue Abel Hovelacque – 75 013 Paris Tél. : 33 (0) 1 72 36 30 67 – Fax. 33 (0) 1 45 87 43 18 – Service abonnements : 33 (0) 1 40 94 22 22 – Fax. 33 (0) 1 40 94 22 32 – Directeur de la publication Jean-Pierre Cuq (FIPF) Directeur de la rédaction Jacques Pécheur (ministère de l’Éducation nationale – FIPF) Secrétaire général de la rédaction Sébastien Langevin Relecture/correction Marie-Lou Morin Relations commerciales Sophie Ferrand Conception graphique Miz’enpage - www.mizenpage.com – Commission paritaire : 0412T81661. 51e année. Comité de rédaction Dominique Abry, Isabelle Gruca, Valérie Drake, Pascale de Schuyter Hualpa, Chantal Parpette, Jacques Pécheur, Florence Pellegrini, Nathalie Spanghero-Gaillard. Conseil d’orientation sous la présidence d’honneur de M. Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie : Jean-Pierre Cuq (FIPF), Pascale de Schuyter Hualpa (Alliance française), Raymond Gevaert (FIPF), Michèle Jacobs-Hermès (TV5), Xavier North (DGLFLF), Soungalo Ouedraogo (OIF), Nadine Prost (MEN), Jean-Paul Rebaud (MAEE), Madeleine Rolle-Boumlic (FIPF), Vicky Sommet (RFI), Jean-Luc Wollensack (CLE International).

Le français dans le monde //n° 375 //mai-juin 2011

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50e anniversaire // « Prenez-y garde, nous assurait-on, une revue n’est pas une course de vitesse, c’est une course de fond. »

I

Le français dans le monde a 50 ans

l avait beaucoup neigé cet hiver-là. Nous étions en 1985 et le boulevard Saint-Michel, soudain silencieux, n’était praticable qu’à ski ou pour les joies de la luge. Cet hiver-là, JeanMarie, Jean-Marie Gautherot, alors rédacteur en chef de la revue, m’avait laissé les clés du Français dans le monde comme on laisse les clés de

montre d’empathie, il n’y avait qu’à prendre, ou plutôt à reprendre, et à réinterpréter. C’est ce que j’ai souvent répété à André Reboullet, le fondateur de la revue quand, toujours attentif à son évolution, il voulait bien me gratifier de quelque approbations pour les initiatives que je prenais afin de poursuivre l’aventure commencée par lui, en 1961.

Commençons par le c REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS

lefrançais le monde dans

N° 375 MAI-JUIN 2011

// MÉTIER //

En Chine, vaincre la crainte de parler des étudiants Le français, tremplin pour un Brésil en marche // DOSSIER //

FIPF

// ÉPOQUE //

Diane Kruger, actrice polyglotte, entre Paris et Hollywood

// MÉMO //

Mahamat-Saleh Haroun, un homme qui filme le Tchad

son appartement à un ami, et j’en profitais pour remonter, aventurier incertain, aux origines de la revue. Découvertes, surprises, étonnement, je suis ressorti de cette lecture des commencements avec quelques certitudes et surtout une conviction : tout est là. Il suffisait d’écouter attentivement ce que ces premières pages, ces premiers numéros disaient, et pour peu qu’on y fasse

C’est précisément là où je veux en venir, à ce premier numéro du mois de mai 1961. Trois sections pour un sommaire et trois entrées qui sont autant d’objectifs : former – informer – documenter. On aura beau, au fil du temps, réorganiser le sommaire, modifier les intitulés, passer l’un devant ou l’autre après, diviser telle entrée en deux, les objectifs, eux, ne varieront pas. Parcourez le

Le français dans le monde en quelques dates

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1960 ▼

1961

Septembre 1961

1962-1963

1964

1966

Décision du directeur général des Affaires culturelles et techniques, Roger Seydoux, de créer Le français dans le monde.

Parution en mai 1961 du premier numéro de la revue éditée par Hachette et Larousse. Élaboration grâce aux services culturels d’un fichier de 71 000 adresses. Le français dans le monde est rattaché au BELC et à l’INRP puis au CIEP.

Création de l’Aupelf (Association des Universités partiellement et entièrement de Langue française). Aujourd’hui AUF (Agence universitaire de la francophonie).

Mise en place d’un réseau de 80 correspondants ; création d’un service diversifié de renseignements.

Parution du premier numéro spécial sur l’enseignement de la civilisation ; livraison avec la revue d’un disque souple, Sonofrance, édité avec l’appui de la RTF (Radio Télévision française).

Parution du magazine scolaire pour les élèves, Passe Partout, publié par Le français dans le monde.

Le français dans le monde // n°375 // mai-juin 2011


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sommaire de ce numéro 375, ils sont toujours là. J’aime que le premier numéro ouvre sur quatre articles qui donnent le ton : un accord en majeur riche de tous les développements à venir. J’aime que le premier numéro ouvre sur cet article de Gougenheim et Rivenc sur « L’état actuel du français fondamental », que lui fasse suite l’article de Wagner au titre référencié « Les clés

alors est encore employée précautionneusement –, dont Le français dans le monde est l’incontournable, l’irremplaçable lieu de mémoire. Wagner, lui, fixe le cap : il donne les raisons intangibles d’apprendre une langue et singulièrement le français : le lieu où s’élabore une pensée ; la promesse et le moyen d’accéder à une culture ; la possibilité de s’approprier un système de valeurs ; l’accès à un

commencement… du royaume », qu’il précède l’article d’Albérès « Cadres pour l’étude du roman français de 1945 à nos jours » qui cède, lui, la place à Michaud pour une analyse sur « Paris, microcosme de civilisation ». Ici, Gougenheim et Rivenc ouvrent la porte à toutes celles, tous ceux qui, au fil des numéros, écriront l’histoire de cette didactique du « français langue étrangère » – l’expression

système inconnu de pensée et de vie. D’autres après lui, pêle-mêle, politiques, militants d’association, administrateurs, intellectuels, linguistes, artistes viendront enrichir, préciser, éclairer toutes ces raisons. La géographie, l’histoire, les relations diplomatiques y jouent aussi leur rôle : qu’on lise dans ce numéro 375 en quoi le français a bel et bien sa place aujourd’hui dans un Brésil en marche.

1967

1969

1974

1978

1981

1983

Appui décisif du Français dans le monde à la création de la FIPF : il lui apporte son secrétariat, ses fichiers, son réseau de correspondants et d’amis.

Parution du Guide pédagogique pour le professeur de français (90 000 exemplaires).

Parution du Carnet du professeur de français (50 000 exemplaires).

Publication du numéro spécial destiné aux assistants de français.

Création de Réponses, supplément Afrique et Océan indien du Français dans le monde. Parution de Reflet, revue de français langue étrangère, à l’initiative de l’Alliance française, du Crédif et des Éditions Hatier. Création de la sous-direction du français au ministère des Affaires étrangères.

Réorganisation rédactionnelle.

Le français dans le monde // n°375 // mai-juin 2011

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50e anniversaire // n° 368

Il revient à Albérès, à propos du roman, de nous rappeler qu’une langue n’est rien sans la modernité qui la porte, je veux dire qu’elle est menacée si elle n’est pas porteuse d’une culture en train de s’écrire. Et Le français dans le monde peut s’enorgueillir d’avoir été et de rester la boussole d’une modernité par nature dérangeante. Qui peut encore avoir le désir de prêter attention à une langue si elle n’a plus rien à dire sur le monde qui advient ? Confier cette parole proprement inouïe au cinéaste tchadien Mahamat-Saleh Haroun, comme ce numéro princeps l’avait laissé au cinéaste de L’Année dernière à Marienbad, au talent d’une nouvelle auteure, Dominique Conil, comme il avait alors rendu compte d’un inconnu prometteur qui venait de publier Le Parc, Philippe Sollers, aux rythmes rock, folk et chaâbi de Souad Massi… Comme au

premier jour, ce numéro 375 continue d’assurer aux centaines de milliers d’enseignants que la langue qu’ils enseignent conserve entier son pouvoir de création, une création aujourd’hui démultipliée, somptueusement enrichie par les apports d’un espace francophone déjà présent, avec Ramuz, dans ce premier numéro. Faire comprendre aussi ce qui structure comme on voudra une culture, une société, une civilisation, mettre en contact le lecteur avec les réalités qui les constituent, c’est à Michaud que revenait cette tâche dans notre numéro 1. Au fil du temps, Le français dans le monde n’a cessé d’opérer ce va-et-vient, persuadé qu’un apprentissage de la civilisation « allait de pair avec un enseignement de la langue et de la littérature ». Et puis le premier numéro spécial de la revue n’est-il pas consacré à l’enseigne-

Le français dans le monde en quelques dates

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1985 ▼

1987 ▼

1989 ▼

1991 ▼

1993 ▼

1994 ▼

1994 ▼

1998 ▼

Convergences 85 : réunion du réseau mondial des attachés linguistiques. Le français dans le monde est partenaire de cette convention.

Refonte éditoriale du Français dans le monde. Création de la collection Recherches et applications et de Diagonales.

Parution du « Kit Révolution » (35 000 exemplaires).

Création du magazine sonore Fréquence FDM.

Parution du kit chansons : Nouvelle génération française 1.

Création du magazine vidéo, Vidéo Classe.

Ouverture du site Internet hébergé aux États-Unis sur le serveur de l’AATF (American Association of Teachers of French) : www.fdlm.org

Édition du Carnet de voyage de l’opération Allons en France 1998.

Le français dans le monde // n°375 // mai-juin 2011


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Ils et Elles l’ont fait :

REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS

lefrançais le monde dans

N° 371 SEPTEMBRE-OCTOBRE 2010

André Reboullet, Jean-Marie Gautherot, Jacques Pécheur, Françoise Ploquin, Alice Tillier.

// MÉTIER //

De Saint-Malo à Bamako, un lecteur public pour donner le goût du livre Enseignement en immersion à l’université américaine de Middlebury

François Pradal, Isabelle Morin.

// DOSSIER //

De la page à l’écran

L’édition numérique // MÉMO //

Michel Houellebecq, l’évènement de la rentrée littéraire

L’Orchestre national de Barbès en fusion entre Paris et Maghreb

FIPF

// ÉPOQUE //

Raphaël Nataf, Jean-Jacques Frèche, Jacques Verdol, Jean-Claude Demari, Cécile Rouquette, Sébastien Langevin. Elisa Chappey, Gisèle Kahn, Marcella di Giura, Pierre-Alain Le Cheviller.

ment de la civilisation ? Pas d’anniversaire sans gâteau du même nom : « Un macaron sinon rien » commande ce numéro 375. Signe des temps, au moment où la gastronomie française entre au patrimoine immatériel de l’humanité, nos mythologies deviendraient-elles gourmandes ? Ici, pas d’icône qui renvoie sur le site Internet de la revue à une fiche accompagnant cet article, mais la fiche est bien là, page 44, la revue n’en comptant alors que 48. Pratique, au plus près au service des enseignants et cherchant déjà dans ce premier numéro à faire en sorte que la revue soit directement utilisable en classe. Nous restons résolument aujourd’hui attachés à cette volonté et à l’illustrer au fil des fiches qui accompagnent non pas un, mais huit articles de ce numéro anniversaire de mai-juin 2011.

Simone Aubert, Jacqueline Dodeman, Anne-Marie Mercadier, Lydie Malo, Anne-Sophie Balaÿ et Sophie Ferrand.

Reste pour conclure très provisoirement cette phrase OVNI, retrouvée à la fin de cet été sicilien 2009, dans l’éditorial de ce premier numéro et devenue la raison d’être de ce qui nous occupe au jour le jour sur le papier et plus que jamais sur la Toile : « Constituer le lien entre tous ceux qui enseignent le français dans le monde et dont beaucoup, dans leur activité professionnelle, se sentent isolés. » J’aime croire qu’en écrivant cette phrase, André Reboullet avait laissé sa pensée vagabondée par-delà les Andes, vers ce Chili de sa jeunesse auquel il restait très attaché, vers ces enseignants si loin, là-bas, qui sont la raison d’être de la revue. Que chacun, lecteur, lectrice, le sache : Le français dans le monde ne se sent vraiment chez lui que lorsqu’il est chez vous. n

Merci aux partenaires institutionnels, éditeurs, membres des comités de rédaction et d’orientation, annonceurs qui ont soutenu la revue. Merci aux auteur(e)s, chroniqueurs et chroniqueuses, journalistes, coordinateurs et coordinatrices de numéros spéciaux, maquettistes, dessinateurs, photographes, relectrices, opératrices de saisie, fabricants, présentateurs, metteurs en ondes, réalisateurs, webmaîtres, gestionnaires des abonnements, responsables commerciaux qui ont contribué au cours de ces cinquante années à « faire », mois après mois, Le français dans le monde.

Jacques Pécheur

1999 ▼

2000 ▼

2001/2004 ▼

2010 ▼

Le français dans le monde adopte un format magazine, change de maquette et réorganise ses contenus.

Le français dans le monde est confié à la FIPF.

Création de Francophonies du Sud avec l’appui de l’Organisation internationale de la Francophonie. Suivront Francophonies d’Europe, Francophonies arabes (2007), et Francophonies d’Amérique du Nord (2008).

Refonte éditoriale et rédactionnelle complète de la revue et de son site : changement de format, de maquette, d’organisation et de contenus rédactionnels ; nouvelle structure, nouvelles fonctionnalités et nouvel habillage du site.

Clé International devient l’éditeur de la revue.

Le français dans le monde // n°375 // mai-juin 2011

REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE

DES PROFESSEUR S DE FRANÇAIS

le français le monde

dans

N° 368 MARS-AVRIL

2010

// MÉTIER //

En Iran, le français fait de la haute montagn e

Le Brésil et les plaisirs de l’échange scolaire // DOSSIER //

Les îles de l’outre-mer dépendantes, ouvertes, métissées // ÉPOQUE //

Joann Sfar, quand un auteur de BD passe derrière la caméra pour raconter Gainsbourg

// MÉMO //

Toute l'actualité des sorties livres, CD, DVD

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6-7 GRAPHE BAT2_N°373- 230X270 18/04/11 12:23 Page6

interlude // « Ça fait partie de la condition d'acteur de toujours rejouer sa jeunesse. » Philippe Caubère

JEUNESSE « Donnez-vous des rendez-vous partout, Dans les champs, dans les choux, Faites-vous des baisers tout de suite, Des serments sur le grand huit. Le temps passe à toute vitesse, Roulez jeunesse. » Louis Chedid, « Roulez, roulez jeunesse »

« C'est le propre de la jeunesse de couper les liens, d'ouvrir des chemins nouveaux, de rêver de liberté. » Reine Malouin, « Où chante la vie »

© I Love Images/Corbis

« Les voyages forment la jeunesse, a dit un sage, mais ils déforment les chapeaux. » Alphonse Allais, Œuvres posthumes

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«La jeunesse est le sourire de l'avenir devant un inconnu qui est lui-même.» Victor Hugo, Les Misérables

«Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.»

«Hélas ! C'est la fièvre de la jeunesse qui maintient le reste du monde à la température normale. Quand la jeunesse se refroidit, le reste du monde claque des dents.»

Henri Estienne, Les Prémices

Georges Bernanos, Les Grands Cimetières sous la lune

« Un beau soir l'avenir s'appelle le passé. C'est alors qu'on se tourne et qu'on voit sa jeunesse. » Louis Aragon, Le Nouveau Crève-cœur

« La jeunesse est courte. C'est la vie qui est longue… »

« Réaliser dans l'âge d'homme les rêves de la jeunesse, c'est ainsi qu'un poète a défini le bonheur. » Léon Blum, Stendhal et le beylisme

Françoise Giroud, Journal d'une Parisienne

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époque // Portrait

© The Kobal Collection

Elle est née en Allemagne, a étudié en Angleterre et en France, elle vit avec un Canadien et tourne aussi bien en Europe qu’aux ÉtatsUnis… Diane Kruger, polyglotte, a plus d’une langue dans son sac et bien d’autres atouts que sa beauté.

Diane Kruger,

actrice curieuse de tout et des autres m © Eric Ryan/WireImage.co

Par Bérénice Balta

8

P

our rester dans l’esprit de Juvénal et de sa célèbre citation « mens sana in corpore sano », on peut affirmer que Diane Kruger a un corps de rêve, mais également une tête bien faite. La conjugaison de ces deux caractéristiques l’ont amenée en haut de l’affiche avec une grande lucidité, « la beauté ouvre beaucoup de portes et vous permet de mettre un pied dans le show-business. Par contre, si vous voulez durer dans le milieu, mieux vaut faire preuve de ténacité et être capable d’exprimer des émotions ». De fait, la jeune femme n’a eu de cesse de multiplier les ex-

périences et les metteurs en scène depuis sa sortie du Cours Florent et la distinction obtenue dans cette célèbre école d’art dramatique parisienne, le prix Classe libre de la meilleure comédienne. Pour autant, sa vie n’a pas totalement commencé à cet instant précis. Allers-retours Paris-Hollywood Jeune femme déterminée, née Diane Heidkrüger en Basse-Saxe le 15 juillet 1976, elle quitte le nid familial à 15 ans pour étudier la danse au Royal Ballet de Londres où, trois ans plus tard, une vilaine blessure mettra fin à sa carrière de ballerine. Revenue en

Allemagne, elle entame avec succès sa carrière de mannequin. Mais parcourir l’Europe pour faire des photos, des publicités et des défilés n’est pas pour suffire à la jeune Diane. Luc Besson, qui passait par là, lui suggère le Cours Florent, la suite, on la connaît… 2002 marquera ses débuts sur le grand écran. C’est un Français (Jean-Pierre Roux) qui lui offre son premier rôle dans The Piano Player,

Une véritable ambassadrice de la planète chez qui le plaisir des yeux le dispute à l’élégance de la tête.

Le français dans le monde // n°375 // mai-juin 2011


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© Ochlik Morin/ IP3

Diane Kruger, au Festival de Cannes 2010. L’année d’avant, elle était venue avec l’équipe d’« Inglourious Basterds » où son camarade Christoph Waltz avait reçu le prix d’Interprétation masculine.

toujours un peu de temps de converser dans une autre langue, mais depuis mon plus jeune âge, mon rêve était d’être une actrice internationale, capable de tourner des films étrangers ». Parfaitement trilingue, elle se double elle-même et du coup, on s’est habitué à son doux timbre de voix sans sursauter si on ne voit pas le film en version originale. Quant à son rêve de tourner des films étrangers… son vœu a été largement exaucé et avec brio. Car si elle tourne dans des longs-métrages à gros budget, c’est pour mieux se concentrer sur des projets plus modestes ou plus

© WireImage

« Cela me prend toujours un peu de temps de converser dans une autre langue. »

Diane Kruger en six dates 1976 : naissance à Algermissen. 1994 : blessure et arrêt de ses études de danse au Royal Ballet de Londres. 2001 : mariage avec l’acteur-réalisateur Guillaume Canet. 2004 : le magazine People l’inclut sur sa liste annuelle des « 50 plus belles personnalités du monde ». 2007 : maîtresse de cérémonie au 60e Festival de Cannes. 2010 : apparition dans la série Fringe, dans laquelle joue son compagnon.

inédit en salle, malgré la présence à ses côtés de Dennis Hopper et Christophe Lambert. Suivent la même année, Ni pour ni contre (bien au contraire) de Cédric Klapisch et, surtout, Mon idole de Guillaume Canet, avec lequel elle s’est mariée un an plus tôt. Elle y joue Clara, épouse d’un influent producteur de télévision interprété par François Berléand, qui la pousse dans les bras d’un jeune idéaliste, Guillaume Canet. Mari et femme (divorcés en 2006) joueront de nouveau ensemble, trois ans plus tard, dans Joyeux Noël de Christian Carion, une histoire de fraternisation entre ennemis qui se déroule sur fond de Première Guerre mondiale. Entre temps, Hollywood fait sa connaissance et Diane Kruger se retrouve en 2004 dans une super-

production comme les États-Unis savent en faire : Troie. La Grèce antique y est revisitée par son compatriote Wolfgang Petersen et ellemême donne la réplique, dans la langue de Shakespeare, à un Américain (Brad Pitt), un Anglais (Orlando Bloom) et un Australien (Éric Bana). On se cantonnera, volontairement, aux acteurs principaux pour ne pas à avoir à dérouler un atlas mondial. D’une langue à l’autre Depuis, la comédienne passe d’une langue à l’autre (à noter qu’elle avait fait du latin pendant huit ans et a également appris le russe pour Les Brigades du Tigre, 2006), d’un continent à l’autre, d’un univers à l’autre < avec un naturel désarmant, même si elle confesse que « cela me prend

Sans identité, thriller de choc À la suite d’un accident de voiture, un homme (Liam Neeson), venu donné une conférence à Berlin, se retrouve dans le coma. Une fois réveillé, les choses se gâtent. Son identité a été usurpée et on cherche à le tuer. Seule une jeune femme (Diane Kruger) va l’aider à re-

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trouver sa mémoire et prouver qui il est, vraiment ! Film d’action efficace, bien qu’assez prévisible, Sans identité est une œuvre de l’espagnol Jaume ColletSerra, dans laquelle pas moins de six pays ont investi, dont la France, le Canada et le Japon.

engagés, choisir des auteurs dont les exigences artistiques comblent ses attentes de « femme curieuse de tout et des autres ». D’ailleurs, elle ne dédaigne pas, quand son emploi du temps le permet, partir sac au dos dans des contrées sauvages, avec son amoureux, l’acteur canadien, Joshua Jackson qu’elle « n’épousera qu’à seulement 60 ans, si nous sommes toujours ensemble car, là, ça voudra vraiment dire que c’est pour la vie »… À bientôt 35 ans, Mademoiselle Kruger semble n’être qu’au début d’un – encore – long chemin. On va la découvrir cette année dans des rôles fort différents et plutôt musclés, journaliste ou femme de général, avant sa collaboration avec Benoît Jacquot, qui va adapter le roman historique, Les Adieux à la Reine, de Chantal Thomas. Quand elle ne tourne pas, ni ne vadrouille en amoureux, ni ne donne une « master class » dans son ancienne école de théâtre, ni ne pose pour une marque de parfum qui l’a choisie comme égérie, elle trouve, encore, le temps de s’investir pour l’Unicef en véritable ambassadrice de la planète chez qui le plaisir des yeux le dispute à l’élégance de la tête. ■

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époque // tendance

© Jean-Daniel Sudres / hemis.fr

40 millions de macarons sont vendus chaque année chez les quatre plus grands pâtissiers parisiens.

Folie et bonne affaire du moment : cette pâtisserie est de toutes les gourmandises.

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ême Marie-Antoinette s’en gave ! Comme une pauvre petite fille riche un jour de spleen, placée, il est vrai, sous l’œil de la réalisatrice Sofia Coppola… Il y en a pour tous les goûts et ils vous en font voir de toutes les couleurs : violette, pistache, framboise, chocolat, groseille, café, vanille, citron jaune ou vert, mûre, orange, réglisse… On se croirait sur un stand de confiseur au temps des fêtes foraines de village. Et pourtant, rien

Rêveur et voyageur, le biscuit s’en va voir ailleurs et rapporte des saveurs qui viennent surprendre le palais. à voir. Ici, on est dans le royaume du luxe ou plutôt du goût, du produit sophistiqué comme les Français en ont conservé le secret de fabrication. On est au royaume du macaron !

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Mythologie gourmande du XXIe siècle en passe de devenir planétaire. Impossible de sortir ou de rentrer sans son macaron ; le macaron vous guette partout, de la pâtisserie de quartier au corner d’aéroport et s’invite jusque chez vous, au hasard à New York, Londres, Séoul, Tokyo ou Macao… Mais le macaron a son temple où se pressent en rang serré, comme au temps de l’Occupation pour guigner un morceau de pain, les gourmands du monde entier : Ladurée. La boutique est sise avenue des Champs-Élysées, la maison-mère, plus discrète, rue Royale. C’est le petit-fils du pâtissier Ladurée, Pierre Desfontaines, l’auteur du délit de gourmandise ; lui qui, il y a un peu plus d’un siècle, a mélangé amandes pilées, sucre, blancs d’œufs et colorants, puis fourré le tout d’une ganache au choix pour en faire cette joaillerie pâtissière vendue tel ce diamant, cette émeraude, ce rubis ou cette topaze, « grosse comme le Ritz ». Le macaron a ses collections À 1,40 € le petit macaron ou à 80 € le kilo, sachant qu’il s’en vend 40 mil-

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Par Jacques Pécheur

Sh utt ers toc k

Un macaron sinon rien lions d’unités par an chez les quatre « diamantaires » du marché (Ladurée, Dalloyau, Pierre Hermé et Fauchon), c’est une vraie pépite. Alors pas question de laisser les accrocs au repos : le macaron a ses collections, deux par an. Rêveur et voyageur, le biscuit s’en va voir ailleurs et rapportent des saveurs qui viennent surprendre les palais les plus audacieux : thé vert, huile d’olive, haricot rouge azuki, mandarine… Là, les princes du marché débordent d’imagination. Sans parler des pâtissiers qui, fleurant la bonne affaire, les fourrent de glace, façon pièce montée, en couvrent les entremets, les éclatent pour les napper de crème Chantilly ou font tenir le biscuit en équilibre sur des fruits de saison. Les industriels de l’agroalimentaire ne sont pas non plus en reste, qui ont eux aussi flairé le filon : la préparation en poudre destinée à confectionner soi-même les macarons s’arrache au point que les ventes réalisées dépassent de 50 % les prévisions. Un peu de douceur dans un monde troublé, pour ne pas dire de brutes, c’est toujours ça de pris ! ■

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© Léo-Paul Ridet

© Johann Rousselot/Signatures

époque //sport

Fleuron de la Seine-SaintDenis, le club de football américain de La Courneuve, le Flash, promeut une vision de la société qui attire les jeunes. Par Pierre Godfrin

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J

’aime plus le Flash que le foot américain. » Julien Luneau, ancien joueur et entraîneur de l’équipe de France, est un président de club d’un nouveau genre. Responsable bénévole du Flash de La Courneuve, l’un des clubs les plus reconnus de France, il a le sens de la formule percutante et une simplicité déconcertante. Également enseignant, il est « chargé de former des citoyens responsables et respectueux des lois républicaines » dans sa classe de CM1. Ce communiste affirmé est fier d’enseigner aux « 4 000 », la bien tristement célèbre cité de La Courneuve plantée à quelques mètres du siège du club. « Les gamins sont las des JT de 20 heures qui leur renvoient une image négative d’eux-mêmes », affirme-t-il, tout en pointant du doigt l’attirance des jeunes qu’il côtoie pour un sport à la « dimension physique, guerrière et grégaire ».

Plus que

En 2010, le Flash recensait 1 110 licenciés de moins de 18 ans.

du football américain

Véritables gladiateurs adulés outreAtlantique, les joueurs de football américain sont devenus des modèles pour ces jeunes de banlieue qui ont grandi avec l’attirance certaine que l’on connaît pour les États-Unis et ses codes. Cependant, « on ne mord pas dans l’american way of life, même s’il y a des choses très positives comme la liberté d’entreprendre. De plus, les ligues de basket et de foot américain sont très équitables car il y a une redistribution des richesses, constate Julien Luneau. Au football, ceux qui ont de la thune la gardent et ne la partagent pas ». L’esprit américain et le rôle social Sa passion pour le football américain peut ainsi surprendre. Pourtant, le robuste trentenaire balaie ce constat d’un revers de main en saluant l’amateurisme d’un sport qui peine encore à trouver son public : « Personnellement, je fuis le professionnalisme. Cela sous-entendrait que je serais chef d’entreprise et cela ne m’intéresse pas. Si on perdait cette forme associative, on entrerait dans un délire où les gens se

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retrouveraient ici pour des logiques d’échange marchand et cela tuerait l’aventure. » En attendant, les résultats du championnat français, appelé le « casque de diamant », sont très peu médiatisés alors qu’en Autriche et en Allemagne, le mouvement est lancé. « Les Français sont réfractaires à l’esprit américain, ce qui est très gaullien, justifie le jeune dirigeant. Il y a une forme de méfiance, de logique d’indépendance et de fierté culturelle, de latinisme. » Le club, où deux joueurs américains « défrayés » sont présents, comptait en 2010 environ 1 100 licenciés de moins de 18 ans. Si un partenariat avec un lycée ou une université américaine est envisagé, la création d’un centre de formation, en accord avec quatre autres clubs des environs, pourrait voir le jour dès septembre 2011 à Bobigny : « Une forme de sport-études dans lequel on intégrera des juniors et des cadets qui suivront un parcours scolaire tout en s’entraînant tous les jours. » Ou quand le sport joue à merveille son rôle social… ■

©S hut ters tock

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Les deux réacteurs de la centrale de Saint-Laurent-Nouan, dans le Loir-et-Cher.

Pendant que la radioactivité s’échappe de la centrale de Fukushima et qu’un nuage de doutes plane sur le bienfondé du nucléaire, le président français poursuit à travers le monde sa route de VRP du nucléaire français, une filière qu’il vient tout juste de remodeler.

La France réorganise

sa filière nucléaire L Par Marie-Christine Simonet

a/Corbis © Armel Brucelle/Sygm

La fiche pédagogique à télécharger sur : www.fdlm.org

La Loire constitue la source froide de la centrale de Belleville (Cher).

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a filière nucléaire française doit partir à la conquête du marché mondial. Un Conseil de politique nucléaire, réuni le 21 février 2011, a décidé de sa mise en ordre de bataille. Une série de mesures ont été prises à cette fin. Il faut dire que Paris s’est mal remis d’un échec cuisant essuyé en décembre 2009. Le groupe français Areva – leader mondial de l’énergie nucléaire – avait vu les SudCoréens remporter un appel d’offre pour construire quatre EPR* à Abu Dhabi et un contrat d’au moins 20 milliards de dollars lui passer sous le nez.

Pour que cette situation ne se reproduise plus, l’Élysée a annoncé la création d’un comité stratégique, afin de « renforcer les relations et les partenariats entre les différents acteurs de l’industrie nucléaire » : Areva, EDF et GDF Suez.

Renforcer les coopérations industrielles Dans cette optique, l’État procède au démantèlement progressif d’Areva. En décembre 2010, un fonds koweïtien est autorisé à entrer dans le capital du groupe industriel. Il est également demandé à Anne Lauvergeon, qui dirige Areva, de « filialiser » son activité minière pour « en assurer

le développement ». Une deuxième brèche, dans laquelle s’est engouffré le fonds souverain du Qatar, se déclarant plus intéressé par les mines d’uranium qu’Areva exploite, notamment au Niger, que par ses autres activités (EPR et autres centrales). Finalement, le 28 mars 2011, le conseil de surveillance d’Areva approuve la privatisation du groupe et son entrée en Bourse. Y avait-il un autre choix ? Selon le quotidien économique La Tribune, « le fonds souverain du Koweït, entré au capital d’Areva en décembre dernier à hauteur de 4,8%, aurait donné à l’État jusqu’à la fin juin pour coter la valeur en Bourse », faute de quoi ce dernier devrait

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© Hervé Hughes/Hemis/Corbis

époque // économie


© George Hammerstein

/Corbis

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Le Premier ministre chinois a ordonné le gel du programme nucléaire qui devait faire du pays le premier chantier mondial de centrales.

« débourser 600 millions d’euros pour racheter ses parts au fonds souverain ». Dans ce remodelage à visée exportatrice, l’Élysée encourage les entreprises françaises à mettre au point de nouveaux réacteurs nucléaires. Le Conseil a prié Areva, EDF et GDF Suez de « renforcer leur coopération industrielle pour poursuivre l’optimisation et certifier le réacteur de moyenne puissance Atmea 1 ». Ce réacteur de 1 100 mégawatts est développé par le groupe d’Anne Lauvergeon en coopération avec la compagnie japonaise Mitsubishi Heavy Industries, et est destiné à des pays dont le réseau ne permet pas la connexion de réacteurs plus puissants. GDF Suez sera chargé de construire le premier EPR de ce type dans la vallée du Rhône, avant d’être exporté. La Jordanie serait intéressée. Quant à EDF, il travaille déjà en Chine à un projet d’EPR de moyenne puissance avec son homologue chinois CGNPC. Des certitudes ébranlées De fait, la France met le cap à l’est. Le conseil a donc annoncé la volonté du

pays « de conduire des négociations avec les autorités chinoises, en vue d’un partenariat global entre la France et la Chine, portant sur l’ensemble des activités nucléaires civiles,

Un comité stratégique de l’énergie nucléaire, présidé par le ministre de l’Industrie et le directeur d’EDF, permettrait à la France d’être sollicitée « pour ses compétences d’architecte-ensemblier ». y compris la sûreté ». Une coopération qui inclurait le développement d’un réacteur de moyenne puissance (1 000 MW), « appartenant à la troisième génération » et qui sera pilotée par « un comité stratégique de l’énergie nucléaire, réunissant l’ensemble des acteurs de la filière nucléaire ». Présidé par le ministre français de l’Industrie et le président directeur général d’EDF, il a pour but affiché de « renforcer les relations et les parte-

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nariats entre les différents acteurs de l’industrie nucléaire ». L’électricien français se voit au passage nommé « chef de file de l’industrie nucléaire française » lorsque la France sera sollicitée « pour ses compétences d’architecte-ensemblier ». Dans les autres cas, il sera désigné « en fonction des besoins du pays demandeur du concours des entreprises françaises ». Seulement voilà : le raz-de-marée qui a dévasté Fukushima a inondé le monde d’un océan d’incertitudes. Aux États-Unis, en Allemagne, en France, où un contrôle des installations françaises a été lancé (mené par les autorités nationales et non européennes, comme le souhaitait le commissaire européen chargé de l’Énergie, Günther Oettinger, pour l’ensemble de l’Union). « Des normes internationales de sécurité » Et… en Chine. Le Premier ministre chinois Wen Jiabao a non seulement ordonné un audit approfondi de toutes les centrales déjà construites, mais aussi le gel du programme nucléaire qui devait faire du pays le premier chantier mondial de centrales, à la hauteur de ses énormes besoins en électricité. En visite éclair à Tokyo le 31 mars, le président français a vanté la compétence française en matière de nucléaire (un message subliminal aux autorités chinoises ?) et demandé la mise en place de « normes internationales de sécurité », estimant que « le nucléaire n’est possible qu’avec des normes de sûreté exceptionnelles ». Les Indiens, à qui la France a vendu en décembre dernier deux EPR devant être édifiés sur une zone à fort risque sismique, apprécieront. ■ * EPR : European Pressurized Reactor ou réacteur à eau sous pression.

en bref Selon une enquête du Bureau international du Travail, les salaires mensuels moyens en Afrique ont augmenté d’environ 1,4% en 2007, avant de connaître une chute de 0,5 % en 2008 et de rebondir à 2,4% en 2009.

La filière anacarde ivoirienne a décidé en février « l’interdiction des exportations de cajou à l’instar de la filière café-cacao afin que cette importante production ne contribue pas au financement d’un régime illégitime ». La Côte-d’Ivoire est le deuxième producteur et le principal exportateur mondial de noix de cajou avec une récolte estimée à 400 000 tonnes par an.

Selon un rapport commandé par Google, les entreprises du secteur Internet sont à l’origine de la création de 700 000 emplois en France et ont apporté un quart de la croissance du produit intérieur brut en 2010. Ces sociétés devraient créer 450 000 emplois d’ici à 2015.

En 2010, 200 000 Belges ont dû prendre un second emploi pour des raisons financières. Normalement, le nombre de Belges ayant un second emploi augmente de 8 000 unités par an, mais l’an dernier, il a grimpé de 25 000 unités. La croissance de l’économie québécoise en 2010 s’est élevée à 2,8 % contre 3,1 % pour l’ensemble du Canada. Cette même année, l’économie du Québec a représenté 274,95 milliards de dollars, qui correspondent à 20,7 % de l’économie canadienne.

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époque // regard

L’amateur ? Ni un profane ni un expert, mais un connaisseur, qui peut se confronter aux spécialistes. C’est à cette figure de l’amateur, en plein développement à l’ère du numérique, que se consacre le sociologue Patrice Flichy dans son dernier livre, Le Sacre de l’amateur.

« Internet est le royau © Luc Benevello

Par Alice Tillier

Patrice Flichy est professeur de sociologie à l’université de Marne-la-Vallée et chercheur au Laboratoire « Techniques, territoires et sociétés » (LATTS). Il dirige la revue Réseaux.

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Vous écrivez dans votre ouvrage : « Le web contemporain est devenu le royaume des amateurs. » En quoi Internet a-t-il favorisé le développement de l’amateurisme ? Patrice Flichy : L’amateur n’est pas nouveau. Le mot existait déjà au XVIIIe siècle, où l’on parlait de « cabinets d’amateurs » – on dirait aujourd’hui de collectionneurs. Mais Internet donne toute sa place aux amateurs, à la différence des autres médias, tenus par des professionnels : tout le monde peut avoir sa page sur Myspace, poster une vidéo sur YouTube, faire la critique d’un livre ou d’un film sur un site culturel, contribuer à un article d’encyclopédie sur Wikipédia… Le web offre un formidable lieu d’expression. Il donne aussi accès à des informations, des savoirs qui

étaient jusque-là réservés à un petit nombre. Et du fait de l’élévation générale du niveau de la formation scolaire, les individus ont l’autonomie nécessaire pour en profiter. Ils peuvent donc se documenter et se former eux-mêmes : Internet est le royaume des autodidactes.

L’intermittence est une autre caractéristique importante : l’amateur citoyen n’est pas le militant qui a sa carte au sein de tel ou tel parti politique. Son engagement peut être très intense, mais il reste ponctuel. C’est aussi le cas le plus souvent quand on écrit un article pour Wikipédia.

Quels sont les traits caractéristiques de l’amateur ? P. F. : L’amateur, c’est, étymologiquement, celui qui aime. Le terme fait, à l’origine, référence au goût : l’amateur de bon vin, l’amateur de femmes… C’est aussi celui qui sait choisir, sélectionner et parler de ce qu’il aime. Sa passion fait partie de la construction de son identité – d’où le développement particulièrement fort des pratiques amateurs à l’adolescence, notamment dans l’univers numérique, comme la tenue d’un blog.

La montée en puissance des amateurs aux côtés des spécialistes montre une démocratisation. Les hiérarchies ont-elles pour autant disparu ? P. F. : Internet est en réalité un monde très hiérarchisé, qui fonctionne par classements. On poste, et on peut savoir si on a été lu, écouté. Les amateurs se laissent souvent prendre au jeu. Les blogs se terminent souvent par un « Lâchez vos coms ! » – vos commentaires – qui feront du chiffre et donneront de la

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compte rendu

© Lluís Real / Age Fotostock

L’amateurisme du web Notre époque est celle du développement de l’amateurisme, né au XIXe siècle dans le contexte de l’industrialisation et de la professionnalisation : à la télévision, les amateurs ont remplacé, dans les émissions de téléréalité, les comédiens et les chanteurs professionnels ; les pratiques artistiques amateurs des Français connaissent une croissance continue et Internet a décuplé les possibilités offertes à l’amateur. C’est à cet amateurisme du web que s’intéresse Patrice Flichy dans son ouvrage. Il en décline les différentes facettes : de l’amateur de la culture (musique électronique, photogra-

phie, vidéo et écriture numériques, mais aussi activités du « fan »), à l’amateur politique et citoyen (qui participe à des forums et se mobilise notamment pour signer des pétitions en ligne) et, enfin, à l’amateur de la connaissance (qu’il apporte simplement son témoignage sur des sites de partage d’expériences ou qu’il participe à la construction de savoirs collaboratifs sur Wikipédia). Dans tous ces domaines, l’amateur peut désormais se confronter aux professionnels et aux experts, qui ont perdu leur monopole mais ne sont pas pour autant voués à disparaître. n

u me des autodidactes » extrait « Alors que l’artiste amateur se situe du côté de la production, l’activité du fan relève de la réception. Sa consommation est importante : il sélectionne, dans le champ des cultures populaires, un domaine auquel il se consacre intensément. Il en devient le spécialiste. Il intègre l’écrivain, le chanteur, ainsi que le média, dans sa vie quotidienne. Il y associe ses émotions et ses plaisirs. C’est donc un amateur de culture. Mais il souhaite aussi prolonger, s’approprier, détourner les productions dont il est “fan”, c’est-à-dire fanatique. C’est par le biais de cette activité seconde qu’il se rapproche de l’artiste amateur. […] Dans des médias où l’informatique

est un outil de création, les fans peuvent plus facilement prolonger le produit culturel initial. Les “fanfictions”, ces récits qui complètent ou prolongent les romans à succès, en constituent une première illustration. La saga Harry Potter a fourni, dans les années 2000, la première source de fanfictions. On pouvait ainsi recenser, fin 2008, 375 000 “potterfictions”, dont 20 000 en français, sachant que beaucoup d’autres sont publiées ailleurs ou sur des blogs. Cette pratique, autrefois limitée par le format du fanzine, devient avec Internet une activité de masse. » Patrice Flichy, Le Sacre de l’amateur. Sociologie des passions ordinaires à l’ère numérique, La République des idées, Seuil, 2010, p. 30-37.

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visibilité. La fonction « j’aime » de Facebook obéit à la même logique. Mais on a beau avoir une très bonne audience, il existe en réalité un plafond de verre. Même si professionnels et amateurs de musique sont tous sur Myspace, ce sont bien deux mondes différents qui se côtoient : d’une part, ceux qui ont quelques clics seulement, de l’autre ceux qui en ont des millions. Le fossé s’est réduit mais il n’a pas disparu. À quelques exceptions près, quand on est amateur, on le reste. Mais l’amateur peut se confronter aux professionnels et les aiguillonner… P. F. : L’amateur n’est pas un profane. Au contraire, c’est un connaisseur qui s’est documenté et qui en sait souvent beaucoup. En ce sens, c’est lui aussi un expert. Car si le terme « expert » dé-

signe le plus souvent le « spécialiste », le mot a une autre signification : il renvoie à celui qui a acquis des compétences par l’expérience. Je dirais que l’amateur est un « expert par en-bas ». Cette « expertise par en-bas » ne vient-elle pas remettre en cause les rapports d’autorité ? P. F. : Oui, l’autorité n’est plus attachée à un titre. Sur Wikipédia, les contributeurs sont aussi bien des universitaires que de simples passionnés de telle ou telle question. Et les premiers n’ont pas plus d’autorité que les seconds. Dans le processus d’écriture et de corrections successives, la capacité à argumenter est seule décisive. Les enseignants connaissent bien le phénomène : leur savoir est concurrencé dans la classe par les connaissances acquises sur Internet. n

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époque // évènement

Indignez-vous ! s’est vendu à 2 millions d’exemplaires, en six mois.

« 93 ans, ancien résistant, ancien déporté, il rappelle, sagement, quelques principes essentiels de notre démocratie auxquels nous ne pouvons pas renoncer. »

Stéphane Hessel au miroir de la presse Un petit livre qui fait grand bruit, Indignez-vous !, atteint des records de vente. Revue de détail des commentaires de la presse française sur ce phénomène d’édition. Par Sébastien Langevin

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ingt-deux semaines après sa sortie, Indignez-vous ! demeure la meilleure vente de livre en France rapporte Livre-Hebdo, magazine de référence de l’édition. Et dans le même classement de cette dernière semaine de mars, l’autre ouvrage de Stéphane Hessel, Engagez-vous !, pointe à la douzième place… Dans un premier temps, Indignez-vous ! « connaît un succès foudroyant : en

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deux mois, 500 000 exemplaires vendus, dix impressions et des demandes de traduction du monde entier, de la Turquie au Brésil, de la Pologne au Japon », rapporte le quotidien Libération fin décembre 2010. Puis, il est passé au statut de véritable phénomène d’édition comme l’écrit le quotidien régional Le Télégramme du 24 mars 2011 : « Ce best-seller s'est déjà vendu à près de deux millions d'exemplaires en six mois. Le livre va être traduit en 25 langues. » Bonne conscience ? Comment ce livre de 32 pages (« C’est plutôt une brochure », admet lucidement son auteur Stéphane Hessel, dans l’hebdomadaire Marianne), vendu 3 euros, a-t-il pu atteindre ces sommets de popularité »? Certainement parce que son auteur, « 93 ans, ancien résistant, ancien déporté, y rappelle, sagement, en

poches

quelques pages, quelques principes essentiels de notre démocratie auxquels nous ne pouvons pas renoncer », selon Télérama, hebdomadaire culturel de référence. Ancien ambassadeur associé à la rédaction de la Déclaration des droits de l’homme de 1948, qualifié de « sage en colère » par Les Inrockuptibles, le personnage Stéphane Hessel fait l’unanimité. Pas son livre, que le quotidien Le Figaro dénonce comme « une taxe “bonne conscience” ». Dans les pages du Monde, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik lui aussi exprime ses doutes sur la portée de cet appel à l’indignation : « J’ai beaucoup de tendresse, d’admiration pour Stéphane Hessel avec qui j’ai beaucoup de concordances de vie, mais je m’indigne qu’on nous demande de nous indigner parce que l’indignation est le premier temps de l’engagement aveugle. Il faut nous demander de raisonner et non de nous indigner. » n

« Résister, ce n’est pas simplement réfléchir ou décrire. Il faut bien entreprendre une action. Or je suis relativement pessimiste sur ce point : la jeune génération manifeste peu de résistance par rapport à ce qui la scandalise et contre quoi elle devrait agir. Les jeunes sont aussi capables que moi de reconnaître ce qu’il y a de scandaleux dans l’injustice économique et sociale, dans la dégradation de la planète, dans la violence non réprimée au Darfour, en Palestine, dans certaines régions d’Afrique et du Moyen-Orient. Il est normal qu’on y réfléchisse et qu’on en parle… Mais comment faire pour que cela aboutisse à un engagement pratique ? » Stéphane Hessel, Engagez-vous !, entretiens avec Gilles Vanderpooten, Éditions de l’Aube, p.18.

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époque //exposition Cinquante-et-un an séparent les deux plus grands succès littéraires de jeunesse des Éditions Gallimard Harry Potter (1997) et Le Petit Prince (1946).

derne ». Pour l’édition des livres, ils font appel à une de leurs connaissances, Gaston Gallimard, qui dispose des fonds nécessaires à l’entreprise. Les couvertures des trois premiers romans publiés – L’Otage de Paul Claudel, Isabelle d’André Gide et La Mère et l’Enfant de Charles-Louis Philippe –, s’ornent du monogramme « nrf », qui demeure encore aujourd’hui. Très vite pourtant, les éditions s’émancipent de la revue : en 1919, Gaston Gallimard crée une nouvelle société, la Librairie Gallimard, à laquelle il associe son frère Raymond.

Gallimard, une

mythologie centenaire Gallimard, le rêve de tout écrivain de voir son nom posé dans la fameuse collection blanche… Un incontournable de l’histoire culturelle française qui fête ses 100 ans.

Classique et moderne L’histoire de la maison commence avec un modeste « comptoir d’édition », né d’une revue littéraire. La NRF (Nouvelle Revue française) a été fondée deux ans plus tôt, en 1909, par André Gide et cinq de ses amis écrivains, notamment Jean Schlumberger. Ils souhaitent défendre un « classicisme mo-

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Gallimard

Couverture de L’Étranger d’Albert Camus, 1942.

© Archives

G

ide, Proust, Sartre, Le Clézio, Muriel Barbery et son Élégance du hérisson, Jonathan Littell auteur des Bienveillantes ou encore Marie NDiaye, prix Goncourt 2009 pour Trois femmes puissantes… Nom de famille : Gallimard. Adresse : 5, rue SébastienBottin, Paris. Lieu de rendez-vous : la sobre couverture ivoire, bordée des filets noir et rouge, de la collection Blanche, collection emblématique de la maison d’édition, née en même temps qu’elle, en 1911. Bien d’autres collections sont venues s’ajouter depuis, de la Série noire pour les polars à la Bibliothèque de la Pléiade en papier bible. Un catalogue qui compte aujourd’hui 40 000 titres. Gallimard, la plus grande maison d’édition fran-

çaise indépendante, fête cette année un siècle d’existence. L’occasion pour la Bibliothèque nationale de France de revenir, à travers une très belle exposition, sur son histoire. Histoire familiale d’une entreprise aujourd’hui dirigée par le petit-fils du fondateur, Antoine Gallimard, et histoire de la profession d’éditeur – de la sélection des œuvres à leur commercialisation, en passant par les relations tantôt amicales tantôt conflictuelles entre auteurs et éditeur.

© Archives Gallimard

Par Alice Tillier

Affiche promotionnelle du Locataire, premier ouvrage de Georges Simenon.

Siège des Éditions Gallimard, rue Sébastien-Bottin, Paris 7e.

Du Petit Prince à Harry Potter L’entreprise se développe peu à peu, institue en 1925 un comité de lecture associant cadres critiques de la maison et auteurs, s’ouvre dans les années 1930 aux grands auteurs américains, continue à publier pendant la Seconde Guerre mondiale malgré les pénuries de papier et la censure. Si, à partir des années 1950, la Pléiade devient l’un des principaux piliers éditoriaux, Gallimard se tourne aussi vers le livre de poche, en créant en 1972 la collection Folio, et développe le secteur jeunesse. Au fil de l’exposition, les documents d’archives révèlent autant les petits secrets de famille que de fabrication : Albert Cohen demandant un contrat pour lui permettre de finir en sept ou huit mois Belle du seigneur, qui paraîtra finalement quinze ans plus tard ; Raymond Queneau commentant, dans une fiche de lecture, La Ferme africainede Karen Blixen (« un joli livre de femme ») ; les recherches d’un titre pour Gone with the Wind de Margaret Mitchell, mettant à contribution directeur commercial, secrétaires, mais aussi un auteur de passage, Irène Némirovsky ! Sans compter les dessins originaux d’Harry Potter ou du Petit Prince. C’est tout un pan de l’histoire littéraire, française et internationale, du XXe siècle qu’il est donné ici de parcourir. n Jusqu’au 3 juillet 2011. Bnf François-Mitterrand, 11, quai François-Mauriac, 75013 Paris. Histoire familiale d’une entreprise et histoire de la profession d’éditeur.

© Archives Gallimard, Henri Manuel

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époque // Une journée dans la vie de… (2/6)

99 hh 25 25

11 heures Adeline dispense les premiers soins à Sabri, un petit garçon qui vient de naître.

Adeline, sage-femme

avec

Au service de la vie La maternité de l’hôpital de Rennes, en Bretagne, est l’une des plus importantes de France. Dans les couloirs pastel du troisième étage de l’hôpital, dédié aux naissances, les blouses roses sont partout : ce sont les sages-femmes. Parmi elles, Adeline Rault, 31 ans, dont sept passées à faire naître des enfants.

I

Texte et photos par Sarah Nuyten

l est 8h15. «Bon allez,

on va accueillir ce petit garçon ? » Le ton est enjoué, le sourire bienveillant. À peine le temps d’enfiler sa blouse rose et ses sabots de plastique turquoise, Adeline est déjà à l’œuvre. Dans la salle d’accouchement numéro 9, Sabrina, 23 ans, est sur le point de donner naissance à son premier enfant. Adeline relève le drap et examine la jeune femme. Elle est serbe, parle à peine français et semble

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apeurée. « Tout va bien se passer, la rassure la sage-femme. Je vois ses cheveux ! Il est presque là votre bébé. » Elle passe une blouse bleue par-dessus sa blouse rose, attache ses boucles blondes et met un masque. Adeline travaille au CHU (centre hospitalier universitaire) de Rennes depuis 2006, après être passée par SaintBrieuc et la Nouvelle-Calédonie. Des enfants, elle en a vu naître des centaines. Dans la salle, baignée d’une lumière douce, l’atmosphère est paisible. Le monitoring laisse entendre les battements de cœur du bébé. Adeline et Vanessa – l’aide-soignante et auxiliaire puéricultrice qui la seconde – expliquent à Sabrina quand et comment pousser. Les contractions se succèdent : « C’est parfait comme ça ! On continue Sabrina ! » l’encourage Adeline. Le bébé progresse doucement.

9h25.

Au terme d’une ultime poussée, l’enfant naît et émet son premier cri. Dans un coin de la pièce, la

petite femme brune qui s’est tenue en retrait pendant toute la durée de l’accouchement s’avance. C’est Fatima, la grand-mère du nouveau-né. Le père, un Bulgare de 20 ans, n’arrivera que dans l’après-midi. Adeline pose le nourrisson sur la poitrine de Sabrina, qui pleure doucement, visiblement soulagée. Le petit garçon s’appellera Sabri, « comme son grand-père », explique Fatima en souriant.

9h40.

Retour au bureau du personnel, un QG grouillant au cœur de la zone de naissance. Adeline prend part à une discussion. Le terme « fœticide » claque dans l’air. « Là, on vient de faire un truc sympa, après on va en faire un qui l’est beaucoup moins. » Une jeune femme, déjà mère d’un enfant, doit subir une interruption médicale de grossesse. Elle souffre de prééclampsie, une pathologie qui peut apparaître dans la deuxième moitié de la grossesse et se caractérise par un excès de protéines dans les Le français dans le monde // n°375 // mai-juin 2011


18-19 Une journee-BAT_N°375- 230X270 18/04/11 12:42 Page19

13 heures

18 heures La sage-femme rend visite à Marina, 25 ans, toutes les heures. Pour Jean-Philippe, son compagnon, et elle, c’est leur premier enfant.

urines, de l’hypertension artérielle et des œdèmes. En cas de complications graves, une extraction fœtale en urgence peut être nécessaire, pour sauvetage maternel. C’est le cas ce jour-là. Adeline disparaît dans la salle d’accouchement 8, accompagnée d’une équipe médicale.

1816heures h 15

11 heures. La sage-femme re- 11h30. Adeline relève la tête et 14h15. « Adeline, travail en cours vient dans le bureau, le visage fermé. « C’est fait. » Une injection dans le cordon a arrêté le cœur du fœtus de 25 semaines, trop petit pour être viable. L’accouchement aura lieu dans la nuit.

Prendre soin du nouveau-né et de sa mère Actuellement, 15 688 sages-femmes exercent en France, dont 1% d’hommes, appelés eux aussi « sages-femmes » ! Le métier de sage-femme est une profession médicale, et non paramédicale. Son champ de compétence concerne la femme enceinte et la naissance. La sage-femme assure le suivi de la grossesse (examen clinique, échographie, surveillance du fœtus), ainsi que les séances de préparation à l’accouchement, tout ceci en parfaite autonomie si la grossesse est dite « physiologique » – sans problème. Après la naissance, c’est également elle aussi qui dispense les soins au nouveau-né et surveille la santé de la mère. ■

pousse sur un côté du bureau les dossiers multicolores qu’elle vient de remplir. Il est temps d’examiner Sabri, le bébé né deux heures plus tôt dans la salle 9. « Alors, comment il va le petit père ? » demande Adeline, à nouveau rayonnante. Elle saisit avec douceur le nourrisson qui s’est endormi en tétant, teste ses réflexes. Le petit râle, Sabrina le couve du regard et sourit. C’est ensuite vers elle que se tourne la sage-femme. Elle vérifie que tout va bien, ôte la péridurale : « Et voilà, c’est fini ! »

13 heures.

Dans le bureau central, blouses bleues, blanches, vertes et roses vont et viennent. Le CHU de Rennes est une grande maternité, de niveau 3 : 4 029 naissances en 2010, un service de réanimation néonatale et une unité de grossesses pathologiques. Pour l’instant, tout est calme dans le secteur que gère Adeline. C’est le moment de s’accorder un quart d’heure, pour une pause déjeuner express.

Le français dans le monde // n°375 // mai-juin 2011

en salle 10. Col à 3 centimètres. » La jeune sage-femme s’engage dans le couloir, où des pleurs de bébés retentissent çà et là. Dans la salle d’accouchement, un jeune couple est tranquillement installé, l’air serein. Marina, 25 ans, et Jean-Philippe, 28 ans, attendent leur premier enfant, dont ils ignorent encore le sexe. « Depuis une semaine, je trépigne et j’ai hâte qu’il arrive, notre bébé-chou. Et là, ça ne va plus tarder et je ne réalise pas », confie la future maman à la sage-femme, un sourire aux lèvres. « Et bien si !, rétorque Adeline. Dans quelques heures, vous tiendrez un petit être contre vous. » « Pile pour l’apéro ! » plaisante le papa.

16h15.

« Mais il est absolument parfait mon tracé ! » fanfaronne Adeline, au milieu du bureau central. Le « tracé » correspond à deux courbes du monitoring, relié à un ordinateur : l’une indique la fréquence cardiaque du bébé à naître, l’autre celle des contractions. Pour Marina et son

« bébé-chou », tout se présente bien. Adeline rend visite au jeune couple toutes les heures. Entre-deux, comme ses collègues, c’est paperasse et coups de téléphone : le labo, le pédiatre, les collègues des suites de couches… Une effervescence constante, toujours dans la bonne humeur. Ce jourlà, sept bébés sont déjà venus au monde dans la maternité du CHU.

18 heures. Salle 10. Le col de

Marina est totalement dilaté. D’ici à deux heures, elle devrait avoir accouché. « J’ai hâte ! » s’impatiente-t-elle, tandis que son compagnon lui caresse les cheveux, l’air ravi. Lorsqu’elle ressort de la salle, le regard bleu d’Adeline pétille. « C’est vraiment l’endroit que je préfère. C’est là que ça bouge. On y vit des choses fabuleuses, d’autres plus tristes, parfois. Mais la plupart du temps, c’est que du bonheur. Et là, ça va aller comme sur des roulettes. » Le petit Maxim naîtra en début de soirée, juste avant qu’Adeline ne finisse sa journée. Au cours de ses douze heures de garde, ce jeudi-là, la jeune sage-femme aura aidé deux bébés à venir au monde. ■

La fiche pédagogique à télécharger sur : www.fdlm.org

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