N378_COUVERTURE-BAT2_COUVERTURE.378 18/10/11 13:33 Page1
REVUE DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES PROFESSEURS DE FRANÇAIS
le français dans le monde
// MÉTIER //
Méthode de français
N° 378 NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011
Les Olympiades du plurilinguisme en Suède // ÉPOQUE //
Pour se connecter à l'espace francophone ! Pour l'adolescent L'audio et la vidéo inclus dans le livre de l'élève
Et pour rester connecté avec la méthode, le site internet compagnon avec 36 activités interactives, des entraînements au DELF junior, des portfolios et des fiches pédagogiques
Les exercices à deux vitesses pour s’exercer à son rythme dans le cahier d'activités La version numérique individuelle interactive
Yasmina Reza, du théâtre au cinéma // MÉMO //
À bicyclette avec les frères Dardenne Jeux d’identités pour Kebir-Mustapha Ammi
// DOSSIER //
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2011
Le guide pédagogique avec des fiches d'évaluation sur 2 niveaux La méthode complète en version numérique enrichie : karaokés, projets, évaluations...
Cnac : à l’école du nouveau cirque
DOSSIER Tintin, de Bruxelles à la conquête du monde
Pour l’enseignant
L’éditeur du français langue étrangère 9 bis rue Abel Hovelacque – 75013 Paris Tél : +33(0)1 45 87 44 00 – Fax : +33(0)1 45 87 44 10
FIPF
13 €
-
ISSN 0015-9395 ISBN 978-2-090-370690
N°378
www.cle-inter.com
www.fdlm.org
États-Unis : Green Connection, l’écologie pour échanger
Tintin, de Bruxelles à la conquête du monde
N378_38-39 innovation -BAT2_N°375- 230X270 18/10/11 13:57 Page38
© Juliette Guillemot / Picturetank
métier // focus Une salle de classe de l’association pour l’enseignement et la formation des travailleurs immigrés et leurs familles (Aefti). Cours de français dispensé dans le cadre du Contrat d’accueil et d’intégration (CAI). Une mère de famille, nouvellement arrivée en France, commence ses premiers cours de français.
Les migrants qui arrivent en France vont désormais bénéficier d’un dispositif complet et cohérent pour parfaire leur usage du français : le français langue d’intégration. Éclaircissements de Michel Aubouin, directeur de l’accueil, de l’intégration et de la citoyenneté.
« Le français,
langue-horizon pour les migrants » Propos recueillis par Sébastien Langevin Pourquoi le concept de français langue d’intégration voit-il le jour en France aujourd’hui ? Le français langue d’intégration (FLI) se définit comme une autre façon de concevoir l’enseignement du français pour des personnes qui ont vocation à devenir français. Les migrants qui arrivaient auparavant en France recevaient des cours de français afin de leur garantir un niveau suffisant facilitant leur intégration, il leur appartenait de progresser ensuite dans leur environne-
38
ment naturel. Or, de nombreux migrants n’accédaient pas au niveau intermédiaire et supérieur de cette façon. L’acquisition du français n’avait pas pour vocation de permettre aux migrants de faire de cette langue leur langue. Au bout d’une quinzaine d’années, ils demandaient la nationalité française sans que leur soit donnée la possibilité d'être intégrés d’un point de vue linguistique. Cela crée évidemment des difficultés dans la vie quotidienne pour accompagner les en-
fants dans leur progression scolaire, par exemple.
Michel Aubouin est directeur de l’accueil, de l’intégration et de la citoyenneté au ministère français de l’Intérieur, de l’Outremer, des Collectivités locales et de l’Immigration.
Le français langue étrangère ne répondait pas totalement à ces exigences ? Les bases théoriques et méthodologiques du FLI sont issues du FLE ainsi que les enseignants des masters FLI, qui s'ouvrent cette année. En revanche, les publics sont très différents. En FLI, le public (des adultes) est extrêmement hétérogène dans sa formation initiale – 8 à
Le français dans le monde // n° 378 // novembre-décembre 2011
N378_38-39 innovation -BAT2_N°375- 230X270 18/10/11 10:40 Page39
à lire Les détours de Babel
© N. Marques / KR Images Presse
Dans ce nouvel ouvrage, Louis-Jean Calvet se fait conteur et vulgarisateur : Il était une fois 7 000 langues ne s’adresse pas à des spécialistes de la langue mais bien au grand public. Avec la rigueur qu’on lui connaît néanmoins, l’auteur passe ainsi en revue les origines, avérées ou supposées, du plurilinguisme sur la planète, l’histoire des écritures premières, les emprunts ou les politiques linguistiques. Dans un va-et-vient érudit, il dresse le portrait-robot de ces 7 000 langues parlées dans le monde, éclaire leurs rapports et leurs conflits, mais puise principalement ses nombreux exemples dans le français. Écrit avec simplicité et extrêmement didactique, ce livre met à la portée de tous des concepts parfois complexes et permet à la linguistique de sortir de son ghetto scientifique et jargonnant.
10% des migrants sont analphabètes dans leur langue maternelle – et il a besoin de maîtriser la langue au quotidien : c’est un apprentissage en immersion. Dès qu’il sort du cours, l’apprenant doit utiliser la langue dans sa vie de tous les jours, se déplacer, faire des achats… Pour ces raisons, le FLI s’intéresse avant tout à la maîtrise orale de la langue. Autre différence importante : comme la finalité est de vivre en France puis de devenir français, les enseignements porteront également sur les grands principes, les valeurs de la France, comme la laïcité ou l’égalité homme/femme. Le FLI n’est pas seu-
lement un instrument pédagogique, c’est une « langue-horizon », il sert de repère pour orienter l’enseignement/apprentissage et le faire évoluer. Le FLI doit faciliter l’intégration sociale, économique et citoyenne. Beaucoup de migrants qui arrivent en France viennent de pays francophones : on pourrait penser qu’ils maîtrisent bien le français… En réalité, de nombreuses personnes venant de zones francophones ont des difficultés avec le français pratiqué en France : nous estimons à deux millions le nombre de résidants
FLI mode d’emploi Mis en place par le ministère de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des Collectivités locales et de l’Immigration et la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, le label FLI prévoit de déployer un système complet d’ici à 2013 avec un double objectif : d’une part, une reconnaissance de la qualité de la formation ; d’autre part, un droit à attester des niveaux de langue des migrants, acquis à l'issue des formations réalisées par la structure. Dès septembre 2011, des masters et des cours FLI pour former des professeurs sont ouverts, comme dans les universités Paris-10, Nancy-2 ou encore CergyPontoise. Les formateurs actuellement en poste auprès du public migrant pourront suivre une formation soit en université, soit dans le cadre du dispositif de formation de formateurs de la DAIC pour obtenir le niveau FLI. Pour obtenir le label FLI, délivré pour trois ans par une commission de labellisation, les organismes de formation devront se soumettre à un audit réalisé par un organisme tiers.
Le français dans le monde // n° 378 // novembre-décembre 2011
en France ne maîtrisant pas le français. Cela affecte l’activité professionnelle, par exemple. Dans certains secteurs, comme le bâtiment, ce handicap linguistique pose des difficultés d’encadrement. Bien évidemment, avoir des difficultés en français ne facilite pas la recherche d'un emploi et à cet égard, une bonne utilisation du vouvoiement est un marqueur important de l’intégration. Sans une bonne pratique de cette alternance tu/vous, les personnes éprouvent de grandes difficultés à trouver du travail. Quelles seront les exigences « linguistiques » de l’État français pour pouvoir résider en France et quels moyens met-il en œuvre pour obtenir ce niveau ? En arrivant en France, un migrant signe un contrat d’accueil et d’intégration (CAI) grâce auquel il peut bénéficier, si son niveau est insuffisant, de cours de français pour atteindre le niveau A1.1. Dorénavant, parmi les 100 000 signataires du CAI par an, près de 35 000 auront besoin de suivre un cours de langue pour obtenir un niveau plus élevé. Cette formation initiale sera dispensée gratuitement et pourra aller du niveau A1.1 jusqu’au niveau A1. Par
« Le FLI n’est pas seulement un instrument pédagogique, il sert de repères pour orienter l’enseignement/ apprentissage et le faire évoluer. » ailleurs, près de 100 000 personnes demandent une carte de résident : ils devront pouvoir justifier d’un niveau A2 toujours à l’oral. Ce sera aussi le cas pour les 50 000 demandeurs de la nationalité française qui devront suivre des cours de langue française pour atteindre le niveau B1 oral. Dans ce cadre, le nouveau dispositif mis en place avec le FLI prévoit une nette amélioration de l’évaluation. Auparavant, le « niveau » de français était jugé lors d’un entretien mené par un agent de préfecture. Désormais, la connaissance de la langue française sera évaluée notamment, par des organismes de formation labélisés FLI par le ministère de l’Intérieur. Ce ministère déploie un budget de 60 millions d’euros par an pour l’ensemble du dispositif FLI, auxquels s’ajoute la même somme versée par les collectivités locales. n
39