REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS
// MÉTIER // N°408 novembre-décembre 2016
3
Le français, pont culturel entre le Brésil et l’Afrique La Mongolie, terre de FLE
// MÉMO //
Les douces paroles de l’Israélien Shemi Zarhin L’enfance bulgare d’Elitza Gueorguieva
// ÉPOQUE //
Madagascar, les trésors de la Grande Île Le «petit pays» du Franco-Rwandais Gaël Faye
// DOSSIER //
FIPF
NOUVELLES RÉGIONS :
LA FRANCE REBAT LES CARTES
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numéro 408
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tions complémentaires aux articles parus dans la revue, des prolongements pédagogiques au dossier… Téléchargez le PDF complet des derniers numéros de la revue. Fiches pédagogiques ■ Les fiches pédagogiques en téléchargement : des démarches d’exploitation d’articles parus dans Le français dans le monde et produits en partenariat avec l’Alliance française de Paris - Île-de-France. Dans les pages de la revue, le pictogramme « Fiche pédagogique à télécharger » permet de repérer les articles exploités dans une fiche.
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ENQUÊTE
LE FRANÇAIS, PONT CULTUREL ENTRE LE BRÉSIL ET L’AFRIQUE ÉPOQUE
08. Portrait
Gaël Faye, petit pays deviendra grand
10. Région
Madagascar : les trésors de la « Grande Île »
12. Tendance
Penser avec ses pieds
13. Sport
Tous aux abris !
14. Idées
« Réinventer une éthique de la coexistence »
16. Exposition
Abonné(e) à la version numérique Tous les suppléments pédagogiques sont directement accessibles à partir de votre édition numérique de la revue : n
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Objectif Hergé
17. Spectacle
Traduire pour le meilleur et pour le rire
18. Langue
« J’ai le culte de la lucidité et de la responsabilité »
20. Métiers des langues Orthophoniste
21. Mot à mot
Dites-moi Professeur
MÉTIER
24. Réseaux
DANS VOTRE ESPACE ABONNÉ SUR FDLM.ORG LES REPORTAGES AUDIO - Micro-trottoir : « frontière » -S ociété : quelle parité pour les hommes et les femmes dans les entreprises ? -C hanson : Benoît Dorémus -P atrimoine : le château de Chambord
26. Vie de prof DES FICHES PÉDAGOGIQUES POUR EXPLOITER LES ARTICLES -G raphe : « frontière » -B ande dessinée : Les Noeils, « Savant Orgueil » -M némo : L’incroyable histoire de la ponctuation
« Le français partage les mêmes valeurs que le mongol »
28. Focus
« Diffusion et promotion du français : des dépenses d’investissement »
30. Initiative
Les albums forment la jeunesse
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Le français dans le monde | n° 408 | novembre-décembre 2016
Le français dans le monde sur Internet : http://www.fdlm.org
Diversité et complexité des apprentissages en situation informelle
34. Manières de classe Chef d’un jour
36. Enquête
Le français, pont culturel entre le Brésil et l’Afrique
38. Que dire, que faire ?
Comment prononcer correctement les nasales ?
40. Tribune
Cours de français pour doctorants
42. Innovation
IFprofs : le réseau social des pros du français
MÉMO
60.À écouter 62. À lire 66. À voir
INTERLUDES 04. Graphe 24. Poésie
Jean-Joseph Rabearivelo : « Lire »
46. En scène !
Avec des si on referait Paris !
58. BD
Les Noeils : « Savant Orgueil » et « La Dure Vérité »
44. Ressources
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DOSSIER
NOUVELLES RÉGIONS : LA FRANCE REBAT LES CARTES
« Les anciennes régions fonctionnaient mal »..................................................... 50 Réforme du territoire, mode d’emploi............................................................... 52 Une journée au Conseil régional........................................................................ 54 Témoignages .................................................................................................... 56
OUTILS 68. Jeux
69. Mnémo
L’incroyable histoire de la ponctuation
68. Quiz
73. Fiche pédagogique Noms de lieux !
75. Fiche pédagogique
Halloween
Un concours d’histoires à voix haute et en équipe
69. Test
77. Fiche pédagogique
Articles indéfinis ou partitifs ?
édito
Frontière
Chef d’un jour
Définir la francophonie
P
our les chefs d’État et de gouvernement qui se retrouvent fin novembre au Sommet de la Francophonie d’Antananarivo, la francophonie se définit comme la communauté des « pays ayant le français en partage ». Ce numéro du Français dans le monde livre, comme à l’accoutumée, sa propre définition en reflétant l’actualité, le rayonnement et les opinions des francophones partout sur la planète. L’actualité politique en France, où la nouvelle carte des régions méritait bien un dossier pour saisir au mieux les enjeux d’une réforme territoriale d’importance. Le rayonnement culturel, avec Hergé, auteur de bande dessinée belge mis à l’honneur à Paris, ou avec le poète malgache Jean-Joseph Rabearivelo. Les opinions tranchées d’un écrivain né en Algérie, pays toujours en délicatesse avec la Francophonie institutionnelle, sur la langue française. Pour Kamel Daoud, écrire en français est « un choix libre, de passion, d’imaginaire et d’héritage ». Et la francophonie peut être « une voie pour rencontrer l’autre, lui parler et l’accepter ». Une belle définition. n Sébastien Langevin
© Stéphane Beaujean
32. Savoir-faire
Le français dans le monde, revue de la Fédération internationale des professeurs de français - www.fipf.org, éditée par CLE International – 9 bis, rue Abel–Hovelacque – 75013 Paris Tél. : 33 (0) 1 72 36 30 67 / Fax : 33 (0) 1 45 87 43 18 • Service abonnements : 33 (0) 1 40 94 22 22 / Fax : 33 (0) 1 40 94 22 32 • Directeur de la publication Jean-Pierre Cuq (FIPF) Rédacteur en chef Sébastien Langevin • Conseiller de la rédaction Jacques Pécheur • Secrétaire de rédaction Clément Balta • Relations commerciales Sophie Ferrand Conception graphique - réalisation miz’enpage - www.mizenpage.com • Commission paritaire : 0417T81661. 55e année. Imprimé par Imprimeries de Champagne (52000) • Comité de rédaction Michel Boiron, Christophe Chaillot, Franck Desroches, Manuela Ferreira Pinto, Isabelle Gruca, Chantal Parpette, Gérard Ribot • Conseil d’orientation sous la présidence d’honneur de Mme Michaëlle Jean, Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie : Jean-Marc Defays (FIPF), Loïc Depecker (DGLFLF), Franck Desroches (Alliance française), Cynthia Eid (FIPF), Youma Fall (OIF), Laurent Galissot (MAEDI), Stéphane Grivelet (FIPF), Évelyne Pâquier (TV5MONDE), Nadine Prost (MEN), Doina Spita (FIPF), Lidwien Van Dixhoorn (RFI), Jean-Luc Wollensack (CLE International).
Le français dans le monde | n° 408 | novembre-décembre 2016
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ÉPOQUE | LANGUE Accusé d’islamophobie à la suite de sa critique des événements de Cologne de fin 2015, frappé d’une fatwa en 2014 par un imam salafiste, l’ex-rédacteur en chef du Quotidien d’Oran (ville où il vit toujours) Kamel Daoud a décidé de renoncer au journalisme pour, dit-il, « rêver de littérature ». Témoignage d’un écrivain qui garde les yeux ouverts. PROPOS RECUEILLIS PAR CLÉMENT BALTA
« J’AI LE CULTE DE LA LUCIDITÉ ET DE LA RESPONSABILITÉ » En tant que romancier algérien, est-ce un choix significatif pour vous d’écrire en français ? Kamel Daoud : C’est un choix libre, de passion, d’imaginaire et d’héritage. La langue française fait partie de l’histoire algérienne. Blessure désormais heureuse de la colonisation malheureuse. Elle fait aussi partie de mon enfance : à l’école l’enseignement et donc les devoirs se faisaient en arabe. Au retour, chez moi, à la maison de mes grands-parents, je lisais des romans en français, trouvés là par « hasard », abandonnés, portant des univers fabuleux, des personnages fascinants et qui cultivaient en moi le désir du voyage, de l’apprentissage et de la rêverie. Le français naquit en moi comme langue du plaisir. Je l’ai adopté pour écrire.
Kamel Daoud est un écrivain algérien. Il a publié plusieurs ouvrages, notamment un recueil de nouvelles, Le Minotaure 504 (Barzhak 2008, Sabine Wespieser 2011) et un roman, Meursault, contre-enquête (Barzakh 2013, Actes Sud 2014), lauréat du prix des Cinq continents.
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Écrivez-vous également en arabe ? Ou quelle part occupent respectivement la langue française et la langue arabe, dans votre travail ou votre vie, vous qui vivez en Algérie ? En Algérie, on ne parle pas « arabe » au sens strict du terme ; la langue dite classique reste celle du discours politique ou de la liturgie et de la presse parfois, mais pas de la publicité par exemple, ni du triptyque de la vie : la mort, l’amour, la fortune. Langue officielle aux côtés de langues communes, vivantes : l’amazigh, l’algérien ou autre. Ces langues m’enrichissent quand je m’y intéresse, quand je les pratique. Leurs parts sont celles de l’usage, de l’apprentissage, de l’imaginaire ou de la quête. Selon les cas et les cycles. Un jour mon fils m’a demandé pourquoi apprendre tant de langues dans la vie. J’ai répondu que les langues sont comme des fenêtres : plus elles sont là, plus la maison du monde est éclairée. Je n’écris plus en arabe par manque d’occasion et par habitude, mais j’y reviendrai si j’en sens le désir ou la nécessité.
Quelle est selon vous la situation du français en Algérie (et notamment son enseignement) ? Malgré un discours idéologique et politique de déni et malgré le faux débat animé par les conservateurs, le français reste langue d’usage, de commerce, de prestige social, de
possibilité d’emploi ou d’ouverture vers le monde. Le français en Algérie a ses écrivains, ses enseignants, ses journaux, ses éditeurs et son public. Cette langue n’est pas le choix d’un pays ou d’un exil, mais le choix d’enrichir ce pays, le mien. Avec Meursault, contreenquête, vous vous attaquiez à un « monument » de la littérature française et aussi à un exercice de style : réécrire L’Étranger du point de vue de « l’Arabe ». Était-ce pour vous une manière de vous inscrire dans la relation, riche et complexe, de ces deux pays ? Le choix de ce roman, de cette histoire de l’histoire est complexe. Il procède d’un récit collectif : la représentation de l’Algérien durant la période coloniale, la représentation de l’Autre et de l’altérité en général. Ce livre est peut-être une nécessité de l’histoire même s’il faut être prudent en mêlant littérature et militantisme. Il est aussi un choix intime : L’Étranger de Camus me parle, parle de moi, parle sans moi. J’ai rêvé d’un équilibre de sens
Le français dans le monde | n° 408 | novembre-décembre 2016
© DR
« La francophonie peut être une voix et une voie pour rencontrer l’autre, lui parler et l’accepter Elle est acceptation des différences enfin dites »
et d’interrogations. J’ai aussi manqué de livres durant mon enfance : mon désir d’en écrire vient de mon désir d’en lire : j’écris les suites manquantes des beaux romans, je rêve de bâtir des versions inattendues des grands chefs-d’œuvre. Par la suite, le lecteur peut être plus riche, par sa lecture, que l’écrivain ! Alors on peut lire dans ce roman une sorte de désir de noces heureuses d’une histoire dure et complexe. On parlait à l’époque de Camus de littérature engagée. Du point de vue du romancier mais aussi du journaliste, cela a-t-il encore un sens pour vous ? Je change d’instrument, pas de musique. Mes convictions, je pense mieux les défendre avec la hauteur
« L’engagement est un mot qui a peut-être mal vieilli, mais pas sa nécessité (...) on écrit pour se défendre et défendre ses idées »
(par rapport à l’actualité) de la littérature. L’engagement est un mot qui a peut-être mal vieilli, mais pas sa nécessité. Il est des moments où le sens de la métaphore approche celui du slogan… Alors on écrit pour se défendre et défendre ses idées. Car l’idée même d’écrire s’en retrouve menacée par des totalitarismes ambiants et des séductions faciles. Il est facile d’avoir un avis, il est difficile d’avoir une vision. Je reste un homme qui défend sa liberté et c’est une définition mineure de l’engagement si on veut, mais cette défense se fait par l’acte même d’écrire. Cela restaure au mot engagement son sens ancien : on fait partie d’une histoire mais on célèbre aussi le mythe (de la liberté). On écrit des romans qui ne cèdent pas aux modes de l’histoire justement pour que l’histoire ne devienne pas une prison facile. Que répondez-vous à ceux qui disent que vous servez la soupe aux tendances réactionnaires (en France) ou que vous trahissez votre propre culture (en Algérie) ?
Le français dans le monde | n° 408 | novembre-décembre 2016
Je ne suis pas dans la traîtrise mais dans l’infidélité amoureuse : j’ai le culte de la lucidité et de la responsabilité. Mes écrits peuvent être repris ailleurs, pour servir, en Occident par exemple à un discours de l’extrême droite. Mais que faire ? Me taire sur nos tares pour ne pas être utilisé par des adversités étrangères ? Le silence sur soi n’est-il pas complicité de crime ? Je suis responsable de ce que j’écris, pas des interprétations des autres. Internet a introduit la difficulté du lecteur universel qui lit des écrits particuliers, destinés à un lectorat précis. Faut-il désormais ne pas écrire pour ne pas être détourné du sens de ses écrits ? Non. La France est un pays avec qui j’ai un rapport sain, égal, passionné mais sans servilité pour les modes. Je vis en Algérie, je lutte contre le déni de nos propres actes au nom de l’accusation devenue fourre-tout du discours anticolonial. L’Occident n’est, pour moi, ni juste, ni injuste : il a commis un crime mais ce crime ne doit pas cacher nos responsabilités, à nous, ici et maintenant. Fallait-il se taire sur les crimes du communisme derrière le mur de Berlin pour ne pas servir la soupe aux réactionnaires de l’Europe du siècle dernier ? Je fais mon choix : je préfère être accusé de trahison que de me taire sur nos sorts et sur le monde que nous léguons à nos enfants. La France est une passion, pas mon pays. Je ne la sers pas mais je converse avec elle. Je n’y suis pas soumis mais, parfois amoureux, parfois indifférent. Je
refuse la complicité culturelle au nom de la méfiance idéologique envers l’autre. D’autres écrivains arabes ou algériens, tel Boualem Sansal (voir FDLM 404), produisent des récits « engagés ». Au regard de ce qui se passe aujourd’hui en France et de tout ce qui a pu se passer notamment en Algérie lié à l’extrémisme, existet-il selon vous une voix arabe francophone, capable d’une parole qu’elle seule peut porter ? Il existe des voix de liberté, en arabe ou en français. Cela ne change rien. La scène littéraire dans le monde dit arabe est riche aussi parce que la crise est profonde et les enjeux terribles, que le sens des actes et des mots y engagent les vies et les morts. La voix de l’autre côté du mur est plus légitime, sonne avec le tragique de la mise en jeu de sa vie et de celle des autres qui n’écrivent pas mais agissent avec de plus admirables engagements. Tout récit devient engagé, malgré soi, quand les libertés sont en jeu. On en devient « engagé » car on est déjà « embarqué ». Enfin, qu’est-ce que la francophonie pour vous ? On dit, on prévoit que l’avenir de la langue française se situe en Afrique : qu’en pensez-vous ? J’ai aimé répéter, à plusieurs occasions, une réponse simple : la francophonie se porte, parfois, mieux que la France, la dépasse. La francophonie peut être une voix et une voie pour rencontrer l’autre, lui parler et l’accepter. Elle est acceptation des différences enfin dites. Enfin enrichissante par une même expression. J’avais répondu, dans un discours de remerciement pour un prix que « si la langue française n’est pas ma langue maternelle, ni ma langue paternelle, elle peut être une langue fraternelle » ; j’y crois. n
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MÉTIER | QUE DIRE, QUE FAIRE ? Le français et les nasales, voilà toute une histoire ! Si la langue française est appréciée pour sa grande diversité de sons, les nasales incarnent néanmoins une difficulté phonétique majeure pour les apprenants de nombreux pays. Comment former ces sons bien particuliers, ne pas être gêné d’imiter l’accent français, ne pas avoir peur du ridicule ? Dans presque chaque formation de formateurs, lorsque nous abordons des jeux pour travailler la phonétique, un enseignant me demande : « Et qu’est-ce que vous avez pour les nasales ? ! » Cette question nous l’avons reposée à la communauté des enseignants via nos réseaux sociaux et c’est donc avec beaucoup de plaisir que je partage dans ce numéro les nombreux trucs et astuces de collègues à travers le monde. Bonne lecture !
P
our aider mes élèves à prononcer correctement les nasales, j’utilise la méthode d’apprentissage gestuelle de la lecture initiée par Suzanne Borel-Maisonny dans son livre Bien lire et aimer lire. Chaque geste représente un son nasal. Par exemple, pour le son « on », j’appuie sur ma narine droite en formant un cercle avec mon index et mon pouce.
J
e demande aux élèves de mimer à partir d’objets de la vie quotidienne, comme le bruit que fait un camion, un avion, une voiture qui freine. Les élèves doivent d’abord avoir la bouche fermée. Ensuite, en imitant le professeur, ils doivent essayer de faire le même son, avec la bouche ouverte. Les élèves accompagneront le son avec le mouvement de l’avion, ou de la personne qui guide la voiture par exemple.
YAEL ZINGG, Suisse CELINA SERRANO RUIT, Espagne
COMMENT PRONONCER COR
D
ans la phonétique articulatoire, je demande à mes apprenants de me faire une liste de mots, groupes de mots et phrases comprenant essentiellement des nasales. Je leur demande ensuite de les apprendre par cœur et de venir les articuler à voix haute devant toute la classe. Ils procèdent donc par répétition et automatisme les aidant finalement à s’approprier définitivement la prononciation des phonèmes en question.
I
l existe différentes techniques : d’abord commencer par des exercices de discrimination auditive. Ensuite, partir des sons simples correspondants et travailler à l’aide d’un miroir, en binôme. Puis faire répéter des virelangues avec ces sons. Faire ensuite écouter un texte à trous où ils doivent indiquer le son qu’ils ont entendu. Enfin, faire un petit jeu de rôle préparé à l’avance où les différentes nasales apparaîtront. SUZANA BARBERO, Espagne
ANNE VANGOR, Chili
J
e leur fais voir la différence en me pinçant le nez !
HAYDÉE SILVA, Mexique
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Le français dans le monde | n° 408 | novembre-décembre 2016
J
e commence en révisant (ils me donnent des mots) les « mots-nasales » qu’on a déjà rencontrés en classe. Je leur donne environ 5-6 minutes pour pratiquer/essayer les sons en groupe et essayer de trouver des règles possibles à suivre quand on veut les prononcer. Après, j’anime une mise en commun et nous essayons de prononcer les mots ensemble. Puis, je passe un CD avec les vrais sons originaux. On compare nos résultats. Je note leurs « règles » sur le tableau (avec des petits changements si nécessaire) et après nous pratiquons les sons avec des virelangues. Enfin, je crée un poster avec les règles des élèves et je les mets au mur ou je fais des marque-pages.
J
’organise un concours au cours duquel deux ou davantage d’équipes s’affrontent. Je donne un mot et un geste ; les joueurs doivent trouver l’antonyme (le contraire du mot) qui contient la nasale indiquée par le geste (le geste rappelle les caractéristiques articulatoires du son nasal à inclure : paume grande ouverte et légèrement arrondie pour le A nasal, paume arrondie et doigts serrés tous ensemble pour le O nasal, pouce et petit doigt tendus et autres doigts pliés pour le E nasal). La première équipe à trouver le mot en le prononçant correctement remporte un point. Par exemple, si je dis : « Il n’est pas PETIT, il est… », en montrant la paume ouverte, le premier joueur qui dit « grand » gagne. Il y a beaucoup de mots accessibles dès le niveau débutant : noir/blanc, aujourd’hui/demain, mauvais/bon…
J
’ai découvert récemment une page de TV5Monde avec deux petites vidéos très intéressantes pour les nasales. Voici le lien : https ://goo. gl/ntKbl0. Les apprenants peuvent ensuite enregistrer leur voix sur le site et s’écouter. ALAIN GÉRARD, France
N
ous faisons du yoga en associant chaque geste à une nasale. Les nasales sont très présentes dans les exercices de yoga ! Cela à la fois détend et permet une meilleure mémorisation. Vous trouvez des exemples illustrés sur YouTube.
ANASTASIA MÉGALOKONOMOU, Grèce LAURA DUNNE, Irlande
AURÉLIE DOIZELET, Australie
RECTEMENT LES NASALES ? À RETENIR
Une chose est sûre, nous pouvons les guider, leur servir de modèle, mais en aucun cas prononcer à leur place. Les apprenants doivent ressentir en eux la sensation produite au moment d’émettre ces sons. Associer des gestes aux nasales ou aux mots les contenant, comme le propose Anastasia, Yael ou Aurélie aide les apprenants à différencier les sons et mieux les mémoriser. Il y a souvent un blocage de départ, dû à une timidité ou une peur du ridicule. Les nasales ne sont pas plus difficiles à prononcer que d’autres sonorités, nous les utilisons tous sans le vouloir lorsque nous avons le nez bouché. C’est ce que nous rappelle très justement Haydée ! Imiter, voire caricaturer l’accent français est une activité à la fois drôle et efficace. Comme cela a été proposé par Suzana et Dorothea il est également possible
de faire prononcer des phrases pré-faites, comme les virelangues en veillant toutefois à bien les choisir pour ne pas complexifier encore davantage l’apprentissage. Ces phrases peuvent être apprises comme le propose Anne, mais là encore il est indispensable pour les apprenants d’avoir un modèle phonétique afin de ne pas mémoriser par cœur des erreurs de prononciation. Enfin, qu’il s’agisse de phonétique, de grammaire ou de lexique, il est souvent intéressant de mettre en place une approche réflexive, comme celle proposée par Laura en demandant aux apprenants d’établir leurs propres règles à partir de leurs expérimentations. Un grand merci aux collègues qui ont bien voulu partager leurs pratiques de classe, ainsi qu’au Cavilam pour avoir collecté cet été des réponses auprès de leurs stagiaires. Rendez-vous sur l’onglet Forum de notre page Facebook pour participer aux prochains numéros. n
Merci aux personnes qui ont partagé leur expérience. Rendez-vous sur le Facebook du FDLM à la rubrique forum pour participer au prochain numéro. Le français dans le monde | n° 408 | novembre-décembre 2016
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M
es apprenants s’entraînent d’abord à prononcer les trois nasales séparément comme unités de son hors contexte. Puis, j’aime les inciter à apprendre par cœur des virelangues et à les présenter en exagérant l’articulation de ces trois sons avec des grimaces. Cela les fait bien rigoler et ils arrivent mieux à utiliser la prononciation correcte de ces sons qui n’existent pas dans leur langue maternelle. Exemples de phrases : Ma maman prend ses gants. / Dans ta tente, ta tante t’attend. / Marion aime son tonton qui tond son gazon. / Le nain se tient dans le jardin. Après, on fait une liste de mots contenant des nasales et les apprenants s’amusent à créer leurs propres virelangues avec. © SHUTTERSTOCK
Nez à nez avec les nasales
DOROTHEA BACHERT, Allemagne
RUBRIQUE ANIMÉE PAR ADRIEN PAYET www.fle-adrienpayet.com
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DOSSIER |
41 863 KM
2
Taille moyenne des nouvelles régions, contre 24 737 km2 auparavant
4,8 MILLIONS d’habitants en moyenne par nouvelle région, contre 2,9 millions dans l’ancien découpage
987
habitants au km2 pour la région île-de-France, contre 36 habitants au km2 pour la Corse
NOUVELLES RÉGIONS : LA
E
n cette année 2016, l’Hexagone aura redessiné ses frontières intérieures. La France métropolitaine compte désormais près de moitié moins de régions qu’auparavant. C’est le dernier mouvement d’une réforme territoriale plus vaste qui vise notamment à rapprocher les citoyens des différents centres des pouvoirs politiques et institutionnels. Les Françaises et les Français devraient donc y voir plus clair dans le « millefeuille » administratif, superposition de niveaux de décision trop complexe et peu lisible. Autre ambition de cette réforme : donner une meilleure visibilité aux territoires français sur la scène européenne et internationale, en termes économique, touristique et culturel. En interrogeant un géographe, en suivant une élue régionale, en questionnant des citoyens, ce dossier souhaite donner une image concrète de ce nouveau visage de la France. Car au-delà des frontières, pour les professeurs de français langue étrangère, ces éléments de « civilisation française » peuvent également jouer un rôle important dans l’enseignement. n FICHE PÉDAGOGIQUE À RETROUVER EN PAGES 73-74
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Le français dans le monde | n° 408 | novembre-décembre 2016
84 096 KM
2
pour la région Nouvelle Aquitaine, une superficie plus grande que l’Autriche
Une région correspond à une société cohérente d’un point de vue social, politique et économique, un espace du quotidien qui fait sens à l’échelle de la vie des individus »
FRANCE REBAT LES CARTES
13 RÉGIONS en France métropolitaine depuis le 1er janvier 2016
22 RÉGIONS 7 RÉGIONS auparavant depuis 1970
métropolitaine résultent de la fusion de 2 ou 3 anciennes régions alors que 6 restent identiques Les 5 RÉGIONS D’OUTRE-MER (Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et Réunion) demeurent inchangées
Le français dans le monde | n° 408 | novembre-décembre 2016
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MÉMO | À ÉCOUTER CHANSONS D’EXIL
Cela fait de longs mois que le monde affronte « la pire crise de réfugiés » depuis la Seconde Guerre mondiale. Hommage ici en chansons aux exilés et victimes de conflits. Alain Souchon avait sorti le titre « C’est déjà ça » en 1993. Cette chanson consacrée aux difficultés de l’immigration reste on ne peut plus actuelle. Elle décrit l’histoire d’un homme qui a quitté le Soudan pour rejoindre Paris et rêve de voir un jour son pays se soulever.
TROIS QUESTIONS À RADIO ELVIS
RADIO ELVIS
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COUPS DE CŒUR
À L’ASSAUT DES GRANDS ESPACES
Juliette avait enregistré en 2008, dans Bijoux et babioles, « Aller sans retour », une chanson qui évoque les enfants poussés sur les routes de l’exil. Un texte inspiré par les visages de ceux et celles qui attendent à Calais de passer en Angleterre. La 1re chanson d’Enrico Macias (composée en 1961), « Adieu mon pays », deviendra vite l’hymne de nombreux rapatriés d’Algérie, où la guitare acoustique sert une mélodie simple et lente. Bien plus tard, il écrira « Paris tu m’as pris dans tes bras ». Le rappeur français originaire du Congo-Brazzaville Abd Al Malik avait écrit « Gibraltar » en 2006. Il y décrit ces exilés du Sud qui perçoivent le Nord comme un eldorado : « Sur le détroit de Gibraltar, y a un jeune Noir qui pleure un rêve qui prendra vie, une fois passé Gibraltar ». Dans les années 70, Pierre Perret était connu pour ses titres « comiques ». Mais avec « Lily », il impose une chanson grave et tendre qui raconte l’histoire d’une Somalienne à Paris et décrit les préjugés racistes auxquels elle doit faire face au quotidien. Les tracas rencontrés par l’immigrant qui débarque dans la capitale française, c’est aussi le thème de l’un des succès du chanteur ivoirien de reggae Tiken Jah Fakoly. En 2007, il a repris en français la chanson de Sting « Englishman in NewYork », devenue « Africain à Paris » : « Un peu en exil / Étranger dans votre ville ». « Sodade » fut l’une des chansons qui fit connaître la capverdienne Cesária Évora au début des années 90. Le texte évoque l’histoire de deux êtres qui s’aiment mais que l’exil va séparer. Le chanteur canadien d’origine rwandaise Corneille avait dû fuir son pays pendant le génocide de 1994 après avoir assisté au massacre de ses parents. La chanson « Les Sommets de nos vies » dans Entre Nord et Sud (2013) évoque ce tragique destin : « Si j’avais su avant de quitter que les allers simples ça n’existe pas »… n
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Radio Elvis est le jeune groupe à connaître absolument. Leur premier album, Les Conquêtes (FDLM 405), est un joyau littéralement rock : tension, espace, qualité des textes, montée en puissance de la musique… Un pari : Radio Elvis est le futur du rock français. PROPOS RECUEILLIS PAR J.-C. DEMARI
Votre groupe trouve ses racines dans les pays de la Loire…
Pierre Guénard, chanteur et guitariste : Oui, je suis né à Laval, Colin Russeil, notre batteur et clavier, dans les Deux-Sèvres – et Manu Ralambo, notre bassiste et guitariste, au Mans. Je me souviens encore des musiques de mon enfance. Mes parents écoutaient des artistes très divers : Souchon, Souad Massi, AC/DC, Joe Cocker… Et Johnny Hallyday aussi (rire) ! Manu Ralambo : Chez moi, c’était violon classique, variétés et Led Zeppelin… Colin Russeil : Mes parents sont musiciens. Alors, ils m’ont mis au piano, avec, en fond, Neil Young, les Beatles, Jacques Dutronc… Quand on écoute vos deux titres vedettes, Les Pyramides et Les Moissons, on se dit que vous avez tout compris d’Alain Bashung et de Dominique A…
Colin Russeil : Nous avions plutôt envie de nous détacher du côté Bashung, d’aller vers un son plus urbain, comme celui des New Yorkais de LCD Soundsystem…
Pierre Guénard : Je suis heureux de cette filiation, mais c’est, à mon avis, plus un bel accident qu’une influence. Le côté énigmatique de Bashung me plaisait, dans ses albums de 1994 ou 1998, avec des titres comme « Un âne plane » ou « Malaxe ». Mais aucun de nos titres n’est un hommage. Peut-être écoutions-nous Bashung à fond juste avant l’enregistrement du morceau, en janvier 2016 (rire)… Quant à Dominique A, je le reconnais, il m’a toujours enthousiasmé par son côté féminin et son lyrisme. C’est grâce à lui que j’ai découvert la mélodie. Mais nous revendiquons aussi l’influence du prodigieux groupe rennais Marquis de Sade (Ndlr : 1977-1981) et de son chanteur, Philippe Pascal. Contrairement à d’autres groupes hexagonaux, vous avez choisi de chanter en français…
Pierre Guénard : Ce n’est pas un choix de chanter en français ! Le choix n’est fait que par ceux qui chantent en anglais ! Cela dit, les textes sont pour nous un instrument. De ce côté-là, nous ne sommes donc, effectivement, pas trop dans la chanson française, où les paroles sont premières : dès que mon texte commence à prendre forme, c’est en musicien que je pense, c’est à dire à ce que vont en faire Manu et Colin… Notre démarche est de faire vivre la langue française avec une musique plus internationale. Je ne me suis jamais posé la question « français ou anglais ? »… J’utilise les instruments que j’ai entre les mains : la guitare et le français. n
Le français dans le monde | n° 408 | novembre-décembre 2016
PAR JEAN-CLAUDE DEMARI ET EDMOND SADAKA
CONCERT ET TOURNÉES DANS LE MONDE : NOS CHOIX Avec Francophonie Diffusion : francodiff.org
JAIN Au Luxembourg le 30 novembre (Esch-sur-Alzette) MANU KATCHÉ En Espagne le 11 novembre (Betera Valencia). En Suisse le 16 mars 2017 (Morges) KEREN ANN En Belgique le 10 décembre (Bruxelles) LA FEMME En Grande-Bretagne le 17 novembre (Londres). L.E.J. En Belgique le 4 décembre (Bruxelles) IBRAHIM MAALOUF En Allemagne le 24 novembre (Darmstadt, Hesse) GREGORY PORTER En Allemagne les 4, 5 et 6 novembre (Leverkusen, Aalen, Ingolstadt) GASPARD ROYANT En Suisse le 4 août (Avenches). RENAUD
LIVRES À ÉCOUTER PAR SOPHIE PATOIS « En une année, celle de ses vingt ans, elle fut fiancée officiellement, mariée religieusement, installée bourgeoisement, ardemment fécondée et douloureusement accouchée... » Ainsi débute L’Elégance des veuves, roman d’Alice Ferney publié en 1995 et adapté au cinéma par Tran Ahn Hung sous le titre d’Éternité en septembre 2016. Avec brio, l’auteur chronique des destins féminins en enfilade avec leurs secrets de chair et de sang. La voix rauque et profonde de Dominique Reymond amplifie le propos et donne à ces histoires implacablement imbriquées dans le deuil et la douleur de l’enfantement, une authentique élégance. Dans un tout autre espace-temps, Les Choses de Georges Perec publié en 1965, rend manifeste à travers le quotidien d’un couple des années 60, les débuts d’une prise de conscience de ce que l’on nomme couramment « la société de consommation ». Avec malice et intelligence, l’auteur qui fut d’ailleurs récompensé aussitôt par le prix Renaudot, déconstruit habilement l’édifice sociologique de ces Trente Glorieuses happées par un besoin de confort matériel. Un texte littéraire de référence, bien sûr, lu ici par Raphaël Personnaz. n
EN BREF Nous aimons le Suisse Jérémie Kisling, depuis son 1er album, Monsieur Obsolète, en 2003. Voix superbe et textes intimistes se retrouvent sur son 5e opus, Malhabiles. 11 morceaux introspectifs et pop, qui culminent avec « On ne sait faire que danser » et, à ses antipodes, le métaphysique « Par-dessus la terre ». Il a voyagé de l’Afrique à l’Amérique du Sud et à la Chine. Il a été professeur de FLE à La Serena (Chili). Le rappeur Vincha, avec Hippocampe Fou ou Kacem Wapalek, rend au rap à textes son lustre, 20 ans après « Obsolète » de MC Solaar. Son 2nd album, Qui dit mieux, présente 11 titres drôles, autobiographiques – et excellents.
L’Élégance des veuves d’Alice Ferney (Audiolib), lu par Dominique Reymond Les Choses de Georges Perec (Audiolib) lu par Raphaël Personnaz
IMANY : LE BON GENRE MUSICAL Née à Martigues dans le Sud de la France, Imany (de son vrai nom Nadia Mladjao) puise ses origines aux Comores, dans l’océan Indien. Son nom d’artiste signifie « foi » en swahili. La belle trentenaire, ancienne mannequin (notamment pour Yves Saint Laurent), possède une superbe voix rauque et grave, repérée il y a quelques années dans les clubs de jazz parisiens, notamment dans la prestigieuse salle du New Morning. Sa participation à l’émission « La Musicale » sur Canal+ aux côtés de la star américaine Alicia Keys la révélera au grand public. Après un premier album en 2011 (Shape of
En Belgique les 8 et 9 novembre (Bruxelles). En Suisse le 26 janvier 2017 (Genève) SOVIET SUPREM En Suisse le 11 décembre (Bassecourt) WAX TAILOR En Belgique le 6 décembre (Bruxelles)
Le français dans le monde | n° 408 | novembre-décembre 2016
Le Québécois Louis-Jean Cormier a fondé en 1998 le groupe Karkwa. Il revient avec Les Grandes Artères, son 2nd album solo. Derrière une belle folk orchestrale, il chante aussi bien la ville que les détresses du cœur, avec les beaux « Si tu reviens » et « Le jour où elle m’a dit je pars ». 3 ans après Les Amants parallèles, Vincent Delerm fait son retour avec À présent, son 6e album studio. Avec des invités de marque : Benjamin Biolay, avec qui il interprète « Les chanteurs sont tous les mêmes », ou Jane Birkin, pour un extrait sonore sur Gainsbourg.
a Broken Heart) qui s’est vendu à 400 000 exemplaires, elle en sort aujourd’hui un second entre folk et gospel, The Wrong Kind of War, littéralement « le mauvais genre de guerre ». Sur la pochette, une petite fille les bras croisés devant des barbelés. Un engagement qu’on retrouve dans l’un des titres, « There Were Tears », qui met à l’honneur une icône disparue, l’ancien président sud-africain Nelson Mandela. n E. S. Les plus audio sur WWW.FDLM.ORG espace abonnés
C’est le groupe français qui monte : La Femme revient avec un 2nd opus baptisé Mystère. Le rock énergique de cette formation (composée de 5 garçons et 1 fille) explore désormais des territoires tels que le rap, ou même l’orchestration « classique ». Les téléspectateurs avaient pu découvrir Claudio Capéo dans la saison 5 de « The Voice ». Cet Alsacien de 31 ans à la voix puissante (il avait débuté dans les couloirs du métro) sort un 1er album qui met à l’honneur les chansons de rue. Le disque a réussi l’exploit de se classer n° 1 des ventes en France grâce au titre « Un homme debout ». n
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Il est temps de changer !
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