Le français dans le monde N°396

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REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS

// MÉTIER // le français dans le monde

Le FLE fait son cinéma en Suède N° 396 novembre-décembre 2014

DOSSIER : Jeunesse francophone, l’avenir en français

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// ÉPOQUE //

novembre-décembre 2014

Une chef d’orchestre entre Alger et Paris : Zahia Ziouani

Jeunesse francophone // DOSSIER //

L’avenir en français

N° 396

// MÉMO //

FIPF

15 €

En Russie, le français pour les spécialistes du tourisme

Xavier Dolan, jeune prodige du cinéma québécois

Le Cameroun magique du romancier Mutt-Lon



Le français dans le monde sur Internet : http://www.fdlm.org

numéro 396 Métier / Savoir-faire

Les fiches pédagogiques à télécharger Portrait : La femme qui voulait orchestrer sa vie Économie : Le bâtiment s’enfonce dans les sables mouvants de la crise Poésie : « Mon Pays » Clés : La notion de numérique Test et jeux : Traduire

ÉPOQUE 6. Portrait

La femme qui voulait orchestrer sa vie

8. Tendance

Bricolage, super tendance

9. Spectacle

Francophonie(s) en scène

10. Économie

Le bâtiment s’enfonce dans les sables mouvants de la crise

12. Sport

Petites salades entre voisins

13. Exposition

Truffaut, toujours vivant

Pour une approche didactique flexible de la lecture

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fiches pédagogiques à télécharger sur : www.fdlm.org

Dossier

Jeunesse francophone

L’avenir en français

14. Regard

« Un déficit de patriotisme linguistique » « La Francophonie, une chance de s’ouvrir sur le monde »............ 48 Maroc : le français, sésame pour la fac......................................... 50 Sénégal : entreprendre en français pour défendre l’emploi.......... 52 Québec : le français en mode numérique..................................... 54

MÉTIER 18. L’actu 20. Focus

« École inclusive : reconnaître le droit à la réussite »

22. Mot à mot

Dites-moi Professeur

24. Clés

La notion de numérique

26. Savoir-faire

Et si on apprenait le français en action ?

34. Enquête

Quand Moldavie rime avec francophonie

36. Expérience

Former des spécialistes du tourisme en français

Pour une approche didactique flexible de la lecture

38. Innovation

28. Reportage

40. Ressources

Révolution française à New York

30. Point de vue

Maîtriser la langue pour mieux vivre ensemble

Couverture : © Shutterstock / miz’enpage

32. Initiative

Quand le FLE fait son cinéma

MÉMO 58. À voir 60. À lire 64. À écouter

INTERLUDES 4. Graphe

46 FICHES PÉDAGOGIQUES PAGES 69 À 73

« Avenir »

16. Poésie

Nadia Tuéni : « Mon Pays »

42. Nouvelle

Yannick Lahens : « Tante Résia et les Dieux »

56. BD

T.T. FONS : « Liberté, égalité, mixité »

66. Test et jeux Traduire

Le français dans le monde, revue de la Fédération internationale des professeurs de français - www.fipf.org, éditée par CLE International – 9 bis, rue Abel–Hovelacque – 75013 Paris Tél. : 33 (0) 1 72 36 30 67 – Fax. 33 (0) 1 45 87 43 18 – Service abonnements : 33 (0) 1 40 94 22 22 – Fax. 33 (0) 1 40 94 22 32 – Directeur de la publication Jean-Pierre Cuq (FIPF) Rédacteur en chef Sébastien Langevin Conseiller de la rédaction Jacques Pécheur Secrétaire de rédaction Clément Balta – Relations commerciales Sophie Ferrand Conception graphique miz’enpage - www.mizenpage.com – Commission paritaire : 0417T81661. 54e année. Imprimé par IME, Baume-les-Dames (25110). Comité de rédaction Dominique Abry, Isabelle Gruca, Valérie Drake, Pascale de Schuyter Hualpa, Sébastien Langevin, Chantal Parpette, Manuela Pinto, Nathalie Spanghero-Gaillard. Conseil d’orientation sous la présidence d’honneur de M. Abdou Diouf, secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie : Maguelone Orliange (MAE), Jean-Pierre Cuq (FIPF), Pascale de Schuyter Hualpa (Alliance française), Raymond Gevaert (FIPF), Michèle Jacobs-Hermès (TV5MONDE), Xavier North (DGLFLF), Imma Tor (OIF), Nadine Prost (MEN), Fabienne Lallement (FIPF), Lidwien Van Dixhoorn (RFI), Jean-Luc Wollensack (CLE International).

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sur les pages lors de la lecture pour télécharger la fiche d’expoitation de l’article en question. n Cliquez

Fiches pédagogiques ■ Les fiches pédagogiques en téléchargement : des démarches d’exploitation d’articles parus dans Le français dans le monde et produits en partenariat avec l’Alliance française de Paris-Île-de-France. Dans les pages de la revue, le pictogramme « Fiche pédagogique à télécharger » permet de repérer les articles exploités dans une fiche.

sur les liens ci-dessous pour télécharger les reportages audios et leur transcription intégrale.

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Les reportages audio des mois de novembre-décembre 2014 à télécharger : Micro-trottoir : « avenir » (audio et transcription) Patrimoine : visite du Palais de l’Élysée (audio et transcription) Société : le Secours populaire français (audio et transcription) Technologie : la télémédecine contre la désertification médicale (audio et transcription)

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tendance

© dbunn - Fotolia.com

Champions d’Europe de cette discipline particulière et de plus en plus branchée, les Français sont tous marteaux du bricolage.

Bricolage, super tendance T Par Jean-Jacques Paubel

out le monde n’a pas la chance d’avoir eu, comme Roland, un père et un oncle bricoleurs pour lui transmettre cette envie de rendre le quotidien plus facile. Maçonnerie à l’ancienne, Placoplatre, charpente, plancher, plomberie, pause de faïence, Roland s’est attaqué à tout, avec constance et dévouement. Mais aussi avec le souci de faire plaisir et de partager : créer un trépied pour un ami haltérophile, ressouder un pot d’échappement pour un autre, fabriquer une durite en inox pour un troisième… Même les filles s’y collent : elles seraient 44 % à céder à l’appel du bricolage et certaines affirment s’y connaître mieux que les

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hommes, autant en décoration, en sanitaire qu’en électricité !

Éconimique et solidaire Car c’est ça le bricolage : un calcul économique – « réaliser soi-même, analyse le sociologue Gérard Mermet, auteur de Francoscopie, permet de faire baisser les factures et d’échapper au système du prêt à consommer » – et une entreprise de solidarité – « le signe d’une réconciliation entre l’hyper individuel et le collectif ». Et ce n’est pas le bricolage branché tel qu’il se développe aujourd’hui qui va infirmer cette analyse, bien au contraire. On ne compte plus les forums en ligne, les ateliers solidaires d’initiation, les formules d’entraide, les formations en ligne ou les réunions participatives ouvertes à tous les porteurs de projets qui accompagnent les millions de bricoleurs.

Des exemples ? Sur bricolib.net, on la joue associatif, solidaire et participatif : on y recense une vingtaine d’associations qui prêtent du matériel, conseillent ou organisent des stages d’initiation. On y pratique aussi, entre particuliers, comme sur fr.zilok.com, la location de matériel, perceuses, escabeaux, scies sauteuses, etc. Troc’heures va plus loin : sur cette plateforme en ligne, créée à l’initiative de l’enseigne Castorama, on y échange ses compétences, genre plâtrerie contre plomberie. Mais la grande affaire aujourd’hui, c’est la formation. La formule Wiki a bien sûr ses partisans : à côté de

Même les filles s’y collent, et certaines affirment s’y connaître bien mieux que les hommes !

tous les sites, forums et tutoriaux qui, comme bricovideo.com ou apprendrefacile.com, mettent en pièces détachées les techniques pour apprendre à changer un robinet, à poser un parquet, à installer un réseau de plomberie, on annonce, à l’initiative du groupe Leroy Merlin, la naissance d’un Wikipédia des bricoleurs. Car bien sûr, les grandes enseignes du secteur – service et fidélisation obligent – n’entendent pas être hors du coup. Leroy Merlin, Castorama ou BHV multiplient, à côté de la mise à disposition de fiches téléchargeables, cours collectifs et réunions participatives (les fameux BarCamps) sur des préoccupations récurrentes et anxiogènes comme « poser un revêtement de sol », « découper un parquet aux bonnes mesures » ou « apprendre les bases de l’isolation ». À quand les Mooc du bricolage sur la Toile ? Pour bientôt ! assure-t-on chez Castorama. Restent les handicapés du bricolage. Qu’ils n’en aient ni le goût ni le temps, eux non plus, solidarité oblige, ne seront pas laissés au pied de l’escabeau : youpijob.com, jetaide.org sont là pour ça ! C’est là que se branchent particuliers malhabiles et particuliers compétents. Le bricolage a bien les couleurs branchées de son siècle. n

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spectacle En savoir plus

www.letarmac.fr avec l’agenda complet des spectacles

© Eric Legrand

Un globe terrestre et ces quelques mots en légende : « Nous sommes ici. » La devanture du Tarmac – la scène francophone internationale, ainsi qu’il se baptise – représente bien l’esprit d’ouverture et de découverte du lieu, qui fêtera en janvier une décennie d’existence.

Francophonie(s) en scène V Par Clément Balta

oilà dix ans que le Tarmac fait vivre et résonner la francophonie sur la scène parisienne. Une francophonie hors des frontières hexagonales, vivante et plurielle, composée des multiples pays qui ont le français en partage et qui font entendre en ce lieu unique leurs innombrables accents. Anciennement situé à La Villette, le Tarmac a pris place depuis septembre 2011 dans les anciens locaux du Théâtre de l’Est parisien, dans le XXe arrondissement. Il dispose désormais d’une grande salle de près de 300 places et d’une plus petite où se donnent notamment lectures et conférences. Son vaste hall avec sa petite librairie, son comptoir-bar et ses confortables fauteuils rend l’endroit immédiatement chaleureux et accueillant. Un lieu de vie en somme, comme le laisse planer sa qualité de « Tarmac ».

Ce nom de scène, littéralement, entend rendre hommage à sa vocation première : être un lieu de passage(s), de transmission et de croisement des cultures. Dédié, comme l’explique sa directrice Valérie Baran, « à tous les types d’écriture, dramaturgiques mais aussi chorégraphiques, du monde francophone contemporain », le Tarmac fait d’abord œuvre de défrichage et de promotion. Danse, théâtre, mais aussi performances scéniques ou marionnettes, les dixsept spectacles qui vont étayer la saison 2014-2015 sont déjà une invitation au voyage : Belgique, Suisse, mais aussi Serbie et Croatie en Europe ; le continent africain avec le Burkina Faso, la République du Congo ou la Côte d’Ivoire ; mais aussi le Laos, Haïti ou l’outre-mer avec l’île de la Réunion. Sans oublier les rencontres (D)rôles de printemps, en référence aux printemps arabes, qui

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vont permettre à « trois hommes et trois femmes qui vivent et travaillent en Égypte, en Tunisie et au Liban » de s’exprimer.

Planches salutaires En « arpentant les lieux excentrés de la création », le but du Tarmac, comme le décrit encore sa directrice, est d’« échapper à l’homogénéisation artistique mondiale » et « d’alimenter une pensée libre et éclairée sur le monde ». C’est cette volonté affichée d’être en quête perpétuelle de formes nouvelles, parfois hors des sentiers battus, sources de découvertes comme de débats, qui fait du Tarmac la place forte d’une francophonie engagée et militante. Le Tarmac n’est d’ailleurs pas seulement une caisse de résonance pour les spectacles francophones, mais il en assure ou en favorise la production et la diffusion. Il accom-

pagne également les artistes, et l’un d’entre eux est accueilli chaque saison en résidence d’écriture : ainsi de Fiston Mwanza Mujila, auteur, dramaturge et poète congolais. Autre vocation, littéraire celle-ci – et sous la supervision de Bernard Magnier, chroniqueur littéraire au Français dans le monde –, à travers notamment des tables rondes et des « rendez-vous livres ». C’est enfin un lieu d’interactions et d’échanges avec le public, notamment les plus jeunes avec des spectacles dédiés ou des ateliers d’écriture. Ou comment conjuguer diversité des origines et mixité sociale. « Le Tarmac, comme l’a rappelé Valérie Baran lors du lancement de la saison, est un des lieux où l’on peut entendre l’Autre et le monde dans la langue qui nous est commune. Saisir ses mots, découvrir son art d’écrire, de jouer, d’imaginer, c’est s’autoriser à sentir un lien de solidarité et peut-être une fraternité. » Un lieu où il fait bon se poser, tout simplement. n

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innovation Enseignants comme apprenants peuvent apporter leur pierre à l’édifice pédagogique du blog La 7e Poule.

Conception de ressources pédagogiques innovantes et créatives : le blog pédagogique La 7e Poule, une coopération exemplaire entre l’Institut français de Suède et l’association des enseignants de français en Suède.

Marie-Françoise Né est formatrice en didactique du français langue étrangère et cinéma.

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Quand le FLE L Par Marie-Françoise Né

’Institut français de Suède a choisi de soutenir la production de ressources pédagogiques de qualité, pouvant être utiles en Suède, mais également dans le reste du monde. Ceci constitue un des axes structurants de sa politique linguistique. C’est ainsi que le blog pédagogique « La 7 e Poule » a été lancé à Stockholm lors du séminaire national de formation des professeurs de français les 12 et 13 juin 2014, où il a reçu un accueil très positif. Pourquoi ce nom, La 7 e Poule ? En référence au court-métrage de fiction adapté d’une nouvelle littéraire et réalisé en langue française, en France, par Elisabet Gustafsson, Suédoise qui vit entre Paris et Stockholm. Dans un premier temps, des enseignantes de français langue étrangère ont vu dans ce document filmique l’occasion de travailler avec leurs élèves sur un support original et motivant.

Ces professeures ont créé quelques activités pédagogiques, les ont testées, et ont souhaité partager cette expérience avec leurs collègues de FLE en Suède ou ailleurs.

Un blog et plusieurs objectifs L’Institut français de Suède a alors décidé de soutenir et de développer ce projet, en pilotant la création du blog pédagogique La 7e Poule. Il s’agit, bien sûr, de proposer des fiches d’activités pour la classe à partir du court-métrage, mais le blog se fixe d’autres objectifs, encore plus ambitieux. Notamment celui d’élaborer un dispositif de formation pour des enseignants de FLE (plus largement de langues vivantes), à l’utilisation du cinéma en classe, avec l’analyse des images filmiques et leur exploitation. C’est ainsi qu’en sus des 31 fiches d’activités téléchargeables et imprimables, classées par niveaux du Cadre européen commun de référence pour les langues (de A1 à B2, rubrique « Activités pour la classe »), le blog propose également : • une formation à l’utilisation de

documents filmiques en classe de langue (rubrique « Principes méthodologiques ») ; • une rubrique « Bonus » qui offre de nombreux documents complémentaires que les enseignants peuvent utiliser pour la création de leurs propres activités ; • une rubrique « Le film » qui fournit

L’affiche du film qui sert de base aux activités pédagogiques du site.

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Extrait du film La 7e Poule.

fait son cinéma à l’internaute une information exhaustive sur le film lui-même ; • une rubrique « Ressources » qui propose une sélection de livres, revues, sites Internet, films et extraits dont les enseignants peuvent tirer le plus grand profit. Qui dit « blog » dit « communication et échanges ». Chacun peut s’exprimer librement en page d’accueil, les enseignants de Suède et d’ailleurs sont invités à soumettre de nouvelles fiches d’activités (formulaire en page d’accueil) lesquelles, après validation de l’administrateur, pourront être publiées dans la rubrique « Quoi de neuf ? ». Ceci est également le cas pour les élèves/ étudiants : grâce au formulaire qui leur est proposé en page d’accueil, ils peuvent poster leurs productions (celles qui sont suggérées à la fin des fiches d’activités), si leurs camarades et leur professeur ont estimé qu’elles étaient de qualité. Un outil de formation Mais au-delà des échanges qui caractérisent tout blog et de la mise à disposition de fiches d’activités pour

la classe, le blog pédagogique La 7e Poule se veut aussi et surtout un outil de formation pour apprendre à analyser, choisir et exploiter des documents filmiques. L’objectif est de familiariser l’enseignant avec l’écriture cinématographique, afin qu’il choisisse des documents vidéo lisibles pour l’apprenant de langue étrangère et les assortisse d’activités adaptées aux différents niveaux du CECRL, notamment dès le début de l’apprentissage. Ce matériel est un matériel privilégié pour la classe à condition

de l’organiser de façon cohérente et de lui appliquer un traitement pédagogique approprié. C’est pourquoi il convient que l’enseignant se dote d’un certain nombre d’outils qui lui permettent d’avoir une connaissance des effets spécifiques produits par ce type de document sur la perception de celui qui le visionne, qu’il soit natif ou étranger. Pour cela il lui faut connaître le fonctionnement du message filmique, en particulier les éléments (cf. encadré ci-dessous) qui composent un document de ce type et auxquels tout

enseignant doit être attentif pour repérer rapidement les signifiants visuels et non visuels qui participent, construisent le document audiovisuel en vue de l’exploiter en classe à différents niveaux. Le blog pédagogique La 7e Poule propose aux enseignants une formation en ligne afin de maîtriser ces premiers outils théoriques et méthodologiques pour l’enseignement et l’apprentissage d’une langue étrangère. n

En savoir plus

www.7epoule-fle.se

« LIRE » UN DOCUMENT FILMIQUE, C’EST PERCEVOIR : Les codes cinématographiques 1) du visuel, des images et leurs contenus (décor, personnages…) dans : - leur mouvement (travelling…), - leur succession, leur rythme (montage chronologique, alterné…), - leur échelle (gros plan, rapproché…). [code partagé avec la photo]

Les codes non cinématographiques 2) du non-verbal ou extra-verbal : - mimiques, regards : la kinésie ; - gestes : la gestuelle/le gestuel ; - distance entre les corps : la proxémie. 3) des sons : - la musique, les bruits et effets sonores. 4) du verbal : - la langue parlée y compris le para-verbal :

l’intonation, l’accentuation, etc. - la langue écrite (générique, intertitres, fragments de lettres, panneaux, etc.). Ces 4 codes sont traversés par : 5) le socioculturel, les références culturelles, les implicites, les connotations. L’articulation, les relations de ces 5 points construisent le récit filmique.

D’après Francis Vanoye, Cinéma et récit (Nathan université, 1989) et Thierry Lancien, Le Document vidéo (CLE International, 1986).

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Jeunesse francophone

L’avenir en français 46

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A

lors que des projections démographiques annoncent plus de 700 millions de locuteurs de langue française dans le monde à l’horizon 2050 contre 220 millions actuellement, la jeunesse francophone est le sujet de toutes les attentions. Le XVe Sommet de la Francophonie à Dakar la place ainsi au cœur de ses échanges, comme le souligne le Secrétaire général Abdou Diouf dans notre entretien. Nous sommes allés à la rencontre des jeunes actifs dans des lieux emblématiques de cette francophonie vivante et énergique. Des jeunes pour qui la langue française demeure éminemment stratégique dans leurs études supérieures au Maroc. Qui se battent au quotidien en français pour imposer une certaine conception de l’avenir numérique à Montréal. Qui entreprennent localement avec le français, comme le fait à Dakar la dynamique Gabrielle. Étudier et réussir sa vie professionnelle avec le français, telles sont les principales préoccupations et aspirations des forces vives de la Francophonie. n

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© Cyril Bailleul / OIF

© Patrick Lazic / OIF

entretien

Au Village francophone, Abdou Diouf rencontre les jeunes participants et les volontaires aux VIe Jeux de la Francophonie (Beyrouth, septembre 2009).

Les jeunes volontaires de la promotion 2013 du programme de Volontariat international de la Francophonie (VIF).

« La Francophonie

une chance de s’ouvrir sur le monde » Président de la République du Sénégal pendant près de vingt ans, Secrétaire général de l’Organisation international de la Francophonie depuis 2003, Abdou Diouf quittera sa fonction après le Sommet de Dakar. Retour sur plus d’une décennie d’actions en faveur de la langue française et des francophones, des plus jeunes en particulier. Propos recueillis par Sébastien Langevin Vous avez beaucoup mis l’accent sur la jeunesse francophone durant vos mandats de Secrétaire général de la Francophonie. Selon vous, être jeune et francophone est une chance à l’heure de la mondialisation ? Abdou Diouf : Jamais génération n’a été citoyenne du monde autant que celle-ci. Un monde en profonde

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mutation, un monde sommé de relever les grands défis économiques, politiques, sociaux, environnementaux, culturels qui engagent le devenir de toute la famille humaine, un monde en demande de régulations et d’éthique. Et c’est bien ainsi qu’il faut appréhender la Francophonie, comme une chance de s’ouvrir sur le monde, comme une chance de construire des ponts vers tous les continents. Oui, être jeune francophone est une chance de parler une grande langue internationale, moderne, qui est utilisée sur les cinq continents ! La jeunesse du continent africain, où se déroule le XVe Sommet de la Francophonie, a-t-elle un rôle particulier à jouer dans les années qui viennent ?

A. D. : Certainement ! Un rôle prépondérant. En Afrique, la langue française reste la première langue de communication nationale et internationale. Et toutes les projections futures dont nous disposons établissent qu’à l’horizon 2050, 85 % des locuteurs du français seront issus du continent africain. Dont beaucoup de jeunes puisque la démographie continue d’y progresser. Avec les progrès de la scolarisation dans beaucoup de nos pays, ils seront, et sont déjà, de mieux en mieux éduqués, de mieux en mieux formés, de mieux en mieux informés, aussi, grâce aux progrès de la technologie. Le tout dans un contexte économique très favorable pour la plupart des pays africains. Je pense que c’est une génération porteuse d’espoir, consciente qu’elle peut contribuer à changer la marche du monde.

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L’innovation technologique et le numérique ouvrent-ils de nouveaux horizons aux jeunes francophones ? A. D. : La révolution numérique est un des moteurs qui accélèrent notre histoire humaine. Jamais la conscience d’une humanité une et proche n’a été aussi soutenue et partagée. Ces technologies y sont pour quelque chose. Le plus intéressant, à mon sens, est que jamais auparavant les jeunes n’ont été en position d’acteurs qui comptent et qui influencent le cours des événements. Les possibilités d’apprentissage et d’ouverture vers le monde n’ont jamais été aussi

© Patrick Lazic / OIF

Le français est-il un atout économique pour les jeunes francophones ? A. D. : De l’avis des entrepreneurs européens, la langue française arrive en deuxième position comme langue utile pour les affaires et l’agence Bloomberg en fait même la troisième langue des affaires dans le monde, après l’anglais et le chinois. De plus, à en juger par les réponses que donnent les personnes interrogées dans une vingtaine de villes de l’Afrique subsaharienne et du Maghreb, la langue française constitue un atout pour obtenir un travail dans des proportions allant de 70 % à 95 %. Mais cela ne doit pas nous inciter à négliger cette question de l’utilité de la langue française, singulièrement pour la jeunesse. Car, malheureusement, les exemples abondent d’entreprises issues de pays francophones qui ne favorisent pas suffisamment les compétences en français lors des recrutements. Cette question sera d’ailleurs au cœur des deux documents majeurs qu’adopteront les chefs d’État et de gouvernement lors du Sommet de Dakar : les stratégies « Jeunesse » et « Francophonie économique ».

grandes. Ce sont les jeunes qui en profitent en premier lieu. Grâce à ces innovations technologiques, de nouveaux liens se tissent, de nouvelles formes de solidarité naissent, d’immenses possibilités émergent ; les jeunes sont à l’avant-garde du progrès. C’est dans cette perspective que la Francophonie a adopté une stratégie numérique qui met les jeunes au cœur de l’action. Quels sont selon vous les grands défis que devra relever la Francophonie institutionnelle dans les années à venir ? A. D. : Je pense que, depuis 2003, nous avons déjà réalisé les réformes institutionnelles les plus importantes : l’OIF est aujourd’hui une organisation moderne, dont l’efficacité est unanimement reconnue par tous. Bien entendu, nous réfléchissons toujours à améliorer le fonctionnement de notre organisation, mais globalement les défis se situent ailleurs, selon moi. Il faut notamment

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continuer à travailler de manière transversale avec tous les opérateurs de la Francophonie, en mettant en place des programmes qui continuent de faire converger tous nos talents, comme c’est le cas pour le projet IFADEM ou ELAN, notamment. L’enseignement du et en français vous apparaît-il suffisamment développé, dans les pays francophones et dans les autres ? A. D. : Le français est la deuxième langue la plus apprise dans le monde et son enseignement se dispense dans tous les pays de la planète. Bien sûr, des différences se font jour entre les continents et si la progression est très impressionnante en Asie et surtout en Afrique du Nord, qui compte le plus d’élèves et d’étudiants qui choisissent le français, elle est plus modeste dans les Amériques. En Europe, malgré une légère baisse des effectifs entre 2010 et 2014, la langue française occupe encore la deuxième place dans l’enseignement primaire

et au début du secondaire et la troisième place dans les dernières années de ce cycle. Sur ce continent, le défi est celui de la diversité, avec une trop forte concentration de l’offre linguistique sur une seule langue qui a tendance à évacuer les autres langues alors que tout le monde s’accorde à reconnaître que l’avenir appartient aux personnes plurilingues. Au niveau mondial, ce qui frappe surtout, c’est qu’il existe une forte demande, qui s’exprime notamment par la multiplication des inscriptions dans les Alliances et Instituts français, en augmentation de 4 % par an ces dernières années. Cette augmentation s’accompagne d’un accroissement des jeunes adultes qui souhaitent obtenir une certification ou un diplôme de langue française dans une optique de valorisation professionnelle, ce qui démontre aussi la valeur proprement économique du français. Quel message aimeriez-vous adresser aux lectrices et lecteurs du Français dans le monde, professeur(e)s de français pour la plupart ? A. D. : Un message de reconnaissance et d’admiration pour le travail qu’ils accomplissent. Un message de soutien et d’encouragement aussi, qui se traduit dans les actions de coopération que l’OIF déploie. Les professeurs de français sont au cœur de la transmission et de la diffusion de notre langue. Ils ne transmettent pas seulement des savoirs ; ils communiquent bien souvent leur amour pour la langue française, pour sa richesse et sa beauté, pour la qualité et la diversité de sa littérature… Parfois dans des conditions très difficiles, au sein de systèmes éducatifs déficients, insuffisamment formés, peu rémunérés, en mal de reconnaissance, ils exercent leur métier avec passion. n

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L’avenir en français

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