Fleenfrance5 fdlm#404 mars2016

Page 1

le français dans le monde

REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS

// ÉPOQUE // N°404 mars-avril 2016

3

Val d’aoste, l’ Italie à la française Frédéric Chau, un acteur entre France et Asie

// MÉTIER //

Dienke, une vie de prof aux Pays-Bas r iv-fcomte.f

L’approche par compétence pour les temps verbaux en Algérie

mars-avril 2016 LES NOUVEAUX ENJEUX DU TOURISME LINGUISTIQUE

LES NOUVEAUX ENJEUX DU TOURISME LINGUISTIQUE // MÉMO //

FIPF

9 782090 370973

// DOSSIER //

N°404

ISSN 0015-9395 9782090370973

-

UNIVERSITE D’ETE 2016 | BESANCON

15 €

Enseigner le français autrement

Photos © L. Godard - UFC et © E. EME – Grand Besançon

n www.cla.u

Ryoko Sekiguchi, pont littéraire entre la France et le Japon

L’ Afrique du film d’animation Adama


MÉTIER | FLE EN FRANCE Table ronde lors de la journée d’étude « Migrer d’une langue à l’autre » du 18 novembre dernier.

La langue maternelle des nouveaux arrivants est « un véritable point

aveugle du système scolaire français »,

selon Jean-Luc Vialenc, du Casnav. Une question sur laquelle les pédagogues et didacticiens se penchent néanmoins activement. TEXTE ET PHOTOS PAR MARIANNE MÉNIVAL

NOUVELLES PERSPECTIVES

POUR UNE INTÉGRATION RÉUSSIE

Q

uelles langues parlentils, ces nouveaux élèves qui franchissent le seuil de la classe d’accueil, en région parisienne et ailleurs ? C’est en effet la première question que posent les élèves à l’annonce d’un nouvel arrivant, mi-réjouis à l’idée de rencontrer un camarade parlant la même langue, mi-curieux de comprendre comment fonctionne sa langue, à lui. Le professeur peut se sentir un peu démuni face aux pluies de questions quand les langues sont lointaines, quelque peu exotiques ou rares. Le projet « Langues et grammaires en Île de France » (LGIDF), dirigé par le laboratoire « Structures formelles du langage » du CNRS, en partenariat avec Paris 8, répond à ces demandes nombreuses. Le mercredi 18 novembre 2015, lors de la journée d’étude « Migrer d’une langue à l’autre », organisée par la

Marianne Ménival enseigne le français au collège Louis-Paulhan de Sartrouville (France).

28

DGLFLF (Délégation générale à la langue française et aux langues de France) au Musée national de l’histoire de l’immigration, Anne Hertz et Dominique Levet ont en effet annoncé que sur le site lgidf.cnrs.fr seront désormais publiées de riches informations relatives aux langues parlées en Île de France. Trentedeux langues sont répertoriées. Les intéressés pourront s’instruire au sujet de chacune, du point de vue de sa grammaire, de sa phonologie et auront accès à une fiche didactique résumant ses caractéristiques majeures. On peut aussi consulter un lexique de base, des textes lus avec la bonne phonologie, des jeux… L’intérêt est de taille. Enfin une démarche ambitieuse et scientifique permettant de mieux appréhender la langue de l’autre !

d’ailleurs été proposé aux enseignants et chercheurs présents lors de la journée d’étude. Lors d’un atelier proposé par Maryse Adam-Maillet et de Mickaël Rigolot (Casnav de Besançon), le public a pu se mettre dans la peau d’un nouvel arrivant découvrant – entre autres – un exercice de géométrie en russe. Ce genre de pratique permet aux

professeurs de prendre conscience du niveau de difficulté auquel sont confrontés les nouveaux arrivants. Exercice qu’il serait bon de faire pratiquer à l’ensemble des équipes pédagogiques d’un établissement disposant d’une section d’accueil, et consultable sur la plateforme M@gistère de l’Éducation nationale, qui propose un parcours de

Avantages du plurilinguisme

L’initiative n’a pas qu’une valeur informative, elle permet aussi de se mettre dans la peau de l’apprenant allophone, en étudiant sa propre langue. Un exercice de ce type a

Road to exile, de Barthélémy Toguo, œuvre des collections du Musée de l’histoire de l’immigration. Le français dans le monde | n° 404 | mars-avril 2016


formation en ligne spécifiquement dédié aux professeurs d’UPE2A (Unité pédagogique pour élèves allophones arrivants). C’était en effet la ligne directrice de cette journée sur le thème de la migration d’une première ou de premières langues à la langue française : lutter contre la stigmatisation des langues d’origine et trouver des outils pour aider le nouvel arrivant à prendre conscience de ses atouts. Florence Giraud, professeur des écoles, a exposé en ce sens les travaux effectués avec ses élèves, à Sète, dans la section UPE2A. Le Palais de la Porte Dorée, construit lors de l’Exposition coloniale de 1931, abrite aujourd’hui le Musée national de l’histoire de l’immigration.

Zones d’écarts entre les langues

Gérard Vigner ne dit pas autre chose, lorsqu’il analyse, au cours de la conférence donnée le mercredi 13 janvier 2016 à l’Alliance française de Paris Île-de-France, intitulée « Formes et usages dans l’enseignement du français auprès des élèves allophones ». Après avoir décrit les différents enjeux et exigences de l’apprentissage de la grammaire dédiée aux élèves allophones, il propose une analyse minutieuse de différentes typologies d’exercices, pour en arriver à cette conclusion : « pas d’exercice sans référence à une description linguistique ». Or, il est autant de descriptions linguistiques que de théories grammaticales et, en dernière ana-

COMPRENDRE L’INCLUSION SCOLAIRE Quel sens donner à l’inclusion scolaire ? L’expression n’est pas si familière, même pour les enseignants. Pourtant, la majorité d’entre eux accueillent des élèves en situation de handicap dans leur classe, reçoivent en cours d’année des enfants arrivant de l’étranger ou issus de familles de voyageurs, se débattent avec les difficultés scolaires d’enfants diagnostiqués comme « dys », intellectuellement précoces ou autres. Mentionnée dans de nombreux textes

officiels, « l’inclusion » nécessite une compréhension, une appropriation et une mise en œuvre réfléchie. Si le terme existe depuis de nombreuses années, il est aujourd’hui réactivé dans un contexte à la fois scolaire et social. Quelles sont les origines de cette notion ? Quels sont les objectifs fixés ? Comment est-on passé d’une vision intégrative de l’école à une vision inclusive ? Quels élèves sont concernés ? Quels sont les dispositifs existants ? À quelles pratiques pédagogiques cor-

Le français dans le monde | n° 404 | mars-avril 2016

lyse, on se rend compte en parcourant les méthodes de FLS que le renouvellement des pratiques, depuis les années 1960, est faible, et en lien étroit avec les descriptions grammaticales françaises traditionnelles. Il est pourtant évident que le français, langue analytique, à syntaxe positionnelle, diffère dans son système des langues variées représentées dans nos classes de français comme langue seconde. Il s’agirait, dans la pratique quotidienne de l’enQ U E L

S E N S

L A I R E

COMPRENDRE L’INCLUSION SCOLAIRE

Éric Leclerc, géographe de l’université de Lille I, est également venu parler de l’innovation dont il est le spécialiste : les e-diasporas atlas, qui permettent de suivre les flux de migration grâce à Internet, c’est-àdire à travers l’étude des réseaux sociaux. Elles gardent une trace de ce qui est voué à l’effacement : à nouvelles technologies, nouveaux champs de recherches ! Pour ce qui est des politiques culturelles en région parisienne, les bibliothèques départementales proposent des ouvrages bilingues ou des ouvrages en langues variées dans leur intégralité, afin de valoriser, de laisser vivre et mûrir le patrimoine linguistique de nos nouveaux arrivants. Dans cette perspective et à tous les niveaux de la ville ou du département d’accueil, les idées et initiatives inspirées ne manquent pas.

?

D O N N E R

À

L ’ I N C L U S I O N

L ’ E X P R E S S I O N

M I L I È R E ,

M Ê M E

P O U R

N ’ E S T

L E S

P A S

S C O S I

F A -

E N S E I G N A N T S .

C O M P R E NDD’RE EN T R E E U X A C C U E I L L E N T D E S É L È V E S L’ I N C LCUL SEA INSOSNSE I, T UR AE TÇ IO OI NV E DN ET H A N D I C A P D A N S L E U R E N C O U R S D ’ A N NS ÉC E ODLEASI REEN F A N T S A R R I V A N T P O U R T A N T ,

D E

L A

M A J O R I T É

L ’ É T R A N G E R

V O Y A G E U R S ,

O U

S E

P R É C O C E S

O U

D A N S

F I C I E L S ,

L ’ I N C L U S I O N

E T

«

U N E

N É E S , D A N S

M I S E

C E T T E

D E

D I F -

?

C L U S I O N

Q U E L S À

S C O L A I R E

L E S

O R I G I N E S

S O N T

L E S

E S T - O N ?

L E A N -

R É A C T I V É

D E

Q U E L S

S O N T L A

O B -

P A S L ’ É C O L E É L È V E S

L E S

Q U E L L E S

C O R R E S P O N D

D I S P O -

P R A T I Q U E S

L O G I Q U E

I N -

?

P R O P O S I T I O N S

A P P O R T E R O N S T I V E S ,

S O N T Q U E L S

?

O F -

S I

N O M B R E U S E S F O I S

I N C L U S I V E

P É D A G O G I Q U E S

T E X T E S

I N T É G R A T I V E

E X I S T A N T S

N O N

N E

D E

S E U L E M E N T E T

R É P O N S E S

P E U V E N T

S C O L A I R E

F L U C T U A N T E

TEXTE DISPONIBLE SUR : www.reseau-canope.fr

N É C E S S I T E

R É F L É C H I E . D E

L A

C O M M E N T

V I S I O N

V I S I O N

C L U S I V E

?

?

C O N C E R N É S

S I T I F S

À

Q U E L L E S

N O T I O N F I X É S

D ’ U N E

L E S

Œ U V R E

A U J O U R D ’ H U I

S O C I A L .

U N E

L E S

A P P R O P R I A T I O N

D E P U I S

E S T

C O N T E X T E

D E

S O N T

E N

»

U N E

I L

E T

À

N O M B R E U X

E X I S T E U N

J E C T I F S S É

D E

C O M P R É H E N S I O N ,

T E R M E

F A M I L L E S

A U T R E S .

M E N T I O N N É E U N E

D E

S C O L A et I RJul E iSen Fumey D ’ E N F A N T S D I A G N O S C O M M E « D Y S » , I N T E L L E C T U E L L E -

T I Q U É S M E N T

I S S U S

D Én iBck A Ven T T tEoso-YN T A V tE C An Fon

F I C U L T É S

seignant, de s’enquérir des zones d’écart entre les langues, et ainsi de prévoir les exercices appropriés, en fonction de la langue d’origine. Les exercices proposés à des élèves ayants des biographies linguistiques variées devraient être donnés par groupe, et formulés différemment selon les structures langagières. Ainsi, prendre toujours davantage en compte la langue maternelle et la culture d’origine de l’autre, et cela dans les moindres détails, pourrait bien être le secret d’une intégration réussie et de la réussite future de nos nouveaux arrivants. n

Ê T R E

Q U E

N O U S

D É F I N I -

P A R C E

Q U E

L ’ I N -

R EER C O N S TÉ CIL ATI U

U N E

N O T I O N

L A B I L E

E N

F O N C T I O N

respond la logique inclusive ? Autant de questionnements que cet ouvrage tente d’explorer. n Annick Ventoso-Y-Font et julien Fumey, Comprendre l’inclusion scolaire, Canopé éditions

D E S

BIBLIOGRAPHIE • http://lgidf.cnrs.fr • Gérard Vigner, Systématisation et maîtrise de la langue : l’exercice en FLE, Hachette (à paraître). • Gérard Vigner, L’Exercice en classe de français, Hachette, 1984 • http://www.coe.int/t/dg4/linguistic/ EducInter_FR.asp

29


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.