Le français dans le monde 393

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REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS

le français dans le monde

// MÉTIER // N° 393 mai-juin 2014

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Faire mieux vivre une section bilingue en Hongrie Espagne : la lecture en classe de FLE

// ÉPOQUE //

« Génération quoi » : les paradoxes de la jeunesse française DOSSIER : Cinéma français : La diversité à portée d’écran

L’agroécologie en Haïti et au Cameroun // MÉMO //

Tinariwen, la voix touareg du Mali

mai-juin 2014

Le nouveau roman d’Amal Sewtohul, entre l’île Maurice et l’Australie

Cinéma français FIPF

N° 393 -

9 782090 370867

15 €

ISSN 0015-9395 ISBN 978-2-090-37086-7

// DOSSIER //

La diversité à portée d’écran



Le français dans le monde sur Internet : http://www.fdlm.org

numéro 393 Métier / Savoir-faire

Les MOOC francophones débarquent

ÉPOQUE 6. Portrait

Stromae : alors il chante

Les fiches pédagogiques à télécharger Graphe : Lumière Économie : L’agroécologie, une alternative crédible ? Poésie : « Rendez-vous » Clés : La notion de médiation Test et jeux

8. Tendance

Draguer du bout des doigts

9. Sport

Le perché original

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10. Économie

L’agroécologie, une alternative crédible ?

12. Société

fiches pédagogiques à télécharger sur : www.fdlm.org

Dossier

Cinéma français

Génération paradoxes

14. Regard

La diversité à portée d’écran

« La démocratie : une entreprise de connaissance mutuelle »

16. Tourisme

« L’avenir du cinéma français, c’est l’international »..... 50 Permanence et renouvellement du cinéma français.... 52 La fabrique aux étoiles.................................................... 54 IFcinéma : le ciné côté classe.......................................... 56

Le poids de l’amour

17. Un Québécois à Paris

La langue qui s’« emmieute »

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MÉTIER 20. L’actu 22. Focus

34. Enquête

24. Mot à mot

36. Expérience

MÉMO 60. À écouter 62. À lire 66. À voir

26. Clés

38. Zoom

INTERLUDES 4. Graphe

« Le numérique reste peu intégré à la pédagogie » Dites-moi Professeur La notion de médiation

28. Initiative

Génération profs connectés

30. Point de vue

« Les langues, merveille de l’Europe »

32. Savoir-faire

Lire en FLE : oui, mais comment ?

Les MOOC francophones débarquent Faire mieux vivre une section bilingue Le plat pédagogique ou comment ne pas cuisiner les élèves

40. Innovation

« Voyages en français » : découvrir, interagir, comparer

42. Ressources

FICHES PÉDAGOGIQUES PAGES 71 À 78

Lumière

18. Poésie

Azadée Nichapour : « Rendez-vous »

44. Nouvelle

Yancouba Dieme-Sagna : « Les Enfants des autres »

58. BD

À fleur de peau

Couverture : © miz’enpage -shutterstock

68. Test et jeux Le français dans le monde, revue de la Fédération internationale des professeurs de français - www.fipf.org, éditée par CLE International – 9 bis, rue Abel–Hovelacque – 75013 Paris Tél. : 33 (0) 1 72 36 30 67 – Fax. 33 (0) 1 45 87 43 18 – Service abonnements : 33 (0) 1 40 94 22 22 – Fax. 33 (0) 1 40 94 22 32 – Directeur de la publication Jean-Pierre Cuq (FIPF) Rédacteur en chef Sébastien Langevin Conseiller de la rédaction Jacques Pécheur Secrétaire de rédaction Clément Balta – Relations commerciales Sophie Ferrand Conception graphique miz’enpage - www.mizenpage.com – Commission paritaire : 0417T81661. 54e année. Imprimé par IME, Baume-les-Dames (25110). Comité de rédaction Dominique Abry, Isabelle Gruca, Pascale de Schuyter Hualpa, Sébastien Langevin, Chantal Parpette, Manuela Pinto, Nathalie Spanghero-Gaillard. Conseil d’orientation sous la présidence d’honneur de M. Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie : Maguelone Orliange (MAE), Jean-Pierre Cuq (FIPF), Pascale de Schuyter Hualpa (Alliance française), Raymond Gevaert (FIPF), Michèle Jacobs-Hermès (TV5MONDE), Xavier North (DGLFLF), Imma Tor (OIF), Nadine Prost (MEN), F­ abienne Lallement (FIPF), Lidwien Van Dixhoorn (RFI), Jean-Luc Wollensack (CLE International).

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© Kirill Kedrinski - Fotolia.com

tendance

Draguer du bout des doigts Elles s’appellent Tinder, Yosee, Zoosk, Grindr ou encore Bang with Friends, Coffee meets Bagel sans oublier le bon vieux Meetic… Le point commun de ces applications : le web mobile, le dating, en un mot la rencontre.

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Par Jean-Jacques Paubel

n petit quart d’heure de libre entre deux rendez-vous ? Une envie de flirter ? Il suffit désormais de sortir son mobile, de repérer sur l’application de son choix les cibles potentielles dans le quartier où l’on se trouve, de choisir et de tenter de rentrer en contact pour ensuite conter fleurette et conclure si affinités… Rien de plus simple et, en cas d’échec, ni vu ni connu, ça ne laisse pas de traces !

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Et c’est comme ça tous les jours pour près de cinq millions de personnes qui, comme on dit, « matchent » parmi quelque 500 millions de profils. Tant pis pour la nostalgie des coups d’œil en coin dans les bistrots, le métro ou le train, les tentatives de frôlement répétées dans les boîtes de nuit, le coup de foudre au coin de la rue, c’est un fait, le lieu de drague privilégié aujourd’hui, c’est l’écran, non plus les yeux dans les yeux mais les yeux dans l’image. Car ici l’unique critère de sélection, ou de discrimination, c’est le physique. Comme dit Sam, 27 ans, « c’est comme dans la vraie vie, la première chose que tu regardes c’est le physique, alors sur l’écran, c’est pareil et en plus, ça va plus vite ». Géolocalisation, messagerie instantanée, photos, ce sont ces nouvelles fonctionnalités qui orientent le choix des utilisateurs. Des utilisateurs très convoités puisqu’on évalue le marché du charme et de la rencontre sur Internet à 1,13 milliard de dollars. Un marché regardé de près tant il est souvent à la pointe de l’innovation et très prescripteur.

Prime au physique Et aujourd’hui c’est Tinder qui tient la corde dans les applications mobiles de rencontre. Un joli nom, Tinder, avec une jolie sonorité et facile à retenir dans toutes les langues. Pour ceux qui aiment l’étymologie, tinder correspond à la matière combustible qui permet à un feu de s’allumer. C’est donc l’élément qui met en contact deux corps (humains ou inertes) et qui ajoute à ce contact l’étincelle (le « match ») mettant le feu aux poudres (la rencontre).Voilà pour la métaphore, et pour le mode d’emploi. Ce qui fait le succès de Tinder, c’est qu’il se situe exactement à contre-courant de l’industrie mon-

diale du dating. Ici, on ne vous demande pas d’indiquer toutes vos passions, vos centres d’intérêt, les livres que vous aimez, les films que vous allez voir, vos activités sportives et encore et encore d’autres détails, non, rien de tout ça, seulement une photo. Sean Rad, l’un des fondateurs de Tinder, disait que « tout était pensé pour se concentrer sur la photo. Qu’au final, on accorde une importance indéniable au physique, et que ce physique détermine si l’on va apprécier le mental. Ça paraît simple, mais 99 % des sites de rencontre ont complètement raté ça. » Ce que ne démentira pas Hugo, 24 ans : « Sérieusement, un couple ne réunit pas forcément des personnes identiques. Un feeling ça ne s’attrape pas sur une combinaison scientifique de détails. Ce que je veux, c’est que la fille me plaise physiquement, qu’on ait un feeling en se parlant, et que ça continue, point final. » Bref : un prénom, une photo, des intérêts et amis communs éventuels, et c’est tout. Mais virtuel ou pas, c’est quand même toujours à vous de faire le reste. n

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époque // sport Perchiste, c’est pas qu’au cinéma. Donetsk, le 15 février 2014.

Lavillenie

© Sazonchik Konstantin/ITAR-TASS Photo/Corbis

le perché original

À 27 ans, il est devenu une légende du sport. Le Français Renaud Lavillenie a franchi en février dernier 6,16 m, nouveau record du monde de saut à la perche.

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Par Clément Balta

ernier essai à 6,01 m. Tout peut s’arrêter là, à cette hauteur devenue pour lui dérisoire. La perche est affaire de centimètres. Le 31 janvier, Renaud Lavillenie franchissait 6,08 m au meeting de Bydgoszcz, Pologne. Battant son propre record de France qu’il avait porté, six jours plus tôt, à 6,04 m. En poursuivant sa route plus à l’Est, il avait bien dans l’idée une autre progression, parlons plutôt d’ascension. L’histoire de son sport lui donnait symboliquement rendez-vous à Donetsk, en présence de Sergueï Bubka, dans la ville même où vingt et un ans plus tôt « le Tsar »

ukrainien avait porté le record du monde de saut à la perche à 6,15 m. Pourtant, ce 15 février 2014, tout peut s’arrêter là, à 6,01 m, et le symbole, battre de l’aile. Renaud passe à son dernier essai. Il en crie de rage. Son rêve est encore possible. Un air de famille « Renaud a un grain de folie. Il est né pour la perche. » Kévin Menaldo, tout récent champion de France en salle de saut à la perche, sait de quoi il parle. Et de qui. La perche, chez les Lavillenie, c’est d’abord une histoire familiale. Le grand-père, le père, le petit frère Valentin aussi, 22 ans et un record personnel à 5,65 m. Non loin de Clermont-Ferrand, dans sa région d’Auvergne, Renaud s’est même fait construire un sautoir dans son propre jardin. Le saut à la perche est une combinaison particulière de vitesse, de coordination, de technique, de force physique mais aussi mentale. Surtout mentale, car parmi tous les meilleurs sauteurs en activité Lavillenie est le plus « gringalet » d’entre eux : 1,77 m pour 69 kg. « Il faut être capable de travailler sur soi-même, de passer au-delà de ce qui est inté-

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riorisé. L’important : ne pas être inhibé par la performance à accomplir. C’est un problème que connaissent tous les perchistes, car nous savons la barre que nous avons à franchir. Cela peut engendrer des barrières psychologiques. » Plus vite, plus fort, toujours plus haut. Un sport comme la perche peut vite tourner à l’obsession, entre rivalité et dépassement de soi. La rivalité, il a su montrer qu’il savait s’en accommoder : à Londres, il y a deux ans, il a conquis l’or olympique à son ultime essai. Le dépassement de soi, c’est l’alliance de la quête des sommets et

Cédric Klapisch a filmé pour la première fois ce « général de gaule » d’un nouveau genre de la recherche continue du plaisir. « La perche est une passion : elle est l’inverse d’un enfermement. Elle m’a permis de m’ouvrir un peu, de partager ces choses incroyables qui naissent de la compétition. » Une passion, un vice sans concession qui l’a aussi amené à des choix

drastiques, comme son changement inattendu d’entraîneur fin 2012. Le limogé a parlé de « coup de poignard dans le dos » ; Lavillenie de son tempérament « instinctif ». « C’était le moment, celui d’un changement d’ère, donc d’olympiade. » C’est à cette occasion, pour suivre Renaud vers Rio 2016, que le cinéaste Cédric Klapisch a filmé pour la première fois, à Donetsk, ce « général de gaule » d’un nouveau genre. Un baptême de l’air cinq étoiles dont un court documentaire intitulé L’Élévation fait revivre l’émotion. La caméra tremble, le réalisateur s’y avoue « au bord des larmes ». Lui aussi a connu l’ambition d’être perchiste, entraîné dans sa jeunesse par Maurice Houvion, l’ancien coach de Jean Galfione, autre champion olympique. La perche, une histoire française. On se souvient de Pierre Quinon, de Thierry Vigneron ou plus récemment de Romain Mesnil. À cette différence près que Lavillenie, comme il l’a avoué depuis, est passé « d’une histoire française à l’histoire mondiale » quand il a franchi, ce 15 février, la barre inédite des 6,16 m. À son premier essai. n

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regard

« La démocratie :

une entreprise de connaissance mutuelle » Le projet « Raconter la vie » veut donner la parole à tous les « invisibles ». Présentation, avec Pierre Rosanvallon, de ce projet dont l’intitulé frappe par son ambition totalisante et, en même temps, par sa simplicité.

Propos recueillis par Alice Tillier

© Jerome Panconi

Le Parlement des invisibles présente votre projet « Raconter la vie ». Quelle est sa philosophie ?

Historien et philosophe de la démocratie, Pierre Rosanvallon est professeur au Collège de France. Il dirige la République des idées et le site La Vie des idées.

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Pierre Rosanvallon : Le projet part du constat de la mal-représentation de la société française. Celle-ci est souvent analysée en termes de distance. En réalité, il y a une deuxième dimension : cette mal-représentation est l’effet d’une illisibilité et d’une ignorance. Les catégories avec lesquelles on appréhende la société ont beaucoup vieilli : ce qu’on appelle le monde ouvrier n’est plus

que très marginalement composé par la sidérurgie, mais inclut de nouvelles professions de manutention, de logistique, de réparation, etc. De même, les usines qui recourent le plus au travail à la chaîne ne sont plus les usines automobiles, très largement robotisées, mais l’agroalimentaire. Ces nouvelles réalités sont peu décrites. Il s’agit de montrer ces transformations des conditions sociales et, plus largement, de rendre la société française non seulement visible mais aussi lisible pour elle-même. Quels sont les enjeux de cette meilleure compréhension ? P. R. : La démocratie a toujours été une entreprise de connaissance mutuelle. Elle s’appuie bien sûr sur une

« Montrer ces transformations des conditions sociales et rendre la société française non seulement visible mais aussi lisible »

histoire de conquête de droits. Mais elle ne se réduit pas à un système politique : elle est aussi une forme de société. Et sa connaissance est un impératif sociologique. Le langage médiatique, comme le langage courant, occulte les réalités sociales, et notre société est marquée par une défiance enracinée dans la méconnaissance. C’est cette défiance qu’il faut réduire. Et les moyens pour y parvenir ? P. R. : La relecture de la société appelle des voix plurielles. La voix des sciences humaines et sociales, bien sûr, mais aussi d’autres types d’écriture plus sensibles. La littérature, qui met en langage une réalité que l’on perçoit de façon confuse, est aussi un outil de connaissance sociale. Le journalisme d’investigation, qui pénètre dans les sous-sols de la société, et le simple témoin qui raconte, avec ses mots, son quotidien, ont également toute leur place. Nous avons donc voulu à la fois une collection de livres et

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© Tommaso Lizzul - Fotolia.com

compte rendu DÉMOCRATIE NARRATIVE Défini par Pierre Rosanvallon comme une « entreprise intellectuelle, citoyenne et morale », le projet « Raconter la vie » vise à instaurer une « démocratie narrative », en réinsérant les Français, et notamment tous ceux qui sont ignorés, dans une grande histoire collective qui redonne du sens et leur permette de redevenir acteurs de leur vie. La collection d’ouvrages lancée au Seuil et le site Internet qui l’accompagne (http://raconterlavie. fr) doivent constituer un « Parlement des invisibles ». L’idée de donner plus de visibilité et de lisibilité à une société qui en manque n’est pas nouvelle : historien et philosophe de la démocratie, Pierre

Rosanvallon revient dans son ouvrage sur toutes les initiatives qui allèrent dans ce sens, notamment au xixe siècle, à une époque où la structure ancienne de la société avait été balayée par la Révolution française. Trois axes sont donnés : récits et trajectoires de vies ; lieux producteurs ou expressions du social, à l’image de l’hypermarché, dont Annie Ernaux a tenu le journal sous le titre Regarde les lumières mon amour ; ruptures de vie. De quoi donner plus de chair à cette notion de peuple, centrale dans la démocratie et pourtant souvent réduite à une abstraction, comme le pointe du doigt Pierre Rosanvallon. n

Pierre Rosanvallon, Le Parlement des invisibles, Le Seuil, Coll. « Raconter la vie », 2014, p. 10-11.

« L’objectif de “Raconter la vie” est d’enrichir la connaissance, d’entrer dans la vie des autres »

extrait DES DANGERS DE L’INVISIBILITÉ « Le pays ne se sent pas représenté. […] La démocratie est minée par le caractère inaudible de toutes les voix de faible ampleur, par la négligence des existences ordinaires, par le dédain des vies jugées sans relief, par l’absence de reconnaissance des initiatives laissées dans l’ombre. La situation est alarmante, car il en va à la fois de la dignité des individus et de la vitalité de la démocratie. Vivre en société, c’est en effet au premier chef voir son existence appréhendée dans sa vérité quotidienne. Des vies non racontées sont de fait des vies diminuées, niées, implicitement méprisées. […] L’invisibilité a aussi un coût démocratique. Elle laisse en effet le

un site Internet participatif, qui permette de poster librement des morceaux de vie. Le site a été ouvert début 2014. Au bout de 3 mois, plus de 130 témoignages ont déjà été publiés. C’est un beau succès… champ libre au développement d’un langage politique saturé d’abstractions, qui n’a plus de prise sur le réel et s’enfonce dans l’idéologie, c’est-à-dire la constitution de mondes magiques et factices. La tentation est alors forte, pour les citoyens, de se laisser séduire par les mouvements antipolitiques et populistes qui prétendent être, eux, les authentiques porte-parole des sansgrade et les véritables défenseurs de la dignité bafouée. » n

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P. R. : Avec ces témoignages, on découvre une société plus complexe qu’on ne l’imagine. Le conducteur de métro qui livre son récit Ligne 11 a suivi un atelier d’écriture et un cours de maîtrise à la fac ! Il n’y a pas d’un côté les écrivants ou les sachants, et de l’autre les conditions modestes. Et les récits des difficultés donnent lieu à des commentaires empathiques – loin du défouloir que constitue très souvent Internet. Audelà du livre et du site, notre objectif est que le projet se démultiplie. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls à

avoir lancé une telle initiative : la Meurthe-et-Moselle avait proposé « Racontons nos vies », la Somme « Histoires ordinaires »… Nous souhaitons que le projet encourage des démarches similaires. Les témoignages et les récits se suffisent-ils à eux-mêmes ou prévoyez-vous d’en faire l’analyse ? P. R. : Des grilles de lecture sont déjà présentes implicitement : notre approche est celle des singularités et des situations et non celle des conditions ou des positions sociales. Les récits de la collection d’ouvrages dessinent des typologies, par exemple des typologies de rupture avec son milieu d’origine. Nous avons également demandé à Howard Becker, sociologue américain héritier de l’école de Chicago, de proposer chaque mois sa lecture des témoignages publiés. Mais l’objectif de « Raconter la vie » est d’enrichir la connaissance, d’entrer dans la vie des autres, non d’établir une grande théorie. n

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point de vue

Les langues, merve D

Xavier North, délégué général à la langue française et aux langues de France, poursuit pour Le français dans le monde le commentaire des messages clés de sa délégation. Illustrés par le graphiste Joël Guenoun dans un court métrage accessible sur la page d’accueil du site www.dglf.culture.gouv.fr, ces quelques slogans dessinent en pointillés une politique des langues. Dans cette livraison, il s’interroge sur la diversité des langues en Europe, à la veille des élections au Parlement européen.

Xavier North

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Par Xavier North

’une visite à Alberto Moravia, à Rome, en septembre 1988, le souvenir de cette exclamation : « Les langues, c’est la merveille de l’Europe ! » C’était rappeler d’abord que la diversité des langues était – est encore aujourd’hui – au cœur du projet européen, dans son épaisseur historique comme dans sa projection vers l’avenir. Que le multilinguisme est à la fois une réalité – car depuis toujours on parle plusieurs langues en Europe – et un projet, car aucun des peuples qui la composent n’est prêt à renoncer au rapport singulier avec le monde qu’implique une langue partagée, comme on le voit à la virulence des querelles linguistiques, en Belgique comme en Ukraine. Comment ne pas voir pourtant que cette pluralité est généralement vécue négativement par les institutions européennes, au mieux comme un défi à relever, au pire comme un obstacle à surmonter, et qu’elle peine à s’imposer positivement dans les politiques publiques pour ce qu’elle est, profondément : une merveille, en effet, une chance. « La diversité des langues, une chance pour l’Europe », pou-

vait-on lire très exactement vingt ans plus tard, en septembre 2008, sur la tribune des « États généraux du multilinguisme » à la Sorbonne.

Organiser la coexistence des langues Car la question des langues ne se pose pas simplement à l’intérieur des institutions européennes. Le vrai défi n’est pas de permettre la communication entre fonctionnaires ou responsables politiques – celui-là ne concerne après tout que quelques dizaines de milliers d’individus – mais de commencer à tisser le lien d’une citoyenneté européenne en s’adressant aux citoyens dans leur langue, et en leur permettant de se parler entre eux ; non pas de promouvoir l’usage d’une langue commune, mais d’organiser la coexistence des langues en Europe, en préservant chacune d’elles dans sa fonctionnalité tout en permettant le passage d’une langue à l’autre. Le multilinguisme commence par la possibilité de s’exprimer dans sa langue, tout en étant compris dans celle des autres. Sans doute faut-il apprendre à parler les langues des autres, et d’abord peut-être commencer par les comprendre, mais il faut aussi les traduire, ne pas cesser de les traduire, dans les différents champs de l’activité humaine, pour en préserver les usages. Le français dans le monde // n° 393 // mai-juin 2014


ille de l’Europe C’est tout le sens des résolutions et des stratégies proposées par l’Union, dont les services communautaires n’hésitent pas, cependant, à imposer dans les réponses aux appels à projets ou à candidature l’usage d’une langue faussement qualifiée de « lingua franca » pour les besoins de la cause, au risque de conférer un avantage décisif aux locuteurs de langue maternelle anglaise et de provoquer des distorsions de concurrence en contradiction flagrante avec les principes sur l’application desquels ces mêmes services sont chargés de veiller. Le décalage entre les discours et la réalité est ici non moins flagrant, et explique pour partie la désaffection des citoyens pour le projet européen. On résume d’ordinaire le débat par une alternative un peu caricaturale : ou bien un monolinguisme de fait s’imposera dans les relations entre les États et finira par contagion par gagner l’ensemble de la société – et il est vrai qu’on observe çà et là une perte préoccupante de fonctionnalité des langues nationales dans certains secteurs : la recherche, l’enseignement supérieur, les relations commerciales. Au Danemark, plus de la moitié des entreprises travaillent d’ores et déjà exclusivement en anglais. Si ces pratiques venaient à se généraliser, l’ensemble européen Le français dans le monde // n° 393 // mai-juin 2014

gagerait les progrès de son unité sur des atteintes multiformes à son identité culturelle qui, elle, est évidemment fondée sur la diversité. La logique du marché intérieur, les impératifs du commerce des esprits et des marchandises, l’emporteraient alors sur le souci de rester soi-même et le droit de s’exprimer dans sa langue, pour favoriser l’émergence d’une langue commune et hypothéquer, par effet induit, les possibilités d’expression des cultures nationales et a fortiori régionales. Comprendre, parler, traduire On oppose donc au monolinguisme le choix d’un autre modèle, où les langues nationales continueraient à s’imposer dans la plupart des circonstances de la vie sociale. Mais sauf à entraver les progrès de la construction européenne, une telle approche suppose la mise en œuvre d’une autre politique dont on commence à entrevoir les contours. Trois verbes pourraient la résumer. Comprendre (au moins passivement) la langue des autres, en prenant appui, quand c’est possible, sur les parentés entre les langues – il existe aujourd’hui d’excellentes méthodes d’intercompréhension. Parler, parce que rien ne remplace l’apprentissage des langues étrangères pour aller au-devant d’autrui et accéder à sa culture : par-

ler plusieurs langues, c’est accéder à plusieurs mondes. Et enfin et surtout, traduire, parce que la traduction permet à la fois de passer d’une langue à l’autre, et de maintenir sa langue propre « en état d’exercice ». D’un autre Italien, on cite à satiété une phrase célèbre : « La langue de l’Europe, c’est la traduction. » (Umberto Eco) On ne peut pas le dire plus nettement : de même que l’identité culturelle de l’Europe n’est pas un puzzle dont il suffirait d’assembler les morceaux grâce au ciment d’une langue commune, pour y lire enfin son vrai visage, mais une circulation incessante, un ensemble de réseaux, faits d’échanges et de confrontations, qui se croisent et s’entrecroisent, de même l’identité linguistique de l’Europe réside dans un passage incessant, dans les passerelles jetées d’une langue à l’autre grâce à la traduction, c’est-à-dire à la possibilité pratique de transposer des réseaux de signification d’une langue dans une autre. Oui, c’est là qu’est la merveille : la possibilité qu’a l’Europe de poser un grand nombre de regards sur le monde fait système avec la diversité de ses histoires, de ses traditions, de ses climats et de ses paysages ; mais elle repose pour l’essentiel sur la diversité des parlers qui les expriment, et sur les échanges qu’elle implique. n

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savoir-faire

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Apprendre à lire, ce n’est jamais trop tard et jamais fini. Comment faire prendre conscience en classe de FLE de l’importance de la lecture et que ses difficultés sont surmontables ?

Lire en FLE : oui, mais comment ? L Par Josette Morant

Josette Morant est professeure à Barcelone (Espagne).

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ire, c’est une interaction entre la lectrice ou le lecteur, ses expériences antérieures et le texte qu’il lit. Ces liens facilitent la prédiction des événements. Chacun construit sa lecture à partir de sa culture, de son vécu. Le livre participe à la construction des apprentissages, il apporte des repères et des informations, des sources de confrontation et de comparaison. Connaître l’environnement de l’autre, c’est déjà l’accepter, le reconnaître. La richesse de toute lecture réside dans la capacité d’un collectif à faire briller le texte d’autant de sens qu’il y a de lecteurs. C’est donc aussi être prêt à accueillir toutes les interprétations des lecteurs, pourvu qu’elles trouvent leur justification dans le texte. Lire signifie donc beaucoup plus que décoder des mots… Il conviendra d’abord de demander aux élèves de

réagir à partir de cette remarque sur la lecture afin d’introduire dans le débat les notions suivantes : on peut lire pour s’aider à vivre ; on peut lire pour apprendre à vivre ; le livre, c’est une ouverture au monde des autres.

Stratégies de lecture et stratégies de compréhension Mais lire passe aussi par la mise en œuvre de stratégies de lecture qui définissent différents types de compréhension : Une lecture écrémage qui consiste à parcourir rapidement un texte et de manière non linéaire : ce survol donne une idée globale du contenu et c’est cette technique que nous pratiquons lorsque nous feuilletons un journal pour repérer les articles qui nous intéressent et que nous lirons par la suite. Une lecture balayage qui permet de capter l’essentiel, une information précise distribuée dans le texte par l’élimination rapide du reste. Il s’agit d’une lecture sélective que l’on

pratique au quotidien : parcourir un dépliant pour relever le lieu d’une activité, son horaire. Une lecture critique qui demande une lecture intégrale d’un document et qui s’attache au détail et à la précision : elle peut entraîner le commentaire. Lecture intensive ou studieuse qui vise à retenir le maximum d’informations et qui, par l’attention qu’elle réclame, peut se transformer en une quasi-mémorisation du texte. Le lecteur passe inconsciemment d’un type de lecture à un autre selon ses besoins, ses intérêts, ses intentions et le type de textes. Nous lisons beaucoup plus que nous ne pensons…

Lire un livre en FLE Comment acquérir la possibilité de lire des textes en français sans avoir recours systématiquement au dictionnaire ? Face à un texte en langue étrangère, un lecteur est souvent paralysé par un obstacle qu’il surmonterait aisément en langue

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Fiche signalétique

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Fiche établie le : ________ /_________ /_________ Titre : _____________________________________________________________________ Auteur : __________________________________________________________________ S’agit-il d’une traduction ? __________________________________________________ Éditeur et date de parution : _________________________________________________ Collection : _______________________________________________________________ Prix : ____________________________________________________________________ Nombre de pages : ________________________________________________________ Résumé : ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ Lecture choisie ou imposée ? _______________________________________________ Si choisie, dites ce qui vous a poussé à faire ce choix. ___________________________ _________________________________________________________________________

Fiche d’analyse maternelle (un mot inconnu par exemple). Néanmoins, les concepts d’habilité et surtout de stratégie facilitent la lecture. Détecter comment on lit : achetez-vous les livres ? Vous les prêtet-on ? Les empruntez-vous à la bibliothèque ? Avant de commencer un livre, regardez-vous d’abord la quatrième de couverture ? La fin de l’histoire ? Les illustrations ? La table des matières ? Lisez-vous plusieurs livres à la fois ? Où lisez-vous ? À quel moment de la journée ? Pourquoi lisez-vous ? Prendre conscience des stratégies que l’on mobilise en lisant en langue maternelle pour les maintenir ensuite dans notre approche du texte en langue étrangère. Savoir surmonter le manque de confiance en soi et l’inquiétude que doivent gérer les lecteurs en langue étrangère. Développer la capacité de tolérer l’imprécision et contourner la difficulté : - En identifiant la nature des textes. Pour les textes narratifs, les grandes articulations du genre (exposition, intrigue et résolution). - En repérant les articulateurs et les mots clés qui permettent de retrouver le plan. - En utilisant les connaissances que l’on possède dans un domaine particulier et en anticipant le contenu du texte à l’aide de ses connaissances et de son vécu. En mettant en place des stratégies d’esquive ou d’anticipation pour se

sentir moins démuni : éclairer le sens des mots inconnus en tenant compte des procédés anaphoriques utilisés dans le texte même : phénomène de reprises, par exemple. Reconnaître rapidement un mot ou un groupe de mots est une stratégie permettant d’augmenter le rythme de lecture. - En formulant des hypothèses et des opérations de déductions. L’étude des illustrations, titres et autres éléments contextuels, facilite également la formulation d’hypothèses sur le sens global du texte. - En allant plus loin, en étant curieux quand on ne connaît pas les champs référentiels et socioculturels des textes. La connaissance du sujet, du texte, facilite la lecture. Il convient alors de faire des recherches en lien avec le texte (via Internet par exemple) : cartes géographiques, événements historiques, biographie, courant philosophique. Pour éviter une lecture mot à mot au profit d’une lecture balayage, pour initier une construction globale du sens et favoriser la découverte du message, on recherchera d’éventuels éléments d’ordre énonciatif (qui écrit ? pour qui ?) et des marques de discours qui rapportent la parole d’autrui (discours direct, relations de paroles). Travailler à partir d’une fiche de lecture Confectionner une fiche de lecture à partir du livre permettra à terme d’élaborer un portfolio des lectures effectuées. n

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Organisation générale du livre : ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________

Texte Impression globale : ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ Opinion générale : plaisir de lecture, apport historique, prise en compte du lecteur, humour, originalité, problème de mise en page, etc. Lecture plaisir : réservé, lecture utile, ouvrage recommandé, vivement recommandé. Personnalisation du parcours de lecture : ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ Relevez un passage ou des phrases qui vous ont interpellé : ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ Donnez quelques informations biographiques sur l’auteur (recherches sur Internet) : ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ Donnez d’autres titres du même auteur : ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________ Avez-vous la curiosité de lire un autre livre de cet auteur ? si oui, lequel ? pourquoi ? ___________________________________________________________________________ ___________________________________________________________________________

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© Shutterstock

203,44 millions

d’entrées dans les cinémas français en 2012

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19

Le nombre de films qui ont dépassé le million d’entrées en France en 2013

Le français dans le monde // n° 393 // mai-juin 2014


Cinéma français

La diversité à portée d’écran

C

omme chaque année, le Festival de Cannes devient au mois de mai le plus grand écran du cinéma mondial. Ce Festival a couronné l’an passé La vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche, affirmant ainsi que le cinéma français et francophone compte toujours parmi les plus importants de la planète. C’est ce que confirme également la directrice d’UniFrance

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millions d’entrées pour le cinéma français à l’international, en 2012, année record

Le français dans le monde // n° 393 // mai-juin 2014

Films, Isabelle Giordano, qui souligne l’un des principaux atouts du cinéma français à l’international : sa diversité. Une diversité de formes et de contenus explorée dans l’enquête de ce dossier qui dresse un panorama de la production française de la dernière décennie. Une diversité qui se nourrit également de modernité, sans doute grâce à des formations aux métiers

du cinéma de qualité, comme le montre notre reportage dans deux écoles, l’une déjà prestigieuse, l’autre en passe de le devenir. Une diversité enfin qui rime avec utilité, dans les classes de français du monde entier, en particulier depuis la mise en place de la plateforme IFcinéma qui permet aux enseignants de télécharger gratuitement de nombreux films, exploitation pédagogique à la clé. n

324 films français sont sortis en salle en 2013

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1

A1. Terres francophones Saurez-vous reconnaître dans la liste suivante les trois États africains non francophones ? Algérie. Bénin. Burkina Faso. Burundi. Cameroun. Comores. Côte d’Ivoire. Djibouti. Gabon. Gambie. Guinée. Guinée équatoriale. Liberia. Madagascar. Mali. Maroc. Maurice. Mauritanie. Niger. République centrafricaine. République démocratique du Congo. République du Congo. Rwanda. Sénégal. Seychelles. Tchad. Tunisie. Togo. Zambie.

A2. Grande dame africaine

Par Haydée Silva

L’occasion en s’amusant un peu de revisiter la richesse et la variété de la francophonie venue d’Afrique.

2

À l’aide des définitions, trouvez des noms d’animaux africains. En réutilisant les initiales de ces noms pour remplacer les chiffres correspondants, vous pourrez reconstituer le nom d’une grande auteure née au Cameroun et installée en Côte d’Ivoire.

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(1) Mammifère qui se caractérise par de grandes oreilles, un nez en trompe et une paire de défenses (8 lettres). (2) Mammifère caractérisé par une ou deux cornes sur le museau (10 lettres). (3) Mammifère carnivore dont le mâle porte une crinière (4 lettres). (4) Antilope qui ressemble aux gazelles et aux cerfs (6 lettres). (5) Mammifère qui se caractérise par son long cou et sa robe tachetée (6 lettres).

W(1)r(1)w(1)(2)(1) (3)(4)k(4)n(5)

B1. La palabre du motamoteur qui camembère La langue française est dynamique et variée ! Saurez-vous identifier le sens correct de chacune des expressions africaines suivantes, en italiques ?

1. « Si tu me disais la vérité, je ferais pas palabre. » a) je ne la dirais pas à tout le monde. b) je ne te ferais pas de reproches. c) je ne ferais pas de promesses que je ne pense pas tenir. 2. « Adbou, c’est un motamoteur. » a) c’est quelqu’un qui entraîne les autres par la parole. b) c’est quelqu’un qui est facile à convaincre quand on lui parle. c) c’est quelqu’un qui parle beaucoup et sans réfléchir. 3. « Ton chéri, il camembère. »

La fiche pédagogique à télécharger sur : www.fdlm.org

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a) il est collant et mou. b) il pue des pieds. c) il dit trop de gros mots. Le français dans le monde // n° 393 // mai-juin 2014


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B2. Proverbes mêlés Des proverbes africains ont été mêlés deux à deux : à partir de chaque liste de mots, reconstituez deux proverbes distincts en remettant les mots à leur place.

1. ce - n’est - pas - devant - le - chien - qu’il - faut - élever - l’éléphant - ne - force - pas - de - sa - de la - chasse - un - jour - le - bœuf - se - vante 2. quelle - que - soit - au - village - la - durée - d’un - arbre - qui - a - voyagé - il - est - beaucoup - plus - poisson - qu’un - qui - est - toujours - resté - dans - l’eau - un - vieux - âgé - ne - deviendra jamais - jeune 3. petit - de - l’ombre - n’ignore - pas - le - zèbre - parce - qu’il - n’a - pas - un - village - est - rayures du - soleil

C1. Qu’est-ce que c’est ?

SOLUTIONS

(a) un dombolo

(a) un fruit de baobab

(b) des nattes

(b) un boubou

(b) une courge

(c) du marc de café

(c) des en-attendant

(c) un bébé emmailloté

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C2. Néologisons

Le français est une langue en évolution permanente. Saurez-vous retrouver cinq verbes en usage sur le continent africain ? 1. Prendre du repos, avec ou sans sommeil, après le repas de midi.

2. Être prétentieux, tel le protagoniste d’un célèbre feuilleton américain portant le nom d’une ville, diffusé sur les chaînes francophones dans les années 1980, et racontant les déboires d’une riche famille d’exploitants pétroliers. 3. Offrir des présents. 4. En tant que salarié, entreprendre une cessation concertée du travail. 5. Étudier sans relâche, en y passant ses nuits, comme un certain crocodilien qui n’hésite pas à refaire surface tard dans la soirée. Verbe à connotation souvent péjorative.

Le français dans le monde // n° 393 // mai-juin 2014

A1. Terres francophones Gambie, Liberia, Zambie. A2. Grande dame africaine 1 : E (éléphant). 2 : R (rhinocéros). 3 : L (lion). 4 : I (impala). 5 : G (girafe). Werewere Liking, écrivaine ivoiro-camerounaise. B1. La palabre du motamoteur qui camembère 1B. 2C. 3B. B2. Proverbes mêlés 1. « Ce n’est pas le jour de la chasse qu’il faut élever un chien » et « Le bœuf ne se vante pas de sa force devant l’éléphant ». 2. « Un jeune qui a beaucoup voyagé est plus âgé qu’un vieux qui est toujours resté au village » et « Quelle que soit la durée d’un arbre dans l’eau, il ne deviendra jamais poisson ». 3. « L’ombre du zèbre n’a pas de rayures » et « Le soleil n’ignore pas un village parce qu’il est petit ». C1. Qu’est-ce que c’est ? 1B. C’est l’ombre de la tête d’Akissi, petite sœur de la protagoniste de la série BD Aya de Yopougon (scénario de M. Abouet, dessin de C. Oubrerie). 2A. Un « dombolo » désigne entre autres un fessier proéminent. Ici, celui d’une femme qu’aborde le protagoniste de La vie de Pahé (scénario et dessin de Pahé). 3C. Le bébé s’appelle Dipoula, et c’est le protagoniste de la série BD éponyme (scénario de L.-B. Devaud, dessin de Pahé). C2. Néologisons 1. Siester 2. Dallasser 3. Cadeauter 4. Gréver 5. Caïmanter.

(a) un scolopendre

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